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Je déclare la séance ouverte.
J’aimerais tout d’abord souhaiter la bienvenue à notre nouvelle greffière. Nous avons deux greffiers aujourd’hui: Grant McLaughlin et Hilary Powell, que vous voyez à l’écran. Elle sera désormais notre greffière permanente. J’aimerais vous remercier et vous souhaiter la bienvenue à tous les deux. C’est avec grand plaisir que nous travaillerons avec vous.
Le Comité permanent des ressources naturelles tient aujourd’hui sa cinquième séance, au cours de laquelle il poursuivra son étude de la relance économique dans le secteur forestier. Il s’agit d’une séance virtuelle, bien que certains d’entre vous se trouvent dans la pièce.
Je demanderais à ces derniers, puisque je ne peux pas les voir, de faire preuve de patience quand je demande aux gens de prendre la parole. Attendez que je vous nomme avant de commencer à parler. Je vous en serais reconnaissant, car cela me faciliterait un peu les choses. J’ai une liste d’intervenants de tous les partis que le greffier m’a remise; je pense que ces noms ont été proposés par vous tous. Je vous en remercie.
Je souhaite la bienvenue à nos témoins et je les remercie de comparaître. Vous pouvez vous adresser à nous dans l’une ou l’autre des langues officielles. Des services d’interprétation sont offerts. Comme nous nous rencontrons à distance, je vous demanderais de parler lentement et d’attendre que les autres personnes aient fini de parler. Chaque groupe dispose de cinq minutes pour faire un exposé. Une fois que vous vous serez adressés au Comité, nous entamerons les tours de questions de tous les membres.
Mesdames et messieurs, nous ne fonctionnons pas une heure à la fois. Nous avons donc amplement le temps de poser beaucoup de questions, et tout le monde devrait pouvoir poser ses questions aujourd’hui.
Je vous remercie beaucoup de témoigner. Pourquoi ne suivrions-nous pas l’ordre dans lequel vous figurez sur la liste des témoins?
Monsieur Kalesnikoff, de Kalesnikoff Lumber, peut-être voudriez-vous lancer le bal?
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Je tiens à vous remercier de m'offrir l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui. Ryan Marshall, notre directeur des finances, participe également à l'appel.
Je vais vous relater brièvement l'histoire de Kalesnikoff Lumber. L'entreprise a été fondée en 1939 par mon grand-père et deux de ses frères. À l'époque, les routes se construisaient à la main, avec du bois transporté à l'aide de chevaux et coupé avec des scies à moteur monocylindrique. Mon père a pris la relève en 1950 et était la deuxième génération. J'ai commencé à travailler pour l'entreprise en 1977. Je suis la troisième génération, et mes deux enfants travaillent maintenant pour l'entreprise, ma fille à titre de directrice principale des finances et mon fils, à celui de directeur des opérations.
Je parlerai d'abord de notre incursion dans la fabrication secondaire à valeur ajoutée.
Au sein de notre entreprise, nous avons toujours été innovateurs, cherchant à tirer le maximum de chaque billot de bois. C'était pour nous le seul moyen de survivre face à des multinationales cotées en bourse qui misent sur le volume et les produits dimensionnels.
En 2000, nous avons inauguré une installation de transformation à valeur ajoutée nommée Kootenay Innovative Wood. Nous avons alors commencé à fabriquer des tables d'harmonie de guitare et de piano, mais malheureusement, les Chinois se sont emparés du marché.
Dernièrement, nous avions mis l'accent sur des produits linéaires comme des parements et des panneaux, mais en raison du conflit du bois d'oeuvre, il est réellement difficile de concurrencer les États-Unis avec ces produits.
Il n'est pas facile de se lancer dans la production à valeur ajoutée au Canada et, pour être honnête, ces activités ne sont pas bien soutenues.
Il y a environ six ans, nous avons commencé à nous intéresser à la production de bois massif, et notre famille a décidé d'investir 35 millions de dollars dans une nouvelle usine intégrée de transformation de multiples espèces à la fine pointe de la technologie. Nous créerons du même coup 50 emplois. Les manoeuvres gagneront probablement 60 000 $ par année environ et constitueront jusqu'à 20 % des recrues, alors que les gens de métier en représenteront 10 % et seront probablement payés de 85 000 à 90 000 $ par année.
Le reste de l'effectif sera composé d'employés divers, y compris des concepteurs subalternes gagnant 60 000 $ par annnée, des gestionnaires de projet et des concepteurs pricipaux ganant plus de 100 000 $ par année, et des vendeurs et des gestionnaires gagnant 125 000 $ par année.
C'était une grosse décision pour notre famille, mais nous avons jugé que cet investissement était nécessaire pour sécuriser notre entreprise pour la cinquième génération.
Nous n'avons reçu aucune aide extérieure de quelque gouvernement que ce soit, ni fédéral ni provincial. Nous considérons que l'industrie du bois massif a un bel avenir, mais son établissement s'avère difficile.
Les grands promoteurs hésitent à utiliser le bois massif, puisque jusqu'à maintenant, ils se sont principalement intéressés au béton et à l'acier, des produits qu'ils connaissent très bien.
Les promoteurs considèrent en outre que les nouvelles initiatives comme la nôtre présentent un risque plus élevé. D'ici à ce que nous ayons constitué un portefeuille de clients, il nous sera difficile d'obtenir des contrats de leur part.
Sans feuille de route ou portefeuille de contrats menés à terme, nous sommes obligés de soumissionner au rabais pour décrocher des contrats, ce qui réduit la rentabilité et nuit à notre viabilité financière alors que nous commençons à peine nos activités.
L'intérêt est phénoménal, mais demeure souvent sans suite.
Nous investissons beaucoup de temps et d'argent afin d'éduquer les architectes, les ingénieurs et les promoteurs. Au cours des 12 derniers mois, nous avons présenté plus de 500 soumissions, d'une valeur allant de 5 000 à 15 000 000 $. Plus de 75 % des clients potentiels n'étaient pour ainsi dire que de simples curieux. Nous avons obtenu environ 15 % des 25 % de contrats légitimes pour lesquels nous avons présenté une soumission.
Nous avions obtenu quelques contrats que nous espérions réaliser vers la fin de l'année, mais ils ont été repoussés en 2021. Cette situation, qui pourrait être attribuable à la COVID, nous place dans une position quelque peu précaire.
