Nous avons un quorum réduit. Tout le monde sait à quelle heure débute la réunion, et il est important que nous suivions notre horaire.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement, le comité entreprend son étude sur la mise en application des plans de gestion intégrée pour la région du Pacifique et la pêche au saumon du fleuve Fraser.
Il nous faut couvrir une ou deux questions internes avant d'entendre notre témoin principal.
J'aimerais commencer par souhaiter la bienvenue à la nouvelle greffière du Comité des pêches, Miriam Burke. Bienvenue. Lorsque les autres membres du comité se seront joints à nous, je vous présenterai à nouveau.
Je demanderais aux députés de bien vouloir couper leurs BlackBerry. Ils causent des problèmes pour l'interprétation. Il est très difficile pour les interprètes de bien entendre lorsque sonnent ou sont utilisés des BlackBerry, alors je demanderais à tout le monde, que vous soyez assis à la table ou simplement dans la salle, de bien vouloir fermer votre BlackBerry. Nous vous en serions reconnaissants.
Monsieur Sprout, êtes-vous prêt?
Je vous suis reconnaissant de l'occasion qui m'est ici donnée de comparaître devant le comité permanent. Je vais aujourd'hui vous faire deux exposés.
Je vais commencer par le projet pilote de pêche commerciale intégrée des poissons démersaux du Pacifique. Vous devriez avoir devant vous un petit dossier de présentation, que je vais parcourir avec vous. Je vais commencer par l'objet visé.
J'aimerais faire trois choses ce matin. Je souhaite vous fournir des renseignements de base au sujet du projet pilote de pêche commerciale intégrée des poissons démersaux. Je compte, plus précisément, vous expliquer pourquoi et comment le projet pilote a vu le jour et ses éléments clés. Le projet pilote est en cours, et je vais donc vous fournir aujourd'hui une mise à jour sur ce que nous avons constaté jusqu'ici. Je vais ensuite vous entretenir très brièvement des étapes à venir, soit ce que nous comptons faire en vue d'en évaluer les résultats.
Je passe maintenant à la première transparence, intitulée « Contexte: état et histoire des pêches avant le projet pilote ». Une chose que je vais répéter plusieurs fois dans le courant de mon exposé est que la gestion des poissons démersaux du Pacifique est complexe. Le dossier de présentation est une distillation d'une pêche fort complexe.
L'on dénombre, dans la pêche des poissons de fond de la Colombie-Britannique, six grandes catégories. Il y a la pêche au chalut des poissons démersaux, une pêche du flétan, ainsi que des pêches de la morue charbonnière, de la sébaste, de la morue lingue et des chiens de mer. Chacune de ces pêches est distincte, et chacune correspond à des types de permis différents. Plus de 50 espèces sont à l'heure actuelle pêchées dans le cadre de ces six catégories que je viens de mentionner. Ces pêches utilisent différents types d'engins.
Il existe par ailleurs des stratégies de gestion multiples. Par exemple, le quota individuel est une stratégie de gestion. Dans ce scénario, un bateau a un quota pour pêcher une allocation donnée de poissons. Nous avons également des limites de prises mensuelles. Les navires ont une limite mensuelle de prises de poissons, qu'ils doivent respecter. Nous avons également des limites par sortie. En d'autres termes, chaque fois qu'un navire quitte le port, il a droit à une prise donnée. Il ne peut pas la dépasser. Nous avons également des variantes de ce que je viens de décrire.
La principale préoccupation en ce qui concerne la pêche des poissons démersaux en Colombie-Britannique est celle des prises accessoires. Il s'agit de pêches qui visent certaines espèces et qui en prennent d'autres de façon accessoire. Ces prises sont non intentionnelles, mais ces poissons sont néanmoins pris. Il fallait auparavant rejeter ces poissons, dont une très forte proportion mourait. Ces poissons meurent, ou lorsqu'ils sont pêchés ou après avoir été relâchés. D'autre part, ces prises n'étaient pas bien documentées. Nous n'avions pas une très bonne idée du nombre de poissons qui étaient pris de façon accessoire, comparativement aux espèces visées, pour lesquelles nous en avons une assez bonne idée.
