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Merci, monsieur le président.
Bonjour. Merci de nous avoir invités à témoigner devant vous.
Je vais commencer, et ensuite, M. Nighbor prendra le relais.
Le secteur canadien des produits forestiers est prêt à jouer un rôle clé dans la relance économique, en particulier dans les communautés forestières rurales et septentrionales, tout en apportant au Canada et aux Canadiens des avantages sur le plan de la santé et de l’environnement et une plus grande autosuffisance.
Comme le président l’a mentionné, je m’appelle Kate Lindsay. Je suis la première vice-présidente de l’Association des produits forestiers du Canada, l’APFC, et je suis accompagnée aujourd’hui par mon collègue Derek Nighbor, président-directeur général de l’APFC.
Je parlerai d’abord des éléments fondamentaux sur lesquels repose la foresterie canadienne.
Le Canada a la chance de disposer d’une ressource naturelle et renouvelable considérable grâce à ses forêts. Nous possédons les deuxièmes terres les plus boisées du monde, qui représentent 40 % de notre territoire.
La forêt gérée du Canada — la zone sous gestion active — relève principalement des gouvernements provinciaux. Parmi les terres sur lesquelles les sociétés membres de l’APFC sont présentes, 94 % sont des terres publiques soumises à certains des cadres de gouvernance les plus rigoureux au monde.
Les forêts du Canada et nos régimes de gestion durable des forêts sont de nature dynamique et évoluent continuellement pour répondre aux changements naturels, humains et sociétaux qui nécessitent de petits ajustements, ou parfois des ajustements plus importants au fil du temps.
Au Canada, la planification de la gestion forestière se fait à l’échelle locale et est guidée par la science et la modélisation détaillée. Elle prend en compte des dizaines de valeurs, allant des besoins en matière d’habitat de la faune et de la flore aux besoins de protection des bassins versants, en passant par l’atténuation des risques d’incendie. Elle reçoit et reflète les contributions et les connaissances des municipalités locales, des peuples autochtones, des groupes régionaux de loisirs et de plein air, et d’autres détenteurs de droits et parties prenantes de la région.
Comme pour tout aménagement du territoire local, il existe souvent des valeurs et des intérêts contradictoires. Il nous incombe de travailler avec les communautés locales à trouver des solutions équilibrées et bénéfiques pour tous.
En plus des règles provinciales et de la contribution locale, il existe un autre niveau de responsabilité et de transparence — la certification par une tierce partie.
Seulement 11 % des forêts du monde sont certifiées par une tierce partie; 35 % de ces forêts certifiées se trouvent ici au Canada. C’est une autre raison pour laquelle, dans une récente étude Léger portant sur près de 200 clients acheteurs internationaux de bois, de pâte et de papier, le Canada s’est classé au premier rang mondial. Les clients internationaux ont cité la qualité, la fiabilité, la durabilité et la bonne gestion des forêts comme raisons pour lesquelles le Canada est leur premier choix.
Cet avantage naturel du Canada est une chance immense pour nous alors que nous examinons les possibilités de rétablissement post-pandémie.
Je vais maintenant céder la parole à Derek Nighbor, qui présentera certaines des solutions et des recommandations.
Merci, monsieur le président, et merci aussi aux membres du Comité.
Je voudrais parler de ces débouchés et de certains des domaines dans lesquels nous voyons les travailleurs forestiers en faire encore plus pour notre économie et l’environnement. Le premier concerne la protection de l’avenir de nos forêts. Les changements climatiques sont apparus comme l’un des défis transformationnels les plus importants, car ils exercent une pression sans précédent sur la capacité de nos forêts à rester saines et résilientes. Nous l’avons constaté dans l’aggravation des épidémies de ravageurs à l’est et à l’ouest, et dans les incendies de forêt. Les forêts qui sont activement gérées à long terme, ainsi que les produits du bois qui en sont issus, sont un outil essentiel dans la lutte contre les changements climatiques. La gestion active continuera à apporter ces avantages à la société, ainsi qu’à renforcer la résilience des forêts canadiennes pour l’avenir.
L’un des autres domaines est l’augmentation des investissements de capitaux au Canada. Nous avons travaillé avec les membres et les non-membres de l’APFC au cours des derniers mois et avons recensé plus de 140 projets d’investissement prêts à démarrer, d’une valeur de plus de 1,5 milliard de dollars, qui peuvent soutenir et faire croître les emplois dans tout le pays, ainsi qu’améliorer notre compétitivité et notre performance environnementale. Je me réjouis à l’idée de vous parler un peu plus en détail de ces projets.
Ensuite, il y a les emplois et les produits pour notre population. Nous pouvons maintenir et développer les emplois familiaux dans les communautés qui en ont désespérément besoin. En renforçant notre secteur au niveau national, nous pouvons également garantir un approvisionnement solide en bois d’œuvre et en produits du bois, en pâtes et papiers, en produits de santé et d’hygiène à base de fibres de bois et en bioproduits fabriqués ici même au Canada afin de pouvoir subvenir aux besoins de notre population. Ce faisant, nous offrons d’importantes possibilités aux PME, notamment aux plus de 1 400 entreprises forestières appartenant à des Autochtones qui constituent une partie essentielle de notre secteur. Je me souviens du printemps dernier, lorsque le président Trump a arrêté la cargaison de masques médicaux 3M à la frontière. Ils contenaient de la pâte à papier renforcée provenant des forêts canadiennes. Cette situation nous a rappelé l’importance et la possibilité d’une plus grande autosuffisance en ce qui concerne la gestion des ressources et la fabrication de produits à valeur ajoutée.
L’autre solution consiste à développer les marchés d’exportation. Nous sommes vraiment bien placés pour être un leader mondial dans le domaine des énergies renouvelables fabriquées de manière durable et pour apporter au monde davantage de produits innovants et de qualité. Nous avons quelques commentaires sur la façon dont vous pouvez nous aider à y parvenir.
La première suggestion est une plus grande clarté entre les gouvernements fédéral et provinciaux et un accès plus prévisible ou plus certain à la base des terres exploitables. Comme l’a dit Mme Lindsay, 94 % des terres sur lesquelles nos membres travaillent sont régies par les gouvernements provinciaux. Nous avons besoin de votre soutien pour assurer une plus grande cohérence et une plus grande clarté entre les administrations fédérales et provinciales et une plus grande certitude quant à l’accès à cette base foncière. La fibre de bois est importante pour les travailleurs, les entrepreneurs et les communautés forestières. Les niveaux croissants de chevauchement entre les gouvernements fédéral et provinciaux entravent notre capacité à attirer les capitaux dont nous avons tant besoin.
En ce qui concerne l’accès aux marchés et le développement des marchés, nous aimerions que l’on continue à mettre l’accent sur la conclusion d’accords commerciaux, la diversification et la croissance des marchés d’exportation, et la modernisation des codes de construction pour permettre la construction de bâtiments en bois plus grands et plus résistants qui stockent le carbone et qui apporteront des avantages à nos populations.
