:
Je déclare la séance ouverte.
Avant de commencer, je suis certaine que vous vous joindrez à moi afin de tourner nos pensées et nos prières vers les membres des Forces armées canadiennes et leurs familles à la suite du tragique accident d'hélicoptère survenu la nuit dernière au large des côtes de la Grèce. Nous sommes avec les familles de nos militaires.
Bienvenue à la 11e séance du Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie de la Chambre des communes. Conformément à l'ordre de renvoi du samedi 11 avril, le Comité se réunit pour entendre des témoignages au sujet de questions relatives à la réaction du gouvernement à la pandémie de la COVID-19. La séance d'aujourd'hui se tient par vidéoconférence et nos délibérations seront diffusées sur le site Web de la Chambre des communes.
Je voudrais rappeler aux membres du Comité et aux témoins d'attendre que je les nomme avant de prendre la parole. Quand vous êtes prêt à parler, activez votre microphone, puis désactivez-le quand vous avez terminé. Quand vous parlez, articulez clairement et intelligiblement pour que les interprètes puissent faire leur travail. Conformément à la pratique habituelle, je brandirai le carton jaune quand il reste 30 secondes à votre intervention, et le carton rouge quand le temps qui vous est accordé pour poser des questions est écoulé.
Je voudrais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins. Nous recevons aujourd'hui l'honorable Navdeep Bains, ministre de l'Innovation, des Sciences et de l'Industrie; ainsi que M. Paul Thompson, sous-ministre délégué, du ministère de l'Industrie.
Monsieur le ministre, vous disposez de 10 minutes pour faire votre exposé, après quoi nous vous poserons des questions. La parole est à vous.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
[Français]
Je remercie tous les membres du Comité de m'avoir invité aujourd'hui.
[Traduction]
Depuis quatre ans et demi, je travaille de près avec les membres de votre comité. Je vous suis reconnaissant du travail exceptionnel que vous réalisez dans un éventail de dossiers importants qui ont des répercussions sur les particuliers et les entreprises du Canada.
Avant de commencer, j’aimerais souligner les efforts que déploient tous les Canadiens afin de suivre les recommandations des autorités de santé publique pour que tout le monde soit en sécurité.
[Français]
Il s'agit d'un effort collectif de toutes les administrations d'un bout à l'autre du pays. Je n'ai jamais été aussi fier de faire partie de l'équipe Canada. Mes pensées accompagnent les personnes qui souffrent ou qui ont perdu des êtres chers à cause de cette pandémie. Je veux aussi souligner le travail exceptionnel de nos travailleurs de première ligne: les professionnels de la santé, les premiers répondants et les très nombreux Canadiens qui veillent à la sécurité de nos foyers ou à notre approvisionnement en nourriture.
[Traduction]
Je veux aussi souligner l’apport des entreprises de toute taille, ainsi que celui du milieu exceptionnel de la recherche, et je les remercie de leur travail constant.
Permettez-moi de commencer par la question du redémarrage de l’économie.
Nous savons que l’arrêt des activités aura des répercussions réelles, mais nous ne pouvons perdre de vue les gains importants que nous avons obtenus en assurant la sécurité de la population. Nous devons redémarrer l’économie seulement au moment opportun, quand nous serons certains de pouvoir maintenir la santé et la confiance des Canadiens. Nos actions doivent être coordonnées et fondées sur les connaissances scientifiques, les données et les conseils d’experts. C’est ainsi que notre pays parviendra à traverser la crise.
J'aborderai également la réponse industrielle du Canada à la pandémie de la COVID-19.
Au cours du dernier mois, l’administration fédérale a mis tout en œuvre pour réorienter les politiques industrielles ainsi que les chaînes d’approvisionnement. Nous avons déployé des programmes relatifs à l'industrie et à l'innovation, comme le Programme d’aide à la recherche industrielle, le Fonds stratégique pour l’innovation, l’Initiative des supergrappes d’innovation, Solutions innovatrices Canada et bien d’autres, afin d’accroître la production industrielle de masques, de respirateurs et d’autres biens pour lesquels il y a un besoin urgent.
L’industrie a répondu à notre appel. Près de 6 000 entreprises ont offert leur expertise et leur capacité de production par l’intermédiaire de notre portail en ligne. Ces entreprises se tournent vers la fabrication d’écrans faciaux, de blouses et d’autres produits nécessaires pour assurer la sécurité des travailleurs de première ligne du secteur des soins de santé.
