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Merci de me donner l'occasion de comparaître devant vous aujourd'hui.
Je suis un écrivain professionnel à temps plein du Cap-Breton, en Nouvelle-Écosse.
Le Canada compte plus de 140 000 créateurs de propriété intellectuelle. Un quart d'entre nous vivons dans un milieu rural ou dans une petite collectivité, soit environ 36 000, le même nombre d'artistes qui habitent à Toronto et à Montréal. En tout, le secteur des arts et de la culture du Canada s'élève à 46 milliards de dollars et emploie plus de 600 000 Canadiens.
En général, environ 10 p. 100 de la vente d'un livre reviennent à son auteur. Les 90 p. 100 restants sont répartis entre les autres intervenants dans le secteur de l'édition d'ouvrages. La plupart des écrivains professionnels du Canada gagnent moins de 20 000 $ par an de leurs écrits.
Je suis ici aujourd'hui pour vous permettre de mettre un visage sur certains de ces chiffres.
Une partie de mes revenus provient de redevances sur la vente de livres. Or, avec le temps, l'intérêt envers une oeuvre publiée s'estompe. Les écrivains doivent dépendre également des lancements de livres, des lectures pendant des festivals et des ateliers scolaires. Toutefois, ce marché est en chute libre. On a demandé à une commission scolaire de la région où j'habite de réduire son budget de 22 p. 100. Les premières compressions toucheront les enseignants de la musique et des arts, et bien sûr, les écrivains invités.
Les écrivains peuvent demander des subventions au Conseil des Arts du Canada, et ils le font, mais les besoins dépassent toujours les fonds disponibles. Comme généralement il faut de deux à quatre ans à un écrivain pour rédiger un nouvel ouvrage, ces subventions, si elles sont accordées, ne suffisent pas.
Pour mes revenus, je dépends aussi d'Access Copyright, une société de gestion collective qui octroie des licences pour autoriser la reproduction de mes écrits protégés par le droit d'auteur. Environ 85 p. 100 des revenus actuels d'Access Copyright, ce que cet organisme encaisse des établissements d'enseignement, sont susceptibles de disparaître si la notion d'utilisation équitable à des fins d'éducation est incorporée dans le projet de loi . Alors, je risque de perdre jusqu'à 85 p. 100 de mes revenus provenant d'Access Copyright.
John Manley, l'ancien ministre de l'Industrie, vous a conseillé la semaine dernière d'examiner les nouvelles dispositions sur l'éducation « dans cinq ans, pour voir si certaines de ces prévisions extrêmes... se sont réalisées, mais en attendant, de favoriser le secteur de l'éducation ».
En réalité, en attendant, les enseignants du Canada, encouragés par cette nouvelle exception d'utilisation équitable, pourront copier librement de longs passages d'un de mes livres, voire un chapitre ou plus, pour toute la classe sans payer de redevances à Access Copyright — et de ce fait même, à moi. La société de gestion collective qui me représente, ainsi que d'autres artistes, sera forcée de recourir à des compressions et sera moins en mesure de nous représenter efficacement. En outre, plus de copies signifient moins de ventes de livres. Avec tout le respect que je dois à M. Manley, cinq ans, c'est trop long pendant que nous nous faisons décimer.
En 10 ans, j'ai eu cinq livres de publiés et pendant six de ces années, j'ai publié un magazine littéraire. Sa publication a rapporté plus d'un quart de million de dollars, a généré des dollars de recettes fiscales et injecté de l'argent à la collectivité locale du Cap-Breton, faisant bénéficier éditeurs, imprimeurs, concepteurs, graphistes, illustrateurs, distributeurs, rédacteurs, photographes et libraires locaux. Alors que les communautés rurales du Canada connaissent un exode, ma contribution culturelle et entrepreneuriale a eu une incidence positive sur l'économie. Et je ne suis qu'un seul créateur isolé.
Ce projet de loi ne définit pas l'utilisation équitable aux fins d'éducation. Comme l'ont rappelé d'autres témoins, une des décisions de la Cour suprême établit un cadre à six volets pour définir ce qui serait équitable. Les tribunaux ont le droit de tenir compte aussi d'autres facteurs, mais la question doit être décidée au cas par cas, et la protection des intérêts financiers détenus par un auteur pour l'oeuvre qu'il a créée ne fait pas partie des priorités dans ce cadre. Jusqu'à présent, personne ne sait vraiment ce que signifie « utilisation équitable aux fins d'éducation » — à part davantage de copies sans rémunération pour les créateurs et plus de poursuites en justice onéreuses.
