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Je remercie M. McLean et tous les autres d'être ici aujourd'hui, et je remercie tous nos témoins.
Nous commençons la 15e réunion du Comité permanent des ressources naturelles, et je suis heureux de pouvoir accueillir aujourd'hui trois témoins qui se joignent à nous virtuellement.
Je vais expliquer simplement le processus. Notre réunion est virtuelle, un type de réunion qui fonctionne très bien. Nous y sommes tous habitués, mais il y a parfois de petits problèmes à régler. Je crois que vous avez reçu les renseignements sur les aspects techniques de votre participation. Vous devriez voir au bas de votre écran un petit bouton qui indique l'anglais ou le français et que vous pouvez utiliser pour obtenir une traduction. Il y a aussi une touche de discrétion qui doit demeurer activée sauf si vous parlez ou répondez à des questions.
Puisque nous utilisons Zoom, je vous demande d'attendre que la personne qui parle ait terminé avant de commencer à parler. Cela facilitera les choses pour tout le monde, mais surtout pour les interprètes. Je vous remercie tous à l'avance pour votre patience.
Je veux mentionner aux témoins qu'ils auront cinq minutes chacun pour faire leur déclaration préliminaire. Puisque l'une de mes tâches est de surveiller le temps, il est possible que je sois dans l'obligation de vous interrompre si vous dépassez le temps accordé à votre déclaration ou à la période de questions et réponses qui suivra. Je m'en excuse à l'avance.
Nous accueillons trois témoins: M. Ken Coates, professeur à l'Université de la Saskatchewan, M. Abel Bosum, grand chef du gouvernement de la nation crie, et M. Nigel Steward, de Rio Tinto.
Monsieur Coates, seriez-vous prêt à commencer?
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Bonjour, monsieur le président, et merci à tous les membres du Comité. C'est un véritable privilège d'avoir l'occasion de vous parler.
La question de l'approvisionnement en minéraux et l'incertitude dans l'industrie minière canadienne sont d'une importance cruciale pour l'ensemble du pays. Permettez-moi de commencer en faisant l'observation suivante: lorsque nous pensons aux importants enjeux que sont les changements climatiques et le repli de l'économie, nous avons généralement l'impression que le secteur des ressources est, d'une certaine façon, en déclin. La réalité est très différente.
En fait, les impératifs de 2021 sont les installations d'énergie solaire et éolienne, la numérisation de masse, le développement du transport en commun et la production de véhicules électriques. Nous investissons des milliards de dollars dans le renouvellement de notre infrastructure énergétique. En fait, nous accordons plus d'importance que jamais à la production rapide, fiable et rentable de minéraux.
Je voudrais présenter mes remarques en deux volets. Le premier portera sur les désavantages et les préoccupations et le deuxième sur les possibilités et les avantages pour le Canada.
Très brièvement, l'incertitude du marché chinois à l'égard de la production et de la demande de minéraux est évidemment d'une importance cruciale. Il y a aussi l'important clivage avec le mouvement environnemental, tant au Canada qu'à l'échelle internationale, et son hostilité envers la production de minéraux qui monopolise beaucoup de temps et d'énergie.
Nous sous-estimons l'ampleur et l'intensité de la demande mondiale de minéraux. J'ai passé beaucoup de temps en Asie où l'augmentation de la demande est spectaculaire, surtout dans les secteurs des minéraux critiques, en raison de l'informatisation et de tout le reste.
Nous devons aussi comprendre que le Canada n'est pas le seul joueur dans ce domaine et qu'il existe plusieurs options d'approvisionnement, particulièrement dans les pays en développement, des régions dans lesquelles les enjeux sont plus complexes et les environnements sont parfois moins favorables à la protection des droits de la personne, de l'environnement, etc.
Au Canada, les infrastructures nordiques sont gravement insuffisantes. Elles sont limitées et prennent trop de temps à développer. Nos progrès sont très lents dans ce domaine.
Je suis très préoccupé par le fardeau réglementaire et le temps requis pour réaliser des projets de développement. J'ai parlé à des fonctionnaires à Ottawa qui laissent entendre que le temps qu'il faut pour prendre une décision signifie la prise d'une bonne décision et qu'une période plus longue équivaut obligatoirement à la meilleure décision. Je n'en suis pas convaincu, et je pense que de bonnes preuves contredisent ce raisonnement.
Nous sommes également trop sensibles aux critiques liées à l'exploitation des ressources. Il s'agit d'une priorité clé pour le Canada, et nous devons trouver un terrain d'entente. Parlons ouvertement de ce qui se passe dans notre système actuel: les coûts des retards, le temps nécessaire pour obtenir les autorisations, les dépenses directes engagées par les entreprises et la façon dont cela s'ajoute à leur structure de coûts totale, et l'ampleur des investissements abandonnés et dissuadés. Nous perdons beaucoup d'occasions parce que nous devenons moins concurrentiels.
Nous devons également trouver un moyen de cesser de reformuler nos règlements et nos exigences. Nous avons des directives assez imprécises dans certaines de nos lois aux niveaux fédéral, territorial et provincial.
Nous devons également concilier la réalité du Canada en tant que superpuissance des ressources naturelles et le manque d'engagement national dans ce domaine. L'exploitation des ressources n'est pas considérée comme particulièrement attirante ou attrayante de nos jours. Je pense qu'il convient de dire que les régions urbaines de notre pays, qui sont très puissantes et, à juste titre, très dominantes, sont déconnectées du secteur.
Qu'en est-il de l'autre côté? Qu'en est-il des avantages et des possibilités offerts par le secteur des ressources naturelles et l'exploitation des minéraux critiques?
Nous possédons quelques-uns des plus importants gisements de minéraux découverts au monde, y compris pour certains éléments de terres rares, entre autres choses. Le Canada possède les minéraux qui répondent à ses besoins et à ses désirs.
