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Je tiens à souhaiter à tous la bienvenue à la 22
e séance du Comité permanent de la condition féminine de la Chambre des communes.
Je déclare la séance ouverte. La réunion d'aujourd'hui se déroulera de façon hybride, conformément à l'ordre de la Chambre adopté le 25 janvier 2021. Les règles sont les mêmes qu'à l'habitude.
Je rappelle aux députés qu'ils doivent adresser leurs observations à la présidence. L'interprétation fonctionnera essentiellement comme dans toutes les réunions de notre comité. Lorsque vous vous exprimez, veuillez parler lentement et clairement pour les interprètes, et si vous ne parlez pas, votre micro doit être en sourdine.
Je souhaite la bienvenue à nos témoins aujourd'hui.
Bienvenue à l'honorable Harjit Sajjan, ministre de la Défense nationale, qui est accompagné de Mme Jody Thomas, sous-ministre, et du lieutenant-général Wayne Eyre, chef d'état-major par intérim, Défense. Nous recevons également la contre-amirale Geneviève Bernatchez, juge-avocate générale des Forces armées canadiennes, et Mme Denise Preston, directrice exécutive du Centre d'intervention sur l'inconduite sexuelle.
Chacun d'entre vous aura du temps pour présenter sa déclaration liminaire. Je présume que le ministre passera en premier, pour cinq minutes.
Puis, nous passerons à nos séries de questions.
Allez-y, monsieur le ministre.
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Merci, madame la présidente, et mesdames et messieurs les membres du Comité permanent de la condition féminine. Merci de me donner la possibilité de m'adresser à vous aujourd'hui.
L'inconduite sexuelle demeure un grave problème au sein de nos forces armées, et les récentes allégations formulées contre de hauts dirigeants militaires sont très préoccupantes. Il y a des points sur lesquels j'espère que tous les députés du Comité s'entendent. L'inconduite sexuelle, la violence sexuelle, les agressions et le harcèlement sont inacceptables. Ils sont inacceptables au sein de la société canadienne. Ils sont inacceptables au Parlement du Canada. Ils sont résolument inacceptables dans les Forces armées canadiennes et au ministère de la Défense nationale.
J'attends avec impatience les recommandations du Comité pour voir ce que nous pouvons faire de plus. Je crois qu'il est important que le Comité entende le témoignage d'experts comme la contre-amirale, Rebecca Patterson, Mme Denise Preston, Mme Maya Eichler et le brigadier général Andrew Atherson, toutes des personnes qui pourraient fournir leur propre expertise pour aider le Comité à formuler de solides recommandations concrètes.
L'inconduite sexuelle, le harcèlement et toute forme de comportement inapproprié sont inacceptables. Appelons ces choses par leur nom: il s'agit d'abus de pouvoir. Ces gestes vont à l'encontre de nos valeurs canadiennes et nuisent à l'efficacité opérationnelle des Forces canadiennes. Nous voulons prévenir de tels comportements. Nous voulons être là pour les survivants et leurs réseaux de soutien. Nous voulons garantir que les gens qui dénoncent des incidents d'inconduite sexuelle ou de harcèlement se sentent en sécurité et soutenus et qu'ils aient la certitude qu'ils seront entendus.
Éliminer toute forme d'inconduite et d'abus de pouvoir et créer un milieu de travail sécuritaire pour l'ensemble du personnel de l'Équipe de la Défense a toujours été une grande priorité pour moi à titre de ministre de la Défense nationale. De récents reportages dans les médias montrent cependant que de nombreux membres des Forces armées canadiennes ne sentent toujours pas qu'ils peuvent porter plainte en toute sécurité. Nous savons que nous devons en faire davantage pour garantir que tous les membres des Forces armées canadiennes se sentent en sécurité lorsqu'ils portent plainte et que nous serons là pour les soutenir lorsqu'ils le font.
Nous sommes résolus à faire la lumière sur toutes les allégations, sans égard au rang ou au poste occupé par les personnes visées, ainsi qu'à offrir le meilleur soutien possible aux personnes affectées. C'est pourquoi nous poursuivons notre mission visant à éliminer toutes formes d'inconduite sexuelle dans nos rangs. C'est pourquoi nous allons de l'avant en adoptant une structure indépendante pour examiner toutes les allégations, comme je l'ai souligné plus tôt ce mois-ci. Nous avons aussi mis en place une vaste gamme de services pour soutenir les personnes touchées, de même que plusieurs processus de signalement des incidents.
J'aimerais maintenant vous parler de certaines de ces ressources.
Nous offrons tant à nos militaires qu'à nos employés civils des services comme le Programme d'aide aux employés ou le Programme d'aide aux membres, lesquels permettent aux membres de l'Équipe de la Défense touchés et à leur famille d'accéder 24 heures sur 24 et sept jours sur sept à du counseling professionnel à court terme. Le Centre d'intervention sur l'inconduite sexuelle est aussi une ressource clé pour les personnes touchées par l'inconduite sexuelle au sein de notre organisation. Ce centre est indépendant de la chaîne de commandement militaire et relève directement de la sous-ministre de la Défense nationale. Bien que son mandat principal consiste à servir les membres des Forces armées canadiennes, le CIIS offre en tout temps des services de soutien et de counseling à toute personne qui communique avec lui.
