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Madame la présidente, je vous remercie de me donner l'occasion de comparaître devant le Comité ce matin et d'utiliser la technologie qui me permet de le faire par vidéoconférence à partir d'Halifax.
Je vais donner un aperçu du Conseil économique des provinces de l'Atlantique. Il s'agit d'un organisme indépendant de recherche sur les politiques économiques dont le mandat est de favoriser le progrès économique au Canada atlantique. Il le fait en fournissant des renseignements économiques et d'affaires qui aident des organisations à élaborer leurs propres plans d'affaires et à trouver de nouveaux débouchés. De plus, nous produisons des analyses et des idées sur les politiques économiques concernant l'Atlantique.
Le Conseil économique des provinces de l'Atlantique est un organisme caritatif non gouvernemental composé de membres. Les revenus proviennent principalement des frais d'adhésion, de recherches financées, d'activités et de commandites. Les membres du Conseil sont notamment de petites et de grandes entreprises, des syndicats, des établissements d'enseignement, des municipalités et des organismes gouvernementaux.
La semaine dernière, nous avons tenu notre 64e réunion annuelle, au Nouveau-Brunswick.
Je vais maintenant passer à mes observations de fond. Le commerce revêt une importance vitale pour les quatre provinces de l'Atlantique. En 2014, le commerce interprovincial — tant les exportations que les importations — représentait 65 milliards de dollars. Des données plus récentes existent, mais rien n'a changé essentiellement. Ce type de commerce équivaut à presque 60 % de la production économique régionale ou du PIB du Canada atlantique, ce qui est beaucoup plus élevé que la proportion de 40 % à l'échelle nationale.
Le commerce international, dans lequel les États-Unis constituent notre principal partenaire, représentait plus de 80 milliards de dollars en 2014. Cela équivaut à presque 75 % du PIB régional ce qui est, encore une fois, plus élevé que la proportion à l'échelle nationale.
Par conséquent, les moyens de transport, qu'il s'agisse des transports maritime, ferroviaire, routier ou aérien, sont essentiels pour l'activité économique actuelle de la région et sa prospérité future.
En 2006, notre conseil a publié un rapport intitulé Transformation de l'économie mondiale: Enjeux et possibilités pour le transport au Canada atlantique. Dans le cadre de cette étude, nous avons énuméré plusieurs éléments importants du réseau de transport au Canada atlantique. Il y a entre autres deux corridors de transport par camion, l'un qui relie le Canada atlantique et le Nord-Est des États-Unis, et l'autre qui relie la région de l'Atlantique et le Centre du Canada en passant par le Québec; un corridor ferroviaire exploité par le CN, qui relie le port d'Halifax ainsi que le reste de la région de l'Atlantique aux marchés du Centre du Canada et du Midwest américain; une voie d'accès maritime pour le trafic de conteneurs par le port d'Halifax; et plusieurs infrastructures maritimes et portuaires spécialisées pour le transport national et international de pétrole brut et de produits pétroliers raffinés.
Bien sûr, la région compte de nombreux autres ports, aéroports, routes et chemins de fer d'intérêt local dans la région.
Les chiffres associés à notre analyse ont peut-être changé au cours des 10 dernières années, mais je ne crois pas que la structure de transports de base ait beaucoup changé, bien que le nombre limité de données nous empêche de mettre à jour une partie de cette analyse.
En outre, notre rapport a aussi signalé certains des problèmes importants de transport auxquels le Canada atlantique fait face. On peut observer bon nombre d'entre eux encore aujourd'hui.
Premièrement, une faible densité crée une dépendance indue à l'égard de quelques transporteurs — parfois un seul transporteur —, comme le service ferroviaire intermodal, tandis que les transporteurs peuvent dépendre fortement d'un ou de deux principaux utilisateurs. Le mouvement mal équilibré, comme un volume des exportations vers les États-Unis supérieur au volume des importations destinées à la région de l'Atlantique, ou un volume des importations en provenance de l'Ontario supérieur au volume des exportations vers l'Ontario, peut nuire à la capacité des transporteurs de fournir des services rentables.