La vie rurale comporte plusieurs avantages, dont celui d'apprendre à connaître les exploitants des commerces locaux. Il y a quelques années, un atelier de reproduction m'a téléphoné parce qu'une enseignante était venue pour photocopier en 100 exemplaires un livre pour enfants que j'avais écrit. Quand on lui a dit qu'elle ne pouvait pas copier le livre en entier ou faire tant de copies sans enfreindre le droit d'auteur, elle s'est exclamée, « Je ne lirai plus aucun livre de cet auteur. Pour qui se prend-il, pour Harry Potter? »
Ce qui me dérange, ce n'est pas que l'enseignante en question ne savait pas qu'Harry Potter était un personnage fictif, mais qu'elle avait présumé que me voler n'aurait pas d'importance. Ajouter l'éducation à l'utilisation équitable invite à bien d'autres abus et à des batailles juridiques laborieuses. En pratique, cela signifie que les enseignants feront des copies en plus grand nombre et moins d'éditeurs et d'écrivains produiront encore moins d'ouvrages pour les lecteurs canadiens et les écoles du Canada. Vous allez faire en sorte que l'oeuvre de toute ma vie sera beaucoup plus difficile à maintenir. Veuillez supprimer l'exception d'utilisation équitable aux fins d'éducation.
Merci.
Nous sommes reconnaissants d'avoir l'occasion de comparaître devant votre comité. John Staple, le secrétaire général adjoint de la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants m'accompagne aujourd'hui. Ensemble, nous espérons pouvoir répondre à vos questions.
La fédération est le porte-parole national des enseignants au Canada au sujet de l'éducation et des autres questions sociales connexes. Nous représentons jusqu'à 200 000 enseignants provenant de 16 organisations d'enseignants provinciales et territoriales partout au pays.
Nous espérons que notre mémoire présente clairement les points de vue des enseignants canadiens sur des éléments du projet de loi . Tel qu'indiqué dans l'introduction, nous avons débattu des questions concernant l'équilibre que nous croyons devoir être atteint entre les droits des créateurs et le besoin des élèves et des enseignants d'avoir accès au matériel éducatif.
Nos propres politiques reflètent le fait que nous avons essayé d'atteindre cet équilibre. Nous suivons les tentatives de modifier la Loi sur le droit d'auteur depuis de nombreuses années. Nos partenaires du secteur de l'enseignement au Canada et nous avons toujours adopté une approche cohérente au sujet de ce qui est important pour l'éducation pendant cette période.
La FCE appuie le projet de loi parce qu'il comporte une approche juste et équilibrée pour l'éducation. Deux articles sont très importants pour nous. Il y a les amendements pour l'éducation ou l'Internet, selon l'expression que l'on décide d'utiliser, proposés à l'article 30.04, et l'ajout de l'éducation à la liste des activités visées par les dispositions relatives à l'utilisation équitable, à l'article 29.
L'amendement pour l'Internet est important parce que la Loi actuelle sur le droit d'auteur n'indique pas clairement dans quelle mesure les enseignants, les élèves et les autres utilisateurs du secteur de l'éducation peuvent légalement faire des activités routinières en classe comme télécharger, sauvegarder ou partager du texte, des images ou des vidéos accessibles sur Internet.
L'amendement proposé à l'article 30.04 traite seulement du matériel public offert sur Internet. Ce matériel est affiché sur Internet par le titulaire des droits d'auteur sans mot de passe ou toute autre restriction technique à son accès ou à son utilisation. La majorité de ce matériel est affiché dans l'intention qu'il soit copié et partagé par la population. Il est accessible à tous ceux qui veulent l'utiliser.
Le problème, c'est que la loi actuelle sur le droit d'auteur ne protège peut-être pas les écoles, les enseignants et les élèves lorsqu'ils font une utilisation ordinaire de ce matériel offert librement. Les établissements d'enseignement et les enseignants, les élèves et le personnel qui y travaillent utilisent Internet d'une façon qui pourrait violer le droit d'auteur, même si des utilisations personnelles du même matériel est peut-être permis par la Loi sur le droit d'auteur.