Notre approche est simple: nous achetons, achetons achetons, et bâtissons, bâtissons et bâtissons afin de combler les besoins au cours d'une pandémie d'une ampleur que le Canada n'a pas connue depuis que l'industrie canadienne s'est mobilisée afin de soutenir la plus grande génération à l'étranger, et nous commençons à observer les résultats de ces partenariats.
Nous avons conclu des contrats pour la production de plus de 30 millions de blouses médicales. Des entreprises bien connues comme Bauer, Stanfield’s, Canada Goose et General Motors, se sont lancées dans la production d’équipement de protection individuelle. Nous négocions avec 14 compagnies en vue de produire des millions d’écrans de protection pour le visage.
Des entreprises comme Starfish Medical se sont unies avec des partenaires clés pour produire des respirateurs en utilisant de la propriété intellectuelle développée à l’origine au Canada. Des distilleries canadiennes fourniront plus d'un million de litres d’éthanol par l’intermédiaire du Réseau pour la production de désinfectant pour les mains. En outre, nous avons commandé 55 millions de masques et nous établissons une capacité de production au pays afin de garantir notre accès à ce type d’équipement de protection individuelle essentiel.
Ce changement de cap nous a permis non seulement de répondre aux besoins en équipement de protection, mais aussi de préserver les emplois d’un grand nombre de Canadiens.
[Français]
Nous avons communiqué avec toutes les entreprises qui se sont manifestées. Nous travaillons avec les autres ordres de gouvernement afin de mettre à contribution le savoir-faire industriel canadien.
[Traduction]
Ces partenariats font ressortir l’esprit de collaboration et d’innovation de l’industrie canadienne. Nous continuons de mettre au défi l’industrie pour qu’elle trouve de nouvelles solutions toujours plus novatrices.
Au cours de ce processus, des entreprises de toutes les tailles, de tous les genres et de toutes les régions du pays se sont manifestées avec enthousiasme et dévouement, faisant tout ce qui est possible pour nous aider à combattre ce virus et à protéger la population.
En plus de travailler avec l’industrie, le gouvernement soutient les scientifiques, les spécialistes médicaux et les chercheurs de calibre mondial du Canada dans la lutte contre la COVID-19.
[Français]
Nous investissons massivement dans le développement d'un vaccin sûr et efficace et nous voulons que les Canadiens puissent se faire vacciner et avoir accès à des traitements le plus tôt possible.
[Traduction]
Au bout du compte, nous voulons offrir un vaccin et d'autres traitements pour que les Canadiens retournent à leur vie normale. Nous voulons faire redémarrer l’économie et nous préparer à une reprise graduelle à mesure que la pandémie se résorbera. La collaboration est extraordinaire tant de la part des entreprises privées que de celle des chercheurs de calibre international dans nos universités.
Tout ce que nous voulons, c'est accomplir le travail. Après tout, c'est la façon de faire au Canada.
Voilà qui conclut mon propos. Je vous remercie de nouveau de m'avoir offert l'occasion de m'adresser à votre comité aujourd'hui. C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
[Français]
Je vous remercie beaucoup.
:
Bien sûr. Merci beaucoup de cette question.
Pour ce qui est des écrans faciaux, nous en avons acheté près de 35 millions, et les livraisons ont déjà commencé.
Au chapitre des blouses, nous en avons acheté 30 millions, principalement auprès de nombreuses entreprises canadiennes comme Stanfield's et Canada Goose, qui ont mis l'épaule à la roue avec brio. Nous nous approvisionnons également auprès d'autres fabricants de vêtements. Les livraisons sont en cours.
Quant au désinfectant pour les mains, nous en avons acheté 79 millions d'unités, dont une part considérable est produite au pays également.
Nous avons commandé des millions de masques N95, dont plus de cinq millions ont été livrés jusqu'à maintenant.
En ce qui concerne les masques chirurgicaux, ici encore, nous en avons acheté ou commandé plus de 300 millions, et en avons reçu 18 millions à ce jour.
Les respirateurs constituent manifestement une source de préoccupation et reçoivent beaucoup d'attention. Nous en avons produit ou comptons en produire plus de 30 000 au Canada, grâce à des solutions élaborées au pays. Les livraisons ont commencé à cet égard également.
Voilà les chiffres que je peux vous fournir aujourd'hui.
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Merci, madame la présidente.