Mme Preston et son équipe aident le personnel à explorer les divers services de soutien qui s'offrent à eux, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'organisation. Ils peuvent aiguiller les gens vers des mécanismes efficaces pour signaler les incidents d'inconduite sexuelle, dont une équipe de liaison formée d'un officier de liaison de la Police militaire ou OLPM, d'un conseiller militaire spécial et d'un officier de liaison militaire.
Les gens qui œuvrent au CIIS sont dévoués à leur travail. Ce sont des experts dans leur domaine qui peuvent aussi renseigner les gens sur la façon de déposer une plainte ou sur le processus d'enquête. Ils peuvent aider la personne à faire un signalement si elle le souhaite. Le CIIS peut aussi confier à un conseiller en particulier la tâche d'appuyer les militaires au cours du processus, c'est-à-dire les défendre, les accompagner à leurs rendez-vous et contribuer à la mise en œuvre de mesures d'adaptation en milieu de travail.
Par ailleurs, l'équipe du Centre collabore également avec les militaires touchés pour concevoir de nouveaux programmes et mettre au point une stratégie nationale axée sur le soutien des survivants. Le CIIS offre des recommandations et des conseils spécialisés essentiels qui façonnent les politiques et les programmes visant l'inconduite sexuelle dans les FAC. Et il nous montre aussi comment nous pouvons nous y prendre pour évaluer son efficacité et préparer un rapport à cet égard.
Outre le CIIS, les militaires peuvent également se tourner vers les Services d'aumônerie, les Centres de ressources pour les familles des militaires, le Programme d'aide aux employés, la Ligne d'information pour les familles ou un membre de la chaîne de commandement afin qu'ils puissent obtenir l'aide dont ils ont besoin.
Ces ressources sont indispensables pour soutenir les personnes touchées par l'inconduite sexuelle. Celles-ci ne constituent toutefois qu'un seul élément des efforts généraux que nous déployons afin de créer un milieu de travail sécuritaire et inclusif pour tous les membres de l'Équipe de la Défense. Nous nous efforçons d'éliminer la masculinité toxique qui fait partie intégrante de la culture militaire, laquelle nous empêche d'aller de l'avant. Ces traditions archaïques et toxiques qui valorisent la rudesse et l'agression, plutôt que l'intelligence émotionnelle et la coopération, et tout autre aspect de notre culture qui contribue à l'intimidation, au harcèlement et à d'autres comportements inacceptables.
Cerner et éliminer ces dynamiques culturelles nuisibles font partie intégrante de la stratégie La voie vers la dignité et le respect, laquelle est axée sur le changement de culture et a pour but de prévenir et de contrer l'inconduite sexuelle dans les forces militaires. L'inconduite sexuelle ne doit jamais être minimisée, laissée de côté ou excusée. Nous devons la prévenir tout simplement. Et nous devons atténuer les risques et les menaces qu'elle pose pour les gens, leur santé et leur bien-être. Nous devons franchir cette étape importante pour faire de notre institution une organisation plus progressiste, plus accueillante et plus inclusive.
Parallèlement, nous demeurons résolus à recruter, à maintenir en poste et à promouvoir un plus grand nombre de femmes dans nos rangs. Les femmes sont à leur place à tous les échelons de notre organisation, et je suis fier du leadership illustré, tant au sein de notre institution que lors de nos opérations. Nous savons que le fait de réunir autour de la table une diversité de voix nous permet d'accroître notre agilité et notre efficacité.
Nous savons que nous devons continuer d'aller de l'avant. Nous avons encore beaucoup de chemin à faire. Nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers, car les Forces armées canadiennes doivent toujours évoluer au même rythme que la société canadienne. Nous devons prévenir toute forme d'inconduite. Pour ce faire, nous n'avons nul autre choix que d'apporter un changement de culture véritable, ce qui se traduit par une augmentation de la diversité dans les rôles de direction. En 2015, les Forces armées canadiennes comptaient six femmes occupant des postes d'officiers généraux, et à l'heure actuelle, elles en comptent 14, dont une qui deviendra bientôt la première femme à exercer les fonctions de vice-chef d'état-major de la défense. Établir une voie pour que les femmes puissent accéder à la direction est l'une de mes priorités absolues, ce qui produira un changement permanent qui se perpétue au-delà de tout gouvernement et ministre.
Madame la présidente, nous prenons de véritables mesures concrètes et importantes de sorte à éliminer l'inconduite sexuelle à tous les niveaux de notre organisation. Cependant, nos efforts ne s'arrêtent pas là. Nous devons en faire plus, et c'est ce que nous ferons. Les liens de confiance ont été rompus, et il nous reste encore beaucoup de travail à accomplir pour les retisser. Ainsi, nous tâchons désormais de ne ménager aucun effort pour prévenir et éliminer l'inconduite sexuelle au sein des Forces armées canadiennes. Nous éliminerons la culture de masculinité toxique qui existe toujours. Nous veillerons à ce que les personnes ayant vécu une situation d'inconduite se sentent soutenues et en sécurité lorsqu'elles signalent de tels comportements. Et nous nous assurerons que les Forces armées canadiennes sont plus inclusives et accueillantes et qu'elles reflètent et représentent davantage la population canadienne que nous protégeons au quotidien.