Le dernier commentaire que je souhaite faire concerne la promotion mondiale de la réussite canadienne. Nos usines de pâtes et papiers ont réduit leurs émissions de gaz à effet de serre d’environ 70 % depuis le début des années 1990. Dans son dernier rapport sur l’état des forêts du Canada, Ressources naturelles Canada a confirmé que notre forêt gérée est un puits de carbone de 14 mégatonnes. La foresterie canadienne a une histoire convaincante qui trouve un écho auprès de nos clients mondiaux. Malgré cet avantage canadien, nos clients et nos investisseurs sont de plus en plus souvent la cible de groupes anti-industriels et de campagnes de désinformation pour faire fuir les entreprises du Canada. Ce faisant, les emplois canadiens sont mis en péril. Nous avons besoin de l’appui des gouvernements fédéral et provinciaux pour maintenir et développer les emplois, protéger nos communautés du Nord contre les incendies et promouvoir les avantages économiques et environnementaux que procurent la sylviculture et les produits forestiers canadiens.
Je tiens à vous remercier de nous avoir invités à témoigner aujourd’hui. Nous sommes impatients d’entamer une discussion sur ces points lors de la période de questions.
Merci encore.
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Merci, monsieur le président.
Je ferai mon exposé en français et en anglais.
Je m'appelle Jean-François Samray et je suis le nouveau PDG du CIFQ, le Conseil de l'industrie forestière du Québec. Je suis très heureux d'être avec vous aujourd'hui.
Je ne vais pas répéter l'information fournie par M. Nighbor. Je vais simplement vous montrer quelques images et vous donner plus de détails sur la situation dans une province comme le Québec.
[Français]
Le Conseil de l'industrie forestière du Québec représente près de 250 membres qui sont actifs dans le secteur du sciage, des feuillus, des résineux, du déroulage, des pâtes et papiers, de la fabrication de panneaux et, de plus en plus, du bois d'ingénierie, qui sert à un nouveau type de construction.
Au Québec, chaque année, l'industrie forestière offre, directement ou indirectement, plus de 140 000 emplois bien rémunérés. Le salaire annuel moyen est en effet de 66 000 $. Les membres du Conseil de l'industrie forestière et les emplois qu'ils créent génèrent chaque année 4,8 milliards de dollars qui sont versés aux gouvernements du Québec et du Canada en taxes et en impôts.
[Traduction]
C'est bien 4,8 milliards de dollars en taxes et en impôts que l'industrie verse aux gouvernements.
[Français]
Cela se fait à partir d'un chiffre d'affaires de 20 milliards de dollars. Cette contribution de l'ensemble de l'industrie représente 4,7 % du PIB du Québec. Près de 70 % des municipalités du Québec ont un lien très étroit avec la forêt et comptent des emplois qui dépendent du secteur forestier. Le degré varie selon la région, mais il est clair que, au Québec, dans une municipalité sur cinq environ, quand la forêt va, tout va. Par contre, lorsque ces activités ralentissent, c'est une catastrophe, et la vitalité économique de la communauté dans son ensemble est mise à risque. Je suis convaincu qu'il en va de même dans la plupart des autres provinces et régions du Canada.
Au Québec, la forêt représente 905 000 kilomètres carrés.
[Traduction]
Cela fait près d'un million d'acres carrés. Nous coupons, récoltons et replantons 0,2 % de cette superficie chaque année.
[Français]
Comme l'a mentionné Derek Nighbor, les pratiques forestières sont très importantes au Canada, et elles sont les plus encadrées. Ainsi, au Québec, 0,2 % de toute la superficie coupée est récoltée et transformée. Autrement dit, c'est fait d'une façon vraiment très durable.
Le secteur forestier du Québec fait les frais d'un cinquième conflit sur le bois avec les États-Unis. Cela touche non seulement le Québec, mais l'ensemble du secteur forestier canadien.
Je tiens à rappeler aux membres du Comité que nous suivons de très près les droits compensatoires qui attendent à la frontière américaine. Actuellement, on a dépassé les 4 milliards de dollars, et de ce montant, 1 milliard de dollars proviennent des entreprises québécoises. Il s'agit là d'argent qui ne peut pas servir à la modernisation, à l'achat de nouvel équipement ou au déploiement de nouvelles technologies pour rendre l'industrie forestière québécoise et canadienne encore plus performante.
Il est important pour l'industrie forestière que les règles de l'OMC soient respectées et qu'une entente soit négociée. C'est important pour nous, mais je pense qu'il sera également important de rappeler à nos voisins que même la National Association of Home Builders a écrit au président Trump. De plus, près de 98 membres du Congrès américain lui ont écrit afin qu'une solution soit trouvée, parce que cette situation cause des préjudices à la classe moyenne américaine. Nous aimerions vraiment que le gouvernement fédéral trouve une solution négociée.
Quant aux changements climatiques, comme l'a bien dit M. Nighbor, c'est la forêt qui pousse et qui séquestre le carbone, mais c'est également la forêt qui est utilisée pour la construction de bois. Chaque mètre cube de bois utilisé en construction stockera à long terme une tonne de carbone.
Il sera important, au moment de réfléchir aux programmes à inclure dans le prochain énoncé budgétaire, de faire valoir l'exemplarité de l'État canadien dans les constructions en bois et de soutenir ce genre de constructions. C'est important, parce que ce serait faire d'une pierre deux coups: on réduirait les émissions de GES et on stimulerait l'économie. De plus, cela nous rendrait fiers. Après tout, sur notre drapeau se trouve une feuille d'érable qui provient d'un arbre. Quelle belle façon ce serait de la mettre en valeur que d'avoir un patrimoine construit!
Il y a également le secteur des pâtes et papiers, qui est fondamental. Ce secteur doit s'ajuster et se transformer. Le projet de réglementation en cours visant à remplacer les plastiques jetables à usage unique n'aura de sens que si l'on peut remplacer ces plastiques jetables par des produits de cellulose provenant de la forêt. À cet égard, le programme Investissements dans la transformation de l’industrie forestière, ou ITIF, financé par le gouvernement, est très populaire auprès de l'industrie. Je sais que vous avez déjà augmenté l'enveloppe budgétaire, mais, pour chaque dollar investi dans l'industrie, il y en a 10 qui sont demandés. Il faut revoir le programme ITIF pour qu'il réponde aux besoins de transformation et de réduction des GES. C'est très important pour l'industrie.
On a réglé le conflit en ce qui concerne l'aluminium, il est maintenant temps de régler celui relatif au bois d'œuvre. Cela nous donnera une bonne idée de ce vers quoi on se dirige.
Il faudrait aussi accélérer la mise sur pied de politiques et de programmes publics pour l'utilisation du bois dans la construction.
Enfin, je répète que le secteur des pâtes et papiers est important. C'est ce secteur qui utilise toutes les sciures et tous les résidus du secteur du sciage, de la deuxième et de la troisième transformation. La majorité des usines de pâtes et papiers sont situées au Québec en raison du coût peu élevé de l'électricité et de la proximité de la fibre. Il faut permettre à ces usines de faire une transformation de leurs produits d'emballage et de remplacer les produits à usage unique. La création de programmes d'accompagnement permettrait au gouvernement du Canada de relancer l'économie tout en réduisant les émissions de GES et en diminuant la pollution.
Quand nous le ferons bien chez nous, tous les programmes de développement de marchés internationaux auront une vitrine technologique pour démontrer que le Canada a la forêt la mieux gérée au monde et que nous sommes fiers d'utiliser le bois dans notre économie et pour réduire nos émissions de GES. C'est pour cela que nous offrons ces solutions à l'ensemble de la planète.
Je vous remercie de votre temps. C'est avec plaisir que je discuterai avec vous.
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Je vais commencer et demander à Mme Lindsay de prendre le relais si j'oublie quelque chose.
Nous avons donné des conseils au gouvernement sur la façon de lancer un bon programme de reboisement, et je suis heureux de communiquer l'information au Comité par l'entremise du président.