Deuxièmement, des entreprises de la région de l'Atlantique signalent des problèmes à la frontière américaine pour la circulation des marchandises et des personnes. La semaine dernière, nous avons publié un rapport pour aider les entreprises de la région de l'Atlantique à gérer l'incertitude qui règne dans les relations commerciales avec les États-Unis. Bien que le nouvel accord entre les États-Unis, le Mexique et le Canada annoncé constitue une étape encourageante, on ne sait pas encore s'il permettra de régler toutes ces questions pratiques.
Troisièmement, on continue de signaler que les différences entre les provinces sur le plan de la réglementation, comme en ce qui concerne le poids et les dimensions des véhicules, nuisent à l'efficacité opérationnelle des entreprises de camionnage.
Quatrièmement, la capacité de l'infrastructure est parfois une contrainte, comme un tronçon de la route 185 au Québec, près de la frontière du Nouveau-Brunswick, qui n'est pas à double voie. Cela peut aussi avoir des incidences sur le régime réglementaire, de sorte que les ensembles routiers longs qui peuvent circuler au Nouveau-Brunswick et dans d'autres régions du Québec ne sont pas autorisés à circuler sur cette route, ce qui nuit à l'efficacité du transport.
En terminant, je veux dire que le commerce et le transport qui y est lié sont essentiels pour l'économie du Canada atlantique. Cela comprend notamment les liens de transports vers les États-Unis, les transports routiers et ferroviaires vers le Centre du Canada et les accès maritime et aérien aux marchés internationaux. La capacité, les cadres réglementaires et la densité sont tous des aspects importants du réseau de transport du Canada atlantique.
Je serai ravi de répondre à toutes vos questions.
Je représente Tata Steel Minerals Canada. Il s'agit d'une société minière située dans la partie nord du Canada qui mène des activités dans des coins subarctiques reculés. Elle a des gisements de minerai de fer qui sont situés de part et d'autre de la frontière entre Terre-Neuve-et-Labrador et le Québec. Nous avons beaucoup investi dans la société — plus de 1,5 milliard de dollars. Tata Steel Minerals Canada est la seule nouvelle société minière survivante qui a commencé à mener des activités d'extraction du minerai de fer au cours de la période faste du début des années 2000.
Nous faisons face à des difficultés et à des défis importants, et je suis très heureux de comparaître devant votre comité, car l'exploitation minière et la logistique sont étroitement liées.
J'aimerais attirer votre attention sur l'accès aux marchés étrangers. Comme vous le savez, le minerai de fer est un produit que le Canada exporte à 100 %. Le port pose problème. Le gouvernement fédéral a mis en place un terminal multiusager en eau profonde dans le cadre d'un partenariat public-privé. Les difficultés auxquelles nous faisons face à l'heure actuelle concernent l'accès au port et les installations de manutention de matériel connexes.
Il en résulte qu'aujourd'hui, l'utilisation de la capacité du port — qui est à la fine pointe de la technologie — est de 10 à 15 %. Pour une capacité de 50 millions de tonnes, en 2018 — la première année —, il sera utilisé pour de cinq à sept millions de tonnes. Comme je l'ai dit, les facteurs limitatifs sont les installations connexes pour les activités de déchargement et de stockage, et ensuite l'accès au port.
C'est à Sept-Îles, à proximité de la baie de Sept-Îles, à Pointe-Noire. Le gouvernement du Québec a acquis les actifs pour avoir, au moins, un concept multiusager. Toutefois, des investissements et des fonds supplémentaires sont nécessaires. Il s'agit d'établir une plateforme pour les exportations.