Nous savons que nous devons prendre des mesures audacieuses pour offrir à tous les membres de l'Équipe de la Défense un milieu de travail sécuritaire et respectueux. Un milieu dans lequel la dignité et le respect de tous constituent la norme pour chaque personne. Et un milieu qui préserve les aspects positifs de la culture des Forces canadiennes telles que nous la connaissons aujourd'hui: des forces souples, dévouées et professionnelles qui sont prêtes à porter leur aide à tout moment, au pays comme à l'étranger.
Madame la présidente, je vous remercie de votre temps, et je serai heureux de répondre à vos questions.
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Bonjour, monsieur le ministre. Merci de votre présence au Comité.
En 2019, notre comité a présenté le rapport suivant à la Chambre des communes: « Les forces porteuses de changement: pour une culture égalitaire envers les femmes dans les Forces armées canadiennes. »
Un certain nombre de recommandations ont été fournies au gouvernement dans le cadre du rapport sur la marche à suivre pour réagir à la culture [Difficultés techniques] sexuelle, et sur des mesures qui pourraient être mises en œuvre pour aider à éliminer la discrimination, la violence et le harcèlement, y compris le harcèlement sexuel au sein des FAC.
Les recommandations 2 et 3 avaient précisément trait à une formation obligatoire complète sur le harcèlement sexuel et la sensibilisation.
J'ai trois questions, et je vais les décomposer.
Quelle est la formation actuelle offerte aux militaires des Forces armées canadiennes? Est-elle uniforme entre les secteurs et les chaînes de commandement? Allez-vous examiner les lacunes actuelles ou les changements nécessaires pour la rendre plus efficace?
Merci.
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Merci, monsieur le ministre.
Madame la présidente, la formation sur l'inconduite sexuelle est offerte chaque année pour tous les militaires des Forces armées canadiennes, mais à mon avis, une fois par année, ce n'est pas suffisant, et on doit pouvoir rappeler constamment à nos militaires ce qui est bien.
En ce qui concerne les lacunes dans cette formation, comme je trouve mes repères rapidement dans cet emploi, certaines des lacunes deviennent apparentes, comme celles qui concernent la dynamique des pouvoirs et la compréhension de l'utilisation et de l'abus de pouvoir dans une hiérarchie comme la nôtre.
Par rapport à certaines des autres formations qui existent, la formation à l'intention des témoins en fait partie, tout comme la formation sur le respect dans les FAC, mais je peux vous donner une liste beaucoup plus détaillée si je vous reviens là-dessus.
Merci.
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J'aimerais m'assurer d'une chose, parce qu'une partie de ce que vous avez dit m'a échappé: la question concernait-elle les services qui ont été mis en place depuis 2019 pour mieux soutenir les militaires?
La première chose, c'est que, en août 2019, nous avons ajouté le Programme de coordination de l'intervention et du soutien, le programme dont le ministre a parlé dans sa déclaration liminaire. Il consiste à fournir un point de contact unique pour les militaires et à soutenir les militaires dès le moment de la première divulgation jusqu'au moment où ils estiment qu'ils n'ont plus besoin de ce type de soutien.
Nous avons un nombre assez élevé de militaires qui participent à ce programme en ce moment. À l'heure actuelle, nous l'offrons depuis un lieu centralisé, mais nous cherchons actuellement à l'élargir pour établir des sites régionaux dans tout le pays. Cela répondrait beaucoup plus aux besoins des militaires.
Un autre service que nous avons aussi mis en place en 2019 était un programme de contribution, dans le cadre duquel nous fournissons des fonds à neuf différents centres d'aide aux victimes d'agression sexuelle dans le pays afin de les soutenir et d'appuyer les services qu'ils offrent dans la communauté élargie des FAC. Cela reconnaît que, même si de nombreux militaires préféreraient recevoir des services au sein de l'armée et connaissent bien les problèmes et les contextes militaires, il y a aussi des militaires qui préféreraient recevoir ces services complètement à l'extérieur [Difficultés techniques].
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Nous sommes tous très préoccupés par la question des inconduites sexuelles. Il faut savoir que ces inconduites sont des comportements inacceptables, dans l'armée comme ailleurs dans la société.
J'aimerais revenir en arrière. Il y a quelque temps, la journaliste Noémi Mercier a publié un article à ce sujet. Une enquête avait révélé ceci:
Cette culture est hostile aux femmes et aux [personnes] LGBTQ et propice aux incidents graves que sont le harcèlement sexuel et l'agression sexuelle. Un changement culturel s'impose donc. Il ne suffit pas de revoir les politiques ou de répéter le mantra de la « tolérance zéro ». Les dirigeants doivent reconnaître que l'inconduite sexuelle est un problème grave et bien réel pour les [Forces armées canadiennes] [...]