Le problème se manifeste dans le contexte de la conservation. Nous enregistrons d'importantes prises accessoires, d'espèces diverses, qui ne sont pas bien documentées. Les poissons sont rejetés et un fort pourcentage d'entre eux meurent. Selon les preuves dont nous disposions, si nous ne prenions pas de mesures de contrôle en la matière, nombre de ces espèces allaient être compromises. En fait, le COSEPAC envisage d'inscrire à long terme 21 espèces en vue de leur protection. Une fois ces espèces inscrites, elles requièrent des contraintes rigoureuses en matière de gestion. Dans le cadre de notre examen, nous avons été très préoccupés par la conservation de la pêche des poissons démersaux en Colombie-Britannique dans le contexte du problème des prises accessoires.
Le dernier point que j'aimerais souligner est que, historiquement, chacune des pêches dont j'ai parlé a été développée indépendamment des autres. Il y avait des raisons à cela. Nous avions une pêche du flétan. Il y a eu des difficultés du côté du flétan. Nous avons élaboré un programme de rétablissement du flétan. Il en a été de même pour la pêche au chalut des poissons démersaux, pour la morue lingue et pour toutes les autres pêches. Aujourd'hui, ce n'est plus un concept durable. Dans bien des cas, en fait dans la plupart des cas, la pêche de la morue lingue prend des poissons qui sont pris dans la pêche du flétan. La pêche du flétan prend des poissons qui sont pris dans la pêche de la morue lingue. La pêche au chalut des poissons de fond prend des poissons qui sont pris dans la pêche du flétan, et ainsi de suite. Il nous faut avoir une approche plus intégrée. Il nous faut nous attaquer aux problèmes de conservation relatifs à la sébaste et à d'autres prises accessoires.
Ceci nous a amené à une conclusion: ou réformer la pêche ou la fermer tôt. En d'autres termes, dès la limite des prises accessoires atteinte, selon nos meilleures estimations, alors nous fermons la pêche. Nous savons que si nous agissons ainsi, cela reviendra à fermer tôt nos pêches et à nous priver d'espèces-cibles. Ce sont là les deux possibilités qui existent: ou nous réformons la pêche et déterminons une nouvelle façon de faire affaire en tenant compte des considérations de conservation, ou alors nous poursuivons avec le statu quo et fermons les pêche tôt et nous privons d'espèces-cibles pour conserver les espèces des prises accessoires.
J'en suis maintenant à la deuxième transparence, intitulée « Contexte: définir les bases du changement ». En 2003, le ministère des Pêches et des Océans a esquissé une série de principes face aux préoccupations que je viens de vous exposer. Nous avons dit qu'il importait d'enregistrer tous les sébastes ou autres prises accessoires, qu'il nous fallait de nouvelles exigences en matière de surveillance afin d'être certains de documenter toutes les pêches, et qu'il importait que les quotas spécifiques soient respectés pour les espèces préoccupantes.
C'est ainsi que nous avons, en 2003, élaboré une série de lignes directrices et de principes. Nous nous sommes alors tournés vers l'industrie elle-même et d'autres participants. Nous avons dit qu'il nous fallait fonctionner à l'intérieur de ces lignes directrices, mais que nous cherchions des conseils quant aux mesures à prendre pour appliquer ces lignes directrices d'une façon qui soit appropriée et pour eux et pour nous. C'est à partir de là qu'il a été décidé de créer un comité consultatif sur l'intégration des pêches commerciales des poissons démersaux. Il s'agit d'un comité qui est composé de représentants de l'industrie commerciale — et je vais revenir là-dessus dans un instant —, d'ONG, des communautés, de la province, des Premières nations et des pêcheurs récréatifs. Ce comité s'est pendant plus de deux ans penché sur la réforme potentielle de la pêche commerciale des poissons de fond. A également vu le jour un sous-comité appelé sous-comité du caucus industriel, ou SCI. Celui-ci était formé de représentants de l'industrie pour les catégories que j'ai mentionnées tout à l'heure, soit morues lingues, sébastes, flétans, pêche au chalut des poissons démersaux, et ainsi de suite. Les membres des différentes organisations choisissent qui les représentera au sein de ce comité.
