:
Je déclare la 13
e séance du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration ouverte. Avant d'aller plus loin, j'aimerais rappeler les précautions de santé publique que nous devons tous prendre.
Les autorités de santé publique recommandent les mesures suivantes pour la santé et la sécurité de tous ceux et celles qui se réunissent en personne. Vous êtes priés de maintenir une distance physique d'au moins deux mètres avec les autres personnes. Le port d'un masque non médical est de mise dès que vous vous déplacez dans la salle et idéalement en tout temps, y compris quand vous êtes assis. Une bonne hygiène des mains est également recommandée: du désinfectant pour les mains est fourni à l'entrée de la salle, et vous êtes priés de vous laver les mains au savon fréquemment.
À titre de présidente, je ferai respecter ces mesures pendant la réunion. Je remercie les députés à l'avance de leur collaboration.
Je souhaite à tous la bienvenue à la 13e séance du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration; ce sera notre première réunion de 2021. Nous espérons que cette année sera meilleure pour nous tous et prions pour que ce soit le cas.
Le premier point à l'ordre du jour est l'adoption du rapport du Sous-comité du programme et de la procédure. Tous les députés l'ont déjà reçu en décembre, de même que M. Genuis.
Quelqu'un peut-il proposer la motion pour que le Comité adopte ce rapport afin de ratifier les motions adoptées par le Sous-comité? Quelqu'un peut-il nous soumettre une motion?
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J'aimerais faire remarquer au Comité que depuis que nous nous sommes réunis, il y a environ un mois, en sous-comité, pour prendre une décision concernant ce rapport, beaucoup de choses se sont passées à Hong Kong.
Au cas où les membres du Comité ne seraient pas au courant, nous avons appris récemment par John Ivison, du National Post, que le gouvernement de Hong Kong force ses citoyens disposant de la double nationalité à choisir une nationalité au détriment de l'autre. Cela soulève de grandes questions pour ceux et celles qui envisagent de renoncer à leur citoyenneté canadienne, puisque ce choix aura pour conséquence de limiter leur accès aux services consulaires. En revanche, le fait de ne pas renoncer à cette citoyenneté pourrait compromettre leur subsistance et leur droit de vivre à Hong Kong.
Ensuite, nous avons pris acte de l'arrestation de 53 militants en faveur de la démocratie. Bon nombre d'entre eux étaient candidats ou organisateurs pour les partis de l'opposition, là-bas. Ces deux éléments ont été mis en lumière en janvier, soit après notre discussion sur ce rapport.
Compte tenu des circonstances de plus en plus difficiles, je crois qu'il y aurait lieu de modifier ce rapport. J'aimerais donc proposer l'amendement qui suit. Je recommanderais de modifier la partie 1 du rapport par adjonction de la recommandation suivante: Que, concernant l'étude sur les mesures spéciales en matière d'immigration et de protection des réfugiés pour les habitants de Hong Kong, le Comité invite des représentants du gouvernement à comparaître pendant une heure, le ministre à comparaître pendant une heure, puis des témoins à comparaître pendant six heures. C'est la modification que je propose au rapport.
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Merci beaucoup, madame la présidente. Je vous remercie de me permettre de participer à ces travaux importants du Comité.
J'aimerais simplement exprimer mon appui à l'amendement de ma collègue, Mme Dancho. Il y a une véritable crise qui menace le bien-être des Canadiens vivant à Hong Kong, et la menace est bien réelle. Nous avons déjà entendu ailleurs à la Chambre que le gouvernement envisage de mettre en place des mesures d'urgence pour rapatrier des centaines de milliers de Canadiens d'ici très peu de temps.
Je pense qu'une étude de trois heures sur cette vaste question, qui est déterminante pour le bien-être de centaines de milliers de Canadiens à ce moment décisif, sur le plan des droits de la personne, qui permettrait au gouvernement de la Chine de brimer les libertés de Hong Kong... Il y a tellement d'enjeux fondamentaux qui entrent en ligne de compte ici. J'espère que les députés de tous les partis appuieront l'idée de permettre l'étude qui se doit. Je crois que la proposition de ma collègue que le Comité se réserve six heures plutôt que seulement trois pour entendre des témoins sur les questions importantes en jeu ici vaut vraiment la peine.
Je souhaite exprimer mon fort appui à l'amendement. J'espère que les autres partis conviendront qu'il faut étudier adéquatement tant la situation à Hong Kong, pour ce qui est des droits des Canadiens, que la réponse du Canada lui-même par des mesures en matière d'immigration. Merci.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
J'aimerais moi aussi appuyer cet amendement. Compte tenu de l'évolution rapide de la situation à Hong Kong et de l'urgence de la situation, je pense qu'il vaudrait la peine que nous consacrions du temps à cette étude.
Il y a une question connexe qui m'interpelle, bien sûr, et il s'agit des contrats octroyés à VFS Global. Les députés ont peut-être eu vent de cette nouvelle aussi. VFS est une entreprise à qui le gouvernement du Canada a octroyé un contrat pour traiter les demandes d'immigration depuis les centres de demandes de visas à l'étranger. Or, on a découvert que la société mère de VFS Global reçoit de l'aide d'une filiale d'Investment Corporation, une société d'État chinoise. Je pense que cette participation et ces investissements soulèvent des inquiétudes graves quant à la sécurité des renseignements que traiterait VFS.
Comme les députés le savent, les processus d'immigration sont souvent très détaillés et complexes. Beaucoup d'information sensible est traitée. Il a été mis en lumière et signalé qu'au moins une atteinte importante à la sécurité des données personnelles a eu lieu. Il a d'ailleurs été mentionné dans les médias qu'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada n'a reçu absolument aucune information selon laquelle le gouvernement du Canada en aurait été avisé.
Dans les circonstances, le gouvernement du Canada est en train d'évaluer la pertinence de prolonger ces contrats, si je ne me trompe pas. Je pense qu'il vaudrait la peine que nous nous penchions sur la question dans le cadre de cette étude, particulièrement du point de vue des incidences de la situation sur les habitants de Hong Kong.
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Je vous remercie beaucoup, madame la présidente.
J'ai pris connaissance de l'amendement de ma collègue Mme Dancho. J'aurais aimé qu'il ait été traduit au préalable.
Cela dit, je ne suis pas en désaccord sur le fond de l'amendement, car je pense qu'il est toujours bien d'aller au fond des choses et d'avoir du temps pour discuter de dossiers importants, surtout compte tenu des développements qui viennent d'être annoncés. Cependant, j'aurais aimé pouvoir discuter de l'incidence de cet amendement sur les autres études, qui sont aussi importantes. Elles traitent d'enjeux différents, mais qui ne sont pas futiles pour autant. Il faudrait aussi voir à quel moment nous ferons l'étude des rapports.