C'est ce qu'on pouvait lire dans le rapport de l'ancienne juge Deschamps, publié en 2015.
Cela a amené, en 2019, le Comité permanent de la condition féminine à se pencher sur ce problème.
Monsieur le ministre, lorsque vous êtes arrivé en poste, n'y avait-il pas des signaux indiquant qu'il fallait porter attention à cette culture toxique au sein de l'armée?
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Madame la présidente, c'est une des questions les plus importantes auxquelles nous devons tous répondre.
Pour moi, un vrai changement culturel c'est, tout d'abord, quand chaque membre — tous les Canadiens, peu importe leur sexe, la couleur de leur peau ou leur orientation sexuelle — peut se joindre aux Forces armées canadiennes, servir fièrement son pays et, fait encore plus important, réaliser son vrai potentiel et ne pas être freiné d'aucune façon. Au final, il ne s'agit pas de la personne qui s'est jointe aux forces. Il s'agit de l'institution elle-même. Peu importe les dons qu'apporte la personne, les Forces armées canadiennes seront beaucoup plus efficaces sur le plan opérationnel par rapport à ceux-ci.
C'est ce que nous devons faire pour atteindre ce changement. Nous avons travaillé vigoureusement pour savoir comment nous rendre jusque là. La sensibilisation doit être faite aux échelons les plus bas. Quand quelqu'un se joint à l'armée, il s'agit de s'assurer que, du moment de l'instruction de base jusqu'au moment de se joindre à l'unité, elle bénéficie de cet environnement inclusif, et quand quelque chose se passe, elle a un endroit où aller, pour pouvoir être entendue sans représailles. C'est ce pour quoi nous devons continuellement travailler, mais nous savons qu'il reste beaucoup de pain sur la planche.
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Madame la présidente, aucun politicien ne devrait intervenir dans une enquête.
Dans les directives de l'ombudsman elles-mêmes, l'ombudsman peut aller voir — et on le dit clairement — la juge-avocate générale, le SNEFC ou la police militaire. Il peut s'adresser au grand prévôt. L'ancien ombudsman ne s'est pas prévalu de ces options et il est venu directement me voir. Dans les directives, on ne dit pas « allez voir le ministre de la Défense nationale ».
Quand on dit que, lorsqu'il s'agit d'allégations, l'ombudsman est indépendant de la chaîne de commandement, c'est exactement ce que cela veut dire.
Quand il est venu me voir, je lui ai conseillé directement de s'adresser à ces organismes. Fait encore plus important, nous avons fait le suivi auprès de l'organisme indépendant, auprès du Conseil privé, immédiatement, et il a fait un suivi le lendemain. L'ombudsman n'a pas fourni l'information.
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J'essaie de comprendre ce que vous essayez de dire au sujet de votre responsabilité. Ce qui me préoccupe, c'est que nous tentons d'apporter un changement culturel. Vous continuez de le mentionner. Vous parlez aussi beaucoup de processus, de la façon dont vous dépendez d'un processus. Vous ne voulez pas clarifier cette responsabilité, vous vous contentez de parler de processus.
Un changement de culture survient lorsque nous pouvons transcender le processus, lorsque nous reconnaissons l'existence d'une responsabilité. Il a fallu trois ans avant que le général Vance ne soit suspendu. Pour moi, cela en dit long sur l'abdication de la responsabilité.
Dans le cadre de ce processus, croyez-vous que vous auriez pu percevoir les choses un peu différemment? Vos réponses montrent constamment que vous refusez d'admettre la réalité, que vous ne prenez pas les mesures voulues pour créer un changement de culture. Plus vous continuez de créer de la confusion au sujet de la responsabilité — plus vous continuez d'esquiver la responsabilité d'une façon ou d'une autre —, rien ne va changer. Si la directive ne vient pas d'en haut, si vous ne pouvez pas juste agir de façon noble, rien ne va changer.
Si vous continuez de répéter les mêmes points — j'ai juste l'impression que vous refusez toujours de l'avouer — comment vous attendez-vous à changer la culture? Ne faites-vous pas en sorte qu'il est plus difficile pour vous-même de prendre des mesures concrètes? Vous continuez de défendre le fait que vous n'avez pas agi. La réalité, c'est qu'il a fallu trois ans avant la suspension du général Vance.
J'aimerais entendre ce que vous avez à dire en tant que personne authentique qui se soucie réellement des femmes et de cette culture de masculinité toxique et qui veut apporter ce changement. J'aimerais vous entendre parler avec votre cœur de la façon dont vous pourriez agir différemment à partir de maintenant. J'aimerais que vous nous montriez une certaine conviction authentique qu'il y aura un changement. Je ne suis pas convaincue. Parler de processus toute la journée... rien ne va arriver tant que nous, en tant que personnes et dirigeants et vous, en tant que ministre de la Défense nationale, ne prendrons pas réellement une mesure qui transcende le processus.
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Madame la présidente, j'aimerais juste parler de ce point. C'est un point important.