Ces deux groupes ont tenu des discussions sur une période de deux ans. En bout de ligne, le sous-comité du caucus industriel a proposé une approche que l'on a fini par appeler le projet pilote de pêche commerciale intégrée des poissons démersaux. Ce projet a été débattu au sein du groupe intégré et a ensuite été porté à l'attention du ministre.
J'en arrive maintenant à la transparence intitulée « La proposition ». La proposition d'intégration est détaillée et inclut plusieurs éléments. Elle est également complexe — et c'est la deuxième fois que j'emploie ce terme. En voici les éléments saillants.
Premièrement, elle établit des quotas individuels pour toutes les pêches commerciales de poissons démersaux. Auparavant, nous avions des quotas pour la pêche au chalut et la pêche au flétan, mais non pas pour la morue lingue, ni pour le sébaste ni pour le chien de mer. Toutes les pêches de poissons de fond de la Colombie-Britannique ont des quotas. L'industrie elle-même est passée par tout un processus pour déterminer ces quotas. Cela n'est pas décrit ici; il y a une analyse et des renseignements distincts se rapportant à cela. Leur conviction était cependant qu'il leur fallait adopter une pêche à quotas, que celle-ci devait s'appliquer à toutes les pêches et qu'eux-mêmes devraient respecter ces quotas.
Le deuxième élément est la réallocation des quotas. Nous avons décidé d'autoriser les réallocations de quotas entre toutes les pêches de poissons démersaux. C'est ainsi que les quotas pouvaient être échangés, à l'intérieur de certaines limites, entre les différentes catégories de pêche. Le SCI a dit approuver l'échange de quotas, mais avec certaines limites.
Troisièmement, il y a une surveillance à 100 p. 100 en mer et sur les quais de toutes les pêches de poissons démersaux, ce face aux défis en matière de déclaration et de documentation que j'ai évoqués au début de mes remarques.
Premièrement, toutes les prises, y compris les prises accessoires, doivent être décomptées à l'intérieur des totaux autorisés de captures. En vertu de ce régime, un TAC est déterminé pour les sébastes et toutes les prises accessoires et tous les pêcheurs doivent s'en tenir à ces captures totales autorisées.
Enfin, chaque bateau doit corréler toutes ses prises à un quota. Imaginons un instant que vous êtes un pêcheur de flétan. Votre espèce-cible est donc le flétan, mais lorsque vous sortez pêcher le flétan, vous ne faites pas que prendre du flétan; vous prenez des sébastes aux yeux jaunes et d'autres sébastes. En vertu du régime proposé par les pêcheurs commerciaux, donc, ils disent que non seulement ils ont un TAC pour le flétan, mais ils ont également une allocation pour le sébaste ou le sébaste aux yeux jaunes, et tous les chiffres doivent concorder. Ils doivent rendre compte de chaque poisson qu'ils prennent. Il vous faut donc vous procurer le quota si vous ne l'avez pas.
Au bout du compte, donc, vous pouvez justifier chaque poisson que vous sortez de l'eau. Chaque poisson déclaré s'inscrit dans le TAC. Le TAC représente une limite de conservation. Voilà quelle est la proposition. Celle-ci a été portée à l'attention du ministre...
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Je pense pouvoir boucler sans problème. J'en arrive à la partie la plus compliquée de l'affaire.
