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Oui, mais je tiens d'abord à remercier le comité de m'avoir invité ici pour parler du rapport que nous avons publié en 1999 pour le compte du programme des Ports pour petits bateaux. Je crois qu'un résumé vous a été distribué. Le rapport s'intitule
Profil des ports pour petits bateaux dans des pays étrangers.
À l'époque où nous avons mené l'étude, j'avais la chance d'être à la fois consultant principal et associé chez Sypher:Mueller. Puisque nous avions fait d'autres travaux sur les ports et le transport maritime au cours des 20 années précédentes, nous avons réussi à décrocher le contrat. Notre entreprise à l'époque, Sypher, se concentrait davantage sur les aéroports et l'aviation et nous le sommes probablement encore plus aujourd'hui. Notre entreprise a été achetée par une très grande société américaine appelée Jacobs; c'est la raison pour laquelle le nom a changé depuis le rapport initial.
Dans le secteur de la consultation, nous produisons beaucoup de rapports, dont un grand nombre, malheureusement, dormiront sur des tablettes, alors j'ai été agréablement surpris d'être convoqué en tant que témoin ici. J'espère que je pourrai vous être utile aujourd'hui.
On m'a suggéré de donner un bref résumé du rapport, ce que j'essaierai de faire.
Le rapport comportait trois objectifs. Premièrement, il visait à comparer la situation des ports pour petits bateaux du Canada à celle de pays étrangers, et je crois que nous nous sommes retrouvés avec neuf pays étrangers et trois États américains. Lorsque nous avons dit « comparaison », nous voulions connaître l'importance des ports pour petits bateaux pour l'économie du pays; établir un profil des ports pour petits bateaux en fonction de leur dimension et de leur nombre; déterminer la propriété, qui était responsable de la gestion, des opérations, des réparations, des frais et des droits; et, évidemment, élément très important pour tout port pour petits bateaux, connaître le budget et le financement des immobilisations.
Deuxièmement, le rapport visait à déterminer l'importance du soutien apporté par les gouvernements à tous ces ports.
Troisièmement, le rapport visait à découvrir ou à trouver certaines des nouvelles idées pour le programme des Ports pour petits bateaux, à la lumière de ce que nous avons appris dans le cadre de cette étude.
Nous avons effectué l'étude en recueillant et en examinant des documents pertinents qui nous ont été fournis par le ministère ou que nous avons trouvés à partir de sources comme Internet, etc. Ensuite, nous avons communiqué avec divers ministères des transports et ministères des pêches dans les pays concernés et avons fait de nombreux appels jusqu'à ce que nous trouvions les bonnes personnes, avec qui nous nous sommes entretenus longuement.
Voilà pour les objectifs de l'étude et pour la façon dont nous l'avons mené. Dans notre rapport, nous avons cerné un certain nombre de thèmes qui sont apparus et dont je vais vous parler brièvement.
Premièrement, les petits ports de pêche appartiennent à des intérêts locaux. Ce fait est ressorti dans tous les pays, à l'exception peut-être d'un seul, l'Australie. Ainsi, la propriété à l'échelle locale constituait le premier thème.
Deuxièmement, les gouvernements centraux continuent de financer les ports de petite dimension, mais qui sont importants du point de vue stratégique. C'est beaucoup dire en une seule phrase. Les petits ports de pêche dans d'autres pays sont, selon les normes canadiennes, relativement grands, beaucoup plus grands que la taille moyenne des ports de pêche au Canada de 45 bateaux. Par « stratégique », nous voulions dire que les gouvernements appuyaient, favorisaient, finançaient les ports et les havres qui ne servaient pas qu'à la pêche, mais voulaient également promouvoir les exportations et le commerce, que ce soit dans le secteur du pétrole ou des biens. Les gouvernements voulaient soutenir le tourisme, par exemple, dans le Maine. Le deuxième thème était donc que les gouvernements centraux continuent de financer des ports de petite dimension, mais qui sont importants du point de vue stratégique.
Troisièmement, les gouvernements centraux ne jouent aucun rôle en ce qui a trait aux ports de petite dimension. Souvent, après avoir beaucoup insisté, les personnes à qui nous avons parlé ne savaient même pas combien il y avait de ports pour petits bateaux dans leur pays. Ces pays ne s'en souciaient tout simplement pas et c'était le cas pour la Norvège, le Danemark, la Nouvelle-Zélande et l'Australie, ce qui était un peu étonnant.
Pour revenir à ce thème, le quatrième point, c'est que les ports de petite dimension, mais qui sont importants du point de vue stratégique, sont beaucoup plus gros. Ils sont moins nombreux et beaucoup plus polyvalents que les ports pour petits bateaux au Canada.
