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Bonjour à tous. Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la 24e réunion du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration de la Chambre des communes.
Le Bureau de régie interne exige que le Comité respecte les protocoles sanitaires suivants. Veuillez maintenir une distance physique d'au moins deux mètres les uns des autres; portez un masque non médical, sauf si vous êtes assis et, de préférence, portez un masque en tout temps, y compris lorsque vous êtes assis; maintenez une bonne hygiène des mains en utilisant le désinfectant fourni à cette fin dans la pièce du Comité. Enfin, lavez-vous les mains régulièrement avec du savon.
En tant que présidente, je veillerai au respect de ces mesures. Je vous remercie tous de votre coopération.
La réunion d'aujourd'hui est diffusée sur le Web et elle se déroule en format hybride, conformément à l'ordre de la Chambre du 25 janvier 2021.
J'aimerais vous rappeler certaines règles à suivre. Des services d'interprétation sont disponibles pour cette réunion. Vous pouvez vous exprimer dans la langue officielle de votre choix. Au bas de votre écran, vous pouvez choisir d'entendre le parquet, l'anglais ou le français. Avec la dernière version de Zoom, vous n'avez pas à sélectionner le canal correspondant à la langue avant de parler. Si vous souhaitez prendre la parole, servez-vous de la fonction « lever la main » qui se trouve dans la barre d'outils principale.
Je rappelle à tous les membres que toutes leurs observations doivent s'adresser à la présidence. Lorsque vous ne parlez pas, votre micro doit être coupé. Le greffier du Comité et moi-même assurerons la tenue de la liste des membres qui souhaitent intervenir.
Avant d'entamer la réunion d'aujourd'hui, j'aimerais vous dire un mot sur les problèmes de son que nous avons. Le 14 avril, le greffier a fait circuler une lettre de l'honorable , qui est la présidente du Comité de liaison, concernant les problèmes de son du Comité.
Tous les comités, y compris le nôtre, se retrouvent de temps à autre avec des témoins qui se présentent sans casque d'écoute, ce qui entraîne des problèmes audio qui ont des répercussions sur notre service d'interprétation. Pour remédier à cela, le Comité a convenu d'assurer que chaque témoin se prêterait à un test de connexion avant de comparaître.
J'ai demandé au greffier de prendre des mesures supplémentaires pour réduire le nombre de témoins qui se présentent sans casque d'écoute. Avant chaque réunion, le greffier me fera un rapport sur l'état de préparation des témoins à cet égard. De plus, le greffier veillera à conseiller les communications afin qu'elles transmettent plus efficacement les exigences du Comité à tous les futurs témoins. Certains membres voudront peut-être que les conditions pour les témoins qui ne disposent pas de casques d'écoute appropriés soient resserrées. Je peux soulever cette question la prochaine fois que nous examinerons les travaux du Comité.
Aujourd'hui, nous reprenons notre étude d'impact sur le marché du travail dans le cadre du Programme des travailleurs étrangers temporaires. Des témoins sont là pour nous donner leur point de vue à ce sujet.
Avant de passer à eux, je souhaite la bienvenue à un nouveau membre du Comité, M. Maninder Sidhu.
Monsieur Sidhu, soyez le bienvenu. Nous avons hâte de travailler avec vous.
Pour notre premier groupe de témoins, nous entendrons M. Derek Johnstone, qui est adjoint spécial du président national de l'organisme Travailleurs et travailleuses unis de l'alimentation et du commerce Canada.
Pour la Fédération des chambres de commerce du Québec, nous entendrons M. Charles Milliard, président-directeur général, qui est accompagné de M. Alexandre Gagnon, vice-président, Travail et capital humain.
Notre troisième témoin sera Me Krishna Gagné, avocate et vice-présidente aux affaires économiques à l'Association québécoise des avocats et avocates en droit de l'immigration.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à tous les témoins et les remercier d'avoir accepté de comparaître devant le Comité aujourd'hui. Nous avons hâte de vous entendre.
Nous allons commencer par l'organisme Travailleurs et travailleuses unis de l'alimentation et du commerce Canada. Monsieur Derek Johnstone, vous avez cinq minutes pour nous livrer vos observations liminaires.
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Merci, madame la présidente.
Au nom des Travailleurs et travailleuses unis de l'alimentation et du commerce du Canada, j'aimerais remercier le Comité permanent de nous donner l'occasion d'exposer notre point de vue aujourd'hui et saluer le travail de ses membres concernant cet important sujet.
Avant de présenter certaines de nos réflexions, il serait peut-être bon de dire quelques mots sur qui nous sommes.
Travailleurs et travailleuses unis de l'alimentation et du commerce du Canada, ou TUAC, est la voix des travailleurs de l'alimentation du Canada. Nous sommes l'un des plus grands syndicats du pays et nous sommes très fiers et très privilégiés de représenter plus d'un quart de million de travailleurs assidus à l'échelle du pays. Environ 80 % de nos membres travaillent dans des secteurs liés à l'alimentation et, comme nous aimons le dire, vous pouvez trouver des membres des TUAC partout dans la chaîne alimentaire, du champ à la fourchette. Tout au long de la pandémie, nos membres ont joué un rôle central en tenant la ligne de front afin d'assurer la fourniture des aliments et d'autres produits et services cruciaux dont les Canadiens ont besoin dans leur vie de tous les jours.
En ce qui concerne le sujet de la discussion d'aujourd'hui, je dois dire que les TUAC sont très préoccupés par la croissance exponentielle qu'a connue le Programme des travailleurs étrangers temporaires au cours des dernières années. Nous recommandons fortement qu'une approche plus diversifiée soit adoptée pour s'attaquer aux problèmes de main-d’œuvre auxquels sont confrontés certaines industries, et le secteur agroalimentaire en particulier.
L'expansion des programmes de candidats fédéral et provinciaux est la clé d'une meilleure approche. Parallèlement à cela, nous croyons qu'il faudrait faire beaucoup plus pour assurer que les Canadiens ont tous les outils nécessaires pour tirer parti des possibilités offertes par le marché du travail. Cela dit, le gouvernement doit veiller à ce que chacun soit traité équitablement une fois sur place.
Dans cette optique, les TUAC considèrent comme un important pas en avant la décision du gouvernement fédéral de créer 30 000 possibilités de parcours supplémentaires pour les migrants dits peu qualifiés. Nous craignons toutefois qu'il s'agisse là d'une offre ponctuelle dont la fonction serait davantage l'atteinte des objectifs annuels d'immigration que la création de voies d'accès à la citoyenneté comme élément central d'une refonte du Programme des travailleurs étrangers temporaires.
Comme nous l'avons appris en voyant ce qui s'est passé avec le projet pilote en agroalimentaire, l'exigence linguistique de niveau 4 est un obstacle majeur qui empêche la plupart des migrants du secteur alimentaire de profiter des possibilités de résidence permanente. Il est essentiel de créer des voies d'accès à la citoyenneté simplifiées, mais il est également nécessaire de développer des marchés du travail plus inclusifs et des discussions politiques plus ouvertes sur la manière de régler les problèmes de main-d'œuvre dans les secteurs clés.
Avant la COVID, environ 1,3 million de Canadiens recevaient de l'aide sociale, ce qui représente environ 7 % de l'ensemble de la population active. En outre, des millions d'autres Canadiens étaient sans emploi ou sous-employés. Pourtant, de 2000 à 2017, le pourcentage total du PIB du Canada consacré aux programmes actifs du marché du travail a diminué de 77 %, passant de 0,39 % à 0,22 %. Au cours de la même période, nous avons vu l'utilisation annuelle des travailleurs migrants augmenter de 250 %, leur nombre approximatif passant de 134 000 à 335 000.
Le fait est que l'approche utilisée pour aller chercher de la main-d'œuvre est devenue très passive. L'étude d’impact sur le marché du travail, l'EIMT, en est un bon exemple. Pour avoir accès aux migrants, un employeur doit publier le poste vacant dans le guichet d'emploi fédéral. Il doit également démontrer qu'il a mis en œuvre deux autres initiatives de recrutement — l'une d'elles pouvant être la publication de l'offre d'emploi sur son propre site Web —, mais rien ne l'oblige à mettre d'autres parties prenantes à contribution.