Je remercie le ministre Bains d'être avec nous aujourd'hui.
D'abord, j'aimerais présenter mon collègue , qui est notre nouveau porte-parole en matière d'innovation et de sciences. Monsieur Bains, vous savez peut-être que je suis le nouveau porte-parole du Bloc québécois en matière d'industrie. , notre porte-parole en matière de commerce international, et , notre porte-parole en matière de communications, sont aussi avec nous. Ce dernier complétera ma première intervention.
Je veux d'abord parler de l'occupation du territoire et de l'aspect essentiel de l'accès au réseau cellulaire et à Internet. Dans le contexte de la crise actuelle, on constate que de nombreux travailleurs font du télétravail, notamment les professeurs et les parents qui doivent poursuivre l'éducation de leurs enfants à la maison. En Abitibi-Témiscamingue, certaines familles sont obligées d'avoir trois connexions Internet, si l'on compte leur connexion cellulaire et leur réseau de base. Ils ont besoin d'un téléphone fixe et d'un téléphone cellulaire. Cette situation engendre des coûts supplémentaires importants. Dans le contexte de cette crise, on constate un dépassement des limites de données, une importante surcharge du réseau et une explosion des coûts.
Dans le cadre de votre mandat, monsieur le ministre, vous avez la tâche d'assurer à la population un accès Internet, mobile et médiatique à la fois abordable et de qualité. Dans le contexte actuel, pouvez-vous vous engager à remplir cette tâche?
Est-il normal qu'un député d'une région comme la mienne soit obligé de s'acheter un téléphone satellite pour être en contact avec les citoyens de l'ensemble de sa circonscription?
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Ce qui me préoccupe, c'est le mauvais traitement réservé de manière générale depuis des dizaines d'années au secteur manufacturier au Canada, ce qui s'est traduit au pays par une réduction considérable du nombre d'emplois et de la contribution du secteur au PIB. On claironne maintenant le secteur puisqu'on en a besoin. Ma préoccupation cadre avec une partie des investissements effectués.
Je pense à Connaught Labs, par exemple, qui était le laboratoire canadien chargé de trouver un remède à la polio et qui existe depuis 1913. C'était l'entité [Difficultés techniques].
Je pense à Nemak. Comme vous le savez, monsieur le ministre, nous avons investi dans Nemak, une usine de fabrication ici, à Windsor, mais la recherche et développement se fait maintenant au Mexique, et les fonds publics annoncés par votre gouvernement servent maintenant à produire pour le Mexique. Le travail y est actuellement transféré.
Au moment de donner suite à ces contrats et à ces projets d'approvisionnement, que faisons-nous pour protéger ces investissements, y compris en ce qui a trait à la propriété intellectuelle et à la machinerie, pour qu'ils demeurent au Canada? Les ententes comportent-elles des dispositions à cet effet?
À titre d'exemple, parmi les problèmes que nous a déjà posés le crédit d'impôt pour la recherche scientifique et le développement expérimental figure la création de microéconomies dans lesquelles nos chercheurs et nos consultants présentaient des demandes de subvention au nom d'entreprises, et ils touchaient une commission.
Certains contrats que nous concluons actuellement pour renforcer la chaîne d'approvisionnement donnent de très bons résultats, ce que vous avez très bien souligné. Il y a toutefois des centaines, voire des milliers d'autres contrats qui sont attribués.
Quelle proportion de ces contrats sert à couvrir les frais ou l'administration par une tierce partie? Les contrats sont-ils conclus directement entre des fonctionnaires d'Industrie Canada et les employeurs, ou y a-t-il également une partie du soutien gouvernemental qui est accordé à des consultants, à des conseillers ou à des administrateurs de groupes tiers?
Le 29 avril, dans une conférence de presse, le a confirmé que le gouvernement fédéral envisagerait l'utilisation ou la promotion d'applications de traçage des contacts. Des entreprises comme Palantir et Clearview AI ont affirmé faire bénévolement ce travail. À vrai dire, elles se sont donné beaucoup de mal pour le souligner.
Le problème, c'est que la principale loi fédérale de protection des renseignements personnels, la LPRPDE, ne s'applique qu'aux activités commerciales. En raison de cette lacune, si une entreprise crée une application gratuite de traçage des contacts, quel que soit l'ordre de gouvernement, quel mécanisme serait utilisé pour s'assurer que les données sur notre santé qu'elle recueille ne seraient pas monnayées ou vendues après la pandémie?
