Bienvenue à la quatrième séance du Comité permanent de la condition féminine de la Chambre des communes.
La séance d'aujourd'hui se déroule de façon hybride, conformément à l'ordre de la Chambre du 23 septembre 2020. Les délibérations seront affichées au site Web de la Chambre des communes. La webdiffusion montrera toujours la personne qui parle et non l'ensemble du Comité.
Pour ce qui est de la liste des intervenants, la greffière et moi-même ferons de notre mieux pour que tous les députés, qu'ils comparaissent virtuellement ou en personne, puissent prendre la parole dans l'ordre d'une liste tenue bien à jour.
Je demanderai également aux membres du Comité de se joindre aux réunions 15 minutes avant le début des séances pour que les techniciens puissent vérifier le son et que nous commencions toujours à l'heure.
Aujourd'hui, notre étude porte sur les répercussions qu'a la pandémie de la COVID-19 sur les femmes.
Pour nos nouveaux témoins, je vous demanderai d'attendre que je vous donne la parole avant d'intervenir. Dès que vous êtes prêts à parler, cliquez sur l'icône de microphone pour activer votre micro. Toutes les interventions doivent s'adresser à la présidence. Dans le cadre de cette vidéoconférence, les services d'interprétation ressembleront beaucoup à ceux des réunions ordinaires des comités. Au bas de votre écran, vous avez le choix entre « anglais », « français » ou « parquet ». En écoutant le « parquet » vous entendrez tout ce qui se dit. Quand vous parlez, parlez lentement et clairement pour que les interprètes puissent faire leur travail. Lorsque vous ne parlez pas, veuillez mettre votre micro en sourdine.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins, qui vont ouvrir leur discussion avec une déclaration préliminaire de cinq minutes.
Nous accueillons aujourd'hui Ruby Dhillon, fondatrice, présidente et présidente du conseil d'administration de Pink Attitude Evolution, et Jaspreet Sandhu, productrice déléguée et agente de l'Étude de recherche nationale.
[Français]
Nous recevons aussi, du Réseau FADOQ, Mme Tassé-Goodman, qui en est la présidente, et M. Poirier-Monette.
[Traduction]
Nous allons commencer par Pink Attitude Evolution.
À vous la parole, madame Dhillon.
Merci, madame la présidente, messieurs les vice-présidents et membres du Comité. Je suis heureuse d'être ici aujourd'hui.
Je m'appelle Ruby Dhillon. Je suis la fondatrice et présidente de l'organisme Pink Attitude Evolution. Je suis accompagnée aujourd'hui de Jaspreet Sandhu, notre directrice et productrice exécutive.
Pink Attitude Evolution est un organisme sans but lucratif basé au Canada qui a pour mandat d'habiliter les femmes sud-asiatiques à réaliser leur plein potentiel dans des entreprises qu'elles elles ont choisi de lancer. Pour les soutenir efficacement au moment le plus crucial de leur vie et pour garder le contact tout au long de leur cheminement, nous avons créé quatre groupes de clientes: les étudiantes du secondaire, les étudiantes de niveau postsecondaire, des cadres gestionnaires de niveau intermédiaire et enfin, des femmes en transition professionnelle, soit qui arrivent ou retournent sur le marché du travail ou qui se lancent dans une nouvelle carrière.
Nous offrons des programmes annuels, nous soutenons des initiatives et nous établissons des partenariats afin de soutenir efficacement nos groupes en offrant du mentorat et des bourses d'études.
Nous vous remercions pour cette occasion de vous faire part de nos observations préliminaires sur notre plus récente initiative menée en partenariat avec l'organisme CultureIQ: une étude nationale visant à comprendre comment libérer le véritable potentiel des femmes sud-asiatiques sur le marché du travail et pour quelles raisons ce groupe est crucial pour l'avenir économique du Canada.
Dans l'ensemble, nos recherches préliminaires indiquent que le visage de la main-d'œuvre canadienne change rapidement. Les femmes d'Asie du Sud feront partie intégrante de son avenir.
Nous le savons en observant la démographie, ou plus précisément le taux de croissance naturelle. La population canadienne se dirige vers un taux de natalité net nul d'ici à 2034. De plus, comme les taux de remplacement des retraités faiblissent, le marché du travail national rétrécit beaucoup.
Notre observation de la population de l'Asie du Sud indique le contraire de tout cela. Elle ne cesse de croître, et nous représentons maintenant le plus grand groupe de minorités visibles au Canada. La population féminine d'Asie du Sud, tout particulièrement, s'accroît continuellement d'une année à l'autre, tandis que la population féminine n'appartenant pas à une minorité visible est demeurée essentiellement stable.
Cette croissance est encore renforcée par l'immigration, particulièrement celle des étudiants de l'étranger. Nous savons que le Canada a l'un des taux les plus élevés d'étudiants étrangers venant d'Asie du Sud. À la fin de 2019, il comptait plus de 200 000 étudiants venant de l'Inde seulement.
Soulignons que la grande majorité des étudiantes resteront au Canada pour travailler et obtiendront la résidence permanente. Inutile de dire que l'on constate une forte présence d'Asiatiques du Sud sur le marché du travail.
Outre les changements démographiques, les femmes d'Asie du Sud font partie des groupes minoritaires les plus qualifiés au Canada, ce qui montre clairement qu'elles sont essentielles pour stimuler la croissance de la population globale et celle de l'économie nationale.
Cependant, il est inquiétant de constater que nous subirons de graves conséquences si nous continuons à ignorer ces statistiques et à ne pas éliminer les obstacles qui nous empêchent d'utiliser cette main-d'œuvre hautement qualifiée et inexploitée.
Je vais maintenant céder la parole à ma collègue, Jaspreet Sandhu, qui vous donnera plus de détails sur nos constatations et sur les résultats positifs.
À l'heure actuelle, la COVID-19 nuit de façon disproportionnée aux femmes sud-asiatiques, car elle a haussé les taux de sous-emploi et de chômage. Alors que l'économie continue d'être durement touchée, le taux de chômage a grimpé à 11,3 % en juillet 2020. Toutefois, ce taux de chômage national dissimule des variations importantes entre les différents groupes démographiques.
Soulignons que l'on trouve le taux de chômage le plus élevé, soit de 20,4 %, chez les femmes d'Asie du Sud. Nous ne savons pas pourquoi les femmes sud-asiatiques sont touchées de façon disproportionnée.
N'oublions pas non plus qu'avant la pandémie de la COVID-19, le taux de chômage chez les femmes sud-asiatiques était également élevé. Le recensement de 2016 a révélé que leur taux de chômage était de 11,14 %. Soulignons que ces chiffres sont disproportionnés par rapport aux taux de chômage des autres groupes de femmes. Nous ne nous attendions pas à découvrir des taux si alarmants. Lorsque nous en chercherons les causes, nous risquons de sauter à certaines conclusions.