Avec la disparition du programme fédéral des conseils sectoriels, il n'existe plus de forum au Canada permettant aux parties prenantes de se réunir et de travailler à des solutions sectorielles, ce qui est vraiment dommage, car les TUAC, par exemple, sont très bien placés pour aider à développer l'engagement et dispenser de la formation pour un certain nombre d'occupations de la CNP dans des secteurs qui dépendent des migrants. Nous représentons plus de 250 000 travailleurs et leurs familles dans plus de 600 collectivités à travers le pays. Nombre de nos membres sont sous-employés et sont à la recherche de meilleures situations. Si les employeurs étaient obligés de travailler avec nous sur ces questions, peut-être par le truchement d'études d'impact sur le marché du travail, il pourrait en résulter de meilleurs résultats qui profiteraient, dans notre cas, à l'ensemble du secteur agroalimentaire.
De toute façon, voir le Canada dépendre encore plus d'une main-d'œuvre temporaire, précaire et vulnérable, comme c'est présentement le cas dans le secteur agricole primaire, est la dernière chose que nous voulons en tant que syndicat des travailleurs de l'alimentation, puisque cela se traduirait par l'érosion de la stabilité et de la sécurité de certains des secteurs les plus importants du Canada. De plus, si la dernière...
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Je vous remercie beaucoup.
[Traduction]
Bonjour, tout le monde.
[Français]
Madame la présidente, messieurs et mesdames les députés, je vous remercie de nous donner l'occasion d'échanger avec vous au sujet des études d'impact sur le marché du travail que les employeurs doivent effectuer lorsqu'ils embauchent des travailleurs étrangers temporaires.
Ce sujet intéresse grandement la Fédération des chambres de commerce du Québec, mais également les 50 000 entreprises que nous représentons partout au Québec.
Permettez-moi de faire un bref rappel nécessaire sur la particularité québécoise en matière d'immigration. Comme vous le savez, la sélection en matière d'immigration permanente relève de la compétence du Québec. Les employeurs québécois ont donc à vivre la duplication de nombreuses politiques et contraintes administratives. Cette situation est dénoncée par les immigrants eux-mêmes, comme les journaux l'ont rapporté dernièrement. Elle est également dénoncée par les employeurs, les organismes communautaires et les spécialistes en immigration. Les délais associés aux processus d'immigration permanente sont extrêmement longs au Québec. Il faut plus de 27 mois à une personne immigrante désirant s'installer au Québec pour obtenir sa résidence permanente, alors qu'il en faut 6 à une personne immigrante souhaitant s'installer ailleurs au Canada. Cela n'a aucun sens.
Ces délais occasionnent des maux de tête à l'ensemble des intervenants québécois. Une grande majorité des immigrants se tourne donc vers les programmes d'immigration temporaire, comme celui dont nous discutons aujourd'hui, afin de s'installer rapidement au Québec et de bénéficier ensuite des passerelles que sont le Certificat de sélection du Québec, ou CSQ, et le Programme de l'expérience québécoise, ou PEQ. Mis à part les travailleurs temporaires étrangers dans le secteur agricole, c'est dans un esprit d'immigration permanente que les immigrants et les employeurs ont recours au Programme des travailleurs étrangers temporaires, ou PTET. Il faut garder cela à l'esprit dans le cadre de nos discussions d'aujourd'hui.
Les employeurs québécois doivent faire approuver leurs études d'impact sur le marché du travail par le gouvernement provincial et par le gouvernement fédéral avant de procéder à l'embauche d'un travailleur étranger temporaire. Des modifications apportées au programme en 2014 ont occasionné beaucoup d'anxiété pour les employeurs québécois. De plus, au moment où ces restrictions ont été imposées, la population en âge de travailler diminuait au Québec, on assistait à une période prolongée de plein emploi et il y avait un nombre de postes vacants historique. Force est de constater que le PTET n'a pas évolué dans le même sens que les besoins en matière de main-d'œuvre des employeurs au Québec et que des assouplissements majeurs s'imposent. Même si nous sommes en période de pandémie, le Québec compte plus de 148 000 postes vacants, alors que seulement 8 800 travailleurs temporaires ont pu être embauchés en 2020, toujours hors du secteur agricole.
Aujourd'hui, nous voulons formuler cinq recommandations. Je vous les présenterai rapidement.
De récents changements au Programme de l'expérience québécoise, qui ouvre la voie à une demande de résidence permanente, obligent les immigrants à obtenir une expérience de travail de deux ans. Cela implique un renouvellement systématique des permis de travail et des études d'impact sur le marché du travail. Notre première recommandation est que la prolongation des permis de travail se fasse sur demande, sans démarches administratives supplémentaires et sans la nécessité d'effectuer une nouvelle étude.
Par ailleurs, les employeurs ayant recours au PTET sont presque toujours les mêmes. La grande majorité de ces derniers démontrent depuis longtemps qu'ils favorisent la main-d'œuvre locale et qu'ils traitent convenablement la main-d'œuvre immigrante. Notre deuxième recommandation est que l'on mette en œuvre un programme d'employeurs de confiance qui permettrait aux utilisateurs habituels et exemplaires d'être exemptés de l'obligation d'effectuer des études d'impact sur le marché du travail.
De plus, la liste des professions admissibles au traitement simplifié, qui est déterminée par le gouvernement du Québec, a connu une croissance rapide récemment. Elle est passée de 37 métiers reconnus en 2015 à 221 en 2020. Toutefois, nous constatons que ces changements ne sont pas à la hauteur des besoins au Québec. Il est donc indispensable d'élargir cette liste afin d'y inclure les professions semi-spécialisées et peu spécialisées pour lesquelles il y a une forte demande. Il s'agit de notre troisième recommandation. Ces emplois sont majoritairement dans le secteur manufacturier ou dans les services, et sont largement représentés parmi les 148 000 postes vacants au Québec dont je parlais plus tôt.
Il faut aussi savoir que le processus en lien avec l'étude d'impact sur le marché du travail s'accompagne d'autres obligations, dont celle de soumettre un plan de transition. Cette exigence peut paraître légitime quand on regarde l'esprit initial du programme, mais le réel plan de transition pour les employeurs québécois, c'est de pouvoir compter sur ces travailleurs à long terme. Cette obligation nous semble superflue, et elle doit être revue. C'est notre quatrième recommandation.
Enfin, nous croyons que le pourcentage maximal de travailleurs étrangers temporaires au sein d'une entreprise devrait être ramené à 20 % pour tous les employeurs, comme c'était le cas en 2015 et en 2016. Il s'agit de notre cinquième et dernière recommandation. Les problèmes occasionnés par la limite de 10 % sont largement connus. Vous en avez déjà entendu parler. Ce taux maximal de 10 % impose des contraintes indues aux employeurs et limite la croissance de plusieurs PME au Québec.
En tant que parlementaires, vous avez beaucoup de pain sur la planche. Or, si l'on garde en tête l'objectif d'arrimer les besoins de nos entreprises et notre volonté d'être une terre d'accueil, je suis convaincu qu'on pourra faire les changements nécessaires.
C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
Merci.
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Bonjour. Je vous remercie de donner à l'Association québécoise des avocats et avocates en droit de l'immigration, ou l'AQAADI, l'occasion de vous faire part de ses observations. Nous sommes sur le terrain et constatons que les entreprises ont plusieurs choses à reprocher au processus des EIMT. Je vais donc entrer dans le vif du sujet.
Nous sommes d'accord sur plusieurs observations présentées par M. Milliard.
Tout d'abord, la limite de 10 % en ce qui concerne le nombre de travailleurs étrangers temporaires qu'il est possible d'embaucher dans des postes à bas salaire ne tient pas compte des difficultés de recrutement. Je parle notamment des régions, là où j'exerce principalement. La pénurie de main-d'œuvre y est aussi criante pour les postes à haut salaire que pour les postes à bas salaire. Cette limite nuit aux entreprises, à leur développement et au maintien des postes. Les entreprises demandent que cette limite soit haussée, voire éliminée, au moins pour les trois prochaines années, étant donné la crise sans précédent qui sévit. Les entreprises se plaignent notamment du fait qu'elles ne peuvent signer de nouveaux contrats, parce qu'elles dépendent fortement de la main-d'œuvre étrangère pour pourvoir les postes à bas salaire.