:
Merci. Cela n'a pas répondu à ma question, mais je vais passer à mon prochain point.
Vous dites que la LPRPDE est en vigueur. J'attire votre attention sur un article du Star publié le 29 avril 2019, dont le titre dit que Facebook rit des lois inefficaces du Canada sur la protection des renseignements personnels. L'article affirme que la loi canadienne ne donne pas au commissaire à la vie privée le pouvoir de dire quoi que ce soit à Facebook. Il dit aussi que si — et on insiste sur le mot — Facebook est trouvé coupable d'avoir enfreint la loi canadienne en la matière, l'amende maximale possible au pays est de 100 000 $.
Si une application gratuite de traçage des contacts est utilisée, même de façon volontaire, pensez-vous qu'il est juste de dire qu'en réalité, il n'y a rien pour éviter que ces données soient vendues, disons, à une compagnie d'assurances, pour établir la prime, par exemple, puisque les données sur la santé des Canadiens valent beaucoup plus que 100 000 $?
En mars, j'ai passé en revue le processus de demandes en ligne avec les fabricants. Ils ont communiqué avec votre bureau et le bureau de la , et on leur a dit de rester sur la touche. Cela me dérange, car on a fait une annonce récemment — cette semaine, si je ne m'abuse — à propos d'une entreprise du nom de Medicom. Elle est établie à Montréal et a reçu un contrat pour produire des masques, mais d'après le rapport, elle ne pourra pas en produire avant juillet. Il y a plusieurs entreprises dans les Prairies qui aimeraient faire leur part et pourraient le faire, et elles pourraient produire de l'EPI bien avant juillet. Je me demande simplement pourquoi nous attendons jusqu'en juillet.
À titre de référence, en France et aux États-Unis, cette même entreprise a augmenté sa production de masques le 7 février, alors pourquoi pas au Canada?
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Merci, madame la présidente, et merci, monsieur le ministre.
Dans votre déclaration liminaire, d'après ce que j'ai compris à tout le moins, vous avez déclaré que la reprise de l'économie dépend de deux facteurs. L'un était que le moment choisi doit être approprié et l'autre était la nécessité d'avoir une étroite collaboration entre les provinces, les territoires et les municipalités, de même que des données et des preuves, et je crois que vous avez évoqué les autorités sanitaires pour obtenir ces renseignements.
Mon collègue a parlé du dépistage par rapport à la capacité et l'offre. À mesure que nous lançons ces initiatives pour les petites entreprises et l'économie, elles commencent à prendre racine. Nous devons maintenant nous concentrer sur la reprise de l'économie, et il était très intéressant que vous ayez commencé votre déclaration en abordant cet aspect. Y a-t-il une feuille de route? Y a-t-il des rôles et des responsabilités claires pour ces divers ordres de gouvernement que vous avez mentionnés? Y a-t-il des échéances qui doivent être fixées? Avons-nous des lignes directrices pour assurer une surveillance?
Commençons avec les rôles et les responsabilités que, selon vous, les différents ordres de gouvernement doivent assumer pour élaborer cette feuille de route.
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Il faudra un effort de collaboration. Nous devons travailler avec les provinces. Nous devons collaborer avec les provinces pour établir les étapes à suivre. Nous devons également travailler avec l'industrie.
Permettez-moi de vous fournir quelques exemples qui font ressortir cette nécessité, car la situation est très différente d'une région à l'autre et d'une province à l'autre au pays.
Prenons l'exemple du secteur des pêches, dans l'Est et dans l'Ouest principalement. Lorsque vous êtes sur un bateau, la distanciation physique est un peu problématique, alors des protocoles doivent être mis en place. Nous voulons nous assurer de bien réfléchir à la façon de procéder pour protéger les gens qui oeuvrent dans le secteur des pêches.
Nous pouvons également nous concentrer, par exemple, sur le secteur de l'automobile. Une bonne partie des opérations sont automatisées, l'espace entre les travailleurs est déjà assez important, et les normes de sécurité au travail précisent très clairement que les travailleurs doivent garder une certaine distance entre eux. Par conséquent, c'est...
Je salue l'ensemble de mes collègues. J'aimerais faire une brève parenthèse pour demander à l'ensemble de mes collègues d'utiliser le casque. Cela fait une véritable différence sur le plan de la qualité du son. Il y a eu un grand débat sur la viabilité des technologies dans le cadre parlementaire et ce serait une bonne occasion de montrer l'exemple. Je vous en remercie d'avance.