Notre industrie plante entre 500 et 600 millions de plants par année au pays. Je suis très fier de dire que le reboisement s'est déroulé cette année sans éclosion importante, et ce, grâce à toute la collaboration que nous avons obtenue des gouvernements, des maires et des conseils du Nord ainsi que des collectivités autochtones nordiques. Nous avons fait un si bon travail que ce sont les planteurs qui s'inquiétaient de voir les habitants du Nord contracter la COVID. Nous avons fait beaucoup d'excellent travail. Nous avons beaucoup d'expérience dans le domaine.
Au sujet des conseils que nous avons donnés au gouvernement, voici quelques exemples. Premièrement, les plants ne poussent pas du jour au lendemain. Nous avons besoin de temps pour accroître la capacité et cela peut prendre jusqu'à quatre ans pour le faire. Comme nous plantons en moyenne 1 000 arbres par minute, lorsque la capacité est là, nous pouvons le faire. C'est la capacité de production qui nous inquiète, notamment pour quelques raisons. Premièrement, il faut rentabiliser le coût pour les contribuables, car si la demande augmente lorsque la capacité est insuffisante, les prix vont augmenter en flèche tant pour le gouvernement fédéral que pour nos entreprises, ce qui n'est pas une bonne chose.
Il faut aussi s'assurer que le reboisement est fait par des gens d'expérience, par ceux qui le font de manière durable, afin que les arbres ne meurent pas. J'espère vraiment que le gouvernement misera sur les ressources existantes — les gouvernements provinciaux, les collectivités autochtones, les pépinières — qui ont beaucoup d'expertise. Ce n'est vraiment pas le temps de chercher des débutants dans le domaine, car il s'agit d'un travail très complexe, et il faut planter la bonne essence au bon endroit. Je dirais que la capacité des pépinières présente tout un défi.
J'aimerais aussi que l'objectif ne soit pas d'arrêter de planter après ce pic de deux milliards d'arbres. Si on veut accroître la capacité dans le secteur des pépinières, j'aimerais bien qu'il y ait un engagement à long terme de poursuivre sur cette voie afin que les investissements en vaillent la peine.
Au sujet du reboisement comme tel, j'ajouterai que nous voyons d'énormes possibilités dans plus de forêts urbaines, de collectivités urbaines, de collectivités rurales, en plus du reboisement dans les régions où se trouvent des forêts exploitables ravagées par les insectes ou les feux de forêt. Comme M. Samray l'a mentionné, nous remplaçons ce que nous récoltons au Canada. En fait, nous remplaçons plus que ce que nous récoltons, mais si des terres sont ravagées par des insectes ou des feux de forêt, il y a en quelque sorte un écart, parce que sur les terres provinciales, ce sont les gouvernements provinciaux qui décident si ces arbres vont être remplacés. S'ils n'ont pas les budgets pour le faire, on s'en remet à la régénération naturelle, et dans certaines zones brûlées, il se peut que cela ne se produise pas.
C'est pourquoi nous avons prié le gouvernement fédéral de collaborer avec les provinces, avec les collectivités autochtones, qui sont au courant de ces questions, lorsqu'il décidera dans quelles forêts exploitables nous pouvons aussi planter des arbres, en plus des zones urbaines et rurales.
Ma réponse est un peu longue, mais j'espère avoir répondu à votre question.
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Merci, monsieur le président.
Madame Lindsay, monsieur Nighbor et monsieur Samray, bon après-midi. Je suis vraiment très heureux que vous preniez le temps de nous rencontrer aujourd'hui, malgré vos horaires chargés.
La COVID nous a tous forcés, bien sûr, à faire preuve de souplesse et à nous adapter aux circonstances changeantes. Nous vous remercions sincèrement de prendre le temps de nous rencontrer aujourd'hui à si court préavis.
Dans ma province natale, la Colombie-Britannique, tous les éléments étaient réunis pour frapper durement le secteur forestier, comme vous savez, notamment la COVID, l'approvisionnement en fibres, les changements climatiques, etc. La demande pour les pâtes et papiers a baissé, mais nous avons connu une hausse de la demande pour le bois en raison des projets de construction et de la rénovation domiciliaire.
Notre étude porte sur la relance économique du secteur forestier. Dans la première heure, nous nous concentrons sur l'état de l'industrie, et dans la deuxième, sur l'innovation.
J'ai bien aimé vos commentaires un peu plus tôt. Vous avez parlé des défis et des possibilités du secteur forestier. À votre avis, quel rôle devrait jouer le gouvernement fédéral pour encourager la valeur ajoutée au Canada?
Je pense à quelques éléments. Pas très loin de votre communauté, le conseil municipal de Vancouver a autorisé récemment les structures de 12 étages dans ses codes du bâtiment, comme l'avaient déjà fait 13 autres municipalités en Colombie-Britannique, notamment Richmond et Surrey.
Le gouvernement Horgan s'est engagé, par ailleurs, à mettre en place une stratégie à valeur ajoutée, ce dont nous nous réjouissons. Je pense que c'est une excellente nouvelle.
Un des éléments importants pour nous à cet égard est de s'assurer, en stimulant la demande de cette façon, que l'on dispose d'un approvisionnement durable et que l'assise territoriale permet cette croissance du secteur.
Nous sommes convaincus que les facteurs liés à la durabilité sont là. Notre objectif est de faire en sorte que les forêts demeurent éternellement des forêts. Les gouvernements provinciaux, y compris la cheffe forestière en Colombie-Britannique, Mme Diane Nicholls, établissent les coupes autorisées chaque année en se basant sur l'état de la forêt. C'est la raison pour laquelle il a été si difficile pour la Colombie-Britannique de se remettre de l'infestation du dendroctone du pin, et ensuite des feux de forêt en 2017-2018 qui, dans certaines collectivités… Je sais que près d'où habite M. Zimmer, certaines collectivités ont perdu 20 %, 30 %, 40 % de leur coupe autorisée. Trop de scieries étaient alors en quête du peu d'arbres disponibles, ce qui a provoqué des fermetures.
En Colombie-Britannique, au niveau provincial, il y a une foule de problèmes liés à la valeur marchande du bois sur pied — qui pourraient s'étendre au Québec, à l'Ontario et à différentes provinces au sujet du coût d'exploitation. En fonction de ce que le gouvernement fédéral peut contrôler, je pense que la stratégie à valeur ajoutée concernant le bois de grande hauteur, les codes du bâtiment, l'innovation continue — Je sais que M. Stéphane Renou de FPInnovations vous en parlera plus tard — ouvrent la voie à de grandes possibilités.
Les marchés publics sont un autre élément. Je sais que la et travaillent sur le dossier. M. Richard Cannings a présenté un projet de loi d'initiative parlementaire également, alors je pense que les marchés publics sont aussi une avenue à explorer.
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Je vous remercie de votre question.
Quand on prend un tel critère, il faut être en mesure de le calculer. On est en train de mettre au point un outil qui s'appelle un calculateur Gestimat. Celui-ci permet aux architectes et aux ingénieurs d'évaluer la quantité de gaz à effet de serre qu'on peut éviter d'émettre en utilisant le bois comme matériau de construction. Le calculateur a été approuvé par l'industrie et par le gouvernement. On est en train de faire les derniers ajustements, et cet outil sera disponible.
