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Je déclare la séance ouverte.
Merci à tous de se joindre à nous. Nous sommes quelques minutes en retard, alors je vais commencer tout de suite.
Nous avons trois témoins qui ont été assez aimables pour nous accorder du temps aujourd'hui. De Meadow Lake Tribal Council Industrial Investments, nous accueillons Mme Tina Rasmussen, de Nawitka Capital Advisors, nous recevons M. Don Roberts, et du Syndicat des Métallos, nous avons M. Jeff Bromley.
Chacun de vous disposera de cinq minutes maximum pour ses déclarations liminaires, puis nous passerons à la période des questions. Vous êtes libres de vous exprimer en anglais ou en français. Le service d'interprétation est disponible.
Pourquoi ne commençons-nous pas tout de suite?
Monsieur Roberts, il se trouve que je vous ai regardé en premier, alors pourquoi ne commencez-vous pas?
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Merci beaucoup de me donner l'occasion de m'adresser au Comité aujourd'hui. On m'a demandé de parler de la reprise économique du secteur forestier en mettant l'accent sur les moyens d'assurer un avenir à faible émission de carbone.
Je suis Don Roberts. Je suis le fondateur et PDG de Nawitka Capital. Nawitka Capital est une maison bancaire d'investissement qui se concentre sur les secteurs des énergies renouvelables et des technologies propres et qui met plus particulièrement l'accent sur la bioéconomie émergente. Je suis associé au secteur des produits forestiers depuis plus de 40 ans. Avant de fonder Nawitka en 2013, j'ai été le vice-président de la banque d'investissement de la CIBC, où j'ai fondé et dirigé l'équipe de la banque chargée des énergies renouvelables et des technologies propres.
Je suis ici pour parler de la transformation en cours du secteur forestier canadien par l'entremise d'utilisations innovantes des produits à base de bois et pour essayer de proposer quelques mesures concrètes pour soutenir l'objectif du Canada de réduire le carbone.
Où sont les occasions? Pour évaluer les solutions de rechange, j'aimerais m'appuyer sur le rapport « Wood Fibre Futures », que j'ai corédigé plus tôt cette année pour le gouvernement de la Nouvelle-Zélande. Ce rapport visait à montrer comment les ressources forestières pouvaient être exploitées pour soutenir la transition de la Nouvelle-Zélande vers une économie zéro émission nette d'ici 2050. Très franchement, les conclusions sont également applicables au Canada.
Après avoir examiné plus d'une centaine de produits émergents fabriqués à partir de biomasse ligneuse de moindre valeur, nous avons choisi les deux produits les plus prometteurs sur le plan commercial. Le premier est le pétrole biobrut, qui peut être utilisé directement pour des applications de chauffage et d'électricité ou être transformé — ce qui est important — en une série de carburants de transport, de produits biochimiques et de biomatériaux. Le second produit est le bio-coke, ou bois torréfié, qui peut être utilisé pour la fabrication de l'acier.
La bonne nouvelle est que nos entreprises forestières canadiennes s'associent déjà à des entreprises biotechnologiques canadiennes innovantes pour construire des usines de pétrole biobrut. Par exemple, Bioénergie AE, une coentreprise entre Arbec Forest Products établie au Québec et Ensyn Technologies établie à Ottawa, a construit une usine de pétrole biobrut de 40 millions de litres sur la Côte-Nord, au Québec, en 2018. Dans l'Ouest, Arbios Biotech, une coentreprise entre Canfor, basée en Colombie-Britannique, et Licella, basée en Australie, envisage actuellement la construction d'une usine commerciale de pétrole biobrut à Prince George.
Bien qu'il s'agisse davantage d'un créneau commercial, le bio-coke ou le bois torréfié peuvent être utilisés comme substitut au charbon métallurgique et à la production de fer et d'acier. Étant donné l'intensité en carbone relativement élevée des technologies traditionnelles de fabrication de l'acier, ce marché pourrait bien être un marché émergent intéressant pour le bois de moindre qualité provenant du secteur forestier.
Des mesures sont déjà en train d'être prises. ArcelorMittal, qui est la société mère de Dofasco, travaille à la construction d'une usine de bio-coke de 50 000 tonnes par an au Pays-Bas. Dofasco travaille actuellement avec plusieurs fournisseurs de technologie de bio-coke pour construire une usine de démonstration dans leur aciérie canadienne.
Les produits dérivés du bois massif de grande valeur ont également une occasion importante de réduire les émissions de carbone dans l'environnement bâti. Plus précisément, l'occasion s'articule autour de la capacité de réduire les émissions de carbone par la séquestration, l'évitement et l'élimination du carbone. J'ai relevé des technologies et des produits précis dans mon mémoire écrit plus long.
Quel est le rôle du gouvernement ici? À notre avis, l'outil politique le plus efficace pour soutenir la transition vers un avenir à faible émission de carbone est une réglementation souple qui se concentre sur un secteur précis qui émet beaucoup de carbone. Une telle réglementation fixe des objectifs précis en matière d'intensité de carbone et laisse ensuite les intervenants du secteur privé déterminer la meilleure façon d'atteindre ces objectifs. La conformité est facilitée par l'utilisation de crédits de carbone échangeables. Selon nous, des règlements souples favorisent l'utilisation la plus innovante des technologies, car la technologie est agnostique quant aux matières premières. Ils laissent la prise de décision aux mains du secteur privé.
Il est important de noter que, compte tenu notamment de la pandémie de COVID, ces outils ne représentent pas un coût direct pour le Trésor public puisque le fardeau d'observation est assumé par les gros émetteurs de carbone. On applique essentiellement le principe du « pollueur-payeur ».
Le gouvernement du Canada travaille déjà à l'élaboration d'une norme en matière de carburant propre pour des secteurs précis. Des normes de carburant à faible teneur en carbone, axées uniquement sur le secteur des transports, existent déjà en Colombie-Britannique, en Californie et en Allemagne. Comme le montre l'Agence internationale de l'énergie, l'adoption de cet outil politique est clairement une tendance mondiale.
Pour atteindre le plein potentiel du secteur forestier, nous recommandons également aux décideurs politiques de reconnaître les émissions de carbone produites par la construction et le carbone stocké dans l'environnement bâti. Comme dans le cas des normes relatives aux combustibles à faible teneur en carbone, des règlements souples pourraient être mis en œuvre pour mesurer ce carbone et favoriser les comportements visant à réduire les émissions grâce à une sélection intelligente des matériaux.
Il convient de noter qu'un avantage secondaire de ce type de politique appliquée à l'environnement bâti canadien est qu'elle pourrait élargir considérablement le marché intérieur du bois massif canadien, ce qui réduirait la dépendance de l'industrie canadienne du bois à l'égard des exportations vers les États-Unis. Étant donné que le conflit sur le bois d'oeuvre entre le Canada et les États-Unis ne prendra jamais fin, un grand marché canadien serait d'une valeur stratégique considérable. C'est particulièrement important lorsque nous prenons conscience — et je le pense vraiment — que la pierre angulaire d'un secteur forestier compétitif, surtout dans des climats tempérés comme le Canada, est un secteur du bois massif compétitif. C'est l'une des principales conclusions de l'étude « 2008 Future Bio-pathways », que j'ai en fait menée au nom de l'Association des produits forestiers du Canada, le gouvernement du Canada, ainsi que les provinces du Québec, de l'Ontario et de la Colombie-Britannique.
En conclusion, une partie du secteur forestier canadien a été durement touchée par le choc provoqué par la COVID. Toutefois, il existe des possibilités de redressement durable pour un avenir à faible émission de carbone. Le secteur forestier est en position de force. Cela dit, un effort conjoint des secteurs public et privé est nécessaire pour y parvenir.
Ce sont là mes observations. Je suis ravi d'être ici aujourd'hui pour répondre à vos questions.
Merci.
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Bonjour.
Tansi, edlanet’e.
Comme on l'a dit dans les présentations, je suis Tina Rasmussen. Je suis membre de la Première Nation de Flying Dust, et je suis responsable du développement et de l'administration des entreprises chez MLTC Industrial Investments.
Merci d'avoir invité MLTC à témoigner aujourd'hui.
Le Conseil tribal de Meadow Lake, ou MLTC, est situé dans le nord-ouest de la Saskatchewan. Notre territoire traditionnel s'étend du centre de la Saskatchewan à la frontière des Territoires du Nord-Ouest, à l'ouest de la province. Nous sommes composés de neuf Premières Nations, dont quatre parlent le déné et cinq parlent le cri.
MLTCII est l'entité de développement économique constituée en personne morale du conseil tribal. Je vais vous donner un peu d'histoire sur notre organisation.
