:
Je déclare la séance ouverte.
Je tiens à remercier tout le monde d'être là. Nous avons quelques minutes de retard.
La ministre sera avec nous pendant une heure, mais je crois que nous allons dépasser 14 heures pour compenser le temps que nous avons perdu.
Je tiens à souhaiter la bienvenue à la ministre.
Comme elle l'a souligné, elle était membre de notre comité lors de la dernière législature. J'ai bien aimé travailler avec elle à ce moment-là.
Je dois dire que nous avons eu droit à l'une des meilleures vérifications du son. J'ai à l'esprit en ce moment des chansons, des monologues et des beignets. Je remercie tous ceux qui ont participé d'une façon unique aujourd'hui.
Je vais vous faire grâce de l'introduction habituelle concernant le processus, car tous les participants à la réunion d'aujourd'hui le connaissent bien. Pour éviter de perdre davantage de temps, nous allons commencer.
Nous recevons aujourd'hui la ministre Ng, conformément à une motion déposée il y a un certain temps par M. Zimmer. Pour nous rafraîchir la mémoire et nous mettre en contexte pour la discussion d'aujourd'hui, je vais vous lire la motion:
Que l'honorable Mary Ng, ministre de la Petite entreprise, de la Promotion des exportations et du Commerce international, soit invitée à comparaître devant le Comité dans le cadre de son étude en cours sur la reprise économique dans le secteur forestier... afin de fournir les renseignements essentiels sur la récente décision de l'Organisation mondiale du commerce, étant donné que la représentante du gouvernement qui a comparu... le vendredi 30 octobre 2020 n'a pas été en mesure de répondre à la question et a suggéré qu'Affaires mondiales Canada comparaisse et réponde à cette question lors d'une prochaine réunion.
Cela vous donne le contexte pour la discussion d'aujourd'hui.
Je vous cède la parole, madame la ministre. Je vous remercie encore une fois de prendre le temps de comparaître devant le Comité.
:
Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie tous de me donner l'occasion de comparaître aujourd'hui devant le Comité pour faire le point sur le secteur canadien du bois d'oeuvre.
Je suis ravie de me retrouver à nouveau au Comité permanent des ressources naturelles. Comme je l'ai dit plus tôt durant la vérification du son, en 2018, j'ai siégé au Comité en tant que députée et j'ai pris part à une étude sur le secteur forestier. À cette époque, je voyais clairement l'importance que revêtait le secteur forestier pour notre économie, nos travailleurs et l'environnement. Ce secteur demeure tout aussi important aujourd'hui.
Le secteur forestier soutient plus de 200 000 emplois dans des collectivités un peu partout au pays. En 2019, il a contribué à notre économie à hauteur de 23,7 milliards de dollars, ce qui représente 1 % du PIB total du Canada.
Aujourd'hui, j'aimerais aborder quelques points: le différend sur le bois d'oeuvre avec les États-Unis, nos efforts visant à créer davantage de débouchés à l'étranger pour le bois d'oeuvre canadien et les exportateurs de produits du bois, ainsi que le rôle de l'industrie forestière dans le cadre de notre stratégie de diversification commerciale.
Permettez-moi tout d'abord d'affirmer sans équivoque que les droits imposés par les États-Unis sur le bois d'oeuvre canadien sont injustifiés et injustes. Ces droits nuisent aux travailleurs et à l'industrie des deux côtés de la frontière.
Plus tôt cette semaine, lors du premier entretien entre le et le président Biden, mes collègues du ministère et nos homologues aux États-Unis, j'ai soulevé directement auprès du président la question des droits sur le bois d'oeuvre.
Je vais m'entretenir avec mon homologue américaine, la représentante au Commerce, au sujet de cette question lors de notre première rencontre, dès qu'elle aura été officiellement confirmée à ce poste. Cette question sera mise à l'avant-plan lors de nos échanges avec la nouvelle administration américaine dans les mois et les années à venir.
Le Canada est toujours convaincu qu'un accord négocié avec les États-Unis est dans l'intérêt des deux pays.
[Français]
Le Canada est toujours convaincu qu'un accord négocié avec les États-Unis est dans l'intérêt des deux pays.
[Traduction]
Nous ne restons pas les bras croisés. Nous faisons équipe avec l'industrie du bois d'oeuvre et des partenaires provinciaux et territoriaux pour travailler sur tous les fronts. Nous avons contesté auprès de l'OMC et en vertu du nouvel ALENA les droits imposés initialement par les États-Unis sur le bois d'oeuvre.