Le ministre a donc eu l'occasion d'examiner la proposition et il l'a approuvée, sous conditions. Il a dit: premièrement, je ne vais pas l'approuver de façon permanente, mais je vais l'approuver dans le cadre d'un projet pilote de trois ans. D'autre part, je souhaite que le projet pilote soit évalué chaque année. Enfin, je veux que le projet pilote soit évalué dans l'année, et advenant des effets inattendus — par exemple, des distorsions ou des problèmes que l'on n'avait pas anticipés au départ —, alors des mesures seront prises pour rectifier le tir pendant la saison. Enfin, dans tous les cas de figure, le projet serait évalué à la fin de l'année afin que puisse y être apporté tout changement requis en prévision de l'année suivante, et une évaluation finale sera faite au bout de trois ans.
Voilà ce qu'a dit le ministre. Il a également dit très clairement que ce projet pilote n'aurait aucune incidence sur les obligations envers les Premières nations et qu'il n'était pas non plus conçu pour traiter d'allocations intersectorielles, des différends entre pêcheurs commerciaux et pêcheurs récréatifs et ainsi de suite.
Ce projet pilote est en place depuis mai de cette année. Quels en sont les résultats à ce jour? Nous savons une chose: la saison de la pêche a été prolongée au-delà du couperet qui serait intervenu si nous n'avions pas apporté ces changements. Nous pêchons encore aujourd'hui, et sur la base des renseignements que nous avons eus en prévision de la saison, si nous n'avions pas apporté ces changements et avions tout simplement maintenu le statu quo, nous pensons que la pêche aurait fermé en août ou en septembre.
Tous les pêcheurs ont pu traiter les prises accessoires de manière appropriée pour pouvoir continuer à pêcher, c'est-à-dire qu'ils ont pu trouver des prises accessoires leur permettant de continuer de pêcher leurs espèces-cibles. L'enregistrement des prises s'est de beaucoup amélioré. Les prises accessoires ont diminué en volume et les quotas de conservation pour les stocks en situation préoccupante ont été respectés.
D'autre part, les pêcheurs peuvent maintenant vendre leurs prises accessoires, étant donné qu'ils les déclarent. Ils obtiennent ainsi de l'argent pour les poissons qu'il leur fallait auparavant jeter par-dessus bord; ils peuvent maintenant les garder et les vendre, ce qui a amélioré leur profit ou leur revenu. Enfin, la valeur de certaines espèces a même augmenté. La morue lingue a vu son prix doubler avec le projet pilote intégré de pêche des poissons démersaux.
Il intervient ici des questions importantes. Il y a, par exemple, le coût de la surveillance. Il s'agit de coûts nouveaux pour l'industrie. Par exemple, ou vous avez un observateur à bord ou vous avez une caméra qui surveille votre pêche et les poissons que vous rentrez. Il s'agit là d'un coût nouveau. Et il y a également des questions quant à la façon de minimiser ces coûts.
C'est complexe. Il s'agit d'un arrangement exhaustif et complexe, et la réalité est que même pour les pêcheurs eux-mêmes, des ajustements sont nécessaires. Cela m'amène à la question de la résistance au changement. C'est nouveau, c'est différent, cela exige un certain délai d'apprentissage, et interviennent donc pendant cet intervalle des questions de transition et de souplesse.
Viennent s'ajouter à cela les inquiétudes des pêcheurs récréatifs qui craignent que le projet pilote sur les poissons démersaux ne vienne rendre difficile pour eux d'augmenter leur part des poissons de fond. Il s'agit là d'une inquiétude qu'ils ont exprimée. Quant aux Premières nations, elles craignent que leurs intérêts soient compromis par le projet pilote.
Pour ce qui est des étapes à venir, comme je l'ai indiqué, nous allons faire un examen de la saison de pêche. Celle-ci va se terminer d'ici quelques semaines pour un certain nombre de pêcheries. Nous comptons élaborer un processus et identifier des participants à un examen des résultats de la première année, ce afin de mieux nous préparer pour la deuxième année du projet pilote. Nous comptons, sur la base de cet examen, faire les ajustements appropriés à la lumière, également, d'autres éléments que les gens nous soumettront relativement au déroulement jusqu'ici du projet pilote.
Merci.