Cela m'amène à mon prochain point, soit la limite de 10 % dans le cadre du processus simplifié du Québec.
Les lignes directrices concernant le calcul de la limite de 10 % sont jugées incohérentes par les praticiens et par les entreprises. Je vais vous donner un exemple. Un soudeur qui gagne 23 $ l'heure au Québec occupe un poste à bas salaire. Toutefois, dans le cadre du processus simplifié du Québec, on doit faire une EIMT pour un poste à haut salaire. Ces postes n'ont donc pas à être considérés dans le calcul de la limite de 10 %. On peut engager de cette façon un nombre illimité de travailleurs, puisque ces postes ne sont pas compris dans le calcul. Toutefois, Service Canada nous dit que, lors de l'embauche d'un travailleur à bas salaire, il faut tenir compte des travailleurs qui ont été approuvés dans le cadre d'une EIMT pour un poste à haut salaire, mais qui perçoivent actuellement un bas salaire. Cela crée une incohérence. Par conséquent, on dépasse largement la limite, alors qu'on n'est pas obligé de compter dans le calcul les travailleurs approuvés dans le cadre du processus simplifié.
Les entreprises et les praticiens demandent qu'on cesse d'inclure dans le calcul de la limite de 10 % les travailleurs étrangers temporaires qui occupent un poste à bas salaire dans le cadre du processus simplifié.
Par l'entremise du processus simplifié du Québec, le gouvernement reconnaît déjà qu'il y a une pénurie de main-d'œuvre pour plusieurs postes. Puisqu'on reconnaît cela, on devrait lever l'exigence de l'EIMT. Dans une telle situation, l'obligation d'effectuer une EIMT est superflue pour les employeurs. Elle engendre des coûts et des délais supplémentaires, alors que c'est maintenant que les employeurs ont besoin d'employés, et non dans un an. C'est en ce moment qu'il y a une pénurie. Ce processus devient un frein à l'embauche de travailleurs étrangers.
De plus, la durée d'emploi autorisée dans le cadre des EIMT est parfois aléatoire. Pour un même poste au sein d'une même compagnie, cette durée peut être de deux ans ou de trois ans. On est incapable de comprendre le raisonnement derrière la durée qui est autorisée. On peut faire la même EIMT pour le même poste et obtenir une durée d'emploi différente. Les employeurs demandent donc que la durée soit de trois ans pour tous les postes.
Par ailleurs, les temps de traitement ne tiennent pas compte des besoins actuels. Comme je l'ai mentionné, les besoins sont immédiats. Dans bien des cas, les employeurs doivent refuser des contrats tant et aussi longtemps qu'ils n'auront pas embauché de travailleurs. Or, le processus complet de l'EIMT pour les travailleurs étrangers se trouvant à l'étranger prend environ un an, sinon plus. Durant la pandémie, ce processus s'est parfois étiré jusqu'à 14 ou 15 mois. Ces temps de traitement ne tiennent pas compte des réalités actuelles découlant de la pénurie de main-d'œuvre.
Je veux également proposer la création d'un programme d'employeurs de confiance, comme M. Milliard l'a mentionné tout à l'heure...
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Pour ce qui est du programme dans son ensemble, comme je l'ai dit dans ma déclaration préliminaire, l'annonce que vient de faire le gouvernement à propos des 30 000 migrants peu qualifiés qui pourront obtenir la résidence permanente est un premier pas dans la bonne direction. Nous avons besoin d'un aussi grand nombre tous les ans. Toutefois, nous devons aussi être réalistes: l'histoire de notre pays est fondée sur des travailleurs acharnés qui sont venus ici et qui ont eu l'occasion de poursuivre leurs rêves. Est-ce qu'ils parlaient tous un anglais de niveau 4 à leur arrivée? Bien sûr que non. Dans nos familles, nous avons tous des histoires sur nos ancêtres ou nos parents qui sont venus s'installer au Canada, ou encore nous y sommes nous-mêmes venus. Je me demande combien de ces personnes auraient réussi un examen d'anglais de niveau 4. Un tout petit nombre, probablement.
Nous devons tenir compte de notre propre trame narrative en tant que Canadiens, et tous les programmes qui mènent à la citoyenneté doivent en tenir compte. Le programme des travailleurs étrangers temporaires, ou PTET, est en train de devenir une des principales portes d'accès du pays. Nous ne pouvons pas avoir un système qui accorde un statut préférentiel à, avouons-le, une élite au sein du marché du travail et laisser chaque année des milliers de personnes faire du surplace, dans certains cas pendant 20, 30, voire 40 ans, sans jamais avoir l'occasion de s'établir et de vraiment s'investir dans ce pays, puis contribuer à bâtir son avenir. Il faut commencer par là.
En ce qui a trait à l'EIMT, je crois que nous avons l'occasion d'inclure certains intervenants clés, comme les syndicats, afin de combler ces lacunes, comme on l'a fait dans d'autres économies industrialisées. Les TUAC ont des programmes de formation de premier plan. Je suis persuadé que beaucoup de nos membres aimeraient travailler dans certains secteurs qui dépendent de plus en plus de la main-d'œuvre migrante, mais les employeurs ne sont pas contraints de travailler avec nous. Dans bien des cas, les employeurs préfèrent sans aucun doute œuvrer dans le cadre du PTET actuel plutôt que de collaborer avec d'autres intervenants afin d'utiliser des sources de main-d'œuvre nationales pour doter ces postes.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
[Français]
Je veux remercier les témoins, Mme Gagné, M. Milliard, M. Johnstone et M. Gagnon. Nous leur sommes très reconnaissants d'être ici aujourd'hui dans le cadre de notre étude.
Monsieur Milliard et monsieur Gagnon, je veux d'abord vous remercier du travail acharné que vous accomplissez pour les 50 000 entreprises de la province du Québec qui comptent sur vous pendant une période très difficile pour elles. Vous avez répondu à ma première question. Je voulais vous demander ce qu'on pouvait faire concrètement pour améliorer le processus d'immigration au Canada.
Je vous remercie grandement des cinq recommandations que vous nous avez présentées pour améliorer le système. Je vous remercie aussi d'avoir parlé du manque de main-d'œuvre au Québec et du fait que 148 000 postes ne sont pas pourvus présentement. C'est important de le mentionner dans le rapport que nous allons publier sur les façons d'améliorer le système d'immigration. Les gens ne comprennent pas les effets actuels du manque de main-d'œuvre sur les entreprises au Québec.
Voici mes deux questions, monsieur Gagnon et monsieur Milliard. J'espère que vous pourrez nous répondre en quatre minutes et demie et nous donner des exemples.
Qu'est-ce que ce manque de main-d'œuvre, ce manque de travailleurs qualifiés ou semi-qualifiés, signifie pour les entrepreneurs et les entreprises au Québec? Pouvez-vous nous donner des exemples concrets des différents secteurs touchés?
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Je remercie le député de ses bons mots.
Avant la pandémie, le manque de main-d'œuvre était le principal problème au Québec. Je pense que ce l'était aussi au Canada. C'est une chose que le virus n'a pas changée, et cela demeure le sujet délicat dont personne ne veut parler en ce moment.
Le manque de main-d'œuvre va freiner le développement de plusieurs régions du Québec, parce que cela fait en sorte qu'on ne pourra pas utiliser tous les généreux programmes offerts par les gouvernements fédéral et provincial. On parle de transformation numérique, d'innovation et de capacité de faire plus de commerce en ligne et de commerce international pour combler l'écart entre notre productivité et celle d'autres pays.
C'est tout le tissu de la relance qui est mis à mal par ce manque de main-d'œuvre. On discute beaucoup avec le gouvernement du Québec en ce moment. Selon nous, les seuils d'immigration fixés au Québec ne sont pas les bons. Malheureusement, le gouvernement ne va pas dans la bonne direction.