Le gouvernement doit s'assurer que le secteur de la production de bois massif ne soit pas victime du conflit du bois d'oeuvre, comme je l'ai souligné précédemment. Ce conflit nuit réellement à notre installation à valeur ajoutée. Les États-Unis sont connus pour élargir leur filet, et si les produits de bois massif se trouvent entraînés dans ce conflit, ce sera terrible.
Je terminerai en indiquant ce que le gouvernement pourrait faire pour nous aider. Il doit soutenir l'avancement de l'industrie du bois massif en créant un environnement de promotion, de soutien et d'éducation au sujet des constructions de bois et de bois massif.
L'augmentation de l'utilisation de bois massif pavera la voie à la relance économique et aux initiatives du gouvernement en matière de changements climatiques.
À partir de maintenant, à la lumière de la dernière initiative en matière de changements climatiques, quelle part des infrastructures du gouvernement dans les édifices de faible et de moyenne hauteur produiront et utiliseront du bois massif au lieu du béton et de l'acier?
De concert avec Ressources naturelles Canada et le programme Investissements dans la transformation de l’industrie forestière, il faut instaurer une catégorie de subventions expressément destinées à l’industrie secondaire à valeur ajoutée.
L’industrie principale a accès à d’imposantes ressources pour élaborer des propositions impressionnantes, des ressources que les petits acteurs de l’industrie à valeur ajoutée ne possèdent pas.
Nous avons présenté de nombreuses soumissions à Ressources naturelles Canada et au programme Investissements dans la transformation de l’industrie forestière, en vain jusqu’à maintenant. Nous ne disposons pas d’employés chargés exclusivement de rédiger des propositions.
C’est ici que je clorai mon exposé.
Je vous remercie beaucoup.
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Merci, monsieur le président.
Mesdames et messieurs, membres du Comité, je vous remercie de m'accueillir aujourd'hui et de me donner l'occasion d'engager cette conversation sur le potentiel du secteur forestier canadien et, manifestement, québécois pour soutenir davantage une économie canadienne à faibles émissions de carbone.
J'ai été intrigué par la question de départ et par le mandat qui anime le Comité, aujourd'hui.
Avant toute chose, je vais vous présenter rapidement l'organisation de Chantiers Chibougamau. Nous sommes, à l'instar de celle de M. Kalesnikoff, une entreprise forestière familiale fondée en 1961. Donc, dans quelques semaines à peine, nous fêterons le 60e anniversaire de l'entreprise.
À l'époque, à Chibougamau, dans le Nord québécois, l'entreprise avait comme fonction de fabriquer de grosses pièces de bois pour les mines, qui étaient le moteur d'activité économique et qui permettaient le développement de ce territoire. C'était une nouveauté pour le Québec de l'époque.
Nous sommes passés de 5 employés, en 1961, à plus de 1 100 employés, aujourd'hui, qui sont déployés à raison de 600 au complexe de fabrication de Chibougamau, de 200 à notre usine de sciage Landrienne en Abitibi—Témiscamingue, plus de 250 déjà à notre usine de pâte Kraft en cour de relance à Lebel-sur-Quévillon et plus de 60 à notre bureau de services techniques et d'ingénierie. Ce dernier est le partenaire de la construction de tous ces projets en bois massif qu'on réalise aux quatre coins de l'Amérique du Nord et même avec une incursion de plus en plus intéressante sur le marché européen.
Ainsi, 1 100 personnes vivent de cette valorisation des arbres à laquelle nous nous employons. À elle seule, notre organisation complète, ces jours-ci une phase d'investissement, depuis 10 ans, de près de 0,5 milliard de dollars. Nous injectons près de 500 millions de dollars en investissements de toutes sortes pour augmenter nos capacités de production, engager notre diversification et relancer une usine de valorisation de coproduits pour la fabrication de pâte Kraft dans un contexte d'économie mondiale à faibles émissions de carbone. C'est donc habité de l'ensemble de ces perspectives que je me présente à vous, ce matin.
Le Comité a posé la question: que peut-on faire pour assurer la relance économique du secteur forestier? Je me permettrai de poser la question autrement. Le secteur forestier a-t-il véritablement besoin d'être relancé ou a-t-il le potentiel d'en faire plus et d'être redéployé?
Lorsqu'on parle de relance de manière très concrète pour l'industrie du Québec à laquelle nous appartenons, nos exportations de produits de construction en bois ont augmenté de 60 % entre le dernier mois d'août et le mois de septembre. Malgré le contexte inédit de la COVID-19 que l'on connait, le secteur forestier à lui seul a exporté pour plus de 4 milliards de dollars. Il ne s'agit pas de contribution au PIB, mais d'exportations pour le secteur forestier québécois. Cela fait de notre secteur l'un des cinq secteurs les plus rentables et pertinents pour soutenir l'économie du Québec et, invariablement, l'économie de tout le Canada.
À la lumière de cela et de nombreuses initiatives auxquelles j'ai eu l'occasion et le privilège de contribuer depuis une quinzaine d'années déjà, on se demande systématiquement ce qu'on peut faire de plus d'un point de vue politique, tout en ayant une sensibilité à l'égard des régions et des économies forestières.
Ces questions, possiblement liées à l'exercice de la politique, peuvent passer à un nouveau niveau de l'élaboration de politiques. Pardonnez-moi de puiser dans l'histoire de la politique contemporaine, mais je reprends une formule en paraphrasant John F. Kennedy. Plutôt que de nous demander ce que la Chambre, le gouvernement et le pays peuvent faire pour le secteur forestier, dans une logique de marché, inversons la question: que peut faire le secteur forestier pour la Chambre, le gouvernement et le pays?
Lorsqu'on pose la question sous cette forme, on constate que le secteur forestier peut faire beaucoup plus pour ce pays qu'il ne le fait aujourd'hui. Le Canada a l'ambition de tendre à la carboneutralité d'ici 2050. Ce n'est plus une question subjective d'aimer plus un matériau ou un autre. Il est implicite et nécessaire de construire avec du bois pour matérialiser une telle ambition collective.
On veut toujours plus d'emplois, d'emplois durables, d'emplois payants et d'emplois qui misent sur le savoir et la technologie, sur le « 4.0 », sur l'intelligence artificielle. Le secteur forestier a tout le potentiel d'être un vecteur de création d'emplois de cette nature.
On veut des chantiers de construction qui sont moins polluants, à plus faible empreinte carbone et plus rapides à ériger. On veut surtout des constructions économiques et concurrentielles, et c'est pourquoi le bois s'impose naturellement.