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Oui, il y en a eu. Nous nous sommes penchés sur plusieurs options avant d'arrêter notre choix. Nous nous y sommes penchés et en avons discuté pendant les trois années, soit de 2003 à 2006, et c'est l'approche aujourd'hui en vigueur qui a fini par être adoptée.
Nous avions, par exemple, envisagé le simple maintien du statu quo, avec les limites mensuelles, les limites par sortie, et ainsi de suite. Mais, réflexion faite, nous avons conclu que si nous maintenions cela, alors il nous faudrait interrompre la pêche tôt et il en résulterait que l'on laisserait dans l'eau des espèces-cibles. Si donc vous êtes pêcheur de flétan, il vous aurait fallu arrêter de pêcher alors qu'il vous restait encore des poissons à prendre, vos pêches accessoires ayant atteint leur limite. Vous n'auriez pas pu continuer de pêcher. Cela n'était pas très acceptable pour la plupart des intérêts de pêche commerciaux.
Nous en avons également examiné des variantes. Nous avons, par exemple, étudié la possibilité d'augmenter les limites mensuelles ou les limites de sortie pour contourner le problème que je viens de décrire avec le statu quo. Mais, dans tous les cas de figure, nous avons conclu que rien ne produirait les résultats que semble pouvoir livrer l'actuelle approche. Chaque fois que nous avons trouvé une solution potentielle, nous avons également décelé des problèmes potentiels.
C'est pourquoi, graduellement, au fil du temps, l'industrie a tendu vers cette approche exhaustive en disant « Nous ne pouvons pas corriger le problème de façon morcelée. Il nous faut avoir une solution exhaustive ». C'est à ce stade-là qu'elle a commencé à se concentrer sur les changements plus importants et plus vastes qui allaient finir par devenir le projet pilote de pêche des poissons démersaux.
Au départ, comme vous pourrez le comprendre, les intérêts commerciaux avaient préféré envisager d'autres mesures, et c'est ce qu'ils ont fait. Mais, pour les raisons que je viens de vous donner, ils ont, au bout du compte, décidé que la réforme qui était nécessaire était celle adoptée par le ministre.
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Cela fait intervenir toute la question de la vérification, et nous travaillons avec des agents des pêches. Premièrement, nous contrôlons les poissons à bord des navires, et nous contrôlons également les poissons lorsqu'ils sont débarqués sur le quai et livrés aux usines. Nous recherchons bien sûr la continuité. Ce que nous voulons c'est que la quantité ici soit la même là-bas et encore là-bas. Si nous relevons des écarts, alors ceux-ci sont inscrits pour examen ou enquête.
À l'heure actuelle, nous consacrons le gros de nos efforts à l'entrée. Nous disons que c'est sur l'entrée qu'il nous faut nous concentrer pour le moment, car nous devrions essayer de veiller à minimiser le nombre de poissons qui ne devraient pas, au départ, être pris. Alors veillons à faire cela, car une fois que ces poissons ont été pris, il est trop tard. Nous concentrons le gros de nos efforts en la matière sur le contrôle des prises, la documentation et l'enregistrement.
Nous sommes également sensibles au fait qu'il nous faut boucler la boucle, c'est-à-dire suivre le poisson du pêcheur à l'usine, puis de l'usine à l'acheteur, pour veiller à ce qu'il y ait continuité tout le long de la chaîne, ce sur quoi portait, je pense, votre question.
Nous concentrons donc, pour le moment, le gros de nos efforts du côté de l'entrée. Nous avons du travail en cours dans les autres volets, mais nous voudrons peut-être rajuster le tir au fil du temps, en fonction de notre expérience. À ce stade-ci, nous nous concentrons surtout sur l'aspect que je vous ai décrit.
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Merci, monsieur le président.
Je serai bref. J'ai un jeu de diapositives intitulé « Mise à jour sur la pêche du saumon rouge du Fraser en 2006 ». Je suis à la page 2.
Le comité sait que pour élaborer notre plan de pêche, nous collaborons avec divers intervenants et groupements d'intérêts. Le plan de pêche établit des objectifs, etc. Finalement, le plan de pêche est approuvé par le ministre. En gros, voilà les points couverts dans la diapositive 2.
