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Je déclare la 145
e séance du Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités ouverte.
Conformément au paragraphe 108(2), nous effectuons une étude sur l’octroi de fonds d’infrastructure aux communautés autochtones.
Nous avons de nouveaux membres au sein du Comité aujourd’hui. Nous vous souhaitons à tous la bienvenue.
Nous entendrons le témoignage de Mme Claudia Ferland, directrice générale de la mise en œuvre des projets d’infrastructure régionaux, Secteur des opérations régionales; de M. Chad Westmacott, directeur principal, Direction de l’équipe stratégique en gestion de l’eau; et de M. Nelson Barbosa, directeur, Division de la capacité, de l’infrastructure et de l’imputabilité, tous de Services aux Autochtones Canada.
Bienvenue au Comité. Je vous remercie tous d’être venus pour nous fournir des renseignements ce matin.
Madame Ferland, je vous cède la parole.
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Merci, madame la présidente.
Madame la présidente et honorables membres du Comité, je vous remercie de m'avoir invitée à parler de l'état des projets d'infrastructure réalisés dans les collectivités autochtones, y compris ceux financés par le Fonds de la taxe sur l'essence, et du complément ponctuel annoncé dans le budget de 2019.
Avant de commencer, je tiens à souligner que nous nous réunissons aujourd'hui sur un territoire traditionnel algonquin.
Je profite de l'occasion pour vous présenter mes collègues de Services aux Autochtones Canada: Nelson Barbosa, qui s'occupe de l'infrastructure stratégique en matière de santé, et Chad Westmacott, qui s'occupe de l'infrastructure en ce qui concerne l'eau et le logement.
Dès 2014, le gouvernement du Canada s'est engagé à faire des investissements sans précédent pour soutenir l'infrastructure dans les collectivités autochtones. Des fonds engagés et proposés par Services aux Autochtones Canada, qui s'élèvent à environ 8 milliards de dollars, servent à financer la réalisation de projets d'infrastructure dans les collectivités autochtones d'ici 2026-2027.
Les investissements dans l'infrastructure sont aussi des investissements dans les gens et dans les collectivités, parce qu'ils aident à donner aux gens des logements de qualité, de l'eau potable fiable, des écoles adéquates, des centres de santé, de même que des espaces et des établissements qui rassemblent les membres de la collectivité.
Depuis 2016, Services aux Autochtones Canada et Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada ont investi environ 3,43 milliards de dollars dans 3 979 projets d'infrastructure réalisés dans les réserves. De ce nombre, 2 425 sont terminés. Entre autres, 1 267 maisons ont été construites et 2 720 ont été rénovées, dans le but d'améliorer l'accès des Premières Nations à des logements sûrs. Ces constructions et ces rénovations s'ajoutent aux nombreuses maisons construites et rénovées grâce aux investissements de la Société canadienne d'hypothèques et de logement.
Par ailleurs, 15 écoles ont été construites et 33 ont été rénovées. Les enfants ont ainsi un meilleur accès à l'enseignement dans leur milieu. Des travaux de rénovation ou de modernisation sont également en cours dans beaucoup d'autres écoles.
Un plus grand nombre de collectivités ont maintenant accès à de l'eau potable. De novembre 2015 jusqu'au 9 mai 2019, 85 avis concernant la qualité de l'eau potable à long terme ont été levés. Nous sommes également en bonne voie de respecter notre engagement à mettre fin, d'ici mars 2021, à tous les avis restants concernant la qualité de l'eau potable à long terme qui touchent les systèmes d'eau publics dans les réserves.
Sur les 207 projets d'infrastructure liés à la santé, 178 sont terminés. Ces projets sont indispensables pour fournir aux collectivités des Premières Nations des services et des programmes de santé efficaces, durables et adaptés à leur culture.
Sur les 1 380 autres projets axés sur l'infrastructure essentielle, 942 sont terminés. Ces projets portent notamment sur les installations culturelles et récréatives dans les réserves; l'infrastructure liée à l'énergie, à la durabilité et à la connectivité; les routes et les ponts; les mesures d'atténuation structurelles pour réduire les effets des catastrophes naturelles et améliorer la protection contre les incendies; et la gestion des déchets solides.