On cherche toujours à apporter une meilleure contribution au PIB, une meilleure contribution à l'équilibre commercial. On cherche également à faire que les produits exportés du Canada soient des produits qui aident l'ensemble de la planète à relever le défi mondial de la lutte contre les changements climatiques. Le bois s'exporte bien, le bois est le matériau le plus performant pour répondre à ce besoin.
Donc, nous sommes prêts et le marché est prêt. Aujourd'hui, nous recevons des appels de promoteurs du Colorado, de la Californie, de l'État de New York.
Je vous remercie, monsieur le président, distingués membres du Comité, de m’avoir invité à vous parler aujourd’hui et d’accorder du temps à l’examen de cette importante question.
Comme le président l’a indiqué, je m’appelle Brian Fehr. Je vous parle aujourd’hui à titre de président de Peak Renewables.
Je voudrais vous présenter le directeur général de Peak Renewables, M. Brian Baarda, qui est également en ligne avec nous aujourd’hui et qui m’aidera à répondre à vos questions.
Mon exposé sera bref et ira droit au fait.
Je tiens avant tout à féliciter le Comité d’examiner le concept — d’une importance cruciale — de l’innovation dans le secteur forestier canadien. Les secteurs forestiers apportent une contribution immense à la prospérité du pays depuis des décennies. C’est particulièrement vrai dans le Canada rural, où les emplois bien rémunérés, notamment dans les secteurs de la récolte, du sciage, et des pâtes et papiers, constituent les piliers des communautés rurales depuis des générations. Mais il est aussi vrai que ces jours sont derrière nous. L’industrie subit énormément de pressions de la part de ceux et celles qui préféreraient que tous les arbres soient préservés, des concurrents étrangers qui tentent d’imposer des restrictions commerciales au lieu de simplement lui faire concurrence; et des changements, environnementaux et autres, qui minent la rentabilité des pratiques forestière et de l’utilisation des fibres traditionnelles. Les jours d’accès facile aux fibres ligneuses à bas prix destinées à des marchés stables fort rémunérateurs sont chose du passé. Voilà qui peut poser un problème ou présenter une occasion.
Nous avons créé Peak Renewables et d’autres compagnies dans le secteur du bois à valeur ajoutée — comme le bois lamellé-croisé pour la construction d’édifices verts —, parce que je crois qu’il y a une occasion. Peak Renewables reprendra des installations forestières en détresse pour les transformer en actifs qui non seulement stimuleront le moteur économique des communautés rurales en créant des emplois locaux et des investissements, mais aussi utiliseront la fibre de manières nouvelles et novatrices. Par exemple, notre nouvelle usine en construction à Fort Nelson, en Colombie-Britannique, prendra le relais d’une vieille usine de contreplaqué en panneaux à copeaux orientés inactive depuis 12 ans, la transformant en une usine moderne de granules renouvelables tirées de la biomasse. Ces granules favoriseront le renouvellement des infrastructures dans l’ensemble de la région, ce qui y créera de nouvelles occasions de croissance économique.
Nous agissons entièrement en partenariat avec la nation locale de Fort Nelson. Elle est partenaire dans tous les sens du terme. Les granules seront utilisées dans le cadre d’importantes activités d’exportation d’énergie renouvelable propre, qui sont importantes et en croissance au Canada, afin d’aider d’autres pays à atteindre leurs objectifs climatiques. Peak Renewables envisage aussi de mettre au point d’autres produits énergétiques renouvelables tirés de la biomasse ligneuse, comme le gaz naturel renouvelable, les biocarburants liquides et l’hydrogène, des produits qui seront essentiels pour aider les gouvernements à atteindre leurs objectifs climatiques et leurs cibles pour des choses comme les normes relatives aux carburants propres.
Le Canada a accompli un travail crédible en élaborant des plans judicieux. Par exemple, le Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques, qui tient compte...
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J’ignorais que vous aviez des interprètes. Je suis désolé. Je vais ralentir le débit.
Le Canada a accompli un travail crédible en élaborant des plans judicieux. Par exemple, le Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques tient compte de l’importance de la gestion des forêts et de l’innovation pour des activités comme l’utilisation des forêts comme piège à carbone ou l’emploi d’une bien plus grande quantité de bois dans la construction. Elle prend également en compte le rôle important du bois dans la production de bioénergie et de bioproduits. Les plans ne sont toutefois pas des actions. Nous devons faire le pont entre les plans, la recherche et la commercialisation.
Le groupe d’experts du gouvernement sur la finance durable a souligné le besoin d’établir un lien entre l’accès au capital et l’élaboration de politiques du gouvernement en matière de climat. Peak Renewables appuie ce travail et incite le gouvernement à penser aux petites entreprises et aux nouvelles compagnies comme la nôtre alors qu’il fait le travail important consistant à encourager les investissements dans des entreprises qui s’efforcent de faire partie de la solution.
En terminant, je voudrais de nouveau remercier le Comité de nous avoir invités à témoigner aujourd’hui. Le secteur forestier jouera un rôle important dans la relance économique du Canada une fois que la COVID sera derrière nous. Il sera un moteur important d’innovation et un important partenaire qui aidera les gouvernements à atteindre leur objectif en matière d’énergie propre et d’émissions, et sera un exemple vivant de l’art de tout faire en partenariat avec les Autochtones et les communautés rurales.
Je vous remercie de nouveau du temps que vous nous accordez. M. Baarda et moi-même répondrons aux questions que vous pourriez avoir.
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Merci, monsieur le président.
[Traduction]
Je vous remercie de me donner l'occasion de parler de Kruger aujourd'hui. Je suis vice-président, Fibres, biomatériaux et durabilité chez Kruger. Je suis heureux de comparaître devant vous tous aujourd'hui.
Comme beaucoup d'entre vous le savent probablement, Kruger est une entreprise familiale de quatrième génération. L'entreprise est toujours dirigée par la troisième génération, avec M. Joseph Kruger II. Ses enfants sont aussi présents: Gene et Sarah Kruger siègent au conseil d'administration. Nous pensons évidemment pouvoir jouer un rôle dans la décarbonisation de l'économie.
Le problème auquel nous sommes confrontés aujourd'hui, c'est que nous accélérons le développement des bioproduits, mais certaines de nos principales sources de revenus s'épuisent rapidement, beaucoup plus vite que nous l'avions prévu, en raison de la COVID-19.