Nous revenons lundi prochain à l'étude sur les mesures spéciales pour les habitants de Hong Kong. Je sais que nous avons perdu du temps en raison des votes, mais est-ce que lundi serait un bon moment pour discuter de l'amendement? Nous devons avoir le temps d'aller au fond des choses et d'avoir une idée du calendrier à venir. J'aimerais que nous y consacrions un peu de temps.
Ma collègue serait-elle d'accord pour que nous votions sur son amendement lundi prochain?
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Merci, madame la présidente. Je remercie également mes collègues de leurs observations.
Je dois m'inscrire en faux avec ce qu'elles disent, par contre. Je ne trouve pas l'amendement très compliqué. Nous ne faisons qu'ajouter une heure pour les ministres, puis prévoir six heures plutôt que trois pour les témoins. Ce n'est pas très compliqué.
Nous pourrions voter sur cet amendement tout de suite, pendant que nous discutons de l'organisation des travaux du Comité. Les députées ont dit elles-mêmes trouver qu'il s'agit d'un enjeu important, compte tenu des développements récents, qui sont très alarmants. Je crois vraiment que nous devrions voter sur cet amendement maintenant, pendant que nous nous penchons sur les travaux du Comité, pour inviter dès maintenant d'autres témoins à comparaître. Ce n'est pas un amendement très compliqué.
Je veux seulement dire que si nous appuyons la population de Hong Kong, si nous sommes solidaires avec Hong Kong et reconnaissons l'importance du ministère de l'Immigration pour les 300 000 Canadiens qui sont en danger à Hong Kong, ainsi que les membres de leur famille, cela devrait aller de soi, selon moi, particulièrement d'inviter le à comparaître, de même qu'un plus grand nombre de témoins experts.
Je propose que nous votions tout de suite sur l'amendement.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Concernant les propos de ma collègue, je pense qu'il est important de clarifier ceci: nous n'avons aucunement l'intention de faire en sorte que le ministre ne comparaisse pas devant le Comité. Je pense que Mme Dancho nous prête des intentions que nous n'avons pas. Il est 17 h 39 et, depuis 30 minutes, des témoins attendent de pouvoir nous livrer leurs témoignages. Or ceux-ci portent sur un enjeu que nous avons tous adopté en décembre, et ce, dans le cadre d'une étude qui nous semble extrêmement importante.
J'aimerais que le greffier clarifie un point, c'est-à-dire s'il serait possible de reporter à lundi prochain l'adoption du rapport du Sous-comité pour que nous ayons le temps de discuter de l'amendement de Mme Dancho, qui a été présenté aujourd'hui, et que nous puissions entreprendre l'étude sur laquelle nous nous étions tous entendus en décembre dernier. Nous pourrions entendre les témoins ici présents.
Dans le contexte de cette étude que tous semblent considérer comme importante, je crois que la partisanerie à l'égard de cet enjeu n'a pas lieu d'être.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je n'étais pas au courant de la motion moi non plus. Lorsque Mme Dancho l'a présentée, c'était la première fois que j'en entendais parler. Toutefois, compte tenu de la situation à Hong Kong actuellement, j'ai pensé qu'il s'agissait d'un bon amendement, et je vais certainement l'appuyer. Comme je l'ai mentionné, naturellement, la question concernant VFS est aussi dans l'air depuis décembre. J'en ai été informée en décembre, alors j'ai pensé qu'il serait utile pour nous d'examiner ces questions dans le cadre de cette étude.
Cela étant dit, si j'ai bien compris ce qu'a dit le greffier, pendant qu'il se penche sur la question concernant l'ajournement du débat sur l'amendement au rapport du sous-comité, pendant qu'il cherche une réponse à ce sujet…
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Je propose aux membres du Comité d'entendre le premier groupe de témoins et d'accorder au deuxième groupe une heure entière. Je propose donc de réduire le temps accordé aux représentantes du ministère. Nous pouvons commencer par entendre le témoignage des représentantes du ministère jusqu'à 18 h 10, puis passer au deuxième groupe de témoins de 18 h 10 à 19 h 10. La séance doit se terminer à 19 h 10. Nous avons une séance de deux heures entières.
Nous allons commencer. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, le Comité se réunit pour discuter de son étude sur les mesures en matière d'immigration et de protection des réfugiés pour les habitants de Hong Kong.
La séance d'aujourd'hui se tient en format hybride virtuel, conformément à l'ordre de la Chambre adopté le 25 janvier 2021. Nous avons donc des membres qui y participent en personne dans la salle et d'autres à distance sur l'application Zoom. Les débats seront disponibles sur le site.
Vous pouvez utiliser la langue de votre choix. Vous constaterez que la fonction « Lever la main » se trouve maintenant dans un endroit plus facilement accessible sur la barre centrale. Vous pouvez l'utiliser lorsque vous voulez prendre la parole ou alerter la présidence. Les membres qui participent en personne peuvent procéder de la façon habituelle lorsque tous les membres sont réunis en personne dans la salle.
Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous nomme. Si vous participez par vidéoconférence, veuillez appuyer sur l'icône du microphone pour activer votre micro. Je vous rappelle que les membres et les témoins doivent toujours s'adresser à la présidence. Lorsque vous n'avez pas la parole, votre microphone doit être désactivé.
Au sujet de la liste des intervenants, le greffier et moi allons faire de notre mieux pour maintenir l'ordre des interventions des membres, qu'ils participent à la séance virtuellement ou en personne.
Sur ce, j'aimerais souhaiter la bienvenue à nos premiers témoins.
Nous accueillons aujourd'hui des représentantes du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration, soit Mme Natasha Kim, sous-ministre adjointe associée, Politiques stratégiques et de programmes, et Mme Nicole Giles, sous-ministre adjointe associée déléguée, Opérations.
Bienvenue et merci de comparaître aujourd'hui devant le Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration. Je m'excuse du retard.
Vous disposez de cinq minutes pour votre déclaration liminaire.
Vous avez la parole. Allez-y, s'il vous plaît.
[Français]
Je vous remercie, madame la présidente et membres du Comité, de nous avoir invitées à nous joindre à vous aujourd'hui.
Nous sommes ici aujourd'hui pour vous informer des mesures prises par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, ou IRCC, en vue d'aider les résidants de Hong Kong, y compris les jeunes, à venir au Canada.
[Traduction]
Comme vous le savez, le gouvernement du Canada s’est joint à la communauté internationale pour exprimer ses préoccupations face à l’imposition par la Chine d’une nouvelle loi sur la sécurité nationale pour Hong Kong.
Le 12 novembre 2020, en réponse à la situation, le a annoncé de nouvelles mesures en matière d’immigration. Il s’agit notamment de mesures visant à encourager les jeunes de Hong Kong à choisir le Canada comme destination pour étudier, travailler et s’établir, compte tenu des compétences et du niveau d’études que bon nombre d’entre eux apporteraient pour renforcer notre économie.