Il y a différentes utilisations des fins d'enseignement qui sont visées par cette incertitude juridique, comme faire de nombreuses copies d'une oeuvre telle qu'une photographie ou un article trouvé sur Internet pour tous les élèves dans une classe, projeter un vidéo en ligne pour les élèves dans une classe, et afficher un article obtenu sur Internet sur le site Web de la classe. Nous accueillons favorablement et appuyons le nouvel article 30.04 et nous savons qu'il offrira une clarté juridique au sujet de l'utilisation à des fins d'enseignement de matériel accessible sur Internet.
L'ajout de nouvelles utilisations à la disposition sur l'utilisation équitable a été discuté dans le cadre de la réforme du droit d'auteur pour trouver un équilibre entre l'accès aux oeuvres sans nuire aux titulaires des droits d'auteur, parce que l'utilisation doit répondre à des critères d'équité pour que la disposition s'applique. La FCE appuie l'amendement qui vise à ajouter l'éducation à la liste, mais croit de même qu'il ne va pas assez loin. Voilà pourquoi notre mémoire indique que nous appuyons fermement l'adoption de l'amendement qui ajouterait l'éducation à la liste des activités visées par l'utilisation équitable, et suggère un autre amendement qui clarifierait que faire de multiples copies pour une classe est considéré comme une utilisation équitable.
Deux autres points mentionnés dans notre mémoire touchent à l'accès au matériel éducatif. Il s'agit de l'exigence de détruire le matériel de classe 30 jours après les examens finaux et les amendements touchant aux mesures technologiques. Nous appuierions un amendement qui annule l'exigence de détruire le matériel de cours en ligne 30 jours après les examens finaux, et nous appuierions un amendement à l'article 41 qui permettrait aux utilisateurs de contourner les mesures technologiques de protection dans les situations où l'utilisation du matériel ne constituerait pas une violation du droit d'auteur.
Merci. Nous serons ravis de répondre à vos questions.
[Français]
Je terminerai en m'adressant à vous, monsieur Brown. Vous avez donné un exemple très concret. Personnellement, ce qui m'inquiète — et vous pouvez le voir par mes questions —, c'est que cette ouverture, cette exemption pour l'éducation, donne l'impression que l'on peut copier à peu près n'importe quoi pour presque rien.
Vous avez sûrement parlé avec vos collègues et avec des gens du milieu. Selon vous et vos collègues, comment se traduit, concrètement, l'impact du fait d'insérer l'éducation dans...?
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Cela pourrait aller jusqu'à 85 p. 100, mais parlons plutôt de dollars.
En tant que créateur, le montant moyen qu'un écrivain a reçu d'Access Copyright cette année était 350 $. Cela ne semble pas être beaucoup d'argent, mais c'est beaucoup d'argent pour moi. Si vous m'enlevez 85 p. 100 de cette somme, il me reste quoi, 60 $? C'est une grande perte de revenu.
De plus, au cours de la dernière décennie, des enseignants et des écoles m'ont invité pour venir diriger des ateliers et faire des lectures. Évidemment, ils croient que mes oeuvres sont bonnes; j'ai probablement enseigné à 25 000 élèves. Et je suis déjà arrivé dans des salles de classe où, avant mon arrivée, on avait fait une photocopie de mon livre pour chaque enfant dans la classe.
Alors, sans vouloir vous offenser, cela se produit.
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Je pense que ce que les commissions scolaires contestent, c'est l'élément qui ne permet pas aux enseignants de faire de multiples copies pour une classe. Je crois que c'est ce qui est contesté. Nous ne participons pas à ce processus.
Nous disons ce qui nous semble logique; il est logique pour nous, dans une situation d'enseignement, d'avoir une copie par enfant. Alors si l'éducation est visée par l'utilisation équitable, il faut comprendre la réalité de la salle de classe et élargir la disposition sur l'utilisation équitable aux copies multiples faites pour chaque étudiant.