Pour le papier journal et le papier couché, nous observions une baisse d'environ 15 % sur une base annuelle, mais nous avons constaté des baisses de plus de 40 % depuis le début de la pandémie, en mars. Nous avons des défis à court terme, mais nous devons aussi nous attaquer aux défis à plus long terme liés à la bioéconomie et aux bioproduits.
Nous avons été très satisfaits du soutien que nous avons reçu dans le passé par l'intermédiaire de divers programmes, notamment le programme ITIF, et nous pensons que cela peut être un excellent instrument à l'avenir pour les projets plus importants. Actuellement, la taille du financement rend difficile le lancement de projets de transformation dans les usines en déclin, dont les ventes sont maintenant inexistantes, afin d'appuyer la croissance et la transformation des usines.
Un des principaux problèmes que nous avons aussi observés dans le passé est la transition du plastique au papier pour divers usages, certains des plus importants étant les sacs d'épicerie et de magasinage pour lesquels on vise l'élimination progressive du plastique. Nous avons la fibre ainsi que la capacité de transformation du papier pour obtenir un papier recyclé à faible empreinte carbone pour la fabrication de ces sacs, mais la fermeture de la plupart des fabricants de sacs en papier au début des années 1990 est un obstacle important à la conversion.
Aujourd'hui, nous aimerions aussi que le Comité et le gouvernement concentrent davantage l'aide aux transformateurs plus en aval de la chaîne d'approvisionnement qui pourraient alors acheter le produit mis en marché par des entreprises comme Kruger et en faire des solutions à faible empreinte carbone.
Certaines installations sont évidemment plus à risque. Comme la plupart d'entre vous le savent probablement, Corner Brook Pulp and Paper est la dernière usine en activité à Terre-Neuve-et-Labrador. Il est difficile pour un producteur de papier journal de maintenir le rythme dans le contexte actuel de la pandémie de COVID-19. Nous avons besoin de l'appui des gouvernements provincial et fédéral afin de maintenir ces quelque 500 emplois bien rémunérés et assurer un avenir à cette usine.
En outre, nous pensons aussi que vous avez un excellent mécanisme. Toutefois, nous estimons que ce n'est probablement pas le moment d'essayer de concevoir de nouveaux programmes, étant donné l'urgence. Nous considérons que les programmes comme le programme ITIF demeurent d'excellents mécanismes, mais ils doivent avoir un financement accru et pouvoir servir à appuyer des projets à plus forte capitalisation à l'avenir.
Enfin, nous pensons que l'industrie forestière peut être l'un des principaux acteurs pour atteindre l'objectif d'un pays carboneutre d'ici 2050.
Je vous remercie de votre temps aujourd'hui.
C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
J'ai une question pour M. Fehr. Je vous remercie encore une fois d'être venu, monsieur Fehr.
Nous nous sommes déjà rencontrés, et il fait de grandes choses.
Vous avez parlé des puits de carbone, je crois. Je vous ai entendu parler des possibilités en Colombie-Britannique et de l'utilisation de la fibre à de nouvelles fins, ce qui représente des possibilités d'emploi pour les Britanno-Colombiens, notamment dans le secteur de la foresterie, qui fait pousser beaucoup d'arbres dans la province et qui a un excellent bilan en matière d'environnement. On a parfois tendance à ne pas parler des aspects positifs de la foresterie. Nous entendons souvent parler de ce que vous avez mentionné: il semble que tous les groupes tentent de faire cesser vos activités à toutes les occasions possibles.
Vous avez tout même choisi de vous établir en Colombie-Britannique, et je sais que vous y avez encore beaucoup d'activités commerciales. Vous avez parlé de création d'emploi pour les habitants des régions rurales de la Colombie-Britannique. Pouvez-vous nous dire pourquoi vous êtes en Colombie-Britannique? J'aurai aussi une question à vous poser après, au sujet de Peak Renewables. Pourquoi êtes-vous en Colombie-Britannique?
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Je remercie les témoins de leur participation à ce comité.
Je souhaite la bienvenue à notre nouvelle greffière.
J'ai une question rapide pour M. Verreault.
Dans votre présentation, vous avez parlé de ce que l'industrie forestière peut faire pour le Canada. Après avoir reçu des témoins la semaine dernière, il est maintenant assez clair que l'industrie forestière pourrait être le secteur pilier de la lutte contre les GES.
Dans tous les voyages que j'ai faits en Europe, j'ai été étonné de voir de grandes infrastructures en bois, comme des ponts. Ce n'est pas le cas ici. En France en particulier, on voit de ces grandes infrastructures construites en bois, même si elle ne dispose pas de grandes ressources forestières. Vous avez aussi dit dans votre témoignage avoir de nombreux clients à l'étranger.
J'aimerais savoir ce qui, selon vous, fait que le Canada a un certain retard dans la construction de grandes infrastructures en bois.
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Merci, monsieur le député.
J'établirais un lien avec le propos de M. Kalesnikoff, puisque Nordic Structures fait partie intégrante de notre organisation. Le quotidien dans l'Ouest qu'a évoqué M. Kalesnikoff, on le vit invariablement au Québec et aux quatre coins du Canada.
Pour répondre à votre question, de manière générale, l'Europe n'est pas dans la demi-mesure sur la question de la lutte contre les changements climatiques. Il y a une volonté dans tous les secteurs d'activité. Cette volonté n'existe pas seulement dans le transport avec des véhicules électriques ou hybrides, mais aussi dans toutes les sphères de l'activité humaine.
L'Europe est passée à l'action pour améliorer son bilan carbone. Ce n'est pas une question de mesures d'aide à l'industrie forestière ou de faire de la promotion ou de la pédagogie. On prend ces décisions pour mieux bâtir avec l'objectif pragmatique de générer de meilleures constructions et infrastructures. On ne se demande pas si le bois est bon pour ceci ou cela, on ne fait pas de comparaison. Non. On le choisit d'emblée. Le matériau a fait ses preuves et il est démontré qu'il est plus performant sur les plans des changements climatiques, structurel et financier.
Si vous le permettez, je vais citer l'exemple de la Ville de Paris. La France n'est pas un pays au passé et au potentiel forestier, comme c'est le cas du Québec et du Canada. Pourtant, la mairesse de Paris, Mme Hidalgo, a annoncé que toutes les infrastructures qui devront être construites pour répondre aux besoins des Jeux olympiques de Paris en 2024 seront toutes en bois massif. C'est une question de cohérence élémentaire avec les ambitions et les objectifs de lutte contre les changements climatiques.