[Français]
J'aimerais préciser que le Canada dispose déjà d'un large éventail de voies d'accès que les résidants de Hong Kong peuvent utiliser pour venir au Canada de façon temporaire ou permanente, notamment pour travailler, étudier et immigrer de façon permanente ou à des fins de regroupement familial.
[Traduction]
En plus des options existantes, le ministère met actuellement en place une nouvelle initiative, destinée spécifiquement aux jeunes de Hong Kong, dans le cadre de laquelle des permis de travail ouverts d’une durée pouvant aller jusqu’à trois ans seront délivrés; l’admissibilité sera basée sur les études postsecondaires effectuées au Canada ou à l’étranger. Le ministère travaille activement afin que cette mesure soit en place au début de 2021 pour les demandeurs se trouvant au Canada et à l’étranger.
De plus, le ministère crée actuellement deux nouvelles voies d’accès à la résidence permanente, qui seront offertes plus tard cette année, pour les personnes qui viendront au titre de la première initiative ou qui se trouvent déjà au Canada pour travailler ou étudier.
La première voie d’accès ciblera les anciens résidents de Hong Kong qui auront acquis au minimum une année d’expérience de travail autorisé au Canada, et qui répondront aux autres critères, tels que le niveau minimum de connaissance de la langue et le niveau d’études.
[Français]
La deuxième voie d'accès visera les personnes ayant obtenu un diplôme décerné par un établissement d'enseignement postsecondaire au Canada. Ces personnes pourront demander directement la résidence permanente sans avoir à posséder une expérience de travail.
[Traduction]
Outre ces nouvelles mesures, le Canada met également en place d'autres mesures, telles que l’accélération du traitement des documents pour les Canadiens et les résidents permanents canadiens à Hong Kong, et affecte des ressources pour accélérer le traitement des demandes, y compris le parrainage de membres de la famille.
[Français]
Nous comprenons toutefois l'incidence que pourraient avoir les restrictions frontalières actuelles lorsque des groupes sont prêts à voyager.
[Traduction]
En outre, de façon temporaire, nous levons les frais de traitement des demandes pour les résidents de Hong Kong au Canada qui demandent le renouvellement de leur statut afin de prolonger leur séjour ici.
Je tiens également à souligner que les résidents de Hong Kong qui se trouvent déjà au Canada continuent d’avoir accès à notre système d’octroi de l’asile, notamment pour faire valoir leur besoin de protection auprès de la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada.
Compte tenu de l’évolution de la situation à Hong Kong, nous avons également éliminé l’interdiction de 12 mois pour la présentation d’une demande d’examen des risques avant renvoi, ou ERAR, pour les ressortissants de Hong Kong. Dans des circonstances normales, les personnes qui ont reçu une décision négative concernant leur demande d’asile ou une demande d’ERAR antérieure ne peuvent pas présenter de demande d’ERAR pendant au moins 12 mois.
Enfin, madame la présidente, je dois préciser que les personnes qui fuient Hong Kong et qui craignent d’être persécutées peuvent faire l’objet d’une recommandation de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés en vue d’une réinstallation au Canada, ou peuvent être parrainées par le secteur privé.
Conformément à la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés et à la législation canadienne, les étrangers doivent se trouver hors de leur pays d’origine pour pouvoir être réinstallés. Par conséquent, nous ne pouvons pas accepter les demandes d’asile présentées à la mission située dans le pays de persécution présumée. Cela est conforme au cadre juridique international, qui prend en compte la souveraineté des États.
[Français]
Toutefois, en complément des initiatives de réinstallation, le Canada, comme les autres pays, utilise les efforts diplomatiques et les initiatives d'aide internationale pour soutenir les personnes dans le besoin dans le monde entier.
En outre, il est important de préciser que les personnes qui risquent la persécution peuvent également se prévaloir des voies d'accès à l'immigration régulière, si elles le peuvent.
:
Merci, madame la présidente.
Merci, madame Kim, d'être avec nous aujourd'hui.
Madame Kim, le 16 novembre, si je me souviens bien, lors de notre dernière conversation au sein du comité Canada-Chine, vous avez dit « Les voies d’immigration pour les résidents permanents sont prévues pour 2021. Nous essayons de mettre en place la voie des permis de travail temporaires d’ici la fin de l’année. »
Savez-vous quand les voies d'immigration pour les résidents permanents seront en place? En fait, l'ont-elles été avant la fin de l'année dernière?
:
Je commencerai par la première partie de la question, concernant les voies qui sont disponibles, en particulier pour ceux qui se trouvent à Hong Kong. J'ajouterais la catégorie de personnes qui peuvent actuellement voyager dans le cadre des restrictions de voyage en vigueur liées à la COVID-19, car il s'agit là aussi d'une considération importante.
Il est clair que tout citoyen canadien ou résident permanent qui se trouve à Hong Kong peut rentrer à tout moment et est exempté des restrictions de voyage. Dans ce cas, IRCC à Hong Kong est en mesure de fournir des documents de voyage et des passeports.
Il existe également des programmes de travail et d'études. Si une personne possède un permis de travail et une offre d'emploi valable, elle peut être exemptée des restrictions de voyage actuelles. Une personne peut étudier dans un établissement canadien si cet établissement a un plan de préparation relatif à la COVID-19 qui a été approuvé par la province ou le territoire, de sorte qu'avec ces permis, elle peut entrer au Canada.
Nous avons également des volets économiques pour les résidents permanents, ainsi que des volets humanitaires. Si une personne a été approuvée avant le 18 mars, elle peut également entrer dans le contexte des restrictions de voyage actuelles. Comme beaucoup d'entre vous le savent, des volets de réunification familiale sont également disponibles. Il peut s'agir du parrainage d'un conjoint, d'un parent ou d'un grand-parent. Les personnes peuvent également venir sous un statut temporaire, que ce soit au titre d'une autorisation de voyage électronique ou d'un super visa.
Avec ces nouvelles mesures, les résidents de Hong Kong pourraient bénéficier de mesures supplémentaires pour venir au Canada, s'ils satisfont également aux exemptions des restrictions de voyage. Bien entendu, toute personne entrant au Canada à ce stade devra se conformer aux exigences de santé publique en fait de quarantaine et de tests préalables avant de monter à bord d'un avion.
À ceux qui sont ici et qui peuvent rester, nous avons offert quelques dérogations pour qu'ils puissent prolonger leur séjour ou rétablir leur statut. Il existe également des mesures permettant aux visiteurs de demander un permis de travail au Canada.
Je crois que la seconde partie de la question portait sur le nombre d'immigrants que nous attendons pour les trois prochaines années. Le gouvernement du Canada a présenté le plan des niveaux d'immigration l'automne dernier. Quelque 401 000 nouveaux résidents permanents sont prévus pour 2021, et ce chiffre passera à 411 000 l'année prochaine. C'est une question à laquelle nous travaillons à IRCC.
Madame Kim, je vais vous poser deux questions en même temps pour vous donner le temps d'y répondre.