Oubliez un moment mes commentaires sur le processus décisionnel — mettez-les de côté pendant quelques secondes — et regardez les résultats. Les résultats sont que nos normes réglementaires et environnementales sont en fait excellentes et très appropriées. Notre façon d'atteindre ces normes pourrait être remise en question. Nous pourrions améliorer la prise de décisions et la structure de développement, mais nous réussissons très bien à fixer la base de référence pour assurer la protection de l'environnement et la protection socioculturelle.
Dans une mesure dont nous ne parlons pas suffisamment, le Canada possède le secteur minier le plus impressionnant au monde. Notre expertise technique est remarquable, notre secteur a une portée mondiale et nos structures organisationnelles sont très souples.
Permettez-moi d'aborder un point qui me paraît vraiment important, et je sais que nous allons entendre un chef nous en parler plus directement que moi.
Parlons de l'engagement et de la participation des peuples autochtones, vous remarquerez que je n'ai pas dit qu'il s'agissait d'un obstacle. Contrairement aux explications habituellement fournies, les communautés autochtones ne constituent pas un obstacle important. Elles ne le sont tout simplement pas. Il y a des centaines d'ententes et quelques partenariats vraiment impressionnants.
Je suppose que votre comité a déjà parlé de Voisey's Bay au Labrador, de Cameco dans le nord de la Saskatchewan, de la nation Tahltan en Colombie-Britannique et de la Première Nation des Tr'ondëk au Yukon. Le pays ne devrait pas rejeter la responsabilité des retards aux communautés autochtones.
Permettez-moi de conclure rapidement en parlant des stratégies pour l'avenir. Comment pouvons-nous protéger l'environnement, respecter les aspirations des Autochtones et encourager les investissements? Comment pouvons-nous faire les choses correctement?
Premièrement, j'invite le gouvernement du Canada à s'asseoir avec les communautés autochtones et les représentants du secteur minier pour examiner le cadre réglementaire. Nous devons être un chef de file mondial en matière d'examen et d'approbation appropriés et rapides de projets, et ce n'est pas ce que nous sommes en ce moment. Nous pouvons faire beaucoup mieux.
Concentrons-nous sur la création de possibilités d'équité pour les Autochtones dans le secteur minier. Invitez les communautés autochtones à participer et vous découvrirez que le processus décisionnel s'est amélioré de façon assez spectaculaire.
Parlons ouvertement. Je pense que votre comité est un excellent exemple. Parlons ouvertement de la nature des minéraux critiques, expliquons les exigences du marché mondial et parlons aux Canadiens de l'importance du secteur des minéraux dans l'économie du XXIe siècle, et de la valeur particulière des minéraux critiques. C'est absolument essentiel.
Parlons aussi du fait que ces ressources sont absolument essentielles…
Je tiens tout d'abord à vous remercier de m'avoir invité à participer aux audiences de votre comité. C'est certainement un sujet que nous sommes heureux de discuter puisqu'il y a des répercussions importantes sur la façon dont le Canada traite généralement les situations où des projets d'exploitation des ressources interagissent avec les terres traditionnelles autochtones.
Comme vous le savez peut-être, le territoire de la région d'Eeyou Istchee Baie-James, situé dans le nord du Québec, s'étend sur environ 400 000 kilomètres carrés. Au fil des ans, ce territoire a connu de nombreux projets d'exploitation des ressources dans les secteurs de l'énergie, des mines et de la foresterie.
En fait, c'est l'annonce du projet hydroélectrique de la baie James dans les années 1970 qui a créé le contexte de la négociation de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois qui a été signée en 1975. Cette convention est notre traité. Au cours des 45 dernières années, nous avons tiré parti de notre traité pour accroître peu à peu le rôle et la compétence de nos collectivités sur notre territoire traditionnel, tout en améliorant les conditions de vie de notre peuple.
Le Québec s'est toujours positionné de façon à être une province favorable aux investissements dans l'industrie minière. Dans l'ensemble, l'industrie minière a constaté que le Québec offrait un contexte réglementaire et financier favorable. Cet aspect a encouragé de nombreuses sociétés minières à faire de l'exploration et à exploiter des mines.
À l'heure actuelle, comme à de nombreux endroits au Canada et ailleurs, il y a une volonté importante de découvrir, d'explorer et d'exploiter des gisements miniers qui permettraient de commercialiser les métaux et les minéraux qui joueront un rôle important dans la production de batteries ayant une grande capacité de stockage d'électricité. Le vanadium, qui existe à plusieurs endroits sur notre territoire traditionnel, est l'un de ces minéraux.
Il y a aussi dans notre territoire traditionnel plusieurs projets très actifs d'exploration et de mise en valeur du lithium, un élément largement employé dans la technologie actuelle des batteries. Étant donné que la plupart des gisements mondiaux de lithium sont concentrés dans des pays moins stables sur le plan politique, il y a un intérêt particulier envers la découverte et l'exploitation des gisements de lithium qui se trouvent au Québec. Cinq projets d'extraction de lithium sont actuellement à différentes étapes du processus d'examen et d'évaluation environnementale dans notre région. On a beaucoup parlé du fait que notre région pourrait devenir la batterie du Nord.
Nous sommes témoins, et nous devenons le point central de la convergence, d'une transition vers une énergie plus propre, de l'écologisation des opérations de l'industrie, de la prise de conscience environnementale croissante des consommateurs, de la recherche de minéraux critiques et de la reconnaissance du fait que les peuples autochtones peuvent contribuer de manière importante à notre compréhension collective et à notre réflexion sur le développement durable.
La nation crie d'Eeyou Istchee a passé de nombreuses décennies à lutter avec la province et le gouvernement fédéral pour obtenir la reconnaissance de ses droits autochtones et de ses droits issus de traités. Nous sommes maintenant ouverts à nous engager fermement avec les promoteurs de projets d'exploitation des ressources qui souhaitent mener des activités sur notre territoire traditionnel.