Chaque fois qu'il y a eu un différend, nous avons toujours obtenu gain de cause, ce qui montre clairement que notre industrie du bois d'oeuvre se conforme entièrement aux règles commerciales. Même si nous allons continuer de nous prévaloir des recours juridiques, compte tenu des excellents résultats que nous avons obtenus dans le passé, nous croyons que nos homologues américains seront d'avis encore une fois qu'un accord négocié constitue la solution la plus efficace pour régler ce différend.
Je tiens à vous dire que le gouvernement ne se contente pas de s'adresser à l'OMC pour protéger l'accès du Canada au marché du bois d'oeuvre américain. Outre les droits imposés sur le bois d'oeuvre par les États-Unis, l'industrie est confrontée à d'autres défis importants, notamment l'approvisionnement en fibre en raison des torts causés par le dendroctone du pin et les incendies de forêt. Lorsque la pandémie nous a frappés, l'industrie forestière, à l'instar de bien d'autres secteurs, a enregistré un certain nombre de fermetures.
Le gouvernement a soutenu l'industrie au cours de la dernière année. Comme bien d'autres industries, le secteur forestier a fait face à des difficultés et à des restrictions. En surmontant ces difficultés, il a démontré sa résilience et son importance pour les travailleurs, l'économie et, en fait, l'ensemble des Canadiens.
L'industrie forestière est essentielle pour nos chaînes d'approvisionnement, car elle fournit des composantes pour des produits indispensables, notamment les EPI dont les Canadiens ont besoin durant cette pandémie, comme des blouses médicales et des masques non médicaux.
Il est encourageant de voir que l'industrie canadienne du bois d'oeuvre s'est presque entièrement remise des difficultés initiales engendrées par la pandémie de COVID-19. Les 98 scieries qui ont fermé leurs portes l'année dernière ont presque toutes repris leurs activités, ce qui a permis de rétablir 96 % des 12 000 emplois et plus qui avaient été touchés.
De la même façon qu'il a soutenu les Canadiens, notre gouvernement a toujours soutenu le secteur forestier, que ce soit en offrant des mesures de soutien d'urgence comme le Programme de crédit aux entreprises et le Plan d'action sur le bois d'oeuvre, qui représente un investissement de 867 millions de dollars visant à soutenir l'industrie du bois d'oeuvre, qui doit faire face aux droits d'importation imposés par les États-Unis. Ces initiatives ont contribué à renforcer les entreprises du secteur forestier canadien, à favoriser la mise au point de technologies novatrices, à accroître la diversification et à soutenir des milliers de bons emplois d'un océan à l'autre.
L'intervention rapide du gouvernement a permis au secteur forestier de mieux faire face aux difficultés auxquelles il est confronté actuellement.
La diversification commerciale constitue un engagement important. L'engagement de notre gouvernement en faveur du secteur forestier ne se limite pas aux aides d'urgence dont je viens de parler.
[Français]
L'engagement de notre gouvernement en faveur du secteur forestier ne se limite pas aux aides d'urgence.
[Traduction]
À titre de ministre de la Petite entreprise, de la Promotion des exportations et du Commerce international, je suis déterminée à veiller à ce que notre industrie et nos entreprises disposent des outils dont elles ont besoin pour prendre de l'expansion au Canada et à l'étranger.
Alors que nous jetons les bases d'une reprise économique inclusive et durable, il sera essentiel de renforcer les liens commerciaux et d'appuyer la diversification dans l'industrie forestière et dans tous nos secteurs afin de favoriser la croissance propre et la création d'emplois.
Le Canada est fier d'être le seul pays du G7 à avoir conclu des accords commerciaux avec tous ses autres partenaires du G7. Grâce à ces accords et à d'autres ententes conclues avec d'autres pays dans le monde, nos entreprises bénéficient d'un accès préférentiel à 1,5 milliard de clients à l'échelle planétaire.
Notre stratégie de diversification commerciale vise à maximiser les occasions d'affaires pour les industries canadiennes en renforçant les accords commerciaux existants tout en cherchant à en conclure de nouveaux. Cette stratégie a pour objectif d'augmenter les exportations canadiennes de 50 % d'ici 2025.
De leur côté, nos partenaires industriels doivent trouver de nouvelles façons créatives de forger de nouvelles relations et trouver aussi des occasions de croissance. Dans le cadre de sa stratégie de diversification commerciale, le gouvernement investira 290 millions de dollars sur cinq ans pour aider les entreprises canadiennes à exporter et à prendre de l'expansion dans de nouveaux marchés en améliorant le Service des délégués commerciaux et en augmentant le soutien qu'il fournit aux exportateurs canadiens, y compris ceux du secteur forestier.