En 1988, les dirigeants du Conseil tribal de Meadow Lake ont investi dans une scierie importante de bois de dimensions courantes située à Meadow Lake, en Saskatchewan. Ils ont compris qu'il était possible d'élever les collectivités des Premières Nations grâce à une occasion de développement économique local utilisant une ressource locale qui pousse sur nos terres traditionnelles et à l'énorme possibilité de créer des occasions d'emploi pour les Autochtones dans le secteur forestier.
Pendant les années de propriété, les chefs sont restés diligents dans leur décision à créer une exploitation forestière de classe mondiale. En 1998, ils ont acheté les parts restantes dans l'entreprise pour qu'elle soit détenue à cent pour cent par des Autochtones.
Aujourd'hui, le conseil tribal, par l'entremise de sa société de développement économique, MLTC Industrial Investments, continue d'exploiter la scierie NorSask Forest Products, qui appartient à 100 % à des Autochtones et qui est un producteur de bois d'oeuvre. NorSask produit 150 millions de pieds-planche de bois de dimensions courantes par an et a un chiffre d'affaires brut annuel d'environ 60 millions de dollars.
La part du lion du bois produit...
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Comme je le disais, l'entreprise NorSask Forest Products a été achetée par MLTC en 1998. NorSask produit 150 millions de pieds-planche de bois de dimensions courantes par an et a un chiffre d'affaires brut annuel d'environ 60 millions de dollars. La part du lion du bois produit est vendue sur le marché américain, et les revenus générés sont reversés aux neufs collectivités des Premières Nations propriétaires.
En 2018, MLTC a acheté L&M Wood Products, un fabricant de poteaux et de traverses en bois traité sous pression. On a estimé qu'il y avait un besoin important de garantir la meilleure utilisation du bois récolté sur les terres traditionnelles.
L'ajout de l'usine L&M a permis d'offrir une plus grande flexibilité dans l'utilisation des bois résineux de petit diamètre et surdimensionné qui n'était pas utilisable à l'usine NorSask. L'entrée la plus récente sur le marché des produits en bois traité sous pression se traduit par un revenu brut annuel d'environ 10 millions de dollars et une réduction importante du gaspillage de bois.
Afin de garantir un approvisionnement en bois suffisant pour nos usines, MLTC est propriétaire depuis 30 ans de Mistik Management Ltd., une société d'administration des terrains boisés. Mistik a assuré la consultation des parties prenantes, la durabilité et des pratiques de récolte contrôlées, tout en encourageant la création d'entreprises d'exploitation forestière et de transport appartenant à des Autochtones pour garantir que la matière première arrive à l'usine.
Le résultat de contrôler nos propres pratiques de gestion des forêts est que MLTC est l'exploitant autochtone le plus ancien de la gestion des forêts et des terrains boisés d'une importante tenure forestière dans le secteur forestier canadien. Le succès et l'exploitation continue de nos industries forestières n'ont pas été possibles sans d'immenses efforts et une grande ténacité.
NorSask Forest Products est une entreprise survivante, qui a surmonté l'effondrement pluriannuel du marché immobilier américain au milieu des années 2000. Nous pensons que NorSask est la seule scierie de la Saskatchewan qui n'a pas fermé ses portes de 2007 à 2012. Bien que de nombreuses autres aient fermé et, dans certains cas, n'aient pas rouvert, à la réouverture des marchés, NorSask a pris des mesures pour moderniser ses activités de finition afin de les rendre plus compétitives et mieux à même de répondre aux demandes du marché pour le bois raboté.
En 2020, nous sommes confrontés à un autre défi lié au maintien des opérations et à la sécurité de notre personnel à l'ère de la COVID. Nous avons poursuivi nos opérations en mettant en œuvre des protocoles de sécurité rigoureux et en permettant une dotation en personnel flexible pour gérer les absences imprévues qui peuvent survenir en raison des pénuries de travailleurs aggravées par la COVID.
Comme dans chaque industrie, nous faisons de notre mieux pour continuer à gérer notre entreprise tout en gardant à l'esprit l'intérêt supérieur de notre personnel. Aujourd'hui, MLTC possède la plus grande et la plus connue des entreprises de fabrication de produits forestiers et de gestion forestière appartenant à 100 % à des Autochtones au Canada.
Grâce à la propriété directe de ces usines industrielles, MLTC a pu encourager et soutenir le développement d'entreprises autochtones liées à l'industrie forestière. Aujourd'hui, il existe à la fois des entreprises de récolte de bois et des entreprises de camionnage qui appartiennent à des Autochtones et qui emploient de nombreux membres des Premières Nations et des Métis dans notre région.
Voici une citation de Shane Vermette, notre directeur exécutif du ministère de l'Énergie et des Ressources en Saskatchewan. Il a déclaré ceci: « La Saskatchewan est le chef de file au Canada, et MLTC est de loin le chef de file en Saskatchewan en ce qui concerne le développement d'entreprises forestières autochtones, l'emploi des Autochtones dans le secteur forestier et le pourcentage de coupes annuelles accordé aux entreprises autochtones. »
Les statistiques fédérales et provinciales montrent qu'en Saskatchewan, 31 % de la population employée dans le secteur forestier est autochtone, contre 3 % pour l'ensemble du Canada. Nos principales provinces exportatrices de bois d'œuvre — l'Alberta et la Colombie-Britannique — enregistrent respectivement une participation de 7 et de 5 % des Autochtones à l'emploi dans le secteur forestier.
Les résultats en Saskatchewan sont obtenus grâce à un effort planifié et à une priorité accordée aux objectifs visant à faire avancer un segment défavorisé. En plus d'une histoire à succès et d'une industrie influente comme NorSask Forest Products, le Canada doit se concentrer sur la nécessité pour les peuples autochtones de participer à l'économie de leur région de résidence plutôt que de voir les ressources naturelles quitter la région sans que les résidants autochtones de la région en tirent profit.
Dans de nombreux cas, des entreprises non locales et même des multinationales font avancer leurs propres intérêts sans la participation des Autochtones. Le a déclaré ceci: « Aucune relation n'est plus importante pour notre gouvernement ni pour le Canada que notre relation avec les peuples autochtones. » Il est temps d'établir une relation renouvelée de nation à nation avec les peuples autochtones fondée sur la reconnaissance des droits, le respect, la coopération et le partenariat.
Pour que ce soit vrai, le Canada doit continuer à mettre en oeuvre des mesures efficaces et, s'il y a lieu, des mesures spéciales pour assurer l'amélioration continue des conditions économiques et sociales des collectivités autochtones, y compris la nouvelle propriété autochtone, la croissance et la diversification du secteur forestier canadien.
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Merci, monsieur le président.
Au nom de plus de 14 000 membres du Syndicat des Métallos dans l'industrie forestière au Canada, y compris les quelque 80 membres de mon exploitation homologue de NorSask Forest Products à Meadow Lake, en Saskatchewan, je remercie le Comité de nous avoir invités à contribuer à votre important travail sur la reprise économique de ce secteur essentiel et historique de l'économie canadienne.
Je suis Jeff Bromley et je suis le président du Conseil du bois du Syndicat des Métallos. C'est un conseil de plus de 12 sections locales au pays, qui représentent, comme je l'ai mentionné, 14 000 travailleurs dans le secteur. Je suis un travailleur. Je représente les membres, à la fois dans les Kootenays et maintenant au niveau national avec le Syndicat des Métallos depuis huit ans. Les 18 premières années, j'ai travaillé dans une scierie du Sud-Est de la Colombie-Britannique qui existe encore aujourd'hui.
Je dois dire, cependant, que pendant les 26 années que j'ai passées dans cette industrie, les dernières ont été parmi les plus turbulentes pour notre industrie et les plus percutantes pour les travailleurs de l'industrie forestière.
L'industrie forestière demeure très importante, de toute évidence, pour l'économie du Canada, la communauté qu'elle soutient ainsi que le tissu culturel et l'histoire de notre pays. Au total, elle emploie près de 210 000 Canadiens dans tout le pays. Elle a contribué directement à hauteur de 23 milliards de dollars au PIB du Canada en 2019. Plus de 600 collectivités dépendent de la foresterie pour près de 50 % du revenu des ménages. Environ 160 collectivités dépendent uniquement de la foresterie, et la plupart d'entre elles se trouvent dans les secteurs plus ruraux de notre pays.
Notre industrie subit de plus en plus de pressions en raison des droits américains sur le bois d'œuvre, des forces de la nature telles que l'épidémie de dendroctone du pin, les feux de forêt, des problèmes d'accès aux fibres et des problèmes de liquidités des producteurs.