La diapositive 3 fait le point de la saison 2006. Je vous donne uniquement les faits saillants. Avant la saison, on prévoyait une montaison de saumon rouge dans le Fraser de 17 millions de poisson. En réalité, seuls 9 millions sont revenus.
Au cours de saison, des ajustements ont été apportés aux quotas parce que moins de poissons remontaient qu'on ne l'avait prédit, et dans certains cas l'estimation de montaison a été réduite après la fermeture de la pêche. Je pourrai vous en parler plus en détail, si vous me posez des questions plus tard.
Le dernier point que je voulais aborder concerne les relevés sur les frayères. Ceux-ci sont en cours en ce moment. Ils ne sont pas achevés et je ne peux donc vous donner les chiffres finaux d'échappée ou de reproduction pour 2006, mais à ce stade nous n'avons pas de préoccupations majeures concernant la conservation des stocks.
Cela dit, la prise de saumon rouge du lac Cultus, qui était un objectif avant la saison, a été plus forte que la cible d'avant-saison.
La diapositive 4 indique les chiffres de prises. Je vais les passer en revue rapidement. En 2006, la prise commerciale canadienne a été d'environ 3,3 millions de poissons, soit environ 71 p. 100 de la pêche commerciale totale. La prise récréative au Canada a été d'environ 182 000 poissons, ou 4 p. 100. La pêche à des fins alimentaires, sociales et rituelles des Premières nations a totalisé environ 675 000 poissons, soit environ 15 p. 100. La pêche commerciale des Premières nations sur le cours inférieur du Fraser s'est montée à 450 000, ou environ 10 p. 100.
La diapositive 5 donne la ventilation de la prise entre le Canada et les États-Unis. Vous savez qu'un accord canado-américain répartit les allocations de saumon du Fraser entre les deux parties. En 2006, le Canada a pris quelque 4,6 millions de saumons du fleuve Fraser et les États-Unis environ 700 000.
Pour ce qui est des prochaines étapes, nous déterminons actuellement ce que nous appelons les effectifs des échappées, c'est-à-dire le nombre de saumons rouges adultes du fleuve Fraser parvenus dans les frayères. Nous sommes en train de compter ces poissons et de déterminer combien sont revenus pour frayer.
Nous passerons en revue la saison 2006, tant du côté canadien que du côté américain. Ensuite nous commencerons à planifier la prochaine saison de pêche en 2007 en rassemblant les groupes à la fin de l'automne et au début de l'année prochaine.
Je vous remercie de votre attention.
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Le comité permanent a formulé un certain nombre de recommandations portant sur différents domaines: la surveillance de la pêche, l'application de la loi et l'amélioration de l'évaluation des stocks.
Pour ce qui est de la surveillance de la pêche, nous avons augmenté le nombre des agents des pêches. Le ministre a pris la décision au début de l'année d'accroître le nombre des agents des pêches. Dans notre réponse au comité permanent, nous avons indiqué que nous garderions au moins les mêmes niveaux d'effectifs en 2006 qu'en 2005, et c'est ce que nous avons fait.
Nous avons indiqué également que nous intensifierions nos programmes de surveillance de la pêche en 2006, et cela a été fait.
Suite à vos avis, nous avons également mené une étude sur les filets maillants dérivants placés sur le fleuve Fraser par les Premières nations. Cela a été fait en 2006.
En outre, nous avons conclu des arrangements plus étoffés avec la Première nation Cheam afin de mettre en place un protocole de surveillance qui a renforcé nos activités d'application de la loi dans ce secteur.
La réponse brève à votre question est que, de manière générale, nous nous sommes efforcés de suivre les conseils et les recommandations du comité permanent par des ajustements de l'évaluation des stocks, une meilleure surveillance de la pêche et un renforcement de l'application de la loi.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Tout d'abord, j'aimerais connaître votre sentiment relativement au fait que le gouvernement s'apprête à déclencher une enquête sur le dossier du saumon de la rivière Fraser. On dirait que vous serez pris, éventuellement, entre l'arbre et l'écorce ou, pour employer une expression maritime, entre deux eaux.
