Merci à tous d'être venus aujourd'hui.
Je vais sauter les directives habituelles afin d'accélérer le processus, parce que nous avons 15 minutes de retard. Il ne nous reste donc pas beaucoup de temps. Nous avons trois segments de 40 minutes, et le troisième sera l'étude article par article que nous aimerions terminer aujourd'hui.
Dans le deuxième segment, nous accueillons notre ministre, qui est censé se joindre à nous à 11 h 40 pour 40 minutes.
Notre premier groupe de témoins, bien entendu, se compose de représentants de la Newfoundland and Labrador Oil and Gas Industries Association avec Mme Charlene Johnson. Nous accueillons également M. Dave Mercer, de la section locale 2121 d'Unifor.
Vous aurez chacun un maximum de cinq minutes. Vous pouvez vous exprimer en français ou en anglais. L'interprétation est disponible, nous le savons tous maintenant.
Alors commençons sans plus tarder.
Madame Johnson, voulez-vous commencer, s'il vous plaît? Vous avez cinq minutes.
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Merci beaucoup, monsieur le président et membres du Comité. Je vous remercie de cette occasion de m'adresser au Comité aujourd'hui.
Je m'appelle Charlene Johnson. Je suis la PDG de la Newfoundland and Labrador Oil and Gas Industries Association, mieux connue sous le nom de Noia.
Notre association représente des entreprises membres du secteur de l'approvisionnement et des services pétroliers et gaziers extracôtiers. Les membres de Noia sont très divers. Ce sont notamment des exploitants de navires de ravitaillement et d'hélicoptères, des organismes de ressources humaines, des entreprises de sécurité et de protection de l'environnement et même de l'industrie de l'accueil, qui tire également de nombreux avantages de l'exploitation extracôtière ici.
Je comparais au nom de ces entreprises membres pour présenter mes observations sur le projet de loi , Loi modifiant la Loi sur la santé et la sécurité dans la zone extracôtière.
C'est la deuxième fois que je participe à une discussion sur cet enjeu au Comité parlementaire des ressources naturelles, et je vous remercie de m'avoir invitée à le faire. Mes observations reprennent celles que j'ai présentées en février au Comité sénatorial permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles.
Je tiens à souligner que Noia a apprécié les mesures prises par le Sénat. Nous remercions le ministère des Ressources naturelles d'avoir agi rapidement dès que le Sénat a adopté le projet de loi et de nous avoir invités à formuler des commentaires sur le nouveau règlement. Nous désirions justement que le gouvernement agisse rapidement, et j'espère que cette loi et son règlement seront adoptés avant la fin de l'année civile.
Noia a beaucoup parlé de compétitivité et d'échéanciers, notamment à de nombreux fonctionnaires fédéraux. Aujourd'hui, mon message demeure le même. Le processus de mise en œuvre de la nouvelle réglementation de l'Initiative en matière de santé et sécurité au travail dans la zone extracôtière de l'Atlantique a été beaucoup trop lent. C'est un autre symptôme de la maladie du retard qui s'est propagée dans notre industrie et a entravé sa croissance.
Heureusement que les mesures prises par les intervenants du secteur extracôtier, notamment par les exploitants du secteur extracôtier et par l'Office Canada-Terre-Neuve-et-Labrador des hydrocarbures extracôtiers, conjuguées aux protections prévues dans l'Accord atlantique et dans la Loi de mise en œuvre de l'Accord, ont maintenu la priorité sur la sécurité dans l'industrie pétrolière et gazière extracôtière.
L'industrie applique déjà des normes fondées sur le rendement et des pratiques exemplaires internationales pour assurer la sécurité des travailleurs. Bien que le processus de réglementation ait été très lent, nous sommes rassurés par les mesures prises par tous ceux qui participent à cette industrie et par leur engagement à l'égard de la sécurité, qui a toujours été primordiale; je crois qu'elle le demeurera toujours. Il faudrait cependant venir plus rapidement à bout de ce processus et d'autres processus semblables.
Pour vous donner un bref exemple de la sécurité de l'industrie, dont Terre-Neuve-et-Labrador est en tête de file, à Hibernia, la plus ancienne installation et à Hebron, notre plus récente installation, le taux de blessures entraînant des pertes de temps était de zéro en 2018.
Cela dit, je tiens à souligner que le Conseil consultatif de la santé et de la sécurité au travail de la Nouvelle-Écosse a été créé en mars 2019 et, à ma connaissance, il se réunit deux fois par année. Le comité correspondant pour la zone extracôtière de Terre-Neuve-et-Labrador n'est pas encore établi. Dans l'intérêt de tous, il faut corriger cela le plus rapidement possible.