En ce qui concerne les critères d'évaluation, tout comme on peut choisir des critères d'efficacité énergétique quand vient le temps de choisir des appareils électriques, on peut choisir des critères relatifs à l'empreinte carbone pour ce qui est des matériaux de construction. Il est évident que cela aurait un effet stimulant sur l'économie forestière, mais également sur l'économie canadienne. De la forêt, il y en a dans beaucoup de communautés, et cela fait des économies circulaires locales.
En même temps, l'industrie a conçu du bois d'ingénierie qui répond au besoin d'avoir des produits prétrempés et montés en usine, ce qui facilite et accélère la construction. Ces choses sont maintenant disponibles. Plus il y en aura, plus le gouvernement fédéral les mettra dans sa vitrine technologique, et plus il sera facile de les vendre à l'international, parce que le gouvernement canadien aura fait la démonstration que ce sont des bâtiments solides, durables, bons pour la lutte contre les changements climatiques et disponibles au reste du monde.
Vous avez fait également état du conflit du bois d'œuvre avec les États-Unis. Vous avez donné quelques chiffres et parle de 1 milliard de dollars pour le Québec et de 4 milliards de dollars pour l'ensemble du Canada.
J'ai discuté avec les gens de Produits forestiers Résolu, entre autres, qui en sont à 200 millions de dollars actuellement. Ce qui semblait poser problème pour eux, c'était l'accès aux liquidités. Pour avoir accès aux programmes actuels du gouvernement fédéral, il faut presque être en faillite, techniquement, ce qui n'est pas le cas de l'ensemble de l'industrie forestière, bien entendu.
Selon vous, n'y aurait-il pas un travail à faire pour garantir un meilleur accès aux liquidités? En effet, lors du dernier conflit du bois d'œuvre, en 2006, l'industrie forestière a quand même dû laisser 1 milliard de dollars sur la table.
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Je vais commencer, et Mme Lindsay pourra compléter ma réponse si j'oublie quelque chose.
Je pense qu'il est encore un peu tôt pour le dire, car il y a encore beaucoup de détails à régler. Pour revenir à mon argument initial, nous avons d'abord cherché à éviter les chevauchements inutiles. Sachez que notre industrie est très à l'aise avec les lois et les règlements. Elle est extrêmement réglementée. Je pense que, surtout en période de ralentissement économique, où la tolérance et la patience sont de rigueur... c'est là qu'on commence à observer des chevauchements qui n'apportent aucun avantage pour la santé humaine ou l'environnement.
L'un des éléments sur lesquels nous travaillons actuellement dans le cadre de la norme sur les carburants propres concerne les zones tampons. Selon l'exigence actuelle, si votre biomasse doit être incluse, il y a une zone tampon — et je ne me souviens plus si c'est de 25 mètres — autour des étendues d'eau, comme le prévoit l'ébauche de la norme fédérale. Eh bien, chaque étendue d'eau est différente. Cela rejoint la question de la planification et des données scientifiques à l'échelle locale. Il est ridicule d'affirmer que la zone tampon pour chaque étendue d'eau au Canada doit être de 25 ou 30 mètres. Nous avons travaillé avec les représentants de la CCC, et ils se sont montrés ouverts à cette discussion, mais c'est le genre de choses...
La norme sur les carburants propres peut présenter beaucoup d'avantages sur le plan bioéconomique pour un certain nombre d'usines de pâte à papier dans le domaine des biocarburants, mais la réglementation doit être rédigée de telle sorte qu'elle n'empiète pas sur les exigences provinciales en vigueur.
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M. Nighbor a dit dans sa déclaration préliminaire que les usines de pâtes et papiers avaient réduit leurs émissions de gaz à effet de serre de 66 % depuis 1990, en grande partie, grâce à l'abandon graduel du charbon et des combustibles fossiles.
Les entreprises de pâtes et papiers ont pris l'initiative de procéder à l'écologisation de leurs activités et de construire ce que l'on appelle des systèmes de cogénération dans leurs installations, de sorte qu'elles utilisent les déchets de bois provenant du processus de sciage. Ces déchets de bois sont utilisés dans une grande chaudière industrielle pour produire de l'électricité qui fait fonctionner l'usine de pâtes et papiers.
Dans bien des cas, au Canada, les installations produisent maintenant de l'électricité verte excédentaire, qui est réinjectée dans le réseau électrique public. À l'heure actuelle, nous estimons que la quantité d'électricité verte permettrait d'alimenter la ville de Calgary, ce qui est non négligeable.
Je dirais que, dans certains cas, en raison de l'emplacement des installations, il y a peut-être moins d'options pour abandonner les combustibles fossiles, mais le secteur forestier a toujours l'intention de fournir des solutions à faible teneur en carbone et d'utiliser pleinement ce produit du bois pour éviter tout gaspillage.
Ensuite, le carbone est séquestré...
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En fait, c'est 0,2 % de 905 000 kilomètres carrés qui est récolté et la raison en est assez simple. Le tiers de la forêt est accessible à l'industrie pour des raisons de proximité et les deux tiers restants sont préservés pour des raisons environnementales, pour la protection des cours d'eau, comme l'a expliqué M. Nighbor, ou pour des questions de relations avec les Premières Nations. La forêt accessible à l'industrie représente le tiers de la superficie totale au Québec. Nous n'exploitons pas l'ensemble des possibilités forestières parce que des règles stipulent qu'un maximum de ressources peut être coupé ou récolté au cours d'une année et que nous ne pouvons pas le dépasser.
À certains endroits, des peuplements de forêts de feuillus sont mêlés à des résineux. Parfois, on ne fait pas de récolte parce que le secteur des pâtes et papiers se satisfait de copeaux et qu'il y a eu plusieurs fermetures.
Pour répondre à votre question, je dirai qu'il est essentiel, à mon avis, d'effectuer une nouvelle transition dans le secteur des pâtes et papier, des fibres, de la cellulose et de toute la nouvelle chimie verte, de façon à pouvoir maximiser la transformation de l'ensemble de la forêt qui est accessible annuellement et à faire la récolte de façon durable. Cela va contribuer à la création de produits pour lutter contre l'utilisation des plastiques à usage unique.
Il y a du travail à accomplir et je pense que, pour ce faire, des programmes devraient être développés.
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Je vous remercie, monsieur le président.
J'aimerais revenir au programme ITIF. Pour les trois prochaines années, on parle de 82,9 millions de dollars. Simplement à titre de comparaison, ce qui peut paraître mesquin, je souligne que, pour un seul projet, soit le Coastal GasLink, on a octroyé 500 millions de dollars. On a donc alloué 82 millions de dollars d'un côté et 500 millions de l'autre. Cela donne une idée assez claire de l'iniquité qui existe, selon moi, entre ces deux secteurs des ressources naturelles que sont l'énergie pétrolière et gazière, d'une part, et l'industrie forestière, d'une autre part.
Je ne vous demanderai pas de réagir à cela, monsieur Samray.
Tout à l'heure, un de mes collègues a parlé des normes sur les combustibles fossiles. On demande 5 % sur l'essence et 2 % sur le diesel et le mazout. Sachant que le Canada est probablement le pays qui dispose de la plus forte ressource en biomasse par personne, pensez-vous que ces taux de 2 % et de 5 % sur les combustibles propres sont suffisants? Ne devrait-on pas avoir des cibles beaucoup plus ambitieuses?
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Nous allons suspendre la séance pendant une minute, après quoi nous passerons au prochain groupe de témoins.
Le président: Reprenons tout de suite.
Je souhaite la bienvenue à nos nouveaux témoins.