Je comprends que vous avez une responsabilité, dans votre travail, par rapport à la consommation de la ressource et ainsi de suite, mais comment se situe-t-on dans un dossier comme celui-là, où on doit agir immédiatement parce qu'il y a une question immédiate de conservation de la ressource, d'application de la loi, etc., alors qu'au même moment, on a la certitude qu'il y aura une enquête judiciaire relativement à ce dossier? N'avez-vous pas l'impression que, finalement, cela risque de vous placer dans une situation difficile, ce qui pourrait peut-être mener parfois à des manques d'initiative, ou à autre chose, qui pourraient, à la limite, porter préjudice à vos travaux ou à votre façon de voir les choses en termes d'exécution du travail et de responsabilité?
J'ai deux questions apparentées et elles sont courtes. Elles visent principalement à vous donner l'occasion de vous étendre un peu sur votre remarque à l'effet que l'estimation de la montaison a été révisée après la campagne de pêche, ce qui évidemment suscite certaines interrogations.
J'ai suivi les chiffres tout au long de l'été et je sais que nous avons commencé avec une estimation supérieure à 17 millions. En début de saison, on continuait à avancer ce chiffre, puis il est tombé à 15 millions, puis à 13 millions. Ensuite il est tombé à 11 millions et maintenant il se situe entre huit et neuf millions. La montaison tardive, par exemple, a commencé à 8,8 millions et, à peu près à la mi-saison, le chiffre est passé à 10,5 millions, ce qui a donné naissance à beaucoup de pressions de la part des pêcheurs pour que l'on accroisse leurs allocations et leur TAC. Ensuite, l'estimation est retombée aux alentours de huit millions, et maintenant, le dernier chiffre que j'ai entendu est autour de cinq millions pour la montaison tardive. Quelque chose de similaire s'est produit au sujet de la montaison estivale, l'estimation initiale ne s'étant jamais matérialisée, je crois.
Je suis intrigué par ce chiffre de 10,5 millions à la mi-saison. Je suppose qu'il était fondé sur des pêches expérimentales et d'autres facteurs qui ne relèvent pas entièrement du MPO. Comment cela fonctionne-t-il? Ne se pose-t-il pas un problème si l'on se rend compte finalement, une fois la saison terminée, que moins de poissons que prévu étaient au rendez-vous? Ou bien étaient-ils présents quelque part et n'ont-ils pas réussi à monter plus haut que Mission? C'est la question que je me pose.
En rapport avec cela, mon souvenir est qu'en 2002 un grand nombre de poissons est parvenu jusqu'aux frayères — des millions. Cela aurait-il pu se répercuter sur la taille de la montaison en 2006?
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Vous avez bien décrit la saison. J'aimerais prendre un peu de recul pour que tous les membres comprennent comment les prévisions sont gérées et tenter ensuite de répondre à vos deux questions.
Premièrement, nous commençons par une prévision du nombre de poissons qui vont revenir. C'est la première chose que nous faisons. Ces poissons sont quelque part, loin dans le Pacifique Nord, puis entament leur migration et reviennent dans les eaux canadiennes et s'engouffrent dans l'embouchure du Fraser. Au cours de leur migration de retour, lorsqu'ils arrivent dans les eaux canadiennes, nous commençons à estimer leur nombre. Ce travail est contrôlé par la Commission du saumon du Pacifique, un organisme international chargé d'évaluer la population de saumon rouge du fleuve Fraser en cours de saison et de recommander aux deux pays des modalités de pêche correspondant aux quotas qui leur reviennent. Le nombre des poissons est évalué au fur et à mesure de leur passage dans les eaux canadiennes et dans l'embouchure du Fraser. Donc, de semaine en semaine, l'évaluation pourra consister à dire, comme M. Kamp l'a rappelé, que nous pensons qu'il y en a 10 millions; non, nous pensons qu'il y en a sept millions; non, nous croyons qu'il y en a cinq millions; non, elle est remontée à huit millions; elle est remontée à 11 millions. Cela arrive, c'est inhérent à la gestion normale du saumon du Pacifique. C'est une évaluation dynamique, qui change de semaine en semaine ou de jour en jour. C'est donc le travail normal qui se fait en arrière-plan. C'est différent du poisson de fond, où vous fixez un chiffre de prise ou une allocation, qui reste inchangé pendant l'année, ou parfois pendant plusieurs années. Dans le cas du saumon du Pacifique, c'est exactement l'inverse. C'est une gestion dynamique, sans cesse changeante.