L'industrie internationale surveille la rapidité de nos processus et elle voit nos longs retards d'un mauvais œil. Les retards constants, l'incohérence de la réglementation et les objectifs qui chantent constamment ont une incidence sur les décisions de participer et d'investir dans les ressources extracôtières du Canada et de Terre-Neuve-et-Labrador. Nous devons surmonter ces obstacles importants.
Dans cette optique, Noia appuie les efforts déployés pour faire avancer et pour achever ce processus et elle appuie le projet de loi . Cependant, Il faut le faire correctement. Nous ne voulons pas que le processus s'éternise, mais nous ne voulons pas non plus devoir le reprendre peu de temps après l'avoir achevé. Je crois que le processus que mène RNCan depuis deux mois donnera de bons résultats.
De plus, nous devons éviter les chevauchements inutiles des dispositions sur la santé et la sécurité au travail que nous allons adopter avec celles qui se trouvent dans d'autres lois. Mais surtout, n'abaissons pas les normes de santé et de sécurité dans les zones extracôtières.
En conclusion, Noia désire que l'on achève rapidement ce processus. Nous désirons établir une approche holistique de réglementation extracôtière qui tienne compte de l'engagement manifeste de l'industrie pour la sécurité de chaque personne qui travaille au large des côtes de Terre-Neuve-et-Labrador.
Merci. Je vous remercie de nous avoir consacré de votre temps.
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Merci. Bonjour, distingués membres du Comité permanent.
Je m'appelle Dave Mercer. Je suis président de la section locale 2121 d'Unifor et membre du groupe de travail sur la relance de l'industrie pétrolière et gazière de Terre-Neuve-et-Labrador.
Au nom des membres du secteur de l'énergie d'Unifor, je tiens à remercier les membres du Comité permanent des ressources naturelles de m'avoir invité une deuxième fois à commenter le projet de loi , Loi modifiant la Loi sur la santé et la sécurité dans la zone extracôtière.
Unifor représente près de 800 travailleurs du secteur pétrolier extracôtier, ce qui comprend les membres de la section locale 2121 qui travaillent aux unités flottantes de production, stockage et déchargement en mer, les FPSO Hibernia et Terra Nova. Nos membres de l'industrie extracôtière ont une connaissance concrète de l'importance que revêt leur secteur pour l'économie de Terre-Neuve-et-Labrador ainsi que les répercussions de la crise du COVID-19 sur les travailleurs de la province.
Depuis le début de la crise, au printemps dernier, plus de 400 de nos membres ont été mis à pied par l'industrie pétrolière. Ils font partie des milliers de travailleurs du secteur pétrolier et gazier extracôtier qui ont été mis à pied. On a aussi perdu probablement des milliers d'emplois dans l'industrie et dans le secteur de la prestation de services.
Depuis le tout début de la crise, Unifor a demandé sans relâche des mesures visant à relancer l'industrie pétrolière et gazière extracôtière tout en assurant le retour d'emplois décents et bien rémunérés dans la province. Les membres d'Unifor reconnaissent l'importance cruciale de la Loi sur la santé et la sécurité dans la zone extracôtière, qui a été déposée en 2014 pour mettre de l'ordre dans le labyrinthe des dispositions sur la zone extracôtière, pour combler les écarts entre les administrations fédérales et provinciales et pour offrir aux travailleurs extracôtiers des protections au moins égales à celles dont jouissent les travailleurs sur terre.
Nous sommes donc d'accord avec le sénateur David Wells...
... Pardon, m'entendez-vous bien? Il y a un bruit revient constamment.
Nous sommes donc d'accord avec le sénateur David Wells, qui affirme qu'en laissant les dispositions transitoires expirer à la fin de 2020, le gouvernement fédéral actuel manque à ses obligations, puisqu'il a eu six ans pour élaborer et mettre en œuvre un règlement permanent. Les tragédies que les travailleurs extracôtiers ont vécues à Terre-Neuve-et-Labrador à cause du manque de réglementation en matière de santé et de sécurité le confirment bien.
Vous connaissez probablement le traumatisme qu'ont subi nos collectivités à la suite de la catastrophe de l'Ocean Ranger et de l'écrasement de l'hélicoptère Cougar 491. Eh bien rien n'a changé depuis là. Nos membres du secteur extracôtier travaillent depuis plus de quatre mois dans un vide réglementaire qui ne protège aucunement leur santé et leur sécurité au travail.