Le secteur a exporté pour plus de 36 milliards de dollars de produits forestiers dans le monde. Parmi ces exportations, 68 % sont généralement destinées aux États-Unis. À ce jour, le Canada a payé environ 4,6 milliards de dollars en droits sur le bois d'œuvre depuis 2017, date à laquelle ces droits dévastateurs ont été mis en œuvre à l'expiration du dernier accord sur le bois d'œuvre. Sur ces 4,6 milliards de dollars, 2,4 milliards proviennent de la Colombie-Britannique, 500 millions, de l'Ontario, 800 millions, du Québec, et la balance, du reste du pays.
Depuis 2017, les pertes d'emplois sont importantes. Près de 11 000 emplois ont été perdus dans l'ensemble de l'industrie, dont plus de 1 000 emplois de métallurgistes, notamment dans huit exploitations en Colombie-Britannique seulement. L'accès au marché américain a diminué de 15 % depuis l'entrée en vigueur de ces droits. Toutefois, cet écart n'a pas disparu. Ce n'est pas un vide. Ce vide a été comblé, sans droits de douane, par les nations européennes.
Malgré ces défis, l'industrie forestière a un avenir prometteur au Canada. Elle a simplement besoin du gouvernement fédéral pour l'aider à traverser cette période difficile. Le monde a encore besoin de produits du bois; nous avons seulement besoin d'aide pour trouver une solution en ce qui concerne ces droits injustes qui réduisent notre compétitivité.
En ce qui concerne l'avenir de l'industrie forestière, des produits tels que le bois en stratifié-croisé et le bois massif ont un excellent potentiel de fabrication à valeur ajoutée. Contrairement au béton, la construction en bois est un bénéfice net en termes de carbone pour la planète, agissant comme un puits de carbone, tandis que les forêts sont reconstituées après la récolte par le reboisement.
Alors que les résultats des élections aux États-Unis ont été dévoilés, il est temps pour le Canada de se concentrer sur la fin du différend sur le bois d'œuvre. Notre industrie canadienne a besoin d'un accord commercial équitable pour apporter des certitudes à l'industrie et aux travailleurs et aux communautés dans lesquelles ils vivent.
Pour différentes raisons qu'un changement d'administration américaine, il est également temps de procéder à des réformes permanentes de l'assurance-emploi, des réformes pour les travailleurs forestiers et, en fait, pour tous les travailleurs. Notre mémoire écrit est beaucoup plus détaillé, mais les points essentiels sont que les indemnités de départ pour les travailleurs licenciés à la suite de fermetures et les droits aux vacances pour ceux qui veulent avoir accès à leur paye de vacances pendant une période de licenciement ne devraient pas avoir d'incidence ou constituer un obstacle à leur accès à l'assurance-emploi. Les heures admissibles doivent être réduites pour permettre une deuxième demande d'assurance-emploi dans un secteur qui connaît des hauts et des bas extrêmes. Ces initiatives, bien qu'approuvées par notre gouvernement actuel sur une base temporaire d'un an, doivent être rendues permanentes.
Le Canada doit aussi être prêt à offrir des garanties de prêts aux entreprises qui paient des droits. Dans le cadre d’une stratégie économique viable, les garanties de prêts aux entreprises forestières doivent correspondre à 75 % du montant qu’elles paient en droits. Malgré une augmentation récente et le succès que connaissent les plus grandes entreprises de produits forestiers, nombre de petites scieries éprouvent encore des problèmes de flux de trésorerie.
Toutefois, je dois préciser que toute aide gouvernementale à cet égard doit être subordonnée à une aide aux travailleurs canadiens dans les collectivités canadiennes. Bien que les droits soient imputés aux manufacturiers de bois de sciage et payés par ceux-ci, l’aide provisoire fournie par le gouvernement canadien ne doit pas permettre aux multinationales de soutenir leurs activités à l’extérieur des provinces et des collectivités canadiennes où elles opèrent.
C’est ainsi que se termine ma déclaration, mais je serai heureux de répondre à vos questions. J’invite également les membres du Comité à consulter le site Web de notre campagne, à laforetonenvit.ca.
Merci.
Merci beaucoup, monsieur le président.
J’aimerais commencer par Mme Tina Rasmussen. Il est toujours agréable d’accueillir quelqu’un qui vient de la Saskatchewan tout comme moi, donc je vous remercie de votre présence devant ce comité.
Merci également à tous les autres témoins d’être là.
Madame Rasmussen, j’aimerais aborder quelques points avec vous. Votre conseil tribal a des activités commerciales diversifiées. Il possède des entreprises associées à différents types d’énergie et qui vont de la biomasse à la distribution de mazout.
Ce comité s’intéresse plus particulièrement à la foresterie, évidemment, donc j’aimerais connaître les retombées économiques de votre secteur forestier ainsi que son taux d’emploi par rapport à vos autres types de développement énergétique.
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C’est une bonne question.
La bonne nouvelle? Nous ne sommes pas seuls. À l’échelle mondiale, le secteur forestier est confronté à des problèmes importants. Actuellement, surtout sous les climats tempérés, que ce soit dans le Nord de l’Europe, au Canada ou en Russie, le changement structurel en cours est l’un de ces problèmes. L’industrie des pâtes et papiers, l’industrie du papier en particulier, est en déclin. Nous n’y pouvons rien. C’est dû au virage technologique. Et c’est principalement elle qui utilise la biomasse de moindre qualité que nous produisons. La bonne matière, nous pouvons en faire du bois d’œuvre, et si nous pouvons le vendre sur le marché américain, c’est parfait.
Mais nous devons trouver une façon de tirer de la valeur de notre biomasse de moindre qualité. C’est pourquoi nous mettons l’accent, à tout le moins beaucoup de notre attention, car beaucoup de gens s’y consacrent, sur ce que nous pouvons faire pour créer de la valeur à partir de matière de piètre qualité. Une grande partie est destinée à l’énergie. Meadow Lake nous en a donné l’exemple. Ce sont des électrons, de l’électricité. C’est bien dans certains secteurs, mais malheureusement, c’est aussi une énergie de moindre valeur. Elle ne crée pas beaucoup d’emplois, de valeur ou de revenus. Mais, dans certaines circonstances, c’est bien. Nous devons créer d’autres façons d’y arriver.
Dans la production énergétique et chimique, nous devons faire concurrence à des carburants fossiles très économiques. Le marché est ainsi fait et nous croyons qu’il ne va pas changer. Donc, nous devons nous poser la question suivante: de quelle façon pouvons-nous combler ce fossé et attribuer une valeur au carbone? C’est le nœud du problème. De quelle façon pouvons-nous attribuer une valeur au carbone?
Nous avons parlé des prix du carbone. Oui, c’est une option, mais à vrai dire, partout dans le monde, il y a une limite politique au prix du carbone à l’échelle de l’économie. Est-ce 50 $? Peut-être. Le fait est que cela ne suffit pas. Nous constatons que, en adoptant une réglementation souple qui permet de cibler les principaux secteurs émetteurs, puis des mécanismes d’échange, vous pouvez vraiment envoyer un signal assez fort pour favoriser la commercialisation. C’est ce que nous devons faire: passer du labo au chantier.
J’ai donné l’exemple de la coentreprise Arbios que Canfor souhaite mettre en œuvre à Prince George. Ce projet serait tout simplement impossible au Canada sans la norme de carburants à faible teneur en carbone de la Colombie-Britannique.
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En ce qui a trait à la conclusion de l’accord sur le bois d’œuvre, mon collègue, M. Roberts, a raison: nous devons y venir. Nous en sommes arrivés au point où des commentateurs affirment à juste titre, je crois, que ces milliards de dollars en droits compensatoires sont des dividendes pour les producteurs du Sud, qui ont tant d’influence à Washington.
Je suis insulté de les voir tirer ainsi profit de notre pays et de notre industrie et parler de dividendes.
Cela étant dit, pour revenir à votre question, le secteur du bois massif constitue la base, et cela ne changera pas. Y a-t-il eu une certaine érosion? Oui. Est-ce que le secteur évolue? Oui, bien sûr.
Cette base qu’est le secteur du bois massif doit toutefois être là, elle est nécessaire, car nous exportons de 65 à 68 % de nos produits aux États-Unis. Sans elle, il n’y aura pas de sous-produits à exploiter dans le reste de l’industrie.
En réponse à votre point sur les produits à valeur ajoutée de prochaine génération, le bois lamellé-croisé et le bois massif constituent un marché colossal. Nous avons des membres à Penticton au sein de l’entreprise Structurlam, qui emploie près de 3 000 membres, dont 275 actuellement à Penticton, si ma mémoire est bonne, et qui cherche des travailleurs, parce qu’il s’agit d’un produit nécessitant une main-d’œuvre importante pour lequel il y a une forte demande.