Ce qui s'est passé cette année, c'est que la Commission du saumon du Pacifique pensait que, sur l'estimation d'avant-saison de la montaison tardive du Fraser, qui était de 17 millions, huit millions consistaient en du saumon rouge de montaison tardive, et puis elle a révisé ce chiffre à 10 millions, ou même plus. La raison en est que nous avons connu des prises extraordinaires dans l'une de nos pêcheries commerciales en l'espace d'une semaine. Une quantité extraordinaire a été prise en l'espace d'un peu plus d'un jour, soit trois quarts de million de saumons rouges. Dans une petite pêcherie, en un cours laps de temps, nous avons pris énormément de poissons. La Commission pensait que cela indiquait que la montaison n'était pas de huit millions, mais plutôt de 10 millions, voire plus.
Pour combler le tout, bien entendu, nombre de pêcheurs commerciaux pensaient que la montaison était supérieure à 10 millions. Nous recevions quantité d'appels de gens nous disant: « Il faut ouvrir une pêcherie car il y a des millions et des millions de poissons ». Quoi qu'il en soit, par la suite, une fois la pêche close, la Commission a réévalué le nombre de poissons de retour et en a révisé le chiffre à la baisse, de 10 millions à cinq millions, le chiffre actuel.
La raison pour laquelle la montaison a été surestimée était probablement due à plusieurs choses, dont l'une que j'ai signalée, soit des chiffres de prise très élevés, qui normalement seraient indicatifs d'un très fort retour. Mais ce qui s'est plutôt passé en l'occurrence, c'est que le poisson s'est comporté d'une manière qui le rendait très vulnérable, pour une raison ou pour une autre, ce qui nous a donné une indication trompeuse.
Ce que nous devons faire, lors de l'examen d'après-saison, c'est regarder ce qui s'est passé et nous demander pourquoi cela s'est passé et quelle leçon on peut en tirer pour l'an prochain et les années suivantes. C'est la même chose que nous avons faite en 2002, lorsqu'exactement l'inverse s'est produit: beaucoup plus de poissons sont arrivés aux frayères que nous n'avions prévu. Dans ce cas, il y a eu une sous-estimation de la montaison. C'est la difficulté permanente que nous avons dans la gestion du saumon rouge du Fraser. Nous ajustons sans cesse pour tenir compte du comportement du poisson. C'est l'argument qui milite en faveur de la création de tampons afin d'autoriser une certaine marge d'erreur.
Le dernier point dont je traiterai est la question de savoir si la réduction du nombre de poissons de retour cette année pourrait être liée au nombre de poissons ayant frayé pendant l'année d'éclosion, ce qui était votre deuxième question, je crois, monsieur Kamp. Pour la population tardive, nous pensons que la réponse est probablement non. Pour la population estivale, ce pourrait être le cas. Tant la montaison estivale que la montaison tardive a été moins prolifique que prévu, et il se pourrait donc que, pour la première, cela s'explique par le nombre de poissons sur les frayères l'année d'éclosion, soit le nombre de géniteurs en 2002; dans le cas de la montaison tardive, c'est probablement lié aux conditions océaniques, qui étaient très défavorables pour une partie du saumon rouge du Fraser lorsque celui-ci est parti en mer au stade juvénile. Nous pensons que c'est probablement une combinaison des deux et nous allons examiner cela lors de l'étude d'après-saison.