Je vous remercie tous de participer à notre 35e séance. Il s'agit non seulement de la dernière séance que nous consacrons à cette étude, mais aussi de notre dernière séance de la session.
Je veux répéter certaines des observations que j'ai faites à la fin de la séance précédente. Je vous remercie tous de votre ardeur au travail, de votre engagement, de votre esprit de collaboration et de votre enthousiasme, non seulement dans le cadre de cette étude, mais aussi au sein du Comité. Encore une fois, je remercie particulièrement toutes les personnes qui rendent la tenue de nos réunions possible, deux fois par semaine — les interprètes, bien sûr notre merveilleuse greffière et nos formidables analystes. Encore une fois, merci à tous.
Je remercie les témoins qui participent à notre dernière réunion sur l'industrie des carburants renouvelables et à faible teneur en carbone.
Il s'agit d'une réunion virtuelle. Je suis certain que vous n'en êtes pas à votre première expérience. Vous avez un casque d'écoute. Je vous demande de faire preuve de patience. Attendez que l'autre personne ait fini de parler avant de prendre la parole, de sorte que les interprètes puissent suivre les discussions. Il y a une icône que vous pouvez utiliser au bas de votre écran pour entendre l'interprétation. On vous posera des questions dans les deux langues officielles. Vous pouvez vous exprimer dans les deux langues et nous vous encourageons à le faire.
Je vais accorder à tous les groupes de témoins un maximum de cinq minutes pour faire une déclaration préliminaire, et les membres du Comité poseront ensuite leurs questions.
Il se peut que je doive vous interrompre si le temps de parole est écoulé. Je m'en excuse à l'avance.
Nous accueillons aujourd'hui quatre organismes différents. Nous recevons des représentants de Biocarburants avancés Canada, d'Air Liquide Canada inc., d'Industries renouvelables Canada, puis M. Ross McKitrick, de l'Université de Guelph.
Les témoins feront leur déclaration dans cet ordre. Nous entendrons tout d'abord les représentants de Biocarburants avancés Canada. Je souhaite la bienvenue à M. Ian Thomson et à M. Fred Ghatala.
J'ai oublié de mentionner que M. est absent aujourd'hui. Mme Martinez Ferrada a gentiment accepté de le remplacer. Je vous remercie de votre présence également.
Je vais céder la parole aux représentants de Biocarburants avancés Canada. Vous disposez d'un maximum de cinq minutes.
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Merci, monsieur le président.
Je m'appelle Ian Thomson. Je suis le président de Biocarburants avancés Canada. Je suis accompagné de mon collègue, M. Fred Ghatala, qui est directeur du carbone et de la durabilité au sein de notre organisme.
Ce matin, je souhaite présenter deux idées centrales au sujet de l'étude du Comité.
Premièrement, les biocarburants avancés et les carburants de synthèse renouvelables qui sont produits par nos membres ont été améliorés de façon spectaculaire à tous les égards au cours de la dernière décennie et ils sont déployés à l'échelle commerciale ici et dans le monde entier. Toutefois, le caractère révolutionnaire de ces innovations est peu connu et d'anciennes perceptions prévalent.
Deuxièmement, le Règlement sur les combustibles propres, qui fait actuellement l'objet d'un dernier examen, a un immense potentiel, mais plusieurs modifications simples doivent y être apportées pour qu'il tienne ses promesses.
Le Règlement sur les carburants renouvelables adopté il y a une décennie ne comprenait qu'une poignée de solutions, mais il a fonctionné comme prévu. Il a donné le coup d'envoi à de vastes efforts pour déployer une nouvelle génération de carburants à faible teneur en carbone et à haute densité énergétique.
Aujourd'hui, ces carburants peuvent remplacer complètement les combustibles fossiles ou être mélangés à ces derniers. Ils fonctionnent parfaitement dans les infrastructures et les moteurs existants et certains sont même produits dans des raffineries de pétrole. Les matières premières des carburants propres ne sont plus seulement des cultures durables, mais aussi des déchets et résidus ménagers et industriels, et même du CO2 capté dans l'air ou dans les cheminées industrielles. Les carburants liquides propres viennent compléter une série d'autres sources d'énergie à faible teneur en carbone pour les transports qui sont également en train d'être développées.
Grâce à ces innovations, les biocarburants avancés qui sont produits au Canada aujourd'hui peuvent être compétitifs sur le plan des émissions de carbone par rapport, par exemple, aux véhicules électriques sur la base du cycle de vie complet. Un véhicule qui fonctionne avec ces carburants peut être un véhicule sans émissions, réduisant les émissions de gaz à effet de serre de 80 à 120 % par rapport aux véhicules qui fonctionnent avec des combustibles fossiles.
Nous savons que l'électricité et d'autres sources d'énergie à faible teneur en carbone joueront un rôle de plus en plus important dans les transports. Dans le rapport qu'elle a publié le mois dernier, et qui donne à réfléchir, l'Agence internationale de l'énergie indique clairement que, même dans le cadre d'engagements mondiaux ambitieux pour atteindre la carboneutralité, plus de 80 % de la demande finale en énergie dans le secteur des transports reposera sur le moteur à combustion interne d'ici 2050. Les secteurs maritime, ferroviaire et aérien pourraient dépendre de ces carburants encore plus longtemps. En bref, nous ne pouvons pas attendre 2030 ou 2050 sans une augmentation rapide de l'utilisation des carburants liquides.
Le nouveau Règlement sur les combustibles propres peut jouer un rôle important dans l'avenir carboneutre du Canada, et nous avons deux recommandations relatives à sa conception.
Notre première recommandation porte sur un fait incontournable: 75 % des émissions de gaz à effet de serre produites par les véhicules proviennent de la combustion du pétrole brut et les 25 % restantes proviennent de l'énergie nécessaire à l'extraction et au raffinage des carburants. Autrement dit, le Règlement sur les combustibles propres ne permettra pas de mettre le Canada sur la voie de la carboneutralité s'il ne s'attaque pas, proportionnellement, aux émissions provenant de la combustion. Les seules solutions sans émissions de combustion sont les biocarburants avancés, l'électricité renouvelable, l'hydrogène à faible teneur en carbone, le gaz naturel renouvelable et le biobrut pour les raffineries. En d'autres termes, il est impossible de capturer et de stocker les gaz d'échappement d'une voiture.
Malheureusement, l'ébauche du Règlement sur les combustibles propres offre de nombreux incitatifs aux fournisseurs de carburant pour qu'ils concentrent leurs actions sur la réduction des émissions en amont, ce qui ne pourra jamais nous amener à plus de 25 % du chemin vers la carboneutralité. En outre, dans d'autres dispositions, on accordera des crédits pour des activités qui n'ont rien à voir avec les carburants liquides ou le transport. Je serais heureux de décrire la solution directe à ce déséquilibre, mais elle suit grosso modo les précédents établis par d'autres règlements sur les combustibles propres dans le monde.
Notre deuxième recommandation concerne les critères relatifs aux matières premières du Règlement sur les combustibles propres et le nouvel outil de mesure des gaz à effet de serre. Les fournisseurs canadiens de cultures durables, de résidus agricoles et forestiers et de ressources résiduelles sont préoccupés par les exigences relatives à l'accès au marché et veulent des précisions sur l'évaluation de l'intensité en carbone au moyen du nouvel outil d'analyse du cycle de vie.