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S’il y a quelque chose d’aussi prévisible que la météo, c’est l’industrie du bois d’œuvre. C’est très cyclique, avec ses « sommets et ses creux ». Malheureusement, c’est la nature de la bête. Il y a des mises à pied et des fermetures, mais le système d’assurance-emploi est une importante aide de base pour les travailleurs, à laquelle les employeurs et les travailleurs contribuent. Il est important que les travailleurs ne rencontrent pas d’obstacles quand ils ont le plus besoin de cette aide. Tout avantage qui est négocié ou fourni ne devrait pas constituer un obstacle à l’obtention de prestations d’assurance-emploi.
Je crois que le gouvernement fédéral est sur la bonne voie avec les mesures temporaires qu’il a prises, mais, comme je l’ai dit dans ma déclaration préliminaire, il est primordial de rendre permanent l’accès à l’assurance-emploi quand les travailleurs sont mis à pied ou paient le prix d’une fermeture.
En ce qui a trait à ce que devrait faire le gouvernement fédéral pour continuer à aider les travailleurs, je dirais que tous les aspects, soit veiller à un environnement commercial équitable, à une imposition concurrentielle et à du soutien pour les travailleurs, tous ces aspects, donc, sont primordiaux pour assurer le dynamisme de l’industrie et sa prospérité future.
Il faudra y travailler: tout ce que nous avons dit aujourd’hui sur d’autres produits de la forêt, sur ce qui se fait en Colombie-Britannique, où nous pouvons tirer plus de valeur du bois de nos forêts afin qu’il n’y ait aucune perte et que tout soit extrait et utilisé pour différents produits. Je crois que ces types de programmes sont importants pour que l’industrie prospère.
Le soutien à l'industrie peut aussi être d'ordre financier. De 2017 à 2020, le fédéral a investi 24 milliards de dollars dans le secteur des hydrocarbures, alors que pour la même période, la part du Québec, avec sa Stratégie d'aménagement durable des forêts, n'atteignait que 70 millions de dollars et des poussières, dont 75 % sous forme de prêts.
Qu'est-ce que le gouvernement fédéral peut faire pour accompagner l'industrie dans la transition énergétique? Il pourrait, entre autres, offrir des prêts, des garanties de prêts et du soutien à la recherche-développement. Il y a un excellent secteur de recherche au Québec et il pourrait être mis à profit pour l'industrie forestière.
Qu'est-ce que le gouvernement fédéral peut ou doit faire en fait d'investissement?
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Je pense que c’est une bonne transition vers le sujet qui nous préoccupe. En ce qui concerne les tarifs qui sont appliqués, il y a cette valeur... Nous pensons sincèrement qu’à un moment donné, il y aura un accord. On finira par mesurer ces droits qu’ils ont payés. Mon homologue, Mme Rasmussen, a mentionné que NorSask Forest Products, une entreprise relativement petite, a payé une somme monumentale — 14 millions de dollars —, qui pourrait être réinvestie dans leurs collectivités. Cet argent pourrait revenir aux travailleurs. Cela pourrait permettre de rendre l’entreprise plus concurrentielle.
Avec de telles sommes, avec ce capital qui existe, si le gouvernement fédéral pouvait jouer un rôle en s’assurant que les petites entreprises ont accès à... Il faudrait bien sûr être équitable et offrir ce service à toutes les entreprises, mais il faudrait limiter les domaines dans lesquels les gros joueurs peuvent investir. Je ne pense pas qu’ils devraient pouvoir profiter des programmes du gouvernement fédéral pour investir davantage dans le sud des États-Unis, disons, comme ils l’ont fait la dernière fois, après le début de l’accord sur le bois d’œuvre de 2006-2007. Ils ont récupéré l’argent et l'ont investi à l’étranger, dans d’autres marchés. Je ne pense pas que cela profite aux travailleurs ou aux collectivités canadiennes de quelque façon que ce soit.
Je pense qu’un solide programme fédéral d’investissement ou de prêts qui serait basé sur ces droits pourrait grandement prêter main-forte, en particulier aux petits joueurs. Bien que nous parlions des CanFors et des West Frasers, et des Resolutes — les plus gros joueurs de l’industrie —, il y a toujours ces entreprises dites familiales, ces joueurs plus modestes qui emploient 30, 40, 80 travailleurs à des postes bien rémunérés.
Ces petites industries ont besoin de notre soutien et du soutien du gouvernement fédéral. Je pense que cet ajout contribuerait grandement à les aider.
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Pour ce qui est de l'orientation qu'il faut prendre, je vous confirme que c’est la bonne. Cette politique a été efficace. Nous avons vu un certain nombre de bons exemples. Je dirais que le Canada s’est classé deuxième dans ce domaine. Au départ, le système a été élaboré en Scandinavie, et Stora Enso, la société suédoise, est la plus importante au monde dans ce domaine. La politique du « bois d’abord » a donné de bons résultats.
Permettez-moi de dire quelque chose de controversé. Concentrons-nous sur ce qui nous tient à cœur. Ce qui nous intéresse, c’est de réduire le carbone et de stimuler l’activité économique. Cela vaut la peine de fixer un objectif et de laisser le secteur privé trouver comment l'atteindre.
Une politique du « bois d’abord » dit que nous devons utiliser le bois. Eh bien, dites-le aux gens de l’acier et du béton. Ils peuvent aussi trouver des façons d'innover; par exemple, on peut créer du béton qui emmagasine le CO2.
Comme le disent les personnes qui cherchent de véritables innovations, élargissons nos horizons, fixons-nous un objectif — nous voulons réduire l’intensité des émissions de carbone — et ensuite, allons-y. Je pense que le bois lamellé-croisé est une excellente alternative, mais il se peut que d'autres personnes tentent d’autres produits et d’autres procédés novateurs. Nous pourrions donc avoir une course vers le sommet quant à ce que nous voulons vraiment réaliser. Je pense qu’une réglementation souple est plus efficace pour l'ensemble de l'économie qu’une simple politique du « bois d’abord ».
Pour le secteur forestier dans lequel je travaille, ce que je dis s'apparente probablement à un blasphème, mais je ne fais que souligner ce qui nous tient à cœur et ce que nous souhaitons comme résultat final.
Cette politique a été efficace. Nous pouvons en voir les effets, notamment dans le secteur de la construction en Suède et en Finlande. J’ai parlé du travail que nous faisons avec le gouvernement de la Nouvelle-Zélande. Ce sera l’un de leurs points forts. Il s'agit de mettre une valeur sur le carbone stocké dans la construction. C’est leur objectif.
La bonne nouvelle, c’est qu’il y a d’autres choses que nous pouvons faire dans le secteur de la construction en général. Par exemple, en ce qui concerne l'utilisation du bois comme isolant, nous voyons émerger des technologies très intéressantes en provenance de l’Allemagne — les technologies Dieffenbacher et Simpelkamp —, qui peuvent être utilisées pour passer le bois de moindre qualité. Ces innovations sont d'une importance névralgique pour stimuler la demande pour notre bois de qualité inférieure que nos scieries continuent de générer. Cinquante pour cent de vos grumes de sciage sont généralement destinées au bois d’œuvre. Nous devons trouver une place pour les cinquante pour cent restants. Ces résidus ont une certaine valeur et il peut être difficile de leur trouver une place en l'absence d'une nouvelle et vigoureuse industrie des pâtes et papiers. C’est dans ce contexte que certains de ces nouveaux produits à valeur ajoutée peuvent venir sauver la mise.
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Comme c'est le cas avec le tarif, cela va avoir une incidence directe sur les communautés. Cela signifie que beaucoup moins d’argent reviendra directement à nos parties prenantes, à nos actionnaires, à nos communautés membres. Nous examinons toutes les nouvelles idées, les nouvelles options et les nouvelles façons qui pourraient nous permettre de diversifier nos opérations et de mettre au point des solutions pour réduire l'impact que cela aura sur nous.
Je pense que quelqu’un d’autre l’a également mentionné. Quelqu’un a parlé du béton. Avec la construction de cette nouvelle installation pour le centre de bioénergie, il est important pour nous, en tant que peuple autochtone, d'amener l’arbre de la forêt directement jusqu’à la fin de sa vie et de ne laisser aucun déchet. Le centre de bioénergie nous permettra d'utiliser à bon escient tous ces déchets qui sont actuellement brûlés et expulsés dans l’air sous forme de fumée et de cendres.
Qui plus est, nous étudions en collaboration avec l’industrie du béton les possibilités de créer un autre sous-produit à partir des cendres volantes qui sortent de cette installation de bioénergie.
Toutes ces choses vont être créées de manière renouvelable avec un carburant renouvelable, ce qui va aider à atténuer les effets sur nous. Notre organisme étudie toutes les ouvertures possibles pour s'investir sur le marché de la bioénergie ou des énergies renouvelables. Toutefois, comme je l’ai déjà dit, quand vous n'avez qu'une seule usine, c’est plus difficile à soutenir. C'est vraiment un domaine où l'aide gouvernementale est essentielle, surtout quand vous êtes un peuple autochtone. Nous ne faisons que commencer à participer au développement économique, à prendre les choses en main dans certaines communautés. Nous avons absolument besoin de l’aide du gouvernement dans ces domaines.
