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Merci, monsieur le président.
Au nom des 26 établissements d'enseignement postsecondaire d'un bout à l'autre du Canada, qui représentent plus de 300 000 étudiants, nous vous remercions ainsi que les membres du comité de nous avoir invités à représenter l'Alliance devant le comité aujourd'hui.
Nous nous présentons devant vous dans l'espoir de vous sensibiliser à la nécessité de créer une nouvelle catégorie d'utilisation équitable pour le secteur de l'éducation. L'inclusion du secteur de l'éducation comme nouvelle catégorie d'utilisation équitable est considérée par nos membres comme l'un des changements les plus importants que le gouvernement du Canada puisse faire dans le domaine du droit d'auteur, par l'entremise du projet de loi .
On ne saurait surestimer l'importance d'un droit d'utilisation équitable pour le secteur de l'éducation. Les universités et collèges aux États-Unis sont en mesure de profiter pleinement de leur droit d'utilisation équitable pour stimuler l'innovation alors qu'il devient de plus en plus clair que les établissement d'enseignement postsecondaire au Canada sont en train de devenir des laissés-pour-compte sur les plans à la fois financier et législatif.
Si cette nouvelle catégorie n'est pas créée, les étudiants devront payer deux fois, peut-être même trois fois, l'accès aux documents dont ils ont besoin, alors qu'ils l'ont déjà payé par le biais de frais qui ont été perçus, que ce soit des frais versés aux sociétés de perception des droits d'auteur, des frais de bibliothèque ou des frais de scolarité.
Les sociétés de perception des droits d'auteur, telles qu'Access Copyright, cherchent à élargir leur rayon d'action au-delà des photocopies, en y incluant des frais pour les copies numériques d'articles déjà achetés, des citations dans PowerPoint et même pour les collègues qui s'envoient des textes par courriel.
De plus, l'argument économique en faveur d'un régime plus libéral d'utilisation équitable est clair. Aux États-Unis, les industries créatives à forte intensité de technologies modernes dépendent de l'utilisation équitable pour trouver des moyens novateurs de générer davantage de richesse et de revenus pour leur pays. Les études démontrent que cette économie de l'utilisation équitable représente 17 p. 100 du PIB américain, et que le secteur de l'éducation en constitue une proportion importante sous forme de contributions directes et de formation de contributeurs futurs.
Si le Canada désire vraiment être un chef de file au XXIe siècle dans des secteurs d'innovation, l'exemple américain indique bien que la libéralisation du régime de l'utilisation équitable est absolument essentielle. Il s'agit essentiellement d'autoriser l'accès afin de favoriser l'éducation, ou encore, de nous tourner les pouces en attendant que nos concurrents aillent plus loin que nous.
Or, selon le libellé actuel du projet de loi, le droit du secteur de l'éducation en matière d'utilisation équitable n'est pas établi comme un véritable droit, mais plutôt comme un droit secondaire qui peut être relégué au second plan par un verrou numérique. Établir le bon équilibre dans ce projet de loi est important et, même si les verrous numériques ont un rôle à jouer, leur permettre de l'emporter sur l'utilisation équitable sape le concept même de l'utilisation équitable. Si une oeuvre fait l'objet d'un verrou numérique, l'ayant droit peut en limiter l'utilisation. Et l'utilisation équitable signifie qu'on ne peut en principe en limiter l'utilisation, à condition que cette dernière soit juste et équitable.
Cette mesure est plus restrictive que le régime du droit d'auteur aux États-Unis et dépasse l'obligation du Canada en vertu de traités internationaux. Si nous devons prendre au sérieux la question de l'utilisation équitable, il faut au départ qu'il s'agisse d'un véritable droit et que ce dernier ne soit pas éliminé par l'existence d'un verrou numérique.
L'ACAE propose aussi deux autres amendements au projet de loi. Le premier obligerait les bibliothèques à détruire d'office les articles qu'elles prêtent par l'entremise de prêts interbibliothèques. Les étudiants ont deux possibilités lorsqu'ils ont besoin d'un tel article: soit en faire une copie imprimée, soit laisser le soin à la bibliothèque de le détruire cinq jours après que l'étudiant l'a reçu.
Cet article sape la façon même dont se font les études à l'ère moderne. Les avantages des articles numériques sont innombrables. On peut les emporter partout avec soi, les organiser de façons différentes, sans parler du fait qu'on peut faire des recherches dans les divers volumes en quelques secondes ou encore automatiser les citations. En forçant les étudiants à faire un imprimé de ces articles, la loi aurait pour résultat de ramener activement la recherche en matière d'éducation au XXe siècle, au grand dépit de tous les Canadiens.
Le deuxième amendement que nous proposons exige que les professeurs et les étudiants détruisent leurs documents de cours 30 jours après la fin de ce dernier. C'est tout à fait absurde. Au XXIe siècle, on apprend aux étudiants à recueillir et à synthétiser l'information de façon à mettre la main sur les renseignements pertinents qui existent dans le monde et à les rassembler de manière à générer des connaissances à la fois nouvelles et originales.
Alors qu'on avait l'habitude, au XXe siècle, d'interdire la consultation des documents pendant les épreuves, au XXIe siècle, cette interdiction n'existe plus. Exiger que les étudiants détruisent l'information qui leur a permis d'acquérir certaines compétences, après le cours, correspond à les obliger à subir une épreuve avec documentation sans pouvoir accéder à leurs documents, ou encore à construire une maison sans avoir accès à un marteau, juste au moment où ils entrent sur le marché du travail. C'est inutile et cela n'a aucune incidence sur les revenus des titulaires de droits.
Comme les étudiants ont pu profiter de ces leçons de façon juste sur le plan économique, on peut se poser la question que voici: si les frais qu'il faut engager pour poursuivre des études ne permettent pas à l'étudiant d'appliquer ce qu'il a appris sur le marché du travail, pourquoi les étudiants paient-ils au fond?
Merci, monsieur le président.
[Français]
Bonjour. Je vous remercie de votre invitation.
[Traduction]
Je m'appelle Danielle Parr, et je suis la directrice générale de l'Association canadienne du logiciel de divertissement. Je suis accompagnée aujourd'hui de Jason Kee, directeur de la politique et des affaires juridiques à l'ACLD.
Notre association se veut la porte-parole de l'industrie canadienne du jeu vidéo et informatique, dont les 14 000 employés occupent des postes qui sont à la fois créatifs et à la fine pointe de la technologie; ces emplois constituent la force motrice de l'économie numérique du Canada.
Les jeux vidéo représentent le médium de divertissement qui connaît la plus forte expansion au niveau mondial à l'heure actuelle, puisque certains titres à grand succès rivalisent avec les films de Hollywood du point de vue des ventes et de l'intérêt qu'ils suscitent. En 2009, l'industrie du jeu vidéo du Canada représentait plus de 2 milliards de dollars de ventes de logiciel et de matériel de divertissement, et son apport à l'économie canadienne sous forme d'activité économique directe a dépassé 1,7 milliard de dollars.
À notre avis, le projet de loi propose des mesures qui permettront de faire concorder la Loi sur le droit d'auteur avec les progrès réalisés en ce qui concerne les normes internationales actuelles en matière de protection de la propriété intellectuelle liée à la technologie. Sous réserve de certains changements d'ordre technique, nous appuyons vivement le projet de loi, et nous exhortons le comité à l'adopter dans les plus brefs délais.