Pour vous donner une idée... À sept millions de tonnes, il s'agit d'exportations d'environ un demi-milliard de dollars. Au cours des trois à quatre prochaines années, on pourrait passer de 7 à entre 20 et 25 millions de tonnes.
Tata Steel Minerals Canada est un joueur. Alderon en est un autre, et il y a Tacora et plusieurs autres joueurs, ce qui donne d'énormes possibilités sur le plan des exportations. Il y a des projets et des investissements dans les territoires du Nord. Cela nous permet d'offrir beaucoup de possibilités d'emplois. Sur notre site, nous employons toujours entre environ 100 et 150 membres des Premières Nations.
Du point de vue de la viabilité et de la concurrence, le Canada peut accroître ses exportations de minerai de fer seulement si la logistique est à la fine pointe et concurrentielle sur le plan de coûts.
Je veux seulement vous donner une idée du marché et d'un autre aspect qui est très important et à l'égard duquel votre comité peut jouer un rôle. Le marché du minerai de fer a chuté: il se situe maintenant à entre 60 et 70 $ la tonne, après avoir atteint un sommet de 170 $ la tonne en 2011. Le Canada a des gisements de minerai de fer de grande qualité, mais ils se trouvent dans des régions éloignées et ont une structure de coûts élevés. Nous rivalisons avec l'Australie et le Brésil, qui ont une structure de coûts faibles. Malgré cela, ce qui est à notre avantage, c'est que nous avons des minerais de bonne qualité contenant peu d'impuretés. Cependant, nous ne pourrons soutenir la concurrence que si nous sommes capables de fournir une logistique efficace et concurrentielle sur le plan des coûts et un point de passage pour l'exportation du minerai.
Je crois que c'est un aspect très important.
Pour vous donner une idée du marché, je vous dirais que le commerce du minerai de fer transporté par navire totalise environ 1,4 milliard de tonnes, et la part du Canada se situe à environ 50 millions de tonnes. Les principaux joueurs sont l'Australie et le Brésil. Par conséquent, il y a un énorme marché.
Il y a ensuite la fosse du Labrador, qui chevauche la frontière entre le Québec et le Labrador. On y trouve plus de 80 milliards de tonnes de ressources. Elle ne manque pas de gisements. C'est sur le plan de la capacité d'en extraire le minerai de façon rentable et efficace.
Le bon côté, c'est le très grand nombre d'emplois offerts, les investissements très importants et le développement durable, ce qui inclut la collaboration avec les collectivités des Premières Nations.
J'exhorte le Comité à envisager de soutenir les démarches du gouvernement du Québec pour le développement des installations multi-usager de manutention de matériel visant à favoriser l'accès au nouveau terminal en eau profonde du gouvernement fédéral.
Merci beaucoup.
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Merci, madame la présidente. Je vous remercie tous les deux de comparaître devant nous aujourd'hui.
Nous avons passé la dernière semaine à voyager au pays. Nous sommes allés tout d'abord dans la région de Niagara, où nous avons visité quelques ports et vu les possibilités là-bas. Nous nous sommes ensuite rendus à Vancouver, puis à Seattle, pour y visiter d'autres ports également.
Un sujet est revenu sans cesse durant notre voyage, et il s'agit des répercussions — positives ou négatives — de certaines mesures législatives qui ont été présentées récemment. À Vancouver, on nous a beaucoup parlé des répercussions du projet de loi et de ce qu'il signifie pour un certain nombre de... qu'il s'agisse d'entreprises d'import-export ou d'autorités aéroportuaires.
J'espère que vous interviendrez tous les deux. Monsieur Chaundy, le projet de loi aurait-il des répercussions sur votre organisme?
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Encore une fois, je crois qu'il y a probablement plusieurs défis. L'un de ces défis, c'est que ces problèmes ont été cernés depuis de nombreuses années. Lorsque nous avons mené les recherches préliminaires et que nous avons parlé aux gens d'affaires — nous avons publié notre rapport initial dans lequel nous décrivions les obstacles en 2016 —, un grand nombre d'entre eux ont mentionné que dans certains cas précis, de gros obstacles nuisaient à leurs marchés. Dans de nombreux cas, ils ont tout simplement tenté de s'y habituer.