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Oui, le centre de bioénergie sera probablement terminé d’ici décembre 2021. Je vous invite à suivre l'avancée des travaux. Vous pouvez suivre toutes les étapes de sa construction sur www.mltcbioenergy.ca.
Oui, les gouvernements ont contribué à hauteur de 52,5 millions de dollars. Cela équivaut à environ 75 % du coût total de la construction de cette installation et, très franchement, s’ils n’avaient pas contribué, il n’y aurait pas eu d’installation. Il n’y a pas assez d’argent dans les coffres de MLTC et des communautés des Premières Nations pour entreprendre ce genre projet.
Comme la plupart d’entre nous vous le diront, et en particulier M. Roberts, l'énergie ne coûte pas cher et sa vente ne rapporte pas beaucoup. En fin de compte, nous ne rendrons qu’environ trois quarts de million de dollars à nos neuf communautés des Premières Nations. Vous pouvez donc voir que ce n'est pas très lucratif, mais pour nous, en tant que membres des Premières Nations, il est important d'encadrer ce produit du bois du début à la fin et d’en tirer le maximum en termes d'utilisation, de revenus et d'emplois.
Je suis désolée. J’ai omis de vous donner plus de détails sur le centre proprement dit.
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Très bien, tout le monde, nous pouvons reprendre. Bon retour.
Je tiens à souhaiter la bienvenue à nos trois nouveaux témoins et à les remercier de se joindre à nous aujourd'hui. Nous accueillons Jason Krips, de l'Alberta Forest Products Association; Susan Yurkovich, du British Columbia Council of Forest Industries; et, enfin, Sylvain Labbé, du Bureau de promotion des produits du bois du Québec.
Merci à vous trois d'avoir pris le temps d'être là. Vous aurez chacun jusqu'à cinq minutes pour faire une déclaration préliminaire. Ensuite, nous passerons aux questions des députés. Vous êtes libres de vous exprimer dans la langue officielle de votre choix. Nous avons des interprètes à notre disposition.
Je vous préviens que mon travail consiste à vous interrompre. Si vous dépassez le temps qui vous est imparti, je vous couperai la parole, au risque d'être impoli, et je vous demanderai gentiment de conclure.
Là-dessus, je vais suivre l'ordre dans lequel vos noms figurent à l'ordre du jour.
Monsieur Krips, voulez-vous commencer? Merci.
Merci beaucoup, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité. Je suis ravi de pouvoir témoigner devant vous.
Dans l'industrie forestière, nous sommes fiers du travail que nous faisons et des produits que nous fabriquons. La foresterie est d'une importance vitale pour nos vies, qu'il s'agisse des matériaux de construction pour créer un endroit sûr où vivre, de la pâte à papier pour fournir des services et des produits essentiels comme l'équipement de protection individuelle, les filtres de laboratoire et les emballages alimentaires ou, encore, de l'énergie durable pour garder les lumières allumées pendant le froid de l'hiver canadien, même par temps nuageux à Vancouver.
J'ajouterais que la foresterie constitue également un moyen de subsistance sûr et durable pour les 230 000 Canadiens qui travaillent dans notre industrie, sans parler des 370 000 autres Canadiens dont les emplois reposent sur nos activités économiques. Cela représente, au total, 600 000 emplois qui dépendent de l'industrie forestière au Canada. Les gens peuvent être fiers de ces produits et emplois. Ils contribuent à la gestion de la ressource forestière la plus durable au monde, une ressource qui fait partie de la solution pour lutter contre les changements climatiques et qui nous permet d'atteindre la cible de zéro émission nette.
Sur le plan économique, notre industrie forestière est la clé de la relance partout au pays, mais en Alberta, la situation est encore plus grave. Nous avons vu notre économie être décimée par le ralentissement de l'industrie énergétique. Les collectivités rurales ont été particulièrement touchées en raison de la disparition de nombreux emplois dans le secteur des ressources. Par contre, les collectivités forestières s'en sont beaucoup mieux sorties. Notre industrie soutient 40 000 emplois dans toute la province, et il s'agit d'emplois stables et bien rémunérés. Ainsi, pour de nombreuses familles, l'industrie forestière a été un havre de paix dans la tempête.
Notre industrie est stable, mais nous avons des besoins réels à combler pour faire en sorte que notre avenir demeure prometteur.
Premièrement, j'aimerais parler des mesures positives. Je pense que les gouvernements, tant au niveau fédéral que provincial, ont pris des mesures positives pour la foresterie en Alberta et, à vrai dire, dans l'ensemble du Canada. Le a annoncé près de 70 millions de dollars pour appuyer la lutte contre le dendroctone du pin en Alberta. Ce travail est absolument essentiel à la santé des forêts à l'échelle nationale. Je sais que Mme Yurkovich et nos collègues de la Colombie-Britannique ne connaissent que trop bien la destruction causée par le dendroctone du pin ponderosa, du point de vue tant environnemental qu'économique. En nous aidant à contenir la situation en Alberta, vous contribuez à prévenir la destruction qui se produit dans les collectivités forestières de tout le pays. Nous tenons à remercier le ministre O'Regan et les excellents fonctionnaires de Ressources naturelles Canada pour cet important financement.
Deuxièmement, nous sommes heureux de savoir que le gouvernement du Canada reconnaît que la foresterie fait partie de la solution aux changements climatiques. Nous trouvons encourageant de voir que, dans le discours du Trône, les forestiers sont considérés comme des employés clés dans cette lutte et que le gouvernement s'est engagé à planter deux milliards d'arbres. Nous collaborerons avec vous dans le cadre de ces initiatives, et ce, jusqu'au bout.
En ce qui a trait aux besoins, le premier objectif, et le plus urgent pour notre industrie, c'est de maintenir l'accès à l'assise territoriale. Sans cette assise territoriale et sans un approvisionnement stable en bois, rien ne se passe dans la forêt. Il n'y a aucun investissement, aucune création d'emplois, ni aucune fabrication des produits dont le monde a besoin.
L'un des véritables défis à relever pour maintenir cet accès et ces emplois constitue la Loi sur les espèces en péril. Il s'agit d'un texte législatif normatif qui exige souvent des mesures draconiennes. Le vrai défi, c'est qu'il ne semble pas y avoir une approche à 30 000 pieds d'altitude. Un jour, on est obligé de prendre des mesures draconiennes qui aident une seule espèce, mais qui ne sont pas forcément avantageuses pour une autre. Un an plus tard, une autre espèce doit faire l'objet d'un examen, et un ensemble de mesures totalement différentes sont proposées. Il s'agit d'une approche axée sur une vision trop étroite, ce qui est vraiment dommageable pour notre industrie. Il est ainsi difficile de savoir où nous allons, et bon nombre des mesures limitent l'accès à l'assise territoriale. Il est donc difficile de faire des investissements et de planifier la croissance.
Nous avons besoin d'une approche qui tient compte de l'assise territoriale et des espèces de manière holistique et qui vise l'objectif plus général de créer des forêts et des paysages en bonne santé et propices à une diversité d'espèces. Il est temps de mettre fin à l'approche normative et ponctuelle pour passer à quelque chose de plus durable, tant pour l'environnement que pour notre économie. Il est temps d'envisager une refonte de la Loi sur les espèces en péril et une transition vers une approche visant plusieurs espèces.
Il est également temps de s'engager fermement à l'égard des forêts exploitables. J'entends par là des forêts qui sont gérées conjointement par le gouvernement, les collectivités et les forestiers.
Force est de reconnaître que la stérilisation de notre assise territoriale par l'exclusion de la foresterie et des autres industries d'exploitation des ressources ne représente pas une solution viable. Cela aboutira à des paysages malsains, susceptibles de provoquer des feux de forêt et des infestations de parasites. Ces incidents ne favoriseront pas la biodiversité des espèces et ils nuiront aux efforts de rétablissement. Ils feront également du tort aux collectivités et mineront la relance économique du Canada. Le plus grand outil de lutte contre les changements climatiques nous sera retiré des mains: cet outil, c'est la gestion durable des forêts.
Nous savons que les forêts qui sont soigneusement planifiées et gérées grâce à la récolte et à la replantation sont des puits de carbone beaucoup plus efficaces que celles qui sont laissées intactes. L'exploitation des vieilles forêts et la séquestration du carbone dans nos maisons, nos bâtiments et les produits que nous utilisons chaque jour permettent de planter de nouvelles forêts. Ces nouvelles forêts captent le carbone à mesure qu'elles croissent; ainsi, cette croissance et cette séquestration constituent la meilleure façon d'atteindre nos objectifs en matière de carboneutralité.