Nous comprenons que le processus de mise en œuvre d'une réglementation permanente est complexe, mais l'industrie extracôtière s'est beaucoup développée en 2014, et il est plus important que jamais d'en mettre à jour la réglementation pour protéger nos membres. Six ans, c'est amplement suffisant. Je suis heureux de voir que le Sénat a amendé le projet de loi à cet effet. Ce devrait être la dernière prolongation, et le règlement permanent devrait être en vigueur d'ici à la fin de l'année. Unifor appuie également l'obligation, pour le ministère des Ressources naturelles, de présenter au Sénat d'ici au 15 juin un rapport d'étape décrivant clairement son calendrier de mise en œuvre.
J'exhorte le Parlement à adopter le projet de loi le plus tôt possible afin que les dispositions transitoires soient rétablies, ne serait-ce que jusqu'à la fin de l'année pendant l'élaboration du règlement permanent. Nos membres de l'industrie extracôtière travaillent dans un environnement très particulier qui présente d'importants défis en matière de sécurité, et de nombreux travailleurs ont perdu la vie avant que l'élaboration du règlement en matière de santé et de sécurité en arrive là où elle est aujourd'hui.
Je demande au gouvernement d'aller même plus loin et de déterminer comment renforcer ces dispositions pour les insérer dans une réglementation permanente afin que les entreprises ne puissent pas se soustraire à leur responsabilité d'effectuer de l'entretien préventif et des réparations, en interrompant leurs activités comme elles l'on fait pendant la crise de la COVID-19. En mars, Unifor a présenté des recommandations détaillées pour renforcer ce règlement dans le cadre des consultations menées auprès des intervenants. Unifor est convaincu que la meilleure façon de résoudre les problèmes de santé et de sécurité est de faire participer pleinement à toutes les activités liées à la santé et à la sécurité au travail les représentants des travailleurs qui siègent aux comités mixtes de santé et de sécurité. Les travailleurs ont le droit de savoir à quels dangers ils font face dans leurs lieux de travail. Ils ont le droit de participer pleinement à la protection de leur santé et de leur sécurité au travail et bien entendu, ils ont toujours le droit de refuser de travailler.
Comme le travail au large s'effectue loin de tout, les travailleurs ne sont pas toujours protégés par les inspecteurs de la santé et de la sécurité au travail qui se trouvent parfois à des heures ou à des jours de là. Les milieux de travail au large nécessitent un système de responsabilité interne solide. Nous sommes convaincus que les modifications que nous proposons d'apporter au règlement amélioreront ce système en donnant aux milieux de travail des outils communs en santé et en sécurité et en fournissant aux représentants des travailleurs de meilleurs outils pour aider les employeurs à résoudre des problèmes de sécurité parfois très complexes, tout en protégeant...
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Je peux commencer, monsieur Mercer, si vous voulez.
Pour ce qui est de la sécurité des travailleurs en zone extracôtière, je ne vois aucune incidence pendant cet intervalle de quatre mois ou même jusqu'à la fin de l'année. L'Office Canada-Terre-Neuve-et-Labrador des hydrocarbures extracôtiers, qui réglemente l'industrie, ajoute — d'ailleurs il l'a peut-être déjà fait — un libellé à l'autorisation de chacun des exploitants extracôtiers soulignant que chaque exploitant doit continuer de suivre les dispositions transitoires sur les hydrocarbures extracôtiers même si le règlement est arrivé à échéance.
L'Association canadienne des producteurs pétroliers est allée même plus loin en rédigeant six documents sur les pratiques exemplaires de l'industrie. Ce sont désormais de véritables codes de pratique adoptés par l'Office.
Je ne crains pas pour la sécurité des travailleurs extracôtiers, mais il ne devrait pas falloir sept ou huit ans pour mettre en vigueur un règlement aussi important sur la sécurité. Il est temps d'agir, pour ensuite passer à autre chose. Nous nous inspirons toujours des pratiques exemplaires internationales. Nous voulons des dispositions sur la sécurité qui soient les meilleures et les plus modernes pour les gens qui travaillent dans des environnements aussi éloignés et rudes.
Je suis convaincue que ces exploitants maintiennent toutes les mesures de sécurité dans la mesure de leur capacité. Comme je l'ai dit dans ma déclaration préliminaire, c'est un délai de plus pour nos zones extracôtières. Une initiative touchant la sécurité dans la zone extracôtière ne devrait pas prendre autant de temps.
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Oui, si je comprends bien ce processus, le gouvernement fédéral rédige toutes les dispositions en tenant la province au courant. Je crois comprendre qu’on envisage de permettre au grand public, à la province et à des associations comme la nôtre d'examiner la version préliminaire. Je ne sais pas si ce sera le cas. Je sais que c’est l’une des choses que le Ministère envisage de faire pour simplifier et pour accélérer le processus afin de le terminer en un an.