Même si c'est un défi pour ces entreprises et que cela les empêche peut-être d'avoir une stratégie à l'échelle de la région atlantique, et que cela nuit au déplacement efficace de leurs véhicules d'une province à l'autre et à leur capacité de déployer du personnel et de l'équipement, elles ont habituellement dû apprendre à vivre avec cette situation. Je pense que d'une certaine façon, les gens d'affaires reconnaissent qu'il s'agit d'un problème, mais ce n'est pas leur préoccupation la plus urgente. En effet, comparativement aux questions liées à la réglementation, les enjeux liés à l'ALENA, au taux de change, aux pénuries de main-d'oeuvre et à d'autres éléments sont des préoccupations plus importantes pour eux.
L'autre défi sur le plan pratique, c'est l'engagement des quatre provinces à collaborer pour résoudre ces enjeux. Nous avons observé des progrès lorsque les quatre premiers ministres provinciaux ont pris l'engagement, en 2015-2016, de créer un nouveau bureau pour travailler sur ces enjeux. Ils ont fait des progrès à cet égard. Ce qui nous préoccupe, c'est qu'il est facile de dire qu'une chose sera faite, mais qu'il est très difficile de la concrétiser.
L'un des problèmes, c'est qu'il y a un très grand nombre d'enjeux liés à la réglementation. Même dans le secteur des transports, lorsque nous parlons aux entreprises, nous constatons qu'il y a des problèmes liés au poids et aux dimensions des véhicules. Il y a des permis pour charges excessives ou surdimensionnées et différents niveaux de taxes sur le carburant. Plusieurs problèmes ont été cernés dans le secteur des transports. C'est donc une énorme tâche de commencer à travailler sur ces problèmes ainsi que sur les normes du travail et les questions liées à la santé et à la sécurité. C'est en partie la raison pour laquelle, dans notre proposition, nous avons essentiellement recommandé une approche fondée sur une « liste négative ». Nous veillerons à ce que les entreprises puissent mener leurs activités de façon uniforme d'une région à l'autre et ensuite nous ferons des exceptions dans les régions où nous ne pouvons pas encore apporter ces rajustements.
Je crois que l'un des plus gros défis est lié à l'ampleur de la tâche et à la volonté des dirigeants politiques d'apporter ces rajustements et de commencer à collaborer dans la région de façon concrète, plutôt que de maintenir leurs propres politiques et règlements provinciaux.
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Étant donné l'emplacement de notre entreprise, 100 % de ses activités sont liées à l'exportation. Nous avons deux points de départ. L'un d'entre eux est le transport intérieur, c'est-à-dire le transport ferroviaire.
Notre mine est située dans le Nord, dans les régions de Schefferville et de Menihek, au Québec et au Labrador. Le minerai de fer doit voyager plus de 600 kilomètres avant d'arriver au port.
Cela concerne en partie la logistique en matière de transport ferroviaire. En effet, des parties du chemin de fer ont besoin d'améliorations et d'une mise à niveau. Comme vous le savez, Schefferville est accessible par transport aérien et ferroviaire. Il y a des collectivités et des entreprises là-bas, ainsi que des possibilités de croissance. Le chemin de fer qui a besoin d'améliorations et d'une mise à niveau représente donc l'un des volets de cet enjeu.
Tout d'abord, sur le plan économique, cela pourrait ne pas fonctionner. En effet, les sociétés minières pourraient ne pas être en mesure d'investir les sommes nécessaires pour que ce soit assez solide pour soutenir leur propre consommation, la consommation du public et les possibilités de croissance potentielles.