Monsieur Nighbor et madame Lindsay, vous pourriez peut-être nous dire ce qu’il y a de nouveau depuis votre dernière comparution devant le Comité.
Nous accueillons M. Renou et Mme Mathie, de FPInnovations. Merci à tous les deux d’être des nôtres aujourd’hui. Nous recevons également M. Dallain, de SEREX.
Monsieur Nighbor et madame Lindsay, je suppose que vous ne ferez pas d’autre exposé. Cela dit, les représentants de FPInnovations et SEREX ont chacun jusqu’à 10 minutes pour faire leur déclaration préliminaire. Ensuite, nous passerons aux questions.
Commençons par M. Renou.
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Ça ne fait rien. Nous pouvons quand même commencer. Pour tout de suite, je vais parler.
[Français]
En passant, bonjour à tous.
S'il y a des questions en français, c'est avec plaisir que j'y répondrai.
[Traduction]
Je vais livrer mon exposé, et nous pourrons partir de là pour la suite.
Tout d’abord, qu’est-ce que FPInnovations? FPInnovations est un organisme privé à but non lucratif. Nous sommes un centre de recherche appliquée, alors nous ne faisons pas de recherche fondamentale. Nous nous focalisons sur la recherche qui est susceptible de faire bouger les choses concrètement dans les scieries.
Notre mission clé est d’aider l’industrie forestière à être plus concurrentielle, et de l’aider à se transformer, à évoluer. C’est un apport vital dans le contexte actuel. La pandémie, la dynamique imposée par la COVID, a un peu ébranlé les marchés et l'industrie proprement dite. Nous devons donc maintenant mettre l'accent sur la relance et la réorientation rapide de l'industrie afin de permettre à cette dernière de prendre sa place dans la bioéconomie.
Qu’est-ce que cela signifie? Qu’est-ce que la bioéconomie? Pour le dire simplement, cela signifie qu'il faut créer une économie fondée sur la biologie. Pour nous, dans l’industrie forestière, cela signifie que nous devons trouver une façon d'utiliser les arbres et la forêt pour créer une économie plus active.
Comment devons-nous utiliser une forêt durable? Nous récoltons les arbres et nous les utilisons pour construire davantage avec le bois. Nous utilisons la fibre de la forêt et la mettons dans une multitude de produits. Nous pouvons donc créer des produits qui aident à capturer le carbone. Nous pouvons créer de nouveaux produits qui réduisent réellement la charge de carbone dans l’ensemble de l’économie et nous pouvons créer des produits qui sont biodégradables ou qui peuvent être recyclés plus facilement.
Tout cela est un concept formidable, mais lorsque l'on regarde les choses de plus près, que signifie le fait d'avoir une bioéconomie? En fin de compte, d’un point de vue pratique, cela signifie qu’éventuellement, vous devriez voir plus de choses construites en bois autour de vous. Vous devriez également voir — si vous êtes à Prince George, à Saguenay, à La Tuque ou à Thunder Bay — des bioraffineries, des usines de bioproduits qui transforment les copeaux de bois, les résidus du bois, en bioproduits, ces produits chimiques de pointe qui serviront à créer le nouveau bioplastique. C'est une façon concrète d'expliquer en quoi consiste la réussite dans une bioéconomie. Ce n’est pas seulement un concept, c’est aussi la création de ces usines.
Le Canada est arrivé à un seuil critique. Certains autres pays ont progressé plus rapidement que nous. En Europe, vous pouvez maintenant voir des bioraffineries — des usines complètes — en cours de construction dans les pays nordiques. Des annonces en ce sens ont aussi été faites récemment en Allemagne, et même au Brésil.
Le Canada doit peser sur l'accélérateur. Nous devons presser le pas. Nous devons créer le contexte qui nous permettra d'opérer à grande échelle. L’échelle est importante. C’est ce que nous devons faire.
Mais en quoi la bioéconomie est-elle si géniale? Qu’y a-t-il de formidable dans l’industrie forestière? Une chose fondamentale que nous ne devons jamais perdre de vue, c'est que lorsque nous soutenons la croissance de l’industrie forestière, cette dernière fait trois choses pour nous. Bien sûr, elle crée plus d’activité économique dans les régions; elle crée plus d'activité économique en elle-même et elle contribue également à la lutte contre les changements climatiques. C’est en fait l’un des rares secteurs qui soutiennent trois choses en même temps: l’économie, la croissance régionale et l’économie du carbone. Le secteur forestier fait les trois en même temps. Par conséquent, chaque fois que nous nous développons, c'est à ces trois choses que nous contribuons.
Dans le cadre des consultations prébudgétaires fédérales, nous avons formulé deux recommandations. Nous avons essayé de les rendre aussi claires et précises que possible. Ce sont les pièces qui nous manquent pour accélérer le développement de la bioéconomie et son passage à l'échelon supérieur.
La première recommandation est d'accorder un financement de l’ordre de 10 millions de dollars par an pendant cinq ans pour démontrer et accélérer le développement d'innovations stratégiques et diminuer les risques associés à ce développement. Si vous deviez construire une grande bioraffinerie demain matin, il ne vous faudrait pas 10 millions de dollars, mais plutôt un montant qui pourrait atteindre le demi-milliard de dollars. Nous devons donc aider l’industrie à écarter ce risque le plus rapidement possible afin de faciliter son processus décisionnel.
Nous devons également bien comprendre où nous souhaitons aller. La bioéconomie a besoin des multiples produits qui sortent des arbres en de multiples éléments que nous pouvons façonner. Nous devons accéder à de multiples chaînes d’approvisionnement. Du même bois, je pourrais générer des produits qui vont dans l’asphalte, des produits qui vont dans le plastique et des produits qui entrent dans la fabrication de produits d'isolation utilisés en construction. Ce sont toutes des molécules différentes qui entrent dans des marchés différents qui doivent s’ouvrir en même temps. Il est donc important de réduire les risques. C’est la première recommandation.
Comme deuxième recommandation, nous demandons que soit instaurée une politique d'achat public. Nous pouvons tabler sur ces marchés, nous pouvons les aider à démarrer et les mettre en marche, et cela commence par une politique d'achat public.
Choisir les bons marchés à percer, créer la politique publique et atténuer les risques pour les dépenses en immobilisations de l’industrie avec la bonne activité technique. C’est ce que nous devons accélérer. Est-ce possible? Est-ce concret? Les termes qui j'utilise sont-ils trop généraux? Je vais vous donner un exemple que nous avons vécu cet été lorsque nous avons lancé un projet de création de masques pour répondre à la pandémie. Nous avons relevé le défi avec l’aide de Ressources naturelles Canada, nous avons relevé le défi de créer le plus tôt possible un masque biodégradable aux fins de production à grande échelle.
Pour relever le défi, nous avons démontré en trois mois que cela pouvait être industrialisé et mis sur une machine à tissus en quelques semaines, à partir du travail que nous avons fait. Pourquoi ou comment allions-nous faire cela? Nous pouvions le faire parce que nous avions la possibilité de passer rapidement à l’échelle supérieure. Je pouvais passer de mon laboratoire de chimie, et l’après-midi, j’étais sur la machine pilote et je la faisais fonctionner. Si cela fonctionnait sur la machine pilote, je pouvais dès lors aller dans une usine et, au bout d'une semaine, produire des millions de dispositifs de filtration par jour. C’est ce que nous devons faire. Nous devons miser davantage sur les activités de recherche et le développement axées sur la production industrielle afin d'accélérer la mise au point de produits.