La diversification ne vise pas seulement les produits que nous exportons, mais aussi nos partenaires commerciaux. La diversification et le commerce inclusif permettent à notre secteur forestier de calibre mondial d'avoir accès à des marchés étrangers tout en veillant à ce que son succès profite à l'ensemble des Canadiens.
Nous comprenons la réalité des entreprises du secteur forestier, qui s'emploient activement à diversifier leur production et à se tourner vers des produits novateurs comme les biocarburants et les emballages écologiques produits avec de la fibre. Il faut améliorer les produits forestiers traditionnels et investir dans l'innovation.
:
Je vous remercie beaucoup, monsieur le président. Je vais poursuivre là où je me suis arrêtée.
Nous sommes résolus à appuyer les entreprises canadiennes qui souhaitent établir des partenariats pour des applications commerciales de leurs innovations, réunir des capitaux et tirer profit des nouvelles chaînes de valeur mondiales pour leurs produits.
Les politiques ambitieuses et exhaustives du Canada permettent aux industries canadiennes de faire des affaires à l'échelle de la planète et d'attirer des investissements étrangers au Canada. Nous nous efforçons d'accroître la compétitivité internationale de nos industries des ressources naturelles, y compris l'industrie forestière.
Depuis 2015, le Service des délégués commerciaux a contribué à la réalisation de nombreux projets d'investissement dans l'industrie forestière canadienne, notamment au Québec, en Ontario, en Alberta, au Nouveau-Brunswick et en Colombie-Britannique.
[Français]
Les entreprises contribuent à la croissance et à la création d'emploi. Elles sont des chefs de file dans la réalisation de nos objectifs visant à assurer un avenir plus durable.
[Traduction]
Prenons par exemple l'entreprise Sinar Mas d'Indonésie. Elle a investi des centaines de millions de dollars pour moderniser des usines de pâtes et papier en Colombie-Britannique, en Saskatchewan et en Nouvelle-Écosse, qui emploient 3 000 Canadiens. Il y a aussi le groupe SONAE, du Portugal, qui a annoncé l'année dernière un investissement de 23 millions de dollars pour moderniser son usine au Québec, qui est la plus importante usine de fabrication de panneaux de particules en Amérique du Nord.
Les investissements proviennent de nombreux pays, comme la Finlande, le Japon, la Belgique et l'Indonésie. Le monde entier investit dans le secteur canadien du bois d'œuvre et ses produits dérivés novateurs.
Les investissements que nous attirons de différents pays dans le monde et la croissance que ces investissements permettent n'ont rien d'étonnant. Le secteur forestier canadien jouit d'une réputation mondiale grâce à sa polyvalence et à sa capacité d'innovation, et sans doute par-dessus tout, dans le contexte actuel, à son leadership en matière de développement durable. L'exploitation forestière au Canada est la plus durable dans le monde.
Comme je l'ai dit plus tôt, et il y a lieu de le répéter, l'économie et l'environnement vont de pair. Notre gouvernement est résolu à appuyer l'industrie du bois d'œuvre et à protéger et promouvoir sa réputation.
Notre industrie du bois d'œuvre est très fière d'être un chef de file mondial dans le domaine de l'exploitation forestière écoresponsable et de la gestion forestière durable. Son engagement à l'égard du développement durable et du respect de normes environnementales contribue largement à garantir un avenir durable à tous les Canadiens. En travaillant ensemble, nous réussirons à atteindre la cible de zéro émission nette d'ici 2050.
Notre secteur forestier sait très bien ce que nous savons tous. C'est maintenant que nous devons agir pour protéger l'environnement. Ce n'est pas seulement la bonne chose à faire; c'est la chose intelligente à faire.
Un excellent exemple est le rôle de leadership que joue la Colombie-Britannique. Sur le campus de l'Université de la Colombie-Britannique se trouve un grand bâtiment en bois qui est le premier bâtiment fait de bois massif, d'acier et de béton au monde. Il est plus haut qu'un immeuble de 14 étages.
[Français]
Il y a aussi un exemple au Québec, où le gouvernement provincial est le premier en Amérique du Nord à soutenir la construction d'un grand bâtiment en bois.
[Traduction]
Ces types de projets offrent des avantages incroyables sur les plans économique et environnemental. Ce seul projet équivaut à retirer 500 voitures de la route.
Il est donc clair que nous avons beaucoup de raisons d'être fiers de notre industrie forestière et de notre secteur du bois d'oeuvre. Notre industrie fait preuve de leadership dans bien des domaines, qu'il s'agisse de la gestion de l'environnement, de l'innovation ou du commerce mondial, tout en soutenant de vaillants travailleurs canadiens et la croissance économique.