D'abord, au sujet du changement de culture, je suis tout à fait du même avis. Je ne veux pas que qui que ce soit termine sa déclaration et pense que je ne crois pas au changement de culture. C'est quelque chose qui est extrêmement important à mes yeux. Je suis désolé mais, en tant que ministres et politiciens, nous ne sommes pas tout-puissants, et nous ne devrions jamais l'être. Aucun politicien ne devrait avoir le pouvoir de lancer une enquête, parce qu'il pourrait aussi mettre fin à une autre. Je peux fournir d'innombrables exemples pour dire pourquoi c'est un tort.
Quand je parle de processus, ce n'est pas pour faire dévier la conversation. Il s'agit de rendre justice à une personne qui dénonce. Aimeriez-vous être la personne qui dénonce et, qui, lorsque l'allégation est soumise à un réel processus judiciaire, n'obtient pas le résultat équitable souhaité? C'est ce qui est en jeu ici: un résultat équitable pour la personne...
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Nous nous sommes tous engagés à changer la culture. Je crois que votre comité pourrait formuler de merveilleuses recommandations, mais il faut aussi examiner quels changements doivent être apportés.
Ce qu'il faut faire, ce n'est pas simplement consulter un rapport, lire une recommandation, l'accepter, puis penser que tout est réglé. Par exemple, je pourrais faire une longue liste de toutes sortes de choses, mais je prends toujours en considération les résultats que cela donne sur le terrain.
Quand une personne s'enrôle, est-elle dans un environnement sécuritaire pendant l'instruction de base? Disons qu'un problème survient, par exemple concernant une conversation religieuse, une question de genre ou les droits des personnes LGBTQ ou quoi que ce soit d'autre, nous devons agir immédiatement, conformément à la Loi sur l'équité en matière d'emploi.
Est-ce que nous avons les groupes d'action appropriés, et leur structure de gouvernance est-elle correcte? C'est ce genre de choses que le comité indépendant sur le racisme systémique, les préjugés sexistes et les droits des personnes LGBTQ étudie présentement: il cherche à établir quels sont les problèmes en étudiant rigoureusement la situation dans les Forces armées canadiennes et en déterminant quels changements doivent être apportés.
Nous devons établir une voie beaucoup plus large. Nous avons commencé. Je vous ai déjà donné des statistiques, même si ce ne sont pas les mesures que nous voulons utiliser pour nous évaluer, actuellement. Malgré tout, il faut admettre que nous avons fait des progrès, même si je n'appellerais pas cela une réussite. Nous sommes passés de 6 à 14 officiers généraux, et c'est important, mais cette voie — quand on examine ce qu'il y a de sous-jacent et quand on établit cette voie élargie —, on ne peut jamais l'arrêter.
En ce qui concerne la représentation des femmes, pourquoi les pourcentages précédents étaient-ils loin d'être encourageants? Si c'était 15 % de femmes dans le passé, pourquoi n'avions-nous pas 15 % de femmes avant? L'un de mes objectifs a été d'appliquer immédiatement ces changements, pour faire en sorte que si une personne avait une plainte, elle pouvait la présenter sans crainte de représailles.
Quand j'approuve la nomination d'un officier général, je ne me soucie pas de leur capacité de commander; j'ai déjà confiance en leur capacité. Ce que je me demande, c'est si ces personnes peuvent assumer un rôle de chef et changer la culture. Dans le cas contraire, ce n'est pas une bonne idée de leur donner une promotion, mais si tel est le cas, alors nous voulons leur donner des ressources suffisantes pour le faire.
Nous voulons aussi nous assurer qu'il y a des femmes parmi les officiers supérieurs qui participent à la discussion, pour que tout le monde soit représenté adéquatement. Ce n'est pas le critère par excellence, mais nous pouvons ainsi nous assurer que nous avons les bonnes personnes pour mettre en place les bonnes structures. Nous devons examiner comment les enquêtes indépendantes sont menées. Nous devons évaluer si nous avons les bonnes ressources en place, pour soutenir les gens.
Il y a une question que j'aimerais poser à la juge-avocate générale: si une personne a fait quelque chose dans le passé, est-il acceptable qu'elle s'enrôle dans les Forces armées canadiennes? Si une personne fait quelque chose alors qu'elle fait partie des Forces armées canadiennes, pourquoi ne pouvons-nous pas l'en expulser plus tôt? Nous devons passer par tout le processus judiciaire de freins et contrepoids, et la décision ne me revient pas, au bout du compte. C'est la loi.
Nous devons respecter la loi, et s'il y a des changements à apporter, nous devons suivre le processus parlementaire pour modifier ces lois et apporter les changements appropriés. Au bout du compte, nous tous — y compris votre comité, et je suis impatient de lire vos recommandations — devons pouvoir évaluer toutes les retombées de chaque recommandation, pour voir toute l'incidence qu'elles peuvent avoir.
Trop souvent dans le passé, nous avons procédé à des changements, mais sans obtenir les résultats voulus. Quand je suis devenu ministre, la dernière chose que je voulais, c'est faire ce genre de discours. Je voulais mettre l'accent sur les mesures elles-mêmes et sur les changements que nous apportions.