Monsieur le ministre, je vous remercie encore une fois de votre présence. Vous avez évoqué au passage l'idée de faire des investissements dans l'industrie automobile. Or on voit que l'industrie pétrolière vit présentement des difficultés sur fond de crise et de guerre économique. Il s'agit d'une situation où tout le monde perd. En effet, quand le prix du pétrole est faible, les consommateurs sont très tentés d'en acheter massivement. Donc, on n'est pas incité à faire de la conversion énergétique par rapport à l'industrie. Quand le prix est élevé, cela amène beaucoup d'investissements, parce qu'on y voit une occasion d'affaires.
Est-ce que l'idée d'une transition écologique, comme elle a souvent été évoquée dans l'industrie, a été abandonnée à cause de la crise?
De quelle nature seront les investissements dans l'industrie automobile que vous avez évoqués tout à l'heure?
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Merci beaucoup, madame la présidente, et merci à vous, monsieur le ministre, de votre présence aujourd'hui.
Monsieur le ministre, bien franchement, les Canadiens en sont maintenant à un point où leur confiance est mise à rude épreuve. Le gouvernement nous tient de beaux discours sur les choses qui se passent en ce moment, mais ce que nous constatons dans les régions rurales du pays, c'est que les dépanneurs sont ouverts et que les petites entreprises sont fermées. Les stationnements des magasins à grande surface sont pleins, mais tous les autres commerces ont dû fermer à cause de la COVID-19. Les produits qui seraient normalement vendus dans ces collectivités sont maintenant achetés dans les grandes surfaces parce qu'on y vend de la nourriture. C'est ainsi qu'on va détruire l'épine dorsale des régions rurales du Canada, et c'est donc un élément crucial qu'il faut garder à l'esprit.
Je vais revenir à une chose que le député du Bloc, je crois, a soulevée concernant le pétrole et le gaz. Bien franchement, votre lettre de mandat établit clairement que le pétrole et le gaz ne font pas partie de votre mandat. Il est frustrant de constater que cela ne fait pas partie du mandat d'un ministre de l'Industrie. Bien sûr, certaines des actions du présent gouvernement ont démontré sa grande insouciance à ce sujet.
Pendant ce temps, les entreprises canadiennes sont à l'avant-garde en matière d'innovation et de percées qui pourraient nous aider dans la lutte actuelle contre la COVID-19. Je ne comprends absolument pas pourquoi le gouvernement libéral a décidé de tourner le dos aux jeunes entreprises de haute technologie canadiennes en leur refusant l'admissibilité à la Subvention salariale d'urgence du Canada.
Pouvez-vous nous parler des raisons pour lesquelles certaines de ces jeunes entreprises de haute technologie trouvent si difficile de se prévaloir de ce programme?
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Je peux commencer par le dernier point que vous avez soulevé concernant les entreprises de haute technologie. Nous avons mis en place un programme qui prévoit 250 millions de dollars dans le cadre du Programme d'aide à la recherche industrielle afin d'aider les entreprises de haute technologie, les jeunes entreprises, les sociétés qui n'ont pas encore de revenus, les sociétés en expansion, les SAS et ainsi de suite. Quand nous avons des programmes généraux, nous reconnaissons que certaines entreprises n'obtiennent pas nécessairement le soutien dont elles ont besoin. Nous avons donc fait un changement rapide afin de soutenir l'écosystème de nos entreprises en démarrage au moyen de cette initiative. Si c'est nécessaire, nous allons rehausser cela.
En ce qui concerne les difficultés auxquelles les entreprises font face, nous avons adopté des mesures axées sur les liquidités qui sont sans précédent, par l'intermédiaire de la Banque de développement du Canada et d'Exportation et développement Canada, et nous avons également travaillé avec nos institutions financières. À ce jour, des centaines de milliers de prêts ont été octroyés à de petites entreprises.
Ce que je veux souligner, c'est que pour de nombreuses collectivités, les petites entreprises sont trop grosses pour échouer. Avant la COVID-19, nous avions plus d'un million de petites entreprises qui employaient plus de 8 millions de Canadiens. C'est la raison pour laquelle nous travaillons sans relâche au soutien de nos petites entreprises grâce à diverses mesures que nous avons adoptées au cours des quelques dernières semaines.