En réponse aux difficultés auxquelles l'industrie est confrontée, notre gouvernement s'est engagé à continuer de soutenir cette industrie vitale et de défendre les intérêts de travailleurs canadiens.
Nous allons continuer de travailler en étroite collaboration avec les provinces, les territoires, l'industrie et d'autres intervenants afin d'appuyer le secteur forestier canadien et de favoriser son expansion.
Pour conclure, permettez-moi de réitérer l'engagement personnel que j'ai pris de profiter de toutes les occasions possibles pour soulever la question du bois d'oeuvre auprès de mes interlocuteurs américains et défendre les intérêts du secteur forestier canadien, des travailleurs forestiers et de ceux qui soutiennent l'industrie partout au pays.
Je vous remercie encore une fois de m'avoir invitée à comparaître devant le Comité aujourd'hui. Je serai ravie de répondre à vos questions.
[Français]
Merci beaucoup.
:
D'accord. Dans ce cas, je vais passer directement à mes questions. Merci, madame la ministre.
Il y a longtemps que j'ai posé mes questions au sujet de l'accord sur le bois d'œuvre. C'était en octobre 2020 et je n'y avais obtenu aucune réponse. En 2015, votre gouvernement a affirmé qu'il allait obtenir la signature d'un accord sur le bois d'œuvre au cours des 100 premiers jours de son mandat. Le président Obama est venu au Parlement à cette époque, mais aucun accord n'a été signé. Nous avons depuis subi l'imposition de tarifs records sur le bois d'œuvre canadien allant jusqu'à 20 %, en fait, plus de 20 %.
D'après un article publié en décembre 2019, cette inaction de la part du gouvernement a coûté au Canada plus de 140 000 emplois. C'était avant la pandémie de COVID-19. Il s'agit d'emplois dans l'exploitation forestière, le camionnage et des usines, dont un grand nombre se trouvent dans des collectivités du Nord de la Colombie-Britannique que je représente, à savoir Mackenzie, Prince George, Fort St. John et bien d'autres. En Colombie-Britannique uniquement, la perte de revenus s'établit à 4 milliards de dollars. Comme vous l'avez mentionné, en août 2020, l'OMC a rendu une décision unanime en faveur du Canada, et les États-Unis ont porté cette décision en appel en septembre 2020.
En octobre 2020, j'ai demandé aux fonctionnaires s'ils pouvaient faire le point sur cet important dossier. Cette fois-ci, je vais poser des questions plus précises, étant donné que vous avez eu récemment une rencontre avec la nouvelle administration Biden. Est-ce que l'accord sur le bois d'œuvre ou les tarifs sur le bois d'œuvre ont fait l'objet d'une discussion lors de la rencontre que vous et le avez eue avec le président Biden? On ne l'a pas mentionné publiquement et on n'a pas mentionné non plus publiquement qu'il y a eu une discussion sur le secteur forestier canadien tout court.
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie, madame la ministre Ng, de votre présentation.
Je vais vous dire franchement que j'ai l'impression que le bois d'œuvre sert souvent de monnaie d'échange lors des négociations sur les accords commerciaux. Je vais vous expliquer pourquoi j'ai cette impression.
Il n'y a pas si longtemps, dans le cadre de l'Accord Canada—États-Unis—Mexique, l'ACEUM, le négociateur en chef du Canada a comparu à notre comité. Je lui ai demandé pourquoi la question du bois d'œuvre n'avait pas été abordée. Il nous a dit que ce n'était pas une priorité pour eux à ce moment-là. C'est ce que nous a dit le négociateur en chef du Canada.
Il n'y a pas si longtemps non plus, quand je lui parlais du bois d'œuvre, le secrétaire parlementaire du leader du gouvernement à la Chambre des communes, dans le cadre de l'étude du projet de loi , m'a dit personnellement que, lorsqu'il y a des accords commerciaux, cela suppose de faire des compromis. Cela me laisse donc croire que, lorsque le Canada négocie des accords commerciaux avec les États-Unis, le compromis se fait souvent sur le bois d'œuvre.
J'ai l'impression que vous n'avez jamais véritablement livré la bataille pour faire en sorte que ce secteur d'activité économique soit respecté par nos voisins américains. J'aimerais que vous nous en parliez davantage.
:
Je vous remercie, madame la ministre.
Je veux bien que vous énonciez des vœux, cependant ce ne sont pas des vœux que je souhaite, ce sont des mesures, et les mesures, on peut en mettre immédiatement en avant.
En 2006, il y a eu une demande de rançon complètement inacceptable où 1 milliard de dollars dans l'accord conclu avec les États-Unis ont été laissés sur la table. Ce milliard de dollars a été payé par les industries forestières du Québec.