Nous avons réalisé des progrès, et nous en sommes fiers, mais il reste évidemment beaucoup de chemin à parcourir. Je suis très déçu du fait que nous n'ayons pas pu continuer. J'aurais voulu pouvoir tout faire disparaître d'un coup de baguette magique, mais ce n'est pas réaliste. Malgré tout, je n'ai pas baissé les bras avant, quand je servais pour aider les gens, et je ne vais pas baisser les bras maintenant.
Je suis déterminé à aider les Forces armées canadiennes et à veiller à ce que nous créions un environnement inclusif, parce qu'il y a des gens au Canada présentement qui veulent servir leur pays, et ces gens ont droit de servir dans un environnement sans harcèlement pour réaliser leur plein potentiel. Nous n'arrêterons pas tant que nous n'aurons pas atteint ce but, peu importe le temps que cela va prendre.
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Madame la présidente, je n'ai pas préparé de déclaration proprement dite, mais je vais faire quelques commentaires.
Premièrement, je vous remercie de m'avoir invité à témoigner devant le Comité.
D'entrée de jeu, je peux dire que la situation actuelle nous a ébranlés, et je crois que les forces armées ont atteint un point d'inflexion, et nous devons saisir cette occasion afin de nous améliorer et afin que les forces armées soient un endroit meilleur, pour servir tous les Canadiens et toutes les Canadiennes.
Nous ne prétendons pas avoir toutes les réponses. Ce n'est certainement pas mon cas, mais nous sommes restés très ouverts aux idées proposées par les gens sur le terrain, par des experts de l'extérieur. Parallèlement, nous devons nous assurer de soutenir les victimes, les encourager à parler, à raconter ce qu'elles ont vécu et à déposer des plaintes, peu importe ce qui s'est passé.
Nous sommes en train d'élaborer, rapidement, un plan pour la suite des choses, un plan fondé sur les commentaires des experts et des gens sur le terrain, et c'est ce que nous essayons d'accomplir ici. Nous sommes ici pour écouter, mais aussi pour apprendre de vous.
Merci.
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Nous devons comprendre pourquoi les approches précédentes n'ont pas fonctionné, en tirer des leçons et intégrer ce que nous avons appris dans nos plans pour la suite des choses.
Pour la suite des choses, je crois que nous allons suivre deux volets. Le premier volet consistera à accepter et à soutenir pleinement tout examen externe de notre organisation et à réaliser que nous n'avons pas toutes les réponses. Ensuite, nous examinerons et accepterons toutes les recommandations formulées, y compris, si nécessaire, une chaîne de signalement indépendante, afin que tous nos militaires aient confiance — ou aient à nouveau confiance — dans le fait que leurs allégations seront prises au sérieux.
Ensuite — et c'est peut-être le plus urgent —, il y a des mesures que nous devons prendre à l'interne. J'ai dit qu'il fallait écouter et apprendre. Une priorité immédiate est de s'assurer qu'il y a de l'aide pour les victimes. Nous devons respecter le processus établi pour les enquêtes en cours.
Pour ce qui est de l'opération Honour en particulier, je crois — c'est ce que j'ai entendu beaucoup de personnes dire — que l'opération a peut-être atteint son point culminant et qu'il est temps de retenir ce qui a fonctionné, de tirer des leçons de ce qui n'a pas fonctionné et d'aller de l'avant avec un plan pour des changements délibérés, un plan délibéré qui fait participer non seulement les membres des Forces armées canadiennes, mais aussi nos collègues de la fonction publique.
Il faut que nos organisations internes soient en harmonie, parce que présentement, nous avons des vases clos qui se penchent sur ce problème, alors peut-être qu'il faudrait un meilleur alignement entre les diverses organisations.
Nous devons continuer de mettre en œuvre les dispositions du projet de loi , puis du projet de loi , et, parallèlement, de mettre en place les démarches réparatrices prévues dans le règlement définitif.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
C'est un plaisir de poursuivre la discussion. J'espère que ma connexion sera meilleure qu'au cours de la première heure et je présente toutes mes excuses à tous les membres du Comité et aux témoins.
Monsieur Eyre et madame Allen, c'est vraiment un honneur pour moi de vous accueillir aujourd'hui. J'aimerais faire quelques remarques avant de vous poser ma question.
Les chiffres sont effarants: 4,3 % des femmes de la Force régulière et 7 % des femmes réservistes ont déclaré avoir été agressées sexuellement dans leur milieu de travail militaire. On parle de 1,1 % à 1,2 % pour les hommes. Il est aussi question de la prévalence accrue d'agressions sexuelles dans le milieu de travail militaire au sein de certains groupes de femmes en particulier: les femmes autochtones, les femmes appartenant à une minorité visible, les femmes de rang subalterne et autres. De plus, 28 % des femmes membres de la Force régulière et 34 % des femmes réservistes ont subi des comportements sexualisés ou discriminatoires, comparativement à 13 % des hommes.