Du côté européen, il y a une affirmation sans équivoque. On met fin à cette dynamique de l'œuf ou la poule en matière d'éducation, de formation et d'offre industrielle. La voie est tracée et on plonge sur cette base.
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Mon observation sur le programme Investissements dans la transformation de l'industrie forestière, ITIF, et RNCan portait essentiellement sur le fait que des sommes importantes sont distribuées à différentes instances et entreprises. Je pense que si elles regardaient leur bilan — et je ne fais qu'émettre une supposition, car je n'ai aucune idée si c'est réel ou non, car je n'ai pas étudié la question —, je dirais qu'une grande proportion de l'argent est distribué aux multinationales parce qu'elles ont du personnel qui rédige des propositions. Nous n'avons pas cette capacité.
Nous pratiquons l'austérité, alors nous n'avons pas un employé qui s'acquitte de cette tâche, et je pense que c'est ce à quoi je fais référence. Si le gouvernement examinait vraiment ce qui se passe, il s'apercevrait que des entreprises comme celle de M. Brian Fehr, notre entreprise, le monsieur qui possède l'entreprise québécoise, les entreprises familiales, sont celles qui travaillent vraiment fort. Nous sommes les innovateurs. Nous sommes les entreprises qui cherchent constamment à créer des possibilités.
Je ne m'en prends pas aux grandes entreprises; elles sont nécessaires. Il est bon de les avoir dans ce rôle. Nous avons besoin d'une industrie forestière en santé pour réussir, mais elle est biaisée d'un côté. Nous trouvons très difficile le nombre de propositions que nous avons présentées et qui n'ont jamais été reconnues et n'ont abouti à rien. C'est très frustrant au point que nous ne le faisons pas, parce que cela exige beaucoup de temps et d'énergie.
Le gouvernement doit comprendre son auditoire et rejoindre un échantillon représentatif de la taille des entreprises. Nous avons ici dans les Kootenays des entreprises qui emploient six personnes avec un volume de 3 000 mètres par an. Ce sont des chiffres extraordinaires, et je vous garantis que ce monsieur n'a même jamais entendu parler du programme ITIF ou de RNCan. C'est le côté triste de la situation lorsque je dois déterminer ce que le gouvernement doit faire pour promouvoir cela, et le gouvernement doit peut-être reconnaître qu'il doit y avoir un défenseur des intérêts de ces entreprises de plus petite taille, parce qu'il leur est très difficile d'accéder au financement existant, et ensuite le financement est englouti par les grandes entreprises parce qu'elles ont des gens qui rédigent déjà les propositions qui sont mises en place.
J'espère avoir répondu à la question.
Merci à tous les témoins d'aujourd'hui. La discussion est très intéressante. Nous apprenons toujours énormément lorsque nous entendons des gens d'un bout à l'autre du pays.
Je vais commencer avec Ken Kalesnikoff.
C'est bon de vous voir, monsieur Kalesnikoff. Vous avez parlé de Thrums, et je dois juste dire que c'est un atout énorme pour la collectivité où se trouve Kalesnikoff Lumber. Je me suis arrêté à un marché à Thrums la semaine dernière, et on m'a dit que vous aviez acheté 300 bocaux de bortsch comme cadeaux de Noël. Cela va permettre à ce marché inestimable de poursuivre ses activités. Merci de cette contribution.
Pour revenir au sujet qui nous occupe, vous avez mentionné l'approvisionnement gouvernemental et ce que le gouvernement pourrait faire pour aider les innovateurs dans ce domaine, plus particulièrement dans le domaine du bois d'oeuvre massif d'ingénierie. Je me demande si vous pouvez nous en dire plus à ce sujet.
Comme tout le monde ici le sait sans doute, j'ai présenté un projet de loi d'initiative parlementaire qui traitait de cette question à la dernière législature. Il est à l'étude au Sénat à l'heure actuelle, et il nous sera renvoyé. Ce bois d'oeuvre massif aurait de la valeur pour ce pays et pour l'environnement. Comment le gouvernement pourrait-il aider avec l'approvisionnement pour construire de meilleurs bâtiments et soutenir réellement l'industrie forestière?
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Merci, monsieur Cannings. Je vous en suis reconnaissant.
Je pense que je vais commencer par dire que le mouvement pour adopter le bois d'oeuvre massif à l'heure actuelle coche toutes les cases. Toutes les cases sont cochées. Cela crée des emplois. Cela crée des emplois bien rémunérés. Ce ne sont pas des emplois au salaire minimum. Cela crée des possibilités pour les jeunes d'être enthousiasmés par l'industrie forestière. Nous avons des jeunes qui travaillent avec nous en ce moment, qui font le travail de dessin et de génie, et je suis étonné quand je vais voir ce qu'ils font. C'est très excitant.
Je pense que la possibilité de mieux utiliser nos ressources est énorme. Je pense que nous pouvons créer tellement plus d'emplois en utilisant la fibre forestière de cette manière. Je suis probablement partial, mais je ne peux pas m'empêcher de lui donner une très, très bonne note en tant qu'industrie, en tant qu'avenir pour le Canada et pour la Colombie-Britannique en particulier. Toutefois, nous nous battons constamment pour la promouvoir. Nous nous battons constamment.
Nous avons fait une annonce dans notre collectivité de Thrums, ce que vous avez mentionné, monsieur Cannings. Nous avons 200 habitants à Thrums. Nous sommes une métropole, n'est-ce pas? À Nelson et à Castlegar, de chaque côté de nous, il y a 8 000 à 10 000 habitants.
Nous avons annoncé un investissement de 35 millions de dollars dans notre collectivité. Nous aurions très facilement pu investir cet argent de l'autre côté de la frontière, mais en raison de notre engagement, comme l'a dit M. Fehr, envers le Canada et la Colombie-Britannique, et en tant que famille, nous voulons rester au Canada. C'est là que nous avons vécu et que nous avons aimé nous engager. Cependant, l'une des premières réponses que nous avons reçues lorsque nous avons fait l'annonce a été celle d'une personne sur les médias sociaux. Ma fille a dit que je ne devrais pas m'en réjouir, mais c'est une culture. C'est la culture où l'on dit, « Vous allez seulement couper à blanc ».