Je ne parle pas de multiples copies d'un texte entier pour chaque étudiant. Cela n'est pas équitable. C'est gratuit, et l'utilisation équitable ne veut pas dire « utilisation gratuite ». Si l'on a besoin de manuels, on devra les payer. On ne devrait pas copier des manuels. Il ne s'agit pas alors d'utilisation équitable.
Cela dit, si je veux une page d'un manuel et que c'est considéré comme une utilisation équitable, alors la loi devrait me permettre d'en faire 20 ou 30 copies pour les étudiants sans avoir à leur demander d'aller faire eux-mêmes les copies, ce qui serait probablement considéré comme correct.
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Je m'intéresse à l'article 30.04 sur l'utilisation du matériel Internet. J'ai moi-même publié plusieurs livres, et Access Copyright me paie des redevances pour certains articles qui ont paru dans des manuels scolaires. Lorsque j'étais sur les bancs d'école, nous n'avions que des manuels scolaires, car c'était le seul moyen d'obtenir des articles. Et maintenant, il y a de plus en plus de matériel produit par des étudiants. Ils font leur propre recherche. Ce n'est pas des photocopies, c'est du matériel d'Internet qui est coupé-collé dans Word. C'est ce qu'on utilise en classe.
J'ai également dirigé une revue pendant sept ans. Nous affichions tous nos articles sur Internet gratuitement, car il s'agissait d'une sorte d'amorce. Nous vendions des abonnements et les gens s'en servaient. Nous recevions des appels d'enseignants qui nous demandaient s'ils pouvaient se servir de nos articles en classe, et je répondais toujours par l'affirmative. Je ne me doutais pas alors que nous étions à la fine pointe d'un débat sur les droits d'auteur. Pour nous, ce n'était que les affaires.
Maintenant, nous sommes confrontés à un marché ouvert qui auparavant était fermé. Maintenant, sur Internet, il y a autant de matériel gratuit qu'il y avait de matériel payant par le passé.
Est-ce que vous appuieriez l'utilisation de matériel sur Internet si nous maintenions la gestion collective du droit d'auteur?
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Merci, monsieur le président.
Je pense qu'il faut remettre les pendules à l'heure. Il y a beaucoup de renseignements erronés qui circulent et qui créent une certaine confusion.
Je vais d'abord citer un passage du mémoire de la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants:
« L'actuelle loi sur le droit d'auteur du Canada dit que l'utilisation équitable d'une oeuvre protégée par le droit d'auteur dans le cadre de cinq activités précises, soit la recherche, l'étude privée, la critique, le compte rendu et la communication des nouvelles, ne constitue pas une violation du droit d'auteur. L'ajout de l'éducation à cette liste semble aller de soi. »
Afin de déterminer si une utilisation à des fins pédagogiques est considérée équitable,
— et ceci est important —
il faut procéder à une évaluation à l'aide de six facteurs adoptés par la Cour suprême du Canada, soit le but de l'utilisation, le caractère de l'utilisation, l'ampleur de l'utilisation, les solutions de rechange à l'utilisation, la nature de l'oeuvre et les effets de l'utilisation sur l'oeuvre. En appliquant ces facteurs, la Cour d'appel fédérale a conclu qu'il n'est pas équitable qu'un enseignant ou une enseignante fasse des copies pour une classe d'élèves.
Il me semble, monsieur Brown, que la décision de la Cour vous importe peu, que le fait que l'utilisation équitable à des fins d'éducation soit inclus et que la Cour suprême ait statué que les photocopies pour les élèves n'est pas pertinent.
Est-ce que j'ai bien compris?
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Le processus continuera.
Je comprends la situation de M. Brown. C'est une difficulté qu'on affronte en tant qu'organisation d'enseignants. Je ne voudrais pas que vous croyiez que les enseignants volent les créateurs, car ce n'est absolument pas le cas.
S'il y a eu un recul dans les ventes des manuels scolaires au Canada, ce n'est pas à cause des professeurs qui photocopient les manuels. C'est à cause des commissions scolaires et des ministères qui ont des ressources limitées, qu'ils essayent d'optimiser le plus possible.