Très rapidement, parce que vous avez soulevé cette question, en matière de pétrole et de gaz, je travaille très étroitement avec Seamus O'Regan non seulement pour veiller à explorer des investissements qui permettront à ce secteur de prospérer, étant donné qu'il fait face à divers défis, mais aussi pour mettre l'accent sur les petites et moyennes entreprises et sur la façon dont nous pouvons les aider à faire passer ce secteur énergétique à une économie à faibles émissions de carbone.
:
Je crois que ce que vous venez de dire est l'un des enjeux que les gens comprennent: il s'agit là de l'attitude de ce gouvernement. Nous pouvons fermer cela ici au Canada si vous le voulez, si c'est ce que le gouvernement veut faire, mais cela va tout simplement venir d'autres endroits dans le monde où, bien franchement, on ne se soucie pas de l'environnement.
Je sais que nous avons très souvent discuté de cela, et je comprends très bien le point de vue du gouvernement à cet égard.
Pour en revenir à la question des petites entreprises qui sont trop grosses pour échouer, augmenter leur dette ne va pas les aider. Elles s'endettent alors que d'autres entreprises sont capables de rester ouvertes, parce qu'elles vendent entre autres de la nourriture. Tous les achats que les gens doivent faire se font auprès de ces grandes entreprises plutôt que des petites entreprises. Cela va laisser des trous dans les petites collectivités. Il se dit constamment de bien belles choses à propos de notre façon de véritablement aider, mais si tout ce que vous faites est d'enfoncer encore plus ces petites entreprises dans les dettes, elles n'arriveront pas à reprendre le dessus. Nous devons reconnaître cela.
Quand tout le monde demande s'il est possible d'emprunter de l'argent auprès de la BDC ou d'EDC — et bien sûr, les petits commerces ne vont pas pouvoir le faire —, c'est bien vide de sens pour les petits commerces familiaux dont les propriétaires ne se sont jamais payé un salaire. Bien franchement, pour un grand nombre de ces commerces, l'argent qui est destiné aux salaires dépasse ce qu'ils tirent de leur entreprise. Je crois que c'est une chose à laquelle vous devez penser.
Merci beaucoup.
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Très brièvement, madame la présidente, je n'ai pas eu la chance de répondre aux questions du tour précédent portant sur les collectivités rurales et éloignées. Nous avons investi des sommes importantes dans les agences de développement régional, et il y a partout au Canada de telles agences qui aident les petites entreprises dans le contexte de la crise sanitaire que nous connaissons actuellement.
Encore une fois, je tiens à souligner que le secteur pétrolier et gazier va faire partie de la transition. Nous travaillons très étroitement avec eux, et j'entretiens une excellente relation de travail avec également. Nous comprenons que ce secteur a été durement frappé, non seulement par la crise sanitaire que nous connaissons, mais également par la guerre des prix entre la Russie et l'Arabie saoudite. Ce secteur fait face à de nombreuses difficultés qui ne relèvent pas nécessairement de notre contrôle.
Pour répondre aux questions du secrétaire parlementaire concernant la science et la mobilisation dans ce domaine, je trouve que c'est une histoire remarquable. Notre gouvernement croit en la science. Nous avons rétabli le questionnaire détaillé obligatoire du recensement. Notre gouvernement a fait des investissements historiques dans les sciences. Nous avons certains des meilleurs chercheurs et scientifiques de calibre mondial; ils sont habilités et mobilisés, et ils travaillent à la mise au point d'un vaccin, de produits thérapeutiques et d'autres contre-mesures. Tout cela a pour but d'aider et de protéger les Canadiens, et nous sommes très enthousiasmés par le travail qu'ils font.
On a mentionné en particulier VIDO-InterVac, l'Internation Vaccine Centre, situé à Saskatchewan, où ils travaillent actuellement à développer les capacités d'essais cliniques.
Non seulement nous nous sommes assurés de mobiliser les scientifiques, mais nous leur avons aussi donné les ressources nécessaires pour les essais cliniques dans le cadre du processus de développement. Nous voulons en dernier lieu mettre l'accent sur une biofabrication de vaste portée. Nous avons investi plus de 1 milliard de dollars dans cette initiative en complément de nos investissements passés.
Nous avons également rehaussé la capacité de notre installation de production du Conseil national de recherches.