Je ne suis pas un expert de l'équation du carbone, mais je dirai que c'est très frustrant de ne pas pouvoir avoir une explication et une compréhension précises. Dans mon esprit, lorsque nous coupons des arbres, les nouveaux arbres qui poussent sont ceux qui utilisent le carbone. En vieillissant, les arbres séquestrent le carbone. Nous prenons ces vieux arbres et nous les transformons en bois d'oeuvre. Nous prenons ce bois et nous le mettons dans des maisons, ou dans ce cas, du bois massif, donc nous séquestrons ce carbone. Ensuite, nous plantons trois arbres pour chaque arbre que nous coupons. Ces arbres utilisent à nouveau le carbone. Le cycle est assez simple pour moi, mais j'ai eu droit à une présentation sur l'industrie des granulés de bois et sur la nocivité du carbone.
Monsieur Cannings, si je m'éloigne du sujet, je m'en excuse, mais il y a tant de confusion entourant la façon dont la question du carbone doit être présentée pour le Canada et pour le monde.
Nous avons tous ces scientifiques qui disent des choses différentes. Tout ce qu'ils font, c'est semer la confusion. Nous avons besoin d'un rôle de leader. Ce leadership doit être exercé par le gouvernement, de sorte à promouvoir le bois d'oeuvre massif. Nous avons besoin de cette promotion et de ce soutien du gouvernement pour que lorsque les gens disent qu'ils n'aiment pas que des arbres soient coupés, nous comprenions pourquoi. Lorsque nous voulons commencer à mettre plus de forêts en réserve pour des parcs ou des espèces en péril comme le caribou, l'industrie subit plus de pressions. D'une part, nous voulons promouvoir l'industrie et la faire fonctionner et, d'autre part, nous fermons les terres forestières et nous ne sommes pas en mesure de les retirer. Nous avons vraiment besoin que le gouvernement fasse la promotion de l'industrie et l'appuie notamment en célébrant le fait que nous utilisons le bois pour le bois d'oeuvre massif et que nous créons une industrie du bois d'oeuvre massif.
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C'est un sujet qui me tient à cœur. Lorsque j'étais jeune, j'ai eu la chance de travailler avec mon grand-père et ses frères. Mon oncle Koozma nous répétait ce mantra: prenez soin de la terre, et elle prendra soin de vous.
Les membres de l'industrie forestière sont des agriculteurs de la terre. Nous ne sommes plus ceux que l'on dépeignait dans les années 1960 et 1970... ces hommes de Neandertal. Il faut aujourd'hui beaucoup de travail pour obtenir un permis de coupe, et avoir recours à de nombreuses technologies.
Mon grand-père n'en reviendrait pas de voir tous les efforts que nous devons déployer pour couper un arbre. Nous sommes tous des environnementalistes. Nous travaillons tous très fort pour bien faire les choses, et je crois que c'est le cas de tous les membres de l'industrie forestière du Canada. Il faut le célébrer. J'ai lancé le défi au gouvernement de la Colombie-Britannique de diffuser des annonces pour promouvoir l'industrie et la célébrer, et pour dire à la population que nous plantons des arbres.
C'est ce qui est essentiel à mes yeux: il faut une industrie forestière et des forêts en santé, et il faut les gérer.
Je commence à me faire penser à Donald Trump lorsque je lance des idées dans les airs, mais si l'on pense à l'épidémie du dendroctone du pin qui a sévi au centre de la Colombie-Britannique — elle a commencé dans le parc Tweedsmuir —, je crois que si l'on avait géré le problème dans le parc, il ne se serait pas amplifié au point de se rendre jusqu'en Alberta. Il faut gérer les forêts, et avoir recours aux experts pour ce faire.
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Merci, monsieur le député.
Effectivement, Ressources naturelles Canada joue un rôle actif d'accompagnement dans le développement de cette filière émergente.
Dans le cas qui nous concerne, depuis le début de la présente séance, il a été grandement question du programme Investissements dans la transformation de l'industrie forestière, ou ITIF. L'ITIF n'a jamais été un programme adapté à nos besoins en raison de ses délais administratifs, de cette formule de rondes qui prend des mois. Le marché peut se développer entre le moment où l'on dépose un projet en vue de son analyse et celui où l'on obtient une réponse. Il y a trop de longues étapes dans le programme ITIF, qui regroupe tous les secteurs de l'ensemble du pays, sans aucune vision claire. Quant à Ressources naturelles Canada, évidemment, les montants sont nettement moins élevés pour des projets industriels de grande envergure comme ce que IFIT peut apporter.
Par contre, vers 2015, Ressources naturelles Canada a joué un rôle de pionnier dans la construction d'édifices de moyenne et grande hauteur en bois massif. Mentionnons le projet Origine, un immeuble de condos de 13 étages en bois massif que nous avons bâti à Québec. À cet égard, Ressources naturelles Canada avait un programme qui visait à soutenir le volet démonstration technologique et vitrine technologique. C'est ce genre d'appui très ciblé, très efficace, qui a pu faire une différence.
Aujourd'hui, nous avons livré pour des dizaines de millions de dollars de structures en bois massif destinées à des bâtiments de moyenne et de grande hauteur, et ce, dans le cadre du financement initial de 1,1 million de dollars. C'était un petit montant à l'époque, mais qui a fait une grande différence.
Tous les projets autochtones sont pertinents. Nous participons à l'un de ces projets en partenariat, mais ce sont de plus petits gestes par rapport à tout le marché potentiel qui peut exister. Je vous dirais que l'appui rentable le plus efficace de Ressources naturelles Canada pour soutenir l'innovation est son appui financier récurrent à FPInnovations. FPInnovations peut s'appuyer sur un financement qui lui est fidèle de la part de Ressources naturelles Canada.
PFInnovations est un peu comme la pénicilline, un médicament qui va aider bien des patients pour bien des symptômes. FPInnovations est reconnue pour l'innovation dans tout le secteur, que ce soit pour les codes et les normes du bâtiment, pour le développement des procédés, pour les gains de productivité, pour la réduction de l'empreinte environnementale et toute la logistique afférente, pour les biocarburants ou pour la construction. Dans tous les cas, FPInnovations est un peu comme une pénicilline qui nous aide tous sur plusieurs fronts. Alors, de toute évidence, il y a une indication de ce qui peut être pertinent.
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En fait, la progression de la demande est encore relativement timide. L'élément critique lié au Code national du bâtiment n'est pas tant la demande de la croissance que le retrait d'un frein à construire en bois massif. Nos projets de 6, 8, 10 ou 12 étages en bois massif sont des projets que nous avons faits pour le compte de prometteurs privés, qui prennent des décisions d'affaires en fonction de réponses techniques et financières avisées.