La solution consiste à harmoniser le modèle d'analyse du cycle de vie et les critères relatifs aux matières premières avec les normes industrielles établies dans le commerce des carburants en Amérique du Nord et à effectuer une transition sans heurt.
Énoncer clairement la façon dont les agriculteurs, les forestiers et les producteurs de carburant propre du Canada peuvent participer favorisera de nouveaux investissements. Selon notre récente analyse, si le Règlement sur les combustibles propres est bien conçu, il pourrait se traduire par la création de plus de 20 000 nouveaux emplois et l'ajout de 10 milliards de dollars en production économique.
Enfin, j'aimerais ajouter que plusieurs des mesures fiscales et des programmes de financement sur l'énergie propre prévus dans le plan climatique renforcé du budget de 2021 doivent être peaufinés afin de mettre en place des conditions concurrentielles pour les investissements du secteur privé.
Pour conclure, permettez-moi de rappeler que le secteur canadien des biocarburants avancés contribue à la reprise économique du pays et à la réalisation des plans de lutte contre les changements climatiques. Notre tâche est claire: décarboniser le moteur à combustion interne.
Nous vous remercions des travaux que vous accomplissez sur les carburants à faible teneur en carbone. Merci de nous avoir invités à témoigner aujourd'hui. Mon collègue et moi sommes impatients de répondre à vos questions.
[Français]
Je remercie les membres du Comité.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs membres du Comité, je vous remercie de nous donner l'occasion de vous présenter notre vision et la manière dont Air Liquide Canada entend contribuer à la transition énergétique, en particulier dans le domaine de la mobilité des carburants.
En quelques mots, Air Liquide est un groupe un peu plus que centenaire, présent dans pas loin de 78 pays et comptant 65 000 employés. Notre métier — il me parait important de le dire — est de jouer avec de petites molécules très simples et de les mettre en œuvre auprès de nos clients et de nos patients. Nous le faisons de manière sûre et pour le long terme, en ayant pour objectif d'améliorer les processus, de produire plus vite, mieux et plus efficacement, de se déplacer avec une empreinte de carbone la plus faible possible et d'améliorer la qualité de vie de nos patients.
Air Liquide est implanté au Canada depuis 1911, et ce, de la côte Est à la côte Ouest. Nous avons quatre piliers: la production primaire de ces molécules avec des réseaux de canalisation existants; des activités massivement et majoritairement industrielles, de petite à moyenne taille, ou liées à la mobilité des flottes captives, par exemple de ces charriots élévateurs qui utilisent aujourd'hui des piles à combustible à hydrogène; deux activités très transactionnelles, au maillage terrain extrêmement important, dans le domaine industriel — particulièrement dans le monde des soudeurs —; et la santé.
La trajectoire du groupe Air Liquide est claire: nous voulons atteindre la carboneutralité d'ici 2050. Ce n'est pas un vain mot et ce n'est pas évident à mettre en œuvre parce nous sommes à la fois une structure et une entité qui croît, et une entité qui joue sur ses actifs pour des raisons historiques: la séparation des gaz de l'air, la production de molécules et l'énergie intensive. Nous jouons également avec nos clients en améliorant leurs processus, ce qui implique la réalisation de travaux et de développements en commun. En dernier lieu, nous avons une volonté manifeste de contribuer à la création de ces nouveaux écosystèmes. La société hydrogène représente une forte ambition de croissance pour notre groupe. L'objectif est de créer de la valeur, mais dans le cadre d'une société à faible empreinte de carbone, y compris pour la mobilité.
La molécule d'hydrogène est petite, simple, efficace et généralement facile à stocker et à mettre en œuvre. Comme carburant, elle peut contribuer à l'édifice de la décarbonisation de notre société, notamment dans le domaine du transport, dont le transport lourd.
Ce sont de grands mots, mais, en ce qui concerne le groupe Air Liquide, notre vision aujourd'hui est d'investir dans la décennie qui vient huit milliards d'euros partout au monde dans la chaine de la valeur de l'hydrogène. Cela correspond en gros à un objectif d'investissement de trois gigawatts d'électrolyse, et ce, une fois encore, partout dans le monde. Je souligne aussi — c'est pour nous un point extrêmement important sur lequel nous pourrons revenir — l'importance de travailler sur des bassins et de massifier les besoins.
Ce qui caractérise le groupe Air Liquide, c'est que nous sommes présents comme investisseur et comme technologie à toutes les étapes de la chaine de la valeur de l'hydrogène: production primaire, transport par canalisation ou sous forme liquide ou comprimée, mise en œuvre au point d'utilisation au moyen de stations de remplissage de carburant conçues et fabriquées par nous. De plus, nous avons effectivement pour vocation de monter en taille.
Nous reviendrons sur l'importance d'accroître l'ensemble de ces installations, car l'objectif en est relativement simple. Que ce soit pour décarboner l'industrie ou la mobilité, il nous parait fondamental d'accroître nos installations pour réduire de façon marquée le prix de l'investissement de ces installations et sur l'ensemble de la chaine de la valeur. Plus encore, il faut nous assurer, immédiatement ou avec l'aide d'un certain nombre de partenaires industriels, privés, réglementaires ou clients, de nous diriger vers un monde qui soit à faible empreinte de carbone et où le prix de l'hydrogène au point d'utilisation, ce dont il est vraiment question, est le plus bas possible. Cela nous permettrait de nous positionner par rapport à d'autres modes de fonctionnement, notamment les carburants fossiles.
Dans ce cadre, nous sommes convaincus d'être en mesure de réduire le prix de l'hydrogène à hauteur de 60 % au cours de la décennie qui vient. L'une des belles étapes que nous avons franchies, dont vous avez probablement déjà entendu parler, est survenue au site de Bécancour, alors que nous avons produit 20 mégawatts, soit un peu plus de huit tonnes d'hydrogène totalement renouvelable. La production, qui a démarré en fin d'année dernière, alimente aujourd'hui des besoins industriels et de mobilité au Canada et dans le Nord-Est des États‑Unis.
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Je remercie le président et les membres du Comité.
Je suis heureux d'avoir l'occasion de vous parler aujourd'hui.
Je suis titulaire d'un doctorat en économie de l'Université de la Colombie-Britannique, où je me suis spécialisé en économie des ressources naturelles et de l'environnement. À l'Université de Guelph, j'enseigne depuis 25 ans des cours d'économie et de politique environnementales, d'économétrie et d'analyse microéconomique.
Le Canada est un chef de file mondial dans la recherche de moyens de protéger l'environnement tout en maintenant la croissance, les possibilités économiques et le niveau de vie. J'espère que les renseignements qu'on lui aura communiqués au cours de ses séances aideront le Comité dans sa volonté de poursuivre dans cette voie.
La plupart de mes recherches sont destinées à des publications universitaires évaluées par des pairs, mais j'ai également beaucoup écrit dans le domaine public, notamment dans des rapports de groupes de réflexion et des articles d'opinion dans les médias. Quiconque connaît mes écrits sait que j'ai certains partis pris, que je peux résumer très simplement.
Je crois qu'on doit faire une analyse critique des politiques pour veiller à ce que les avantages soient supérieurs aux coûts. Les objectifs environnementaux ne sont pas tous suffisamment intéressants pour justifier le coût de leur réalisation. Lorsqu'un objectif a été choisi, il incombe aux décideurs politiques d'essayer de l'atteindre au coût le plus bas possible. Le désastre de la restructuration du secteur de l'électricité en Ontario illustre bien ce qui arrive à une économie si l'on ne tient pas compte de cette leçon.