Au lieu d'acheter un manuel par élève, on achète des trousses pour les classes, et tout le monde se les partage. Ensuite, ils sont refilés à d'autres élèves. Cela a réduit le nombre de manuels achetés. Par contre, leur qualité est bien meilleure. Ils durent plus longtemps, car ils font partie d'une trousse normalisée. On s'en remet davantage à l'information électronique et numérique. Il y a toutes sortes de raisons pour lesquelles les ventes de manuels scolaires ont chuté au cours des 20 dernières années.
Cela dit, si le nombre de manuels vendus est en baisse, le total de l'argent dépensé reste le même, voire augmente.
C'est un gâteau qu'il faut se partager. On dépense des milliards de dollars pour le matériel éducatif, y compris les manuels, et ces ressources doivent être partagées entre toutes les années, de la maternelle à la 12e.
Les enseignants ont toujours été un modèle à suivre pour les enfants, car ils passent beaucoup de temps avec eux lorsqu'ils sont très jeunes. Je pense que suivre les lois, y compris celles sur les droits d'auteur — et plus généralement, tout ce dont on vient de parler —, serait une priorité pour le secteur de l'éducation, n'est-ce pas?
Mme Mary-Lou Donnelly: Oui.
M. Dean Del Mastro: Merci.
Merci beaucoup, monsieur Brown, de votre témoignage.
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Merci, monsieur le président.
J'essaie de mieux comprendre l'enjeu. Je crois que personne ne s'oppose à ce que les enseignants obtiennent le meilleur matériel éducatif qui soit, d'où qu'il vienne, d'autant plus qu'il y a toujours plus de matériel à leur disposition. Je pense que personne ne s'oppose à ce que les enseignants se dotent du meilleur matériel d'enseignement possible.
Mais je crois qu'il s'agit ici d'une question d'argent. Enfin, c'est ce que je crois comprendre. Il n'y a pas de loi qui empêche qui que ce soit de se procurer le matériel dont il a besoin. Il se peut que nous devions payer pour y avoir accès, mais personne ne nous en refusera l'accès. La Loi sur le droit d'auteur ne refuse pas l'accès au matériel. Elle dit tout simplement qu'il faut payer pour obtenir ce matériel.
Ai-je bien compris l'enjeu? Est-ce en fin de compte une question d'argent? D'une part, il y a ceux qui estiment qui ne sont pas payés, et d'autre part, il y a un système scolaire qui est déjà surmené. Est-ce votre compréhension de la chose?
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Bonjour, messieurs, madame.
J'ai plusieurs questions. Monsieur Brown, j'imagine les gens qui nous écoutent ou qui nous regardent à la télévision ne comprennent pas trop de quoi nous parlons. Plus tôt, vous avez dit avoir écrit cinq livres et publié des magazines littéraires. Ces publications ont rapporté plus d'un quart de million de dollars. C'est correct, c'est ce que vous avez dit. Cela a aidé les publicistes, les rédacteurs, les photographes, les libraires locaux, mais en tant qu'auteur, en tant qu'artiste — parce que vous êtes un artiste, vous êtes un auteur, c'est vous qui avez écrit le livre, c'est vous qui l'avez créé —, en tant que créateur, combien avez-vous pu recevoir, peut-être pas en argent mais en termes de pourcentage de ce quart de million de dollars? Est-ce que c'est proportionnel à votre contribution culturelle? Est-ce que votre droit d'auteur, quand tout cela a été fait, vous a permis de toucher un certain montant d'argent? En termes de pourcentage, cela a-t-il valu votre peine?
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Bien sûr que cela vaut la peine. Les écrivains veulent être lus. C'est pourquoi nous écrivons.
Mais pour répondre à votre question, en ce qui concerne les livres, je reçois de 8 à 10 p. 100, selon l'éditeur en question. Le reste, les revenus produits par ce livre, revient à d'autres intervenants dans le secteur de l'imprimerie.
En ce qui concerne la revue, je l'ai fait pro bono. Je n'ai jamais été payé pour ce travail. J'étais en fait très fier de pouvoir payer des écrivains et des photographes et de faire connaître leurs oeuvres.
Nous savons que pour chaque dollar investi dans la culture au Canada, il y a un rendement sur l'investissement de trois dollars. Je pense que c'est encore plus dans les petites collectivités canadiennes. Nous apportons une contribution appréciable à l'économie et à l'assiette fiscale. Si vous nous retirez de l'équation, vous perdrez énormément.