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La séance est ouverte. Bienvenue à la 34
e séance du Comité permanent des ressources naturelles.
Merci à tous, non seulement de votre ponctualité, mais d'être arrivés tôt. Nous pouvons commencer.
Nous accueillons aujourd'hui quatre témoins, à savoir Mark Zacharias, de Clean Energy Canada, Michael Wolinetz, de Navius Research, Don O'Connor, de S&T Squared Consultants Inc., et Bora Plumptre, du Pembina Institute.
M. Longfield est ici en remplacement de M. Serré.
Monsieur Longfield, je vous remercie de vous joindre à nous.
Je remercie tout particulièrement nos témoins. Certains d'entre vous ont déjà eu l'occasion de comparaître, mais, si ce n'est pas le cas, sachez que chaque groupe de témoins dispose d'un maximum de cinq minutes, et j'insiste sur « maximum », pour faire un exposé préliminaire. Lorsque tous les témoins auront fait leur exposé, je passerai la parole aux membres du Comité pour qu'ils puissent poser des questions.
Vos écouteurs et appareils de sonorisation ont été testés. Vous avez accès à des services d'interprétation. Nous vous invitons à parler dans l'une ou l'autre des langues officielles. On vous posera des questions dans les deux langues.
Sur ce, je vous remercie encore une fois d'être parmi nous.
Je vais commencer par Clean Energy Canada. Monsieur Zacharias, je vous en prie.
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Bonjour, monsieur le président et distingués membres du Comité.
Je m'appelle Mark Zacharias et je suis conseiller spécial chez Clean Energy Canada, un groupe de réflexion sur le climat et l'énergie propre à l'Université Simon Fraser. J'habite à Victoria, en Colombie-Britannique.
Je vais vous parler aujourd'hui de la façon dont le Canada peut se positionner pour devenir un chef de file en matière d'hydrogène propre grâce à la croissance de l'offre et de la demande au pays, et pour devenir un exportateur d'hydrogène propre.
Le Canada est déjà l'un des 10 principaux producteurs d'hydrogène au monde. Cependant, presque tout l'hydrogène du Canada est produit à partir du gaz naturel, de sorte que du dioxyde de carbone peut s'échapper dans l'atmosphère, où il contribue au réchauffement de la planète. L'hydrogène ainsi produit est appelé « hydrogène gris ». Les émissions actuelles de la production industrielle mondiale d'hydrogène destiné principalement aux raffineries et au secteur des engrais s'élèvent à 830 millions de tonnes de dioxyde de carbone par an. À titre de comparaison, l'ensemble de l'économie canadienne émet un peu plus de 700 millions de tonnes par an.
En revanche, la production d'hydrogène propre n'émet pas ou émet très peu de gaz à effet de serre et passe par deux procédés. L'hydrogène vert est produit à partir d'électricité à zéro émission, par électrolyse. L'hydrogène bleu est fabriqué à partir de gaz naturel, parallèlement au captage et au stockage du carbone. L'hydrogène vert et l'hydrogène bleu sont des solutions climatiques valables, et le Canada est bien placé pour produire les deux à grande échelle.
L'hydrogène propre présente un certain nombre d'avantages uniques sur le plan climatique, notamment dans les secteurs les plus difficiles à décarboniser et où les solutions de rechange sont limitées. On les appelle souvent le « tiers dur des émissions ». Cela comprend le secteur des transports routiers et autres et la production d'acier, de ciment et d'engrais.
Le Canada fait partie d'un petit groupe de pays ayant le plus grand potentiel d'exportation d'hydrogène propre grâce à un réseau électrique actuellement à 83 % sans émissions, à un accès suffisant à de l'eau douce pour l'électrolyse et à des ressources abondantes en gaz naturel.
L'Agence internationale de l'énergie parle d'un « consensus international croissant sur le rôle fondamental que jouera l'hydrogène propre dans la transition du monde vers un avenir énergétique durable ». BloombergNEF estime de son côté que l'hydrogène propre pourrait répondre à près d'un quart de la demande mondiale d'énergie d'ici 2050.
Le Canada est dans le coup, et l'investissement annoncé la semaine dernière par Air Products Canada de 1,3 milliard de dollars dans un complexe énergétique à hydrogène bleu en Alberta est un excellent début. Cela dit, l'avantage à long terme du Canada en matière d'hydrogène ne réside probablement pas dans la production de gaz naturel, mais plutôt dans la production d'électricité sans émission. On prévoit que le coût de production de l'hydrogène vert sera égal à celui du bleu dès 2030 et qu'il sera moindre par la suite. L'hydrogène vert devrait être moins cher que le gaz naturel d'ici 2050. Notre capacité de production d'énergie renouvelable abondante et à faible coût est un avantage concurrentiel important.
Que doit faire le Canada pour profiter de l'avantage de l'hydrogène?
Premièrement, il faut remplacer les combustibles fossiles par de nouvelles applications à base d'hydrogène, notamment dans les secteurs les plus difficiles à décarboniser et où les solutions de rechange sont limitées. La fabrication de l'acier et du ciment est un excellent exemple de domaine où l'hydrogène peut remplacer les combustibles fossiles.
Deuxièmement, il faut utiliser de l'hydrogène propre pour décarboniser les services publics de gaz naturel, qui se dotent de plus en plus de cibles ou sont assujettis à des règlements exigeant qu'ils mélangent de plus en plus de gaz renouvelables, comme le biométhane et l'hydrogène. À l'heure actuelle, on peut injecter 15 à 20 % d'hydrogène sans trop de modifications aux réseaux de pipelines et aux appareils ménagers existants.
Troisièmement, il faut réduire l'intensité des émissions de la production actuelle d'hydrogène gris en le rendant bleu grâce au captage et au stockage du carbone ou en le remplaçant par de l'hydrogène vert.
Quatrièmement, il faut utiliser l'hydrogène pour stocker l'énergie. À mesure que nous décarboniserons nos systèmes énergétiques à l'aide de sources d'électricité variables, il sera de plus en plus nécessaire de stocker cette énergie propre pour l'utiliser pendant toutes les heures de la journée, et c'est à cela que peut servir l'hydrogène.
En résumé, le Canada est en situation extrêmement favorable pour bâtir l'économie de l'hydrogène et y participer.
Je vous remercie de m'avoir invité aujourd'hui. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Et voilà. Je me disais que vous aviez là une deuxième chance avec un nom de famille compliqué.
Je m'appelle Michael Wolinetz. Je suis associé, analyste principal et consultant chez Navius Research. Nous sommes un cabinet d'experts-conseils en énergie et en économie, établi à Vancouver. Notre travail consiste principalement à produire des analyses prospectives dans lesquelles nous simulons les effets des politiques gouvernementales, de la technologie et des marchés et coûts de l'énergie sur les émissions de gaz à effet de serre et sur l'économie en général. Notre travail touche tous les secteurs de l'économie, toute la consommation d'énergie, toutes les sources d'émissions et toutes les mesures possibles de réduction des gaz à effet de serre.
Je vais parler un peu plus brièvement des énergies renouvelables et des biocarburants. Il y a d'importantes possibilités pour les biocarburants renouvelables à faible teneur en carbone au Canada. Pour les concrétiser, il est essentiel d'avoir des politiques qui promeuvent une vision à long terme et durable de la consommation de ces carburants. Pour atteindre un niveau de production significatif, on aura besoin d'investissements considérables. Et cela ne se produira que s'il est possible d'atténuer suffisamment les risques en veillant à ce qu'il y ait un marché pour le produit.