En nous engageant à créer des forêts exploitables, nous faisons ce qu'il faut pour nos collectivités, notre économie et notre planète.
Je vous remercie beaucoup du temps et de l'attention que vous nous avez consacrés cet après-midi.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Nous sommes heureux d'être ici ce matin ou cet après-midi. Malgré la grande incertitude qui règne encore dans le contexte de la crise sanitaire et économique, notamment pour ce qui est de savoir ce que cela réserve aux Canadiens dans les mois à venir, une chose est certaine, de notre point de vue: l'industrie forestière, que ce soit ici en Colombie-Britannique ou partout ailleurs au Canada, est bien placée pour aider les Canadiens à retourner au travail, à alléger le fardeau des collectivités et à offrir les produits à faible émission de carbone dont le monde a besoin.
Au départ, la pandémie a obligé les usines à fermer leurs portes, mais les exploitants ont pu mettre en place des pratiques de travail sécuritaires pour se remettre au travail beaucoup plus rapidement que les industries ayant un contact direct avec la clientèle. La forte demande, alimentée par les rénovations domiciliaires et le nombre accru de logements mis en chantier, a également contribué à la relance, permettant ainsi à de nombreuses familles de retomber sur leurs pieds. Cela démontre que les racines profondes de notre secteur et la résilience de sa chaîne d'approvisionnement sont essentielles à la relance économique collective.
Comme M. Krips l'a dit, l'industrie forestière de la Colombie-Britannique a également d'énormes répercussions économiques dans la province. Elle représente le tiers des exportations de la Colombie-Britannique. Elle apporte une contribution de 13 milliards de dollars au PIB, en plus de générer, chaque année, environ 4 milliards de dollars d'impôts qui permettent de financer d'importants services sociaux et services de santé; d'ailleurs, en 2019, les entreprises membres de notre association ont acheté des biens et des services d'une valeur de 7 milliards de dollars auprès de 10 000 fournisseurs dans 340 collectivités de notre province. Même si beaucoup de gens pensent qu'il s'agit simplement de collectivités rurales et éloignées, il sera intéressant de savoir que, l'année dernière, Vancouver a enregistré les dépenses les plus élevées pour le secteur forestier. Tout cela pour dire que notre industrie sera la pierre angulaire de l'économie et qu'elle sera essentielle à notre relance économique, que vous soyez à Prince George, à Campbell River, à Victoria ou à Surrey.
Toutefois, même si nous avons relativement bien surmonté cette crise à court terme, nous faisons face à des défis fondamentaux qui existaient avant la pandémie, notamment la hausse des coûts, la complexité de la réglementation, la volatilité des échanges commerciaux et la concurrence mondiale croissante. Par conséquent, puisque votre comité examine aujourd'hui le rôle important que notre secteur peut jouer dans notre relance économique collective, nous vous invitons à vous concentrer sur les cinq principales mesures suivantes.
Premièrement, comme M. Krips l'a dit, il est essentiel que nous investissions dans nos terres forestières exploitées et que nous les protégions. En Colombie-Britannique, environ 52 % des terres ont une valeur de conservation. C'est un engagement énorme. Cela fait de la Colombie-Britannique un endroit où il fait bon travailler, et c'est un modèle de développement durable, mais en plus des valeurs de conservation, nous valorisons également notre ressource forestière renouvelable pour les emplois et les débouchés qu'elle offre aux familles et aux collectivités.
L'accès garanti à la fibre à un coût raisonnable constitue le principal facteur qui peut aider à attirer de nouveaux investissements et contribuer à la relance économique. C'est pourquoi nous pensons que, tout comme les parcs et les zones protégées, nous devrions décider de la taille de la forêt exploitable pour ensuite la protéger. Une fois que nous aurons pris cette mesure, nous devrons chercher à trouver des façons novatrices de gérer les ressources forestières.
Nous sommes déjà un chef de file du secteur en matière de certification forestière. Nous employons de nouvelles technologies et nous sommes prêts à retrousser nos manches pour l'initiative visant à planter deux milliards d'arbres, mais la gestion dans un monde de changements climatiques nous obligera tous à y jeter un regard neuf. Il y a de nouvelles idées qui méritent d'être étudiées pour améliorer la santé de nos forêts, de notre industrie, de nos collectivités et de notre pays.
Deuxièmement, nous voulons avoir de bonnes règles qui protègent notre environnement, mais à l'heure actuelle, la foresterie en Colombie-Britannique est régie par près de 60 lois et règlements fédéraux et provinciaux: voilà autant d'éléments de complexité qui créent de l'incertitude, ajoutent des coûts et nuisent à notre compétitivité. Nous devons accroître la coordination et éliminer les redondances, sans mettre en péril la protection de l'environnement, et nous serions heureux d'avoir la possibilité de travailler en collaboration pour apporter des changements lorsqu'il est judicieux de le faire.
La troisième priorité essentielle, c'est notre partenariat avec les Premières Nations. En Colombie-Britannique, à l'heure actuelle, 5 300 Autochtones sont directement employés dans notre secteur, et il y en a beaucoup plus dans le domaine des relations interentreprises, les coentreprises, la gestion des forêts, etc. Nous sommes très fiers des relations établies depuis de nombreuses années, mais nous savons qu'il reste encore beaucoup à faire. Alors que nous avançons vers la réconciliation et la mise en œuvre de la Déclaration des Nations unies, il est essentiel que nous fassions ce travail ensemble pour être sûrs de bien faire les choses, d'obtenir des résultats tangibles et de créer les conditions propices à la prospérité de tous.
Quatrièmement, dans une perspective d'avenir, nous devons redoubler d'efforts pour diversifier nos marchés et nos produits. Au cours des deux dernières décennies, en collaboration avec les provinces et le gouvernement fédéral, la Colombie-Britannique a pris les devants pour élargir notre marché, surtout en Asie où nous vendons maintenant 30 % de nos produits. Nous réduisons ainsi notre dépendance à l'égard des États-Unis, où nous continuons d'être soumis à des droits de douane punitifs.
Notre partenariat avec Ressources naturelles Canada peut vraiment être considéré comme un modèle d'excellence pour ce qui est de créer des partenariats et d'obtenir des résultats. Cependant, l'exploitation de nouveaux marchés et produits n'est pas un jeu à court terme. Il faut des années pour faire connaître les produits et en assurer l'acceptation sur les marchés, ainsi que pour établir des codes et des normes. Nous estimons que ces efforts doivent se poursuivre.
Enfin, nous estimons que le temps est vraiment venu de renforcer énergiquement notre réputation de chef de file de l'écologisation et de chef de file mondial des constructions en bois. Il existe des exemples incroyables de constructions en bois à faible teneur en carbone partout au pays. Nous avons les gens, les ressources, le savoir-faire et les capacités nécessaires pour jouer un rôle de premier plan à l'échelle mondiale. Le monde entier pourra compter sur nous pour trouver la prochaine grande idée quant à la façon d'utiliser les ressources qui proviennent de la forêt de manière à atténuer les répercussions climatiques. Nous devons saisir les occasions d'accroître la demande pour nos produits locaux, d'encourager l'utilisation du bois massif, d'aider les constructeurs à suivre les codes de la construction et de sensibiliser les gens aux incroyables avantages des constructions en bois. Ce faisant, nous créerons également de nouveaux types d'emplois pour la prochaine génération de travailleurs forestiers — une perspective qui, je crois, nous réjouit tous.
Ainsi, une tâche colossale vous attend tous. Il sera difficile de relancer notre économie après ce coup dur sans précédent, mais l'industrie forestière peut jouer et jouera un rôle important. Vous pouvez contribuer à amplifier ces effets positifs en nous aidant à relever certains des défis fondamentaux auxquels nous faisons face et, surtout, en vous faisant le champion de notre industrie, à mesure que nous nous efforcerons de faire de nos produits forestiers à faible teneur en carbone une solution aux changements climatiques pour le monde entier.
Je vous remercie, et j'ai hâte de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie le Comité permanent des ressources naturelles de m'offrir cette occasion de parler de la reprise économique.
Le Bureau de promotion des produits du bois du Québec représente une association d'industriels comptant environ 200 entreprises dans cinq secteurs d'activité de l'industrie du bois, soit le sciage résineux, les feuillus, le plancher, les granules énergétiques et la fabrication de constructions en bois et de produits de construction.
Je vais parler de l'importance de notre industrie. Selon une étude récente de PricewaterhouseCoopers effectuée au Québec, notre industrie représente 142 000 emplois, contrairement aux chiffres qui avaient été véhiculés auparavant. Elle comporte trois secteurs, soit les opérations forestières, qui représentent environ 20 000 emplois; les pâtes et papiers, qui représentent environ 55 000 emplois; les produits du bois, qui représentent environ 65 000 emplois. Ce qui est intéressant, c'est que le secteur des produits du bois représente environ 970 entreprises. Or, les deux tiers des emplois dans l'industrie du bois proviennent du secteur des produits à valeur ajoutée de deuxième transformation au Québec, qui regroupe 63 % des entreprises.