J'ai fait des recherches pour l'Institut Macdonald-Laurier sur les coûts et les avantages de la politique canadienne en matière de biocarburants. Je parle de travaux que j'ai effectués avec mon collègue, Doug Auld, en 2014. J'ai également fait des recherches pour LFX Associates sur les coûts de la norme proposée sur les combustibles propres, publiées l'année dernière, et pour l'Institut Fraser, publiées plus tôt cette année dans le cadre d'une étude sur les coûts de la taxe sur le carbone proposée au Canada.
Le rapport sur les biocarburants que j'ai cosigné avec mon collègue de l'Université de Guelph, M. Doug Auld, montre qu'entre 2008 et 2012, les Canadiens ont payé environ trois dollars pour chaque dollar d'avantages environnementaux obtenus grâce aux biocarburants. Pour arriver à cette conclusion, nous avons fait des hypothèses aussi favorables que possible à la cause des biocarburants. Cependant, dans la littérature spécialisée, on a montré que le passage à l'éthanol de maïs ne réduit pas nécessairement les émissions de gaz à effet de serre au cours du cycle de vie par rapport à l'utilisation de l'essence. L'expansion rapide du secteur des biocarburants après 2006 s'explique par les programmes de soutien gouvernementaux qui ont été mis en place, et non par les paramètres économiques sous-jacents.
Les recherches que j'ai menées pour l'Institut Fraser ont révélé que les coûts liés aux mélanges contenant de l'éthanol augmentent de façon convexe, c'est‑à‑dire qu'ils n'augmentent pas de façon linéaire à mesure que la cible d'intensité en carbone diminue. Puisque l'éthanol contient moins d'énergie par litre que l'essence, les consommateurs doivent faire le plein plus souvent pour parcourir une même distance. En me basant sur les estimations de l'élasticité dans la littérature économique ainsi que sur les valeurs des paramètres provenant d'autres sources publiées — et à cet égard, je me suis principalement appuyé sur le Canadian Energy Research Institute de Calgary —, j'estime qu'une réduction de 5 % de l'intensité en carbone par rapport à la ligne de base actuelle augmentera le coût de l'essence par kilomètre d'environ 17 %, tandis qu'une réduction de 10 % l'augmentera de 48 % et qu'une réduction de 20 % l'augmentera de 156 %.
Les travaux que j'ai accomplis pour LFX Associates ont consisté en une modélisation macroéconomique de la norme proposée sur les combustibles propres. Nous avons modélisé un ensemble de mesures qui permettraient de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 30 mégatonnes. Nous avons estimé que, même en utilisant une mesure du coût social du carbone relativement élevée, c'est‑à‑dire en attribuant des avantages à l'extrémité supérieure de la fourchette, la politique coûterait à l'économie canadienne six dollars pour chaque dollar d'avantages environnementaux obtenus, avec des coûts nets de 440 $ par personne employée par an en moyenne.
Nous avons également estimé que la politique entraînerait une perte permanente de 30 000 emplois à l'échelle nationale, même en tenant compte de l'augmentation des possibilités d'emplois dans le secteur des biocarburants, et qu'elle risquerait de provoquer la sortie de 22 milliards de dollars de capitaux de l'économie nationale. Nous avons également constaté qu'en ce qui a trait à la croissance de la population et des revenus, les réductions totales des émissions seraient compensées par une augmentation de 7 % de la taille de la population active. Cela signifie que les réductions réelles des émissions à partir de 2030 seraient bien inférieures à 30 mégatonnes, et seraient probablement nulles ou inférieures.
Je souligne également qu'un problème plus important en ce qui concerne la politique climatique en général, c'est que les réductions d'émissions au Canada conduisent souvent à une délocalisation d'émissions dans laquelle l'activité émettrice ne disparaît pas. Elle se déplace simplement vers la Chine, l'Inde ou d'autres pays, en emportant les emplois avec elle.
Ce que l'on dit communément au sujet des coûts de l'inaction climatique conduit à un argument confus.
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Veuillez m'excuser si je lis l'exposé de M. West à sa place pour que nous puissions avancer.
Au nom d'Industries renouvelables Canada, Malcolm West souhaite remercier le président et les éminents membres du Comité de cette invitation à venir témoigner dans le cadre de votre étude sur les carburants renouvelables. Outre le rôle qu'il joue chez IRCanada, M. West est vice-président exécutif et directeur financier chez Greenfield Global, le plus grand producteur d'éthanol au Canada.
Les membres d'IRCanada produisent plus de litres de carburant renouvelable que toute autre organisation au Canada. Pendant que le Canada s'affaire à atteindre ses propres objectifs de zéro émission nette d'ici 2050, un secteur en particulier nous vient souvent à l'esprit. L'industrie des transports est trop importante pour ralentir, mais ses effets sur l'environnement sont trop grands pour être ignorés.
Les membres d'Industries renouvelables Canada, comme Greenfield Global, ont trouvé un compromis grâce à des biocarburants modernes et novateurs. Nous continuons de mettre au point des biocarburants de plus en plus efficaces pour atteindre et même de dépasser nos objectifs de zéro émission nette au cours du cycle de vie. Depuis 35 ans, nos technologies permettent de réduire considérablement l'empreinte carbone des transports.
Le Comité serait avisé de mettre l'accent sur la nécessité de déployer des technologies abordables, prêtes à être commercialisées pour atteindre nos objectifs climatiques. La proposition de valeur offerte par les biocarburants est irréfutable. L'éthanol est généralement moins cher que l'essence et permet d'améliorer l'indice d'octane, ce qui augmente le rendement des véhicules, il brûle plus efficacement et est utilisable dans les infrastructures existantes. Les technologies existantes, notamment l'utilisation de biogaz pour remplacer le gaz naturel dans la production d'éthanol, le captage et la séquestration du carbone et l'amélioration des pratiques agricoles permettraient de faire de l'éthanol un carburant à zéro émission nette qui procure même un bénéfice net à l'environnement.
Tous les véhicules en circulation depuis 2001 peuvent consommer des mélanges contenant au moins 15 % d'éthanol et certains sont même adaptés aux mélanges contenant de 25 à 85 % d'éthanol. Ces véhicules polycarburants coûtent à peu près le même prix que les voitures ordinaires fonctionnant aux combustibles fossiles et constituent le moyen le plus abordable pour les consommateurs de réduire les émissions produites dans le cadre de leurs déplacements.
De plus, les politiques favorisant les biocarburants modernes stimulent la recherche et le développement. Par exemple, Greenfield Global a récemment investi dans une coentreprise qui utilise la digestion anaérobie des déchets municipaux solides pour créer du biogaz dans son usine d'éthanol à Varennes, au Québec. Les prochaines étapes comprendront de produire de l'hydrogène vert pour répondre à la demande croissante de carburant renouvelable.
Je vous ai parlé jusqu'à maintenant, au nom de M. West, principalement du transport léger et des carburants gazeux renouvelables. J'enchaînerai maintenant avec ma propre partie de l'exposé, qui porte sur les secteurs des véhicules lourds et de l'aviation.
Tout comme M. West, je vous suis reconnaissant de cette formidable occasion de discuter ensemble des carburants renouvelables. Je suis vice-président exécutif chargé des opérations commerciales et de la stratégie chez World Energy, un leader mondial de la production de diesel à base de biomasse et de carburant aviation durable.