Si nous faisons cela, nous pourrons rêver à la bioéconomie. Nous pourrons rêver à la création de ces usines à Prince George, à Quesnel, à Thunder Bay et à La Tuque. Nous pourrons penser à l’avenir d’une industrie qui ne sera pas soumise au stress d’une économie qui se transforme rapidement.
Monsieur le président, voilà qui met fin à mon exposé.
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Chez SEREX, nous faisons de la recherche appliquée au niveau collégial. Nous faisons partie d'un réseau de 59 centres collégiaux de transfert technologique affiliés aux différents collèges et cégeps du Québec. Nous sommes affiliés au Cégep de Rimouski. Nos laboratoires sont situés à Amqui, dans la vallée de la Matapédia, qui est une région très forestière. Comme tous les centres collégiaux de transfert technologique, nous offrons des services de recherche appliquée, d'aide technique et de formation. Nos spécialités sont la transformation du bois et la construction durable. Nous avons aussi des expertises additionnelles en chimie et en biomasse-énergie. Nous sommes un petit centre comparativement à FPInnovations. Nous avons 18 employés à temps plein, des chercheurs en science du bois — des ingénieurs, des chimistes, des techniciens. Nous avons aussi, dans notre équipe, des enseignants de cégep de différentes disciplines, en architecture et en génie par exemple, qui contribuent à nos projets de recherche. Nous embauchons également des étudiants. Au cours de la dernière année, 11 stagiaires de niveaux collégial et universitaire ont travaillé avec nous.
Au cours de la dernière année, notre chiffre d'affaires s'est élevé à un peu plus de 2 millions de dollars. Cela nous a permis de réaliser, pour le compte de 67 clients, plus de 80 projets de recherche appliquée, d'aide technique et de formation. Nous travaillons beaucoup avec les PME d'un peu partout au Québec.
J'ai mentionné que nous faisions partie du réseau Synchronex. Depuis 2019, nous sommes reconnus comme centre d'accès à la technologie grâce au Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, le CRSNG. Nous faisons donc partie du réseau Tech-Accès Canada, qui regroupe 60 centres d'accès à la technologie de niveau collégial partout au Canada.
Nos deux associations, Synchronex et Tech-Accès Canada, se sont associées à Polytechnics Canada et Collèges et Instituts Canada, principaux acteurs de la recherche collégiale au Canada. Dernièrement, ceux-ci ont proposé au gouvernement une stratégie visant à investir dans la force de la recherche appliquée des collèges et instituts de toutes les régions du Canada, et ce, pour soutenir la recherche et le développement socio-économiques du Canada. Je n'entrerai pas dans les détails de cette demande, mais il s'agit d'un montant de 165 millions de dollars répartis en deux volets entre tous les différents collèges.
Nous faisons aussi partie d'un regroupement de huit centres au sein de Synchronex. Ces centres offrent des services dans plusieurs domaines en matière de ressources forestières, de la forêt jusqu'aux meubles, en passant par les pâtes et papiers, le sciage et les panneaux. D'autres centres de recherche travaillent aussi dans le domaine de la recherche forestière, avec lesquels nous collaborons de façon régulière. Dans ce regroupement de ressources forestières, nous disposons de 250 experts, dont 50 enseignants. Annuellement, avec des investissements privés et publics de 18 millions de dollars, nous travaillons avec plus de 400 clients à la réalisation de projets d'innovation. Nous participons également à la formation d'une soixantaine d'étudiants de niveau collégial. L'an dernier, nous avons offert plus de 11 000 heures de stage. Ce sont des heures de participation des étudiants dans des projets.
Je vais rapidement proposer quelques mesures pour soutenir le rôle du secteur forestier dans la lutte contre les changements climatiques. J'ai entendu, dans l'autre partie de la séance, que l'on avait parlé d'intensification de l'aménagement forestier, du reboisement, et le reste, pour stocker plus de carbone dans la forêt, ce qui serait une bonne chose. J'ai aussi entendu qu'on parlait de la transition des usines de pâtes et papier vers la production de bioproduits en remplacement des plastiques.
En s'appuyant sur l'expertise du SEREX dans le domaine de la construction, par exemple, il faut encourager la construction biosourcée, la construction faible en carbone, sur le plan non seulement de la structure, mais aussi des isolants et d'autres bioproduits que l'on peut incorporer dans la construction.
Il faut aussi travailler au développement de la valeur ajoutée dans le domaine du sciage, pour éviter de produire seulement des articles de première consommation et d'avoir toujours des problèmes de tarifs imposés par les Américains. Il faut maximiser l'utilisation de la biomasse forestière comme source de bioproduits et d'énergies renouvelables.
Je serai heureux de fournir plus de détails lors de votre période de questions.
Je vous remercie de votre attention.
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Si vous me le permettez, monsieur le président, j’aimerais ajouter un petit quelque chose.
C’est un problème que nous avons en commun avec d'autres, mais c'est aussi une opportunité partagée. Je suis d’accord pour dire que ce l’est pour l’industrie minière et pour tout ce qui se passe dans le Nord, là où la large bande est un peu plus rare que dans le Sud.
Il s’agit aussi de mettre au point d'autres solutions en matière de communication. Nous travaillons donc sur d’autres solutions qui pourraient recourir à la large bande ou à quelque chose de différent. Nous avons besoin de transférer des données. Nous devons être en mesure de transférer suffisamment de données pour optimiser les opérations et automatiser la machinerie. Nous pouvons rêver d’un jour où tout sera automatisé dans le Nord, dans une certaine partie d’un chantier minier ou forestier, mais l’accès de base aux données nécessaires pour optimiser les opérations est quelque chose dont nous avons besoin maintenant.
Nous devons nous efforcer d’améliorer l'accès à la bande passante et d’accéder à la large bande, mais pour que cela se fasse, il faudra obtenir la collaboration de tous ces secteurs. C'est probablement ça la clé.
Nous sommes constamment sur les routes. Nous construisons des routes avec le secteur minier. Nous construisons des routes avec l’armée pour faciliter l'accès au Nord. Il est extrêmement important de maintenir cette collaboration.
Je ne sais pas si cela couvre ce que vous vouliez que je couvre.
Aujourd’hui, jour des élections aux États-Unis, alors que nous parlons de polarisation et d’émotions, je n’ai pas besoin d'entretenir un groupe de députés à propos des fausses nouvelles et de la frustration que suscitent les messages déformés. Je ne suis pas ici pour me plaindre de cela, mais lorsque vous avez une histoire aussi forte à raconter, il est frustrant de voir qu'il y a des groupes — dont beaucoup sont à l’étranger — qui essaient d’influencer les décisions prises au Canada en matière de territoire et les décisions de portée locale des collectivités.
L'exemple que je voudrais signaler est celui du Natural Resource Defense Council. Il s'agit d'un organisme qui a été créé aux États-Unis et qui travaille avec certains porte-parole canadiens pour essayer de faire pression sur des sociétés comme Procter & Gamble et d’autres afin qu’elles cessent de s’approvisionner au Canada. Ces organismes diffusent des informations erronées.