Des annonces intéressantes ont été faites par le , mais les entrepreneurs sont un peu prisonniers du débat politique, ce qui n'est pas un facteur de succès pour la relance.
Je laisserais M. Gagnon poursuivre sur ce sujet, car il est notre expert en matière de main-d'œuvre.
Les enjeux liés à la main-d'œuvre sont évidemment très prenants, notamment dans les domaines de la santé et de l'éducation, qui sont de compétence provinciale. Actuellement, dans le milieu de la santé, pour 10 personnes partant à la retraite, seulement trois sont disponibles pour pourvoir ces postes. En cette année de pandémie, le vieillissement de la population se poursuit. Nous n'arriverons même pas à remplacer un employé sur deux qui part à la retraite. C'est assez phénoménal.
Cette situation se produit non seulement dans le secteur de l'éducation, mais aussi ailleurs, comme dans le secteur manufacturier. Là aussi, il y a de nombreux postes vacants. Ce sont des postes qui ne sont pas nécessairement considérés comme nécessitant des qualifications particulières ou des études supérieures. Par le fait même, ils présentent des obstacles supplémentaires, en ce qui a trait à l'immigration temporaire, pour ce qui est de pourvoir ces postes et d'attirer ces travailleurs.
Nous parlions d'élargir la liste des postes menant à un traitement simplifié, c'est-à-dire que les postes d'emploi sont exemptés de l'EIMT. Il est primordial que les entreprises manufacturières puissent avoir accès à cette main-d'œuvre. Cela devrait être l'une de vos priorités actuellement.
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Je vous remercie beaucoup.
J'aimerais maintenant aborder la question de la mobilité de la main-d’œuvre.
Nous avons entendu des représentants de plusieurs entreprises nous dire que, en raison des permis de travail fermés, ils ne pouvaient pas déplacer un employé d'une de leurs filiales à une autre. À cause de la pandémie de COVID-19, des entreprises ont cessé leurs activités et des travailleurs ont dû attendre avant d'obtenir un nouveau permis de travail. Nous avons observé cette situation dans le milieu agricole, mais aussi dans d'autres secteurs. Quand il manquait d'employés à un endroit, des employés d'ailleurs qui n'avaient plus d'emploi ne pouvaient pas aller y travailler.
Devrait-il y avoir plus de flexibilité relativement aux permis de travail? Par exemple, les permis de travail ne pourraient-ils pas être accordés par région, surtout si le taux de chômage y est faible, ou par corps de métier, surtout ceux qui sont très recherchés?
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Merci à tous les témoins pour leur exposé.
Monsieur Johnstone, je sais que les TUAC ont beaucoup travaillé avec le secteur des travailleurs migrants pour défendre leurs droits et remédier à nombre de préoccupations qui touchent ces travailleurs.
En ce qui a trait à l'obtention du statut d'immigrant, le gouvernement a déjà eu un programme qui permettait d'accueillir de nouveaux résidents permanents de tous les niveaux de compétence, soit élevé, moyen et faible, bref toute la gamme. On a toutefois mis fin à ce programme.
Croyez-vous que le Canada bénéficierait du rétablissement d'un tel programme, surtout pour remédier à sa dépendance actuelle à un nombre important de travailleurs étrangers temporaires?
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Tout à fait. Je crois qu'il est fondamental de remédier à nombre de préoccupations soulevées depuis le début de la conversation, mais aussi — puisque vous avez brièvement fait mention de notre travail, madame Kwan —, en tant que syndicat, nous mettons bien sûr l'accent sur l'aide aux travailleurs migrants, principalement dans le secteur agricole, pour qu'ils affirment leurs droits dans la mesure du possible. Dans le système actuel, un travailleur migrant est lié à un seul employeur. Celui-ci peut ou non être un employeur responsable. Le système compte de nombreux employeurs responsables, mais 30 ans d'expérience nous ont appris qu'il suffit d'ouvrir le
Globe and Mail ou toute autre publication grand public pour connaître les employeurs irresponsables. Un travailleur migrant peut soit encaisser ou retourner dans son pays d'origine, ce qui n'est pas toujours une option.
L'abondance d'agences de placement douteuses qui ont fait leurs choux gras du PTET est un sujet qui a bénéficié d'une grande couverture. Actuellement, nous avons des personnes qui viennent d'endroits comme le Honduras, le Guatemala et le Mexique, bien sûr, et qui paient jusqu'à 10 000 $ pour avoir l'occasion de cueillir des tomates au Canada. Ils se procurent ces fonds auprès d'usuriers, voire du crime organisé. Ils se les procurent là où ils le peuvent, puisqu'il s'agit pour eux d'une occasion transformatrice. Toutes sortes de personnes sans scrupules viennent tirer profit du désespoir de ces travailleurs, ce qui crée une population très vulnérable et précaire.
En vérité, la mobilité de la main-d'œuvre au sein du système contribue en partie à remédier à la situation, sans pour autant avoir un effet marquant. La seule façon de changer les choses est d'offrir un statut à ces personnes, que ces personnes deviennent des résidents permanents sur la voie de la citoyenneté canadienne. C'est la seule façon d'améliorer la vulnérabilité et la précarité dans ce secteur, sans quoi nous allons continuer d'entendre ces histoires à intervalles réguliers.
Mes collègues ici présents ont exprimé le souhait d'accroître le nombre maximal dans certains secteurs, mais le fait est que, d'expérience, nous savons que, lorsqu'un groupe de travailleurs très vulnérables constitue 20 %, 30 % ou 40 % de la main-d'œuvre, l'incidence sur les normes du travail dans ce secteur est inévitable. Quand on arrive au point où ces travailleurs vulnérables constituent de 60 à 70 % de la main-d'œuvre d'un secteur, comme c'est le cas dans le secteur agricole primaire, eh bien, devinez quoi? Vous vous retrouvez avec une main-d'œuvre ghettoïsée. Vous avez un secteur où aucun Canadien sain d'esprit ne voudrait travailler, où les normes de santé et de sécurité au travail n'ont rien à voir avec celles adoptées dans d'autres secteurs dangereux. Vous avez un secteur où la hausse du salaire minimum est la seule façon d'obtenir une augmentation salariale, et là encore, on voit de plus en plus de personnes forcées de travailler au noir, donc Dieu sait combien elles gagnent réellement.
C'est un sérieux problème. Je peux certes comprendre certains des intérêts commerciaux en jeu, mais je dirais à nos économistes du travail au téléphone que, si vous avez un groupe de travailleurs au chômage et un ensemble d'emplois à pourvoir, il y a manifestement une forme de distorsion au sein du marché du travail. Le PTET, qui représente des centaines de milliers de travailleurs au Canada, ne permet pas au marché de s'équilibrer, ce qui veut dire que la distorsion est là pour durer.
Pour les tenants de l'économie libérale parmi vous, je dirais que la façon d'améliorer ces emplois est de laisser le marché agir, mais cela ne pourra pas se faire tant que les différents secteurs dépendront de la main-d'œuvre migrante.
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J'aimerais d'abord affirmer que, à la création du Programme des travailleurs agricoles saisonniers en 1966, soit quelque dix ans avant l'année que vous avez citée, il y avait exactement 256 travailleurs étrangers temporaires au Canada. Maintenant, il y en a plus de 400 000.
Évidemment, la différence vient du fait que, pour la majeure partie de notre histoire, on pouvait venir au pays et y faire sa vie. À un moment donné, nous avons décidé que, dans le cas de compétences que certaines personnes jugent peu spécialisées, qu'il s'agisse de cueillir des tomates sur vigne, de débarrasser les tables dans un restaurant, de travailler comme cuisiner à la chaîne ou comme caissier... Il y a plus d'un millier de travailleurs étrangers temporaires au Canada qui occupent le poste de caissier, un autre millier qui sont coiffeurs. Des milliers d'autres sont bouchers dans des usines ou des commerces de détail. Ces emplois étaient autant de portes d'entrée au pays. Il y avait des emplois. Ces personnes sont donc venues au Canada. C'était le point de départ, puis nous avons éventuellement décidé que les travailleurs étrangers allaient occuper ces emplois et que nous n'allions pas leur donner l'occasion d'obtenir leur citoyenneté. Voilà ce qui a changé.