Je mentionne ces données parce que j'assiste dernièrement à différentes rencontres des Nations unies qui indiquent sans équivoque que la question de la violence est directement liée à la notion d'équité et d'égalité entre les hommes et les femmes. Pour que plus de femmes se sentent à leur place dans l'armée, succèdent à Mme Allen et occupent des postes élevés au sein de cette institution, l'importance est de leur donner confiance.
J'aimerais entendre vos commentaires à ce sujet avant que je poursuive mes questions.
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C'est une question très importante, parce que quand nous choisissons une personne pour un poste de chef, nous voulons avant tout faire en sorte que la personne et l'institution aient tout ce dont elles ont besoin pour réussir. Il faut que la personne ait les compétences, les attributs et l'expérience nécessaires pour réussir dans ce rôle.
Je peux vous dire que, d'après ce que j'ai vu dans mon ancien rôle de commandant de l'armée, qu'il y a un nombre sans précédent de femmes qui commandent des unités d'armes de combat. C'est très inhabituel, mais ces femmes ont été choisies non pas en raison de leur sexe, mais à cause de leurs compétences. Partout dans le monde aujourd'hui, un certain nombre de missions sont commandées par ces cheffes, qui font du travail exceptionnel.
L'un de nos problèmes tient à notre système. Si nous voulons un officier général avec 25 ou 30 ans d'expérience, alors nous devons attendre 25 ou 30 ans. Nous avons actuellement une excellente cuvée dans le système, à l'échelon des lieutenants-colonels et des commandants. Ces personnes vont avoir l'expérience opérationnelle, les compétences et la crédibilité pour vraiment diriger l'institution, mais cela va prendre du temps.
Entretemps, tout officier général qui est nommé l'est sur ma recommandation, et il faut que je sois absolument convaincu que cette personne a les compétences, les attributs et l'expérience nécessaires pour réussir.
Merci.
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Madame la présidente, c'est une autre excellente question.
À mon avis, l'un des rôles fondamentaux d'un chef, peu importe à quel échelon, est de comprendre les circonstances personnelles de chacun de ses subalternes, de les traiter comme des personnes, de répondre à leurs besoins, de les soutenir et de leur donner ce qu'il leur faut pour s'épanouir dans l'organisation. Il faut que ce genre d'attitude soit présente à tous les échelons, de haut en bas.
Tout au long de notre histoire, nous avons trop souvent vu des cas où des chefs, pour une raison ou pour une autre, ont adopté une approche d'exclusion en refusant d'inclure tout le monde dans l'équipe. Cela doit absolument changer, parce que notre réussite dépend du travail d'équipe. À mesure que le visage du Canada change, le visage de nos équipes doit changer également. Si nous ne pouvons pas accepter de travailler en équipe de cette façon, nos futures opérations ne pourront pas réussir.
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Je vous remercie, madame la présidente.
[Traduction]
Général Eyre et générale Allen, je vous remercie de votre service et aussi de vos idées et de vos commentaires réfléchis à propos de ce que nous devons faire maintenant.
Voici ce que je veux savoir, général Eyre, et je pose aussi la question à la générale Allen: nous voulons mettre l'accent sur les victimes, sur les survivantes et sur la suite des choses. Vous n'êtes en poste que depuis quelques semaines, et vous avez mentionné plus tôt que certaines personnes vont vouloir tourner la page au lieu d'entreprendre des procédures judiciaires, et que tout cela suppose des difficultés. Vous avez dit que vous vouliez en apprendre davantage.
Notre comité peut-il vous aider en vous faisant des recommandations sur des façons de recueillir ce genre d'information? Pouvez-vous vous expliquer un peu plus?
J'aimerais aussi connaître l'opinion de la générale Allen, en ce qui concerne la façon dont vous pourriez écouter davantage les membres des Forces armées canadiennes qui veulent tourner la page.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je remercie encore une fois le lieutenant-général Eyre et la lieutenante-générale Allen d'être parmi nous aujourd'hui.
Oui, monsieur Eyre, je parlais bien du projet de loi . Je sais que vous vous penchez sur le harcèlement en milieu de travail et sur le projet de loi , qui modifie la Loi sur la défense nationale et apporte des modifications connexes. D'après ce que je comprends, un travail va se faire une fois que ces projets de loi auront été mis en œuvre. Si vous voulez ajouter quelque chose, vous pourrez le faire.
Quand je parlais d'un groupe externe de révision, je faisais allusion à l'une des recommandations du rapport de Marie Deschamps, qui date déjà de 2015 et qui recommandait la création d'un organe indépendant chargé de recevoir les signalements d'inconduite sexuelle dans les Forces armées canadiennes.
Selon un article paru le 9 mars 2021 dans le Globe and Mail, le gouvernement du Canada envisageait de créer un organe indépendant afin de pouvoir enquêter sur les allégations d'inconduite sexuelle, de racisme et de discrimination. On a parlé de cas actuels d'inconduite sexuelle qui touchaient diverses communautés, notamment autochtones et LGBTQ+, ainsi que les femmes racisées.