Nous avons obtenu que le Québec accepte que tous les projets d'exploitation des ressources proposés sur notre territoire traditionnel soient examinés dans le cadre du processus d'évaluation des répercussions sociales et environnementales décrit dans notre traité. Ce processus tient compte des préoccupations environnementales et sociales de notre peuple. Cette façon de faire se traduirait par notre participation aux projets proposés, y compris la surveillance environnementale, l'emploi, la formation, l'octroi des contrats et les avantages financiers.
Nous en sommes maintenant au point où nous avons établi et maintenu une relation avec le Québec dans un esprit de coopération et dans le but de créer des possibilités pour notre peuple et de lui rapporter les avantages. La Grande Alliance de février 2020 en est le plus récent exemple. Signé par le premier ministre Legault, ce protocole d'entente prévoit la mise sur pied d'un réseau d'organisations cries et gouvernementales qui collaboreront à la conception et à la réalisation d'aires protégées et d'infrastructure de transports, de communications et d'énergie qui concrétiseront les promesses de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois.
Nous avons beaucoup de travail à faire, mais cette nouvelle approche peut changer le paradigme qui a trop longtemps entravé l'atteinte d'un équilibre entre le développement et la protection de notre territoire traditionnel, qui demeure essentiel à la subsistance de notre nation crie.
Comme le montre le protocole d'entente de la Grande Alliance, nous sommes ouverts à l'idée de collaborer avec l'industrie minière, dans le contexte de notre traité et des régimes d'évaluation des répercussions environnementales et sociales qui y sont enchâssés. C'est dans le cadre de ce régime que nous évaluons l'acceptabilité sociale des projets. C'est grâce à ce régime que nous exprimons la notion de consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause.
Bonjour, monsieur le président, membres du Comité et autres témoins.
Je m'appelle Nigel Steward et je suis le chef du groupe technique pour le traitement de Rio Tinto dans le monde.
Rio Tinto est la deuxième plus grande société minière au monde et la plus grande société minière au Canada avec des opérations d'un océan à l'autre, depuis ses exploitations d'aluminium de classe mondiale à Kitimat en Colombie-Britannique et dans la région du Saguenay-Lac-St-Jean, jusqu'à sa mine de diamant Diavik dans les Territoires du Nord-Ouest, en passant par ses exploitations de minerai de fer au Labrador. Nous avons une véritable présence nationale grâce à nos activités d'exploration partout au pays.
Je vous remercie beaucoup de me donner l'occasion de parler avec vous aujourd'hui de l'important sujet des minéraux critiques. Comme M. Gratton l'a souligné dans son témoignage précédent devant le Comité, les secteurs minier et manufacturier du Canada seront essentiels à l'atteinte des objectifs du gouvernement fédéral en matière de changements climatiques pour 2030 et à la transition vers un avenir sans carbone d'ici 2050.
Les cibles climatiques de Rio Tinto pour 2030 sont conformes à l'Accord de Paris, et notre objectif est d'atteindre zéro émission nette dans nos opérations d'ici 2050. Nous ne savons pas encore à quoi ressemblera la voie vers 2050, mais nous savons qu'elle comprendra et doit inclure un approvisionnement sûr en minéraux critiques, qu'il s'agisse des minéraux nécessaires à la fabrication des batteries, notamment le lithium, le cobalt et le cuivre, d'éléments des terres rares comme le scandium, ou d'autres éléments critiques comme le gallium.
J'aimerais me concentrer aujourd'hui sur ce que Rio Tinto aime appeler l'« exploitation minière à valeur ajoutée ».
Lorsque nous pensons à l'exploitation minière, nous pensons immédiatement à l'extraction primaire ou aux nouvelles exploitations, mais nous découvrons de plus en plus que plusieurs minéraux critiques dont nous avons besoin pour contribuer à la transition à l'énergie propre sont présents dans les exploitations minières existantes, dans les flux de déchets et les stériles miniers. L'exploitation minière à valeur ajoutée consiste à extraire toute la valeur possible des gisements que nous exploitons.
Dans nos usines d'aluminium au Québec, par exemple, nous avons investi pendant plusieurs années dans la recherche et le développement afin de mettre au point un nouveau procédé qui, essentiellement, sépare nos résidus en leurs différents éléments. Nous avons réussi à monétiser ce qui aurait auparavant été considéré comme des déchets afin d'en tirer à la fois un avantage économique et un avantage environnemental. Aujourd'hui, dans notre industrie de l'aluminium au Québec, 85 % des 400 000 tonnes de résidus miniers sont maintenant entièrement récupérés sous forme de produits multiples qui sont expédiés à des clients.
Un autre excellent exemple d'exploitation minière à valeur ajoutée est ce que nous avons réussi à faire à notre usine métallurgique Rio Tinto Fer et Titane à Sorel-Tracy, au Québec, une installation qui extrait de l'ilménite des matières premières de dioxyde de titane de haute qualité, du fer, de l'acier et des poudres métalliques. Grâce à notre savoir-faire dans le domaine de la transformation et à nos capacités de recherche et développement, nous avons trouvé un processus d'extraction du scandium, l'un des minéraux critiques les plus rares. Nous le faisons à partir de nos flux de déchets.
En janvier, nous avons annoncé que Rio Tinto deviendrait le premier producteur d'oxyde de scandium de haute qualité en Amérique du Nord avec la construction d'une nouvelle usine de démonstration à l'échelle commerciale.
Le scandium est un élément d'alliage pour l'aluminium. Il crée de nouvelles possibilités pour les produits d'alliage scandium-aluminium dans des applications comme l'aérospatiale et la défense, car le scandium est unique. C'est l'un des rares éléments qui augmentent à la fois la résistance et la ténacité des alliages d'aluminium.