Pour répondre à votre question, ces personnes devraient tout à fait avoir l'occasion de devenir citoyens canadiens. Les trois quarts de notre histoire reposent sur ce principe. Le Canada est une nation d'immigrants, comme nous le savons tous. À un moment donné, nous avons décidé que... C'est intéressant. Ces emplois dont nous parlons sont les emplois en première ligne de la pandémie. Les médias et les politiciens qualifient ces travailleurs de héros. Mais quand vient le temps de laisser ces héros accéder à la citoyenneté canadienne, il n'en est pas question.
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Ces éléments sont fondamentaux.
Vous avez mentionné l'exploitation des travailleurs. J'ai déjà parlé de cette question. En plus de l'édification de la nation et de la croissance de notre PIB, la croissance de la population est essentielle à la lutte contre l'exploitation des travailleurs. Si le gouvernement fédéral se préoccupe ou a pour priorité de réduire l'exploitation abusive des travailleurs, qui est bien documentée et qui se produit dans de nombreux cas dans le cadre du Programme des travailleurs étrangers temporaires, l'immigration permanente doit être au cœur de cette démarche. Les programmes des candidats des provinces et du gouvernement fédéral offrent l'occasion de mettre l'accent sur l'immigration permanente.
Les TUAC ont été très heureux d'observer l'établissement d'un programme fédéral des candidats dans le secteur agroalimentaire. Nous avons appuyé cette annonce. Nous avons certainement plaidé en faveur d'un programme fédéral des candidats pendant de nombreuses années. Cependant, nous avons été déçus par le fait que ce qui aurait été pendant longtemps les normes d'immigration à respecter au Canada pour attirer des travailleurs hautement qualifiés a simplement été transposé aux migrants peu spécialisés. Il faut tenir compte de la réalité pratique, c'est-à-dire des difficultés linguistiques que rencontrent certains migrants très vaillants. Voilà une excellente occasion d'adopter une approche plus axée sur les intervenants afin de faciliter les démarches que ces personnes doivent entreprendre pour obtenir la résidence permanente.
Au Manitoba, dans le secteur de la viande, l'une de nos sections locales, la section 832 des TUAC, a longtemps travaillé pour le gouvernement provincial dans le cadre des programmes des candidats des provinces. Nous avons offert des cours de langue, et nous avons travaillé main dans la main avec les employeurs afin de nous assurer que les migrants avaient les compétences dont ils avaient besoin au fil du temps pour s'intégrer pleinement dans leurs collectivités.
Nous devons avoir cette conversation à l'échelle fédérale. Comme je l'ai dit au cours de ma déclaration préliminaire, il y a de 10 à 15 ans, nous disposions d'un forum qui a été éliminé. Il s'agissait du programme des conseils sectoriels du gouvernement fédéral. Au niveau fédéral, nous devons revenir à des approches sectorielles, qui réunissent les intervenants, les syndicats, les employeurs, la société civile et le gouvernement et qui nous permettent de travailler ensemble et de conjuguer nos efforts afin d'élaborer une politique qui va non seulement répondre aux besoins en matière de main-d'œuvre de nos secteurs clés, mais aussi donner aux gens, à tous les niveaux du marché du travail, une chance de se battre pour réaliser leurs rêves au Canada.
Cette conversation n'a pas lieu, et elle doit avoir lieu si nous voulons réformer sérieusement le programme afin de l'améliorer.
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Nous allons poursuivre notre étude du Programme des travailleurs étrangers temporaires.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à nos témoins. Je vous remercie de vous être joints à nous aujourd'hui.
Nous accueillons les représentants d'Olymel S.E.C., notamment Louis Banville, vice-président, Ressources humaines; et Isabelle Leblond, directrice corporative, Ressources humaines.
Nous recevons également une représentante de la Chambre de commerce du Canada, Leah Nord, directrice principale, Stratégies en matière d'effectifs et croissance inclusive.
Nous accueillons aussi des représentants de Restaurants Canada, notamment Lauren van den Berg, vice-présidente exécutive, Relations gouvernementales; et Olivier Bourbeau, vice-président, Fédéral et Québec.
Soyez tous les bienvenus. Tous les témoins disposeront de cinq minutes pour faire leur déclaration préliminaire.
Nous allons commencer par donner la parole à M. Banville, vice-président, Ressources humaines.
Veuillez prendre la parole, monsieur.
Je respecterai la limite des cinq minutes qui nous sont imparties et je les partagerai avec ma collègue Mme Leblond.
Dans un premier temps, Olymel remercie le Comité de lui permettre de vous faire part de ses préoccupations dans le contexte de la pénurie de main-d'œuvre actuelle et de contribuer à la réflexion du gouvernement.
Olymel est le premier producteur de porcs et le premier transformateur de viande au pays. Nous employons 15 000 travailleurs au Canada, qui sont répartis dans cinq provinces: le Québec, l'Ontario, le Nouveau-Brunswick, l'Alberta et la Saskatchewan. Nous sommes un joueur clé pour la vitalité et la prospérité de nos régions.
Au fil des ans, Olymel a continué d'améliorer toutes ses pratiques afin d'optimiser chacune de ses filières de recrutement. Malgré tous nos efforts locaux et à l'international, nous n'arrivons pas à compléter nos effectifs pour soutenir nos activités et notre croissance. Les répercussions de la pénurie de main-d'œuvre atteignent un niveau critique sans précédent et se font ressentir sur nos activités partout au Canada, mais principalement dans les provinces du Québec et du Nouveau-Brunswick.
Présentement, nous estimons à 27 % le taux de postes vacants en usine, ce qui représente plus de 3 700 postes. Ces postes sont nécessaires pour éviter la décroissance de notre entreprise, pour faire fonctionner nos usines au maximum de leur capacité, pour optimiser les investissements passés et pour mener à bien les prochains projets. Ces 3 700 postes créeraient une masse salariale supplémentaire de 200 millions de dollars et un investissement supplémentaire de 250 millions de dollars.
Je tiens à souligner que les travailleurs étrangers temporaires embauchés chez Olymel sont représentés par un syndicat. Ils ont un fonds de pension et des assurances. Ils ont les mêmes conditions de travail que tout employé canadien; ils ont droit au même traitement et à la même protection. Je veux aussi ajouter qu'Olymel conçoit les travailleurs étrangers dans une perspective à long terme et les accompagne financièrement et légalement en vue de l'obtention de leur résidence permanente.
Une des particularités majeures de notre secteur est que l'industrie est directement liée à l'agriculture primaire. La production animale est liée à nos abattoirs. Un ralentissement des activités de nos abattoirs a des conséquences majeures en amont sur la production. Nous sommes intimement liés. Il faut tenir compte de ce phénomène particulier en ce qui a trait à la capacité d'exploitation de nos établissements. Mme Leblond y reviendra plus tard.
Olymel est d'avis que l'immigration économique, qu'elle soit permanente ou temporaire, est l'une des solutions essentielles pour répondre à nos besoins de main-d'œuvre, surtout pour les postes en région ne requérant pas de qualifications particulières.
Actuellement, 600 nouveaux arrivants issus de l'immigration travaillent parmi nous. Près de 610 employés issus du Programme des travailleurs étrangers temporaires sont avec nous depuis 2018, et nous en attendons 600 autres au cours de la prochaine année.
Je cède maintenant la parole à ma collègue Mme Leblond.
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Bonjour. Je suis directrice corporative des ressources humaines chez Olymel. Je participe activement à tout ce qui concerne le recrutement.
Je vais parler principalement du Programme des travailleurs étrangers temporaires, ou PTET. Olymel estime que le PTET ne permet pas de répondre adéquatement à ses besoins actuels de main-d’œuvre en région. M. Banville vous a parlé tout à l'heure du nombre important de postes que nous souhaitons pourvoir.
Notre mémoire déposé hier comprend davantage de recommandations portant sur plusieurs enjeux, que je ne vais pas tous aborder. Je vais me concentrer aujourd'hui sur les deux plus grands, soit la limite fixée par le PTET quant à l'embauche de travailleurs étrangers temporaires et l'accession de ceux-ci à la résidence permanente.