Pour ce qui est des coûts et avantages de ces combustibles, nos travaux confirment systématiquement qu'ils coûteront plus cher que les combustibles fossiles classiques, mais leur avantage est que de nouveaux secteurs et de nouveaux produits permettront de créer de nouveaux emplois au Canada et que ces combustibles permettront de réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre.
Du côté de l'activité économique et de la création d'emplois, les biocarburants seront l'occasion de créer beaucoup d'emplois, surtout dans les régions rurales du Canada, car il pourra être nécessaire de recueillir plus de résidus forestiers ou agricoles et de les traiter sur place. Cela dit, dans ce secteur particulier de l'économie verte, nous prévoyons effectivement beaucoup d'emplois, mais pas au point de compenser complètement les emplois liés à l'industrie actuelle des combustibles fossiles classiques.
Quant au potentiel de réduction nette des émissions de gaz à effet de serre au Canada, les carburants renouvelables à faible teneur en carbone représentent un potentiel considérable, surtout lorsqu'il s'agit de biocarburants de pointe produits à partir de matières premières ligneuses ou herbacées. On ne parle pas d'une solution miracle globale. Mais de solutions multiples, car il faudra que cela se fasse en conjonction avec de nombreux autres moyens de réduire des émissions. Et cela comprend l'électrification et l'efficacité énergétique, ainsi que d'autres carburants à faible teneur en carbone comme l'hydrogène.
Les biocarburants représentent un créneau assez sain. Nous travaillons beaucoup en ce moment à prévoir l'évolution de l'économie et du système énergétique du Canada à mesure que les cibles législatives actuelles et à venir seront atteintes et à mesure que nous tendrons vers un avenir sans émissions. Nous prévoyons une demande systématique et durable de combustibles à forte teneur énergétique susceptibles d'être utilisés notamment dans le transport routier, le transport maritime et le transport aérien, ainsi que dans l'industrie.
Les biocarburants, notamment ceux qui sont produits à partir de résidus éventuellement durables permettant une véritable réduction des gaz à effet de serre, pourraient représenter un créneau sain dans notre système énergétique, de l'ordre de 15 à 25 %, selon l'ampleur de la consommation d'énergie et de la production de matières premières. Cela suppose cependant une gestion prudente pour s'assurer que le système bioénergétique permet réellement une réduction nette réelle et substantielle des émissions de gaz à effet de serre. Cela suppose une gestion prudente aussi pour veiller à ne pas épuiser les stocks de carbone dans le sol — par exemple, en évitant de dégrader les sols et d'entraîner une déforestation supplémentaire.
Comme je l'ai dit, l'hydrogène pourrait compléter les autres carburants à faible teneur en carbone, et leurs effets se conjugueront avec l'efficacité énergétique et l'électrification grâce à la consommation d'énergie renouvelable. Je suis cependant un peu moins optimiste et plus perplexe quant à l'avenir de l'hydrogène. Il aura évidemment un rôle à jouer dans l'interaction avec la production intermittente d'énergie solaire et d'énergie éolienne renouvelables, et peut-être d'hydrogène bleu, même si je n'y vois pas nécessairement une transition vers une économie entièrement axée sur l'hydrogène, où celui‑ci coûterait moins cher que les sources d'énergie actuelles.
Merci de m'avoir invité. C'est tout ce que j'ai à dire pour l'instant.
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Merci, monsieur le président.
Je m'appelle Don O'Connor. Je suis président de S&T Squared Consultants.
Notre clientèle est internationale, et, jusqu'ici, nous avons des clients au Canada, aux États-Unis, en Europe et en Asie du Sud-Est. Ce sont des banques d'investissement, des multinationales du secteur du raffinage, des producteurs de carburants de remplacement, des transformateurs agroalimentaires, des associations représentant des transformateurs agroalimentaires et des producteurs de biocarburants, des développeurs de technologies et certains grands utilisateurs de carburant.
Je suis ingénieur en mécanique de formation. Je suis ingénieur agréé en Colombie-Britannique et en Ontario et je suis également membre de la Society of Automobile Engineers. J'ai corédigé sept articles évalués par des pairs qui portaient principalement sur les émissions de gaz à effet de serre provenant des carburants de remplacement, et je suis co‑inventeur de sept brevets, dont la plupart portaient sur des procédés relatifs à l'éthanol cellulosique.
J'ai 40 ans d'expérience dans le domaine des carburants de remplacement dans le transport, d'abord comme distributeur, puis comme producteur, et, depuis 20 ans, comme consultant. J'ai collaboré avec beaucoup des provinces qui ont lancé leurs programmes de carburants renouvelables entre 2002 et 2012, et mon expérience couvre l'éthanol, le biodiésel, le diésel renouvelable, le gaz naturel, le méthanol, le propane et l'hydrogène.
Au cours des 20 dernières années, j'ai élaboré le modèle d'évaluation du cycle de vie de GHGenius. Ce modèle porte sur les émissions de GES des carburants utilisés dans les transports. Il regroupe plus de 200 modes de production et d'utilisation de carburants classiques et de carburants de remplacement. Il est inscrit dans des règlements de la Colombie-Britannique, de l'Alberta et de l'Ontario, et le Québec propose de l'utiliser dans sa réglementation des carburants renouvelables. Ce modèle est utilisé partout dans le monde, et c'est grâce à son élaboration et à son utilisation que nous avons pu obtenir plus de données concrètes sur le rendement et sur les procédés de production des carburants de remplacement que quiconque au Canada.
Compte tenu de mon expérience, j'aimerais vous faire part de trois observations.
Premièrement, les réductions des émissions de gaz à effet de serre valent aujourd'hui plus que celles qui sont prévues dans 10 ans. Il faudrait cesser de penser au pourcentage de réduction des émissions de GES en 2030 ou 2040 et plutôt s'intéresser aux émissions cumulatives de GES d'ici 2030 ou 2040. Autrement dit, il faut agir maintenant, pas dans 10 ans.
Ma deuxième observation est qu'il est beaucoup plus complexe et beaucoup plus long de remplacer les carburants et les véhicules que de simplement réduire l'intensité en carbone des carburants des véhicules existants. Je l'ai constaté à maintes reprises dans les années 1980 et 1990, quand l'entreprise pour laquelle je travaillais a adopté certains de ces carburants de remplacement.
Troisièmement, beaucoup des affirmations des entreprises et des organisations au sujet de l'atteinte d'émissions nettes zéro sont faites uniquement dans le but de produire des carburants et non pas de les utiliser. La production nette zéro de pétrole brut ne représente que 10 à 15 % des émissions du cycle de vie de l'essence et du carburant diesel. Par contre, les carburants renouvelables à consommation énergétique nette zéro produits par la technologie sont disponibles dès aujourd'hui et pourraient vraisemblablement être utilisés.
Je suis ici pour répondre à vos questions sur la production et l'utilisation de carburants de remplacement et sur le rendement des diverses solutions de rechange en matière d'émissions de GES.
Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, mesdames et messieurs. Je vous remercie de m'avoir invité aujourd'hui.
Je m'appelle Bora Plumptre. Je suis analyste principal au Pembina Institute et chargé de la politique fédérale; je suis très heureux d'avoir l'occasion de vous parler de la nécessité et de la possibilité de faciliter l'approvisionnement et la consommation de carburants renouvelables et à faibles émissions de carbone au Canada.
Je précise que je vous parle depuis le territoire traditionnel non cédé de la nation algonquine Anishinaabeg, dont la présence en ce lieu, également connu sous le nom d'Ottawa, remonte loin dans le temps.