Une fois de plus, je reviens à nos terres publiques, au travail que nous faisons avec les gouvernements provinciaux et fédéraux, et aux données sur le carbone dont dispose le Service canadien des forêts. Je reviens sur la robustesse de nos forêts telle qu'elle est documentée dans les rapports que RNCan publie chaque année sur l’état des forêts canadiennes. À ma connaissance, nous sommes le seul pays au monde qui publie un rapport officiel, complet et détaillé sur l’état de ses forêts. Nous avons un Conseil canadien des ministres des forêts qui est actif aux échelons provincial et territorial, et qui dispose de beaucoup de renseignements. Nous allons nous défendre et défendre nos travailleurs, mais étant donné la proportion importante de terres publiques qui entrent dans l'équation, nous pensons que les gouvernements fédéral et provinciaux pourraient faire plus pour contrer certaines de ces inepties et rétablir les faits.
Si l’on regarde les progrès réalisés jusqu’à maintenant, nous avons élaboré une recette pour fabriquer la couche filtrante. Comme tous les autres instituts de recherche au pays, nous avons toutefois du mal avec les mises à l’essai et l’homologation, car elles varient beaucoup, ce qui entraîne bien des débats. Mais, pas de souci. Les scientifiques ne s’entendent pas sur ce qui convient le mieux? Nous avons tout de même des options pour le matériau filtrant. Nous travaillons actuellement sur les autres épaisseurs. Nous avons cinq options en train, et je m’attends à obtenir au cours des prochaines semaines, soit d’ici Noël, des résultats qui me permettront d’affirmer que je peux fabriquer un masque à trois épaisseurs entièrement biodégradable à partir d’un appareil à papiers-mouchoirs ou à papier. C’est ce qui compte.
Nous voilà maintenant plus avisés. Un appareil à papiers-mouchoirs peut produire de 1 à 10 millions de masques par jour. Mais, pour ce faire, nous devons remplacer la production actuelle de cet appareil à papiers-mouchoirs. Il doit donc y avoir un incitatif pour les entreprises. Il faut que tous les membres de la chaîne d’approvisionnement collaborent. Il faut réunir toute l’équipe dans un marché très concurrentiel, surtout dans le domaine des papiers-mouchoirs. S’il y a un créneau dans le secteur des pâtes et papiers où toutes les entreprises se font concurrence, c’est celui des papiers-mouchoirs, dont beaucoup d’entre elles dépendent. Nous devons les amener à répondre à un besoin en approvisionnement. La solution sera là si nous en avons besoin. Alors, ce qu’il faut, c’est être prêt à faire de tout cela une réalité dans toute la chaîne d’approvisionnement, à Santé Canada, dans les organisations fournissant des solutions techniques et dans les papeteries. Il faut bien placer toutes les pièces sur l’échiquier canadien et insister vivement sur le fait que le besoin est immédiat.
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La mesure la plus importante à prendre, tel que nous l'avons proposé aujourd'hui à l'occasion de consultations budgétaires, est d'aider l'industrie en finançant des activités qui lui permettront de faire une mise à l'échelle.
Se pose alors la question de savoir comment réduire le risque lié aux investissements de capitaux. Comme je l'ai dit tout à l'heure, je pourrais faire une expérience en laboratoire à petite échelle dans une éprouvette et cela fonctionnera toujours, mais le défi est de le faire à grande échelle. Quels sont les grands risques d'une mise à l'échelle? Il faut que je le fasse pour le savoir.
De plus, avant de commencer une chaîne de leur côté pour voir si cela fonctionne, les grandes compagnies de produits chimiques de ce monde, par exemple BASF, Michelin, Dow ou DuPont, ne me demanderont pas deux grammes d'une substance pour l'analyser, mais des tonnes. C'est d'ailleurs ce qu'on a fait à Thunder Bay, quand on a créé le procédé TMP-bio, qui permet de créer une tonne de lignine, de sucre et de flux de sucre à différentes compositions.
Cela nous permet de traiter avec les grandes compagnies de ce monde et de commencer un dialogue technique avec elles. On leur démontre ce qu'on peut faire avec la fibre et quelle quantité est nécessaire pour avoir une interaction technique au niveau manufacturier. On doit investir dans la mise à l'échelle pour pouvoir traiter avec les acteurs principaux du secteur.
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Tout à fait. L’exemple de la Colombie-Britannique est complexe vu l’accès à la fibre et toutes les catastrophes naturelles qui ont influé sur la quantité de fibre disponible.
Il est intéressant de voir ce qui se passe actuellement en Colombie-Britannique et les efforts déployés par Canfor, qui s’est timidement lancée dans les biocarburants avec des partenaires et qui fait des progrès. Il est possible d’ajouter une unité de bioproduits à toute papeterie ou scierie. Du point de vue des pâtes et papiers, l’avantage réside dans la possibilité d’utiliser beaucoup d’installations, par exemple celles pour la gestion des effluents dans les usines chimiques en général, et surtout dans une usine de pâte kraft. Une grande partie de l’exploitation de l’unité peut être faite à l’aide de l’équipement actuel. L’investissement doit en valoir la peine en gardant l’usine moderne sur tous les plans, mais vous pouvez aussi faire des ajouts, puisqu’il y a de la valeur.
Du point de vue des scieries, quand on pense aux différents résidus, on peut également ajouter des procédés à la scierie pour créer un certain type de bioproduit. C’est exactement ce à quoi nous devons réfléchir: l’intégration d’une étape supplémentaire dans ces scieries. Cela dit, il faut réduire les risques connexes pour y parvenir. Nous devons aider les industries des pâtes et papiers et du bois d’œuvre à adopter la nouvelle vague de bioréacteurs, d’enzymes et de bactéries nécessaires à la conception de ces bioproduits, car c’est une voie assez nouvelle pour toutes les industries. Cela fait partie de la difficulté.
En matière de création d’emplois, oui, le potentiel est là. Cette voie crée de nouveaux types d’emplois. En fait, c’est intéressant. Après avoir discuté avec des Albertains, il y a quelque temps, je pensais à leur province. Il y a dans l’industrie pétrochimique tellement de travailleurs compétents que je souhaite recruter dès maintenant pour qu’ils m’aident dans le secteur biochimique. Tous ces ingénieurs des procédés de fabrication, toutes ces personnes qui ont l’habitude de concevoir de grandes usines et exploitations, des produits chimiques et des réacteurs, peuvent aussi œuvrer au sein de la bioéconomie. Ce qu’il faut, c’est procéder à cette transformation. Ce qu’il faut, c’est franchir le pas. J’espère avoir répondu à votre question.
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Tout à fait. Nous participons à tous les projets possibles de production de gaz naturel renouvelable. Nous avons une équipe en Colombie-Britannique, plus particulièrement à Vancouver, qui travaille là-dessus. Nous avons aussi une équipe dans l’Est du pays, à La Tuque, qui s’intéresse davantage aux carburants liquides. Il y a beaucoup à faire dans ce secteur.
Pour revenir à votre première question, je constate maintenant que je n’ai pas répondu à la question sur le volume, sur la quantité de fibre. Si nous développons des bioproduits qui ont une valeur plus élevée, alors le rapport entre la quantité de fibre et la valeur et les emplois va changer. C’est la clé. Si j’obtiens la fibre à 900 $ la tonne aujourd’hui et que je fabrique un produit à valeur ajoutée à un prix plus élevé, alors je crée de la valeur. Et, en principe, comme il est plus complexe à produire, je crée également plus d’emplois. Donc, il y a là une voie à suivre à laquelle nous devons réfléchir.