Je vais revenir à la stratégie de diversification dont on a discuté. Vous savez tous que nous sommes aux prises avec le conflit du bois d'œuvre depuis plus de 20 ans. Nous en sommes à notre sixième conflit. Il y a deux façons de diversifier l'industrie canadienne: soit on vend nos produits de bois d'œuvre à d'autres marchés étrangers, soit on vend nos produits de bois d'œuvre pour la fabrication de nouveaux produits de bois hors taxes à valeur ajoutée. Les deux options donnent le même résultat, soit celui de diminuer la pression occasionnée par le conflit avec les États-Unis.
Pour l'industrie, dans l'Ouest canadien, la solution concernant l'Asie était idéale. Nos amis de la Colombie-Britannique ont fait un travail fantastique au cours des dernières années pour développer le marché en Asie. Pour l'Est du Canada, la solution est plus difficile sur le plan géographique, et consistera plutôt à créer des produits à valeur ajoutée, qui, ensuite, seront exportés autant aux États-Unis qu'outre-mer. Il faut dire que cette production crée quatre fois plus de valeur ajoutée que le bois d'œuvre. En plus d'augmenter nos exportations, on crée plus d'emplois. La demande américaine et mondiale pour ce type de produits à valeur ajoutée est en forte croissance, en raison de la rareté de la main-d'œuvre et de l'utilisation accrue du bois dans la construction pour des raisons de lutte contre les changements climatiques.
Cette stratégie a été établie au Québec en 2016. En ce qui concerne les exportations de produits structuraux à valeur ajoutée, l'objectif était de passer de 400 millions de dollars à 3 milliards de dollars en 2030. En 2020, les exportations sont d'une valeur de 400 millions de dollars; en 2014, elles étaient d'une valeur de 200 millions de dollars. Les exportations ont donc doublé, et nous voulons qu'elles augmentent à 3 milliards de dollars.
Les exportations de l'industrie du bois d'œuvre vers les États-Unis se chiffrent à environ 1,5 milliard de dollars. En prenant le tiers de cette somme, soit 500 millions de dollars, et en fabriquant des produits structuraux, nous obtenons quatre fois plus de valeur. Nous obtenons des exportations d'une valeur de 2 milliards de dollars. C'est la stratégie que nous employons depuis trois ans. Il y a beaucoup de travail devant nous, mais les perspectives sont excellentes.
La construction en Amérique du Nord sera un élément clé de la reprise. Selon les économistes, ce sera une reprise en V. Les éléments fondamentaux sont tous en place aux États-Unis pour une reprise très forte de la construction. Les mises en chantier étant plus basses que les moyennes historiques, il y a de la place pour la croissance. Il y a aussi un nouvel engouement pour les résidences unifamiliales à l'extérieur des centres urbains. La COVID-19 engendre un phénomène: tout le monde veut sortir des villes. C'est une nouvelle tendance.
Il y a aussi les mesures de lutte contre les changements climatiques qui se raffinent un peu partout dans le monde, principalement en Europe, et qui créent une demande supplémentaire pour la construction en bois, que l'on préfère à d'autres matériaux plus énergivores. À ce sujet, je suis tout à fait en accord avec M. Roberts, qui a parlé ce matin. Nous avons fait beaucoup d'efforts en élaborant des politiques visant des matériaux ou des technologies dans le but d'augmenter la construction en bois.
Je pense qu'il faut passer à une étape de performance et cesser de parler de matériaux et de technologies. Il faut plutôt instaurer des politiques qui comprennent des obligations de performance sur le plan des émissions de carbone en kilogrammes par mètre carré et des dépenses énergétiques en kilowatt par mètre carré, et laisser l'industrie faire son travail. Je vous annonce que l'industrie du bois va gagner haut la main et que nos parts de marché vont augmenter.
C'est plus noble que d'essayer d'imposer des mesures prescriptives. À long terme, comme l'Europe l'a démontré, quand on met en place des mesures relatives à la performance et que tout le monde a le droit d'atteindre cette performance, les résultats concernant la croissance de la demande de bois sont plus grands que ceux d'une politique prescriptive.
En ce qui concerne les vecteurs de réussite pour cette industrie, il y a quatre...
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Je vous remercie beaucoup de votre question sur le financement de la lutte contre le dendroctone du pin ponderosa.
Les membres de notre industrie se réjouissent énormément des efforts conjoints que déploient le , à l'échelle fédérale, et le ministre Dreeshen, à l'échelle provinciale, afin d'obtenir ce financement, qui est d'une importance capitale. Nous n'avons pas besoin de regarder beaucoup plus loin que la province de Mme Yurkovich et la dévastation causée par le dendroctone du pin ponderosa en Colombie-Britannique.
Le fait que nous puissions essayer de freiner l'infestation est extrêmement important. Quand vous examinez le parc national de Jasper, vous constatez qu'il y a encore beaucoup de rouge là-bas. Nous espérons pouvoir freiner la dévastation causée par le dendroctone du pin ponderosa, qui commence à se propager dans la région de Hinton-Edson. On ne peut pas sous-estimer l'importance de ces fonds. L'effort de collaboration entre la province et le gouvernement fédéral est, selon moi, un très bon exemple de coopération entre nos deux administrations.
En ce qui concerne les produits eux-mêmes, nous travaillons avec plusieurs de nos instituts de recherche afin d'essayer de maintenir ou d'améliorer notre capacité d'utiliser le bois qui a été endommagé par le dendroctone du pin ponderosa. Nous pourrions toujours utiliser un financement supplémentaire à cet égard. Cependant, le but, et ce qui importe le plus, c'est d'essayer d'arrêter et d'éliminer le dendroctone du pin ponderosa ou de réduire son incidence. En vérité, le fait que cet argent a été mis à notre disposition est très apprécié.
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J'ai mentionné dans mes commentaires que les dépenses de l'industrie sont très importantes. Les gens ont tendance à penser qu'il n'y a que d'emplois dans les communautés rurales ou à l'extérieur de la vallée du bas Fraser. En Colombie-Britannique, 42 % de tous les emplois en foresterie sont offerts dans la vallée du bas Fraser et dans le sud-ouest de la province. En fait, nos dépenses à Vancouver sont énormes. Elles sont engagées pour des emplois qu'habituellement les gens ne considèrent pas comme étant liés au secteur forestier. Il s'agit d'emplois dans les domaines de la technologie, du marketing, de la logistique, etc. Je pense que c'est un fait vraiment important.
Il y a des emplois et des retombées économiques dans absolument toutes les régions de la Colombie-Britannique. Lorsque vous pensez à des façons de contribuer à la relance de notre économie — et c'est ce à quoi vous pensez au sein de votre comité —, voilà un endroit où nous avons été en mesure de reprendre nos activités plus rapidement. La situation a un effet dévastateur sur les restaurateurs et les exploitants d'entreprises touristiques, mais nous avons réussi, en grande partie, à fonctionner en toute sécurité.
Quand il s'agit de choisir des Clydesdales de l'économie — c'est-à-dire quelques gros chevaux qui peuvent tirer très fort —, il est important de noter que le secteur forestier est très robuste en Colombie-Britannique, comme dans bon nombre d'autres régions de la province. Il peut apporter une contribution importante à l'économie si nous parvenons à régler certains des problèmes fondamentaux.
Il y en a quelques-uns. Nous exerçons nos activités dans un contexte mondial, et non dans les limites des frontières. Vous entendez les témoignages de trois personnes qui viennent de différentes régions de la province, mais ces trois personnes ne se livrent pas concurrence. Nous sommes en concurrence avec des entreprises du monde entier — en Suède, en Finlande, en Russie, etc. Voilà où se trouvent nos concurrents. Afin que notre industrie puisse améliorer la situation des collectivités, il est vraiment important de veiller à ce que nous soyons capables de rivaliser avec nos concurrents et à ce que nous disposions de bonnes bases.
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À la suite de l'infestation de dendroctone du pin au début des années 2000.... Rien de tel qu'un besoin urgent de changement pour vous aider à faire bouger les choses, à vous diversifier et à modifier votre façon de faire des affaires. La Colombie-Britannique a vraiment mené la charge en Asie. Selon M. Labbé, nous avons un avantage logistique en Asie, mais il y a d'autres marchés en Europe et ailleurs qui recherchent des solutions à faible émission de carbone.