Ce sont des éléments des diverses initiatives qui ont été annoncées par le et par la également, en plus des initiatives de dépistage, du Groupe de travail sur l'immunité et de Génome Canada. Toutes ces initiatives sont conçues pour mobiliser le milieu scientifique et nos chercheurs afin qu'ils travaillent à régler cet incroyable défi auquel nous faisons face.
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La protection de la vie privée est importante, et je ne le dirai jamais assez, car les Canadiens me le disent et je n'hésite pas à le dire. C'est prioritaire pour nous…
L'hon. Michelle Rempel Garner: Qu'est-ce que vous…
L'hon. Navdeep Bains: … et c'est la raison pour laquelle nous avons proposé la Charte du numérique.
Quand il est question de consentement, comme vous l'avez souligné, l'utilisation d'un langage clair et simple fait partie des initiatives que nous proposons au moyen de la Charte du numérique, comme façon d'habiliter les Canadiens et de faire en sorte qu'ils exercent un meilleur contrôle sur leurs données.
Quant à une solution particulière, quelle qu'elle soit, je ne suis pas au courant d'une initiative particulière que nous ayons approuvée à cette étape. C'est donc hypothétique. Je tiens encore une fois à souligner que la protection des renseignements personnels des Canadiens est et va demeurer une priorité de notre gouvernement.
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Monsieur le député Longfield, je vous remercie de partager votre temps avec moi.
J'ai une remarque à l'intention du ministre . Mon frère vit à Taïwan. Peu de gens font l'objet d'un dépistage là-bas. Si vous regardez les chiffres mondiaux, vous constaterez qu'il y a eu 2 600 tests de dépistage par million d'habitants là-bas, comparativement à 20 000 ici, au Canada.
La solution de Taïwan est fort simple. Le premier cas présumé est arrivé le même jour qu'au Canada. Pourtant, ils ont 429 cas et n'ont eu que 6 décès. Les Taïwanais ne font que porter des masques. Tout le monde en porte un. Il est possible d'en obtenir trois à la pharmacie. Ce sont des masques de type chirurgical, et non pas des N95. Ils ressemblent à ceux qui sont fabriqués à partir de la pâte K10S produite à Harmac, dans ma circonscription. Les habitants reçoivent donc trois masques par semaine. Il y a également un désinfectant pour les mains dans l'entrée de chaque édifice.
Les Taïwanais ne font pas la recherche des contacts. Ils ne procèdent pas au dépistage de tout le monde. Mon frère enseigne là-bas. Tous les enfants portent un masque, et lui aussi en porte un. L'école a été fermée deux semaines, c'est tout. Nous avons besoin d'une telle solution ici, au Canada, afin que nous puissions fabriquer des masques pour les citoyens et relancer l'économie.
J'aimerais également savoir ce qui est fait sur la question d'Internet. Certains de mes électeurs vivent à un demi-kilomètre d'un grand projet de développement. Pourtant, Telus et Shaw leur disent qu'ils devront débourser 5 000 $ pour être branchés à l'Internet haute vitesse qui se trouve 500 mètres plus loin.
Ce sont les deux questions qui m'intéressent.
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Je pourrais parler brièvement du travail que nous faisons en ce qui concerne les tests en particulier.
Le rôle principal d’ISDE est de travailler à renforcer les capacités industrielles du Canada en matière d’équipement de protection individuelle et de tests. Les membres auront constaté que les chaînes d’approvisionnement mondiales subissent d’importantes pressions dans le contexte actuel.
En ce qui concerne les tests en particulier, notre principal rôle consiste à travailler avec l’Agence de la santé publique, le ministère de la Santé, le ministère responsable de l’approvisionnement et certains autres ministères sectoriels à cerner tous les éléments nécessaires pour procéder à des tests en masse. Il est ici question à la fois des tests en laboratoire et des tests au point de service.
À titre d’exemple, comme le ministre l’a mentionné, nous avons lancé un processus concurrentiel pour trouver les entreprises canadiennes en mesure de procéder à des tests au point de service, et nous avons demandé à un jury de déterminer si une société avait la capacité d’augmenter rapidement le nombre de tests, si la technologie pouvait être approuvée par Santé Canada et si la société était dotée d’une bonne technologie qui donnerait de bons résultats. Nous allons prendre des mesures prochainement pour essayer de hausser le nombre de ces entreprises. C’est un exemple parmi d’autres.