Certains peuvent craindre que les objectifs climatiques du Canada soient trop ambitieux, alors que d'autres voudraient que le gouvernement aille plus vite. Je suis ici pour vous dire qu'un avenir zéro émission est réellement possible. Aujourd'hui même, en Ontario, mon entreprise produit un biodiesel qui dépasse les normes nettes zéro, selon le modèle d'analyse du cycle de vie du gouvernement du Canada. Nous y parvenons en utilisant des déchets, comme les huiles de cuisson usées des restaurants et les graisses animales des usines d'équarrissage, pour les transformer en diesel à base de biomasse. Nous disposons également de la technologie nécessaire pour fabriquer du diesel renouvelable à partir d'autres ingrédients qui répondraient aux exigences de la norme nette zéro.
Il n'est pas nécessaire de remplacer toutes les flottes actuelles de camions, d'autobus et de trains alimentés au diesel lourd. Le diesel renouvelable que les membres de IRCanada produisent est déjà compatible à 100 % avec ces véhicules. Il en va de même des génératrices diesel qu'on trouve dans les collectivités nordiques éloignées. Tous ces moteurs pourraient produire de l'énergie à faible teneur en carbone dès demain: il suffit d'utiliser le bon carburant.
Les biocarburants avancés sont une solution immédiate pour réduire considérablement nos émissions de carbone.
Le carburant aviation durable est un autre exemple d'outil de décarbonisation instantanée. À l'heure actuelle, la demande mondiale de carburant aviation durable atteint des sommets, mais l'offre est faible parce que nous n'avons pas mis en place les politiques nécessaires. Il est prouvé que nos carburants renouvelables sont compatibles avec les flottes existantes, et beaucoup de compagnies aériennes dont United, KLM et Alaska, pour n'en nommer que quelques-unes, les utilisent déjà.
Comme nous visons à rebâtir en mieux au sortir de la pandémie, le Canada doit veiller à favoriser l'utilisation du carburant aviation durable pour réduire considérablement les émissions de GES. À long terme, ce genre de politique stimulera l'investissement et la croissance de l'économie canadienne.
Monsieur le président, je vous remercie de nous permettre de témoigner devant le Comité. Ce sera un plaisir pour M. West et moi de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins. Nous poursuivons dans la foulée de notre dernière réunion. Nous avons déjà entendu beaucoup de témoignages, dont certains sont assez contradictoires.
Nous entendons des opinions opposées sur la capacité du Canada et du monde de remplacer nos systèmes énergétiques par les biocarburants ou l'hydrogène. Je m'intéresse surtout à l'aspect des biocarburants ici. La perspective de chaque transition paraît décourageante a priori, compte tenu de toute l'incertitude qu'on nous présente. Bien sûr, la plus grande question est celle de savoir si cette transition nous permettra bel et bien de réduire nos émissions de GES ou si nous nous apprêtons simplement à subventionner des industries qui n'ajouteront pas de valeur environnementale à l'équation énergétique.
Ma première question s'adresse à M. Thomson de Biocarburants avancés Canada.
Vous avez parlé de décarbonisation des moteurs à combustion interne. L'objectif semble louable, mais nous avons entendu Michael Wolinetz de Navius Research à la dernière réunion, qui nous a mis en garde contre l'utilisation de nouvelles matières premières biologiques pour produire des biocarburants en raison de l'épuisement inhérent des stocks de carbone contenus dans le sol et de la libération évidente de ce carbone dans l'atmosphère.
Pouvez-vous nous dire ce que vous en pensez, s'il vous plaît?
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Certainement. Je vous remercie de cette question.
Je vous parlerai du Canada. Les données au Canada indiquent qu'au cours des 20 dernières années, le carbone organique contenu dans le sol a augmenté considérablement dans les régions agricoles produisant de la matière première pour la fabrication de biocarburant, de sorte que les sols canadiens sont devenus un puits net, en quelque sorte, pour la séquestration du carbone. Par conséquent, le potentiel de réduction de l'intensité des émissions de carbone et la production de biocarburants à partir de ces sources ont considérablement diminué.
Des organismes de réglementation compétents ont examiné, avec l'aide de scientifiques ayant une connaissance approfondie de l'analyse du cycle de vie, tous les aspects de la chaîne d'approvisionnement des biocarburants, et le Comité sait qu'elle comprend tous les intrants agricoles ou forestiers, les déchets et toutes les étapes jusqu'aux tuyaux d'échappement. C'est ce qui est pris en compte dans l'analyse du cycle de vie.
Il y a 10 ans, les scientifiques connaissaient moins bien certains autres aspects, mais tellement de règlements ont été pris en la matière depuis qu'il y a énormément de travail qui se fait...
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... mon temps est limité.
Selon une étude de l'EPA — et nous avons parlé d'une trentaine d'études différentes sur le total réel des émissions de CO2 des biocarburants —, leurs émissions représenteraient environ le double des émissions des produits qu'ils visent à remplacer quand on tient compte de tout le cycle de vie d'un moteur à combustion interne. Selon la dernière étude de l'Environmental Protection Agency, aux États-Unis, il serait plus controversé qu'autre chose d'examiner la question sous l'angle des puits.
Permettez-moi de poser tout de suite une autre question.
Monsieur McKitrick, nous avons entendu un certain nombre de témoins, dont M. Jaccard, professeur à l'Université Simon Fraser. Nous avons retenu de son témoignage, comme vous pourrez le comprendre, qu'il faudrait surtout mettre l'accent sur les politiques, sans trop nous soucier des résultats, et je ne suis pas d'accord avec cela. J'aimerais savoir ce que vous en pensez. Il nous a dit avoir analysé de 20 à 30 études qui montrent que les biocarburants produisent plus de GES que les produits qu'ils visent à remplacer, mais selon lui, ces conclusions seraient fausses parce qu'elles ne se fondent pas sur sa propre analyse dynamique, mais plutôt sur une analyse statique.
Pouvez-vous nous dire ce que vous en pensez, monsieur McKitrick?
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Je n'ai pas entendu l'exposé de M. Jaccard, donc je ne peux pas me prononcer sur ces études.
Cela dépend en partie de la source des carburants. S'ils sont importés des États‑Unis, ils ont été produits au moyen du réseau électrique américain, qui génère beaucoup plus de carbone que le réseau électrique de l'Ontario. Il y a aussi une question d'échelle. Il est possible de faire les choses à petite échelle, dans un contexte expérimental, selon des paramètres très favorables, mais quand on veut élargir les activités à l'échelle de l'économie, il faut faire très attention à ces études, parce qu'elles pourront donner de bonnes indications des défis qui se profilent à l'horizon.
Je pense que M. Jaccard a tendance à être très optimiste à l'égard des changements technologiques dans ses méthodes de modélisation, puisqu'il s'appuie sur le fait que les résultats dépendent des changements politiques. C'est une idée controversée en économique que les décideurs peuvent induire des changements technologiques favorables. Cela ne fonctionne pas toujours, mais je dirais qu'il y a toujours une chance que cela fonctionne. Il y a toujours une chance que nous soyons à la veille de voir des changements très favorables en technologie. Le cas échéant, la taxe sur le carbone sera adaptée en conséquence. Nul besoin d'ajouter aux obligations inhérentes à la taxe sur le carbone pour forcer les industries à changer leurs façons de faire. La taxe sur le carbone impose un prix sur les émissions qui causera...