Dans le système d'immigration actuel, il y a plusieurs programmes d'immigration économique pour faire venir des immigrants au Canada. Les objectifs de ces programmes ont été étudiés de façon très détaillée par le gouvernement. Les résidants de Hong Kong peuvent-ils accéder à ces programmes en plus des mesures particulières? Peut-on déduire que les mesures spéciales pour les résidants de Hong Kong ont été élaborées pour des raisons qui vont au-delà des objectifs économiques? Voilà ma première question.
Par ailleurs, pouvez-vous rapidement nous donner le contexte international relatif aux mesures d'immigration pour les résidants de Hong Kong? Comment les mesures du Canada se comparent-elles à celles-ci, et quelles ont été les considérations pour uniformiser les mesures, notamment entre le Canada et le Royaume-Uni?
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Je vous remercie beaucoup, madame Kim, de vos réponses à nos questions.
J'aimerais commencer par discuter de la situation des gens qui sont actuellement à Hong Kong et qu'on aimerait voir venir au Canada.
Ma collègue Mme Dancho a inscrit une question au Feuilleton concernant les autorisations de voyage électroniques, ou AVE, pour lesquelles on doit remplir des critères, notamment celui de ne pas avoir d'antécédents criminels. La question a été soulevée puisque les Hongkongais, dans certains cas, ont des accusations portées contre eux en vertu de loi sur la sécurité nationale de Hong Kong. Or, de ce que je comprends, aucune directive n'est émise aux agents pour ce qui est de ces antécédents.
J'aimerais donc savoir si, à l'avenir, vous comptez possiblement vous assurer que les accusations portées à Hong Kong ne sont pas un critère pour ne pas autoriser l'émission d'AVE.
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D’accord, donc même les nombres ne sont pas divulgués.
Je souligne simplement que c’est un problème parce qu’on a eu recours aux permis ministériels dans le contexte des événements de la place Tienanmen. En fait, le ministère les utilisait assez régulièrement à l’époque. Je me demande s’ils sont utilisés ou non en ce moment. Je pense qu’il est important d’adopter certaines des mesures qui ont été utilisées à cette époque, car il existe des similitudes en termes de risques pour la population de Hong Kong à l’heure actuelle.
De même, en ce qui touche le volet concernant les demandes pour considérations d’ordre humanitaire, dans le contexte des événements de la place Tienanmen, on a clairement précisé « toutes les personnes qui, d’une manière ou d’une autre, ont individuellement mis leur gouvernement dans l’embarras et, ce faisant, se sont exposées à des sanctions sévères si elles revenaient ». Telles étaient les directives qu’on donnait alors aux fonctionnaires qui examinaient les demandes pour considérations d’ordre humanitaire. IRCC a-t-il donné des consignes spéciales concernant l’examen des demandes pour considérations d’ordre humanitaire présentées par des ressortissants de Hong Kong?
Comme il a été mentionné, je suis la directrice de la Chinese and Southeast Asian Legal Clinic. Je suis également membre du conseil d’administration de la Toronto Association for Democracy in China, la TADC.
Je tiens à remercier le Comité de me donner l’occasion de commenter les nouvelles mesures d’immigration visant à soutenir les militants prodémocratie de Hong Kong.
Depuis l’annonce faite par le en novembre 2020, le gouvernement de Hong Kong a procédé à de nouvelles arrestations. Le 5 janvier, la police de Hong Kong a arrêté 50 anciens législateurs et militants pour avoir prétendument violé la loi sur la sécurité nationale. Leur seul crime a été d’organiser des primaires non officielles pour les élections de Hong Kong. Plus de 600 000 Hongkongais ont participé à cet exercice électoral, malgré les avertissements de Pékin de ne pas le faire.
Les arrestations continues de militants prodémocratie confirment notre crainte que personne ne soit en sécurité à Hong Kong. La police de Hong Kong pourrait arrêter et arrêterait, sans avertissement et sans motif, toute personne soupçonnée d’avoir violé la loi sur la sécurité nationale.
Les militants sont devenus des cibles faciles, car leur liberté peut leur être retirée à tout moment. Nous avons entendu parler de militants détenus jusqu’à 36 heures dans une chambre froide dans le cadre de tactiques d’intimidation. Ces arrestations permettent également à la police d’accéder aux coordonnées personnelles des militants et de saisir leurs documents de voyage.
Nous savons que le mouvement pour la démocratie à Hong Kong a été en grande partie animé par la jeunesse. Certains députés ont fait des commentaires à ce sujet. C’est dans ce contexte que nous examinons aujourd’hui les mesures spéciales d’immigration que le Canada a adoptées.
Si les nouvelles initiatives élargissent les voies d’accès à l’immigration pour certains groupes sélectionnés, ces mesures n’ont pas permis de répondre à l’aggravation du climat de terreur blanche et de surveillance constante que connaissent de nombreux militants.
Il y a également une absence flagrante de mesures humanitaires pour aider ceux qui sont le plus en danger et qui ne pourraient pas bénéficier de ces mesures. Par exemple, le nouveau permis de travail ouvert n’est offert qu’aux récents diplômés universitaires. Les critères excluraient les étudiants du secondaire et ceux qui n’ont pas fait d’études universitaires.
Pour mettre les choses en perspective, ni Joshua Wong ni Agnes Chow, deux des militants les plus en vue, ne seraient qualifiés, car ils n’ont pas encore terminé leurs études universitaires, pas plus qu’un certain nombre de militants de Hong Kong occupant des emplois de cols bleus qui ont réussi à venir ici pour demander l’asile. En ne tenant pas compte de la diversité des origines démographiques et éducatives des manifestants, ces mesures envoient le mauvais message, à savoir que l’engagement du Canada à les protéger se limite uniquement à ceux qui apporteront des avantages économiques immédiats à notre pays.
Certains résidents de Hong Kong, dont de jeunes étudiants, se trouvent déjà ici. Ils devraient, comme les dizaines de demandeurs d’asile, se voir accorder la résidence permanente dans le cadre d’un programme spécial similaire à celui mis en place pour les ressortissants chinois après le massacre de la place Tiananmen.
Pour les manifestants qui sont actuellement bloqués dans un autre pays, le Canada devrait leur permettre d’entrer immédiatement dans le cadre de programmes privés de parrainage de réfugiés ou de permis de séjour temporaire, en leur accordant une dérogation à l’interdiction de voyager. Le TADC et un certain nombre d’autres groupes au Canada ont offert leur aide pour permettre à ces militants de se réinstaller ici. Nous avons besoin que notre gouvernement mette en place les programmes appropriés afin de pouvoir transformer en actions concrètes la bonne volonté dont de nombreux Canadiens ont fait preuve à l’égard des Hongkongais.
La pandémie n’a pas empêché l’oppression de la dissidence politique de se produire à Hong Kong ou ailleurs. Les militants prodémocratie sont dans une course contre la montre et à court d’options. C’est pourquoi nous demandons instamment à cet honorable comité d’inviter le Canada à prendre des mesures immédiates pour faire venir davantage de résidents de Hong Kong et leur accorder un statut permanent, quels que soient leurs antécédents scolaires et professionnels.