[Traduction]
Presque toutes les collectivités des Premières Nations dans l’ensemble du Canada ont reçu des fonds ciblés de Services aux Autochtones Canada ou de Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada pour la réalisation d’au moins un projet d’infrastructure depuis avril 2016, ce qui comprend des projets axés sur le renforcement des capacités.
Quant au Fonds de la taxe sur l’essence, depuis 2005, il sert à fournir aux collectivités, y compris des Premières Nations dans l’ensemble du Canada, une source permanente, prévisible et indexée de financement à long terme pour les infrastructures. Dans le cadre du Fonds de la taxe sur l’essence géré par Infrastructure Canada, les provinces, les territoires et les administrations municipales reçoivent plus de 2,2 milliards de dollars et répartissent ces fonds entre les municipalités pour soutenir des priorités locales en matière d’infrastructure. Le budget de 2019 comprenait un engagement du gouvernement du Canada à l’égard d’un complément ponctuel de 2,2 milliards de dollars au Fonds de la taxe sur l’essence fédéral.
Depuis 2007, la portion du Fonds de la taxe sur l’essence destinée aux Premières Nations est gérée par Services aux Autochtones Canada par la voie du Fonds d’infrastructure des Premières Nations, ce qui offre ainsi un mécanisme unique de prestation et favorise des retombées financières considérables pour répondre aux besoins d’infrastructure des Premières Nations. L’autorité statutaire qui confère à Services aux Autochtones Canada un accès direct au Fonds de la taxe sur l’essence a été définie comme un moyen simple, transparent et responsable pour effectuer la distribution et le suivi des fonds. La portion du Fonds de la taxe sur l’essence consacrée à l'infrastructure des Premières Nations est fondée sur les données relatives à la population qui réside dans les réserves. Les fonds sont alloués aux collectivités des Premières Nations dans les réserves pour des projets axés sur l'accès à Internet, des routes et des ponts, des initiatives d'énergie verte ou toute autre infrastructure essentielle.
Les projets retenus pour un financement sont sélectionnés au moyen des plans d'investissement dans l'infrastructure des Premières Nations que soumettent annuellement les Premières Nations. Un examen de ces plans est effectué pour déterminer l'admissibilité des projets et ces projets sont ensuite répartis par ordre de priorité selon un cadre national de classement des priorités.
Entre les exercices 2014-2015 et 2018-2019, le Fonds de la taxe sur l'essence a permis à Services aux Autochtones Canada d'affecter 138,8 millions de dollars à 255 projets d'amélioration d'infrastructure dans les réserves des Premières Nations.
Grâce à un complément ponctuel prévu dans le budget de 2019, une somme additionnelle de 29,4 millions de dollars, au cours de l'exercice 2018-2019, a été affectée au financement de sept projets d'infrastructure en Colombie-Britannique, au Manitoba, au Québec et dans les régions de l'Atlantique. Dans le cadre de ces accords avec les provinces et les territoires, Infrastructure Canada fournit également un financement annuel au moyen de la taxe sur l'essence à d'autres collectivités autochtones, comme celles désignées conformément à leurs accords provinciaux et territoriaux respectifs. Ces collectivités profiteront également du complément annoncé dans le budget de 2019.
En ce qui concerne la transparence et les résultats, un processus robuste de présentation de rapports a été mis en œuvre et permet à Services aux Autochtones Canada et Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada de faire régulièrement le point sur leur portefeuille global de projets d'infrastructure réalisés dans les collectivités des Premières Nations. Ce processus comprend une carte interactive des investissements dans l'infrastructure, lancée en juin 2018 et accessible sur le site Web de Services aux Autochtones Canada, et cette carte est actualisée tous les trois mois.
Il faut souligner que, en reconnaissance de la relation de nation à nation, les collectivités des Premières Nations sont ultimement responsables de la mise en œuvre des projets d'infrastructure dans leurs collectivités.
Les investissements aident à répondre aux besoins d'infrastructure des collectivités des Premières Nations et jettent les bases d'une stratégie d'investissement à long terme dans l'infrastructure communautaire des Premières Nations, l'objectif étant de bâtir des collectivités saines, sûres et prospères.
Je vous remercie de m'avoir invitée à m'adresser à vous aujourd'hui.
[Français]
Nous serons heureux de répondre à vos questions.
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Merci de vos questions.