Or, ce que vous demande maintenant le secteur forestier, c'est un meilleur programme d'accès aux liquidités. Malheureusement, présentement, les acteurs importants doivent quasiment être en faillite technique pour avoir accès au programme qui est en place. Tous les représentants de l'industrie forestière que j'ai rencontrés m'ont dit que ce programme était presque caduc.
Sans tomber dans la négociation avec les États-Unis, vous pouvez mettre des mesures en application dès maintenant. Je me demande pourquoi vous ne le faites pas.
Le fait d'avoir un système d'accès aux liquidités digne de ce nom est une revendication légitime du secteur forestier. Pourquoi ne le faites-vous pas?
:
Merci, madame la ministre, d'être revenue au comité des ressources naturelles. C'est comme au bon vieux temps. C'est un plaisir de vous voir ici.
Comme vous l'avez mentionné, l'industrie forestière est très importante. Elle est importante dans ma circonscription, dans ma province, la Colombie-Britannique, et bien sûr, dans l'ensemble du pays. Ce différend sur le bois d'œuvre perdure, je n'irai pas jusqu'à dire toute ma vie, mais depuis très, très longtemps. En 2017, je suis allé à Washington avec Mme Tracey Ramsey, alors porte-parole du NPD en matière de commerce international. Nous avons rencontré de nombreux sénateurs et représentants au Congrès à ce sujet. Ce qui m'a d'abord frappé, c'est que certains des plus ardents défenseurs du protectionnisme aux États-Unis étaient des démocrates. Je me demande donc ce que cette nouvelle administration pourrait changer, si changement il y a.
J'ai aussi entendu des représentants qui se disaient préoccupés par le conflit sur le bois d'œuvre, car il nuisait à leurs industries, comme vous l'avez mentionné. Actuellement, le prix du bois d'œuvre dépasse les 1 000 $ par millier de pieds-planche. Cela nuit non seulement aux Canadiens — j'ai un ami qui construit une maison et le prix vient de faire un bond spectaculaire —, mais aussi aux entreprises américaines, aux commerces de détail, aux grossistes et aux consommateurs. John Fowke, le président de la National Association of Home Builders des États-Unis, a déclaré que ces prix sont tout simplement insoutenables. Il fait fortement pression sur l'administration américaine pour qu'elle règle ce problème.
Ce serait ma première question. Quelle pression exercez-vous sur l'administration, de concert avec nos alliés aux États-Unis, pour résoudre ce problème?
:
Merci beaucoup de cette question.
En tant que ministre responsable également des petites entreprises, j'ai l'engagement absolu et j'ai pour priorité d'assurer la viabilité des petites entreprises canadiennes dans tous les secteurs, plus particulièrement dans le secteur forestier, pour veiller à ce que, certainement pendant la pandémie de COVID-19, elles aient les soutiens dont elles ont besoin.
Nous avons donc la possibilité d'aider ces entreprises à prendre de l'expansion et à ancrer cette croissance au Canada, de créer de très bons emplois au Canada et d'accéder à ces marchés internationaux.
Oui, nous nous sommes engagés à travailler avec les États-Unis afin de mettre en oeuvre un règlement négocié, de défendre avec vigueur les intérêts du bois d'oeuvre canadien et certainement de contribuer à cette diversification en soutenant la croissance de cette incroyable technologie canadienne et des capacités durables sur le plan environnemental pour ces petites entreprises canadiennes.
Je pense que ce sont toutes ces choses qui assureront un secteur compétitif et dynamique. Cela ne peut être que bénéfique pour les travailleurs canadiens.
:
Merci, monsieur le président.
[Traduction]
Merci, madame la ministre, d'être ici. Je suis heureux que vous ayez pu vous joindre à nous.
Je suis le député de Sudbury, qui est une région minière, évidemment. Je suis de Kapuskasing, une ville de pâtes et papiers. Mon père y était soudeur. Je suis un peu comme M. Cannings car j'ai grandi avec des conflits commerciaux avec les États-Unis qui nous touchaient très souvent.
C'est un dossier difficile. Comme nous le savons tous, nous avons besoin d'un partenaire de l'autre côté avec qui nous asseoir et discuter. Quand ces gens ne sont pas là, il est difficile de négocier avec un partenaire absent. Je sais que c'est ce qui s'est passé ces quatre dernières années. Je sais que nous étions prêts, désireux et capables de nous engager, mais lorsqu'il n'y a pas de partenaire avec qui s'engager, c'est tout à fait impossible.