Monsieur McKitrick, je dois continuer. Je m'excuse. Il ne me reste que très peu de temps.
Je vous poserai une question complémentaire.
Nous avons entendu, à notre dernière réunion, le témoignage de Don O'Connor, président de S&T Squared Consultants. Il disait que les émissions associées aux immobilisations n'étaient pas prises en compte dans l'analyse du cycle de vie des transitions énergétiques.
De façon contradictoire, il a pourtant reconnu que les réductions immédiates étaient plus importantes que les émissions potentielles.
Comment voyez-vous les coûts des immobilisations associés à la production de biocarburants dans l'analyse du cycle de vie des émissions de carbone en découlant?
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Merci, monsieur le président.
C'est à mon tour de remercier tous les excellents témoins que nous accueillons aujourd'hui de leurs témoignages très intéressants sur les biocarburants.
Nous entendons, d'une part, que les biocarburants devraient faire partie de l'avenir et que les biocarburants avancés nous aideront sûrement à atteindre nos cibles climatiques. Nous entendons d'autre part M. McKitrick, professeur à l'Université de Guelph, nous dire que c'est peut-être un peu idéaliste.
Regardons ce qui se passe dans l'industrie et sur le marché.
[Français]
Monsieur Masselot, vous avez dit que vous faisiez des investissements massifs en ce qui a trait à la décarbonisation et que vous visiez l'atteinte de la carboneutralité d'ici 2050. Pourquoi prenez-vous ces décisions?
Air Liquide Canada inc. étant une société par actions, vous voyez donc la possibilité de réaliser des profits. D'un côté, on dit que cela pourrait ne pas fonctionner et que cela n'en vaudrait pas la peine. De l'autre, on dit qu'il s'agit d'une occasion d'affaires très intéressante et que le Canada aurait une chance et un potentiel énormes. J'aimerais que vous nous en parliez davantage.
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Je vous remercie. J'aborderai deux points.
Premièrement, nous comprenons l'hydrogène, puisque tout tourne autour de cela chez Air Liquide. Nous sommes totalement convaincus de l'intérêt de cette molécule. Nous en produisons plusieurs dizaines de milliards de mètres cubes par an, et ce, depuis maintenant un peu plus de 50 ans.
Deuxièmement, nous investissons à la fois pour nos propres actifs et pour nos clients non seulement pour faire du profit, mais également pour le faire dans la durée. Autrement dit, nous voulons créer de la valeur dans la durée.
Nous sommes totalement convaincus, en tant que société, mais également comme dirigeants — donc en tant qu'hommes au sens large du terme — que créer de la valeur de manière durable passera effectivement par une notion d'acceptabilité de l'ensemble de nos activités, aussi intensives soient-elles, en énergie. Cela explique pourquoi nous faisons dès à présent ce mouvement, que nous avons amorcé il y a maintenant un certain nombre d'années. Nous pensons être en mesure non seulement de créer de la valeur, mais de le faire à long terme.
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On parle beaucoup de la question d'échelle ici, dans l'analyse du cycle de vie. J'aimerais vous donner l'exemple d'un grand projet, de notre plus grand projet en Californie en ce moment, qui consiste à convertir une ancienne raffinerie de pétrole qui n'était plus viable. Nous avons acheté une parcelle de terrain de 63 acres à une dizaine de milles à l'est de Long Beach. C'était une raffinerie d'asphalte centenaire, qui a d'abord servi au raffinage de pétrole brut, et nous sommes en train de la convertir. Nous avons réussi à conserver les emplois. Nous avons réussi à conserver tous les employés de la raffinerie.
Nous y produirons 25 000 barils de diesel renouvelable et de carburant aviation durable par jour. Nous produisons déjà environ 4 000 barils par jour et d'ici 2023, nous en produirons 25 000 par jour, à partir de déchets, comme des huiles végétales et des huiles de cuisson récupérées.
Pour ce qui est de l'analyse du cycle de vie de ce genre de projet, c'est assez bien établi maintenant. Nous voulons nous assurer de comparer des pommes avec des pommes, et les données accessibles aujourd'hui ne se comparent pas toujours aux données accessibles il y a 15 ou 20 ans. Les choses se sont beaucoup améliorées à ce chapitre.
Nous constatons que la demande pour ce type de produit nous vient principalement de sociétés pétrolières et gazières visées par des obligations. Ce sont nos partenaires. Nous avons une collaboration avec Shell, qui est notre voisin, à Hamilton. Nous l'approvisionnons depuis plus de 10 ans.
Nous constatons que les sociétés pétrolières et gazières sont celles...
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La réponse est oui. On peut effectivement parler d'hydrogène de couleurs variées. J'aurais tendance à dire qu'il y a de l'hydrogène qui n'est pas carbone. Un hydrogène vert va toujours garder une portion de molécule carbonée, tandis qu'un autre type d'hydrogène sera plus chargé en carbone.
Aujourd'hui, en regardant les projets dans lesquels nous nous positionnons, nous voyons d'abord des projets qui sont basés sur l'électrolyse. Cela n'en fait pas d'ailleurs de l'hydrogène vert ou de faible émission de carbone. Il faut que l'électricité qui arrive en amont le permette et, en particulier, les énergies intermittentes ou autres possibilités.
Nous sommes également positionnés, et nous avons déjà réalisé des projets de ce type, sur la capture dite de CO2 au sortir d'unités plus classiques de production d'hydrogène. C'est le cas, par exemple, des unités de reformage de gaz naturel à la vapeur. Nous avons depuis 2018 une unité de récupération de ce CO2 au sortir d'un reformeur de gaz naturel à la vapeur.
La majeure partie des investissements est effectuée dans cet hydrogène à très faible émission de carbone et, comme je vous l'avais dit, nous envisageons des investissements de l'ordre de trois gigawatts d'électrolyse à mettre en rapport avec les 20 mégawatts qui viennent d'être investis à Bécancour.
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Tout à fait. Aujourd'hui, un acteur industriel tel qu'Air Liquide est en mesure d'investir dans l'ensemble de ces moyens de production primaires. J'aurais tendance à dire que, ce qui va nous guider, c'est l'environnement du point de vue énergétique et les possibilités des pays dans lesquels nous nous trouvons.
Au Canada, et au Québec en particulier, il est clair que l'abondance d'une énergie renouvelable, l'hydroélectricité, nous pousse vers l'électrolyse. À l'inverse, nous sommes en train d'investir et de démarrer une unité produisant 30 tonnes par jour d'hydrogène liquide destiné au marché de la mobilité en Californie. Cette unité est située au Nevada et fonctionne par reformage de gaz naturel, pour une immense proportion renouvelable, parce que, en fait, nous l'alimentons — nous avons notre propre technologie d'alimentation de ce type d'unité — à partir de biométhane, en particulier.
On peut donc imaginer l'étape supplémentaire, soit de capter et séquestrer le CO2 produit, qui devient, dans ce cas, net négatif sur le plan du carbone.