Le piratage constitue un problème de grande envergure pour l'industrie du jeu vidéo. Il représente d'énormes pertes de revenus pour les créateurs et éditeurs de jeux qui dépendent de ventes importantes dans l'immédiat afin de récupérer les sommes considérables qu'ils ont investies dans la création de jeux. Le piratage finit par donner lieu à des fermetures de studios, à la perte d'emplois, ou pire encore.
Ce projet de loi fournira aux ayants droit les outils dont ils ont besoin de toute urgence pour s'attaquer à ceux qui facilitent le piratage, soit par le trafic d'appareils et de services de contournement, soit par la mise sur pied de sites Web de piratage. De plus, l'établissement de règles claires apportera au marché numérique la certitude qui est nécessaire pour permettre le jeu optimal des forces du marché, de sorte que les entreprises et les créateurs puissent choisir eux-mêmes le meilleur moyen de mettre leur contenu à la disposition du public.
Tout cela va favoriser la création d'emplois, promouvoir l'innovation, stimuler l'investissement dans la mise au point de nouveaux produits, services, méthodes et de distribution et plates-formes numériques, et soutenir une vaste gamme de modèles d'entreprises qui, de leur côté, favoriseront une concurrence légitime, plus de choix pour les consommateurs et de plus faibles prix.
Aujourd'hui nous aimerions vous expliquer pourquoi le droit d'auteur revêt une importance critique pour l'industrie du jeu vidéo, et recommander un certain nombre de changements techniques bien précis qui visent à combler les lacunes et à éviter que ces nouvelles mesures aient des conséquences involontaires. Comme nous les expliquons en détail dans le mémoire que nous avons soumis à l'examen du comité, je vais me contenter de vous en présenter un simple survol.
S'agissant des MTP, l'industrie du jeu vidéo a couramment recours aux mesures techniques de protection relativement à tous les aspects de son activité afin de protéger ses oeuvres. Ainsi nous appuyons vivement les dispositions du projet de loi visant à protéger les MTP. Par contre, certaines des exceptions qui sont prévues nous préoccupent, si bien que nous recommandons de les clarifier et d'en limiter le champ d'application.
Les MTP aident à prévenir le piratage en permettant aux créateurs eux-mêmes de déterminer comment leurs oeuvres seront utilisées et d'être correctement rémunérés pour ces dernières; de plus, les MTP sont compatibles avec une vaste gamme de modèles d'entreprises puisqu'elles permettent l'ajout de caractéristiques à valeur ajoutée et facilitent l'introduction de nouveaux produits, services et méthodes de distribution dans l'environnement numérique.
Permettez-moi d'expliquer un peu mieux ce concept. La possibilité pour un créateur, un artiste ou une entreprise d'avoir recours à une MTP pour protéger une oeuvre numérique est une décision qui doit être du ressort des créateurs. Il est évident que les consommateurs ont le droit d'éviter d'acheter des produits ou services qui sont dotés de MTP s'ils le désirent, et il incombe aux créateurs et entreprises d'être sensibles aux demandes des consommateurs, car sinon, ils vont en subir les contrecoups sur le marché.
Certaines compagnies, comme iTunes, ont réagi à la demande relative au changement de support en offrant à leurs clients des versions exemptes de MTP, alors que d'autres ont réagi en fournissant à leurs clients une copie téléchargeable de l'oeuvre avec la version emballée, comme c'est le cas pour beaucoup de films Blu-ray. Par contre, on ne s'attend pas à ce qu'il soit possible d'utiliser un jeu vidéo acheté pour le Nintendo Wii sur un Xbox, les consommateurs ne demandent pas non plus d'avoir accès à un changement de support.
En d'autres termes, chaque marché est différent et possède ses propres règles et caractéristiques. Ainsi une bonne politique d'intérêt public consiste à appuyer la plus vaste gamme possible de marchés et de modèles d'entreprises pour que le consommateur lui-même puisse faire son choix — au lieu de choisir les gagnants et d'imposer un régime qui peut être plus bénéfique pour un secteur d'activité que pour tous les autres. Une protection juridique énergique pour les MTP atteint cet objectif en garantissant que le droit du créateur d'opter ou non pour une MTP est respecté.
Il importe également de comprendre que les MTP jouent un rôle de plus en plus critique au niveau des plates-formes et canaux de distribution nouveaux et émergents liés au contenu en ligne. Qu'il s'agisse de nouveaux services de contenu radiophonique et musical sur Internet comme Spotify, de services de film et de télévision comme Hulu ou Netflix, ou encore de plates-formes de jeux comme PlayStation Network ou Xbox LIVE, tous s'appuient sur des MTP qui permettent de contrôler l'accès aux services en question, et d'empêcher ainsi le piratage. De cette façon, ils offrent une source de revenus viables aux créateurs et permettent l'incorporation de fonctions à valeur ajoutée comme, par exemple, la location à la place de l'achat. L'industrie du jeu vidéo a aussi fréquemment recours aux MTP afin de doter leurs jeux d'un contenu téléchargeable supplémentaire en vue d'empêcher la tricherie et de mettre sur pied des services d'abonnement.
Nous sommes actuellement en pleine mutation en ce qui concerne notre façon de consommer le contenu, et les créateurs auront de plus en plus recours à des plates-formes en ligne et à d'autres modèles de distribution nouveaux et novateurs pour livrer leur contenu.
Des mesures anti-contournement énergiques, comme celles que prévoit le projet de loi, sont essentielles, non seulement pour empêcher le piratage et permettre aux créateurs de déterminer comment leurs oeuvres seront utilisées, mais aussi pour garantir la sécurité des nouvelles plates-formes et maintenir l'intégrité du marché numérique naissant.
Par contre, nous craignons que certaines exceptions aux interdictions de contournement seront exploitées par ceux qui favorisent le piratage en faisant le trafic d'appareils et de services de contournement afin d'éviter toute responsabilité. Si les exceptions sont trop générales et trop vagues, il sera à peu près impossible d'appliquer ces dispositions. Nous recommandons par conséquent qu'on en limite la portée afin d'éliminer cette échappatoire.
Je voudrais aussi vous parler brièvement de trois autres éléments qui suscitent des inquiétudes au sein de notre industrie.
Pour ce qui est de faciliter la violation du droit d'auteur, nous appuyons l'ajout d'une nouvelle disposition qui s'attaque à ceux qui facilitent la violation du droit d'auteur, mais nous craignons que le libellé actuel ne soit pas efficace. Ainsi nous vous recommandons de préciser le libellé de cette disposition afin qu'elle vise les services qui sont à la fois conçus et exploités et qu'elle permette aux titulaires de droits d'avoir accès à toute la gamme de recours juridiques pour attaquer les facilitateurs, y compris les dommages-intérêts.
Le deuxième élément est l'exception prévue pour le contenu généré par l'utilisateur. En général, le secteur des jeux vidéo adopte une attitude extrêmement permissive à l'égard du contenu généré par l'utilisateur. Cependant, le libellé actuel du projet de loi aurait essentiellement pour résultat d'autoriser l'appropriation généralisée des oeuvres existantes. Ainsi n'importe qui pourrait copier les dessins, les éléments artistiques et même le code de programmation d'un jeu, et diffuser gratuitement sur Internet une copie du jeu. Il est donc essentiel de limiter la portée de cette exception et d'y ajouter des facteurs supplémentaires, par exemple, l'exigence que la nouvelle oeuvre ait un caractère transformateur, et ce pour éviter ces conséquences non intentionnelles.