Je veux vous féliciter et vous remercier de votre stratégie de diversification commerciale. Nous comprenons qu'en raison des défis, certainement avec le seul grand partenaire commercial, nous devons nous diversifier. C'est une chose que j'entends depuis longtemps.
Les mesures et l'équipe que vous avez mises en place sont très prometteuses. Je pense que de très bonnes choses en découleront pour tout le Canada.
Je voudrais que vous nous parliez de l'importance de cette stratégie de diversification commerciale, de l'importance du financement et des soutiens que vous avez apportés, et des raisons pour lesquelles vous pensez que cela nous donnera les résultats que nous recherchons.
:
Merci beaucoup de cette question importante.
Ce secteur est vraiment important pour un si grand nombre de communautés d'un bout à l'autre du Canada, notamment à Kapuskasing et dans le Nord de l'Ontario. Nous savons que ce secteur est également un chef de file incroyable en matière de gestion responsable des forêts et de produits durables.
Les entreprises canadiennes, en particulier les petites et moyennes entreprises qui sont nombreuses dans ce secteur, surtout celles qui sont émergentes, représentent 99 % de toutes les entreprises au Canada. Aujourd'hui, 12 % de ces entreprises exportent. Nous avons la possibilité non seulement d'exporter davantage, mais aussi de prendre davantage de l'expansion sur les marchés auxquels nous avons accès. Le Canada est dans une position enviable en tant que seul pays du G7 ayant conclu un accord de libre-échange avec les sept autres pays, et il a accès à un milliard et demi de clients dans le monde entier.
Nous devons aider nos entreprises et investir dans celles-ci pour assurer cette croissance. Qu'il s'agisse d'avoir accès à des capitaux ou à des soutiens et à des études de marché pour déterminer où elles peuvent prendre de l'expansion, c'est ce que fait le volet commercial d'Équipe Canada. Qu'il s'agisse du Service des délégués commerciaux et des investissements de 290 millions de dollars, qu'il s'agisse de CanExport...
Nous nous sommes réorientés, soit dit en passant, durant la pandémie de COVID-19 pour nous assurer que les entreprises ont accès à ce soutien pour les aider à prendre de l'expansion. Ce faisant, nous participons à des foires commerciales virtuelles. Nous devons régler certains des obstacles qui ont pu se manifester du fait d'exporter pendant la pandémie de COVID et d'aider les entreprises à assumer ces types de coûts. C'est pour le secteur forestier innovant, avec la propriété intellectuelle qu'il crée, et pour payer pour sa propriété intellectuelle et ses brevets.
Il existe toute une série de soutiens pour aider nos entreprises à prendre de l'expansion sur ces marchés internationaux.
:
Je peux faire encore mieux. Je peux vous donner quelques exemples.
Il y a une excellente entreprise du Nouveau-Brunswick qui commercialise ses solutions de biocomposites de bois dans l'emballage. Elle remplace le plastique, donc c'est un emballage durable. Elle utilise des plateformes de commerce électronique, et le Service des délégués commerciaux l'aide à pénétrer les marchés américains et européens.
Un autre fabricant de polymères dérivés du bois de l'Alberta bénéficie du Service des délégués commerciaux. Il l'aide à se trouver des partenaires commerciaux auprès d'entreprises européennes afin qu'ils puissent intégrer certains de ces matériaux dans des pièces automobiles et des finitions intérieures dans le secteur manufacturier.
Il y a des entreprises de la Colombie-Britannique qui se spécialisent dans la construction en bois, comme celles de la circonscription de Richard. Elles innovent. Le Service des délégués commerciaux les aide à pénétrer les marchés non seulement en Amérique du Nord, mais aussi à Taïwan, au Japon, aux Philippines et en Australie.
Les fabricants de granulés de bois du Québec reçoivent de l'aide pour élargir leur distribution en Italie.
Ce ne sont là que quelques possibilités. Nous savons que les marchés au Japon, au Vietnam, en Allemagne, en Corée du Sud, en Indonésie... Ces investissements arrivent au Canada, mais ce sont aussi des occasions de croissance pour les entreprises qui vont créer des emplois au Canada et contribuer à accroître les emplois pour la classe moyenne.
C'est la voie de la reprise, mais il s'agit en fait d'une croissance à long terme dans ce secteur très important de notre économie.
:
J'invoque le Règlement, monsieur le président, par respect pour le temps de la ministre, je voulais attendre que la ministre soit partie pour aborder cette question. Je suis eu peu préoccupé par une question de décorum en ce qui concerne l'intervention de M. Weiler et l'interruption de la série de questions de M. Patzer.