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D'une manière générale, ce qu'on peut effectivement dire très clairement — d'où toute l'importance d'ailleurs d'avoir un alignement des différents acteurs, dont les autorités et les acteurs politiques — c'est qu'on est dans une situation où, si l'on compare aujourd'hui le coût de production d'hydrogène qu'on qualifiera de gris à partir d'un gaz naturel ordinaire, et même ce que l'on fait aujourd'hui dans le domaine de l'électrolyse, on reste non pas sur un produit cher, mais sur un produit haut de gamme. C'est comme cela que je le présenterais, et de cela découle l'intérêt, d'ailleurs, de gagner en taille.
Gagner en taille nous apporte trois éléments. Cela permet de faire baisser massivement le prix des investissements par une automatisation dans la fabrication même, par exemple, des électrolyseurs. Cela permet aussi de diminuer d'autant le prix de revient par kilo ou par tonne d'hydrogène produit et rendu au point d'utilisation.
Aujourd'hui, en fait, on ne s'interroge plus sur la compétitivité d'une solution hydrogène par rapport à un autre type de carburant. Pour l'alimentation des chariots élévateurs, l'hydrogène est déjà concurrentiel. Dans le transport lourd, nous savons que nous allons atteindre ce niveau de compétitivité de manière rapide. Après, tout dépendra effectivement de l'utilisation qui va en être faite, de chiffres comme l'intensité d'utilisation, le nombre de kilomètres parcourus et ainsi de suite.
En effet, en fonction des zones géographiques, des intrants et des modes de production de cet hydrogène, on obtient donc des niveaux de prix qui ne sont pas homogènes.
Pour commencer, selon nous, il est tout à fait essentiel de veiller à ce que l'investissement que nous allons effectuer, à plus grande échelle, soit fondé sur ce que nous pourrions définir comme étant des clients à répétition. Que le client à répétition soit une grande industrie ou un bassin — par exemple, un parc permanent de camions dans un aéroport —, ce qui est important, c'est qu'il ait des besoins solides, fiables et relativement permanents en hydrogène, de préférence en hydrogène à faible teneur en carbone, afin de créer une demande qui justifie la mise en place de la production primaire d'hydrogène. C'est la première étape. Il serait ensuite beaucoup plus facile, dans un deuxième temps, d'ajouter de multiples autres types d'utilisations, y compris des utilisations intermittentes. Dans le domaine des transports, les véhicules de promenade, par exemple, représentent un exemple de consommation très intermittente.
C'est pourquoi, selon nous, il est important de créer ou d'accroître la demande. C'est à ce moment‑là que les autorités et les collectivités peuvent certainement contribuer avec leurs propres parcs. Il peut s'agir d'autobus, de traversiers ou de trains. Tous les véhicules de ces parcs permanents présentent l'intérêt de revenir très souvent, voire toujours, à leur emplacement d'origine, ce qui limite, dans une certaine mesure, l'importance de l'investissement dans l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement ou dans une installation qui permet d'alimenter les véhicules en carburant. C'est le premier point.
Le deuxième point important concerne la réduction du risque. Je suis un industriel et je suis donc prêt à prendre des risques. D'ailleurs, c'est la raison pour laquelle je demande un certain rendement. Néanmoins, nous avons besoin d'un bon niveau d'harmonisation des politiques. Nous avons aussi besoin de stratégies et d'une coordination générale. C'est habituellement la même chose pour les règlements, la facilité de faire des affaires et les permis.
En même temps, il est essentiel pour nous et pour tous les intervenants autour de la table, j'en suis sûr, de le faire d'une manière sûre et durable. Nous le faisons maintenant, par exemple dans le cas de l'hydrogène, depuis quatre ou cinq décennies.
Enfin, les mesures d'incitation seront utiles, car il existe toujours, comme on le sait, un écart économique non négligeable entre les volumes que nous devons atteindre et la mise à l'échelle ou le renforcement de la capacité qui permettra à l'hydrogène ou à tout autre combustible — c'est un paramètre technique à atteindre — d'atteindre le même niveau historique que l'alimentation en combustible fossile ou un autre combustible.
Bref, ce serait ma réponse.
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Je vous remercie beaucoup de votre question.
Je pense que les perspectives de croissance sont considérables. Comme je l'ai dit, en Californie, nous sommes en train de faire passer cette usine de 3 000 barils par jour — sa capacité lorsque nous l'avons achetée — à 25 000 barils par jour. Nous cherchons à faire des investissements supplémentaires. Nous pouvons agrandir notre usine de Hamilton, en Ontario. Nous pouvons le faire parce que nous devons trouver une façon d'établir, ici, un marché d'échange des crédits qui est transparent. À l'heure actuelle, le marché californien possède une économie d'échange de crédits de réduction des émissions de carbone très solide et transparente. Si nous pouvions établir cela au Canada par l'entremise du Règlement sur les combustibles propres, nous pourrions attirer les investissements et accroître nos activités, ce qui nous permettrait ensuite de réaliser des progrès importants.
C'est sans compter que nous examinons chaque amélioration apportée à chacune de nos usines. Nous l'évaluons également en fonction du carbone. Quel est le moyen le plus efficace d'y parvenir? En réduisant davantage les émissions de carbone avec chaque investissement en immobilisations que nous effectuons et chaque galon que nous produisons, nous pouvons y parvenir plus rapidement.
Au cours des 15 dernières années de production, nous avons réalisé des investissements qui ont augmenté la valeur de chaque galon du point de vue de la réduction des émissions de carbone, notamment en améliorant les sous-produits pour remplacer les produits pétrochimiques, etc., ce qui nous a permis d'atteindre la carboneutralité.
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D'accord, je vous remercie.
J'aimerais seulement vous poser une autre question, monsieur McKitrick.
Un rapport de six pour un ne me semble pas très efficace à ce moment‑ci. Comme vous l'avez dit, cela le sera peut-être à l'avenir.
À titre d'économiste, pouvez-vous nous dire comment rendre cela efficace? Que doit‑on faire pour que ce soit efficace et pour que chaque dollar investi donne un résultat proportionnellement efficace?
Il est intéressant, de ce côté‑ci, d'entendre toutes les plaintes qui sont formulées. J'entends d'autres membres du Comité dire qu'il faut encourager ou subventionner ceci, alors que ces mêmes personnes sont contre les subventions au secteur du pétrole et du gaz. Je suis d'accord avec eux. Je ne pense pas que nous devrions subventionner le pétrole et le gaz, mais à certains égards, il faut s'attendre à l'autre côté de la médaille.
Pourriez-vous expliquer ce que l'on peut faire pour que cette politique soit efficace?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je tiens à remercier tous les témoins d'être ici aujourd'hui. Nous avons entendu de nombreux témoignages très intéressants.
J'aimerais poser ma première question à M. McKitrick, afin de poursuivre sur cette lancée.
Vous avez mentionné une certaine préférence pour l'utilisation d'un seul instrument économique. Vous avez utilisé l'exemple du prix de la pollution. Vous considérez que c'est peut-être le meilleur moyen d'amener certains de ces combustibles… à être remplacés par des combustibles à plus faible teneur en carbone.
D'après votre analyse, quel niveau par tonne de gaz à effet de serre faudrait‑il atteindre pour commencer à encourager ce changement de prix que vous souhaiteriez voir sur le marché?
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Il y a deux ou trois raisons. Tout d'abord, le fournisseur de la technologie est la société Cummins — autrefois Hydrogenics. Elle est située à Mississauga, où Aire Liquide détient 19 % des parts. Il s'agit d'un investissement dans une technologie canadienne et un projet canadien.