Il est vraiment difficile de procéder à ces changements. Il y a des mesures que le gouvernement peut prendre en matière d'ouverture des marchés que l'industrie ne peut pas prendre. De même, il y a des mesures que l'industrie peut prendre sur le plan des relations commerciales que le gouvernement ne peut pas prendre. Il est vraiment important que l'industrie et le gouvernement travaillent en partenariat. De plus, ce partenariat est solide. Pour donner suite à l'argument de M. Labbé, il y a encore du travail à faire, et nous avons la possibilité de redoubler d'efforts à cet égard.
Les partenariats industrie-gouvernement ne sont pas toujours fructueux et ne donnent pas toujours de résultats perceptibles. La situation n'est pas parfaite, mais je dirais qu'à notre avis, il s'agit d'un très bon exemple de partenariat industrie-gouvernement qui fonctionne efficacement et qui donne des résultats.
Toutefois, je crois qu'il y a encore du travail à faire. En ce moment même, il existe des débouchés pour les produits forestiers canadiens, car les gens recherchent des solutions de rechange à faible teneur en carbone et des articles faits à partir de fibres, que ce soit des emballages pour vos aliments, des planches pour construire votre maison ou certains produits à valeur ajoutée, qui sont produits au Québec, en Ontario ou ailleurs. C'est le moment pour nous d'agir. Il est vraiment important que nous tirions parti de cette occasion.
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Je remercie les témoins.
Monsieur Labbé, au cours de votre présentation, vous avez beaucoup insisté sur la diversification des marchés.
Récemment, nous avons fait le calcul du Programme de développement des marchés du gouvernement fédéral. Je ne vous apprendrai rien en vous disant qu'en regardant les emplois liés au secteur forestier, 31 % de ces emplois viennent du Québec, 27 % de la Colombie-Britannique et 21 % de l'Ontario. Le plus gros bassin d'emplois est au Québec.
En examinant le Programme de développement des marchés, je me suis rendu compte que 78 % de l'enveloppe du budget avait été accordée à la Colombie-Britannique. Je me suis demandé si c'était parce qu'on ne faisait pas de demande au Québec. Qu'est-ce qui explique cette distorsion?
Probablement que vous le savez, mais pour votre gouverne, c'était quand même un programme de 64 millions de dollars, en 2019.
Comment cela se fait-il que le Québec reçoive une part aussi faible du Programme de développement des marchés? Avez-vous une idée là-dessus?
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Je vous remercie, monsieur Simard.
[Traduction]
Je vais dire ce qui suit en anglais au profit de mes collègues canadiens.
Je pense que l’idée ne consiste pas seulement à chercher des mesures, comme celles que nous devrions prendre dans l’Est et dans l’Ouest. Je crois que nous devons à la fois développer nos marchés d’exportation et élaborer de nouveaux produits pour favoriser la diversification.
De plus, l’idée ne consiste pas à réduire les efforts que nous avons déployés en collaboration avec Produits de bois canadien, le COFI et le reste de l’équipe, mais plutôt à tirer parti de l’occasion en or que nous voyons d’accroître la diversification des produits à valeur ajoutée, surtout en collaboration avec le Québec, l’Ontario et les Maritimes. Nous devons probablement améliorer et bonifier le programme visant ce secteur à valeur ajoutée, sans altérer l’effort que nous faisons actuellement pour diversifier nos marchés.
Il s’agit donc d’un double effort. Les sommes à engager ne sont pas très importantes. J’estime que c’est une décision stratégique que nous devons prendre dès maintenant, parce que l’option pour l’Est permettra également de créer de la valeur et de réduire notre dépendance à l’égard de l’économie américaine.
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À mon avis, la stratégie ne doit pas se concentrer uniquement sur le marché, mais sur beaucoup d'autres éléments. Il y a tout d'abord le développement du marché dans le cadre du programme des produits du bois et du Programme de développement des marchés, mais il faut aussi se concentrer sur l'innovation et la création de nouveaux produits.
Nous sommes en train de créer un monde numérique, comme construction en bois 2.0. Comme vous le savez, nous construisons encore nos bâtiments comme à l'époque de l'arche de Noé. Nous avons simplement remplacé le marteau par un marteau électronique.
Une nouvelle technologie industrielle est toutefois en cours de développement et progresse à très grands pas. C'est dans l'air. Il existe de grandes entreprises en Pologne comme Katerra ou Polcom. L'entreprise Germain Hotels vient de construire deux hôtels, un à Calgary et l'autre à Terre-Neuve. Elle a eu recours à Polcom, une entreprise polonaise, pour construire des hôtels préfabriqués ici au Canada. Pourquoi? On m'a répondu qu'on n'était pas prêt à soumissionner parce que leur nouveau système numérique n'était pas assez bien organisé. Attendez un instant: quel rôle voulons-nous jouer demain? Voulons-nous vendre des 2x4 à la Pologne pour qu'on nous expédie ensuite des trousses de construction ici au Canada?
Nous devons agir rapidement, parce que la demande pour la construction à charpente en bois croît rapidement et que, en raison de la réglementation du carbone dans le monde, elle entraînera une forte demande pour les produits à valeur ajoutée et les composantes structurales. Nous devons agir dès maintenant.
Je vais laisser M. Labbé poursuivre à propos des contrats d'approvisionnement du gouvernement et de l'établissement des cibles, et je remercie M. Simard d'avoir demandé si le gouvernement devrait établir des cibles d'utilisation du bois dans la construction de bâtiments en y associant des cibles de séquestration pour les matériaux de construction. C'est ce sur quoi portait exactement le projet de loi d'initiative parlementaire que j'ai déposé lors de la dernière législature. Il se trouve actuellement au Sénat d'où il nous reviendra bientôt, je l'espère.
Je vais donc résumer tout cela en demandant à M. Labbé et à Mme Yurkovich où nous en sommes actuellement au Canada dans le dossier du bois d'ingénierie et de la construction en bois massif. J'ai deux grandes usines dans ma circonscription, Structurlam et Kalesnikoff, et d'autres sont probablement en route. Vous avez parlé de Katerra, qui se trouve tout juste de l'autre côté de la frontière à Spokane, dans l'État de Washington.
Quand il est question d'aide du gouvernement à l'industrie et de soutien à la technologie, de codes, du développement de marchés, des contrats d'approvisionnement du gouvernement, où en sommes-nous dans ces dossiers? Comment tirons-nous parti de tout cela? Je trouve décevant d'entendre parler de cette entreprise polonaise qui fait des affaires au Canada, alors que nous devrions être des chefs de file dans ce domaine.
M. Labbé pourrait répondre en premier, suivi de Mme Yurkovich.
M. Labbé a tout à fait raison de dire que nous avons beaucoup à faire dans ce domaine.
En Colombie-Britannique, il y a une initiative en cours axée sur la promotion des matériaux en bois massif dans les bâtiments. C'est un élément très important. Il faut toutefois commencer par stimuler la demande. Il faut que la demande soit là. Le marché fonctionne très bien: si la demande croît pour la construction de bâtiments en bois massif dans une province, la production s'accroîtra.
C'est anormal. Il faut avoir un avantage financier pour expédier ces structures... J'ai deux garçons. Ce ne sont plus des enfants, mais nous avons beaucoup joué avec les Lego. On envoie des blocs Lego pour la construction de bâtiments sur place. Les matériaux sont très lourds. Si le coût du transport est élevé, il vaut mieux utiliser des produits qui sont fabriqués à proximité. Nous avons la chance de pouvoir le faire, mais il faut faire croître la demande.
Il faut tout d'abord faire croître la demande pour la construction de ces bâtiments et pour ces produits ici, car cela enverra un signal au marché d'accroître le nombre d'usines de fabrication qui créent de bons emplois.
Je dois revenir en arrière sur ce que j'ai dit dans ma déclaration liminaire. Le plus gros obstacle qui empêche les gens d'investir, c'est de ne pas savoir s'ils pourront se procurer la fibre à un prix raisonnable. En procédant à des investissements importants, les gens s'attendent à une période de récupération de 20 ou 25 ans. Ils doivent donc savoir s'ils pourront se procurer la fibre à un prix raisonnable pendant une longue période pour justifier de procéder à ces investissements importants.
C'est un élément crucial, et c'est pourquoi tous ces enjeux fondamentaux au sujet de l'accès à la fibre, la réglementation et la concurrence sont extrêmement importants.
J'ai une dernière observation avant de céder la parole à M. Labbé. La fabrication de produits à valeur ajoutée ne se limite pas au bois massif. Nous fabriquons toute une variété de produits dont les consommateurs ne sont même pas au courant, allant du bois massif aux corps des guitares. La liste est longue. M. Labbé a mentionné que nous avons cette chance. Tous les yeux sont tournés vers la fibre qui permet de fabriquer des produits moins polluants pour la planète, et il y en a toute une gamme. Il faut redoubler d'efforts dans ce dossier. Je suis entièrement d'accord avec M. Labbé.