Rio Tinto investit 6 millions de dollars dans la construction d'un premier module dont la capacité initiale de production sera de trois tonnes d'oxyde de scandium par an, ce qui représente environ 20 % du marché mondial actuel.
Ce ne sont que deux exemples canadiens de la façon dont nous repoussons les limites de l'exploitation minière traditionnelle pour en extraire toute la valeur. Nous avons aussi des exemples aux États-Unis, notamment un projet pilote à notre mine de bore en Californie qui permettra d'extraire du lithium d'un flux de déchets produit à cet endroit.
En fin de compte, nous avons besoin d'acier, d'aluminium, de cuivre, de cobalt et de titane. Tous ces éléments sont nécessaires à notre croissance et à notre bien-être collectif. En tant qu'exploitant minier, nous devons non seulement trouver ces minéraux, mais aussi les extraire de la façon la plus durable possible. Ce désir, ainsi que la reconnaissance du fait que nous ne pouvons pas relever le défi des changements climatiques sans minéraux et métaux, nous pousse de plus en plus vers l'exploitation minière à valeur ajoutée avec la plus faible empreinte environnementale et de carbone possible.
Je vous remercie de votre attention et je serai heureux de répondre à vos questions.
Je suppose que ma première observation serait que, dans un certain sens, il est encore très tôt. Lorsqu'il a été présenté, le régime d'exploitation minière n'était pas très précis. Des balises assez larges ont été établies et le travail est en cours. Les entreprises du secteur des ressources avec lesquelles j'ai parlé au cours des dernières années m'ont mentionné la souplesse du processus d'EI et que les fonctionnaires fédéraux cherchent des façons de l'améliorer et de le voir se concrétiser.
Je synthétiserais ce processus en une période de 15 ans de ce que j'appelle la « surréglementation » de l'industrie. Nous croyons que si nous adoptons de plus en plus de règlements, si nous menons de plus en plus d'études et de plus en plus d'évaluations, nous obtiendrons de meilleurs résultats. Je pense que c'est une prémisse sur laquelle on peut s'interroger et quelque chose qui n'a pas nécessairement été prouvé.
Nous dépensons des sommes phénoménales pour étudier ces possibilités. Nous y consacrons beaucoup de temps et une grande partie de l'argent dépensé ne profite pas à la collectivité locale, à la Première Nation locale ni même à la province. Elle va à des entités plus vastes. En toute honnêteté, je suis très préoccupé. Je pense que nous devrions envisager d'accélérer l'atteinte des résultats et nous concentrer sur le produit final.
Les mines sont-elles réellement plus sûres et de meilleure qualité? Nous nous débrouillons fort bien pour avoir des mines plus sûres et améliorer certains des effets sociaux et culturels, mais je ne suis pas certain que ces résultats plus positifs soient attribuables à la portée, au temps requis et aux coûts de la réglementation.
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Nous les trouvons parfois dans les résidus eux-mêmes, mais le plus souvent ils sont séparés et récupérables pendant le traitement du minerai de base que nous voulons extraire. Par exemple, à une certaine étape du processus, nous pouvons obtenir une liqueur qui contient une grande quantité de gallium ou une grande quantité de scandium. C'est ce que nous faisons, par exemple, dans le cas du scandium à Rio Tinto Fer et Titane à Sorel-Tracy. Il est présent dans une partie de notre processus et nous pouvons le récupérer plutôt que de l'envoyer dans une installation de gestion des résidus.
De même, dans le cadre de notre processus d'extraction de bauxite d'aluminium, nous pouvons trouver certains de ces minéraux dans ce que nous appelons la liqueur Bayer... Après la dissolution complète de l'alumine dans la liqueur, nous pouvons récupérer du gallium et du vanadium, par exemple, qui sont dissous pendant le même processus. Nous pouvons mettre en place des processus pour extraire ces éléments.
Nous faisons d'autres choses. Aux États-Unis, par exemple, dans notre installation d'extraction de minerai de cuivre Rio Tinto Kennecott, à Salt Lake City, nous cherchons à obtenir des éléments tels que le rhénium et le tellurien avant tous les autres éléments extraits à cet endroit. En plus d'extraire du cuivre de ce gisement, l'installation extrait également de l'or, de l'argent, du molybdène et du plomb. Il s'agit d'examiner tout ce que nous pouvons extraire dans le cadre de nos processus existants, plutôt que de laisser ces éléments dans les résidus miniers.
J'habite à deux pas de l'usine d'Arvida, ma ville voisine. D'ailleurs, mon père y a passé sa vie avant le rachat de Rio Tinto. Je possède quelques notions sur la production d'aluminium, parce que c'est un secteur assez important dans ma région.
Dans votre présentation, vous avez parlé d'exploitation minière à valeur ajoutée. C'est un élément important. En effet, plusieurs intervenants nous ont dit que ce qui est important, au sujet des minéraux critiques, c'est la chaîne de valeur: on veut pouvoir faire une deuxième, puis une troisième transformation. Ce serait malheureux qu'il y ait une extraction des ressources primaires, qu'elles s'en aillent en Chine et que ce soit elle qui crée les emplois.
Là où j'ai une petite réserve, c'est que, depuis les 30 dernières années, on parle de deuxième et de troisième transformation de l'aluminium, alors que Rio Tinto n'a jamais pris d'engagement ferme en ce sens. Au contraire, disons que Rio Tinto s'est désengagée. Elle possédait un laminoir, qui est maintenant disparu. Rio Tinto s'est donc désengagée à l'égard de la deuxième transformation et se contente aujourd'hui de produire de l'aluminium primaire sans soutenir cette grappe. Je trouve cela inquiétant.
J'aimerais donc savoir de quelle façon vous pouvez garantir que vous respecterez l'engagement à l'égard de l'exploitation minière à valeur ajoutée. De quelle façon pouvez-vous garantir que vous allez soutenir les deuxième et troisième transformations des minéraux critiques au Québec?