Mes remarques porteront sur deux volets, d'abord la nécessité urgente d'accélérer la transition vers les carburants renouvelables et à faibles émissions de carbone, notamment dans le domaine des transports; et, deuxièmement, le pouvoir de réglementation du gouvernement fédéral et la contribution que l'exercice judicieux de ce pouvoir pourrait apporter à l'objectif qui, je suppose, unit tout le Comité dans cette étude, à savoir la vision d'une société à émissions nettes zéro, où prolifèrent des carburants propres bon marché dans tous les systèmes énergétiques du pays et, au‑delà, dans ceux de nos partenaires du commerce international.
C'est, à mon avis, une vision louable qui nous permettrait de réorienter notre économie énergétique vers des secteurs auxquels les investisseurs s'intéressent déjà et qui nous permettraient d'être concurrentiels sur le marché mondial en pleine croissance de l'énergie propre et de nous acquitter, enfin, de notre responsabilité d'éliminer notre contribution durable aux effets de plus en plus graves des changements climatiques.
Le Canada peut et doit faire beaucoup plus pour décarboniser son secteur des transports, qui demeure fortement tributaire des carburants à base de pétrole. Les émissions de gaz à effet de serre des sources de combustion mobiles restent obstinément élevées, avec des augmentations de 54 % depuis 1990 et de 16 % depuis 2005, qui est l'année de référence des cibles climatiques.
Aujourd'hui, les transports, notre deuxième secteur économique le plus polluant, sont responsables d'un quart de nos émissions de GES à l'échelle nationale. Dans la plupart des provinces et dans tous les territoires, c'est le secteur qui produit le plus d'émissions. Ces chiffres proviennent du ministère fédéral de l'Environnement, et ils confirment qu'à l'heure actuelle, malgré les récentes politiques novatrices, on ne va pas dans la bonne direction sur le plan biophysique.
Qu'il s'agisse de l'objectif à court terme de réduction des émissions d'ici 2030 ou de l'objectif à long terme d'une société à consommation énergétique nette zéro, la décarbonisation des carburants doit être un élément fondamental de notre stratégie dans le secteur des transports. Les politiques portant sur les véhicules sont également nécessaires, mais elles ne sont pas suffisantes pour décarboniser l'ensemble du système. Le gouvernement doit s'intéresser de plus près à la composante énergétique de base de la mobilité, à savoir les carburants.
Comment faire? L'électrification semble de plus en plus être le moyen de résoudre le problème des émissions du transport routier de passagers, mais, étant donné la profonde incertitude quant aux solutions durables d'alimentation des véhicules moyens et lourds de transport de marchandises, il faut encore aborder cet enjeu de façon à attirer des investissements tout en restant neutres sur le plan technologique.
Il existe heureusement une politique à cet égard, sous la forme d'un règlement sur les combustibles propres, parfois encore appelé « norme sur les combustibles propres », qui va réorienter profondément le paradigme de la réglementation du marché des carburants partout au Canada en fonction du critère de l'intensité en carbone du cycle de vie. Cette réorientation se faisait attendre depuis longtemps, et j'ai été très heureux de constater que ce type d'approche stratégique, une norme sur les carburants à faible teneur en carbone, a également été entériné récemment par le officielle.
C'est une contribution importante, car elle contribue à garantir la voie à suivre pour les parties prenantes du marché, contraintes ou volontaires. Certitude et réduction des risques sont indispensables aux investisseurs pour qu'il soit possible de faire des progrès sur le plan de la technologie et de son déploiement, et la meilleure façon de réduire les risques est l'adoption d'un règlement comme celui des combustibles propres, qui a le même effet qu'un transfert non subventionné d'une production à forte teneur en carbone à une production à faible teneur en carbone. Autrement dit, sans recourir aux dépenses publiques, la politique activera le transfert de capitaux vers les entreprises qui peuvent accélérer notre transition vers un bilan net zéro. Les subventions, elles, ont bien sûr l'habitude de disparaître.
La Règlement sur les combustibles propres a aussi l'avantage essentiel qu'il permet une approche fondée sur l'ensemble des activités de décarbonisation de l'approvisionnement en carburant à l'échelle nationale. De nombreux modèles ont tenté de faire un portrait anticipé de notre système énergétique d'ici le milieu du siècle en envisageant de nombreux scénarios, mais ils convergent en un point: nous aurons besoin d'un éventail de solutions pour atteindre nos objectifs climatiques. Une réglementation de plus en plus rigoureuse sur les carburants propres permettra de tirer profit de ces solutions diversifiées sans que le gouvernement ait à en privilégier.
Que vos intérêts — ou peut-être plus exactement ceux de vos électeurs — soient de promouvoir un type de carburant à faible teneur en carbone ou un autre, l'aspect le plus important, du point de vue commercial comme du point de vue climatique, est de garantir un contexte stable aux investisseurs qui permettront de réaliser ces projets. Il existe un cercle vertueux entre la fiabilité financière et la réduction des émissions. Un règlement sur les combustibles propres bien administré fournira l'architecture financière qui permettra d'accélérer les investissements directs dans les solutions prêtes à être commercialisées et de promouvoir l'innovation dans les technologies plus coûteuses qui en sont aux premiers stades et doivent être élargies.
Merci. Je vais m'arrêter ici, et je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
À mon avis, il ne fait aucun doute que l'agriculture au Canada est tout à fait durable. Depuis les années 1980, le Canada fait le suivi de certains indicateurs de la durabilité en agriculture, et, tous les cinq ans, Agriculture et Agroalimentaire Canada publie un rapport complet sur la performance environnementale. On ne peut trouver de rapport de cette qualité nulle part ailleurs dans le monde.
L'un des phénomènes que nous avons constatés est l'augmentation du rendement des cultures, notamment de celles qui servent à la production de biocarburants. Parallèlement, la demande relative à certaines cultures destinées à d'autres usages classiques est stagnante, voire en baisse, de sorte que la production d'aliments destinés au bétail est moindre aujourd'hui qu'il y a 10 ou 15 ans.
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Dans ma région, beaucoup de gens abandonnent l'élevage et se lancent dans l'agriculture. Nous sommes en train d'évaluer le pouvoir de séquestration des terres d'élevage et les avantages à long terme que cela représente. Je dirais que c'est un peu dommage. Nous avons vu des documentaires, comme
Les gardiens des prairies, qui décrivent très clairement les avantages de nos prairies.
Je vais passer à une autre question.
Elle s'adresse au représentant de Clean Energy Canada. Comme je vous le disais, monsieur O'Connor, j'ai vu des chiffres inquiétants sur d'autres types de dégâts à prévoir si nous manquons de prudence et de perspective stratégique dans notre transition énergétique et dans le développement de nouvelles entreprises.
En 2019, l'Agence internationale pour les énergies renouvelables calculait que, compte tenu des objectifs d'utilisation de l'énergie solaire de l'Accord de Paris pour 2050, l'élimination de vieux panneaux ferait doubler le tonnage de déchets de plastique à l'échelle mondiale. L'IRENA — la même agence — prévoyait également des hausses massives dans le secteur minier en raison d'une augmentation de la demande de minéraux. L'argent ferait un bond de 250 % et l'indium, de 1 200 %.
J'ai lu un autre rapport qui dit ceci: « La construction d'une éolienne nécessite 900 tonnes d'acier, 2 500 tonnes de béton et 45 tonnes de plastique non recyclable. »
Quand on voit ce qu'ils font des résidus, très franchement, tout finit dans le sol. Il y a beaucoup d'autres exemples.
Comme nous avons beaucoup parlé de l'électrification comme moyen d'utiliser des sources de combustible ou de l'énergie carboneutres, je pose la question suivante. Est‑ce qu'on s'interroge sur les conséquences imprévues de l'enfouissement de pales d'éoliennes, compte tenu de la quantité d'acier et de béton qui entre dans ces produits? Nous nous sommes également intéressés aux cycles de vie des GES. Est‑ce qu'on en tient compte? Que faisons-nous de cela?