En ce qui concerne la COVID et ses répercussions, M. Mercer pourra peut-être donner plus de détails. Nous avons constaté, comme c’est le cas partout et dans toutes les industries, que beaucoup de gens se retournent de différentes manières et font des progrès qui leur donnent des années d'avance sur des initiatives qu'elles n'auraient jamais pensé possibles. Nous en voyons d’excellents exemples. Certaines entreprises se sont concentrées sur la numérisation et ont placé sur terre du personnel qui, auparavant, ne pouvait travailler qu'au large des côtes. Vous savez peut-être qu’Exxon a maintenant un centre de contrôle sur terre. Auparavant, ces employés auraient été obligés de rester au large, et maintenant ils peuvent rentrer chez eux chaque soir. Du point de vue de la sécurité, c’est excellent.
Je pense que cela est dû en partie à la COVID. En ce sens, la COVID présente certains avantages, mais de façon générale, elle a eu de graves répercussions sur notre industrie à cause de la réduction de la demande de produits pétroliers et, bien sûr, de la réduction des prix qui en a résulté. Je n’entrerai pas dans ces détails aujourd’hui parce que ce n’est pas une question de sécurité, mais un grand nombre de reports, de retards et d’annulations se sont produits dans nos zones extracôtières et ont entraîné les milliers de mises à pied dont M. Mercer a parlé dans sa déclaration préliminaire.
Monsieur Mercer, vous pourriez peut-être nous donner plus de détails sur les répercussions qu'a eues la COVID sur la technologie?
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier les deux témoins d’être venus aujourd’hui, M. Mercer et Mme Johnson. Je tiens à souligner que Mme Johnson et moi-même, ainsi que Mme Jones, avons siégé à la Chambre de l’Assemblée de Terre-Neuve-et-Labrador. Nous avons donc l'habitude de débattre les uns avec les autres. Je suis heureux de vous voir ici aujourd’hui.
Tout d’abord, je tiens à souligner qu'il y a près de 30 ans, ou presque 30 ans, que la sécurité extracôtière a été confiée à l’Office Canada-Terre-Neuve-et-Labrador des hydrocarbures extracôtiers. Auparavant, les ministères du Travail provincial et fédéral étaient responsables de la santé et de la sécurité au travail dans la zone extracôtière. J’étais à l’Assemblée législative à ce moment-là, en 1992, et je me souviens que les syndicats étaient très déçus. Les règlements exécutoires ne sont entrés en vigueur qu’en 2014.
Nous menions là les premières discussions visant à obliger les employeurs de respecter le droit qu'avaient leurs employés de refuser un travail dangereux, de participer à ces discussions et de jouir du même niveau de protection que les employés sur terre.
Il est particulièrement préoccupant qu'il ait fallu autant de temps pour y parvenir. Si nous avions eu un conseil indépendant sur la sécurité des travailleurs extracôtiers, comme l’a recommandé le juge Wells dans le cadre de l’enquête sur la sécurité des hélicoptères extracôtiers, nous n’aurions peut-être pas dû attendre six, sept ou huit ans depuis 2014 pour que ce règlement entre en vigueur.
M. Mercer et Mme Johnson pourraient-ils nous dire ce qu’ils en pensent, parce que le juge Wells a demandé la création d’un organisme distinct, puissant, indépendant et bien informé, doté de conseils d’experts qui veilleraient uniquement à ce que le régime de santé et de sécurité dans la zone extracôtière soit adéquat?
Est-ce que cela serait déjà en place si nous avions eu un conseil indépendant? Qu'en pensez-vous, madame Johnson et monsieur Mercer?
:
Je ne sais pas ce qui cause ces retards, alors je ne sais pas si nous pouvons remettre cela entre les mains de l’Office ou si cela relève du ministère fédéral des Ressources naturelles. Je ne sais pas ce qui cause ces retards.
Je sais que l’Office Canada-Terre-Neuve-et-Labrador des hydrocarbures extracôtiers reçoit des éloges de la part des exploitants d’ici pour son expertise en matière de sécurité et d’environnement. On en entend beaucoup parler. Cependant, comme vous le savez, monsieur Harris, l'Office est aussi responsable de la vente de terres et de l'extraction maximale des ressources, alors certains suggèrent que l'on sépare ces deux volets de responsabilité.