Je remercie les témoins qui sont ici aujourd'hui.
Monsieur Bosum, je voudrais vous donner l'occasion de poursuivre sur le même sujet, mais j'aimerais en particulier entendre vos commentaires sur le processus d'évaluation d'impact que vous avez élaboré dans le cadre de la Convention avec les Cris. Je crois que cela remonte à la Convention de la Baie-James, et je sais que mon ancien collègue, Romeo Saganash, y a participé pendant de nombreuses années.
Vous pourriez peut-être nous donner des détails sur ce processus d'évaluation d'impact, ou commenter ce dont parlait M. Coates, c'est-à-dire comment certains de ces processus d'évaluation se prolongent inutilement et prennent trop de temps. Avez-vous l'impression que votre processus dans la région de la baie James est plus... Je ne veux pas dire « rationalisé », mais est-ce qu'il prévoit du temps pour parler avec les gens sur le terrain, ou...?
Je vais vous laisser répondre à cette question. J'aurai probablement ensuite des questions complémentaires à poser.
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur Cannings.
Pour terminer ce que je voulais dire, c'est que nous avons récemment signé le protocole d'entente avec M. Legault afin d'établir un équilibre entre l'exploitation des ressources et certaines des préoccupations traditionnelles des Cris à l'égard de l'environnement et des terres. Bien sûr, la question demeure toujours la même: comment pouvons-nous favoriser le développement dans le territoire.
Ce qu'il faut comprendre, c'est que les terres et l'environnement sont des enjeux cruciaux pour les Cris et peut-être pour tous les peuples autochtones du Canada. Lorsque nous commençons des discussions, nous constatons qu'il est toujours important de parler d'abord des terres et de l'environnement. C'est une des raisons pour lesquelles dans le protocole d'entente, notre objectif était la négociation d'aires protégées. Lorsque les terres ont été identifiées et protégées, il est plus facile d'examiner l'infrastructure requise pour le développement des ressources et, par conséquent, de réduire au minimum les impacts, peu importe la nature du développement dont il est question.
Cela représente un véritable changement dans la façon de faire les choses. Auparavant, nous réagissions toujours aux projets de développement. Ils se produisaient et nous devions réagir. Le protocole d'entente est en fait la conception de ce à quoi le Nord du Québec pourrait ressembler au cours des 30 prochaines années avec la participation active des Cris.
Bien que nous réalisions actuellement des études de faisabilité sur les divers types de besoins en infrastructure, tant pour l'industrie que pour nos collectivités, à un certain moment, un projet sera proposé. J'ignore quelle sera la nature de ce projet, mais lorsqu'il aura officiellement été présenté, il fera l'objet d'une évaluation environnementale. Habituellement, si un projet est suffisamment examiné au niveau communautaire et qu'il est compris et accepté par les gens, la réalisation du processus technique sur les répercussions environnementales sera ensuite, bien sûr, un peu plus facile puisque le représentant de l'industrie se sera entendu avec la collectivité ou la nation qui accueillera favorablement le projet.
Le régime prévu à l'article 22 est vraiment utile non seulement au processus du projet, mais aussi à sa définition en permettant aux Cris de participer s'il y a des façons de l'améliorer ou d'en réduire les impacts. Au final, tout le monde est gagnant: les Cris, les industries et les gouvernements.
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Merci, monsieur le président, et merci à tous les témoins.
Grand chef Bosum, je vous remercie de votre présence parmi nous. J'apprécie vos observations. Le Canada renferme effectivement un potentiel énorme. Vous avez aussi mentionné la possibilité de faire des investissements et de faire profiter les collectivités autochtones de ces projets de mise en valeur, d'exploitation minière.
Je vis dans le nord de la Colombie-Britannique où il y a d'énormes projets d'exploitations pétrolières et gazières. Ces projets ont une incidence marquée sur les populations autochtones, une incidence positive. Ils stimulent l'activité économique pour pratiquement tout le monde dans le nord, mais ils font face aussi à une certaine difficulté. M. Coates a mentionné dans son témoignage les retards sans fin dans le processus d'approbation réglementaire.
J'aimerais vous poser une simple question: En tant qu'autorité réglementaire, que pourrions-nous faire pour améliorer ce processus?
D'autres personnes ont répondu à cette question, mais j'aimerais commencer avec le grand chef Bosum. Que pourrions-nous faire de mieux en tant qu'autorité réglementaire, pour arriver plus rapidement à une conclusion de ce processus d'approbation?
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Oui. je pense que nous avons fait du chemin avec certaines entreprises au Canada, aussi. Dans le passé, les Premières Nations n'étaient consultées qu'à mi-chemin du processus.
À mon avis, nous avons fait beaucoup de progrès. Encore une fois, tout dépend de l'entreprise. Mais j'ai constaté que celles qui tenaient ces conversations avec les collectivités autochtones visées dès le début des négociations gagnaient le respect des Autochtones, et vice versa, et que le résultat est positif.
J'aimerais parler à M. Coates et à M. Steward de la même question. Nous en avons déjà parlé auparavant. Dans le passé, soit de 2011 à 2015, nous avions un processus d'approbation assez rigoureux que devaient franchir les projets. Il y avait un échéancier de 24 mois, du début à la fin du processus. C'était préférable, du point de vue de la certitude, c'était préférable du point de vue des investissements, et c'était préférable pour toutes les parties prenantes, mais depuis, nous nous sommes passablement éloignés de cet échéancier.
Voici la simple question que je vous adresse: Où se situe le Canada du point de vue du processus d'approbation des projets par rapport au reste du monde? Bien entendu, le Canada n'est pas le seul pays à avoir des ressources naturelles, mais où nous situons-nous sur le plan de l'échéancier?
Monsieur Coates, vous êtes le premier à l'avoir mentionné dans votre exposé, aussi, je vais m'adresser à vous.
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Certainement. Je vous répondrai brièvement.