Les dispositions sur les dommages-intérêts sont un autre élément qui suscite de graves préoccupations au sein de notre industrie. La nouvelle approche à plusieurs vitesses a évidemment pour objet de limiter les dommages-intérêts que devraient payer des particuliers qui violent le droit d'auteur à des fins personnelles, mais elle pourrait finir par créer une incitation perverse et autoriser involontairement les pirates à mener leurs activités à grande échelle. Nous recommandons donc que cette distinction inadéquate soit éliminée et que l'on insiste davantage sur les facteurs qui doivent être pris en compte par les tribunaux en fixant le montant des dommages-intérêts.
Je vous remercie, et nous sommes à votre disposition pour répondre à vos questions. Merci.
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Merci beaucoup. Je voudrais d'abord faire un commentaire aux représentants de l'Alliance canadienne des associations étudiantes. Par la suite, je vais poser des questions aux représentants de l'Association canadienne du logiciel de divertissement.
L'exemption que vous demandez pour l'éducation ne m'apparaît pas être une bonne chose. Je m'explique. Tout d'abord, il s'agit d'un très mauvais principe à enseigner à nos jeunes et à nos enfants. Il faut leur enseigner le respect du droit d'auteur, le respect de la propriété intellectuelle, et le fait que cette propriété intellectuelle et ce droit d'auteur doivent être rémunérés. Les étudiants, les premiers, doivent apprendre ce principe et l'appliquer. De vous donner un congé de paiements de droits d'auteur est un très mauvais service à vous rendre. Si vous trouvez que vos frais sont trop élevés, les écoles devraient demander des réductions à d'autres fournisseurs, comme pour les crayons, les tableaux, les chaises. Il ne faut pas réduire les droits des créateurs, car ce sont les gens qui gagnent le moins. En moyenne, au Canada, ils gagnent moins de 25 000 $ par année.
C'est un peu comme si vous demandiez un congé de devoirs ou de leçons pour une semaine. Ce serait agréable sur le coup, mais, par après, quand vous feriez vos examens du ministère, vous verriez que vous n'auriez pas tous les outils ou toutes les connaissances nécessaires pour passer vos examens. Vous vous punissez vous-mêmes. En effet, demain, vous serez ces créateurs et ces scientifiques qui publieront. Malheureusement, vous n'aurez pas de droits d'auteur.
Mes questions s'adressent maintenant aux représentants de l'Association canadienne du logiciel de divertissement. J'ai lu votre mémoire avec beaucoup d'attention. De ce que j'ai compris, vous demandez essentiellement cinq amendements.
Le premier amendement concerne le contournement, et tout le monde vous appuie. C'est une erreur involontaire des gens qui ont écrit la loi. Tout le monde veut contrer le piratage et veut faire en sorte que ce soit anéanti. En ce sens, ce n'est pas un problème grave.
Votre deuxième amendement concerne la facilitation du droit d'auteur. C'est un autre problème immensément important. Dans la loi actuelle, cela s'applique à tout service qui est « principalement destiné à faciliter » le piratage en ligne. Votre amendement propose d'enlever le mot « principalement » et d'utiliser plutôt le terme « exploité », afin de clarifier la situation.
Votre troisième amendement porte sur l'exception pour le contenu généré par l'utilisateur, ce qu'on appelle l'exemption YouTube. En effet, cela crée un problème parce qu'on donne à n'importe quel utilisateur le droit d'exploiter, à des fins non commerciales, des oeuvres sans autorisation et sans paiement. Vous l'avez dit dans votre mémoire, dans l'industrie du logiciel de jeux, comme dans d'autres genres artistiques, les gens travaillent beaucoup plus pour la gloire que pour l'argent. Vous recommandez de modifier cet article pour que ce soit substantiellement restreint. Pourquoi ne demandez-vous pas tout simplement d'enlever cette exception, qu'on ne trouve nulle part dans le monde et que le Canada a inventée, comme sortie d'une boîte de pop-corn?
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Madame Parr, je voudrais revenir sur ce que vous avez dit tout à l'heure. Vous avez dit que ce projet de loi constituait un compromis. Je dois vous dire que, malheureusement, cela n'est pas un compromis. Ce projet de loi est fortement déséquilibré, en faveur d'industries comme la vôtre, l'industrie du logiciel de divertissement. Je suis contente pour vous, parce que votre industrie est importante. Toutefois, ce projet de loi présente un grand déséquilibre.
Vous proposez cinq amendements. Si vous n'obteniez pas l'adoption de ces amendements, seriez-vous quand même en faveur du projet de loi ? J'imagine que oui. Vous seriez en faveur du projet de loi , alors que tout le monde de la création artistique décrie ce projet de loi, le dénonce et ne voudrait surtout pas qu'il soit adopté.
L'une des preuves de ce déséquilibre est la question des dommages et intérêts. Vous en parlez, au cinquième amendement que vous proposez. Les dommages et intérêts dont vous parlez portent davantage sur les oeuvres musicales.
Il est question de contourner un outil qui, pour vous, est immensément précieux, soit le verrou numérique. L'article 48 parle de sanctions pénales de 1 million de dollars.
Une oeuvre musicale vaut 20 000 $, sur le plan des dommages et intérêts, tandis que le contournement d'un verrou numérique, qui est immensément précieux pour l'industrie du logiciel de jeu, coûte 1 million de dollars et expose l'auteur d'un tel acte à une peine d'emprisonnement de cinq ans. Les dommages et intérêts sont préétablis. C'est correct qu'ils le soient, mais ils sont plafonnés à 20 000 $, et c'est ce qui fait tout ce déséquilibre.
J'arrive justement aux dommages et intérêts. Je voudrais que vous me disiez si je comprends bien. Ces 20 000 $ s'appliquent-ils aussi à des logiciels qui seraient copiés?
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier les représentants des deux groupes pour leurs exposés fort intéressants.
Dans un premier temps, monsieur Kee et madame Parr, j'aimerais discuter du contenu généré par l'utilisateur. Je trouve intéressante la proposition du Bloc selon laquelle il suffirait d'enlever ces dispositions pour faire disparaître comme par magie tout le contenu généré par les utilisateurs. Mais nous savons que ce n'est pas le cas. Ce genre de contenu est partout sur Internet.
Je dois avouer que je suis moi-même coupable; je génère beaucoup de contenu grâce à mon petit iMovie. Dont les résultats ne sont pas si mauvais, il me semble.
Mais je vais laisser le soin à mes collègues de vérifier cela eux-mêmes.
Une voix: [Note de la rédaction: Inaudible]… débat.
Des voix: Oh, oh!
M. Charlie Angus: Mais j'aimerais vous demander de clarifier quelque chose: que devrions-nous faire face à une situation où les gens participent activement à la création et l'élaboration d'oeuvres composites, et comment peut-on faire la distinction entre les deux?