Merci.
:
Madame la présidente, distingués membres du Comité, je vous remercie de me donner l’occasion de m’adresser à vous aujourd’hui.
Je m’appelle Eric Li. Je suis le vice-président de Canada-Hong Kong Link. Notre groupe travaille à la protection et à la promotion des droits de la personne, de l’État de droit et de la démocratie à Hong Kong.
Nous félicitons le gouvernement canadien d’avoir annoncé le nouveau programme de sauvetage qui élargira les possibilités pour certains groupes de résidants de Hong Kong de se réfugier au Canada. Il s’agit d’une nouvelle encourageante, car les persécutions politiques augmentent de façon spectaculaire sous le régime de la loi sur la sécurité nationale de Hong Kong. De notre point de vue, le programme de sauvetage vise à sauver les Hongkongais de l’environnement injuste et menaçant qui sévit à Hong Kong. Il ne s’agit pas d’une nouvelle politique d’immigration pour les personnes en fonction de leur statut socioéconomique.
Toutefois, nous sommes préoccupés par la manière dont le programme de sauvetage sera appliqué, par le fait qu’il pourrait ne pas donner la priorité à ceux qui sont vraiment à risque ou même être utilisé abusivement par des groupes nuisibles à Hong Kong. Il est important de faire en sorte que les membres des groupes nuisibles à Hong Kong ne se servent pas du programme de sauvetage pour s’infiltrer au Canada. Par « groupes nuisibles », je veux dire les groupes et les individus qui menacent le développement démocratique de Hong Kong, tels que les groupes qui approuvent la loi de sécurité nationale de Hong Kong et les forces de police hongkongaises.
J’aimerais vous montrer la composition démographique des citoyens ordinaires qui se sont battus pour leur liberté à Hong Kong. Depuis juin 2019, plus de 10 000 personnes, âgées de 11 à 80 ans et plus, ont été arrêtées. Elles venaient de tous les horizons et ont sacrifié leurs moyens de subsistance pour participer aux manifestations. Un grand nombre de jeunes et de manifestants souffrent de troubles de stress post-traumatique en raison des brutalités policières qu’ils ont subies lors de leurs arrestations. Ce sont ces personnes qui ont besoin de notre aide. Ils ont tous souffert parce qu’ils voulaient rétablir la liberté et le système politique qu’on leur avait promis jusqu’en 2047.
Nous aimerions vous soumettre les recommandations suivantes.
Premièrement, il faut envisager de lever l’interdiction concernant les voyages non essentiels pour les militants prodémocratie qui risquent d’être persécutés en raison de ces activités. Ils seraient tenus de respecter les directives de chaque province en matière de COVID-19 à leur arrivée.
Deuxièmement, les critères du permis de travail ouvert devraient tenir compte de la diversité des militants prodémocratie de Hong Kong en termes d’âge, de formation et d’expérience professionnelle.
Troisièmement, les candidats au permis de travail ouvert ou au permis d’études devraient se voir offrir un visa de cinq ans avec une voie d’accès accélérée au statut de résident permanent, similaire à ce que nos alliés du Groupe des cinq ont offert.
Quatrièmement, nous demandons instamment au ministère canadien des Affaires étrangères et au personnel consulaire à Hong Kong et dans les pays avoisinants d’aider à organiser des documents de voyage d’urgence pour les militants à haut risque dont les passeports ont été confisqués. Nous lui demandons également de reconnaître le soutien aux demandeurs d’asile et de permettre à notre communauté de les parrainer par le truchement du programme actuel de parrainage des réfugiés.
Cinquièmement, les étudiants internationaux de Hong Kong et les travailleurs qualifiés temporaires au Canada, ainsi que les demandeurs d’asile politique de Hong Kong dont il est prouvé qu’ils risquent d’être persécutés politiquement à leur retour à Hong Kong, devraient se voir accorder le statut de résident permanent dans le cadre d’un programme spécial et accéléré.
Sixièmement, le volet de la réunification familiale pourrait être élargi pour inclure les frères et sœurs et la famille élargie, comme les oncles et tantes qui peuvent subvenir aux besoins de leurs neveux et nièces. Les coûts associés à ce volet pourraient être annulés pour les personnes fuyant les persécutions.
Septièmement, puisque le programme de sauvetage est conçu pour ceux qui fuient les persécutions à Hong Kong, les demandeurs devraient signer une déclaration selon laquelle ils n’ont pas commis de faute grave en entravant le mouvement démocratique à Hong Kong. La conséquence d’une fausse déclaration entraînera l’expulsion du Canada. Cette recommandation permettra de garantir que le programme de sauvetage répondra aux besoins du groupe de Hongkongais visé.
Huitièmement, la police et les agents d’immigration de Hong Kong devraient être exclus du programme de sauvetage, à moins qu’ils ne fassent l’objet d’un contrôle sérieux de la part du SCRS ou de la GRC et qu’il soit prouvé qu’ils n’ont pas participé à une quelconque action contre le mouvement démocratique ou les droits de la personne. Cette mesure contribuera à prévenir les infiltrations qui menacent notre sécurité nationale.
Je pense que mon temps est presque écoulé. Veuillez vous reporter aux recommandations que j’ai soumises pour améliorer la politique d’immigration actuelle dans l’esprit du programme de sauvetage à l’intention des Hongkongais.
Je serai heureux de répondre aux questions relatives à mes recommandations pendant la période des questions.
Je vous invite à accorder à ces recommandations toute votre attention et à militer en faveur de l’ouverture de nos portes à ceux qui sont confrontés à des persécutions politiques.
Merci beaucoup.
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Je vous remercie beaucoup.
L'Association québécoise des avocats et avocates en droit de l'immigration, ou l'AQAADI, a été fondée en 1991 afin de regrouper les praticiens et les praticiennes du droit de l'immigration et de la protection des réfugiés du Québec, et de leur offrir une meilleure représentation auprès du Barreau du Québec et des différentes instances politiques et judiciaires, tant en matière d'immigration fédérale qu'en matière d'immigration provinciale.
Nous intervenons devant la Cour d'appel fédérale, la Cour suprême du Canada et la Cour supérieure du Québec. Nous participons également à divers comités parlementaires de la Chambre des communes, comme aujourd'hui, et à diverses commissions de l'Assemblée nationale du Québec.
La situation actuelle à Hong Kong est très préoccupante. Nous saluons les positions du gouvernement du Canada permettant de faciliter et d'accélérer le traitement de certaines demandes de résidence permanente. Or nous pensons qu'il est possible d'en faire beaucoup plus et nous allons nous attarder sur deux points qui pourraient être rapidement mis en place.