Certains pays n'ont pour ainsi dire aucune réglementation ni aucune mesure de contrôle. De fait, ils adoptent pratiquement une approche de libre marché à cet égard, de sorte que ce sont les entreprises elles-mêmes qui fixent les limites. De fait, les entreprises canadiennes se débrouillent très bien en ce sens. Elles appliquent en principe les normes canadiennes à leurs activités, mais ce n'est pas le gouvernement qui impose les limites. Ce sont les compagnies minières qui le font.
La Scandinavie, où l'on est en train de réintroduire le secteur minier, envoie des représentants au Canada pour se renseigner sur notre façon de faire les choses. L'Australie est beaucoup plus rapide. La Russie est beaucoup plus rapide, et ce n'est pas un mauvais exemple. La Mongolie et la Chine, ces pays sont plus rapides. Mais ce ne sont pas des modèles à suivre.
J'aimerais faire valoir que l'on pourrait améliorer énormément les délais. Nous pourrions essentiellement faire comme vous l'avez mentionné tout à l'heure. Autrement dit, renseigner les parties prenantes sur les coûts rattachés à ces retards, et leur expliquer que de nombreux projets sont disparus parce que les sociétés minières ont réalisé que c'était beaucoup trop risqué compte tenu de l'échéancier dont elles disposaient.
Monsieur Coates, vous l'avez mentionné vous aussi. Vous avez déclaré que la longueur d'un processus d'approbation n'en fait pas nécessairement un meilleur processus. Nous l'avons constaté. Là d'où je viens, cela fait partie de l'historique des projets. Parfois le processus d'approbation s'étire sur une période de 10 ans, et au bout du compte, à la fin de ce délai, le projet n'est tout simplement plus viable.
Pourriez-vous nous expliquer un peu ce que vous vouliez dire? Je suis convaincu, à l'instar de nombreuses autres personnes qui participent à cette réunion aujourd'hui, que le monde a besoin de plus de pays comme le Canada, et non de moins. Nous disposons sans doute des meilleures normes environnementales et des meilleures normes du point de vue des droits de la personne au monde. Encore une fois, nous devons exploiter nos ressources ici même. Non seulement les exploiter, mais leur ajouter de la valeur et réaliser le plus grand nombre possible d'étapes de ce processus au Canada avant d'exporter ces produits.
Pourriez-vous nous expliquer ce que vous entendiez par cette déclaration que vous avez faite tout à l'heure, c'est-à-dire qu'un processus très long n'est pas nécessairement un meilleur processus?
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Merci, monsieur le président, et merci à nos témoins de leur présence parmi nous aujourd'hui.
Monsieur Coates, vous avez fait d'intéressants commentaires concernant la façon dont il faudrait procéder avec les évaluations et les évaluations régionales. Je sais que c'est l'une des choses que notre gouvernement a suggérées. En effet, Environnement et Changement climatique Canada mène actuellement l'une des premières évaluations régionales de ce type dans la région du Cercle de feu, dans le nord-ouest de l'Ontario, pour s'assurer que les bases de référence sont présentes. Votre suggestion est venue aux oreilles du ministère fédéral bien des fois, et c'est certainement un bon moyen d'aller de l'avant.
Je sais que M. Zimmer a expliqué que nous devrions susciter la participation des Autochtones dès le départ, et non à la fin du processus. Je suis tout à fait d'accord avec lui. C'est ainsi qu'il faut faire les choses. Tous les projets qui réussissent suivent ce mode de fonctionnement. Nous avons également tenté d'intégrer cette étape dans l'évaluation d'impact, le nouveau processus d'examen. Je ne veux pas susciter un débat concernant la LCEE de 2012 et la nouvelle évaluation d'impact — comme vous l'avez dit, il est encore tôt — parce que nous sommes ici pour parler des minéraux critiques. Malgré tout, ils font certainement partie de la discussion.
J'aimerais m'entretenir avec M. Steward au sujet de Rio Tinto. Il s'agit d'une société d'envergure internationale, et d'une très vaste entreprise. La présente discussion vise à déterminer comment faire en sorte que la chaîne d'approvisionnement de nos minéraux et de nos métaux soit sécurisée au Canada et aussi, comment procéder pour la maximiser. Autrement dit, que faut-il faire pour y injecter toute la valeur ajoutée possible au Canada même.
De toute évidence, en tant qu'entreprise internationale, ce n'est pas vraiment votre objectif. Votre objectif est évidemment d'obtenir la meilleure valeur pour vos efforts. Pourriez-vous nous donner une idée de ce qui se fait en Australie et dans d'autres pays où l'on tient les mêmes discussions? Pourriez-vous nous en parler un peu? Je sais que ces discussions n'ont pas lieu seulement au Canada actuellement, mais partout dans le monde.
Nous souhaitons protéger autant que possible tous ces minéraux et ces métaux afin d'assurer l'approvisionnement de nos industries renouvelables et, de toute évidence, de notre secteur des batteries. Alors que nous sommes en train d'électrifier notre univers, c'est tellement critique. Pourriez-vous nous brosser le tableau de ce qui se passe ailleurs dans le monde dans ce domaine?
Comme vous venez de le dire, il y a de l'activité partout. Je pense qu'il se joue des étapes importantes au sujet des terres rares en Australie en ce moment. Aussi, on constate énormément d'intérêt pour le lithium là-bas aussi.
Si on regarde autour du monde, on peut voir que les dépôts géologiques ne sont pas répartis également. Nous nous rendons dans les pays où se trouvent les gisements de minéraux et, chaque pays comporte ses avantages comparatifs à cet égard compte tenu de cette distribution inégale.