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C'est une bonne question. Je vais commencer.
Oui, la transition vers un monde à consommation énergétique nette zéro passe par une augmentation massive de l'utilisation de métaux, de minéraux et de matériaux pour construire toute l'infrastructure nécessaire. Qu'advient‑il de l'infrastructure en fin de cycle de vie? Comme il s'agit d'un secteur assez nouveau et qu'il a pris de l'expansion très rapidement, on ne fait que commencer à se poser ces questions.
Par exemple, il y a maintenant une entreprise au Texas qui recycle les pales d'éoliennes et en fait des matériaux. La Californie et la Colombie-Britannique envisagent d'élargir les responsabilités des fabricants de panneaux solaires. Un certain nombre de pays d'Europe examinent la situation de fin de vie de tous les actifs et infrastructures nécessaires à la production d'énergie solaire, éolienne et autre.
Le Canada est effectivement un chef de file en matière d'exploitation minière durable grâce à l'IRMA et à d'autres processus et il essaie de les exporter à l'échelle mondiale comme moyens durables d'exploiter les minéraux.
Il y a un certain rattrapage à faire, mais je pense que le Canada et surtout beaucoup de provinces le font déjà.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins de leur présence parmi nous aujourd'hui et de nous faire profiter de leurs vastes connaissances dans le cadre de notre discussion et de notre étude.
Ma première question s'adresse au représentant de Clean Energy Canada. Dans votre exposé et dans votre rapport intitulé How hydrogen can deliver climate solutions and clean energy competitiveness for Canada, vous dites que, selon des études, le coût de l'hydrogène vert va diminuer de 64 % d'ici 2040, alors que celui de l'hydrogène bleu va augmenter de presque autant, en raison principalement de l'évolution des prix du gaz naturel. Vous avez dit que l'hydrogène vert pourrait donc avoir un coût concurrentiel d'ici 10 ans.
Jusqu'à maintenant, dans le cadre de cette étude, les commentaires ont été quasi unanimes quant au fait que le Canada devrait se concentrer sur la production d'hydrogène bleu et d'hydrogène vert en même temps, afin de construire une partie de l'infrastructure commune dont on aura besoin plus tôt, surtout compte tenu des prix actuels des deux.
Si ces projections commerciales se confirment, quelle stratégie le Canada devrait‑il adopter concernant l'hydrogène aujourd'hui?
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Il devrait envisager les deux. L'hydrogène bleu a évidemment un coût plus concurrentiel, et ce sera probablement le cas pendant au moins une autre décennie.
Cela dit, selon l'annonce récente de l'administration Biden aux États-Unis, on s'attend à ce que l'hydrogène vert coûte environ 1,50 $ américain le kilogramme au cours de la prochaine décennie. Cela permettrait de concurrencer l'hydrogène bleu tel qu'il est actuellement évalué au Canada.
Il y a une double perspective. Premièrement, là où nous avons des actifs de transformation du gaz naturel et où nous avons des utilisations à proximité de sources de gaz naturel, nous devrions accélérer l'utilisation de l'hydrogène bleu, mais aussi envisager le long terme. Pour vous donner un exemple, l'Australie occidentale, qui a un ministre de l'hydrogène, envisage de produire 100 gigawatts d'hydrogène propre — de l'hydrogène vert — avec déjà des contrats de vente au Japon. On parle des 10 prochaines années. Cent gigawatts, c'est essentiellement 100 fois le barrage du Site C. C'est à cette échelle que l'hydrogène entre en jeu.
L'Allemagne a réservé 13 milliards de dollars canadiens à sa stratégie sur l'hydrogène; le Portugal, 10 milliards; et la France, 7 milliards. La concurrence pour l'hydrogène propre sera énorme.
Je le répète, le Canada a un avantage à court terme en raison de sa capacité à produire de l'hydrogène bleu. De plus, nous avons beaucoup d'entreprises qui emploient effectivement de l'hydrogène, et on pourrait le nettoyer. Nous avons de très grandes entreprises de production d'engrais et de très grandes entreprises de production de produits chimiques, et les secteurs de l'acier et du ciment sont en expansion.
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À mon avis, il y en a deux. D'abord l'éthanol, qui permet de capter le CO
2 produit par la fermentation et de l'injecter dans le sol; c'est donc un moyen de capter et de stocker le carbone. Cela vaut 30 g/MJ. Nous avons aujourd'hui des usines d'éthanol dont le cycle de vie est de 40 g/MJ. L'autre facteur important, c'est le carburant utilisé — le gaz naturel. La combustion du gaz naturel renouvelable ou de la biomasse peut réduire la consommation de ces centrales à zéro.
L'autre carburant qui suscite beaucoup d'intérêt au Canada et aux États-Unis est ce qu'on appelle le « diesel renouvelable ». Il est fait d'huiles végétales ou de graisses animales. Il émet peu de GES, probablement de l'ordre de 20 à 25 g/MJ. Je rappelle que plus de la moitié de ce résultat est attribuable à l'hydrogène employé dans le processus.
Je sais que les entreprises qui l'envisagent tiennent compte de deux choses. La première est le captage et le stockage du carbone, encore une fois pour l'hydrogène. Deuxièmement, ces usines produisent aussi des coproduits de nature biogénique qui peuvent servir à produire de l'hydrogène. L'utilisation des composantes biogéniques permet de ramener la partie hydrogène à zéro, et, là aussi, on peut toujours capter le carbone de ces composantes pour ramener le cycle de vie complet à zéro sans tenir compte d'autres choses susceptibles de se produire plus tard grâce à l'utilisation de carburants renouvelables, à de meilleures pratiques agricoles, etc.
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Je vous remercie, monsieur le président.
J'aurais une question à poser à M. Zacharias, de Clean Energy Canada.
Monsieur Zacharias, avant de vous poser cette question, je veux simplement vous indiquer où je loge. J'ai l'impression que la stratégie proposée par le gouvernement sur l'hydrogène essaie plutôt de chercher des débouchés à l'industrie pétrolière et gazière. Je ne vous cacherai pas que cela m'ennuie un peu.
Je vous pose une première question, à laquelle j'aimerais que vous répondiez de façon assez succincte.
Selon vous, peut-on qualifier de propre l'hydrogène fait à partir de gaz ou de pétrole?
Je vous ai posé cette question, monsieur Zacharias, parce que j'ai lu, plus tôt cette semaine, un article de M. Bruno Detuncq, qui est professeur émérite de l'École Polytechnique de Montréal, qui indique que les stratégies pour enfouir le carbone sont présentement au stade expérimental et qu'il s'agit de procédés très dangereux.
Selon vos connaissances, à quel stade cela est-il rendu? J'ai vu une statistique assez affolante qui disait que, pour produire 10 millions de tonnes d'hydrogène, cela impliquerait, grosso modo, d'enfouir 100 millions de tonnes de CO2. Je suppose donc que cela ne se cache pas sous un tapis.
À votre connaissance, ces stratégies de stockage d'hydrogène sont-elles suffisamment développées pour être, d'une part, sécuritaires et, d'autre part, rentables?
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Certainement. Je vais répondre à ces deux questions.
Pour ce qui est de la première, oui, le Canada séquestre le dioxyde de carbone sous terre depuis de nombreuses années. Le projet Quest de Shell, en Alberta, fonctionne depuis 2018, et je crois qu'il a déjà permis de séquestrer plusieurs mégatonnes de CO2 dans le sol. La géologie du Canada est favorable en raison des formations de basalte sur les deux côtes et des gisements de pétrole et de gaz épuisés en Alberta, en Saskatchewan et en Colombie-Britannique — et peut-être aussi au large de Terre-Neuve‑et‑Labrador — qui permettent de stocker le dioxyde de carbone. Le Canada a les moyens de stocker beaucoup de CO2 sous terre.