En matière de protection des réfugiés, nous demandons une accélération et une finalisation des dossiers actuellement traités par le consulat général du Canada à Hong Kong. Il est important de permettre l'accueil rapide des réfugiés parrainés reconnus par le Canada et de certains demandeurs pour considérations d'ordre humanitaire qui se trouvent à Hong Kong. Il serait important de finaliser ces dossiers le plus rapidement possible afin que ces gens puissent retrouver la sécurité au Canada.
À défaut de finaliser certains dossiers, des permis de séjour temporaires, ou PST, devraient être émis rapidement afin que ces demandeurs d'asile, souvent parrainés par le privé ou par ce qu'on appelle des signataires d'entente de parrainage de réfugiés, puissent se rendre au Canada en plus grande sécurité et le plus vite possible. Le Canada devrait également évaluer la possibilité d'accorder l'asile directement aux personnes à Hong Kong qui auraient besoin de protection rapidement afin qu'elles puissent venir au Canada dès que possible.
Dans un deuxième temps, nous croyons que le Canada devrait permettre de réactiver la citoyenneté canadienne de certains Hongkongais qui l'auraient perdue en raison de la non-reconnaissance de la double citoyenneté par la République populaire de Chine. Il serait important que certaines personnes puissent valider à nouveau ou réactiver leur citoyenneté canadienne qu'ils avaient perdue parce qu'elles avaient dû choisir entre l'une et l'autre citoyenneté après avoir décidé de continuer leur vie à Hong Kong.
Pour les anciens citoyens canadiens, le pourrait émettre une politique eu égard à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés pour permettre la réactivation de leur citoyenneté canadienne, afin qu'ils puissent facilement revenir au pays en tant que citoyens canadiens, sans devoir recommencer le processus d'immigration du début.
Ce sont des idées parmi tant d'autres, mais je pense que sur ces deux aspects, soit la protection des réfugiés et la réactivation de la citoyenneté de ces citoyens, on pourrait en faire un peu plus.
Je vous remercie.
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Merci, madame la présidente.
Je tiens à remercier les témoins de leurs excellentes déclarations liminaires.
Je suis bien contente de vous revoir parmi nous, madame Go, et je suis ravie de pouvoir bénéficier de votre expertise au sein de ce groupe.
J'ai pris quelques notes sur ce que vous avez dit, et je vous suis reconnaissante d'avoir expliqué très clairement la crainte qui règne parce que personne n'est en sécurité et que les militants sont privés de leur liberté, certains ayant été jetés en prison pendant 36 heures dans des conditions terribles. Il est très alarmant d'entendre ce qui se passe.
Madame Go, sachant qu'il y a 300 000 Canadiens à Hong Kong et que des milliers de personnes au Canada ont des proches là-bas, vous avez dit que, selon vous, la réponse du gouvernement n'est pas du tout adéquate. Pouvez-vous parler de ce que font d'autres pays et réitérer certaines de vos recommandations quant aux mesures que le gouvernement du Canada devrait prendre dès maintenant pour soutenir Hong Kong?
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Bien sûr. Je vais peut-être utiliser l'exemple du gouvernement britannique. Le Royaume-Uni a accepté d'accueillir tous les habitants de Hong Kong ayant un passeport de citoyen britannique d'outre-mer, mais cette mesure ne s'applique pas à tous les militants. Elle vise uniquement les personnes qui sont nées avant 1997 et dont les parents ne sont pas originaires de Chine. Voilà qui exclut donc un certain nombre de gens, mais ceux qui possèdent un passeport auront une voie d'accès à la citoyenneté cinq ans plus tard, si je ne me trompe pas.
En ce qui concerne les 300 000 Canadiens que vous venez d'évoquer — et je veux faire écho aux observations du dernier témoin —, certains d'entre eux ont peut-être choisi de renoncer à leur citoyenneté lorsqu'ils se sont présentés aux élections à Hong Kong. Nous en connaissons au moins deux qui se trouvent dans une telle situation. Plus important encore, dans le cas des Canadiens qui sont là-bas, il se peut que les membres de leur famille ne soient pas des citoyens canadiens ou des résidents permanents. Le processus est peut-être plus facile s'il s'agit du conjoint ou des enfants, car la personne peut demander à les parrainer. C'est plus difficile pour les parents, les grands-parents, les oncles et les tantes.
C'est pourquoi je pense que l'idée de M. Li, celle d'élargir la catégorie du regroupement familial, est très importante. Pour ce qui est du super visa accordé aux parents — comme l'a proposé le dans l'annonce —, je doute qu'une telle mesure puisse régler le problème, car il s'agit d'un statut temporaire. Là encore, ces gens seraient tenus de retourner à Hong Kong, alors que leurs enfants et petits-enfants vivent ici.
À mon avis, il sera certes important de veiller à ce qu'ils puissent venir ici à tout moment avant que la Chine n'annonce en bloc que tous ces gens ne sont pas des Canadiens, et il serait également important de leur permettre de faire venir leur famille.
Plusieurs membres du Comité ont souligné, tout comme vous, que bon nombre de ces militants n'ont pas fait d'études depuis longtemps et n'ont pas travaillé au Canada. Je crois que vous avez très bien décrit la situation. Cela joue en la défaveur des cols bleus. Joshua Wong, un militant prodémocratie très en vue, risque cinq ans de prison, je crois.
Pouvez-vous expliquer, une fois de plus, ce que le gouvernement du Canada devrait envisager? À mon sens, comme vous l'avez mentionné, cela se limite vraiment presque à un groupe d'élite, c'est-à-dire des gens qui procureront le plus d'argent au Canada s'ils viennent ici. Voilà qui exclut tous les cols bleus. Pourriez-vous nous en dire plus à ce sujet?
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Volontiers. Par exemple, on dit que les gens peuvent venir ici en tant qu'étudiants. C'est vrai, mais le cas échéant, on s'attend à ce que la personne paie les frais de scolarité applicables aux étudiants étrangers. Je suis sûre que bon nombre de ces gens, y compris certains des jeunes de 12 et 13 ans qui ont été arrêtés l'an dernier, n'ont peut-être pas les moyens de le faire. Cette option ne leur est tout simplement pas accessible. S'ils peuvent venir ici d'une manière ou d'une autre, ils devront quand même terminer leurs études secondaires et universitaires avant d'être admissibles au programme de permis de travail ouvert pour les étudiants postuniversitaires.
Je pense qu'il est important de reconnaître que ces militants quittent Hong Kong en raison de leurs convictions politiques, et nous devrions les traiter presque comme des demandeurs d'asile. Ainsi, au lieu de recourir au processus de détermination du statut de réfugié, nous avons une autre solution. Les mesures proposées par les deux témoins précédents seraient également efficaces, tout comme celle mentionnée par Mme Kwan dans la première partie de la réunion, c'est-à-dire l'instauration d'une sorte de programme semblable à celui mis en place après le massacre de la place Tiananmen. En somme, on permettrait ainsi aux ressortissants de Hong Kong de demander le statut de résident permanent au Canada.