L'abondance d'énergie verte relativement non intermittente fournie par Hydro-Québec est certainement utile. Le prix du mégawatt est aussi un facteur, ainsi que les subventions que nous avons reçues du ministre des Finances du Québec.
L'emplacement est très bien situé pour le corridor du Nord-Est, et pourquoi pas, plus tard, l'autoroute transcanadienne vers Windsor, Toronto et d'autres villes.
Enfin — et c'est important pour nous —, c'est là que nous avons de fortes capacités techniques liées à l'Université du Québec à Trois-Rivières. Nous avons un titulaire de doctorat qui travaille pour nous à cet endroit. Nous avons des compétences et nous avions déjà des services publics dans ces endroits.
Nous menons déjà des activités de production et de liquéfaction, et nous revenons donc à la notion de bassins et à la mise à l'échelle et nous veillons à trouver des clients à répétition pour rendre ce projet viable et dynamique.
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Je vous remercie, monsieur Weiler.
C'est vraiment très simple. Sur la totalité des émissions produites par une voiture, 75 % proviennent du pétrole brut. On l'extrait du sol, on le traite et on le brûle. On ne peut rien faire pour changer cela.
On pourrait réduire les émissions produites par la méthode de fabrication de ce carburant, mais on ne pourra jamais atteindre la carboneutralité de cette façon.
Dans son règlement comparable, à savoir la Directive sur les énergies renouvelables, l'Union européenne a indiqué aux parties visées par l'obligation qu'elles pouvaient faire à peu près tout ce qu'elles voulaient, mais que le crédit qu'elles généraient et les mesures qu'elles prenaient devaient être proportionnelles au cycle de vie. Si l'objectif est d'éliminer fondamentalement tout le carbone — ou la majeure partie du carbone — des transports, nous ne pouvons pas nous concentrer uniquement sur la proportion de 25 %. Nous devons plutôt travailler sur les 75 %. Il peut s'agir de biocarburants avancés, d'hydrogène, d'hydrogène à faible teneur en carbone, de gaz naturel renouvelable et d'électricité. Tous ces éléments doivent être pris en compte.
Les Européens ont littéralement affirmé que les parties devaient fournir leurs crédits en fonction de ces proportions. Au Canada, cela signifie 75‑25.
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Je vous remercie, monsieur le président.
J'ai une question à poser au professeur McKitrick.
Vous avez parlé tout à l'heure de prix sur la pollution et sur le carbone. Dans votre présentation, vous avez parlé d'une étude sur l'éthanol que vous avez réalisée de 2008 à 2012.
Je ne sais pas si vous avez les chiffres, mais nous, après avoir regardé rapidement la question, nous sommes arrivés à déterminer que l'industrie pétrolière et gazière avait profité d'un soutien financier du gouvernement fédéral d'environ 24 milliards de dollars pour la période allant de 2017 à 2020. En étudiant tout récemment les crédits du ministère des Ressources naturelles, nous avons vu que, pour l'année 2021‑2022, une somme additionnelle de 560 millions de dollars avait été versée pour la réduction des émissions de GES.
Sachant que le secteur pétrolier et gazier bénéficie largement du soutien du gouvernement fédéral, ne croyez-vous pas qu'on devrait changer de stratégie si on veut réduire les GES?
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C'est véritablement emballant.
Le nombre de nouvelles installations en construction augmente considérablement. La majorité d'entre elles sont construites par des compagnies pétrolières et gazières qui cherchent de plus en plus à également produire des carburants renouvelables. Les raffineries Marathon, Phillips 66 et Valero ont toutes leurs propres usines de diesel renouvelable. Nous sommes plutôt ce qu'on pourrait appeler une raffinerie commerciale indépendante. Mais nous constatons de plus en plus l'intégration de la chaîne d'approvisionnement qui amalgame le diesel provenant du pétrole et le biodiesel.
À l'heure actuelle, ces produits sont acheminés aux administrations qui cherchent à se doter des politiques de réduction de carbone les plus ambitieuses. Ce sont les efforts de réduction du carbone qui font une différence et qui favorisent les investissements. Le marché dans ce secteur va prendre forme.
À savoir qui porte la plus grande attention au secteur, nous sommes au courant de certaines grandes sociétés qui démontrent un intérêt marqué et qui veulent devenir des compagnies pétrolières ou énergétiques carboneutres d'ici 2040 et 2050. Partout dans le monde, nous constatons un vif mouvement vers la construction accrue de ce type d'usines. Neste, une compagnie pétrolière finlandaise, est la plus importante productrice mondiale de diesel renouvelable. Il importe que le Canada se positionne comme un pays où devrait se trouver l'offre, offre qui devra être accompagnée d'une demande locale appuyée par des politiques favorables.
Présentement, ces produits transitent assez librement d'une administration à l'autre. Ces politiques protectionnistes ont pour seule conséquence réelle de changer les courants commerciaux. Le même volume du produit est acheminé aux différents secteurs, mais ailleurs qu'auparavant. Les courants commerciaux sont déplacés, mais, jusqu'à présent, la situation ne nuit pas à notre industrie.
Bien entendu, la fin de la COVID entraîne une demande excessive pour certaines matières premières. Cette demande ne provient pas tant des biocarburants que des autres secteurs, y compris du secteur alimentaire et d'autres secteurs similaires. Il est fascinant de voir que les industries agricoles et des déchets prennent elles aussi de l'expansion pour répondre à cette demande.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je tiens d'abord à remercier tous les témoins d'être là aujourd'hui. Nous avons eu droit à des discussions fascinantes dans le cadre de cette étude, et la réunion d'aujourd'hui ne fait pas exception.
Avant de poser ma question, je dois revenir sur une observation qui a été faite tout à l'heure. Plus précisément, M. Zimmer a parlé de l'Ontario et du coût de la transition. Le coût est un aspect extrêmement important, mais je pense qu'il importe aussi de souligner, aux fins du compte rendu, le coût de l'inaction et le fait qu'ici, en Ontario, nous avons maintenant l'un des réseaux les plus verts de la planète, sans aucune journée de smog dans des endroits comme Toronto et, bien sûr, cela signifie que beaucoup moins d'enfants ont à trimbaler des inhalateurs à l'école.
Je crois fermement que, pour créer un coin d'ombre aujourd'hui, on aurait dû planter l'arbre il y a 30 ans. Voilà, selon moi, le défi que nous devons relever, et il s'agit de savoir ce que nous devons faire maintenant afin de nous préparer pour l'avenir.
Monsieur McKitrick...
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Non, ce n'est pas grave. Je suis tout de même heureux de pouvoir encore m'entretenir avec les témoins.
Je vais revenir sur la question des coûts.
Monsieur McKitrick, vous vous êtes attardé un peu sur les six dollars pour chaque dollar d'avantages, mais vous avez aussi parlé des coûts de 440 $ par personne, par année, uniquement dans le cadre de la norme sur les combustibles propres que le gouvernement met en œuvre.
La semaine dernière, un témoin nous a dit que, lorsqu'une politique a des répercussions disproportionnées sur les Canadiens des régions rurales et éloignées, sur les personnes âgées qui ont un revenu fixe et sur les mères célibataires, il faut aussi une politique compensatoire dans un autre domaine d'intervention gouvernementale afin d'aider à combler la différence ou l'écart.
Cela fait‑il partie des problèmes dont vous avez parlé concernant les politiques, en ce sens qu'il faut adopter de multiples politiques pour contrebalancer d'autres mauvaises politiques? Est‑ce à cela que vous faisiez allusion?