Il y a des choses que l’industrie forestière ne fera pas. L’industrie forestière ne peut pas remplacer tout le carburant aviation. Le volume est trop grand. L’industrie forestière ne peut pas non plus se charger de tous les bioproduits à l’autre bout du spectre, ceux des petits créneaux spécialisés, puisque leur volume n’est pas suffisant pour justifier les dépenses en capital fixe nécessaires. L’idée est de trouver les applications qui correspondent bien aux volumes de fibre que nous avons et à la valeur. Dans ce cas, je pense davantage aux promoteurs de bioplastiques et de bioplastiques de plus grande valeur, quand on parle de PHB et de PHV, soit une gamme de plastiques dont les coûts sont beaucoup plus élevés que ceux du polypropylène ou du plastique courant. Ils ont une valeur ajoutée.
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Bien sûr. Donc, en nous basant sur ces chiffres, nous nous attendons à ce que 34 années soient nécessaires juste pour planter ces deux milliards d'arbres et, pour le moment, le gouvernement actuel n'a élaboré aucun plan pour amorcer ce travail. Je vais me contenter de faire la déclaration suivante, puis je vous poserai une autre question, monsieur Nighbor.
Je pense que cela fait ressortir le fait — et nous l'avons constaté dans le cadre de l'accord sur le bois d'œuvre — qu'il n'y a pas de plan visant à s'attaquer vraiment à ce problème. Il n'y a pas de plan visant à planter ces deux milliards d'arbres. Il n'y a pas de plan visant à aider notre industrie forestière. Il n'y a pas de plan visant à aider nos usines. Il n'y a pas de plan visant à aider nos bûcherons, et il n'y a pas de plan visant à aider nos travailleurs forestiers. Je pense que c'est une triste réalité, et j'espère que les choses changeront.
Je vais simplement passer à la question suivante qui, encore une fois, vous est destinée, monsieur Nighbor. Je déteste vous harceler sans arrêt, mais vous êtes le type à qui nous avons déjà posé de nombreuses questions. Je suppose que vous possédez de grandes connaissances à propos de ce genre de choses.
Vous avez parlé du puits forestier, et vous avez mentionné 14 mégatonnes. Je voudrais que vous nous en disiez un peu plus à ce sujet, car je pense que ce qu'on omet de souligner fréquemment et ce à quoi nous faisions allusion un peu plus tôt, c'est l'excellent travail en matière de séquestration du carbone que l'industrie forestière réalise déjà en faisant simplement pousser des arbres et en utilisant la biomasse pour chauffer les usines et produire de l'énergie. Pouvez-vous nous expliquer en quoi consistent ces 14 mégatonnes?
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Je vous remercie, monsieur Zimmer, de votre question.
Cette information est présentée dans le rapport intitulé L'état des forêts au Canada qui est publié par RNCan. Le Service canadien des forêts compte toute une équipe de modélisateurs du carbone. L'information est conforme aux avis scientifiques internationaux selon lesquels nous avons vraiment besoin de forêts aménagées pour séquestrer la plus grande quantité possible de carbone à l'avenir.
La zone qui est aménagée séquestre plus de carbone que la forêt non aménagée. Ces 14 mégatonnes sont donc tirées du Modèle du bilan du carbone, et ce chiffre est fondé sur la zone à l'échelle nationale où nous avons mis en place une surveillance et sur toute une série d'avis concernant la croissance, le rendement, les espèces et la quantité de carbone qu'elles sont capables de séquestrer.
Ensuite, je pense que nous allons évoluer, ce qui est fantastique, vers la séquestration du carbone dans les produits ligneux récoltés et, en particulier, dans ces produits durables comme le bois massif dont nous venons de parler. Cette séquestration du carbone est également incluse dans ce chiffre. Il s'agit en fait de maximiser ce potentiel de séquestration du carbone en ayant recours à l'avenir à l'aménagement forestier.
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Monsieur Zimmer, avec votre permission, pourrais-je ajouter rapidement quelque chose?
M. Bob Zimmer: Bien sûr.
M. Derek Nighbor: Pendant que le gouvernement entreprend son programme de conservation — et la conservation est très importante —, nous nous trouvons souvent au beau milieu d'un débat. Au Canada, l'aménagement actif des forêts ou l'aménagement forestier durable est une question de conservation. Environ la moitié de nos forêts aménagées font l'objet d'une mesure de conservation quelconque.
Pendant que le gouvernement poursuit cet ambitieux programme de conservation, il ne fait aucun doute que certains groupes souhaitent utiliser ce programme comme une occasion ou une excuse pour bloquer les terres, pour faire disparaître l'industrie, qu'il s'agisse de l'exploitation minière, pétrolière, gazière ou forestière, du paysage. Notre réponse à cela est que nos travailleurs forestiers sont la première ligne de détection des infestations de parasites. Nous sommes la première ligne de défense lorsque des incendies de forêt éclatent. Ce sont nos travailleurs qui creusent des tranchées ou des coupe-feux et qui travaillent avec les forces de l'ordre locales.
Je mets au défi certaines personnes qui veulent nous chasser des terres, car si vous nous imaginez hors de ces terres... cette solution de rechange aux émissions de carbone et à la lutte contre les risques d'incendie et d'infestation parasitaire dans un climat en évolution est très réelle. En Australie...
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Merci, monsieur le président.
Je voudrais poser une question aux trois témoins. Je vous suis vraiment reconnaissant du temps que vous avez tous passé à détailler certaines des demandes respectives que vous avez présentées dans le cadre des consultations prébudgétaires, en particulier en ce qui concerne la façon dont l'affectation de ressources financières pourrait stimuler l'innovation, qu'il s'agisse de projets prêts à démarrer, de projets de recherche ou de projets de démonstration.
J'espérais adopter une approche un peu différente en posant ma première question, et j'espérais mentionner simplement que des politiques, comme la Norme sur les carburants propres, qui exigent que les raffineries réduisent l'intensité de leurs émissions, créent en même temps des possibilités et des produits énergétiques plus durables. Notre plan visant à interdire les plastiques à usage unique crée des possibilités de développement de solutions de rechange biodégradables, recyclables ou réutilisables.
Dans cette optique, j'espérais que vous pourriez nous parler un peu du rôle que, selon vous, la réglementation pourrait jouer dans la promotion de l'innovation dans le secteur forestier et dans la bioéconomie. C'est une question que j'adresse à chacun des trois témoins.
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Il faut donc être plus proactif. Il faut deux choses pour encourager les biocarburants: il faut que le gouvernement fixe des seuils minimaux, qu'on doit activement tenter d'atteindre, et il faut soutenir le marché.
Par exemple, sur la Côte-Nord, au Québec, une entreprise produit de l'huile pyrolytique. Il s'agit de Bioénergie Æ Côte-Nord Canada, qui est liée à Produits Forestiers Arbec. Son usine a été construite avec une très bonne aide du gouvernement fédéral dans le cadre du programme Investissements dans la transformation de l’industrie forestière, ou ITIF. En ce moment, elle ne peut pas vendre ses produits aux États-Unis, parce que la situation politique ne le permet pas. Or il n'y a pas de marché au Canada pour ces huiles, même si c'est du carburant renouvelable.
Aux États-Unis, il y a un programme permettant aux consommateurs d'acheter des carburants renouvelables au même prix que les carburants du marché, et la différence est payée par des compagnies pétrolières. Quand le prix du pétrole baisse, la subvention augmente. Cela s'appelle le Renewable Fuel Standard Program, ou RFS. C'est ce genre de programme qu'il faut avoir ici. On ne peut pas utiliser l'excuse que le prix du pétrole est bas et que les carburants renouvelables ne sont pas sur le marché. On ne peut pas attendre que le prix augmente. Il faut fixer un prix en conséquence pour encourager les manufacturiers.