Le deuxième volet concerne le port. Lorsque nous parlons de marchandises en vrac comme le minerai de fer, nous parlons de millions de tonnes, c'est-à-dire un énorme volume. C'est difficile à imaginer pour les gens qui ne sont pas dans ce domaine. Cela exige une infrastructure de calibre mondial sur le plan des coûts et des services. Je crois que la politique en matière de transport devait tenir compte du fait que c'est un déclenchement du développement économique, car c'est ce qui nous cause des difficultés en ce moment au Canada. En effet, il y a une énorme lacune sur le plan de l'infrastructure, de la structure des coûts et des services portuaires.
À titre d'information supplémentaire, le gouvernement fédéral, de concert avec les sociétés minières, a investi 220 millions de dollars dans un terminal en eau profonde à Pointe-Noire. Toutefois, on n'a toujours pas résolu la question de l'accès et du transport du produit à la tour de transfert du nouveau terminal. C'est comme posséder un appartement au 48e étage du meilleur immeuble en ville, mais cet immeuble n'a pas d'escalier mécanique ou d'ascenseur. C'est la situation actuelle.
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Merci, madame la présidente.
Je remercie les deux témoins d'être parmi nous ce matin.
C'est un plaisir de vous entendre, messieurs, et de pouvoir profiter de votre expertise. Je vais commencer par M. Chaundy.
Vous avez déjà répondu à l'une de mes questions en donnant des exemples précis de différences entre les provinces, en matière de réglementation, qui vous posent des problèmes. À ce sujet, vous avez concentré vos propos sur la région de l'Atlantique, et on comprend bien pourquoi. Cependant, vous avez fait allusion plusieurs fois à cette route qui mène, entre autres, au Québec.
Sachant que la réglementation en matière de camionnage relève en partie des gouvernements provinciaux, à quel type de leadership vous attendez-vous de la part de l'autorité fédérale ou à quels aspects celle-ci devrait-elle s'attaquer ?
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Dans le cadre de nos travaux sur le commerce interprovincial axé sur le Canada atlantique, nous avons clairement indiqué, dans notre rapport, que nos activités ne se déroulent pas principalement au Canada atlantique. Comme je l'ai mentionné dans mon exposé, nous sommes fortement tributaires du commerce avec le reste du Canada et du commerce international. Les liens avec le reste du Canada et avec le reste du monde sont donc très importants.
L'exemple précis auquel j'ai fait référence concernait un problème de capacité et de réglementation. Les provinces de l'Ontario, du Québec, de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick ont conclu un accord pour tenter de faciliter les longs ensembles routiers. Dans ce cas, nous observons une coopération parmi les provinces. Le défi, c'est que cela interagit avec des enjeux en matière de capacité dans un endroit précis, ce qui empêche en partie le Canada atlantique d'avoir accès, par exemple, au centre du Canada.
Encore une fois, si les provinces ne sont pas en mesure de trouver une façon de résoudre ce problème, car le Québec s'occupe de ses propres intérêts et paie essentiellement pour cette infrastructure, même s'il y a d'autres utilisateurs et bénéficiaires, le gouvernement fédéral pourrait assumer un rôle de facilitateur en déclarant qu'il s'agit d'un corridor national qui a une importance nationale, et qu'il faut trouver des façons de faciliter et de maintenir une infrastructure d'une telle importance nationale, afin qu'elle ne profite pas seulement à une seule province.
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Je crois que nous avons eu à faire face à un problème semblable auparavant. Je ne sais pas s'il a été entièrement résolu. Lorsque nous avons rédigé notre rapport de recherche, nous avons trouvé des renseignements contradictoires. En effet, nous faisons face à des problèmes similaires depuis longtemps en ce qui concerne les camions et les limites de poids aux États-Unis — surtout au Maine —, car ce qui est autorisé au Canada atlantique ne l'est pas aux États-Unis, en raison du type d'infrastructure routière qui existe dans le Nord du Maine.