J'ai demandé à l'un des témoins que nous avons reçus précédemment s'il faut éventuellement préciser le libellé de l'article 29.21 en y incorporant la disposition en trois étapes de la Convention de Berne. Je vous dis cela parce qu'il est clair que le contenu généré par l'utilisateur ne devrait pas nuire à une oeuvre de façon déraisonnable. Il ne doit pas empêcher l'exploitation normale de cette oeuvre. Je me demande donc si le libellé actuel est suffisamment clair et si vous proposez, conformément à l'idée présentée par un témoin précédent, Mme D'Agostino, que l'on évoque les utilisations ayant un caractère transformateur.
À votre avis, le terme « transformateur » serait-il suffisant ou faut-il être encore plus précis?
Je voudrais revenir sur la question des mesures techniques de protection, car il est clair que cette dernière suscite beaucoup de débat. D'entrée de jeu, je voudrais dire que je reconnais l'importance considérable de l'industrie des logiciels de jeux au Canada. Nous sommes un chef de file mondial dans ce domaine, et il est essentiel de protéger cela. Nous ne voulons pas mettre en péril le fondement même de ce secteur d'activité, et les mesures techniques de protection jouent nécessairement un rôle dans ce contexte.
En revanche, il existe certains problèmes. Par exemple, j'ai eu des discussions avec des documentaristes. Si un DVD fait l'objet d'une mesure technique de protection, ils peuvent avoir un droit d'accès pour la parodie ou la satire, ou même pour formuler des observations, mais s'ils contournent la MTP, ils risquent de se retrouver dans une situation délicate.
J'ai également parlé à des journalistes qui font des reportages télévisés, qui me disaient qu'ils ne savent même pas s'ils vont être en mesure de diffuser des extraits qui présentent une personne en train de commenter une question, car la présence de mesures techniques de protection risque de contraindre leur capacité de faire du journalisme.
Peut-on trouver une formulation qui nous permettra de nous assurer que les droits qui sont garantis en ce qui concerne l'utilisation d'extraits pour la parodie ou la satire, par exemple, ne sont pas éliminés de façon arbitraire? En même temps, il nous faut des dispositions énergiques afin d'empêcher quelqu'un de faire de multiples copies d'un jeu à des fins personnelles et de les distribuer à tous les membres de sa famille à Noël.
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Ce qu'il faut, c'est atteindre le bon équilibre, alors que c'est très difficile. Ce qui compte le plus pour nous, c'est de nous assurer que les personnes qui font le trafic d'appareils de contournement ou fournissent des services de contournement moyennant rétribution, et ce aux dépens des créateurs, ne puissent plus le faire.
Le projet de loi s'attaque à ce problème de manière très énergique et prévoit ensuite toute une série d'exceptions, ainsi que des pouvoirs de réglementation supplémentaires, etc., de manière à atteindre le juste équilibre entre l'intérêt des divers intervenants.
Nous craignons simplement que plus on ouvre la porte, plus il est probable que ces malfaiteurs trouvent le moyen de profiter de ces échappatoires pour justifier leurs propres activités. Un petit exemple permettra d'illustrer mon propos. Supposons qu'un type décide qu'il veut obtenir le jeu d'UBISOFT « Assassin's Creed Brotherhood » qui vient d'être mis en vente par UBISOFT — achetez-le maintenant — qu'il télécharge pour le jouer sur son Xbox. Il se rend compte que c'est une version piratée et qu'il n'est donc pas en mesure de le jouer. Par conséquent, il amène son Xbox chez quelqu'un qui va le modifier pour qu'il joue la version piratée. À ce moment-là, il possède un Xbox capable de jouer tous les jeux piratés. Le type qui fait la modification gagne 80 $ ou 100 $.
Si le projet de loi renferme des exceptions qui sont d'application assez générale, ce qui se produit, c'est que l'acte de contrefaçon, c'est-à-dire à la fois le piratage et le téléchargeage du jeu, et l'acte de contournement sont distincts à ce moment-là. Si nous essayons d'attaquer la personne qui a contourné l'interdiction contre rémunération, en lui disant qu'il a fait quelque chose d'illégal, il va nous répliquer qu'il ne savait pas du tout qu'il était question de piratage — qu'il est innocent. À ce moment-là, le seuil établi pour prouver sa culpabilité devient presque impossible à atteindre.
Donc, nous voulons simplement nous assurer que les nouvelles mesures ne compromettent pas notre capacité de poursuivre ces malfaiteurs et qu'elles n'ont pas d'incidence négative sur le contenu numérique en général.
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Merci, monsieur le président.
Madame et messieurs, je vous souhaite la bienvenue.
J'aimerais revenir sur l'éducation et tous les droits d'auteur qui peuvent être payés par l'entremise de la société collective. Si ce projet de loi est adopté, on évalue la perte potentielle pour les auteurs à environ 40 millions de dollars; c'est 40 millions de dollars par rapport à un budget total de 72 milliards de dollars pour l'éducation au Canada.
Je crois que la contribution aux droits d'auteur, dans le milieu de l'éducation, de l'université, n'est pas exagérée. Je ne voudrais pas vous raconter des histoires de l'ancien temps, alors que j'étais à l'université, mais on payait tous les livres que l'on utilisait. On les payait entièrement. Parfois, je me demande même si le coût total de nos livres, qui incluait bien sûr les droits d'auteurs, ne représentait pas plus que les frais de scolarité.
Dans le cadre d'une loi sur le droit d'auteur, il faut penser à la protection des droits d'auteurs, et non proposer des changements à la loi qui appauvrissent les auteurs ou même qui enlèvent aux auteurs le goût et la motivation d'écrire pour le milieu de l'éducation.
J'aimerais connaître la motivation sous-jacente à tout cela. Les frais ne sont pas tellement élevés, compte tenu de toutes les autres choses que vous devez payer. Parfois, le stationnement à l'université est beaucoup plus coûteux que les droits d'auteur. Quelle est l'importance relative des économies potentielles que vous allez réaliser au détriment des droits d'auteur?
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Je vous remercie de l'occasion qui nous est donnée aujourd'hui de présenter les vues de notre association. Cette dernière représente 127 éditeurs indépendants d'un bout à l'autre du Canada. Nous avons des membres dans toutes les provinces. Ces derniers publient des livres de tous genres: des livres littéraires, des livres de cuisine, des livres pour enfants, des livres d'intérêt général, des oeuvres savantes et des manuels scolaires. En général, il s'agit de petites et moyennes entreprises, et je dirais que ce sont majoritairement des entreprises de petite taille, plutôt que de taille moyenne.
Même si quelques-unes d'entre elles sont affiliées à des universités et à des organismes à but non lucratif, la plupart sont des entreprises qui sont exploitées par le propriétaire — c'est-à-dire des entreprises indépendantes de langue anglaise qui appartiennent à des Canadiens. Les éditeurs multinationaux dans le région du Toronto métropolitain représentent les principaux concurrents de nos membres sur le marché. Notre association ne compte aucune entreprise sous contrôle étranger, même si nous avons un certain terrain d'entente avec elles dans le domaine du droit d'auteur, et notamment sur le projet de loi .