Nos constatations préliminaires nous donnent des résultats très confus. Nous avons remarqué que les femmes d'Asie du Sud se trouvent dans la fleur de l'âge et sont très instruites, surtout par rapport à celles d'autres minorités visibles et non visibles. Ainsi, les femmes d'Asie du Sud sont 10 ans plus jeunes que leurs collègues, dont l'âge moyen est de 33 ans. De plus, 37 % des femmes d'Asie du Sud détiennent un diplôme universitaire. Ce pourcentage est plus élevé que ceux de tous les autres groupes de femmes, qu'il s'agisse de minorités visibles ou non visibles.
D'après ce que nous disent les membres de notre réseau de partenaires, pendant la COVID-19, les femmes sud-asiatiques acceptent tout le travail qu'elles peuvent obtenir; elles subissent des mises à pied possiblement discriminatoires; le nombre des femmes sans abri augmente, tout comme celui des cas de violence familiale; bon nombre d'entre elles abandonnent leur carrière pour assumer les tâches familiales.
Pour s'attaquer aux répercussions de la COVID, aux taux d'emploi disproportionnés et aux changements démographiques, l'organisme Pink Attitude Evolution se concentre sur la collecte de données plus détaillées en menant son étude nationale afin de présenter des recommandations ciblées et suggérer des mesures efficaces. Quand cette étude sera terminée, Pink Attitude Evolution lancera une campagne nationale de sensibilisation pour inciter les femmes, les employeurs, les éducateurs et d'autres organismes sans but lucratif de l'Asie du Sud à suivre ses recommandations afin d'apporter des modifications positives à ces taux d'emploi.
Notre objectif est simple. Nous créerons des programmes et des initiatives tangibles pour améliorer le taux d'emploi des femmes sud-asiatiques.
Notre appel à l'action au gouvernement du Canada peut se résumer en trois simples requêtes. Premièrement, nous aimerions que le partenariat du gouvernement du Canada appuie notre étude. Deuxièmement, nous nous attendons à des changements de politiques qui favorisent particulièrement les femmes d'Asie du Sud au lieu de programmes très généraux destinés à toutes les femmes. Troisièmement, nous voudrions que les plans de rétablissement de la COVID-19 tiennent compte de la situation des femmes d'Asie du Sud, car il s'agit d'un groupe de femmes puissantes bien préparées qui combleront aisément les lacunes du marché économique canadien.
Merci de m'avoir consacré de votre temps.
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Madame la présidente, je vous remercie.
Mesdames et messieurs les parlementaires, je me nomme Gisèle Tassé-Goodman, présidente du Réseau FADOQ. Je suis accompagnée de M. Philippe Poirier-Monette, conseiller en droits collectifs dans notre organisation. J'aimerais remercier les membres du Comité de cette invitation.
Le Réseau FADOQ est un regroupement de personnes de 50 ans et plus et compte au-delà de 550 000 membres. Dans chacune de nos représentations politiques, nous souhaitons contribuer à l'amélioration de la qualité de vie des aînés. Les situations de vulnérabilité financière qui étaient présentes avant le déclenchement de cette crise sanitaire ont été aggravées. Plusieurs femmes aînées doivent survivre à la retraite avec seulement la pension de la Sécurité de la vieillesse et le Supplément de revenu garanti.
N'oublions pas que, il y a quelques années, il était fréquent que les femmes se retirent complètement du marché du travail afin de s'affairer à des tâches familiales et domiciliaires. Toutefois, une personne ne recevant strictement que la pension de la Sécurité de la vieillesse ainsi que le Supplément de revenu garanti aura un revenu annuel de 19 000 $. Une aînée dans cette situation obtient des revenus atteignant à peine les seuils fixés par la mesure du panier de consommation, ou MPC.
Par ailleurs, il ne faut pas oublier que certains éléments essentiels à l'autonomie des personnes âgées ne sont pas inclus dans le calcul de la MPC, et que la crise sanitaire a augmenté les dépenses des aînés. Le Réseau FADOQ estime qu'il est essentiel que le Supplément de revenu garanti soit rehaussé minimalement de 50 $ par mois, par aîné.
Par ailleurs, il importe que le gouvernement du Canada mette en œuvre sa promesse électorale de rehausser de 10 % le montant des prestations de la Sécurité de la vieillesse. Toutefois, le Réseau FADOQ propose que ce rehaussement soit accessible à l'ensemble des aînés admissibles à la pension de la Sécurité de la vieillesse, et ce, dès l'âge de 65 ans.
Nonobstant ces augmentations essentielles, il appert que le soutien accordé par le programme de la Sécurité de la vieillesse s'effrite. En effet, la pension de la Sécurité de la vieillesse et le Supplément de revenu garanti augmentent chaque année en fonction de l'inflation, alors que les salaires s'accroissent généralement à un rythme supérieur. En raison de cet écart, les prestations du fédéral joueront, dans l'avenir, un rôle de plus en plus réduit dans le niveau de remplacement du revenu à la retraite. Notre organisation suggère au gouvernement fédéral d'indexer les prestations de la Sécurité de la vieillesse en fonction de la croissance des salaires.
Récemment, une étude menée par le Regroupement des aidants naturels du Québec démontrait que, pendant le confinement, 20 % des proches aidants ont vu augmenter les dépenses liées à leur rôle. Les dépenses supplémentaires s'élèvent en moyenne à 890 $, allant parfois jusqu'à 6 000 $. Comme vous le savez probablement, les femmes sont plus susceptibles de devenir des personnes proches aidantes. Notre organisation recommande d'augmenter les montants associés au crédit d'impôt pour aidant naturel et de modifier cette mesure fiscale afin qu'elle prenne la forme d'un crédit d'impôt remboursable.
Finalement, nous nous permettons d'aborder la situation des soins de santé au Canada. Les transferts fédéraux en matière de santé s'élevaient à 37 milliards de dollars en 2017-2018, alors que les dépenses totales étaient de 167 milliards de dollars. Selon le Conference Board du Canada, la proportion fédérale consacrée au financement des soins de santé chutera à moins de 20 % d'ici 2026. Le Réseau FADOQ recommande d'indexer le Transfert canadien en matière de santé de 6 % annuellement, et d'inclure dans la formule de calcul actuelle une variable prenant en compte le vieillissement de la population des provinces et des territoires.
Rappelons que ce sont les femmes qui occupent majoritairement les emplois d'infirmières, de préposées aux bénéficiaires, de proches aidantes, et que ce sont ces dernières qui souffrent de plus en plus d'un manque de ressources financières dans le système de santé.
J'aimerais remercier les membres du Comité de nous avoir écoutés.