Pour ce qui est de l'idée d'exiger que les demandeurs signent une déclaration, je n'en suis pas convaincue — désolée, monsieur Li. Il est certainement possible de soumettre ces gens à une vérification de sécurité. Ce n'est pas parce qu'ils se sont peut-être abstenus de... Ils pourraient se trouver dans une situation où toute tentative de dénonciation pourrait les mettre en danger. Je pense donc qu'il est important que nous réfléchissions bien avant d'imposer ce genre d'exigence aux demandeurs.
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Comme je l'ai mentionné déjà, l'élargissement de la définition de la catégorie du regroupement familial pourrait aussi être une très bonne solution dans le cas des gens qui ne se qualifient pas d'emblée ou à la base. On pourrait donc permettre un élargissement et de meilleures qualifications.
On pourrait aussi faire mieux en matière de protection des réfugiés. En effet, beaucoup de personnes attendent d'être réinstallées au Canada. Il faut que cela se fasse très rapidement, au moyen d'un permis de séjour temporaire, un PST. La Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés le permet. C'est très important.
Il s'agit d'ouvrir la porte, de réduire autant que possible le délai d'attente en sol hongkongais et, peut-être, d'accorder le plus rapidement possible des permis de séjour temporaire pour que les gens puissent non seulement venir au Canada à titre de visiteurs, mais surtout y travailler, s'intégrer et retrouver la sécurité le plus rapidement possible.
Je vous remercie.
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En fait, je vais revenir à la première question. Je pense qu’à l’heure actuelle, nous avons un bon programme de parrainage de réfugiés, mais c’est comme l’œuf et la poule: nous n’aurons pas de réfugiés puisqu’il n’y a personne pour les reconnaître comme tels à Hong Kong ou dans un pays voisin. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés n’a pas de bureau là-bas, et le personnel du consulat canadien ne s’occupe pas de ce travail. C’est pourquoi l’une de nos recommandations consiste à repérer les réfugiés de Hong Kong à partir de l’étranger, car nous pourrons ainsi recourir au programme actuel de parrainage de réfugiés pour parrainer des Hongkongais et les faire venir ici.
J’abonde dans le sens des autres témoins. Je pense que cela soulève de graves inquiétudes, surtout quand on sait que les élus de Hong Kong ont tous renoncé à leur citoyenneté canadienne. À mon avis, nous devrions trouver un moyen de leur permettre de rétablir leur citoyenneté et de revenir ensuite ici, car la situation à Hong Kong est vraiment hostile.
La police essaie habituellement d’arrêter les gens en les harcelant. Elle se rend chez eux à 6 heures du matin pour les mettre... En fait, elle les garde en détention pendant plus de 36 heures. Je crois que c’est ce qui s’est passsé dans certains cas. Il y a même un avocat de 71 ans, de Hong Kong, qui a été détenu pendant 44 heures dans une cellule froide. Cet homme est déjà très vieux, mais la police a quand même essayé de le harceler. Lorsqu’on n’arrive pas à trouver la bonne loi pour intenter des poursuites contre quelqu’un, on se contente d’invoquer la loi sur la sécurité nationale.
Je remercie les trois témoins de leur présentation et de leurs recommandations.
Ma première question s'adresse à Me Cliche-Rivard. Comme tout le monde l'a mentionné, les programmes actuels du gouvernement sont assez restrictifs et ne visent pas nécessairement une grande partie de la population. Je parle des programmes de permis de travail ou de permis d'étude qui mènent éventuellement à la résidence permanente.
Pour ceux qui réussiraient à quitter leur pays sans se faire arrêter par les autorités chinoises, puis à mettre les pieds en sol canadien, et qui souhaiteraient faire une demande d'asile, quels seront les principaux écueils qu'ils rencontreront, à votre connaissance?
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En ce moment, c'est très difficile, car il y a de grands problèmes concernant l'étude de la recevabilité des demandes d'asile effectuées aux points d'entrées ou à l'intérieur du Canada. Il y a de longs délais avant l'émission du fameux document de demandeur d'asile et l'obtention d'un permis de travail.
Surtout dans le cas des demandes qui sont faites en sol canadien, il y a donc des temps d'attente très longs qui placent les gens en situation de vulnérabilité importante. Alors, leur dire qu'ils peuvent venir et tout simplement demander l'asile ici, dans le contexte actuel, c'est très problématique. On a un gros effort à faire pour accélérer les entrevues visant à déterminer la recevabilité des demandes, parce qu'il y a encore des dossiers de mars 2020 qui n'ont toujours pas été traités. Il y a donc presque une année d'attente avant le traitement de certains dossiers qui permet l'accès au permis de travail. C'est certainement un élément important.
Par la suite, une fois que la demande d'asile a été reçue, dans une période de deux à trois ans depuis l'arrivée au Canada, si elle est acceptée, on doit encore attendre deux années supplémentaires pour obtenir la résidence permanente. On calcule donc une attente de quatre à cinq ans, ce qui est excessivement long pour quelqu'un qui veut faire venir sa famille et savoir s'il va être en sécurité à long terme.
Je pense qu'on doit trouver des solutions pour que ces statuts soient accordés rapidement, alors que plusieurs font face à la réelle possibilité de devoir retourner dans leur pays.
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Madame la présidente, j’aimerais ajouter une observation.
Selon moi, un des plus grands défis est de savoir si ces gens peuvent effectivement entrer au Canada en raison de l’interdiction de voyager. Par exemple, nous travaillons avec un certain nombre de militants qui sont bloqués au Royaume-Uni. Ils ont réussi à quitter Hong Kong, et c’est le premier pays où ils ont pu se rendre. Ils ne peuvent même pas venir au Canada pour le moment.
Ceux qui ont réussi à venir ici sont les plus chanceux. En fait, le processus a été assez rapide, comparativement au processus habituel de détermination du statut de réfugié pour les demandeurs d’asile de Hong Kong, mais le fait qu’ils ne puissent pas venir est un gros problème. C’est pourquoi nous avons fait pression pour que ces gens obtiennent une sorte de permis de séjour temporaire pour venir ici. Au moins, ils seront ainsi en sécurité, et nous espérons qu’ils pourront ensuite obtenir le statut de résident permanent grâce à une voie d’accès quelconque.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je tiens à remercier tous les témoins de leurs exposés très réfléchis.
Ma première question s'adresse à Mme Go.
En 1989, le gouvernement a pris diverses mesures dans le contexte des événements de la place Tiananmen. Nous venons d'entendre les fonctionnaires dire que ces mesures n'ont pas été prises en considération. Pour ma part, je vois les choses différemment; à mon avis, le gouvernement devrait se pencher sur cette situation du passé, en tirer des leçons et les appliquer au contexte actuel.
Ainsi, l'une des mesures adoptées consistait à suspendre le renvoi des ressortissants chinois au Canada pour une période indéterminée. C'est quelque chose que nous n'avons pas fait. Pensez-vous que le gouvernement canadien devrait prendre une telle mesure?