À l'heure actuelle, quelle structure permet de recevoir les signalements d'inconduite sexuelle et quels sont les liens hiérarchiques entre cette structure et les Forces armées canadiennes?
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Madame la présidente, cela est un problème vraiment troublant.
J'ai eu le privilège de servir avec la lieutenante-colonelle Taylor, et j'ai parlé avec elle au cours des derniers jours. C'est une officière incroyable. Je l'ai vu en combat à Kandahar, commandant une unité de plus de 100 ou 120 soldats, probablement dans l'un des endroits les plus dangereux de l'Afghanistan.
Nos échanges étaient empreints de respect mutuel, mais je lui ai dit que je respectais sa décision et que je la soutenais. C'est le message qu'il faut transmettre à quiconque se trouve dans ce genre de situation. Tout le monde a une balance interne, qui fait qu'ils décident s'ils peuvent changer la situation de l'extérieur ou de l'intérieur. Le message que je transmets du haut vers le bas de la chaîne de commandement aux gens qui atteignent ce point de rupture — ou même qui s'en approchent — est d'en parler. Il faut que nous parlions des éléments les plus importants que nous pouvons changer afin d'améliorer notre institution.
Pour ce qui est d'un processus officiel, nous n'en sommes pas encore rendus là. Je ne suis pas vraiment sûr que cela soit nécessaire, en plus d'avoir ce genre de discussions franches.
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Merci, madame la présidente.
Je suis d'accord avec le CEMD pour dire qu'il y a effectivement une structure hiérarchique dans laquelle un membre au bas de la hiérarchie doit écouter les directives d'un officier supérieur et y obéir. Mais comme le CEMD l'a dit, il faut tenir compte du contexte.
Lorsqu'il s'agit de mener des activités et des opérations qui sont en cours, ce type de structure est évidemment crucial pour exécuter des opérations militaires de façon sécuritaire et efficace. Cependant, il faut qu'il y ait une façon pour les gens qui sont préoccupés par ce qu'on leur demande de faire ou par les activités qu'on leur demande d'exécuter de pouvoir faire part de leurs préoccupations à la chaîne de commandement.
Encore une fois, il faut trouver un équilibre entre ce qui est nécessaire pour l'exécution immédiate et efficace des opérations et ce qu'il faut pour donner aux gens la possibilité de réfléchir à la meilleure façon de procéder et d'obtenir des conseils à ce sujet. C'est un peu marcher sur un fil. Malgré tout, je crois que nous pouvons créer un environnement où le besoin de suivre directement les règles et les ordres et la possibilité de poser des questions et de proposer des solutions de rechange, peuvent coexister dans les Forces canadiennes.
Merci, madame la présidente.
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Merci beaucoup. J'ai déjà siégé au Comité au début de ma carrière parlementaire, alors je suis contente de pouvoir y remplacer quelqu'un. Le Comité peut faire du bon travail en formulant des recommandations.
Je tiens à saluer et à féliciter nos deux témoins d'aujourd'hui. C'est la première fois que le général Eyre comparaît devant le Comité en tant que chef d'état-major de la défense par intérim. Je félicite aussi la générale Allen d'être la première femme à être nommée vice-chef d'état-major de la défense. Vous avez tous deux eu des carrières incroyables. Vous êtes incroyablement qualifiés, et vous méritez bien tout cela. Générale Allen, je me suis penchée sur votre parcours professionnel, et j'ai constaté que vous avez servi votre pays de façon très noble. Je suis très heureuse de pouvoir vous accueillir tous les deux au Comité.
Ma question s'adresse à vous deux, et je vous demanderais à tous les deux de répondre. Dans les discussions, et quand nous écoutons les survivants et survivantes, nous entendons souvent que les politiques et les processus qui sont mis en place le sont dans la meilleure des intentions. Nous avons mis en place un certain nombre de politiques et de processus depuis 2015, mais ils ont parfois des conséquences inattendues, et c'est pour cela que nous devons constamment les améliorer et les examiner.
J'ai relevé, général Eyre, que vous avez mentionné le devoir de signaler. Nous avons tous de la difficulté avec le concept de témoin et l'obligation des témoins. Je sais que le fait de faire fi du consentement d'une personne, de lui enlever son autonomie et son pouvoir quant à la façon dont elle veut procéder ou quant à sa décision de demander ou non une enquête... Beaucoup de gens doivent d'abord passer par ce processus. Ces personnes commencent par des séances de counselling et de soutien par les pairs, elles discutent de leurs options, puis, lorsqu'elles se sentent à l'aise, elles vont peut-être décider de déposer une plainte formelle et de demander une enquête. Ce n'est pas tout le monde qui décide, dès le départ, de dire « Je veux déposer une plainte formelle ».
Quels sont les processus en place pour donner aux survivants et aux survivantes et aux personnes concernées — autant les hommes et les femmes que les personnes non binaires — la possibilité de déterminer par eux-mêmes ce dont elles ont besoin et la façon dont elles veulent procéder? Comment pouvons-nous protéger leur autonomie et leur pouvoir quant à l'issue recherchée? Si vous pouviez tous les deux répondre, ce serait très utile.