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Effectivement, comme vous le savez très bien, les femmes aînées gagnent un salaire total inférieur à 20 000 $ par année et, dans 52 % des cas, elles travaillent au salaire minimum. Elles peinent donc à contribuer à un REER. On sait bien que ces femmes ne pourront pas obtenir de fonds de pension de leur employeur.
Cela étant dit, on se souviendra qu'en septembre 2019, le gouvernement s'était engagé à augmenter de 10 % le Supplément de revenu garanti pour les personnes de 75 ans et plus. Cette augmentation devait entrer en vigueur en juillet 2020, ce qui ne s'est pas concrétisé.
Toutefois, dans le discours du Trône tenu en septembre dernier, le a encore mentionné qu'il irait de l'avant quant à cet engagement. Depuis l'annonce initiale, 14 mois ont passé. Les personnes de 75 ans et plus vieillissent. Les années sont donc importantes et elles sont comptabilisées. Nous demandons au gouvernement de tenir sa promesse et d'accorder le Supplément de revenu garanti non seulement aux personnes de 75 ans et plus, mais aussi aux personnes de 65 ans et plus.
Nous étions présents au Comité permanent de la condition féminine, en février 2019, et nous faisions les mêmes revendications qu'aujourd'hui pour les femmes et les aînés. Nous avions également demandé que le Supplément de revenu garanti soit augmenté de 50 $ par mois. Comme vous le savez, les personnes qui vivent avec pour seul revenu le Supplément de revenu garanti et la pension de la Sécurité de la vieillesse ont un salaire inférieur à 19 000 $ par année.
Cela étant dit, il est très difficile pour les aînés d'avoir accès à des soins buccodentaires, parce qu'ils n'ont pas les moyens de payer les frais de consultation. Il en va de même pour les soins de la vue. Après une consultation chez un spécialiste de la vue, ils ne peuvent pas acheter une paire de lunettes sous ordonnance. Ils choisissent plutôt de se rendre dans une pharmacie pour s'acheter une paire de lunettes à rabais.
Certains aînés se privent d'acheter leurs médicaments, parce qu'à la fin du mois, ils doivent payer leur loyer, ou encore ils peinent à se nourrir et à payer leurs factures d'épicerie. C'est la même chose en ce qui concerne les appareils auditifs. Au Québec, on offre un seul appareil auditif aux aînés et c'est celui de base. D'après les spécialistes, ce n'est pas suffisant pour avoir une bonne ouïe.
Je pourrais continuer et vous parlez du matériel d'appoint. Il y a bien des éléments dont les aînés sont privés. C'est la raison pour laquelle nous comparaissons encore devant le Comité aujourd'hui afin de demander au gouvernement d'être sensible à la situation des aînés qui peinent à boucler les fins de mois.
Nous faisons état du fait que, en 2065, les revenus de pension de ces aînés, qui sont actuellement indexés selon l'indice des prix à la consommation, seront réduits. Nous demandons plutôt que les revenus soient calculés en fonction de l'augmentation des salaires. En 2065, vous et moi ne serons peut-être plus actives sur le marché du travail ou nous ne serons même plus ici.
Nous sommes les porte-parole de nos aînés et ce que nous demandons, c'est que le gouvernement agisse et qu'il s'investisse ardemment. Nous recommandons qu'il augmente le Supplément de revenu garanti de 50 $ par mois et qu'il respecte son engagement pour ce qui est d'augmenter la prestation de la Sécurité de la vieillesse de 10 %.
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Merci, madame la présidente.
Tout d'abord, merci beaucoup à tous nos témoins d'avoir présenté ces merveilleuses idées et ces rapports.
Mes questions portent davantage sur la participation à la population active et sur la prise en compte du milieu de travail ainsi que sur les rôles des aidants naturels.
Nous avons mené beaucoup d'études sur les soins de longue durée. Je ne vais pas parler précisément de la prestation de soins en bonne et due forme. À l'heure actuelle, des études démontrent que même avant la pandémie, on faisait face à l'éclosion de beaucoup d'autres maladies. Essentiellement, bon nombre des aidants qui s'occupent de ces personnes ne sont pas rémunérés. Par exemple, des parents s'occupent de leurs enfants malades, et des enfants adultes s'occupent de leurs grands-parents et de leurs parents, et ces services ne sont pas rémunérés.
En ces temps difficiles, l'une des présentatrices a mentionné qu'une travailleuse devait laisser ses enfants chez leur grand-mère ou en confier la garde à ses parents. Bien sûr, les grands-parents ne font peut-être pas partie de la population active, mais dans le cas de ceux qui font partie de la population active et qui doivent effectuer des travaux supplémentaires non rémunérés, que devrions-nous faire pour savoir exactement où ils sont et comment nous pourrions les soutenir?
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Je vous remercie de me donner l'occasion d'être ici aujourd'hui. Mes remarques porteront sur les répercussions de la COVID-19 sur les femmes entrepreneures. Je vais vous présenter un jeu de diapositives que vous avez tous devant vous, j'espère.
Pour commencer, je voudrais parler un peu de la FCEI. Il s'agit d'un organisme sans but lucratif qui défend les intérêts des entreprises canadiennes indépendantes. Nos 110 000 membres proviennent de tous les secteurs de l'économie et se trouvent dans toutes les régions du pays.
Pendant la pandémie, la FCEI a été très active. Notre ligne d'assistance a reçu trois fois plus d'appels, les propriétaires de petites entreprises cherchant de l'information pour les aider à traverser la crise. Depuis le début de la pandémie, nous avons également entrepris des sondages réguliers pour déterminer comment les PME se portent et dans quelle mesure les programmes gouvernementaux fonctionnent bien, et je voudrais vous en parler aujourd'hui.
Si nous passons à la troisième diapositive, je vais commencer par la situation actuelle des petites entreprises.
Au début de novembre, 66 % des PME étaient complètement ouvertes, 42 % avaient tout leur personnel et seulement 28 % d'entre elles affichaient des ventes normales. Toutes ces entreprises ont, en fait, diminué depuis octobre, à mesure que les administrations imposaient de nouvelles restrictions. En fin de compte, la pandémie demeure un défi important pour de nombreuses PME.
Comme le montre la quatrième diapositive, les petites entreprises ne sont pas homogènes. Environ 30 % sont en affaires depuis 10 ans ou moins, et 96 % ont moins de 50 employés. Un peu moins d'une petite entreprise sur deux est détenue par un homme, près d'une sur quatre est détenue par une femme, et 28 % ont plusieurs propriétaires, ce qui peut être une combinaison des deux sexes.
La cinquième diapositive porte sur l'actionnariat selon le sexe, 23 % des entreprises étant entièrement ou majoritairement détenues par des femmes et 28 % par des femmes et des hommes. Cela signifie que les femmes possèdent des intérêts dans environ 50 % des entreprises.