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De toute évidence, je pense que nous voulons procéder le plus rapidement possible. On a consacré une somme d’argent considérable à la large bande, et c’est à nous qu’il revient d’agir le plus vite possible.
Je dirai que dans certains cas, c’est ce qui équivaut à de grands projets d’investissement en immobilisations, alors on doit faire preuve d’une certaine diligence raisonnable et prévoir une période de présentation des demandes et de décision pour s’assurer que les projets les plus importants sont choisis en premier, ceux qui offrent le meilleur rendement de l’investissement pour ce qui est de rejoindre les citoyens en région rurale. Ensuite, il arrive qu’il faille travailler avec l’entreprise de télécommunication et les collectivités pour déplacer l’équipement et réellement mettre en place les projets.
Il arrive parfois que ces démarches puissent prendre un temps considérable. C’est un peu la nature du projet, mais je suis tout à fait d’accord avec le point de vue du membre qu’il nous faut le faire le plus rapidement possible, et comme le ministre l’a dit, cette crise ne fait que jeter l’éclairage sur certains des défis concernant le manque de connectivité, alors je pense que le ministère serait entièrement d’accord avec le fait qu’il est nécessaire d’essayer de procéder le plus rapidement possible.
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Je comprends que vous examiniez les applications que les entreprises soumettent. Lorsque vous le faites, je dirais simplement que le véritable rôle d’une application, selon moi, serait qu’elle soit compatible au départ avec les systèmes d’exploitation des fabricants d’IPA, Apple et Google. Je pense que ce serait la meilleure façon de stimuler les taux d’adoption, et l’application devra ensuite être compatible avec les bases de données provinciales à l’autre bout. Je pense que nous aurions avantage à travailler avec Apple et Google. Du moment que nous nous penchons sur la norme DP-3T, et il est certain que ce travail peut y contribuer, je pense que c’est une bonne idée. Je vous encourage à poursuivre dans cette direction.
En passant, côté protection des renseignements personnels, ces entreprises peuvent très bien être des agents conformément à la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques, du moins en Ontario, si bien qu’elles seraient visées par notre propre régime en ce qui concerne les renseignements personnels sur la santé.
Ma seule autre question sur le traçage numérique des contacts se rapporte aux taux d’adoption. Nous voyons qu’à Singapour, le taux d’adoption est inférieur à 20 %. Je dirais que leur contribution au traçage des contacts ne sera pas vraiment importante, de certaines façons.
Pouvez-vous parler de certaines limites du traçage numérique des contacts?
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Oui, madame la présidente, je serais ravi de le faire.
Il ne s’agissait que de directives supplémentaires. Dans les faits, il ne s’agit pas de modifications à la loi, mais bien de directives sur la façon dont nous appliquerons la loi. Elles ont été publiées il y a un certain nombre de semaines.
La préoccupation particulière est simplement de s’assurer que les intervenants dans le marché, les experts en investissements, les gens qui conseillent les entreprises sont avisés que nous surveillerons les comportements préoccupants que je qualifierais peut-être de comportements de « prédateurs ». Nous savons, par exemple, que certaines entreprises ont perdu de la valeur à cause de la crise et nous ne voudrions pas que des sociétés canadiennes très importantes se retrouvent nécessairement écartées parce qu’elles se trouvent en position de faiblesse ou de vulnérabilité en raison de la crise.
J’aimerais simplement faire remarquer que nous nous préoccupons aussi particulièrement de toutes les questions relatives à la chaîne d’approvisionnement des biens, des services et des produits médicaux. Nous avons des préoccupations particulièrement marquées concernant certains biens stratégiques, si vous voulez, dans le secteur de la santé. Nous voulons nous assurer là aussi que le marché prend note du fait qu’il s’agit d’un secteur que nous allons examiner d’un peu plus près. Je dirais qu’on s’intéresse particulièrement aux entreprises d’État et aux acteurs non commerciaux qui pourraient effectuer ces types d’achats. S’il s’agit d’une transaction privée qui est motivée par le marché et que c’est le genre de chose que nous aurions vu avant la crise, nous pourrions être moins préoccupés, mais s’il s’agit d’une acquisition stratégique peut-être pour des raisons non économiques, c’est quelque chose qui serait plus inquiétant.
Je ferais simplement remarquer que les autres administrations ont fait quelque chose de semblable. Le député sait peut-être que l’Australie a publié des directives très semblables aux nôtres. Un certain nombre de nos pays pairs ont donc pris des mesures similaires.