Pour tous les éditeurs, le droit d'auteur est l'assise même de notre activité — on pourrait dire, un toit au-dessus de notre tête, selon la métaphore qu'on préfère. C'est notre unique source de revenus. Les auteurs nous donnent le droit de faire des exemplaires de leurs oeuvres. Nous en produisons un certain nombre, nous les vendons, et nous vendons les droits à d'autres éditeurs qui vont faire des exemplaires de ces oeuvres dans d'autres langues, dans d'autres régions du monde et sur d'autres supports. C'est tout. C'est ça notre activité. Nous n'avons pas de revenus issus de concerts ou de marchandises dérivées. Nous ne faisons pas de publicité dans les pages que nous publions.
Les revenus issus des droits d'auteur représentent la seule source de revenus pour nos membres, et il n'est donc pas déraisonnable que nous nous intéressions beaucoup à ce projet de loi. En fait, nous sommes bien contents de le voir arriver. Nous l'attendons depuis longtemps et nous sommes heureux de voir qu'il arrive à cette étape-ci. Nous en avons vu d'autres au fil des ans qui n'ont pas abouti.
Nous avons néanmoins un certain nombre de préoccupations, et il y en a quatre en particulier dont je voudrais vous entretenir aujourd'hui.
La première concerne l'exemption pour l'éducation. Dans sa forme actuelle, cette exemption est si mal définie et formulée en termes si généraux qu'elle risque de créer énormément d'incertitude pour notre industrie pour notre industrie en ce qui concerne nos marchés et nos perspectives futures. J'ai trouvé intéressant que les étudiants aient affirmé que les tribunaux seront à même de régler tout problème d'incertitude. À mon avis, personne n'est convaincu que ce serait généralement la meilleure issue.
Pour nos membres — ce sont de petites entreprises — , les poursuites judiciaires représentent la solution la moins avantageuse étant donné qu'ils ne peuvent pas se les permettre. Nous n'avons pas les moyens de financer des poursuites judiciaires coûteuses, pas plus que nous ne pouvons nous permettre de perdre la part de marché qui sera à risque pendant de telles instances. Nous souhaitons par conséquent que le terme « éducation » soit clairement défini, de même que les conditions dans lesquelles cette exception s'appliquerait.
Nous avons également certaines inquiétudes à propos du rôle réduit des sociétés de perception des droits d'auteur que prévoit le projet de loi. Le modèle qui sous-tend l'activité d'Access Copyright et Copibec donne de bons résultats depuis fort longtemps et a permis, après beaucoup de tâtonnements et de nombreuses décisions arbitrales, d'assurer un accès généralisé à une très vaste gamme d'oeuvres protégées par le droit d'auteur, et ce sous une forme à la fois commode et peu coûteuse. Quand il s'agit de négocier un prix, c'est une décision que prend le marché. Par contre, si nos élus décident d'éliminer un modèle d'entreprise tout à fait légitime, c'est une décision qui se prend au niveau politique. Or, si ce modèle a fait ses preuves depuis longtemps et donne de bons résultats pour de nombreux établissements et de nombreux particuliers, une telle décision politique ne pourrait qu'être improductive.
Notre troisième argument a été examiné au cours de la séance précédente et concerne le plafond fixé pour les dommages-intérêts à l'égard de violations commises à des fins non commerciales. Nous, aussi, nous avons été frappés par la différence entre les montants prévus pour les violations commises à des fins privées, par rapport à ceux qu'on propose pour les violations commises « à des fins non commerciales », alors que cette expression est beaucoup plus générale et beaucoup moins bien définie.
Enfin, l'application des dispositions liées aux prêts interbibliothèques aux oeuvres numériques — autrefois, ces dispositions ne s'appliquaient qu'aux oeuvres écrites — entraînera de nombreux problèmes commerciaux, notamment pour les presses universitaires au Canada, qui publient la majorité des revues savantes au Canada. Un changement de ce genre va nuire gravement à ce marché et risque même de l'éliminer complètement.
Dans l'ensemble, ces éléments — et il y en a beaucoup d'autres — créent une désincitation à la production de la propriété intellectuelle. Même si j'ai trouvé intéressant d'entendre l'opinion des étudiants, lorsqu'ils parlaient du fait que l'accès à la propriété intellectuelle est l'une des pierres angulaires d'une économie novatrice, en l'absence d'une incitation à produire ce genre de matériel, une économie novatrice est la dernière chose que nous aurons.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, merci de nous avoir conviés à cette table.
Je m'appelle Pierre-Emmanuel Moyse et je suis professeur à l'Université McGill et membre du Centre des politiques en propriété intellectuelle de cette même institution. Mon intervention sera limitée à un point assez théorique mais qui est au coeur des préoccupations commerciales internationales, qui est le sujet de l'épuisement et, principalement, de l'épuisement international.
Très brièvement, le droit d'auteur est affaire de reproduction et de communication, mais pas seulement. Dans certaines de ses dispositions, le droit d'auteur permet également de contrôler la circulation des exemplaires eux-mêmes en tant qu'objets tangibles.
Ce contrôle du droit d'auteur sur l'objet tangible risque de porter une certaine forme d'entrave à la circulation des produits, et c'est dans ce contexte que l'on a créé l'épuisement. Alors, l'épuisement peut se voir sous deux aspects: un épuisement national ou un épuisement international.
Dans son aspect national, le principe est fort simple. Une fois que l'auteur a produit l'oeuvre et que, avec son autorisation, l'oeuvre a été mise en circulation sur le marché, l'acheteur, le propriétaire du bien, est libre d'en disposer. Il n'y a donc plus de contrôle du droit d'auteur sur la destination ou le sort de l'exemplaire, ce qui vous explique notamment que les livres peuvent être vendus sur le marché d'occasion ou que l'on puisse acheter une affiche et changer l'image de support, comme l'a démontré la célèbre cause Théberge c. Galerie d’Art du Petit Champlain inc.
Ce point ne pose pas particulièrement de problème. Ce qui est beaucoup plus préoccupant, c'est l'épuisement international des droits. Cet aspect a été le talon d'Achille et le point central de toutes les discussions politiques sur l'harmonisation des droits en Europe. Il a été aussi le point central des discussions sur l'amendement et les réformes du droit d'auteur en Australie, pays d'importation de produits de valeur ajoutée.
Le droit d'auteur intervient et peut permettre de contrôler la circulation des oeuvres, notamment par l'entremise du droit d'importation. Sur ce point, il y a deux tendances relativement dangereuses ou préoccupantes. La première, c'est l'utilisation de ce recours en importation dans des domaines qui peuvent nous interroger. Le meilleur exemple c'est l'affaire Euro-Excellence Inc. c. Kraft Canada Inc., et al., récemment, où le droit d'auteur a été utilisé pour interdire l'importation de tablettes de chocolat, ou du moins pour créer une entrave à cette importation.
Le deuxième point, c'est une anomalie qui existe, à mon avis, dans le projet de loi. D'une part, il prévoit un épuisement international. En vertu du nouvel alinéa 3(1)j) qu'on propose d'ajouter à la loi, dès lors que l'objet du droit d'auteur est mis en circulation à l'étranger, il y a épuisement du droit. D'autre part, on retrouve les dispositions en importation qui permettent de redonner le contrôle à l'auteur sur la circulation de ces objets tangibles. Alors, l'épuisement international prévu à l'alinéa 3(1)j) et les dispositions sur l'importation risquent, à notre avis, d'être contradictoires et de poser des problèmes de politiques commerciales.
Merci.