Les femmes propriétaires d'entreprise sont aussi plus représentées dans certains secteurs, comme les services sociaux, la gestion d'entreprise et d'administration, la vente au détail, les services professionnels et les services personnels. De plus, comme vous pouvez le voir à la sixième diapositive, les entreprises appartenant à des femmes ont tendance à être plus nouvelles et plus petites que celles appartenant à des hommes, ce qui pourrait également expliquer certains des défis supplémentaires auxquels elles ont été confrontées.
Comme vous pouvez le voir sur la septième diapositive, ces défis sont considérables. Seulement 63 % des entreprises détenues par des femmes sont complètement ouvertes, ce qui représente 10 % de moins que les entreprises détenues par des hommes. À peine 35 % ont tout leur personnel, soit 13 % de moins que celles détenues par des hommes, et seulement 24 % d'entre elles sont revenues à des ventes normales, soit 8 % de moins que les entreprises appartenant à des hommes.
Comme vous pouvez le voir sur la huitième diapositive, la plupart des PME s'inquiètent de l'incertitude entourant une deuxième vague, et environ les deux tiers s'inquiètent des répercussions économiques. Environ la moitié craint que les dépenses des consommateurs soient réduites, même après la COVID, et un nombre équivalent d'entreprises s'inquiètent de leurs flux de trésorerie, des répercussions sur leur santé physique et de leur dette croissante.
Lorsque nous analysons les données plus en détail, vous voyez, à la diapositive 9, que les femmes propriétaires de PME sont beaucoup plus susceptibles de s'inquiéter de la réduction des dépenses de consommation, même après la COVID, de leur endettement croissant, de leurs liquidités et de faire face à un stress accablant par rapport à leurs homologues masculins. De toute évidence, les femmes entrepreneures auraient besoin d'un certain soutien financier et émotionnel.
En ce qui concerne le soutien financier, comme vous pouvez le voir à la diapositive 10, les entreprises appartenant à des femmes sont plus susceptibles d'avoir besoin d'une subvention pour le loyer, et le fait d'obtenir cette aide augmente considérablement leurs chances de rester ouvertes. C'est pourquoi la nouvelle subvention d'urgence pour le loyer doit être mise en œuvre le plus tôt possible.
Comme vous pouvez le voir à la diapositive 11, la Subvention salariale d'urgence du Canada a tendance à être davantage utilisée par des entreprises plus établies. Comme les entreprises appartenant à des femmes sont plus susceptibles d'être nouvelles et plus petites, nous pouvons supposer qu'elles n'utilisent probablement pas autant la subvention salariale, et qu'elles sont plus susceptibles d'avoir eu recours à la Prestation canadienne d'urgence pour traverser les périodes plus difficiles de la pandémie. C'était aussi parfois le seul soutien financier que pouvaient obtenir de nombreux propriétaires d'entreprises très petites ou nouvelles.
En résumé, avant de passer à certaines recommandations, je dirai que les PME détenues par des femmes sont plus susceptibles d'être des entreprises de petite taille et nouvellement créées, qui sont aussi plus susceptibles de passer entre les mailles du filet des divers programmes de secours d'urgence. Il ne faut donc pas s'étonner qu'elles aient aussi tendance à s'inquiéter davantage, et avec raison. Les données nous disent qu'elles sont moins susceptibles d'être pleinement ouvertes, d'avoir des revenus normaux ou meilleurs, d'avoir un effectif complet ou d'être en mesure de payer leur loyer.
Pour aider ces entreprises à traverser la tempête, nous devons apporter des ajustements aux divers programmes de prestations d'urgence. Premièrement, nous devons élargir tous les programmes de soutien d'urgence pour y inclure les entreprises de petite taille et de création récente, car cela aidera probablement plus d'entreprises appartenant à des femmes et aussi celles qui appartiennent à des minorités visibles.
Par exemple, le Compte d'urgence pour les entreprises canadiennes exige qu'une petite entreprise dont la masse salariale est inférieure à 20 000 $ soumette des documents indiquant qu'elle a plus de 40 000 $ de dépenses non admissibles. Le problème, c'est que le processus de demande est complexe et que certaines règles font en sorte qu'il est très difficile de s'y conformer. Il faut simplifier le processus et le rendre plus souple.
Deuxièmement, comme le loyer a tendance à représenter une dépense plus importante pour les entreprises détenues par des femmes, le gouvernement doit mettre en place immédiatement la Subvention d'urgence du Canada pour le loyer, car le 1er décembre n'est pas si loin.
Il serait également important que le gouvernement envisage de verser 50 % du loyer de façon rétroactive à ceux qui étaient admissibles en vertu de l'ancien programme, mais qui n'ont pas obtenu de réduction parce que leur propriétaire n'a pas présenté de demande. Ces entreprises ont probablement accumulé beaucoup de dettes et méritent qu'on les aide à s'en sortir.
Troisièmement, même si les femmes entrepreneures sont moins susceptibles d'utiliser la subvention salariale, c'est toujours le plus généreux des programmes offerts aux petites entreprises. Nous voulons nous assurer qu'il est accessible à celles qui en ont vraiment besoin. Par exemple, de nombreux propriétaires de PME se versent des dividendes, de sorte qu'ils ne peuvent pas inclure leur propre revenu pour la subvention salariale, ni utiliser leur revenu de dividendes pour obtenir un CUEC. Ces programmes devraient permettre au moins d'inclure certains revenus de dividendes.
Nous suggérons également que la nouvelle mesure de soutien en cas de confinement, qui permet aux entreprises de couvrir jusqu'à 90 % de leur loyer si elles sont forcées de fermer leurs portes en raison d'une ordonnance de santé publique, soit étendue à la subvention salariale. Les entreprises veulent garder leur personnel, et si elles doivent fermer, elles n'auront peut-être pas d'autre choix que de le licencier. L'augmentation de la subvention salariale à 90 % pendant ces périodes pourrait aider beaucoup plus de PME à garder leur personnel jusqu'à ce qu'elles puissent rouvrir.
Enfin, je voudrais mentionner un problème qui commence à émerger du côté des entreprises saisonnières. Elles sont maintenant dans leur basse saison et n'ont peut-être plus les pertes de revenus qu'elles ont subies pendant l'été, mais leurs besoins n'ont pas changé. Comme elles n'ont pas bénéficié des revenus habituellement plus élevés de la haute saison, un bon nombre d'entre elles auront du mal à survivre jusqu'à l'année prochaine. Il serait souhaitable de trouver d'autres moyens de tenir compte de leur situation afin qu'elles puissent obtenir une subvention salariale plus élevée.
Nous aurions beaucoup d'autres suggestions, mais je vais en rester là pour aujourd'hui. Je vous remercie de votre attention. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Bonjour à toutes et à tous.
Je vous remercie de me recevoir.