Deuxièmement, sur le plan économique, l'hydrogène bleu coûte cher pour l'instant. À l'heure actuelle, il est plusieurs fois plus cher que l'hydrogène gris, c'est‑à‑dire l'hydrogène sans captage et stockage du carbone. Cependant, à mesure que les technologies s'amélioreront et que les coûts diminueront, je pense que son coût sera concurrentiel, mais je rappelle que l'hydrogène vert pourrait avoir un coût plus concurrentiel au cours de la prochaine décennie.
Rapidement, vous avez indiqué tout à l'heure que le gouvernement devrait se doter d'une stratégie sur l'hydrogène, et vous avez soulevé une statistique assez intéressante. Vous dites que, en 2030, l'hydrogène vert serait moins cher que le gaz naturel. J'ai entendu une réponse que vous avez formulée tout à l'heure en disant que les États‑Unis voulaient, d'ici 10 ans, se diriger vers l'hydrogène vert. Vous avez aussi parlé de l'Australie et de la France.
Dans sa stratégie, le gouvernement fédéral ne devrait-il pas plutôt, alors, s'intéresser à soutenir l'hydrogène vert avant de soutenir l'hydrogène bleu ou gris pour avoir accès, peut-être, aux marchés qui vont se développer à l'international?
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Oui, la récupération assistée du pétrole se fait lorsque le carbone extrait de la production d'hydrogène bleu est transporté vers un réservoir et utilisé pour augmenter et récupérer le pétrole. C'est ce qui se passe à l'heure actuelle, et une grande partie du carbone acheminé par le pipeline ACTL est utilisé à cette fin. C'est le court terme.
Un certain nombre d'études ont été publiées — je ne les ai pas sous la main — qui montrent le bilan carbone global de cette activité. Je n'ai pas de souvenir précis. Je peux cependant dire qu'il ne s'agit que d'une petite partie du captage et du stockage du carbone.
Le long de la zone extracôtière de la Colombie-Britannique, il y a des formations salines très favorables, et Ocean Networks Canada, basé à l'Université de Victoria, envisage d'aller, peut-être dès l'été prochain, y réaliser un projet pilote de captage et de stockage du carbone, sous la forme d'une minéralisation dans les formations salines.
La géologie de la côte Est du Canada est très semblable. Il y a donc des possibilités de captage et de stockage du carbone qui n'ont pas encore été exploitées à grande échelle et qui n'ont pas besoin de la récupération assistée des hydrocarbures.
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Certainement. Il existe au Canada divers usages possibles de l'hydrogène. Dans le secteur industriel, il peut servir de matière première pour la production de produits chimiques, d'éthanol, etc. Il peut être utilisé dans les engrais. Il peut également servir de source de chaleur pour l'acier, le ciment et d'autres réactions pour lesquelles on emploie actuellement le charbon ou le gaz naturel. Voilà pour l'espace industriel.
Nous vous avons parlé brièvement de son utilisation comme carburant pour le transport, sous la forme d'une pile à combustible, en le mélangeant avec du diesel, ou par injection directe dans un moteur diesel. Il existe en Colombie-Britannique une nouvelle entreprise du nom de Hydra Energy, qui fait très précisément cela. L'hydrogène peut être injecté dans le réseau de gaz naturel existant, dans des proportions d'environ 20 %, pour contribuer à le décarboniser.
L'hydrogène peut servir à peu près partout où l'on a besoin d'énergie. Il peut également servir au stockage de l'énergie renouvelable à l'échelle du réseau lorsque le vent souffle et que le soleil brille. C'est ce que fait le Los Angeles Department of Water and Power en Californie. Il prend la relève de la production d'énergie renouvelable pendant la journée, la stocke sous forme d'hydrogène et la fait passer dans une pile à combustible la nuit pour produire de l'électricité. Il y a donc de nombreuses utilisations.
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C'est une bonne question.
Le plan du Canada pour une économie saine et un environnement sain, publié le 10 décembre, prévoit la multiplication par deux ou trois des besoins en électricité propre et en production d'électricité propre au Canada. Les représentants de RNCan estiment qu'il faudrait au moins doubler la production d'électricité d'ici 2050 pour alimenter une consommation énergétique nette zéro.
À mesure qu'on augmente la production d'hydrogène vert ou d'hydrogène propre, on change effectivement d'échelle. La production va augmenter partout au Canada.
Cela dit, les coûts des énergies renouvelables sont en chute libre dans le monde entier. L'Alberta a des offres de 4 cents le kilowattheure en énergie éolienne. L'Arabie saoudite vient tout juste de faire une offre à 1,04 cent le kilowattheure. C'est incroyablement bas, et ces coûts et barèmes de prix ne seront probablement pas les mêmes pour le Canada, mais nous pouvons multiplier considérablement la production à un coût très faible.
Cela pourrait se faire dans les 10 prochaines années au besoin.
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Merci, monsieur le président.
Nous avons un excellent groupe d'experts et de témoins aujourd'hui. Merci beaucoup.
[Français]
J'aimerais faire un commentaire à l'intention de mon collègue du Bloc québécois, M. Simard, concernant le captage, l'utilisation et le stockage du carbone, ou CUSC. Il semble avoir des réticences à l'égard des preuves scientifiques, mais tous les témoins nous en parlent favorablement.
Je l'encouragerais, dans un prochain mandat, peut-être, à aller voir la région de M. Lloyd. On y retrouve des technologies incroyables, et je pense que nous devrions tous les voir de nos propres yeux pour en comprendre l'importance.
[Traduction]
J'aimerais aborder quelques aspects.
Monsieur Wolinetz, dans votre exposé, vous avez exprimé vos préoccupations au sujet des emplois pendant la transition vers une économie à faibles émissions de carbone et vous avez dit que ce ne serait pas suffisant pour compenser les pertes d'emplois dans le secteur des combustibles fossiles.
J'aimerais connaître vos sources à ce sujet, parce que c'est une affirmation importante. Sur quelle analyse, sur quelles études fondez-vous cette conclusion?
Peut-être pourrions-nous commencer par cela.
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Certainement. La plupart des analyses prospectives de Navius Research sont produites à partir de ce qu'on appelle un « modèle d'équilibre général ». Ce modèle indique toutes les interactions possibles entre les différents secteurs de l'économie et permet donc de suivre la répartition du capital, des produits de base qui sont utilisés et produits par différents secteurs, et de l'emploi. Grâce à ce modèle, on peut simuler l'impact de la politique sur les gaz à effet de serre, par exemple, qui nous mènerait vers un avenir où les émissions de gaz à effet de serre seraient nettes zéro. On peut analyser en quoi cela change les activités dans différents secteurs et dans les secteurs émergents — des entreprises d'énergie verte qui n'existent peut-être pas encore — et en déduire la quantité d'emplois susceptibles d'être perdus dans certains domaines et gagnés dans d'autres.
Le problème que pose la transition est que nous avons une importante industrie d'exportation de sources d'énergie classiques qui émettent des gaz à effet de serre. Dans le cadre de cette transition, nous pourrons peut-être nous approvisionner en carburants à faible teneur en carbone, mais, si nous ne saisissons pas aussi les occasions de continuer à trouver des moyens d'exporter de l'énergie, il pourrait se produire une contraction de la taille globale du secteur de l'énergie.