Je dis depuis plusieurs années que notre province a besoin d’un organisme chargé uniquement de maximiser l'extraction de la ressource, comme le fait l'Oil & Gas Authority du Royaume-Uni et le Norwegian Petroleum Directorate. L’Office devrait peut-être aussi s'en charger, mais avec plus de ressources. Peut-être qu'une autre section de l'Office devrait se concentrer uniquement sur la sécurité et l’environnement.
Nous ne savons pas qui devrait faire quoi. Il faut tout simplement que la sécurité et l’environnement passent en premier, puis il faut mettre l’accent sur l’exploitation de nos ressources en temps opportun. Je dis cela parce qu’en ce qui concerne la réglementation — pas seulement en matière de santé et de sécurité au travail, mais dans nombreux autres domaines —, compte tenu du temps qu’il faut à Terre-Neuve-et-Labrador et au Canada, comparativement à d’autres gouvernements, nous sommes loin derrière les autres pays. Cela nous rend moins concurrentiels.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous.
Je vous parle aujourd'hui à partir de l'île de Terre-Neuve, sur le territoire ancestral des Micmacs et des Béothuks.
[Traduction]
Il s'agit également de l'une des trois provinces fières de produire du pétrole au Canada.
Je souhaite remercier les membres de soutenir notre demande visant l'adoption rapide de cette loi importante.
Cette question est donc importante pour moi. Il s'agit d'un enjeu personnel. Cet enjeu vise une industrie qui a offert de nombreuses retombées à ma province. Cet enjeu touche les travailleurs ici. Mes voisins. Mes amis qui travaillent dans notre région extracôtière. Je me souviens très bien de l'industrie à ses débuts. Il y a environ 20 ans, j'étais un jeune travaillant auprès du premier ministre Brian Tobin lorsque la première plateforme, Hibernia, était en construction. Tous les espoirs étaient permis après le désespoir causé par l'effondrement de la pêche à la morue. Aujourd'hui, il s'agit d'une industrie fière et mature. Une industrie qui, au fil des ans, a représenté 30 % de notre économie. Un emploi sur dix se trouve dans cette industrie. Cela représente 10 % des emplois au fil des ans. En fait, le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador compte davantage sur ses redevances pétrolières que les gouvernements de l'Alberta et de la Saskatchewan.
L'ouverture de l'industrie extracôtière dans l'Atlantique a également créé des emplois et une richesse pour les Néo-Écossais avant et pendant la mise hors service récente de ses deux projets gaziers.
Nous sommes ici pour parler de la santé et de la sécurité des travailleurs. Nous voulons les protéger.
Lorsque j'ai parlé du projet de loi aux sénateurs en février, j'ai été frappé par une remarque de la sénatrice de la Nouvelle-Écosse Jane Cordy. Elle a dit que lorsqu'on vit au bord de l'océan, on comprend sa puissance.
Beaucoup d'entre-nous n'ignorons aucunement la puissance de la mer. Le président d'Exxon Mobil Canada m'a indiqué qu'il n'existe pas d'environnement plus hostile au monde dans lequel son entreprise est exploitée que la région extracôtière de Terre-Neuve.
La mer est puissante, et cette puissance peut également avoir des conséquences tragiques. Nous nous souvenons particulièrement de deux tragédies. Tout d'abord, il y a eu le naufrage de l'Ocean Ranger. Les 84 personnes à bord ont péri pendant une terrible tempête hivernale dans l'Atlantique Nord en 1982. Je me souviens de la taille du titre quand j'ai livré le journal le lendemain.
De nouvelles mesures de sécurité ont été adoptées à la suite d'une Commission royale. En 2009, une nouvelle tragédie s'est produite. Un hélicoptère acheminant 18 travailleurs jusqu'à une plateforme extracôtière s'est écrasé dans l'océan. Une seule personne a miraculeusement survécu. Une enquête judiciaire a été menée, et a entraîné l'adoption, en 2014, de la Loi sur la santé et la sécurité dans la zone extracôtière. Le gouvernement de l'époque a mis en place le régime de sécurité provisoire, en accordant un délai de cinq ans aux représentants pour mettre la touche finale au règlement permanent. Cette échéance a été repoussée de deux ans. Nous demandons maintenant une nouvelle échéance, soit d'ici la fin de l'année civile, pour achever ces travaux.
Je sais que certains députés sont prêts à crier et à affirmer que c'est un échec en raison de ces retards. Ils ont raison de ressentir de la frustration. J'éprouve la même chose. Je l'ai dit pendant les audiences auprès du Sénat, et je vais le répéter aujourd'hui. Le processus n'aurait pas dû prendre autant de temps.