Permettez-moi de vous présenter rapidement Femmessor. Femmessor est une organisation québécoise qui se consacre au développement de l'entrepreneuriat féminin au Québec depuis 25 ans. Nous offrons du financement et de l'accompagnement visant particulièrement les femmes entrepreneures de toutes les régions du Québec.
Pour développer le plein potentiel de l'économie canadienne, il faut absolument favoriser une croissance économique diversifiée et inclusive. Malheureusement, les entreprises appartenant à des femmes sont encore largement minoritaires au sein des petites et moyennes entreprises, ou PME, canadiennes. Seulement 15,5 % des PME appartiennent majoritairement à des femmes, comparativement à 66,4 % des PME qui appartiennent à leurs homologues masculins. Selon les statistiques, cet écart s'accroît dans le secteur manufacturier, dans celui des technologies et dans tous les secteurs innovants où les femmes sont encore largement absentes.
L'entrepreneuriat féminin a connu un essor remarquable au cours des dernières années. Les intentions de se lancer en affaires ont triplé de 2007 à 2017. Ce taux est même deux fois plus élevé chez les femmes immigrantes. Toutefois, la crise engendrée par la COVID-19 a frappé plus durement les femmes entrepreneures, et elle menace d'exacerber l'écart entre les hommes et les femmes.
C'est notamment ce que nous avons appris dans le cadre d'une enquête effectuée par Femmessor en collaboration avec la Chaire BMO en diversité et en gouvernance de l'Université de Montréal et le Portail de connaissances pour les femmes en entrepreneuriat. Les constats dégagés dans ce rapport sont préoccupants, et ils mettent en lumière la nécessité que soient consentis des efforts supplémentaires pour assurer que les entrepreneures participent pleinement à la relance économique.
Parmi les faits saillants de l'étude, notons que les femmes entrepreneures sont durement éprouvées par la pandémie de la COVID-19. Les deux tiers des entreprises ciblées dans cette étude fonctionnaient à moins de 50 % de leur rendement pendant la crise au printemps, et une entrepreneure sur cinq pensait ne pas être en mesure de se relever de cette crise. De plus, les entreprises appartenant à des femmes ont des caractéristiques particulières. Elles évoluent dans les secteurs qui sont manifestement parmi les plus touchés par la pandémie. Nous pensons évidemment au commerce de détail, aux services à la personne, aux arts, à la culture, à l'hébergement et à la restauration.
De plus, les entreprises appartenant à des femmes sont souvent de petite taille; par conséquent, leurs moyens financiers sont limités pour affronter une telle crise. Elles connaissent également des problèmes de financement, comme ma collègue l'a dit. Notre étude révèle que 42 % des entrepreneures sondées disaient rechercher activement du financement pour assurer leur survie et pour adapter leur offre de services ou leurs produits dans le contexte de la pandémie.
Après avoir épuisé les aides financières gouvernementales auxquelles elles avaient accès, les entrepreneures ont mentionné que leurs besoins en financement se chiffraient en moyenne autour de 54 000 $. Toutefois, seulement 20 % des sondées ont affirmé qu'elles avaient l'intention de se prévaloir des mesures mises en place par le gouvernement du Québec ou le gouvernement du Canada. Parmi les raisons évoquées, notons le fait qu'une grande proportion de ces femmes n'étaient pas admissibles aux programmes. Le taux élevé d'endettement des femmes entrepreneures était un autre élément important de cette étude. Au printemps, les mesures mises en place par le gouvernement les plus utilisées étaient sans aucun doute le Compte d'urgence pour les entreprises canadiennes et la Subvention salariale d'urgence. Depuis, de nouvelles mesures ont été mises en œuvre.
La crise a également eu des effets néfastes sur les entrepreneures. Elles ont eu des responsabilités familiales accrues et leur niveau de stress s'est élevé, ce qui a rendu parfois difficiles la conciliation travail-famille et la gestion de leur entreprise. Par ce sondage, nous avons aussi été en mesure de constater que les femmes ont besoin d'accompagnement et de formation pour les aider à prendre le virage numérique ainsi que pour avoir accès à du soutien à l'innovation, au développement des affaires et à l'établissement de leur réseau de contacts.
Que faut-il faire? Tout d'abord, il faut redoubler d'efforts pour assurer que les femmes prennent pleinement part à la relance économique et qu'elles ne perdent pas les acquis si durement gagnés au cours des 10 dernières années. Une crise genrée nécessite une réponse genrée. Ainsi, le plan de relance économique doit absolument prévoir des actions ciblées dans les secteurs d'activité où les femmes travaillent massivement. Les femmes entrepreneures peuvent jouer un rôle prépondérant dans la création d'une économie résiliente par leur participation dans les services essentiels à la population, mais également dans la création d'une économie locale et une économie de proximité forte et dynamique.
Enfin, elles peuvent jouer un rôle de locomotive dans la création d'une économie durable et verte. Selon une vaste étude pancanadienne, les femmes sont d'ailleurs plus décidées que leurs homologues canadiens à agir contre les changements climatiques.
Il faut accroître le soutien que nous offrons aux femmes entrepreneures, miser sur l'expertise des partenaires de l'écosystème entrepreneurial, dont Femmessor fait partie, et travailler en collaboration pour ne laisser aucune entreprise demeurer en arrière et générer la prospérité attendue.
Parmi différentes mesures spéciales d'aide aux femmes entrepreneures, il y a évidemment du financement et de l'accompagnement soutenu et personnalisé pour répondre aux nombreux besoins qui ont été soulevés. Par exemple, chez Femmessor, nous préconisons un financement accompagné, qui offre d'ailleurs un taux de survie de nos entreprises de près de 80 % après cinq ans. Il y a aussi des services-conseils, du codéveloppement, des formations sur mesure ainsi que la mise en lumière de modèles féminins diversifiés. Ce sont toutes des actions menées par Femmessor.
En terminant, je tiens à saluer le leadership du gouvernement canadien en matière de développement de l'entrepreneuriat féminin, de même que sa grande écoute relativement aux difficultés éprouvées par les femmes entrepreneures au cours de la crise. Femmessor remercie le gouvernement de la confiance qu'il lui a accordée, notamment en lui confiant la plus importante subvention attribuée à une organisation spécialisée en développement de l'entrepreneuriat féminin dans le cadre de la Stratégie fédérale pour les femmes en entrepreneuriat. Ce soutien a d'ailleurs été bonifié, dans le contexte de la pandémie de la COVID-19, pour aider des centaines de femmes entrepreneures à faire pivoter leur modèle d'affaires et à adapter leurs produits et leurs services en vue de renouer avec la rentabilité financière.
Nous demandons tout simplement que le financement des nombreux programmes de financement mis en place par le gouvernement du Canada et dédiés aux entrepreneurs soit aussi porté par des organisations comme Femmessor, pour assurer que les femmes aient pleinement accès à ces aides financières et qu'elles puissent bénéficier de l'accompagnement que nous leur offrons.