J'aimerais cependant mettre les choses en perspective. À l'échelle nationale, le secteur de l'énergie est un secteur important, mais le Canada compte un grand nombre d'emplois dans presque tous les autres secteurs, notamment les secteurs liés aux services. À l'échelle régionale, évidemment, il pourrait être plus important de soutenir la croissance de l'énergie verte et les emplois dans le secteur de l'énergie verte dans certaines zones du Canada, notamment en Alberta et en Saskatchewan, pour y atténuer les répercussions économiques.
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Il y a beaucoup d'enthousiasme et de nouvelles au sujet de la concurrence entre l'hydrogène vert et l'hydrogène bleu à court terme sur le plan des coûts. Je pense qu'il faut nuancer et contextualiser, et c'est ce qui explique mon enthousiasme plus discret.
Premièrement, nous devons réfléchir au contexte. Les coûts de production d'hydrogène vert à partir de l'énergie solaire sont vraiment en chute libre. Le Canada possède de bonnes ressources solaires, mais elles sont loin d'être à la hauteur de celles du Sud-Ouest des États-Unis, par exemple. Le coût de l'énergie solaire ici ne sera jamais aussi bas que dans le Sud-Ouest des États-Unis.
L'autre motif d'enthousiasme est la possibilité de produire de l'hydrogène vert à partir de l'électricité à des heures de la journée ou à des moments de l'année où cette électricité a une valeur relativement faible. Le problème, c'est que, si on a soudainement besoin de cette électricité pour ce marché, et les gens vont investir dans ce marché jusqu'au moment où cette électricité redeviendra chère. De plus, l'hydrogène n'est pas la seule utilisation de cette électricité. Les coûts de stockage de l'énergie des batteries sont également en chute libre, de sorte que les services publics d'énergie ou d'autres entreprises du marché de l'énergie pourraient utiliser cette électricité, la stocker et la livrer à un moment où elle a beaucoup plus de valeur. L'idée d'une ressource hors heure de pointe pour l'hydrogène est réalisable, mais elle n'est pas illimitée. Ce sera toujours une solution de marge.
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Certainement. Une grande quantité de carbone est emprisonnée dans la biomasse des forêts ainsi que dans les sols du Canada. Si on produit des combustibles en perturbant ce carbone, on peut très facilement se retrouver en situation d'émettre ainsi plus de gaz à effet de serre qu'en produisant des combustibles fossiles.
Don O'Connor en sait beaucoup plus long que moi en la matière.
Ce qui me préoccupe, c'est que notre modélisation montre un marché et un besoin de biocarburants à faible teneur en carbone qui feraient grimper les prix des matières premières au point où il faudrait vraisemblablement abattre des forêts pour produire ces matières premières. Autrement dit, si ce type de production de carburant ne s'appuie pas sur une solide comptabilisation des gaz à effet de serre et d'une bonne comptabilisation du cycle de vie des gaz à effet de serre, une grande partie de la perspective nous échappe.
Il y a des défis à relever. Je vais vous donner un exemple. La Colombie-Britannique a de bonnes entreprises d'exportation de granules de bois, qui servent à produire de l'énergie dans d'autres parties du monde. Auparavant, la plupart de ces granules de bois provenaient de déchets de scierie, c'est-à-dire ce qui reste de bois dans une scierie ou une papeterie. Ces entreprises ont cependant des contrats à long terme, et, s'il y a un ralentissement dans l'industrie forestière, il y a brusquement moins de déchets. On a su, en raison d'incidents et de reportages, que ces entreprises utilisent des billes entières, qui étaient peut-être des billes mortes ou des billes tombées, mais ce sont des billes pleines qu'elles transforment en granules. Le problème, c'est que ces billes auraient été des arbres pendant encore un siècle ou plus et auraient transféré une partie de leur carbone dans le sol et dans l'atmosphère, alors que, quand nous les importons et les transformons en granules, nous libérons ces émissions de carbone immédiatement. Il y a donc des défis liés à la bioénergie, en tout cas à la bioénergie des résidus de la foresterie ou de l'agriculture qui peuvent perturber les équilibres du carbone dans la nature.
Je vais maintenant m'adresser à M. Wolinetz.
Monsieur Wolinetz, je vous remercie de votre dernière réponse à la question de mon collègue.
Nous avons entendu parler, dans le cadre de l'étude sur la foresterie, de toute cette mosaïque végétale et du fait qu'une partie de la forêt brûlera naturellement; une partie de la forêt devra se désintégrer et prendra 100 ans à libérer le carbone, au lieu de se transformer en carbone.
Vous pensez qu'il reste encore des résidus que nous pouvons transformer en biocarburants, compte tenu des besoins des entreprises forestières et le maintien de leur empreinte carbone.
Permettez-moi de poser une autre question.
Pour faire suite à ce que M. Patzer a dit tout à l'heure, j'ai eu connaissance du rapport d'un groupe appelé Thunder Said Energy, au Royaume-Uni, qui confirme quelque chose qu'un grand nombre d'études ont révélé, à savoir que le CO2 produit par les biocarburants quand on morcèle de nouvelles terres représente effectivement le double de ce par quoi vous remplacez ce carburant.
M. Jaccard, de l'Université de Victoria, a témoigné il y a une semaine. Il a dit avoir vu 30 études de ce genre. Et il n'est pas d'accord avec leurs résultats.
Qu'en pensez-vous? Il semble que ce soit un thème récurrent, que nous produisons en fait plus de CO2 en produisant des biocarburants à partir du morcellement de nouvelles terres que ce n'est le cas du stock actuel de matériaux de biocarburants.
Eh bien, je pense que c'est une question très vaste.
Pour revenir à l'une des remarques de M. O'Connor, je pense que le Comité pourrait, puisque le règlement sur les carburants propres n'a pas encore été publié dans la Gazette du Canada, exercer son influence sur la partie II — qui est toujours en cours d'élaboration — pour promouvoir une réorientation de la conception de ce règlement et mettre l'accent sur le développement de voies d'accès aux carburants et à l'énergie renouvelables qui soient compatibles avec les réductions de 75 % des émissions du cycle de vie dont parlait M. O'Connor du point de vue de la combustion. Ce sont ces émissions de type 3 que nous devons vraiment réduire pour nous approcher de nos aspirations à plus long terme en matière de consommation nette zéro d'ici 2050.
Je crois que, en ce moment, la réglementation essaie de faire beaucoup pour appuyer des voies comme le captage du carbone et la récupération assistée du pétrole, qui sont peut-être des choses légitimes à faciliter quand on tient compte d'autres critères comme la transition équitable, mais, du point de vue du calcul de la réduction des émissions de carbone, le règlement en cours d'élaboration pourrait insister sur le type 3.
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Merci, monsieur le président.
Ma première question s'adresse à M. Wolinetz.
J'ai déjà interrogé différents groupes au sujet de l'abordabilité des énergies renouvelables. Au bout du compte, cela semble dépendre de l'utilisateur. Nous devons rendre ces énergies abordables. Le prix du carburant a évidemment augmenté. Nous devons faire en sorte que ce soit acceptable durablement pour les Canadiens. Ce sont eux qui paient la facture, si je peux m'exprimer ainsi. Nous devons rendre ces énergies abordables.
Monsieur Wolinetz, vous avez parlé d'une contraction dans le secteur de l'énergie et vous avez dit que c'était une possibilité. Je vis dans le nord de la Colombie-Britannique. Nous avons d'énormes réserves de gaz naturel. Comme beaucoup le savent, le plus grand projet privé jamais entrepris au Canada est notre projet GNL Canada sur la côte Ouest dont le but serait de distribuer ce gaz naturel propre dans le monde. Nous savons tous que cela va réduire les émissions. Cela pourrait réduire de moitié les émissions là où on utilise des formes d'énergie très polluantes.