Encore une fois, je crois que ce problème existe depuis longtemps. Je ne sais pas s'il a été entièrement résolu à ce jour. Ce sont nos deux corridors principaux et tout ce qui nuit à la capacité ou tous les enjeux réglementaires liés à cela... Les enjeux réglementaires découlent parfois de l'infrastructure. En effet, les limites de poids des véhicules sont parfois établies en raison de la façon dont la route a été construite et c'est donc, en partie, un problème d'infrastructure. Dans ce cas, il semble que le problème soit de nature réglementaire, mais dans les faits, il s'agit de savoir si la capacité routière peut soutenir les véhicules d'un certain poids.
Cela ne concerne pas seulement une partie d'une route. En effet, il faut voir cela comme un système qui englobe les entrées et les sorties au Canada atlantique. Il faut aussi aller plus loin au sud, mais il y a des parties où ce système ne fonctionne pas, car certains camions ne peuvent pas circuler sur certaines routes.
Je ne sais pas si le problème est plus grave aux États-Unis qu'au Québec, mais les deux liens sont très importants. Mes membres nous ont déjà parlé de ces problèmes auparavant.
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Si j'ai bien compris votre question, vous voulez savoir si, dans le cas où le chemin de fer serait adéquat, le port serait en mesure de répondre à tous les besoins en matière d'exportation.
Non. Actuellement, le plus gros problème, c'est l'infrastructure portuaire. En effet, lorsqu'il faut exporter des marchandises en vrac, le navire accoste à un terminal et on le descend ensuite. Le terminal de cet exemple particulier a été construit comme terminal public avec une capacité de 50 millions de tonnes. L'infrastructure connexe dont on a besoin pour décharger les trains qui arrivent des mines, transporter la cargaison, mettre la cargaison sur le convoyeur et acheminer le tout au terminal est absolument inadéquate. Elle ne suffit même pas à traiter de 10 à 15 % de la capacité. Par conséquent, l'investissement effectué par le gouvernement et les sociétés minières n'est pas en mesure de réaliser son plein potentiel. De plus, les participants actuels font face à des difficultés. Enfin, il n'y aura pas de nouveaux participants, car les participants potentiels peuvent voir qu'il y a un gros goulot d'étranglement dans le déplacement de la marchandise.
Si ce problème est résolu, je crois qu'il y aura une corrélation directe avec l'amélioration de l'activité économique et des exportations.
Comme vous le savez sans doute, nous tentons de trouver une solution qui nous permettra de lever l'incertitude qui plane actuellement sur l'acier en raison des droits de douane imposés par les États-Unis; nous n'y sommes pas encore arrivés. Cela étant dit, la situation actuelle offre néanmoins une possibilité grâce au programme que les trois ministres ont annoncé en juillet, comme vous le savez peut-être, concernant les décrets de remise et, bien sûr, le report des droits en vertu de l'exonération des droits. Le programme comprend aussi un partenariat avec EDC qui vise à offrir de l'aide financière pour permettre la diversification des activités, tant pour les immobilisations en équipement que pour d'autres initiatives en cours, comme l'élaboration d'un modèle intermodal ou multimodal.
Je vous suggérerais aussi de prendre le plan que vous avez en ce moment et de collaborer avec vos partenaires pour déposer une demande auprès d'EDC afin d'obtenir du financement qui pourrait vous aider à mettre en oeuvre certaines recommandations que votre plan doit contenir par rapport à la multimodalité ou à l'intermodalité.
Enfin, je pense que quelques personnes ont tenté d'en savoir plus sur les défis logistiques que vous avez mentionnés. Pouvez-vous nous dire très précisément quels sont ces défis?
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je me joins à mes collègues pour souhaiter la bienvenue à nos deux témoins. Je n'ai pas pu me déplacer avec le Comité la semaine dernière, mais je sais qu'une grande partie des témoignages recueillis se retrouvera dans nos délibérations et probablement dans le rapport.