Cependant, tenez compte de ceci. L'un de nos hauts fonctionnaires a déclaré aux sénateurs que le calendrier initial de cinq ans était ambitieux, même si tout devait se dérouler comme prévu, parce qu'il s'agit d'un processus complexe. Nous parlons de trois gouvernements et de deux organismes de réglementation indépendants. C'est ainsi que fonctionne notre secteur extracôtier. C'est un cadre de gestion conjoint. La Loi sur l'Accord atlantique définit clairement les domaines de responsabilité et précise les décisions qui doivent être ratifiées conjointement. Par conséquent, vous ne pouvez pas agir seul.
De plus, nous avons entrepris de vastes consultations auprès des parties prenantes, dont l'industrie, et tout particulièrement les syndicats, qui doivent ensemble trouver un terrain d'entente sur un règlement comptant quelque 300 pages. Un règlement qui incorpore, par renvoi, 173 normes nationales et internationales, qui se trouvent dans des documents comptant plus de 15 000 pages.
Il fallait ensuite traduire le tout en termes juridiques, dans les deux langues officielles. Ajoutez à cela des élections, une pandémie et une interruption importante en 2017, afin de permettre aux représentants de résoudre certains problèmes relatifs au règlement provisoire de 2014 qui causaient des problèmes à l'industrie. Tout cela a fait que nous avons pris du retard.
Certains critiquent ces retards. Ils le peuvent. Certains d'entre vous peuvent affirmer qu'il est impossible de blâmer la pandémie. C'est effectivement vrai dans une certaine mesure. Cependant, réfléchissez au temps qu'il a fallu au présent Comité et au Parlement pour comprendre comment fonctionner pendant une pandémie.
Tous nos conseillers techniques, fédéraux et provinciaux, dans leurs ministères chargés de la santé et de la sécurité au travail, ont œuvré en premières lignes dans la lutte contre la COVID-19.
Cependant, il est trompeur de dire que ce gouvernement ne se soucie pas des travailleurs. Ce n'est pas vrai. Ce sont mes voisins. Ce sont eux qui ont fait de notre province ce qu'elle est. Les travailleurs sont au cœur de tout ce que nous faisons ici.
Nous sommes en train de mettre la touche finale à un régime de sécurité de classe mondiale et du même coup, nous appuyons une industrie qui éprouve encore des difficultés en raison de la pandémie et des très mauvaises conditions du marché pétrolier en 2020. En vérité, aucun gouvernement fédéral n’en a fait plus pour la région extracôtière que le présent gouvernement. Pas depuis l’époque de Brian Mulroney et de John Crosbie.
En 2019, 2,5 milliards de dollars ont été versés à Terre-Neuve-et-Labrador dans le cadre de l'Accord atlantique renouvelé. Près de 400 millions de dollars ont été consacrés au soutien des travailleurs et à la réduction des émissions au large des côtes pendant la pandémie. Ce que l'industrie nous demande depuis des années, nous l'avons fait, c'est-à-dire réduire la durée des évaluations de forage exploratoire, passant de plus de 900 jours à 90 jours, sans nuire à l'intégrité environnementale.
Pas plus tard que la semaine dernière, j'ai annoncé 16 projets financés dans le cadre du volet extracôtier du Fonds de réduction des émissions. Ce sont des projets qui peuvent utiliser le captage du carbone, qui utilisent l'énergie éolienne et d'autres sources d'énergie renouvelable capables d'alimenter les activités de l'industrie, des projets qui réduiront les émissions. Face aux défis, nous avons appuyé nos travailleurs et nous allons continuer de les appuyer pour les protéger.
Monsieur le président, à titre de personne originaire de Terre-Neuve-et-Labrador, je suis fier de ce que nous avons réalisé depuis que cette industrie a commencé ses activités au cours des années 1960. L'industrie extracôtière a amélioré la vie des habitants de Terre-Neuve-et-Labrador. Elle a empêché les familles de se séparer pour trouver du travail sur la partie continentale.
[Français]
Nous devons protéger ces travailleurs. La meilleure façon d'y arriver est en adoptant un régime de sécurité de classe mondiale. J'y crois et je le soutiens.
Le projet de loi nous aidera beaucoup. Je vous incite à le soutenir.
Je suis accompagné de dirigeants du ministère: Glenn Hargrove, sous-ministre adjoint, Bureau de la politique stratégique et de l'investissement en matière d'hydrocarbures, et Tim Gardiner, directeur principal, Gestion des hydrocarbures extracôtiers, Bureau de la politique stratégique et de l'investissement en matière d'hydrocarbures.
Nous avons hâte de répondre à vos questions.
Merci beaucoup.
Monsieur le ministre, je crois que votre micro s'est coupé. La dernière partie de votre intervention n'était pas claire.