Rappelons que sur le plan économique, au Canada, si les femmes et les hommes participaient en parts égales en entrepreneuriat, nous parlerions d'une injection potentielle de 150 milliards de dollars dans le produit intérieur brut, ou PIB, ce qui représenterait une hausse de 6 % du PIB prévisionnel actuel au cours de la prochaine décennie. Cela équivaudrait à ajouter un nouveau secteur de services financiers à l'économie, ce qui serait majeur.
En conclusion, plus que jamais, la diversité et l'inclusion doivent être considérées comme des leviers de croissance économique, d'innovation, de développement durable et de développement social. De toute évidence, le développement durable et le développement économique du Canada passent inévitablement par une plus grande participation des femmes et des communautés sous-représentées en entrepreneuriat et par une contribution à la hauteur de leur plein potentiel.
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Eh bien, je n'ai pas de données propres aux femmes entrepreneures, mais j'ai des données plus générales sur les répercussions de la pandémie. Nous commençons à mettre à jour ces données. Cela remonte à juillet. Nous allons les mettre à jour de nouveau dans quelques semaines.
Nous avons estimé qu'entre 150 000 et 220 000 entreprises fermeront probablement à la suite de la pandémie. Par ailleurs, nos sondages nous ont appris qu'environ 56 % de nos membres ne sont pas certains de pouvoir survivre à une deuxième vague, de sorte que s'ils sont obligés de fermer une deuxième fois, une bonne partie d'entre eux ne survivront pas.
Là où nous entendons parler des plus gros problèmes, c'est probablement du côté des nouvelles entreprises, parce qu'il n'y a pas vraiment d'aide pour elles, et aussi des microentreprises, des entreprises de petite taille, qui ont tendance à être davantage détenues par des femmes. Ce sont les deux catégories d'entreprises où, comme je l'ai mentionné, nous voyons encore les plus grandes lacunes, et qui ont encore, je pense, le plus de difficulté à s'en sortir, surtout en cas d'une deuxième fermeture obligatoire ou si elles se trouvent dans une région où cela se produit. C'est assez sombre, malheureusement.
Nous n'avons pas non plus de données sur le nombre de PME déjà fermées. C'est l'autre aspect de la question qui est inconnu pour l'instant. Je pense qu'il y a un grand nombre de ce que mon collègue appellerait des « entreprises zombies » en ce moment qui ont probablement l'air d'exister encore sur papier, mais qui ferment probablement leurs portes en coulisses. Malheureusement, c'est difficile à l'heure actuelle, mais je dirais que pour vraiment apporter de l'aide, il faut cibler les entreprises de création récente et de petite taille où se retrouvent un grand nombre de femmes.
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Merci, madame la présidente.
Merci à tous d'être ici aujourd'hui. C'est merveilleux de vous voir. Merci de votre passion et de ce que vous faites, surtout en ces temps difficiles. Je pense que nous sommes tous d'accord pour dire que la COVID a certainement bouleversé le monde.
Madame Labelle, c'est formidable de voir votre organisation, parce que vous pouvez vraiment parler de la Stratégie pour les femmes en entrepreneuriat, et vous savez, j'en suis sûre, que 15 millions de dollars y ont été ajoutés. La stratégie repose sur le fonds pour l'entrepreneuriat, le fonds pour l'écosystème, le centre de connaissances et, bien sûr, le groupe d'experts. Cela a commencé bien avant la pandémie, alors j'espère que l'augmentation de 15 millions de dollars aidera des organisations comme la vôtre et d'autres à continuer de faire un excellent travail.
Madame Pohlmann, vous avez fait d'excellents commentaires. Je viens d'une très grande circonscription rurale, et ma collègue, Mme Shin, a posé des questions que j'allais poser au sujet ce que nous avons fait, et des succès des PME et des femmes entrepreneures qui ont pris le virage et font un excellent travail. Cela consiste en grande partie à modifier leur production en un temps record.
J'ai aimé votre commentaire, vos réflexions sur la façon dont nous pouvons encourager plus d'entreprises à se réorganiser, à se recentrer et à envisager la nouvelle normalité vers laquelle nous nous dirigeons. Nous sommes tous d'accord pour dire, je pense, qu'il y aura une nouvelle normalité.
J'ai aussi aimé votre commentaire sur l'impact des petites entreprises rurales exploitées par des femmes. Moi aussi, dans ma circonscription, j'ai beaucoup d'entreprises saisonnières, alors je voudrais savoir ce que vous pensez de l'impact sur les entreprises saisonnières rurales et de la façon dont nous pouvons aider les femmes grâce à tous nos programmes.
Le programme qui, à mon avis, a aidé la plupart des gens qui sont passés entre les mailles du filet, c'est le Fonds d'aide et de redressement régional. Cela a aidé beaucoup de gens de ma circonscription.
Je voudrais savoir ce que vous pensez des entreprises rurales et de la façon dont nous aidons les femmes d'affaires à se réoutiller et à se réorganiser dans cette nouvelle normalité.
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D'abord et avant tout, en ce qui concerne les entreprises plus rurales, cette pandémie a frappé tout le monde très durement. Je pense que dans les circonscriptions rurales ou les régions rurales du pays, le problème a été un peu moins grave simplement parce que les gens connaissent mieux les petites entreprises présentes dans ces collectivités. Ils essaient de faire ce qu'ils peuvent pour les aider d'une façon plus importante que dans certains grands centres urbains, qui sont maintenant complètement décimés et des villes fantômes.
Cela dit, il ne fait aucun doute que la situation est tout aussi difficile dans les régions rurales. Les problèmes sont semblables, cependant, en ce sens que cela revient encore une fois au besoin d'une aide financière immédiate.
Par exemple, certaines des annonces récentes concernant les changements apportés au programme CanExport permettent aux gens d'obtenir du financement non seulement pour des possibilités d'exportation, mais aussi pour les aider à passer au numérique, à créer un site Web ou à participer à des sommets virtuels. Ce sont de bonnes choses que nous essayons de faire connaître à nos membres pour qu'ils aient des options, parce que je pense que ce qui empêche parfois certaines entreprises de se réorienter, c'est le coût que cela représente. Quand on a déjà l'impression d'être tellement endetté et que les liquidités de l'entreprise sont pratiquement nulles, se tourner vers quelque chose de nouveau exige parfois un investissement que l'on n'a pas. Par conséquent, il sera très important de veiller à ce qu'il y ait des programmes pour les aider à comprendre comment s'y prendre et aussi les aider à financer ces changements.
J'aimerais faire un dernier commentaire sur le Fonds d'aide et de redressement régional. Cela a bien fonctionné dans certaines circonstances, mais pas dans d'autres.
Par exemple, cette mesure visait à offrir des possibilités aux entreprises qui passaient entre les mailles du filet des programmes de soutien général, et certaines d'entre elles n'y ont pas recours, alors je pense qu'un certain réoutillage pourrait être utile.