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Monsieur le président, mon intervention porte essentiellement sur la complexité de la loi, et je pourrai répondre à des questions sur le même sujet.
On espérait que le projet de loi allait clarifier les principes de la loi, mais il s'agit d'une loi beaucoup plus complexe avec de plus en plus d'exceptions, des exceptions à des exceptions, ce qui fait qu'il devient très difficile de se retrouver dans ce contexte. Tout le monde sait qu'une loi qui devient obscure, de plus en plus alambiquée, ne sera peut-être pas respectée, dans certains cas, puisqu'on ne saura pas exactement quel en est le principe.
Je vous donne rapidement quelques exemples. On peut faire une copie privée d'une oeuvre, mais pas s'il y a un verrou. Dans certains cas, il faut détruire la copie et, dans certains cas, l'auteur va être dédommagé, mais pas toujours. C'est quelque chose qui, pour le commun des mortels, n'est pas facile à comprendre. Alors, je pense qu'il y a une préoccupation importante autour de cela.
Je vous donne deux autres exemples, rapidement. Quelle serait la distinction, dans la loi, entre des fins d'éducation, une leçon et des fins pédagogiques? On ne le sait pas. Également, qu'est-ce qu'une utilisation à des fins non commerciales, une utilisation à des fins privées, si l'on considère que, dans la loi, il est déjà question d'« étude privée » et d'« usage privé »?
Alors, c'est tout cela, et ce sont probablement les tribunaux qui vont se demander ce que tout cela peut bien signifier, ce qui implique des recours judiciaires pour clarifier les choses. Donc, la Cour suprême pourra nous l'expliquer dans 10 ans. Or je ne suis pas certain que ce soit bon, du point de vue du justiciable.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Je suis très heureux d'être de retour.
Je vais lire le texte d'un bref exposé liminaire et je serai ensuite à votre disposition pour répondre aux questions des membres.
Le Conseil canadien des chefs d'entreprise, dont je suis actuellement le président, appuie de longue date des mesures susceptibles de renforcer l'économie de notre pays et de promouvoir l'innovation. Un régime solide de protection de la propriété intellectuelle et du droit d'auteur est essentiel à cette mission. Les lois qui protègent et récompensent les fruits du capital intellectuel et de la créativité artistique sont déterminantes dans le maintien d'une économie dynamique, innovatrice et ouverte.
De même, la société a tout intérêt à assurer aux consommateurs et à d'autres utilisateurs un accès juste et raisonnable à l'ensemble des oeuvres protégées par le droit d'auteur. C'est pour cette raison que nous appuyons le projet de loi .
[Français]
Vous n'êtes pas sans savoir que ce projet de loi est le résultat de la tenue de consultations intenses à l'échelle du pays, de tables rondes, de sessions, d'assemblées générales. Il traduit les observations émanant de milliers de personnes et d'organisations partout au Canada.
Tout au long de ce processus, une attention particulière a été portée au respect des préoccupations, des besoins et des droits légitimes de quiconque crée, commercialise, distribue ou fait usage, d'une façon quelconque, du matériel protégé par un droit d'auteur.
Je suis conscient que certains Canadiens sont d'avis que ce projet de loi va trop loin, s'agissant de la protection des droits des créateurs et des détenteurs d'un droit d'auteur.
Dans le même ordre d'idées, d'aucuns pensent que ce projet de loi accorde trop de liberté aux consommateurs et à d'autres utilisateurs.
La divergence de points de vue est inévitable. Le défi à relever en ce qui concerne la Loi sur le droit d'auteur a été invariablement d'établir un équilibre entre les intérêts des créateurs et la population en général.
[Traduction]
À mon avis, le projet de loi compte quatre grands éléments qui sont les suivants: d'abord, ce projet accompagne la transition du Canada, relativement aux règles touchant les droits d'auteur, vers le XXIe siècle, et ce en légitimant les activités qu'entreprennent chaque jour les consommateurs. Cela comprend l'enregistrement d'émissions télévisées pour être visionnées ultérieurement, le transfert de contenu numérique d'un support à un autre, les copies de sauvegarde, à la condition que le matériel original ait été obtenu de façon légale, et que la reproduction soit destinée exclusivement à l'usage personnel du consommateur.
Deuxièmement, ce projet de loi dote les créateurs et les titulaires de droit d'auteur d'outils juridiques plus énergiques leur permettant de déterminer comment leurs oeuvres sont mises à la disposition du public et de se protéger contre la violation de leurs droits d'auteur. Comme d'autres témoins vous l'ont fait remarquer, ces dispositions législatives sont indispensables afin d'éviter que le Canada ne devienne un repère pour les auteurs de piratage d'oeuvres internationales dans les domaines de la musique, du cinéma et des logiciels.
[Français]
Troisièmement, le projet de loi améliorera l'expérience d'apprentissage des étudiants en offrant aux établissements d'enseignement ainsi qu'aux bibliothèques et musées un meilleur accès au matériel protégé par un droit d'auteur. Cela a été rendu possible grâce, en partie, à l'élargissement des conditions d'« utilisation équitable » d'une manière qui reconnaisse les avantages considérables que représente l'éducation pour la société.
Cette mesure est conforme aux recommandations du Groupe d'étude sur les politiques en matière de concurrence, qui a désigné, dans son rapport de 2008, l'utilisation d'Internet dans la recherche et l'enseignement comme une pierre d'assise de la capacité du Canada à innover et à livrer concurrence dans une économie fondée sur le savoir.
Quatrièmement, le projet de loi encourage la croissance des services d'Internet au Canada en apportant des éclaircissements juridiques aux fournisseurs de services de réseau, de services d'hébergement Web et de moteurs de recherche.
Selon les nouveaux règlements, les fournisseurs d'accès Internet sont exonérés de toute responsabilité dans le cas où ils agissent comme simples intermédiaires des activités de communication du matériel protégé par un droit d'auteur.
Parallèlement, ce projet de loi comporte des dispositions visant à lutter contre ceux qui encouragent sciemment les violations des droits d'auteur.
Au nom du Conseil canadien des chefs d'entreprise, je souscris sans réserve à l'objectif principal de ce projet de loi.
[Traduction]
Cela dit, le comité voudra sans doute envisager d'apporter certains changements techniques au projet de loi, afin d'éviter les conséquences involontaires. Par exemple, d'aucuns ont fait état notamment de préoccupations au sujet des conséquences pour l'industrie canadienne du logiciel des dispositions traitant de la recherche sur le chiffrement, de la sécurité des réseaux, de la rétroingénierie et de la reproduction aux fins de l'interopérabilité.
De plus, le libellé de certaines dispositions touchant le contenu généré par l'utilisateur et la reproduction à des fins personnelles est peut-être trop vague, mais je laisserai le soin à d'autres de proposer des amendements qui permettront de répondre aux inquiétudes précises de certains groupes, tout en respectant l'esprit du projet de loi.
Mis à part ces questions, le projet établit un équilibre approprié entre les intérêts de toutes les parties prenantes.
Je constate que le projet de loi prévoit l'examen obligatoire par le Parlement de la Loi sur le droit d'auteur tous les cinq ans. Même s'il n'est peut-être pas toujours possible de satisfaire les exigences de chaque groupe, cette disposition dotera à coup sûr les parlementaires des outils nécessaires pour s'attaquer aux problèmes imprévus, et ce grâce à l'expérience acquise au fil des ans. C'est donc dans cet optique que je vous pris instamment de faire avancer ce projet de loi aussi rapidement que possible.