Que faire de plus pour promouvoir cette énergie propre? Elle est disponible dès maintenant, et nous pouvons la distribuer dans le monde. Même si, au cours des 10 à 20 prochaines années, de nouvelles formes d'énergies renouvelables pourraient être meilleures, même si nous passions à l'électrification, etc., ce serait certainement une bonne idée à moyen terme. Qu'en pensez-vous, monsieur Wolinetz?
Ma prochaine question s'adresse à M. Plumptre.
Dans votre exposé préliminaire, vous avez parlé de l'importance de choses comme la norme sur les combustibles propres et d'autres politiques pour nous assurer que nous ne privilégions personne, que nous adoptons une approche fondée sur un éventail d'activités et que nous investissons dans certains de ces produits à plus faibles émissions de carbone.
Ma question est la suivante: quel risque voyez-vous à investir, aujourd'hui, dans les technologies dont nous aurons besoin pour ce type d'avenir faible en carbone, alors que d'autres partis adoptent ou proposent des politiques moins ambitieuses ou susceptibles d'éliminer certains des mécanismes actuellement envisagés?
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C'est une excellente question. Merci.
Pour prendre l'exemple de la norme fédérale sur les carburants à faible teneur en carbone ou de la réglementation sur les combustibles propres, nous avons, en fait, une proposition du chef de l'opposition qui serait plus exigeante que ce qui est actuellement proposé pour la teneur en carbone sur un cycle de vie moyen d'ici 2030. Pour l'instant, le projet de règlement sur les combustibles propres vise environ 13 % d'ici 2030. En Colombie-Britannique, on en est déjà à 20 % à l'échelle provinciale, et c'est pareil en Californie. Les deux en sont déjà à la deuxième phase de leur programme.
On peut comprendre que le Canada vient de commencer, mais d'autres pays prennent déjà des mesures, et le risque réside dans certains de ces carburants qui pourraient contribuer à court terme à la réduction de nos émissions, comme M. O'Connor l'a souligné dans ses remarques. Certains de ces carburants, comme le diesel renouvelable, sont prometteurs et pourraient jouer un rôle important dans l'atténuation des émissions résiduelles encore produites dans le secteur du transport de marchandises et du transport de passagers à mesure que leurs réseaux sont électrifiés, mais nous dépendrons des hydrocarbures liquides dans les secteurs des véhicules légers et lourds pendant encore longtemps. Ces émissions résiduelles pourraient être considérablement réduites si nous augmentions, par exemple, notre consommation de biodiesel et de diesel renouvelable.
Le risque actuel est que d'autres pays prennent les devants. Durant la dernière année, des raffineries de pétrole américaines — il y en a eu plusieurs, dont Marathon, Phillips 66, Chevron, Renewable Energy Group et HollyFrontier Corporation — ont investi plusieurs milliards de dollars dans la modernisation de leurs activités, et, jusqu'à maintenant, on ne voit guère ce genre de mouvement au Canada, même si certains investissements semblent s'annoncer maintenant que nous approchons de la mise en œuvre du règlement, et c'est ce qui me fait espérer.
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Je vous remercie, monsieur le président.
J'aimerais m'adresser à M. Wolinetz, qui a parlé tout à l'heure des biocarburants et des emplois verts qui peuvent y être associés.
Nous avons fait faire une étude sur le potentiel de la forêt québécoise. Sur un horizon de 10 ans, il y a 16 000 emplois potentiels dans le secteur de la maximisation de la filière forestière. Malheureusement, le soutien du gouvernement fédéral est toujours absent.
Par exemple, Elkem Métal va produire du biochar, qui sert dans un procédé métallurgique réduisant considérablement l'empreinte carbone. Toutefois, elle ne recevra pas un sou du gouvernement fédéral.
Si l'on veut développer une stratégie pour maximiser les résidus forestiers et la biomasse forestière, ne pensez-vous pas qu'on devrait avoir une stratégie du gouvernement fédéral qui va en ce sens?
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Merci, monsieur Cannings.
À mon avis, la réglementation sur les combustibles propres est fondamentalement sur la bonne voie, mais, compte tenu du temps qu'il a fallu pour élaborer cette politique effectivement assez complexe, nous en sommes à un point où elle est peut-être un peu déséquilibrée par rapport à ce qui avait été envisagé à l'origine.
Quand le gouvernement a annoncé la norme sur les combustibles propres, comme on l'appelait en 2016, son objectif était de réduire les émissions de 30 mégatonnes d'ici 2030. Cette ambition et la portée de la politique ont été réduites d'environ un tiers en faveur de la tarification du carbone l'hiver dernier, dans le cadre du plan pour une économie saine et un environnement sain et de l'engagement à accélérer considérablement la croissance de la tarification du carbone. C'était une décision politique raisonnable. Mais c'est pourquoi le règlement sur les combustibles propres a dû être adapté puisqu'il porte désormais uniquement sur les combustibles liquides, alors qu'il était censé porter sur les combustibles liquides, gazeux et solides.
Monsieur Wolinetz, dans votre exposé préliminaire, vous avez parlé de quelque chose d'extrêmement important pour ma circonscription et pour de nombreuses régions du pays, à savoir les répercussions économiques sur les Canadiens des régions rurales.
Je m'inquiète de l'avenir du Canada rural, surtout à mesure que le coût de la vie et le coût de l'énergie augmentent, que ce soit à cause de politiques comme la taxe sur le carbone et les normes et règlements sur les combustibles propres ou simplement des coûts de transport que les gens devront assumer en raison de ces transformations énergétiques. Cela aura aussi un impact disproportionné sur les personnes âgées à revenu fixe et un impact énorme sur les gens qui vivent déjà dans la pauvreté énergétique dans nos collectivités urbaines.
En matière d'emploi, l'un des atouts du Canada rural est qu'on peut y vivre avec un salaire plus bas — ou du moins c'était le cas auparavant, quand le salaire minimum ou un peu plus suffisait pour vivre dans les régions rurales du Canada. Ce n'est plus tellement le cas de nos jours, parce que tout augmente. Cette transition énergétique continue de faire augmenter les coûts pour ces gens, alors que les salaires n'augmentent pas.
Pour les habitants des régions rurales du Canada, pour les personnes âgées à revenu fixe et pour les gens qui vivent dans la pauvreté énergétique, comment justifier de continuer dans cette voie?
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Je ne pense pas que la réduction des gaz à effet de serre et la réduction de la pauvreté s'excluent mutuellement. Il faudra peut-être mettre en œuvre des politiques distinctes pour veiller à ne pas compromettre indûment la situation des personnes à faible revenu ou celle des personnes âgées à revenu fixe.
Pour la vie en milieu rural, un système de bioénergie offre réellement la possibilité d'accroître l'emploi dans ces régions. Cela permettrait d'y augmenter les salaires et le bien-être. Ce ne sera pas nécessairement le cas de tous ceux qui vivent dans les régions rurales, mais rien de tout cela n'aura une incidence sur leur utilisation du bois de chauffage. C'est une chose.
L'autre chose, c'est le simple renouvellement naturel de notre parc de véhicules, de nos fournaises et de nos chauffe-eau. L'incidence de la réglementation sur l'efficacité énergétique minimale fait en sorte que les coûts énergétiques vont baisser. Le coût des combustibles va augmenter, mais, en fait, l'efficacité de l'équipement va aussi augmenter au fil des années et des décennies. Cela peut atténuer la situation en grande partie.
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Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins. La discussion d'aujourd'hui est passionnante.