Je sais que le fonds a aidé un bon nombre d'entreprises dans les régions rurales, ce qui est formidable, surtout les subventions de la société de développement. Cela a très bien fonctionné. Cependant, c'était censé fournir de l'aide, par exemple, aux entreprises individuelles ou de très petite taille, mais nous avons entendu dire que cela n'avait peut-être pas été fait de façon aussi efficace que nous l'avions espéré.
C'était mon dernier commentaire.
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C'est une grande question, à laquelle il est difficile de répondre.
Il faut comprendre que, bien que le pourcentage soit faible, il est à la hausse. Les femmes sont quand même trois fois plus nombreuses qu'il y a 10 ans à vouloir se lancer en affaires, et le nombre d'entreprises qui appartiennent à des femmes a augmenté de 50 % en quatre ans. D'ailleurs, la nouvelle génération d'entrepreneurs est maintenant paritaire. Pourquoi si peu d'entreprises appartiennent-elles à cent pour cent à des femmes comparativement à celles appartenant à cent pour cent à des hommes? Différents éléments peuvent l'expliquer. Est-ce parce que le milieu des affaires manque de modèles? Qui dit se lancer en affaires, dit entrepreneuriat. Or, les premiers modèles d'entrepreneurs qui nous viennent en tête sont souvent des hommes de race blanche. Ce manque de modèles féminins a assurément un effet chez les jeunes femmes qui ne se retrouvent pas nécessairement dans les modèles masculins. De plus, elles ne retrouvent pas non plus leurs propres valeurs, leur propre façon de faire des affaires. C'est un élément crucial.
Pendant longtemps, les femmes se sont aussi butées à différents obstacles quand venait le temps pour elles de se lancer en affaires. Le premier obstacle, celui qui est cité partout dans le monde, et qui est toujours d'actualité au Canada, c'est l'accès au financement. Chez les femmes qui veulent démarrer une entreprise, 50 % d'entre elles disent avoir de la difficulté à obtenir du financement. Et pourtant, il y a tellement de capitaux en circulation sur les marchés, comment est-ce possible? Premièrement, les capitaux sont nombreux, mais ils sont destinés aux entreprises en croissance, à celles ciblant des secteurs d'activité reconnus comme étant des créneaux d'excellence et à celles ayant un fort potentiel de croissance. On l'a dit plus tôt, les femmes se lancent en affaires dans des secteurs que les financiers estiment risqués. Par exemple, les institutions financières hésiteront à financer les activités liées au commerce de détail, où les femmes sont massivement présentes.
Deuxièmement, des préjugés sexospécifiques persistent depuis très longtemps. De nombreuses études et recherches ont démontré qu'un projet piloté par une femme a beaucoup moins de chances d'être financé qu'un même projet, contenant exactement les mêmes éléments, piloté par un homme.
Il faut absolument s'attaquer à ces barrières systémiques si l'on veut vraiment voir changer cette si faible statistique de 15,5 % d'entreprises appartenant à cent pour cent à des femmes au Canada. Imaginez de quoi aurait l'air notre économie si les femmes et les hommes se lançaient en affaires au même rythme et au même niveau. Au Québec seulement, on parle de dizaines de milliers d'entreprises de plus qui pourraient être créées si les femmes se lançaient en affaires autant que les hommes. C'est la plus grande réserve entrepreneuriale au Canada, et il est essentiel de s'en occuper.
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Je rappelle deux statistiques: 42 % des femmes entrepreneures recherchent activement du financement, et seulement 20 % de femmes ont l'intention d'utiliser les programmes gouvernementaux, dont le Compte d'urgence pour les entreprises canadiennes.
Je ne reviendrai pas sur les explications fournies par Mme Pohlmann, qui s'est appuyée sur un sondage vraiment bien ciblé. Il tenait en effet compte de la taille des entreprises, de leur niveau et de leur cycle de vie.
Les entreprises, que ce soient des entreprises en démarrage ou de petites entreprises, ont eu plus de difficultés à avoir accès à ces programmes. Pourtant, le gouvernement a fait un choix judicieux en cherchant à atteindre le plus de populations possible. C'est pourquoi il a travaillé avec les grandes institutions financières. C'est très bien, mais on sait qu'il y a beaucoup de femmes entrepreneures qui n'ont pas nécessairement un compte d'entreprise au sein des institutions financières. Certaines femmes ont connu des expériences peut-être moins intéressantes avec des institutions financières. D'autres se sont découragées devant l'ampleur de la paperasserie et de la lourdeur administrative associée à ces demandes.
Ce que je recommanderais, c'est que des organisations situées au Canada, comme Femmessor, ainsi que d'autres, comme les Women' Business Centres, puissent offrir du financement dans les mêmes conditions. Nous avons tous les outils pour ce faire. On aurait très bien pu consacrer une portion de cette enveloppe à des organisations comme les nôtres, qui touchent directement les femmes et qui ont non seulement la possibilité de leur accorder ce financement, mais aussi celle de leur offrir l'accompagnement dont elles ont besoin pour faire pivoter leur entreprise, ce que les institutions financières ne font pas.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
La matinée a été très instructive. Je suis en Colombie-Britannique, où c'est encore le matin.
Mes questions viennent de certaines femmes d'affaires à qui j'ai parlé, ainsi que de mon expérience d'ancienne entrepreneure et de formatrice d'entrepreneurs. J'ai été la vice-présidente fondatrice de la Women's Enterprise Society, de la Colombie-Britannique, qui s'occupait de financement et de formation — exactement ce que la FCEI préconise. Les propriétaires de petites entreprises, surtout les femmes, ont besoin d'argent et de formation.
Ma question porte sur certains des programmes qui existent. J'ai une amie qui gère une boutique dans le centre commercial de Richmond. Évidemment, à cause de la COVID, elle a dû fermer son entreprise pendant un certain temps, en suivant les règles. Lorsqu'elle a rouvert ses portes, elle a eu de la difficulté à payer son loyer.
À ce moment-là, elle n'avait pas le droit de demander la subvention. Évidemment, le propriétaire ne veut toujours pas en faire la demande à cause de la réduction du loyer de 25 %. C'est par l'entremise de notre parti que nous nous sommes battus pour ces commerçants. Finalement, la subvention pour le loyer peut maintenant être demandée par les propriétaires de petites entreprises, y compris les femmes.
De ce point de vue, que faudrait-il faire de plus pour aider ces femmes qui exploitent petite entreprise?
Je pense que le plus important, en ce qui concerne la subvention au loyer, c'est de la verser. Elle n'est toujours pas disponible. Nous croyons savoir que le projet de loi est encore à l'étude au Sénat cette semaine. Il est à espérer que, lorsqu'il sera adopté, cette semaine, le programme sera lancé rapidement.