Comme d'autre vous l'ont déjà fait remarquer, la Loi sur le droit d'auteur, dont la dernière révision remonte à l'époque où Internet était encore à ses premiers balbutiements, a grand besoin d'être mise à jour afin de tenir compte des répercussions des nouvelles technologies sur les pratiques commerciales et la vie quotidienne.
Le projet de loi , déposé en juin 2005, et le projet de loi , déposé en juin 2008, ont tous deux expiré au Feuilleton après la dissolution du Parlement. Si les audiences se poursuivent au rythme actuel, il y a gros à parier que le présent projet de loi expirera, lui aussi. Cet état de chose ne servirait aucunement ni les intérêts des créateurs canadiens, ni ceux des consommateurs.
[Français]
Je crois que les députés ne vont pas saluer l'idée de recommencer à zéro, ce qui n'est pas sans relancer une série de débats et d'audiences. J'aimerais enfin remercier les membres de ce comité pour le travail qu'ils sont en train d'effectuer. Je me souviens avec amertume de la dernière fois où la Loi sur le droit d'auteur a été modifiée, et je suis le premier à admettre que servir de médiateur pour concilier des intérêts divergents exige énormément d'attention et d'efforts.
[Traduction]
J'en porte encore les cicatrices.
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je suis à votre disposition pour répondre aux questions des membres.
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Bonjour, monsieur Manley. C'est un plaisir de vous avoir parmi nous aujourd'hui.
Monsieur Sauvé, monsieur Azzaria, monsieur Moyse, madame Wood, bienvenue. J'ai des questions pour chacun d'entre vous.
Je vais commencer par vous, monsieur Manley, puisque vous venez de terminer votre présentation.
J'ai deux brefs commentaires à faire à propos de votre présentation. Vous dites que « ce projet de loi est le résultat de la tenue de consultations intenses à l'échelle du pays ». Vous savez comme moi que l'on peut faire dire ce que l'on veut à des consultations. Pour ma part, j'ai fait le tour du Canada, j'ai tenu des tables rondes dans les 10 provinces. Je n'ai pas nécessairement entendu la même chose que le gouvernement peut avoir entendu lors de ces consultations.
Je veux aussi vous rassurer. Vous dites être « conscient que certains Canadiens sont d'avis que le projet de loi va trop loin, s'agissant de la protection des droits des créateurs et des détenteurs d'un droit d'auteur », or je vous rassure: je ne pense pas qu'il y en ait beaucoup qui pensent cela. Je crois qu'il y a un déséquilibre dans le projet de loi. Certains éléments sont positifs, mais il y a un déséquilibre, malheureusement au détriment des ayants droit, des créateurs. Il y a de claires pertes de revenus et de droits. On les a relevées. Le gouvernement en est également conscient, par exemple pour ce qui est du prélèvement, de la copie privée, des droits éphémères et de la perte de revenus potentiels en éducation.
Pour vous, n'est-ce pas inquiétant? Le gouvernement ne devrait-il pas se pencher sur la question pour trouver des mécanismes d'indemnisation, puisqu'il est clair qu'il y aura des pertes de revenus pour ces gens?
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Effectivement, vous êtes dans un autre monde, dans une autre bulle. Ici, tout le monde a remarqué que ce projet de loi est fortement déséquilibré. Le fait que le Conseil canadien des chefs d'entreprise dise qu'il est équilibré me laisse croire qu'il est fortement déséquilibré.
Je veux vous donner quelques informations. Ce que je voudrais, essentiellement, c'est que vous retourniez voir vos chefs d'entreprise pour leur dire que quelqu'un ne vous a pas dit toute la vérité au sujet de ce projet de loi.
Je vais vous donner un autre point de vue.
Pour nous faire comprendre que son projet de loi était bien accepté par la communauté patrimoniale, le a dit, devant la Chambre, que 38 multinationales, 400 entreprises et 150 PDG étaient d'accord. C'est ce qu'il a dit.
Quand on lui demande s'il y a des artistes qui sont d'accord, il n'en nomme qu'un. Il est tellement content d'avoir ce soutien qu'il l'a même nommé à deux reprises à la Chambre. Il y a seulement un artiste qui est d'accord, mais comme le disait à la Chambre, il y a 400 entreprises et 150 PDG qui sont d'accord.
Vous avez aussi parlé des lois qui protègent et récompensent les fruits du capital intellectuel. C'est vrai que ces lois sont très importantes et que ce projet de loi protège les artistes, oui, en partie, mais il ne récompense pas les fruits de leur capital intellectuel. Je vais vous donner des exemples précis un peu plus tard. Ce n'est pas du tout une approche équilibrée.
J'ai aussi « tilté » — pardonnez-moi d'utilisation le mot anglais — quand vous avez parlé de consultations intenses à l'échelle du pays. Sachez, monsieur Manley, que la consultation à Montréal, qui n'est pas une petite capitale culturelle, mais bien une grande capitale culturelle, s'est tenue le 31 juillet, alors que la moitié de la ville était fermée et que les gens étaient à la campagne. De plus, des organismes aussi importants que l'Union des artistes du Québec ont eu de la difficulté à se faire inviter et ont été obligés d'aller faire leur présentation à Québec. Consultation bidon, oui, mettez-en.
Votre ami M. Pablo Rodriguez s'est opposé quand vous avez dit être « conscient que certains Canadiens sont d'avis que ce projet de loi va trop loin, s'agissant de la protection des droits des créateurs ». Personne n'a dit cela, monsieur Manley, personne, personne. Je n'ai entendu personne dire que les artistes sont trop protégés par ce projet de loi. Je voulais vous le dire.
Selon vous, le projet de loi sur les droits d'auteur sert « invariablement [à] établir un équilibre entre les intérêts des créateurs et la population en général ». Permettez-moi de vous corriger encore une fois.
Historiquement, depuis Anne d'Angleterre en 1710, un projet de loi sur les droits d'auteur sert à équilibrer les droits entre les créateurs et les diffuseurs. Au XVIIIe siècle, le terme « diffuseur » englobait les imprimeurs et les éditeurs. Aujourd'hui, ce terme a une signification beaucoup plus large.
Ce projet de loi comporte de grands défauts et enlève de l'argent aux artistes. D'abord, la non-modernisation du système de la copie privée leur enlève une moyenne de 13,8 millions de dollars par année à l'échelle canadienne. L'exemption au secteur de l'éducation, que sont venus réclamer plus tôt les jeunes étudiants, leur enlève 40 millions de dollars par année. Prenez-le en note et répétez-le par la suite. C'est de l'argent que l'on enlève de leurs poches. Ce sont les redevances qu'ils obtiennent grâce à leur droit d'auteur, et qu'ils n'auront plus. L'abolition de l'enregistrement éphémère leur enlève 21 millions de dollars. Ce ne sont pas seulement les artistes qui le disent, ce sont aussi les radiodiffuseurs. Ces derniers ont dit que ça leur coûtait seulement 21 millions de dollars. Il y a aussi l'exception YouTube, dont a parlé plus tôt l'Association canadienne du logiciel de divertissement, et il y a des dommages préétablis et plafonnés à 20 000 $. Une oeuvre musicale ne vaudra jamais plus de 20 000 $. Je pourrais vous en nommer d'autres comme ça.