En ce qui concerne le cadre d'établissement des priorités, nous nous efforçons vraiment de maintenir les projets sur la liste. Nous voulons travailler avec les Premières Nations. Ce sont leurs priorités et leur classement aussi. Ces fonds sont regroupés de façon à ce que nous puissions fournir une partie du financement.
En ce qui concerne la circonscription que vous représentez, très prochainement, il va y avoir un important projet avec la Première Nation Kingsclear. Dans le cadre de ce projet en particulier, nous avons discuté avec la Première Nation, par l'intermédiaire de l'administration régionale. Nous voulons faire des projets qui sont pertinents.
Pour en revenir à votre deuxième point sur le renforcement des capacités, en fait, sur les quelque 4 000 projets qui ont été menés à bien au cours des dernières années, près de 1 000 portent sur le développement des capacités ou la formation. À l'heure actuelle, ce que nous voulons, c'est non seulement construire l'infrastructure, mais aussi la construire avec les Premières Nations, renforcer la capacité des Premières Nations pour qu'elles puissent entretenir leur infrastructure et peut-être même en tirer des emplois.
Je ne sais pas si cela répond à votre question.
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Merci de votre question.
En ce qui concerne les services à large bande, nous les intégrons à notre autre infrastructure communautaire essentielle, sachant que les services à large bande font partie de l'infrastructure aujourd'hui et pour l'avenir. Au 31 mars 2019, des fonds ciblés de près de 760 millions de dollars avaient été investis pour appuyer près de 1 300 projets d'infrastructure liés à d'autres collectivités.
Nous travaillons avec le CRTC pour nous assurer de nous diriger vers une vitesse de téléchargement de 50 mégaoctets et de téléversement de 10 mégaoctets pour améliorer les services Internet à large bande. Nous travaillons en collaboration avec Innovation, Sciences et Développement économique Canada et le CRTC pour aller de l'avant et progresser. Nous travaillons en lien avec la Stratégie nationale de connectivité, qui a été présentée dans le budget de 2019, pour faire en sorte que les collectivités d'un bout à l'autre du pays aient accès au service à large bande dans les régions rurales, ce qui, si j'ai bien compris, a fait l'objet d'une annonce de 1,7 milliard de dollars sur 30 ans pour assurer un accès partout au pays.
Nous avons fait un certain travail avec des collectivités des Premières Nations pour qu'elles soient branchées, notamment au Manitoba.
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Merci, madame la présidente.
Je vais me concentrer un peu sur ce à quoi M. Doherty faisait allusion et sur l'orientation des propos de Mme Karen Ludwig, c'est-à-dire la durabilité.
Pour ce qui est de la responsabilité économique, sociale et environnementale et des investissements dans ces domaines, je crois qu'on a déjà fait allusion à la santé et à la sécurité, et pour ce qui est d'être stratégique, il faut aussi travailler avec les gens et non pas seulement distribuer l'argent.
Est-ce qu’en fait vous travaillez avec nos collectivités autochtones pour établir un plan stratégique qui viserait à comprendre en quoi consistent, tout d'abord, leurs immobilisations, le cycle de vie de ces immobilisations, et ensuite le remplacement de ces immobilisations? Cela dit, on peut établir des plans pour adéquatement gérer les biens, notamment pour leur financement, et cela aurait une incidence financière sur leurs activités et sur leurs investissements de capitaux. Ce serait bon pour financer la dette contractée au fil du temps puis, bien sûr, les investissements liés au plan stratégique.
Travaillez-vous réellement avec eux pour établir ce genre de plan, afin que leurs investissements deviennent plus durables et, avec cela, pour que le rendement de ces investissements puisse servir à financer le plan stratégique qu'ils établissent, et non pas nous?
Ma dernière question porte sur le financement lui-même. Ce financement est-il réellement viable grâce aux enveloppes de financement futur qui permettront au fonds de s'accumuler au fil du temps et d'atteindre les objectifs ultimes qui sont définis dans le plan stratégique?
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Merci beaucoup de la question.
J'ai seulement quelques points à soulever.