Je remplace un membre du Comité aujourd'hui. Je siège habituellement au comité de l'environnement.
Je vois qu'un ancien de l'Université de Guelph est avec nous aujourd'hui.
Monsieur Zacharias, soyez le bienvenu. Il est toujours bon d'avoir Guelph à la Chambre. Je vois que vous avez votre doctorat en zoologie de l'Université de Guelph.
J'aimerais commencer par vous, monsieur Zacharias.
Concernant l'infrastructure nécessaire à la transition vers l'hydrogène comme source énergétique dans le secteur des transports — et je signale que je copréside également le caucus de l'automobile avec M. May ici présent —, nous avons comparé les gros véhicules alimentés à l'hydrogène et les véhicules électriques. Linamar, à Guelph, travaille à cette transition, mais nous aurons besoin d'un réseau d'approvisionnement en hydrogène pour les véhicules.
Vous avez un peu parlé d'infrastructure dans vos commentaires. Pourriez-vous préciser et nous dire ce qu'il faudrait faire dans le cadre du travail de RNCan?
Si l'hydrogène devient une technologie plus intéressante que l'électricité pour les véhicules moyens et lourds, il faudra une énorme expansion à l'échelle nationale.
À l'heure actuelle, c'est l'électricité qui l'emporte du côté des véhicules légers. Elle l'emporte aussi du côté des fourgonnettes de livraison du dernier kilomètre. Elle l'emporte du côté des autobus de transport urbain, comme le confirme l'annonce d'Ottawa hier, et du côté de la TTC.
L'hydrogène est une sorte de carburant pour le transport à long terme. C'est probablement le carburant des semi-remorques et autres camions de classe 8 — et c'est probablement tout pour l'instant.
Compte tenu de ce qui se passe aux États-Unis et de ce que l'administration Biden envisage de faire pour élargir les réseaux de recharge électrique, je ne crois pas que le Canada puisse faire la même chose avec l'hydrogène, sauf, pour l'instant, sur les grandes routes transcanadiennes. Il y a beaucoup de travail à faire.
J'examinerais la situation au Canada, notamment du côté des véhicules électriques moyens et lourds. Nous nous en tirons assez bien.
Amazon a commandé 2 400 camions à Lion Electric. GM va construire des fourgonnettes dans son usine en Ontario. Nous avons les métaux et les minéraux nécessaires à la fabrication de batteries, et il se fait beaucoup de travail dans ce domaine. Cela se fait actuellement par l'entremise du gouvernement.
Je le répète, ce n'est pas lié à l'hydrogène et ce n'est pas lié aux carburants à faible teneur en carbone, mais l'objectif est généralement le même au bout du compte, à savoir la décarbonisation des transports.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie mon collègue Dane Lloyd.
Je rappelle à M. Longfield, le dernier intervenant, que, la semaine dernière à la Chambre, il a voté contre le captage, l'utilisation et le stockage du carbone. Je le remercie donc d'avoir présenté un nouvel emballage de meilleure apparence de son point de vue. Merci beaucoup.
Je vais m'adresser à M. O'Connor.
Monsieur O'Connor, vous avez parlé de l'augmentation du rendement des cultures. Mais, monsieur, l'augmentation du rendement repose probablement sur des choses comme les engrais et les technologies, qui consomment les uns et les autres beaucoup de carbone et d'énergie. Pourriez-vous m'éclairer sur la justification circulaire qui va de l'accroissement de l'efficacité énergétique à la production de biocarburants en passant par une production supplémentaire de carbone?
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Je suis désolé, mais je n'ai que peu de temps.
Je vais m'adresser à M. Zacharias.
Monsieur Zacharias, dans la même veine, j'essaie de circonscrire certains faits ici; vous avez parlé d'environ 100 gigawatts d'énergie à base d'hydrogène à court terme comme l'équivalent de cent fois le site C. Ce barrage devait coûter 16 milliards de dollars, et il est loin d'être terminé. En fait, le site C ne produira d'électricité qu'en 2025 dans le meilleur des cas, ce qui signifie beaucoup plus de coûts et de temps.
Dites-nous à quelle distance dans le temps se trouvent ces solutions fondées sur l'hydrogène qui valent cent fois le site C.
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Oui, et tout comme la norme sur les combustibles propres, c'est évidemment très important.
Cependant, une des raisons d'être optimiste pour l'avenir est que, désormais, tous les partis politiques s'entendent sur une taxe sur le carbone. Les conservateurs s'y sont évidemment opposés pendant un temps, mais, aujourd'hui, ils sont d'accord, et il y a au moins cela, que nous sommes tous sur la même longueur d'onde pour faire avancer les choses.
Monsieur Zacharias, je vous ai posé une question il y a un bon moment — il y a environ une heure et demie — sur le stockage de l'hydrogène. Il me semble très important de comprendre ce mécanisme. Très rapidement, voici ce que je voudrais savoir. Comment fait‑on pour stocker de grandes quantités d'hydrogène? Est‑ce viable à l'heure actuelle? Si la production nationale d'hydrogène doit être multipliée par 10 ou par 100, quelles sont les difficultés et les possibilités à prévoir?
Tout à l'heure, vous avez dit quelque chose au sujet de la production de biocarburants qui m'a fait sourciller, et je ne sais pas si j'ai bien compris.
À ce que je sache, il n'y a pas de projet qui suppose de prendre autre chose que des résidus forestiers. J'ai étudié cela un peu, et au Canada, il n'y a pas de projet qui suppose d'utiliser des arbres, par exemple, pour faire des biocarburants. Là où cela devient avantageux, c'est uniquement si on utilise les résidus forestiers.
Cela représente-t-il bien votre pensée?
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Merci, monsieur Cannings.
Merci beaucoup, et merci à tous de votre compréhension.
Si tout le monde pouvait rester deux minutes, je voudrais remercier les témoins. C'était un groupe de témoins très intéressant, c'est le moins qu'on puisse dire, et incroyablement instructif. Nous vous en sommes tous très reconnaissants et vous en remercions.
Nous avons presque terminé cette étude, mais, si les députés veulent bien rester un moment, nos invités, eux, peuvent partir.
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Lundi est notre huitième et dernière séance pour cette étude. Nous aurons 90 minutes avec les témoins. Puis nous siégerons à huis clos pendant 30 minutes pour les instructions de rédaction. L'ordre du jour révisé est sorti il y a une demi-heure.
Cela dit, nous sommes en fin de session, et les choses bougent et changent d'une minute à l'autre. Je ne sais pas ce qui va se passer lundi. Au cas où, pour une raison quelconque, notre réunion de lundi serait sabordée, je tiens à remercier ici tous les membres du Comité. J'ai eu grand plaisir à travailler avec chacun de vous.
Nous avons dit au début que ce comité travaillait bien ensemble. Cela a toujours été vrai. Même lorsque nous ne sommes pas d'accord, nous le faisons avec respect. Cela me revient constamment à l'esprit quand je siège à d'autres comités. Je vous en remercie tous.
Je tiens également à remercier toutes les personnes qui rendent ces réunions possibles, nos interprètes, tout le personnel, notre greffière et nos analystes. C'est vous qui tenez tout cela ensemble. Nous parlons beaucoup, nous avons beaucoup d'idées différentes sur différentes choses, et vous rassemblez tout cela, vous faites en sorte que cela fonctionne et que cela fonctionne bien. Pour cela, vous avez toute notre gratitude, merci à vous.
Si j'en ai l'occasion et si nous sommes ici lundi, je le répéterai, mais sachez que nous vous sommes tous reconnaissants.
Sur ce, j'espère vous voir lundi. Passez une fin de semaine agréable et en sécurité.