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Merci, monsieur le président.
Je pense que c'est peut-être ma toute dernière question à titre de membre d'un comité et de parlementaire. Je tiens donc à remercier tous mes collègues de tous les partis et, bien sûr, merci à vous, monsieur le président, ainsi qu'à l'excellente équipe. Je salue également les analystes, qui ont fait un travail incroyable. Votre équipe d'analystes a été formidable, et cela vaut aussi pour les gens qui s'occupent des comités.
[Français]
Ce fut un immense plaisir et un grand privilège de travailler avec vous.
[Traduction]
Je vais donc poser ma dernière question à M. Thomson et à M. Lewis.
Je voudrais parler des possibilités d'emploi dans ce domaine. Bien entendu, en ce qui concerne les biocarburants et la transition, de nombreux témoins — beaucoup de scientifiques, en tout cas — nous ont dit que cela s'imposait et que beaucoup d'entreprises s'engageaient dans cette voie.
Je veux vous entendre parler très brièvement des débouchés économiques et des occasions d'emploi dans ce secteur. Qu'entrevoyez-vous à cet égard, monsieur Thomson, puis monsieur Lewis?
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Merci, monsieur, et merci aussi de vos longues années de service au sein de la fonction publique. J'espère que vous profiterez de votre « retraite ».
Nous fournirons au Comité — en fait, nous l'avons peut-être déjà fait dans nos notes d'information — les données que nous avons recueillies. Sur notre site Web, vous trouverez une analyse publiée vers la fin de l'année dernière, et c'est ce que j'ai utilisé pour citer mes sources.
Je peux vous donner un exemple. En Colombie-Britannique, il y a une norme sur les carburants à faible teneur en carbone depuis le milieu de 2013. Au cours des 12 à 18 derniers mois, des entreprises du secteur forestier, des raffineurs et d'autres intervenants ont investi entre 500 et 700 millions de dollars dans le secteur de l'énergie. Ces investissements sont directement liés à la norme sur les carburants à faible teneur en carbone de la Colombie-Britannique, qui a envoyé un signal très efficace à l'industrie pour en favoriser l'expansion.
Les résultats sont très clairs en Colombie-Britannique. Nous en avons été témoins, et nos études révèlent un effet similaire au Canada.
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Pour le premier point, concernant l'investissement que nous avons fait nous-mêmes, le soutien que nous avons eu a été fait au palier provincial, comme je l'avais dit, à la fois pour le prix au mégawatt, d'une part, et, d'autre part, il y a eu un effort apprécié du ministère des Finances du Québec.
Ensuite, ce qui est important pour nous, aujourd'hui, comme nous l'avons dit, c'est non seulement de fournir de l'aide et du soutien, mais aussi de générer la demande. C'est dans ce cadre, me semble-t-il, qu'avec des politiques qui soient à la fois crédibles et volontaristes, on peut générer, dans des bassins à la fois de populations et d'industries assez considérables, des utilisations d'hydrogène, en particulier pour la mobilité, qui soient suffisamment importantes pour ne plus être dans la démonstration, parce que nous n'en sommes plus là.
Nous savons que les technologies existent et fonctionnent. Il faut donc voir maintenant relativement grand et assurer un déploiement progressif de l'ensemble de la chaîne de l'hydrogène, qui pourrait être utilisée partout au pays, pas uniquement pour la mobilité, mais également pour décarboner tout ce qui est industriel.
Je reviens à M. Lewis.
Si je peux comprendre que nous devions utiliser tous les outils possibles pour décarboniser notre économie, je veux toutefois essayer d'établir quelles sont les limites du biodiesel, par exemple, pour y parvenir, car nous devons atteindre la carboneutralité d'ici 2050. Peut-être que cela ne concerne pas le biodiesel, évidemment, mais vous avez mentionné le carburant d'aviation et le fait que les réserves étaient faibles.
J'ai entendu des choses très inquiétantes au sujet de la superficie nécessaire pour produire du carburant d'aviation à base de canola, par exemple, pour chaque vol traversant l'Atlantique ou le Pacifique. Quelles sont, je suppose, les limites en ce qui concerne la matière première et la quantité que nous pourrions utiliser d'ici 2030 ou 2050? Quelle est la contribution que les biocarburants peuvent y apporter?
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Je pense que c'est important sur le plan, bien sûr, de la réduction directe des émissions de carbone et de la demande de l'industrie en soi.
La société United Airlines est l'une de nos clientes. Elle a annoncé qu'elle allait devenir une entreprise à émission nulle d'ici 2040. C'est un défi quand on fait voler des avions. L'une des façons d'y parvenir est de s'engager avec nous. Depuis 2016, nous l'approvisionnons en carburant d'aviation durable à partir de notre installation californienne. À l'heure actuelle, nous utilisons des graisses animales et des huiles végétales récupérées. Nous n'avons même pas envisagé de prendre des cultures vivrières là‑bas, en raison de l'endroit où notre installation est située. Bien sûr, la transformation de ces produits de seconde utilisation dans une zone très fortement peuplée est un secteur en pleine croissance.
Dans un autre conseil d'administration dont je fais partie, au sein de l'Advanced Biofuels Association, nous nous sommes récemment engagés à réaliser une étude sur les matières premières dans le but précis d'examiner la question dans son ensemble. Je peux dire qu'il ne s'agit pas seulement des cultures existantes, car elles seront très importantes, mais je pense que l'expansion se fera du côté des nouvelles technologies à base d'algues, de caméline et de cultures de couverture. Pour l'instant, c'est là que la valeur primaire va être créée, en les transformant en biocarburants. On n'y arrivera pas sans ces indicateurs stratégiques qui nous permettent de nous développer.
Nous ne nous intéressons pas seulement au débat sur la nourriture comme carburant. Nous cherchons à savoir où nous pouvons obtenir des lipides à très grande échelle. Il est certain que toutes ces matières premières sont une pièce du casse-tête, une partie de la couche, mais je pense que nous chercherons continuellement à aller vers la matière première la plus faible en carbone pour générer des rendements très élevés sur de très petites surfaces avec les nouvelles cultures et les huiles à base de lipides dont on dispose.
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Merci, monsieur Cannings.
Voilà qui nous amène à la fin de notre dernière réunion sur une étude très intéressante. Nous allons passer à huis clos, mais avant de le faire, je tiens à remercier nos témoins d'aujourd'hui. Nous avons reçu plusieurs groupes extraordinaires et aujourd'hui n'a pas fait exception. Nous vous sommes très reconnaissants de votre contribution. C'est une excellente façon de conclure cette étude.
La dernière chose que je veux dire est que ce sera probablement la dernière réunion de M. Lefebvre au sein de ce comité. Pendant l'été, nous ne savons pas ce qui va se passer, mais quoi qu'il en soit, la composition du Comité pourrait changer. J'espère vraiment vous voir en septembre. Je sais que tous les membres du Comité sont d'accord pour dire que vous avez été un collègue exceptionnel. Vous avez apporté beaucoup à nos réunions.
Personnellement, vous avez nettement rehaussé mon expérience de député. J'ai appris beaucoup plus de vous que vous n'auriez jamais pu apprendre de moi. Rien que pour cela, vous avez toute ma gratitude. Vous allez vraiment nous manquer. Merci, monsieur Lefebvre.