Je vais commencer par vous poser une question.
Charlene Johnson, de la Newfoundland and Labrador Oil and Gas Industries Association, a témoigné avant vous et elle a parlé de la maladie des retards qui touche ce dossier extracôtier. Six ans se sont écoulés depuis décembre 2014, lorsque nous avons dû proposer ce projet de loi. Six ans pour que le gouvernement fédéral mette en place des règlements, c'est long et nous avons échoué à cet égard. Le gouvernement a échoué.
La question, bien sûr, est de savoir pourquoi nous avons échoué.
Je pense que d'autres échecs se profilent à l'horizon. Vous avez évoqué la présentation au Comité du projet de loi initial du gouvernement, or le Sénat voulait disposer de deux ans pour bien faire les choses, et deux ans, c'est long. Ce n'est pas la fin de 2021, mais la fin de 2022.
Pouvez-vous nous expliquer à nouveau ce retard et nous dire si vous appuyez les amendements qui ont été présentés au Sénat pour limiter le délai à un an et faire en sorte que le règlement soit adopté à la fin de l'année civile en cours, soit 2021, s'il vous plaît?
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Je remercie le député de sa question.
Cela a pris trop de temps. C'est indéniable.
Cela ne figure pas dans les notes qui ont été préparées à mon intention, mais je vais vous dire une chose et je pense que la plupart des Terre-Neuviens et Labradoriens seraient d'accord avec moi. Le secteur extracôtier n'a jamais été très considéré sur le plan national. Je me souviens qu'au cours de notre première année complète au pouvoir, une délégation a assisté à la conférence CERAWeek à Houston, comme s'en souvient le député. Des fonctionnaires de RNCan étaient présents. Le ministre était là. Je crois que le premier ministre de l'époque était là, ainsi que des ministres adjoints et des premiers ministres d'autres provinces. C'était une grande célébration de l'énergie canadienne. Lors des remarques liminaires qu'il a prononcées au nom de la délégation canadienne, le représentant de RNCan a parlé des grandes provinces productrices de pétrole que sont l'Alberta et la Saskatchewan. Il y a eu un silence gênant, et tous les Terre-Neuviens et Labradoriens présents dans la salle attendaient que leur province soit reconnue comme une province productrice de pétrole. Ce ne fut pas le cas.
Il y a un préjugé institutionnel et bien entendu, je me suis battu avec acharnement pour le corriger, même si, pour être juste envers mes collègues, lorsque je suis arrivé à RNCan, je pense que cette leçon avait été apprise. Je ne jette la pierre à aucun parti. Je pense que c'est simplement la mentalité d'Ottawa qui joue parfois. En fin de compte, Terre-Neuve-et-Labrador est la troisième province productrice de pétrole et elle est très importante. Par conséquent, elle réclame et mérite la même attention, en particulier sur des points aussi importants que la réglementation en matière de sécurité.
Les règlements eux-mêmes sont complexes. Comme je l'ai dit, ils font près de 300 pages en tout. Permettez-moi de réaffirmer que, s'agissant de la vie et de la sécurité des hommes et des femmes qui travaillent au large, nous ne prenons pas de raccourcis. Nous leur devons cela pour assurer leur sécurité.
Nous tenons compte des normes nationales et internationales...
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Je remercie la députée de sa question. Comme elle le sait, tous les partis et les deux chambres du Parlement ont travaillé dans les meilleurs délais sur ce projet de loi tout en faisant preuve de diligence raisonnable. Dans un Parlement minoritaire — et il faudrait le dire aux gens —, le travail repose sur la collaboration et la communication régulières sur les choses vraiment importantes.
Cela ne concerne pas que la Chambre. Comme la députée du Labrador le sait, cela s'étend à la gestion conjointe et à l'Accord atlantique. Presque tous les habitants de Terre-Neuve-et-Labrador, en tout cas ceux de mon âge qui se souviennent des combats des années 1980 et 1990, connaissent l'existence de la cogestion. Il s'agit d'une relation réelle et complète, avec une véritable gestion conjointe des ressources extracôtières entre le gouvernement du Canada et le gouvernement de la Nouvelle-Écosse d'une part, et le gouvernement du Canada et le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador d'autre part.
Quand, à l'automne 2020, il est devenu clair que le règlement final ne serait pas terminé avant le 31 décembre de la même année, notre gouvernement, le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador et le gouvernement de la Nouvelle-Écosse ont chacun pris des mesures législatives pour prolonger la période de transition afin que les travailleurs soient protégés en vertu du cadre de santé et de sécurité au travail existant.