Le 1er décembre s'en vient. Comme vous l'avez mentionné, il y a beaucoup de petites entreprises, comme celle de la femme dont vous parlez, dont le propriétaire foncier n'a pas demandé la subvention, même s'il y était admissible. Nous croyons important que le gouvernement tienne compte de ces entreprises. Pour toutes celles qui n'ont pas été en mesure de payer leur loyer au cours des six à huit derniers mois et qui n'ont pas pu obtenir l'aide de leur propriétaire, nous croyons qu'il devrait y avoir une mesure rétroactive pour leur permettre de s'en sortir.
L'endettement est l'un des principaux problèmes qui préoccupent les femmes entrepreneures. Cette dette s'accumule, qu'elle ait été reportée ou mise de côté ou qu'elles aient dû trouver d'autres moyens de la rembourser. Nous croyons qu'il devrait y avoir au moins une mesure rétroactive pour tous les propriétaires d'entreprise qui n'avaient pas accès à l'ancien programme de subvention pour le loyer, mais qui étaient admissibles en vertu des règles qui existaient à l'époque. C'est certainement une chose qui peut être faite.
Je pense aussi qu'une simplification du Compte d'urgence pour les entreprises canadiennes s'impose pour les très petites entreprises, parce qu'à l'heure actuelle, c'est très complexe. C'est une autre question importante qu'il faut examiner de très près.
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Merci, madame la présidente. Merci à tous les témoins pour cette séance très instructive.
Ma question s’adresse aux deux témoins, Mme Labelle et Mme Pohlmann.
Nous savons tous que, pour que le Canada et son économie se développent de façon durable, il faut que plus de femmes et de communautés sous-représentées participent à l’entrepreneuriat et développent leur plein potentiel.
Je représente une circonscription où vivent des gens originaires de toutes les régions du monde. Je parle à des femmes entrepreneures qui viennent de communautés sous-représentées, des femmes en situation minoritaire ou immigrées de fraîche date. Nous savons tous que cette pandémie a placé davantage de responsabilités et de stress sur les épaules des femmes. Si les enfants ne vont pas à l’école, elles doivent prendre soin d’eux, même s’ils suivent des cours en ligne. Dans le cas des jeunes enfants, ils doivent être supervisés. De nombreuses familles de nouveaux immigrants se composent de trois générations. Je vois dans ma circonscription des femmes des communautés sud-asiatiques dont les parents sont aussi à la maison. Comme les choses ont été très difficiles pour nos aînés, les femmes ont aussi la responsabilité de s’occuper de leurs parents.
Avez-vous des recommandations quant à la façon dont nous pouvons aider ce groupe de femmes entrepreneures? Y a-t-il des données sur les effets négatifs de la pandémie? J’aimerais vous entendre toutes les deux, si vous avez des recommandations à formuler dans le cadre de nos efforts pour rebâtir un Canada plus résilient où tout le monde sera inclus. Que pouvons-nous faire pour représenter et aider ces femmes sous-représentées?
Je vais commencer par Mme Pohlmann, si vous avez des suggestions, puis je passerai à Mme Labelle.
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Je ne veux pas me répéter, mais la portée de cette pandémie est énorme, et je pense donc qu’à bien des égards, pour nous assurer que tout le monde participe aux programmes qui existent actuellement, nous devons examiner les programmes afin de nous assurer qu’ils sont suffisamment vastes et inclusifs pour inclure les gens qui pourraient en être exclus à l’heure actuelle.
Par exemple, le Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes — ce prêt de 40 000 $ sans intérêt — a déjà été accordé à 800 000 entreprises, mais j’ai l’impression qu’il y en a encore trop qui passent entre les mailles du filet, et bon nombre d’entre elles font partie des personnes que vous venez de décrire. Y a-t-il des façons de s’assurer que ces programmes sont mieux adaptés à la situation?
Plutôt que de repartir à zéro et de construire quelque chose de nouveau et de différent, pour l’instant, il s’agit de traverser cette période de pandémie et d’aider les gens à se remettre sur pied, puis de les aider à s’adapter à la nouvelle économie ou à l'avenir qui nous attend.
À mon avis, c’est la meilleure façon de procéder à court terme, et nous pourrons ensuite discuter de la façon dont nous pouvons aider les gens à comprendre la nouvelle réalité dans les mois à venir, une fois la pandémie terminée.
Réparons ce que nous avons, parce que ces programmes existent. Je pense qu’ils peuvent être élargis pour inclure les personnes dont vous avez parlé dans votre question.
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Une chose dont j'ai été consciente depuis le début de la pandémie, c’est que c'était une situation sans précédent pour tout le monde et pour les gouvernements aussi. Je tiens à féliciter le gouvernement d’avoir mis en place de nombreux programmes différents, d’être ouvert à la rétroaction et d’avoir apporté des changements à ces programmes au fur et à mesure qu’il en apprenait sur les répercussions, mais je ne pense pas que ces répercussions se soient arrêtées. Je crois que nous devons continuer d’améliorer les programmes.
Nous savons qu’il y a eu beaucoup de changements et d’ajustements. Nous savons aussi que certaines de ces questions sont très complexes, mais il y a une réalité dont il faut tenir compte au sujet des nouvelles entreprises en particulier. Beaucoup de gens ont démarré leur entreprise pendant la pandémie. Ils en avaient fait le projet environ six mois avant qu'elle ne débute, et il fallait qu'ils se lancent parce que c'était la voie qu'ils avaient choisie. Ils n’ont rien. Ils n’ont rien à leur disposition. Ce sont ces gens-là que nous voulons encourager pour qu’ils puissent survivre à la pandémie et faire entrer leur entreprise dans un nouveau monde.
Je pense qu’il s’agit vraiment de continuer à écouter les commentaires. Je remercie le gouvernement de l’avoir fait. Je crois que tout le monde commence à être fatigué, et j’ai vu cet élan ralentir également. C’est sans doute dû, en partie, à ce qui se passe, mais nous ne pouvons pas faiblir, surtout si nous entrons dans une deuxième vague et, comme vous l’avez dit — espérons que non — une troisième.
Il y a beaucoup de frustration dans les petites entreprises qui voient de grands magasins comme Costco et Walmart rester ouverts parce qu’ils vendent de la nourriture, mais qui vendent aussi tous leurs autres produits, tandis que les petits commerces doivent fermer leurs portes. Je pense qu'il y a beaucoup d'injustice et que cela suscite beaucoup de mécontentement.
Nous voulons tous protéger la santé et assurer la sécurité de tout le monde, mais je pense qu’il y a une injustice sous-jacente, et les gouvernements doivent y remédier. La meilleure façon d’y parvenir est de déterminer comment continuer à élargir les programmes pour veiller à ce que tous ceux qui sont touchés par cette situation reçoivent de l’aide sous une forme ou une autre.