À ce sujet, la fonctionnaire nous a également dit que le gouvernement n'avait pas envisagé, et n'envisagerait pas, le statut de réfugié en raison de la désignation reconnue par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, et tout le reste.
Dans la lettre de mandat de 2019 adressée au , le premier ministre lui a en fait demandé d'« [i]nstaurer un volet consacré aux réfugiés, qui offrira l’asile aux défenseurs des droits de la personne, aux journalistes et aux travailleurs humanitaires à risque ». Pensez-vous que nous devrions adopter ces mesures? Si nous ne le faisons pas, les gens qui ne remplissent pas les conditions requises dans le cadre de ces différents volets ne pourront jamais venir au Canada, même à titre de réfugiés parrainés par le secteur privé. Qu'en pensez-vous?
Je voulais passer à un autre domaine parce que, encore une fois, c’est vraiment important d’apprendre de l’histoire.
L’une des directives qui ont été présentées dans la foulée des événements de la place Tienanmen informait les fonctionnaires de l’époque qu’ils devaient toujours garder à l’esprit le fait que les personnes aient pu, d’une manière ou d’une autre, nuire à leur gouvernement — et dans ce cas, on parle du gouvernement chinois — et s’exposer de ce fait à de sévères sanctions s’ils retournaient dans leur pays. Pourtant, cette directive n’a pas été donnée ici aux personnes qui traitent les demandes d’ordre humanitaire.
Pensez-vous que c’est quelque chose que le gouvernement devrait dire clairement et sans détour en en faisant une directive?
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Cela me semble raisonnable.
Je suis tout à fait d’accord avec cette idée, mais en l’absence d’un tel programme, j’espère assurément qu’il y aura une directive claire concernant les demandes d’ordre humanitaire, car ce processus me préoccupe sérieusement.
Je tiens compte de mon temps.
Vous avez tous parlé des limites des programmes existants, alléguant que seul un très petit groupe de personnes pourrait avoir accès à l’entrée au Canada. Si le gouvernement étendait le regroupement familial et autorisait même les étudiants à demander le parrainage pour permettre à leur famille élargie de venir au Canada, cela améliorerait beaucoup l’accès. Je pense avoir entendu tout le monde s’accorder pour dire que le gouvernement devrait effectivement étendre la mesure de regroupement familial à la famille élargie et lever les restrictions de voyage, faute de quoi personne ne pourra venir ici.
Puis-je avoir une réponse rapide de tout le monde à ce sujet?
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Merci beaucoup aux témoins pour leur témoignage, mais surtout pour l’important travail qu’ils font.
Le programme du gouvernement dans ce domaine me paraît étrange, parce qu’il met l’accent sur des catégories et de critères économiques, pour la plupart, au lieu d’essayer de repérer les défenseurs des droits de la personne et les personnes les plus susceptibles d’être persécutées pour des raisons politiques. C’est formidable d’avoir des migrants économiques en provenance de Hong Kong, mais il y a tellement de gens qui risquent d’être poursuivis en vertu de lois qui n’ont pas de lien avec la loi sur la sécurité. Il y a des personnes qui ne sont pas admissibles, alors qu’elles sont pourtant au centre de ces questions des droits de la personne.
Cela montre que la pensée et l’approche du gouvernement à cet égard sont problématiques. Vous pouvez bien sûr bénéficier de ces deux avantages. Les personnes qui viennent ici et qui sont persécutées peuvent encore apporter beaucoup d’avantages économiques, et cela inclut les personnes qui n’ont peut-être pas tant d’argent que cela dans leurs poches lorsqu’elles arrivent. Si les gens réclament des mesures d’immigration pour Hong Kong, ce n’est pas parce qu’on y a vu une occasion sur le plan financier, mais bien à cause des droits de la personne et de la situation politique.
J’aimerais connaître votre avis sur le type de mesures que nous pourrions prendre en matière d’immigration pour cibler les défenseurs des droits de la personne les plus vulnérables. Vous pouvez utiliser Hong Kong comme exemple. Cependant, cela pourrait s’appliquer à d’autres contextes dans le monde. En effet, puisqu’il serait question de gens qui seraient au centre de la défense des droits de la personne et qui se retrouveraient en cela exposés à des persécutions sur le plan politique, il s’agirait de personnes qui pourraient devenir de grands Canadiens dans pratiquement tous les cas.
C’est ce que nous faisons, mais il semble que nous le fassions de manière plus ponctuelle. Le ministre exerce son pouvoir discrétionnaire pour dire que nous allons recevoir cette personne d’Arabie saoudite ou d’ailleurs. Cependant, en procédant de façon plus systématique, comment pouvons-nous repérer ces importants défenseurs des droits de la personne et leur donner une voie d’accès au Canada?
Peut-être que Mme Go peut répondre en premier, mais j’aimerais beaucoup entendre aussi ce que les autres ont à dire à ce sujet.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Si le temps le permet, je partagerai les quatre minutes dont je dispose avec mon collègue M. Regan.
Je remercie les témoins de leur présence et de leurs commentaires.
Selon ce que nous entendons, les Hongkongais craignent que l'entrée au Canada leur soit interdite s'ils sont accusés d'un crime en vertu de la loi sur la sécurité nationale. Cependant, un peu plus tôt aujourd'hui, les représentants du ministère nous ont dit que, s'il était établi que ces personnes n'avaient pas commis d'infraction équivalente au Canada, cette accusation criminelle n'aurait aucune incidence.
Par exemple, une manifestation pacifique n'est pas un crime au Canada, donc une accusation ou une condamnation pour cela à l'étranger n'amènerait pas une interdiction d'entrer au pays.
Pensez-vous que cela est bien compris par les résidents de Hong Kong qui peuvent être susceptibles d'être arrêtés en vertu de la loi sur la sécurité nationale?
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Je suis désolée de vous interrompre, madame Kwan, mais votre temps est écoulé.
C’est sur cela que s’achève la prestation de notre deuxième groupe d’experts. Je tiens à remercier nos trois témoins d’avoir comparu devant le Comité et d’avoir fourni des renseignements importants dans le cadre de l’étude que nous entreprenons aujourd’hui.
Avant la levée de la séance, je tiens à vous faire savoir qu’en ce qui concerne l’adoption du rapport du sous-comité, je vais passer les bleus en revue. Avant d’entendre les témoins, nous allons commencer par l’amendement proposé par Mme Dancho. Cela nous permettra d’adopter le rapport du sous-comité. Nous commencerons la réunion de lundi avec cela. Je vais également revoir les bleus pour m’assurer qu’il n’y a pas de confusion à ce sujet.
Sur ce, je vous remercie. Je remercie encore une fois tous les témoins, et je remercie chacun des membres pour la réunion d’aujourd’hui.
La séance est maintenant levée. Je vous revois tous lundi.