Le PTET a établi arbitrairement à 10 % le pourcentage de travailleurs étrangers temporaires que nous pouvons embaucher, ce qui constitue un problème majeur pour nous. Nous avons formulé une recommandation portant sur cette limite. Puisque nos activités d'abattage représentent une continuité logique de l'agriculture primaire, comme M. Banville l'a souligné, nous souhaitons que soient exemptés de la limite les postes liés à l'agriculture primaire listés dans la Classification nationale des professions, comme les manœuvres à la transformation des aliments et les bouchers industriels.
Si notre recommandation à cet égard n'est pas retenue, nous proposons aussi de faire passer la limite à 30 %, laquelle s'appliquerait à l'ensemble de l'entreprise, non pas seulement au lieu de travail. Cela pourrait être une autre solution, mais nous préférons de loin la première recommandation que je vous ai soumise.
Pour ce qui est de la sélection permanente des travailleurs étrangers temporaires, Olymel salue les mesures adoptées par le gouvernement fédéral, qu'il s'agisse des programmes pilotes ou des mesures annoncées récemment pour permettre aux travailleurs étrangers temporaires effectuant un travail essentiel de présenter une demande de résidence permanente. Toutefois, la quasi-totalité de nos travailleurs étrangers temporaires ne peut actuellement pas participer à ces deux programmes à cause de l'accord Canada-Québec.
Le Québec a récemment mis sur pied un programme pilote lié aux transformations...
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Merci, madame la présidente, merci, mesdames et messieurs les vice-présidents et membres du Comité.
Je parle au nom de la Chambre de commerce du Canada, qui est le porte-parole des entreprises canadiennes. Nous représentons 200 000 entreprises des quatre coins du pays, tous secteurs et toutes tailles confondus, grâce à notre réseau qui comprend 450 chambres de commerce partout au pays, dont nos collègues de la FCCQ, que vous venez d'entendre.
J'aimerais les remercier, ainsi que les membres du groupe de témoins précédent et du groupe qui comparaît avec nous aujourd'hui. Je remercie aussi le Comité de m'avoir donné l'occasion de vous parler aujourd'hui du Programme des travailleurs étrangers temporaires et des Évaluations de l’impact sur le marché du travail (EIMT), en particulier.
Je commencerai par dire que l'immigration joue un rôle important dans la croissance inclusive et la diversité de la main-d'œuvre et des collectivités canadiennes. La Chambre de commerce du Canada fait la promotion de politiques et de programmes novateurs et efficaces en vue d'aider les nouveaux Canadiens à s'intégrer au marché du travail et à la collectivité.
Tout au long de la pandémie, nous avons constaté une hausse des taux de chômage, et on s'attend à ce que, dans un avenir immédiat, le taux d'emploi ne se stabilise pas ou ne revienne pas, du moins de façon permanente, aux niveaux qu'il atteignait avant la crise. Cependant, malgré ces changements observés sur le marché du travail, vous avez entendu la semaine dernière Statistique Canada vous dire, par exemple, que malgré les fluctuations du taux d'emploi au cours de la dernière année, le taux d'emplois vacants est resté, tout au long de la crise, au même niveau qu'avant la pandémie. Ainsi, l'immigration continuera de jouer un rôle important dans l'élimination des lacunes du marché du travail.
Bien que la Chambre de commerce du Canada ait formulé un certain nombre de recommandations visant à améliorer et à moderniser le Programme des travailleurs étrangers temporaires, nous continuons d'estimer que ce programme est un élément clé du système d'immigration. Nous soutenons également depuis longtemps les voies d'accès à la résidence permanente pour les détenteurs de permis temporaires.
En ce qui concerne les marchés du travail, alors que nous commençons à envisager la reprise économique du Canada après la pandémie, la Chambre de commerce du Canada croit que l'analyse du marché du travail jouera un rôle crucial pour une foule de raisons, y compris la planification des niveaux d'immigration, et nous pourrons en parler davantage pendant les séries de questions. Nous pourrions également appuyer la poursuite du transfert aux niveaux locaux des responsabilités en matière de sélection des immigrants et de prise de décision par l'intermédiaire des Programmes des candidats des provinces (PCP), du Programme d'immigration au Canada atlantique, de l'expansion des projets pilotes, y compris le Programme pilote d’immigration dans les communautés nordiques et rurales, et du Programme des candidats des municipalités qui a été promis. Nous avons besoin de solutions locales élaborées par les collectivités, au profit des collectivités, auxquelles le milieu des affaires participe fortement, afin de répondre efficacement aux besoins des collectivités en matière de main-d'œuvre.
Cela dit, je vais maintenant me pencher sur l'objet de l'examen du Comité. Avant la réunion d'aujourd'hui, nous avons interrogé un certain nombre de membres, et les commentaires que nous avons reçus comprennent les points suivants, qui, je le souligne, ne se limitent pas aux EIMT. Toutefois, je signale que des commentaires plus généraux seront nécessaires pour communiquer la totalité des fardeaux administratifs et financiers.
Tout d'abord, les délais de traitement des permis sont traditionnellement très longs. Vous en avez entendu de nombreux exemples de ces délais, qui ne tiennent pas compte des besoins, en particulier dans les secteurs qui sont de nature saisonnière.
Deuxièmement, le traitement des permis accroît la charge administrative et sa durée. Parmi les autres facteurs, citons la nécessité d'ouvrir un compte auprès du Guichet-emplois et d'afficher des postes vacants pendant une période d'un mois, puis les délais de traitement liés aux EIMT, etc.
De plus, les délais de traitement liés aux EIMT ont en fait diminué pendant la pandémie, mais de nombreux membres, en particulier dans le secteur agricole, ont déclaré qu'une communication plus préventive avec les intervenants est nécessaire pour faciliter la gestion du programme à la lumière de l'évolution des restrictions de voyage, des politiques frontalières, etc.
Nous avons également entendu dire qu'il faut que Service Canada agisse de façon plus cohérente. Par exemple, son personnel confond souvent les permis de travail agricoles et ceux du volet des postes à bas salaire.
Enfin, nos membres ont également constaté qu'un manque de communication et de compréhension entre les ministères — notamment entre EDSC et IRCC — entraîne des retards supplémentaires et des fardeaux administratifs.
Aujourd'hui, la Chambre de commerce du Canada a une principale recommandation à formuler, à savoir l'élaboration et la mise en œuvre d'un programme d'employeurs fiables. Pendant le temps qu'il me reste, je vais aborder autant de facteurs que possible.
Tout d'abord, un programme de ce genre simplifierait le processus de demande et réduit la charge administrative pour les gouvernements, les entreprises et les travailleurs. Les mêmes entreprises présentent souvent plusieurs fois la même demande. Le programme supprimerait la nécessité de réévaluer constamment la légitimité des demandes et permettrait au personnel de se concentrer sur les mérites de chaque cas et de chaque demande.
Deuxièmement, un certain nombre de nos membres, d'associations et d'organisations de partenaires commerciaux plaident en faveur de ce programme depuis plusieurs années. Le Royaume-Uni et l'Australie possèdent des programmes d'employeurs fiables fructueux qui sont mis en œuvre depuis plus d'une décennie. Il y a, en quelque sorte, un précédent au Canada dans le cadre du volet des talents mondiaux, qui ne nécessite pas d'EIMT.
Nous recommandons au gouvernement de commencer par mettre en oeuvre un modèle fondé sur un statut privilégié comme le modèle NEXUS, en envisageant au fil du temps d'évoluer vers un modèle d'accréditation plus général.
Les restaurants et les nombreuses petites et moyennes entreprises qui composent le secteur canadien des services alimentaires sont un pilier essentiel de notre culture, de notre économie et de nos collectivités locales. Avant que la pandémie ne frappe, notre industrie comptait plus de 98 000 établissements d'un océan à l'autre, servait environ 22 millions de clients chaque jour et contribuait à hauteur de 4 % au PIB du pays. Avant la crise actuelle, le secteur des services alimentaires était le quatrième employeur en importance au Canada, employant directement 1,2 million de personnes, en plus d'être la principale source de premiers emplois pour les jeunes Canadiens.