Concernant le Canada, je pense qu'il possède quelques avantages particuliers si on pense à l'avenir. Nous trouvons beaucoup de ces minéraux critiques dans les gisements que nous sommes déjà en train d'exploiter. C'est pourquoi je pense qu'il faut simplement continuer à faire ce genre de travail, comme je l'ai expliqué... Aussi, lorsque l'on réfléchit à la fabrication de l'acier dans le futur, par exemple, et au processus de fabrication de l'acier sans carbone, c'est une chose qui suscite beaucoup d'intérêt pour nous, en tant qu'entreprise, parce que nous produisons énormément de minerai de fer. L'un des meilleurs gisements de minerai de fer qui conviendrait très bien à ces technologies de fabrication de l'acier du futur se trouve à Terre-Neuve-et-Labrador, et est exploité par Iron Ore of Canada.
Vous voyez qu'il existe des avantages comparatifs relatifs, et qu'ils sont de nature géologique.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je vais poursuivre dans la même veine que mon collègue M. Lefebvre.
J'ai une question à vous poser, monsieur Steward.
Plus tôt, vous avez dit que ce qui expliquait que l'on ne puisse pas faire de deuxième ou de troisième transformation, c'était l'écosystème, qui se concentre surtout aux États-Unis. Ma crainte, dans le contexte des minéraux critiques, c'est que se reproduise le même écosystème, où la transformation ne se fera pas chez nous. En tant que grande entreprise, vous avez aussi une responsabilité. En tant que député, ce qui m'intéresse, relativement à l'aluminium et aux minéraux critiques, c'est la création d'emplois chez nous.
Tout à l'heure, vous avez parlé d'ELYSIS. Comme on le sait, les nouvelles technologies vont nécessiter moins d'employés. C'est donc embêtant pour un député de faire des annonces qui font que le nombre d'emplois en région diminue. J'imagine que vous êtes d'accord avec moi sur cela.
Selon vous, que peut faire Rio Tinto pour s'assurer que, dans les grappes comme celle de l'aluminium ou des métaux critiques, il y a des emplois dans les collectivités où sont situés les secteurs d'activités?
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Je pense que je vais poursuivre avec M. Steward.
Contrairement à M. Lefebvre, il n'y a qu'une seule grosse fonderie dans ma circonscription. Il s'agit de la fonderie Teck, à Trail, une grosse fonderie de plomb et de zinc. Elle produit quelques éléments rares, un peu comme ce que vous avez décrit, monsieur Steward. Je pense qu'il s'agit principalement de germanium et d'indium. L'entreprise compte parmi les premiers producteurs de ces matières premières. Encore une fois, en petite quantité, mais ce sont des produits très importants, et de grande valeur.
Rio Tinto est une grande société mondiale — l'une des plus grandes. Je me demandais si vous ne pourriez pas nous citer des exemples de ce qui se fait ailleurs dans le monde que le Canada pourrait suivre.
Comment la stratégie retenue par le Canada concernant les minéraux et les métaux critiques se compare-t-elle à la stratégie, disons, de l'Australie en pareille matière? Que pourrait faire le gouvernement fédéral pour faciliter la prospection de ces matériaux et pour créer des chaînes de valeur, comme on semble l'avoir fait au Québec avec le scandium?
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Nous avons parlé tout à l'heure de l'attribution de permis et de la facilitation des projets, je pense que c'était au tout début. De notre point de vue, le Canada se classe très bien par rapport à ce qui se fait ailleurs dans le monde. Ce qui revêt une importance particulière pour la rapidité, ce n'est pas tant la structure de la loi; à ce chapitre, le Canada est en réalité très efficace et très rigoureux. Il s'agit plutôt de renforcer la confiance entre toutes les parties prenantes et de bouger rapidement à partir de là.
Renforcer la confiance et travailler en collaboration, plus précisément avec les Premières Nations dans le cas du Canada, est tout à fait essentiel. Tout repose sur la confiance. Et c'est la confiance qui en réalité accélère le processus. C'est pourquoi, lorsqu'il y a bris de confiance, il faut revenir en arrière et repartir de zéro. C'est ce qui entraîne des retards.
Je pense aussi à l'une des choses très utiles qui existe au Canada, et qui est assez particulière — d'ailleurs, nous l'avons appliquée à la mine Diavik. La voici: dès le début, le permis d'exploitation ne portait pas seulement sur la mise en valeur de la mine elle-même, sur sa mise en marche, mais devait également inclure les plans en vue de sa fermeture à la fin. On considère l'environnement de manière holistique. Je pense que c'est l'autre chose particulière que nous voyons au Canada.
Pour ce qui est d'encourager l'industrie, ce qui compte vraiment c'est la qualité des gisements de minerais. Et cela signifie qu'il faut commencer par une bonne prospection. Le Canada est très ouvert à la prospection. Nous trouvons que le Canada est très ouvert et très efficace en matière de prospection. D'ailleurs, nous menons de nombreuses activités de ce genre actuellement au pays.
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Vous m'avez posé une question délicate, monsieur.
Je m'explique. C'est l'argument principal de cet article. Les Autochtones observent depuis 150 ans le développement des ressources. En fait, les résultats ont été dévastateurs. Certaines mines exploitées sur des territoires autochtones ont donné lieu à des situations horribles.
Depuis les 15 dernières années, compte tenu de l'obligation du gouvernement de consulter et d'accommoder imposée par la loi, des droits issus de traités et autres éléments du même genre, les Autochtones ont émergé comme un facteur majeur de l'économie des ressources naturelles. Il s'ensuit une situation au Canada à l'heure actuelle où l'on voit ces choses en termes très clairs. Mais ce sont les mauvais termes, autrement dit, même si le développement des ressources est mauvais, il nous permettra de créer quelques nouvelles économies qui sont bonnes. Eh bien, la nouvelle économie a besoin du développement des ressources. Vous savez au sein de ce comité que c'est absolument essentiel.