Il faut dire aux gens qui nous regardent et se posent peut-être la question que tous les travailleurs ont été pris en charge. Nous avons fait en sorte qu'il y ait vraiment une période de transition. C'est à ce stade, en ce qui concerne le gouvernement fédéral, que ce projet de loi a été présenté au Sénat, soit le 1er décembre. Le projet de loi a été modifié, adopté par le Sénat à la mi-février, puis il a été présenté à la Chambre, et dans un délai semblable maintenant, il a été renvoyé à ce comité. Les choses avancent donc.
Encore une fois, je tiens à féliciter les membres du Comité de tous les bords de la Chambre pour la priorité qu'ils ont accordée à cette question.
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Merci, monsieur le président.
C'est avec plaisir que nous vous retrouvons, monsieur le ministre.
Nous avions discuté d'ailleurs du projet de loi . Je vous avais assuré que je n'avais pas d'objection et que je ne jouerais pas à l'empêcheur de tourner en rond sur ce projet de loi. Je pense que nous pouvons procéder rondement.
Dans cet esprit de collaboration, j'espère que vous allez me permettre de vous poser une question qui reste dans le domaine énergétique.
Dans votre présentation, vous avez parlé du secteur énergétique de façon plus large. J'aimerais soulever une préoccupation que j'ai au sujet de la stratégie que vous êtes en train de déployer sur l'hydrogène. Je pense particulièrement à l'hydrogène gris. À mon sens, il ne peut pas s'inscrire dans un plan de relance vert.
Je crois qu'il serait important, avant de mettre en place cette stratégie, que vous preniez en considération la relation entre la production d'hydrogène et ce que cela suppose en carbone. Je ne sais pas si vous avez été sensibilisé à cela.
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Merci, monsieur le président.
Je suis heureux d'avoir l'occasion de parler au ministre O'Regan ce matin.
Merci d'être avec nous.
Je partage avec vous, bien sûr, le souvenir de la tragédie de l'Ocean Ranger et de celle de l'hélicoptère de la compagnie Cougar. J'ai assisté aux audiences de ces deux enquêtes. En fait, j'ai assisté à l'enquête sur les hélicoptères extracôtiers menée par le juge Wells. Je sais à quel point la sécurité extracôtière est importante pour tout le monde, mais ce n'est qu'en 2014 que nous avons eu des règlements exécutoires en matière de sécurité extracôtière qui s'appliquent de la même façon qu'à terre, alors il est très important qu'ils soient en place.
Je comprends qu'ils sont compliqués et qu'il faut du temps pour les mettre en place, même si 300 pages, ce n'est pas vraiment beaucoup pour un règlement. Quoi qu'il en soit, je suis exaspéré, et je crois qu'il en va de même pour bien des gens, par le fait que l'on a laissé ce régime devenir caduc le 31 décembre dernier. Depuis, le règlement n'est plus applicable. C'est précisé dans la loi elle-même. Personne ne peut être reconnu coupable d'une infraction en vertu du règlement si elle a été commise entre le 1er janvier de cette année et le moment où la loi sera adoptée. En passant, nous voulons qu'elle soit mise en place le plus rapidement possible, et nous appuyons cela.
Le ministre peut-il expliquer comment il se fait que ce règlement sur la sécurité dans les zones extracôtières de Terre-Neuve-et-Labrador est devenu caduc? Cela n'arriverait à aucun autre règlement. S'agit-il d'une personne qui dort aux commandes ou qui ne se rend pas compte de l'importance de ce règlement dans la zone extracôtière de Terre-Neuve-et-Labrador?
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D'accord, pas de problème.
Y a-t-il d'autres interventions?
L'article 3 est-il adopté?
(L'article 3 est adopté.)
Le président: Excellent. Merci.
Le titre est-il adopté?
Des députés: D'accord.
Le président: Je n'ai pas demandé s'il y avait un débat là-dessus. J'ai pris un risque. Merci.
Le projet de loi est-il adopté?
Des députés: D'accord.
Le président: Excellent. Merci.
Le président doit-il faire rapport du projet de loi à la Chambre?
Des députés: D'accord.
Le président: Je crois que c'est parce que nous n'avons pas apporté d'amendements au projet de loi.
Madame la greffière, je crois que nous avons réglé toutes nos questions.
Nous avons été très efficaces. Merci à tous. Je vous en suis très reconnaissant.
Comme il n'y a pas d'autres points à l'ordre du jour aujourd'hui, je verrai tout le monde vendredi, lorsque nous reprendrons notre étude là où nous l'avons laissée. Profitez bien du reste de la semaine, et nous nous reverrons vendredi à 13 heures.