J'ai consulté l'O'Brien et Bosc sur les procédures des comités à ce sujet. Il précise que la présidence a la prérogative exclusive d'interrompre les membres si leurs observations ou leurs questions ne sont pas pertinentes.
Monsieur le président, je vous encouragerais à communiquer au Comité qu'il n'appartient pas aux autres membres d'invoquer le Règlement et, dans ce cas-ci, de recourir à un recours au Règlement de façon inappropriée. Le but d'un rappel au Règlement est de soulever une question concernant la violation du Règlement d'un comité ou une pratique inhabituelle du comité.
Toutefois, la pratique d'un comité veut que si quelqu'un pose une question hors sujet ou fait une observation, c'est la prérogative exclusive du président. Je ne voudrais pas voir un membre de ce comité s'emparer du rôle du président en prenant cette décision. On peut imaginer une situation où n'importe quel membre de ce comité pourrait soulever des rappels au Règlement à répétition à propos de membres qui font des déclarations qui sont hors sujet. Le Président de la Chambre des communes accorde une grande marge de manoeuvre dans les discours sur les sujets à l'étude pour revenir à la question.
Je vous encourage, monsieur le président, à ne pas laisser les membres s'approprier votre rôle. Peut-être que dans ce cas-ci, il s'agissait d'une intervention honnête, mais c'est votre rôle, monsieur le président, et non celui des membres, d'interrompre nos collègues lorsqu'ils ont un temps de parole très limité pour poser des questions.
:
Merci beaucoup pour la question, monsieur le député.
Comme vous l'avez dit, les États-Unis contestent nos droits de coupe, qui diffèrent des leurs parce que notre système est fondé sur un régime de propriété publique des terres, alors que le leur repose sur un régime de propriété privée. D'après nous — et je pense que c'est un fait —, nos droits sont conformes aux taux du marché.
En ce qui concerne les enjeux environnementaux, l'administration Biden a montré qu'elle souhaitait vivement lutter contre les changements climatiques et prendre des mesures à l'égard des questions environnementales en général. À mon avis, les pratiques forestières écologiques du Canada confèrent un avantage à l'industrie forestière.
D'un point de vue personnel, j'ai dirigé le bureau commercial du Canada au Japon. Je peux vous dire que là-bas, lorsque des gens voulaient acheter du bois, nos pratiques forestières écologiques nous donnaient un énorme avantage. C'est ce qui distinguait le Canada de ses concurrents.
J'ai bon espoir que nos pratiques environnementales auront un effet positif sur les négociations avec l'administration Biden.
:
Je vous remercie et je remercie le député de la question.
Monsieur le président, mesdames et messieurs, je m'appelle Rosaline Kwan. Je suis directrice générale des Secteurs commerciaux chez Affaires mondiales Canada. Je suis moi-même déléguée commerciale et je fais partie du Service des délégués commerciaux. Je tiens à remercier rapidement les députés qui ont exprimé leur reconnaissance envers notre service, ceux qui ont travaillé avec nous ou dont les entreprises ont travaillé avec nous. Nous nous faisons un devoir de soutenir les entreprises canadiennes du secteur forestier, et nous nous acquittons de ce devoir avec grand plaisir.
Comme mon collègue, M. Arun Alexander, l'a mentionné, la diversification commerciale est notre priorité, et comme la l'a très bien expliqué, nous la soutenons de différentes façons. Elle a parlé des marchés, que ce soit ceux d'Europe, d'Asie ou d'ailleurs. Nous travaillons aussi avec les entreprises canadiennes. Nous prenons connaissance des produits novateurs et remarquables qu'elles offrent ou sur lesquels elles travaillent dans le but de les aider à saisir les occasions qui se présentent sur le marché international. Je devrais ajouter que le Service des délégués commerciaux a des bureaux régionaux partout au Canada, ainsi que plus de 160 missions partout dans le monde. Nos bureaux régionaux travaillent avec les entreprises de leur région et soutiennent leurs activités.
Dans le secteur forestier, bien entendu, nos délégués commerciaux collaborent très étroitement avec les entreprises de vos régions ou de vos circonscriptions que vous connaissez peut-être. Ce travail est centré de manière générale sur la diversification des marchés.
Je voulais aussi parler brièvement des nouveaux produits novateurs et de l'impressionnante capacité d'innovation du secteur forestier canadien. Comme la ministre l'a mentionné, le secteur forestier a fait preuve d'innovation non seulement face à la pandémie, mais aussi en travaillant avec les biopolymères, les biocomposites et les biocarburants afin de pouvoir profiter des occasions de plus en plus nombreuses offertes à l'échelle mondiale. Un de nos rôles est d'aider le secteur à cerner les occasions, à les saisir et à se tailler une place dans les chaînes d'approvisionnement partout dans le monde.