Monsieur Sharma, je sais que votre entreprise mène des activités dans de nombreux pays — précisément 20, je crois. En vous fondant sur cela, pouvez-vous comparer le système de transport du Canada à ceux d'autres pays où vous faites des affaires?
J'ai aussi une question complémentaire qui est semblable à celle que mon collègue a posée concernant les obstacles réglementaires que les entreprises de camionnage doivent surmonter pour transporter des marchandises d'une province à l'autre. Pouvez-vous nommer des lois, des politiques ou des règlements canadiens précis qui entravent le transport?
J'ai déjà travaillé en Asie, en Afrique et un peu en Europe. Pour répondre précisément à votre question, d'après moi, on revient au dilemme de l'oeuf et de la poule, surtout pour ce qui touche les projets d'exploitation minière, les investissements dans le secteur minier ou les activités économiques liées à l'exploitation minière. Quelqu'un doit mettre en place l'infrastructure d'une manière qui stimule l'activité économique et qui encourage les entreprises à investir dans le secteur minier. Ce serait étrange que les entreprises investissent si elles voyaient un goulet d'étranglement qu'elles considéreraient comme posant problème. Voilà une des choses que je voulais dire.
Pour ce qui est de comparer le Canada, j'ai les structures de coûts de l'Australie. Comme j'ai travaillé sur la logistique en Afrique du Sud, j'ai aussi les structures de coûts de ce pays. Nous tirons de l'arrière. Nos coûts sont plus élevés que les leurs. Nous devons nous améliorer et nous moderniser. Cela n'a rien à voir avec le coût de la main-d'oeuvre; c'est le coût de la façon dont nous nous organisons.
Par rapport aux ports et précisément au minerai de fer, lorsque je suis parti il y a environ 7 ans, un port public de Saldanha, en Afrique du Sud, exportait plus de 50 millions de tonnes. Le transport entre le chemin de fer et le port était parfaitement intégré. Aussi, le port était beaucoup plus moderne que les nôtres et il disposait de tout l'équipement nécessaire pour traiter des volumes d'envergure de manière rentable. À mon avis, le gouvernement ou un organisme public doit investir dans l'infrastructure dans le but de l'améliorer et, ainsi, d'attirer de nouveaux investissements du secteur privé.
Pour ce qui concerne les politiques, je pense que la Loi sur les transports au Canada contient des dispositions sur le transport ferroviaire.
Je ne peux pas parler des camions; peut-être que mon collègue peut parler du camionnage.
Il existe des mécanismes de protection pour les expéditeurs captifs, mais il faut encore apporter des améliorations afin de responsabiliser les compagnies de chemins de fer pour ce qui touche les niveaux de service et les coûts. Il y a des progrès à faire.
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Comme je l'ai dit durant mon exposé, au Canada atlantique, un des défis est la faible densité et le fait qu'on dépend de quelques fournisseurs, dont certains dépendent fortement à leur tour d'un ou deux usagers. À mes yeux, il s'agit d'un problème persistant qui limite le choix et la capacité.
Nous avons, au Nouveau-Brunswick surtout, quelques chemins de fer d'intérêt local importants; ils permettent, par exemple, le commerce avec les États-Unis.
Je ne peux attirer votre attention sur aucun problème récent et précis. Dans le passé, chaque fois qu'il fallait faire la liaison entre deux lignes, c'est là que les problèmes d'efficacité survenaient, comme M. Sharma l'a dit. C'est aussi ce que nous entendions typiquement au Canada atlantique. J'ignore si, au cours des trois dernières années, la situation s'est améliorée ou si elle a empiré.
La préservation de certains chemins de fer d'intérêt local a été un grand sujet de préoccupation parce que la fermeture d'une ligne peut avoir des répercussions sur plusieurs commerces, même si une seule installation ferme. Comme je l'ai déjà dit, la dépendance et les répercussions sur la population représentent encore des défis pour certaines lignes.