D'abord, nous travaillons en étroite collaboration avec les collectivités des Premières Nations concernant leurs plans. Comme on l'a déjà mentionné, le plan d'investissement en infrastructure pour les Premières Nations est élaboré annuellement et établit les besoins sur cinq ans pour toutes les collectivités des Premières Nations. Nos bureaux régionaux travaillent de près avec toutes ces collectivités pour comprendre ce qui existe, les besoins futurs et ainsi déterminer le financement à attribuer en fonction du cadre national de classement des priorités et des priorités des collectivités des Premières Nations.
De plus, nous nous penchons sur le long terme pour passer à des cadres de gestion des biens.
Nous sommes conscients que, pour les collectivités autochtones et non autochtones au pays, la gestion des biens est un processus continu.
Il existe un programme de 15 millions de dollars sur cinq ans, que nous appuyons et auquel nous avons recours pour améliorer la capacité des Premières Nations en matière de gestion des biens et de planification dans ce domaine. Ce financement s'échelonne jusqu'en 2022-2023, donc il suppose un autre processus. Un appel de propositions est en cours. Le choix sera fait cet été. Le programme en est à sa deuxième année. Il peut couvrir différents éléments, notamment la sensibilisation, la planification et la mise en œuvre même d'un plan de gestion des biens. Voilà qui nous familiarise avec le travail à effectuer avec les collectivités des Premières Nations. Nous pouvons ainsi leur offrir les outils et l'expertise dont elles ont besoin pour planifier la gestion des biens à long terme.
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Je vais revenir à notre conversation précédente. Mes collègues, M. Sikand et M. Badawey, l'ont très bien résumé.
Je vais vous donner un exemple. Peut-être connaissez-vous la Première Nation Semiahmoo. Elle comprend 98 personnes. Cette Première Nation n'a pas de projet d'extraction des ressources naturelles. Elle n'a pas de source de développement à cause de son emplacement. Par rapport à ce qu'a dit notre collègue, M. Sikand, est-ce juste que le financement soit fondé sur une population de 98 habitants, ou devrait-il être fondé sur les possibilités économiques que l'infrastructure pourrait créer pour la collectivité?
À ce sujet, comme M. Badawey l'a mentionné — c'est là où je voulais en venir et il l'a dit de façon beaucoup plus éloquente que moi; malheureusement, cela lui fera un bon clip vidéo — en fin de compte, lorsque vous offrez des fonds pour un bien ou une infrastructure, à un moment donné, il y aura un coût de gestion de l'installation ou de l'infrastructure pour la Première Nation, qu'elle ait ou non la capacité de gérer le projet en cours de route.
L'infrastructure pourrait soudainement ne plus être perçue comme un bien, mais comme quelque chose qui se délabre. Pour revenir à l'équité, la population par rapport aux possibilités économiques... Je ne sais pas quel est le programme exact du ministère qui pourrait offrir les ressources pour que, lorsqu'un investissement est fait dans une Première Nation, il y ait un appui suffisant pour favoriser le développement de la capacité de gérer ce bien dans l'avenir.
Pour ce qui est des Premières Nations au sud du 60e parallèle, qui est la seule portion pour laquelle je peux vous parler, il y a en fait 58 collectivités qui dépendent du diesel pour la majorité de leur électricité. De ces 58 collectivités, 40 reçoivent du financement direct de la part de Services aux Autochtones Canada pour financer la construction et l'exploitation de leur centrale au diesel, et 13 ont des accords avec les commissions des services publics provinciales.
De ces 40 collectivités, deux ont récemment commencé des projets pour éliminer leur dépendance au diesel — Wuikinuxv et Pikangikum. En plus de Pikangikum, le projet Wataynikaneyap permettra à 15 autres collectivités des Premières Nations dépendantes du diesel de se raccorder au réseau. Ces projets devraient être terminés au cours des prochaines années.
Concernant les 16 collectivités restantes de la région, nous travaillons à une solution tenant compte de l'endroit où elles se trouvent, de leurs besoins géographiques et de leurs besoins en énergie.
Concernant la tarification du carbone, nous travaillons collectivement avec les Premières Nations et au sein d'un conseil conjoint avec les Premières Nations sur des options de transition vers des options faibles en carbone, de même qu'avec d'autres experts de différents ministères, comme Ressources naturelles, Environnement Canada, et le Carrefour de la croissance propre afin de voir quelles sont les options pour les Premières Nations qui se trouvent dans des réserves et qui dépendent du diesel.