Notre secteur reflète également la diversité enviable du Canada. Les femmes représentent 58 % de la main-d'œuvre du secteur des services alimentaires, et 31 % des propriétaires, exploitants et employés de restaurants appartiennent à une minorité visible. La moitié de tous les restaurants canadiens sont dirigés par des entrepreneurs talentueux et infatigables qui sont arrivés ici comme immigrants. L'immigration était d'une importance vitale pour notre industrie avant que nous soyons touchés par la COVID-19. Cette crise a rendu le besoin de réformes d'autant plus crucial.
À l'approche de la pandémie, le secteur de la restauration avait déjà du mal à pourvoir plus de 60 000 postes vacants. Un Canadien sur cinq âgé de 15 à 24 ans est employé dans le secteur de la restauration, mais la participation des adolescents au marché du travail est malheureusement en baisse constante.
De par sa nature, le secteur de la restauration est très avide de main-d'œuvre. Il est plus difficile que jamais de trouver du personnel, et encore moins du personnel ayant les compétences et l'expérience voulues.
La crise de la COVID-19 a transformé une situation déjà difficile en une véritable crise de la main-d’œuvre pour notre industrie. Au cours des six premières semaines de la pandémie, le secteur de la restauration a perdu plus d'emplois que ce que l'ensemble de l'économie canadienne avait perdu pendant la récession de 2008-2009. Aucun autre secteur n'a subi un tel manque à gagner. Un emploi sur cinq perdu pendant le confinement initial, de mars à avril 2020, l'a été dans le secteur canadien de la restauration. Durant cette période, plus de 800 000 travailleurs du secteur des services alimentaires ont perdu leur emploi ou ont vu leurs heures de travail réduites à zéro.
Alors que toutes les autres industries ont récupéré en moyenne 90 % de leurs pertes d'emplois attribuables à la pandémie, le secteur de la restauration n'a toujours pas récupéré la moitié des emplois qu'il a perdus, ce qui représente 300 000 emplois en moins dans le secteur canadien de la restauration et environ 50 000 employés qui ne travaillent actuellement aucune heure.
D'ici à ce que les restaurants de l'ensemble du pays soient prêts à rouvrir et à reprendre leur personnel, bon nombre de ces travailleurs auront déjà trouvé un emploi ailleurs. Ce qui n'était au départ qu'une pénurie de 60 000 postes dans les restaurants avant la pandémie pourrait devenir une crise de la main-d'œuvre beaucoup plus importante pour notre industrie, mettant en péril la survie de nombreux restaurants.
[Français]
À cause des fermetures et des réouvertures dues à la COVID-19, nous perdons nos employés. Après la première vague, nos employés sont revenus travailler, mais, après la seconde, plusieurs avaient déjà pris la décision de trouver un nouvel emploi dans un autre domaine. Ce que nous constatons maintenant, avec la troisième vague, c'est qu'un nombre grandissant de travailleurs se tournent de manière permanente vers un autre domaine.
Notre industrie était déjà à la recherche de 60 000 travailleurs avant la COVID-19; il est facile d'imaginer le nombre de gens dont nous aurons besoin pour la prochaine réouverture.
[Traduction]
Sachant que la pyramide démographique viendra aggraver le problème de la pénurie de main-d'œuvre, nous cherchons des moyens d'attirer et de retenir des gens talentueux dans notre secteur. L'immigration est certainement un élément crucial. Elle comporte son lot de défis, mais elle en vaut la peine, d'autant plus que les immigrants viennent enrichir notre industrie grâce à leur culture culinaire.
Les pénuries de main-d'œuvre persistantes freinent les investissements et l'expansion. Même les entreprises existantes sont menacées si elles ne peuvent pas disposer d'un personnel suffisant. L'industrie de la restauration est l'un des plus grands employeurs du Canada, la plus grande source de premiers emplois pour les jeunes et une composante importante de chaque collectivité urbaine et rurale du pays.
C'est pourquoi nous proposons une stratégie nationale complète en matière de main-d'œuvre, qui prévoit un volet dédié aux services alimentaires dans le cadre du Programme des travailleurs étrangers temporaires. Nous vous en ferons parvenir un exemplaire après la séance.
Comme le temps presse, voici trois recommandations que vous devez retenir aujourd'hui.
Premièrement, il y a le processus accéléré d'établissement de liste pour des emplois précis, dont la priorité est fixée par les provinces, mais le Québec, par exemple, a commis l'erreur d'en retirer quatre postes qui sont importants pour notre industrie.
Deuxièmement, il faut réduire le fardeau administratif des propriétaires de petites entreprises qui dépendent le plus du programme en portant à deux ans la durée minimale des permis de travail des travailleurs étrangers temporaires, en réduisant les frais de 1 000 $ et en les redéfinissant comme des frais « par poste ».
Troisièmement, il faut veiller à ce que les candidats retenus prennent part à une sorte de processus accéléré en vue de l'approbation du statut d'immigrant.
Enfin, alors que le Canada poursuit sa transition...
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Je ne donne pas toujours raison au gouvernement, mais les nouvelles voies d'accès à la résidence permanente, annoncées récemment, seront certes utiles dans ce cas.
Comme tous nos invités d'aujourd'hui l'ont souligné, un des éléments manquants, c'est une stratégie propre à chaque secteur ou, de façon générale, une stratégie en matière de main-d'œuvre. On parle de 20 000 demandes d'embauche de travailleurs étrangers temporaires dans le secteur des soins de santé. Il s'agit là du nouveau programme de résidence permanente. S'ajoutent à cela 30 000 demandes d'embauche de travailleurs temporaires dans d'autres professions essentielles et 40 000 demandes d'étudiants étrangers.
Je vois ce chiffre de 90 000 et, pourtant, monsieur Bourbeau, vous avez dit dans votre exposé qu'il vous manque 50 000 à 60 000 travailleurs en ce moment même. Si nous envisageons d'accueillir environ 400 000 immigrants par année, ce qui est l'objectif du gouvernement, vous ne serez pas contre l'idée d'augmenter le pourcentage. Il me semble que ce volet représente peut-être moins de 25 % des nouveaux arrivants.
Voilà ma première question pour Restaurants Canada.
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Madame Leblond, vous avez été interrompue, vous aussi, ou vous n'avez pas eu le temps de terminer votre déclaration.
Nous avons reçu des représentants d'Aliments et boissons Canada. Je ne sais pas si vous faites partie de cette association, mais vous avez certainement beaucoup de points en commun.
Ils ont parlé d'une pénurie actuelle de 30 000 travailleurs, et ce chiffre passera à 65 000 d'ici 2025. Bien entendu, vous avez évoqué la pénurie de travailleurs dans votre propre secteur. Je suppose que vous seriez sans doute en faveur de toute forme de voie d'accès à la résidence permanente, à condition qu'elle cible un plus grand pourcentage de travailleurs ayant des compétences de base, de premier échelon, ou peu importe comment vous les appelez.
Comme les témoins du dernier groupe l'ont fait remarquer à juste titre, peu de gens qui sont arrivés au Canada remplissaient l'exigence linguistique de niveau 4. C'est en travaillant dans nos usines et nos restaurants qu'ils ont l'occasion d'apprendre la langue. Cela présente tout un tas d'avantages.
Bien sûr, il y a aussi des gens qui viennent ici et qui travaillent au salaire minimum. Vous pouvez donc miser sur tout un niveau d'expertise, et vous pouvez former les gens au fil du temps.
Qu'en pensez-vous?
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C'est absolument ce qu'il faut. Je l'ai d'ailleurs dit dans notre déclaration préliminaire.
Nous avons trois séries de recommandations pour l'immigration en général. L'une d'entre elles concerne le transfert du processus de sélection des immigrants vers les provinces et, plus important encore, vers les collectivités.