Comme vous l'avez dit vous-même, l'absence de responsabilisation des fournisseurs de services Internet n'a pas de bon sens. Il faut les responsabiliser. Il n'y a aucune redevance pour les artistes et un système d'avis probablement inefficace puisque sans contravention. Ce projet de loi est fondé sur le verrou numérique qui correspond très bien à l'industrie des logiciels et des logiciels de jeux, mais qui n'est pas du tout adapté au monde de la musique. Il y a aussi, évidemment, l'absence de droit de suite pour les artistes en arts visuels.
Dans une lettre datée du 14 octobre, vos collègues, les gens du Barreau qui sont assis tout près de vous, ont d'ailleurs dit ceci de ce projet de loi: « Il s'agit d'amendements à la pièce, sans vision et sans cohérence d'ensemble, reprenant mal des parties de modèles étrangers que l'on sait être déjà désuets. » Ce sont les trois intellectuels à votre gauche qui ont écrit ça. C'est tellement vrai que l'Assemblée nationale du Québec a adopté à l'unanimité une motion contre le projet de loi , demandant des amendements substantiels.
Voilà, je laisse les représentants du Barreau du Québec prendre la parole. Évidemment, vous pouvez réagir à mes propos.
Une voix: Il reste 15 secondes.
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Merci, monsieur le président.
Merci à vous tous de votre présence cet après-midi. La discussion est très intéressante.
Monsieur Manley, je voudrais commencer par vous, car vos commentaires concernant la nécessité d'une approche équilibrée m'ont intéressé.
Pour moi, l'un des problèmes qui se présentent dès lors qu'il est question de droit d'auteur — c'est certainement mon cas depuis que j'ai été élu — c'est que les responsables de certains secteurs d'activité ne viennent me présenter leurs doléances que lorsqu'ils sont très inquiets. Parfois ils sont inquiets parce qu'ils se sentent menacés, et parfois ils sont inquiets parce qu'ils constatent qu'ils ont de nouveaux concurrents. Donc, s'agissant d'équilibre, comment faire en sorte de permettre aux nouveaux entrants de s'établir sur le marché sans que cela crée une situation injuste pour les autres? Les pirates d'autrefois sont de nos jours ceux qui exigent des droits d'auteur.
Hollywood a vu le jour, non pas parce qu'il faisait beau là-bas, mais parce que ces gens-là essayaient d'échapper au droit d'auteur de la société Thomas Edison. Sony était le pirate par excellence dans les années 1970. Si je ne m'abuse, c'est Jack Valenti qui l'avait qualifié de l'Étrangleur de Boston au sein de l'industrie cinématographique. Maintenant, bien sûr, Sony est l'un des plus grands défenseurs des MTP. Donc, il s'agit de trouver le bon équilibre.
Ce qui m'a frappé, cependant, c'est que vous avez dit que nous devrions resserrer les dispositions relatives aux MTP en ce qui concerne la rétro-ingénierie et l'interopérabilité, car beaucoup de gens m'ont fait part du fait qu'elles sont essentielles aux entreprises en développement, à la recherche, à l'innovation et à l'introduction sur le marché de nouveaux entrants. Donc, pourquoi faut-il appliquer les dispositions relatives aux MTP à la rétro-ingénierie et à l'interopérabilité?
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier les témoins pour leur présence.
Monsieur Manley, je sais ce que vous faisiez le 18 décembre 1997: vous étiez en train de préparer un communiqué de presse, que j'ai entre les mains. C'est un communiqué de presse diffusé par vous-même et l'honorable Sheila Copps, où vous annoncez que vous êtes résolu à signer deux nouveaux traités internationaux sur le droit d'auteur, notamment celui de l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, ou l'OMPI.
J'aimerais simplement vous en citer un extrait:
Ces traités soutiennent l'objectif du gouvernement fédéral, qui consiste à faire du Canada un fournisseur de contenu pour l'autoroute de l'information et multimédia qui est à la fine pointe de la technologie. Ils traduisent également le rôle du gouvernement fédéral dans la création de conditions optimales pour le commerce électronique.
Vous dites également dans ce communiqué de presse que cet engagement fait suite à une recommandation du Conseil consultatif sur l'autoroute de l'information selon laquelle le gouvernement devait répondre rapidement à la conclusion des traités de l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle sur le droit d'auteur et sur les interprétations et exécutions.
Pour moi, c'est important: vous aviez raison à cette époque, et vous avez encore raison aujourd'hui.
Je voudrais solliciter votre opinion sur deux éléments. Premièrement, vous avez mentionné à juste titre que, si nous voulons profiter de toutes les possibilités économiques que nous offre l'ère numérique, maintenant et à l'avenir, il est essentiel d'établir des règles.
Mais, dans ce communiqué de presse, vous faites également état du fait que le Canada fait partie de l'économie mondiale. Vu vos fonctions, nos partenaires mondiaux doivent fréquemment vous parler de notre Loi sur le droit d'auteur au Canada. Que vous ont-ils dit au sujet de ce projet de loi, et concernant la nécessité pour le Canada de rattraper son retard en ce qui concerne sa Loi sur le droit d'auteur?
Donc, il y a deux éléments: premièrement, jusqu'à quel point cette mesure est-elle importante pour notre économie, et deuxièmement, que vous ont dit nos partenaires commerciaux à ce sujet?
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Ce que je voudrais dire, c'est que la propriété intellectuelle est essentielle à l'économie du savoir. Il y a toutes sortes d'autres activités qu'on peut réussir, mais qui n'y sont pas liées; il est évident que notre secteur des ressources naturelles… Je veux dire qu'il existe déjà certains autres types de protection de la propriété intellectuelle, pas le droit d'auteur, évidemment; nous sommes assez efficaces dans d'autres secteurs également. Mais, en ce qui concerne les composantes essentielles de l'économie du savoir, il va sans dire que la propriété intellectuelle en est la pierre angulaire.
Les responsables de certaines des compagnies de haute technologie les plus connues vous diraient que si ces dernières existent, c'est grâce à la protection de leur propriété intellectuelle, et elles existent dans un contexte mondial, étant donné que le marché canadien est tout simplement trop petit pour leur permettre de réussir. Certains d'entre eux ont fait état du problème que j'avais mentionné, et sur lequel M. Angus est revenu par la suite, à savoir la nécessité de protéger les entreprises contre la capacité de faire de la rétro-ingénierie. À mon avis, c'est tout de même un groupe assez important, dont le point de vue n'a peut-être pas été entendu, et qui estime que le projet de loi va peut-être un peu trop loin.
Donc, il faut, à mon avis, établir un juste équilibre, de façon à offrir la protection qui est nécessaire pour préserver la valeur des oeuvres du créateur, sans pour autant nuire à la capacité de diffuser le savoir. Vous savez, peu importe la personne qui a l'idée: ce n'est pas une seule idée qui fera la différence; c'est plutôt l'innovation qui est l'aboutissement d'une succession d'idées qui compte. En revanche, si vous imposez des conditions trop strictes, vous allez étouffer l'innovation.
Il faut que les gens soient incités à créer. Il faut qu'ils soient incités à aller plus loin.