En plus de l'audace dont ils doivent faire preuve, ceux qui choisissent de mieux construire au XXIe siècle se heurtent à des obstacles administratifs générés par un Code contraignant au lieu d'un Code ayant une philosophie d'objectifs à atteindre. Ceci met tous les matériaux sur un pied d'égalité dans l'atteinte des objectifs, là où le virage a été engagé depuis 2015.
C'est une chose de le permettre, cela en est une autre de dire qu'on peut construire en bois, en acier, en béton ou en aluminium et qu'il est important d'atteindre ces objectifs en matière de sécurité incendie, de sécurité sismique.
Cette évolution philosophique est ce qui est le plus légitime et le plus équitable pour l'ensemble des matériaux, mais c'est aussi ce qui est le plus efficace pour un prometteur qui, en choisissant le bois, n'aurait pas de dépenses additionnelles à ajouter à son projet.
À cette fin, vous avez mentionné que vous observez actuellement un manque de leadership. En effet, en réponse aux perceptions et aux informations erronées qui sont propagées au sujet du secteur forestier, vous avez dit qu'il y avait un problème de leadership à cet égard. Vous avez également mentionné le fait que le gouvernement a un rôle essentiel à jouer pour veiller à ce que les gens aient accès rapidement à des renseignements exacts.
Les paroles suivantes sont les miennes. Je comprends qu'elles ne sont pas les vôtres, mais je dirais que le gouvernement actuel a participé à la propagation de ces informations trompeuses, en ciblant essentiellement certaines organisations, en particulier celles des secteurs des ressources naturelles, afin d'appuyer son programme pour le changement climatique, etc.
Ce que vous dites maintenant, c'est que l'industrie forestière est très utile lorsqu'il s'agit de prendre soin de l'environnement, de séquestrer le carbone et d'éliminer les gaz à effet de serre. Pouvez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet? Quel rôle précis devrait jouer le gouvernement pour veiller à ce que le grand public puisse bien comprendre ces enjeux?
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Tout d'abord, permettez-moi de dire que je ne vais pas me lancer dans une discussion politique sur qui a fait quoi de la bonne ou de la mauvaise manière.
À l'échelle locale, nous ne sommes pas une grande entreprise. Je ne vais donc pas souvent à Ottawa et je ne travaille pas beaucoup à l'échelon fédéral, mais à l'échelon provincial, j'ai travaillé avec trois types de gouvernements, à savoir le NPD, les libéraux et le Crédit Social, et pour être vraiment honnête, ils sont tous les mêmes.
En effet, je n'ai vu personne assumer un rôle de leadership pour promouvoir l'industrie forestière. Je sais que c'est une tâche énorme, parce que pour tout ce qui est positif, il y a une réaction égale et opposée, et même si je suis ici pour vous dire à quel point l'industrie forestière est une bonne industrie, parce que c'est ce que j'aime et que j'ai été élevé dans ce secteur, vous entendrez un défenseur de la préservation dire... Et je ne leur donnerai même pas la possibilité d'être appelés « environnementalistes », car en ce qui me concerne, les travailleurs qui coupent les arbres pour nous dans les forêts s'occupent si bien des choses que ce sont eux les environnementalistes.
Les défenseurs de la préservation n'ont qu'un seul objectif, celui d'arrêter... et je ne peux pas faire de commentaires sur la question de savoir si les gouvernements les écoutent ou non, et si cela influence leur opinion ou leurs orientations. Je ne suis pas très actif dans ce domaine, mais il faut que cela cesse.
Nous devons tout simplement parvenir à la vérité. Les paroles de mon oncle Koozma me hantent chaque fois que je participe à ces conversations. En effet, il disait « Prends soin de la terre et la terre prendra soin de toi ». C'est aussi simple que cela.
Cette occasion nous est offerte. Nous ne sommes pas des gens stupides, et nous avons l'expertise nécessaire. Je pense que nous avons ici une occasion réelle de permettre à l'industrie forestière de jouer un rôle essentiel dans la récupération du carbone, dans le changement climatique et dans tout cela.
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Je vous remercie, monsieur le président. J'aimerais saluer tous les participants à la réunion.
Je suis très heureux d'être ici. Nous entendons beaucoup de renseignements utiles.
J'ai l'honneur d'être le secrétaire parlementaire du .
Pour vous donner un peu de contexte, je viens de Kapuskasing, une ville productrice de pâtes et papiers dans le Nord de l'Ontario. Mon père était soudeur là-bas et mon grand-père a aidé à construire l'usine locale dans les années 1920 et 1930. De plus, tous mes oncles et mes cousins ont travaillé là-bas, ce qui m'a permis d'avoir les moyens de faire des études. Il y a donc d'excellents emplois de classe moyenne qui paient bien là-bas, et je suis donc un grand défenseur de l'industrie forestière.
J'ai vu directement ce secteur à l’œuvre, c'est-à-dire les gens qui plantent les arbres et ceux qui les coupent, ainsi que les innovations apportées dans ce secteur. J'ai beaucoup de questions et très peu de temps pour les poser.
[Français]
Je n'ai pas beaucoup de temps. Je vais d'abord m'adresser à M. Cossette.
Vous avez parlé au début des défis qui se posent à l'industrie des pâtes et papiers. Quelles mesures songez-vous à prendre pour vous adapter aux changements qui surviennent? Comment voyez-vous l'avenir de l'industrie des pâtes et papiers? Comment s'y prendra-t-elle pour innover?
Vous avez environ une minute.
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Je suis heureux de vous retrouver, monsieur le député.
De manière générale, la demande prend forme. C'est un peu paradoxal, parce que, dans bien des secteurs économiques, on veut de la diversification, des investissements et des emplois, mais le marché n'est pas là. Dans le cas actuel, le marché est présent. Il est mûr, mature et réceptif.
Notre petit défi est celui des compétences liées à l'ingénierie et au design des structures. Nous devons nous tourner vers des solutions comme l'immigration, où c'est long et complexe. Il n'y a pas de voie rapide pour répondre à nos besoins. Un premier défi se trouve là.
Il y en a un autre. Aucune faculté d'ingénierie ne se spécialise en la matière, au Canada ou au Québec. Le marché est effectivement en belle croissance, mais il est toujours trop petit pour donner un électrochoc à toute la famille universitaire de l'ingénierie et de la conception de l'architecture.