La a aussi parlé de certaines de nos activités, comme les missions commerciales virtuelles, le travail que nous effectuons directement avec les entreprises, le programme CanExport et les divers outils dont nous disposons pour soutenir les entreprises canadiennes du secteur et pour les aider à atteindre leurs objectifs. Je le répète, le soutien de la diversification commerciale du secteur forestier pour les entreprises canadiennes demeure une de nos priorités.
:
Je vous remercie, monsieur le député. Je vais peut-être amorcer la réponse, puis je demanderai à mes collègues de la compléter.
Je comprends votre point de vue selon lequel il semble qu'il y ait eu un cycle interminable de litiges sur le bois d'œuvre avec les États-Unis. Je pense que le premier remonte au début des années 1980 et que nous en sommes maintenant à la cinquième itération. J'ai été impliqué, et je sais que Michael Owen l'est, au moins depuis les premiers jours du sixième conflit sur le bois d'œuvre. C'est un dossier difficile.
Ce que je peux dire, c'est que, lors des négociations, le Canada est toujours ouvert et disposé à entamer des discussions et des négociations avec les États-Unis en vue de conclure tout accord qui soit équitable pour notre industrie et qui apporte des avantages à notre industrie, à nos travailleurs et à nos collectivités.
Pour négocier un tel accord, nous mettrions tout sur la table, y compris la possibilité de reconnaître le système de droits de coupe du Canada, qui, comme vous le dites, est basé sur les terres publiques, comme étant une priorité essentielle. Nous aimerions également mettre un terme à ces interminables conflits sur le bois d'œuvre. Par conséquent, tout ce que nous pouvons faire pour résoudre cette question à plus long terme fait partie des grandes priorités du gouvernement.
Je vais peut-être demander à mon collègue, Mike Owen, qui est l'avocat plaidant principal, d'ajouter quelque chose à ce sujet.
:
Bien sûr. Merci, monsieur Alexander.
C'est une excellente question. C'est une chose à laquelle le ministère réfléchit depuis de nombreux cycles relatifs au bois d'œuvre, depuis que je travaille à ce dossier, soit 2001.
Je peux vous dire que c'est très difficile, ce que nous faisons ici, avec nos procédures de contestation aux États-Unis, les enquêtes sur les droits compensateurs, les enquêtes antidumping que toute industrie américaine a le droit d'engager en vertu de la loi américaine.
Je pense que l'un des obstacles auxquels nous sommes confrontés pour parvenir à une solution définitive est que la coalition américaine, l'industrie américaine du bois, a le droit d'intenter des poursuites en vertu du droit américain. Pour pouvoir même conclure un accord sur le bois d'œuvre comme celui que nous avons conclu la dernière fois, ils doivent suspendre ce droit ou au moins se présenter à la table des négociations et indiquer qu'il n'y aura peut-être pas de préjudice ou qu'ils n'imposeront pas de droits.
Cela a toujours été une difficulté particulière, lorsqu'il s'agissait de parvenir à une solution définitive où nous n'aurions pas à revenir au sixième ou au septième conflit relatif au bois d'œuvre. Je n'aime absolument pas penser à cela.
Pour répondre à votre question, c'est l'un des principaux problèmes...
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie tous de votre présence. Vos témoignages sont très informatifs, et c’est très bien que nous terminions notre étude en tirant parti de votre expertise.
Monsieur Owen, vous avez dit que vous travaillez à ce dossier depuis 2001. C’est l’année au cours de laquelle j’ai obtenu mon diplôme en droit, et j’ai maintenant 47 ans. Vous travaillez à ce dossier depuis longtemps. C’est un peu comme un travail à vie. Je suis sûr que vous essayez de faire en sorte qu’il n’en soit pas ainsi, mais c’est la réalité. Ce que je veux dire, c’est que le contexte que vous nous avez fourni était très important, c’est-à-dire que le système qui a été établi aux États-Unis, les lois qui y ont été adoptées et la structure qui y a été mise en place ont fait en sorte que l’industrie peut intenter des poursuites à tout moment et interrompre le processus.
Peu importe le parti politique au pouvoir, c’est extrêmement difficile pour nous, en tant que Canadiens, de mettre une structure en place de sorte que nous n’ayons plus à nous occuper de cela et qu’il soit possible de passer à un autre dossier. Aux fins de l’étude, pourriez-vous nous dire où cela s’arrêtera, selon vous, et y aura-t-il une fin? Si ce n’est pas le cas, comment les choses se passeront-elles au cours des 5 à 10 prochaines années, à votre avis?