En ce qui a trait aux projets pilotes d'immigration dans les régions rurales et nordiques — il y en a 11 dans l'ensemble du pays —, les processus de demande sont vraiment innovateurs et intéressants, car c'est un groupe de gens d'affaires — par l'entremise d'une chambre de commerce ou d'un organisme de développement économique — qui dirige la demande. Cela garantit donc, encore une fois, la participation du milieu des affaires. L'intégration au marché du travail est l'un des éléments les plus importants, car c'est ce qui assure la réussite de nos immigrants, sans l'ombre d'un doute.
Voici un autre point à retenir, et c'est crucial pour l'avenir: l'évaluation du marché du travail. Ce n'est pas un sujet très sensationnaliste ou très médiatisé, mais nous devons savoir ce qui est nécessaire, tant par secteur que par collectivité. Voilà pourquoi le transfert des responsabilités est essentiel.
Merci.
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Bien sûr. Je serai ravie d'intervenir. Je vous remercie de la question.
Selon moi, l'un des défis vraiment intéressants auxquels fait face l'industrie de la restauration et des services alimentaires — non seulement durant la crise apocalyptique actuelle, mais surtout avant, et espérons que le tout sera suivi d'un retour en force durant la relance —, c'est l'écart entre les villes métropolitaines multiculturelles et les régions rurales. L'écart se manifeste au chapitre de la main-d'œuvre et des pénuries de main-d'œuvre.
Ce que nous espérons, lorsque nous parlons d'un volet dédié aux services alimentaires, par exemple, dans le cadre du Programme des travailleurs étrangers temporaires, c'est une formule, un programme ou une initiative qui tient compte de ces différences. Peu importe si un restaurant est situé dans une collectivité rurale, une petite ville ou un centre-ville financier, il a toujours besoin du même profil de travailleurs qualifiés, dévoués et passionnés, que ce soit en avant-plan ou en arrière-plan, pour pouvoir ouvrir ses portes.
Comme M. Bourbeau l'a souligné dans sa déclaration préliminaire, nous étions aux prises avec une pénurie de main-d'œuvre assez dévastatrice avant la crise de la COVID-19. À l'heure actuelle, de nombreux établissements partout au pays ont fermé leurs portes, et beaucoup d'exploitants peinent à survivre, à joindre les deux bouts et à payer les frais courants. Nous voyons enfin la lumière au bout du tunnel dans lequel nous nous trouvons encore, mais n'oublions pas la pénurie de main-d'œuvre imminente qui était déjà là avant la crise.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je remercie tous les témoins de leur présence. Encore une fois, nous avons devant nous un groupe de témoins assez diversifiés. Cela nous permet de bien comprendre les différents défis liés à la main-d'œuvre qu'on connaissait avant la crise et qu'on connaît encore aujourd'hui, pendant la crise.
J'aimerais saisir la balle au bond et revenir sur ce que M. Sidhu a mentionné, au début de son intervention. Il a parlé des réalités propres à chaque région et à chaque type d'emplois.
J'aimerais vous entendre parler de certaines mesures qui ont été mises en place uniformément par le gouvernement. Je pense notamment au fait que, pour les services de restauration et le commerce au détail, lorsque le taux de chômage d'une région est de plus de 6 %, on ne traite plus aucune demande d'EIMT. Présentement, le taux de chômage est de plus de 6 % partout au Canada, alors j'aimerais vous entendre parler de cette réalité.
Qu'est-ce que cela implique pour vous? Malgré le taux de chômage élevé, y a-t-il quand même une pénurie de main-d'œuvre dans vos secteurs?
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Je vous remercie beaucoup.
Au sujet des EIMT, il y a une chose que nous avons entendue souvent. On a donné l'exemple des soudeurs, mais cela s'applique à plusieurs métiers. Quand une entreprise manque de soudeurs dans une région donnée, elle doit présenter une demande d'EIMT. On peut alors s'attendre à ce que l'entreprise située juste à côté ait le même problème et doive elle aussi présenter une demande d'EIMT. Finalement, toutes les entreprises du même secteur doivent présenter une demande d'EIMT, même si l'on sait qu'il manque de travailleurs qualifiés pour certains types d'emplois.
Devrions-nous envisager de lever la condition des EIMT pour un plus grand nombre de métiers, ou même de faire des EIMT par région? Cela n'est peut-être pas le cas en période de pandémie, mais il arrive parfois que le taux de chômage soit très bas, ce qui nous indique d'emblée qu'il y a une pénurie de main-d’œuvre partout.
Devrions-nous avoir plus de flexibilité quant à la nécessité des EIMT?
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Je vous remercie de la question.
On parle souvent du taux de chômage et du nombre de personnes qui cherchent un emploi dans une région donnée. Une personne a soulevé ceci tantôt et je pense qu'il s'agit d'un élément fondamental à prendre en compte: pour qu'il y ait pénurie de main-d’œuvre, il n'est pas nécessaire que le problème soit généralisé, c'est-à-dire qu'il touche simultanément tous les secteurs dans toutes les régions. Je vais vous en donner deux exemples, qui concernent deux régions éloignées l'une de l'autre.
Nous exploitons une importante usine à Red Deer, en Alberta, qui compte 1 700 employés. En 2004, alors que l'industrie pétrolière était en plein essor, notre usine avait recours au Programme des travailleurs étrangers temporaires. Aujourd'hui, la même usine reçoit des curriculum vitæ et des demandes d'emploi en abondance. Elle n'a donc pas besoin de travailleurs étrangers temporaires. Les travailleurs locaux suffisent à combler la demande et nous en sommes très heureux.
Au Québec, en 2004, les travailleurs venaient à nous. Il n'y avait pas de pénurie de main-d’œuvre. Aujourd'hui, nous avons déjà 500 travailleurs, sauf erreur, et il nous en faudra bientôt 600 autres.
Il y aura toujours des Canadiens à la recherche d'un emploi. Or, les réalités quant aux besoins de main-d’œuvre sont différentes d'une région à l'autre. Il faut tenir compte du secteur, je pense ici à mes collègues de la restauration, du type d'emplois, ainsi que des régions. Nous voulons recourir intelligemment au Programme des travailleurs étrangers temporaires. Ce dernier n'est pas une panacée; il ne peut pas s'appliquer partout, en même temps et de la même façon. Il y a des différences régionales. Quand nous le pouvons, nous sommes bien contents d'accueillir comme employés des Canadiens qui demeurent à Red Deer.
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Je vous remercie beaucoup, madame la présidente.
Quand il est question de l'industrie de la restauration, je pourrais écrire un livre sur le sujet. J'y ai œuvré pendant 30 ans, jusqu'à tout récemment. J'étais directeur des ventes pour un entrepreneur qui exploitait des centaines d'établissements, et nous avons toujours éprouvé des problèmes de main-d’œuvre.
Quand nous ouvrions de nouveaux établissements dans le Nord de l'Ontario, nous faisons venir des employés du centre-ville de Toronto et les logions à l'hôtel. Ce problème existe encore aujourd'hui.
Ce matin, j'ai reçu un appel d'un franchisé de McDonald's de ma circonscription de Markham—Unionville. Cet homme, qui possède sept restaurants entre Richmond Hill et Markham, m'a demandé si je pouvais faire savoir au gouvernement qu'il a oublié l'industrie de la restauration. Il y a dans cette industrie des serveurs et des caissiers qui devraient être visés par l'annonce faite la semaine dernière.
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Je trouve l'idée de Mme Nord vraiment intéressante.
Pour nous, l'élément fondamental est l'augmentation du pourcentage, car nos besoins sont grands. Cependant, pour ajuster le tout, nous sommes favorables à ce qu'il y ait un équilibre régional, c'est-à-dire que le pourcentage soit ajusté en fonction d'une étude faisant étant des variations d'une région à l'autre. À certains endroits, le recours aux travailleurs étrangers temporaires n'est pas nécessaire, parce qu'il est possible d'embaucher des Canadiens. Je donnais l'exemple de l'Alberta plus tôt. Dans d'autres régions, comme au Nouveau-Brunswick et au Québec, c'est très difficile pour nous.
À mon avis, 20 %, c'est un taux minimum. Si nous voulons le gérer de façon intelligente et respectueuse des Canadiens qui cherchent un emploi, ajustons-le en fonction des différentes situations liées à la main-d'œuvre partout au Canada.