Par exemple, si, à l'instar de ce que font des clients gouvernementaux en Europe ou aux États-Unis, le gouvernement du Canada faisait le constat que le bois est plus performant et pertinent, s'il cessait de procéder à la pièce, un projet à la fois, en comparant et en se permettant d'en choisir un autre, et s'il y avait une affirmation assumée de sa part, il y aurait un coup de barre pour vraiment passer à un niveau supérieur dans les facultés d'ingénierie, qui constituent l'un des freins à la croissance de l'entreprise, aujourd'hui.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Verreault, vous avez un peu piqué mon orgueil, puisque je suis un ancien enseignant de l'Université du Québec à Chicoutimi. Nous comptions parmi nous M. Sylvain Ménard, l'un des plus grands spécialistes des infrastructures en bois. Il est vrai que, en matière de compétences, il n'y a peut-être pas assez d'ingénieurs en structures qui se penchent sur cette question. Je vous dis cela amicalement.
Je veux revenir sur ce qu'on se disait tout à l'heure. Vous avez parlé d'un contrat que vous avez eu aux États-Unis, où l'on avait établi certaines règles faisant que le bois avait plus de facilité à se qualifier. Nous en avons parlé en ce sens, ici, il y a quelques semaines et c'est une proposition que nous avons faite.
Si le gouvernement du Canada établissait l'empreinte carbone comme un critère d'octroi pour ses contrats d'achat dans sa politique d'approvisionnement, cela aiderait-il, selon vous? On sait qu'il peut y avoir petite querelle si l'on essaie de mettre en place quelque chose de semblable à la Charte du bois. Je sais qu'il y a aussi une norme semblable en Colombie-Britannique.
Cette solution vous semble-t-elle intéressante?
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Sauf votre orgueil, monsieur le député, comme vous l'avez mentionné, l'Université du Québec à Chicoutimi offre effectivement un programme de deuxième cycle compétent en matière de construction en bois. Cependant, il est vraiment destiné à des professionnels très nichés, spécialisés et passionnés, alors que nous avons besoin que ce soit normal d'apprendre sur le bois, comme il est normal d'apprendre sur l'acier ou le béton. Cet exemple doit faire tache d'huile.
En ce qui concerne les processus décisionnels conduisant à la construction en bois, à partir du moment où l'on établit des critères partiels — et on le fait sur la pointe des pieds —, cela devient complexe, long, lourd et coûteux. Cela fonctionne lorsque les clients privés constatent que le matériau de bois massif est plus performant et qu'ils évacuent toutes les comparaisons ultérieures. Ils doivent préciser d'entrée de jeu qu'ils veulent du bois. Ainsi, les compétiteurs dans le domaine du bois vont déposer des offres concurrentielles,
C'est dans ces circonstances que les projets sont rapides, efficaces et complétés en respectant les budgets. C'est là où le gouvernement du Canada a manifestement le potentiel de faire une différence. S'il souhaite des résultats concrets, il doit agir concrètement.
La pédagogie sur la compétence du matériau à laquelle mon collègue M. Kalesnikoff a fait référence ne sera pas un débat ni de la rhétorique ou de l'argumentaire. Il y aura des faits et des chiffres. Dès lors, nous pourrons avancer et construire sur des bases solides.
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Monsieur le président, je vais parler d'abord de la motion.
Je ne m'oppose pas à ce que nous recevions les fonctionnaires du bureau de la ministre pour nous entretenir de ce sujet. Je n'y vois aucun inconvénient, donc si vous voulez... Je ne sais pas s'il faut amender la motion à cet effet. Je ne crois pas, mais je le répète, je ne m'oppose pas à ce que les fonctionnaires accompagnent la ministre.
J'aimerais m'adresser encore à M. Baarda. Vous avez parlé de McBride et de Fort Nelson. Une chose que les participants à l'appel — à la séance d'aujourd'hui — ne voient pas souvent, mais que je vois quotidiennement quand j'emprunte la route du col Pine, c'est la quantité importante de chicots rouges et jaunes. C'est nouveau et c'est très beau, en fait. C'est ma femme qui me les a fait remarquer. Je croyais que c'était simplement des feuillus, des arbres à feuilles caduques qui perdent normalement leurs feuilles durant l'automne. Or, ce sont tous des arbres à feuilles persistantes qui sont en train de jaunir, et ce, à cause des nouveaux ravages provoqués non seulement par le dendroctone du pin, mais aussi par le dendroctone de l'épinette.
C'est là que je vois une occasion réelle — vous en avez parlé — d'utiliser ce bois à des fins productives plutôt que d'augmenter les risques d'incendie en ignorant le problème. Je sais que nos homologues américains du Sud ont pris des mesures à l'égard des combustibles qui gisent sur le tapis forestier en lançant des initiatives de nettoyage des parcs et des forêts. À mes yeux, les possibilités comme celles dont M. Fehr et vous avez pris connaissance permettent non seulement d'utiliser une partie de ce bois et de retirer ces combustibles, mais aussi de prévenir les feux de forêt, tout en remplissant une fonction positive.
C'est cela, le message. Nous avons parlé des aspects négatifs, des groupes qui veulent arrêter les activités du secteur forestier en Colombie-Britannique. Je sais que divers groupes veulent fermer définitivement l'ensemble du secteur forestier, mais il y a ici un message très positif à la fois pour l'environnement et le secteur forestier.
Pouvez-vous nous parler des points que j'ai soulignés, monsieur Baarda?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins de leurs exposés très instructifs et de leurs réponses informatives.
Je suis au Labrador. Ma circonscription est située au Labrador, dans la province de Terre-Neuve-et-Labrador, où de profonds changements se sont opérés dans le secteur forestier. Comme les gens de Kruger le savent très bien, nous étions un important fournisseur de l'industrie des pâtes et papiers de la province. Or, le déclin des usines a provoqué l'effacement de l'industrie, car à l'époque, il n'y avait pas d'autre marché pour le sous-produit utilisé pour la fabrication des pâtes.
Ma question s'adresse à M. Cossette. Kruger a encore une usine de pâtes et papiers à Corner Brook, à Terre-Neuve-et-Labrador. Premièrement, quel effet la baisse de la demande de produits de pâtes et papiers a-t-elle eu sur l'ensemble de vos activités, particulièrement dans cette région? Deuxièmement, avez-vous examiné la possibilité de diversifier les activités que vous menez dans ce secteur dans la province de Terre-Neuve-et-Labrador?