Toutefois, pour l'amour du ciel — et c'est là mon observation la plus sévère — les Autochtones sont des participants actifs et enthousiastes du développement des ressources effectué avec précaution. Ils veulent faire partie du processus. Ils ont désespérément besoin de leurs propres sources de revenus. Ils veulent des emplois. Ils veulent des débouchés commerciaux, et ils veulent protéger l'environnement. Il faut faire très attention de protéger cela.
L'industrie pétrolière et gazière a en quelque sorte été mise hors circuit. La participation des Autochtones à l'industrie pétrolière et gazière a été spectaculaire au cours des 10 ou 15 dernières années. Et maintenant, ces progrès seront mis en péril parce que le pays dans son ensemble sous-estime la valeur économique à long terme du pétrole et du gaz.
Faisons en sorte d'écouter les Autochtones, et pas seulement ceux qui sont en faveur d'un programme environnementaliste très radical.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je tiens à remercier tous les témoins de leur présence parmi nous.
L'une des difficultés rattachées au fait de se situer un peu plus loin dans l'ordre des intervenants est que bon nombre des questions que l'on souhaite poser ont déjà reçu une réponse. C'est pourquoi j'aimerais revenir sur deux ou trois points qui ont déjà été abordés afin de permettre aux témoins de développer un peu plus la réponse qu'ils auraient voulu donner avant d'être interrompus par notre formidable président.
Je suis désolé, monsieur le président, sans vouloir vous offenser.
J'aimerais commencer par le grand chef Bosum. Vous avez déclaré dans votre exposé que vous êtes en quelque sorte la batterie du Nord. J'aimerais poursuivre un peu sur ce thème. Le député McLean vient tout juste de parler des obstacles qui sont susceptibles d'empêcher ce genre de projets de se réaliser, et d'énumérer quelques-unes des difficultés qui se présentent.
En résumé, quel est votre plus grand souci avec ces projets? Quelles sont les plus grandes difficultés que vous devez affronter actuellement et qui vous empêchent de concrétiser ces projets?
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Oui, j'ai d'autres remarques à faire.
Pour que les choses soient bien claires, je précise que nous parlons de la motion concernant expressément le Bureau de la traduction.
Premièrement, je remercie M. Simard d'avoir présenté ses motions. Je suis moi-même président de comité, et je sais combien il est important que nous soyons très rigoureux en ce qui concerne la lisibilité, dans les deux langues officielles, des documents et des motions qui nous sont soumis. C'est un élément très important de notre travail, et s'il est possible d'améliorer les choses, nous devons le faire.
Cela dit, j'aimerais poser une question au sujet de la pratique actuellement observée au niveau des greffiers et des attachés de recherche. Je sais que dans de nombreux bureaux, pas seulement ceux des députés mais également ceux des attachés de recherche et des greffiers, on traduit les documents sur place. Je me demande donc si cette motion ne risque pas, en mettant un terme à cette pratique, de créer un goulot d'étranglement au Bureau de la traduction. Nous avons tous eu l'occasion d'envoyer des documents au Bureau de la traduction, et nous savons que cela prend du temps.
Bon nombre de députés et de leurs collaborateurs, que ce soit les greffiers ou les attachés de recherche, font leurs propres traductions. Il me semble que la motion, telle qu'elle est rédigée, interdira dorénavant cette pratique, et je ne suis pas sûr que ce soit l'effet recherché. J'aimerais avoir l'avis de M. Simard là-dessus, et peut-être aussi celui des attachés de recherche ou de la greffière.
Nous venons juste d'avoir un exemple de ce qui me préoccupe. Un amendement de fond a été présenté, et il a été adopté sans controverse. Mais si je comprends bien la motion — et M. Simard pourra me corriger si je me trompe —, il ne sera plus possible de procéder de cette façon. Il faudra en effet que M. Lloyd fasse traduire son amendement rapidement. Jusqu'à présent, nous utilisions la traduction fournie par les interprètes.
Tout ça pour dire que je ne voudrais pas que cette motion ait des conséquences indésirables et que, du jour au lendemain, le Comité soit obligé d'interrompre ses travaux chaque fois qu'une motion est présentée. C'est notre privilège, à nous, députés, de présenter des motions. Et si l'un d'entre nous souhaite présenter une motion de fond sur un aspect de la discussion en cours, il a le droit de le faire en temps réel. Il ne devrait pas être obligé d'attendre 48 heures. Je crains que cela ne soit contraire au Règlement de la Chambre, que nous nous efforçons bien sûr de respecter dans notre comité.
Je me trompe peut-être, et si c'est le cas je vous prie de m'en excuser, mais c'est comme ça que j'interprète la motion. Je ne sais pas comment nous pourrions la formuler pour que, s'agissant des motions présentées en comité, on puisse continuer d'utiliser la traduction fournie par le service d'interprétation.
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Merci, monsieur le président.
Je suis d'accord avec M. Lloyd, mais je tiens à préciser que vous n'avez pas besoin de donner un préavis de 48 heures, comme le prévoit le Règlement, si la motion se rapporte au sujet dont il est question. Ce serait, encore une fois, une atteinte à nos privilèges, puisque cela interdirait à un député de présenter une motion sur-le-champ, en fonction du débat en cours, ce qui serait un dangereux précédent.
Je ne pense vraiment pas que ce soit l'objectif recherché. Cette motion vise plutôt à garantir que tout le monde se comprend bien et que le caractère bilingue de notre pays est respecté. Mais si nous l'adoptons dans sa formulation actuelle, nous n'aurons plus le privilège de présenter une motion à partir de ce que nous venons d'entendre en comité.
Pour ces raisons, je n'ai pas l'intention de voter pour cette motion, à moins qu'elle soit modifiée pour ne s'appliquer qu'aux motions de fond. Pour le moment, elle concerne les motions de fond et les motions modifiant une motion de fond. Dans ce cas, il faudra savoir, avant même d'en discuter, quel amendement on voudra présenter à la motion, et par conséquent, à quoi bon avoir ensuite une discussion?
Merci.