Cinquièmement, les gouvernements et administrations à l'échelle locale ont une grande latitude pour exploiter et gérer leurs installations. On s'attend d'eux qu'ils couvrent au moins leurs frais d'exploitation pour les réparations et qu'ils contribuent, en partie ou en totalité, au développement des immobilisations.
Sixièmement, lorsque les gouvernements centraux jouent un rôle à l'égard des ports, ils travaillent à établir des partenariats avec des administrations et des gouvernements locaux. Ce pourrait être le dragage, aux États-Unis, par exemple; des systèmes de planification et de développement des immobilisations, où l'Islande excelle; les fonds renouvelables, dans le Maine, je crois; la perception des impôts; et l'octroi de subventions, évidemment.
C'étaient les thèmes du rapport.
Pour terminer, on nous a demandé de réfléchir à des leçons tirées et à des idées pour le MPO. Nous avons conclu qu'il n'existait pas une seule démarche ou solution au financement et à la gestion. Nous avons examiné la situation dans un éventail de pays. Chaque pays présente une situation différente du point de vue de l'histoire, de la géographie, de la démographie, mais surtout de la culture. Ces pays diffèrent également quant à l'importance relative des ports dans leur économie et au rôle du gouvernement central dans leur économie.
Certaines démarches sont clairement inefficaces au Canada, telles que la privatisation, qui est adoptée en Australie et, si je me souviens bien, en Nouvelle-Zélande. Nous avons proposé un troisième point: il faut offrir des garanties à long terme pour les investisseurs tiers. Il serait question alors de baux à long terme par opposition à des programmes de ports pour petits bateaux, qui concluaient des baux de très courte durée. Je crois qu'ils étaient de cinq ans à l'époque; cela a peut-être changé.
Nous avons proposé que le MPO songe à des modes de financement novateurs, notamment à des prêts directs, à des garanties d'emprunt et à des fonds renouvelables. Nous avons également pensé, en nous inspirant d'un modèle d'aéroports — nous connaissions bien les aéroports de petite et de grande dimension —, à stimuler la participation des municipalités locales à la prestation de services administratifs et de soutien opérationnel.
Le sixième point n'est pas très répandu, mais s'applique au Royaume-Uni. Les conseils d'administration devraient disposer de mécanismes transparents de reddition de comptes et être en mesure d'assurer une gestion efficace.
Voilà qui conclut mon résumé. J'espère pouvoir répondre à toutes vos questions.
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Je vais essayer d'abord avec les États-Unis, où l'on pourrait croire que l'industrie privé participe activement. En fait, la U.S. Federal Aviation Administration offre un niveau de financement élevé aux aéroports à tous les niveaux et ce, probablement à plus de 400 aéroports.
Les aéroports appartiennent et sont exploités à l'échelle locale au moyen d'un nombre assez élevé de modèles différents. Alors, il y a une propriété et une exploitation à l'échelle locale.
Pour ce qui est des aéroports au Canada, la situation ressemble un peu, je crois, à celle des ports et des ports pour petits bateaux, car les aéroports plus grands, dans le Réseau national des aéroports — depuis Toronto jusqu'à Vancouver, en passant par Calgary et Winnipeg — ont des baux à long terme. Ces baux sont d'une durée de 50 ans ou plus. Là encore, les baux des ports pour petits bateaux n'ont qu'une durée de cinq ans.
Les aéroports ont des baux à long terme. Ils sont libres d'augmenter leur propre capital par des emprunts, et non pas par des capitaux propres. Ils sont à but non lucratif. Évidemment, les plus gros peuvent faire des profits. Ils ont assez de trafic, alors ils s'en tirent bien.
Dans le cas des aéroports plus petits, je crois que nous avons deux catégories. Dans l'une des catégories, les aéroports peuvent exister et générer suffisamment de recettes pour combler leurs besoins opérationnels, mais à long terme, risquent de ne pas répondre à tous leurs besoins en capital. Transports Canada offre du financement dans le secteur de l'aviation pour des projets d'immobilisations donnés, mais pas pour tous. Ce sont généralement pour des projets liés à la sécurité — les pistes, le matériel de navigation et l'équipement de déneigement.
Puis, vous avez une autre catégorie d'aéroports beaucoup plus petits. Aux États-Unis, comme vous le savez, le gouvernement s'est départi des aéroports de plus petite taille et en a transféré la responsabilité aux municipalités. Il y a certains avantages à ce transfert, car les municipalités peuvent accorder un espace fiscal et effectuer des emprunts, mais il reste toutefois qu'un grand nombre de ces aéroports de plus petite taille éprouvent des difficultés et continueront d'éprouver des difficultés. Ils ne survivront pas à long terme.
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En 1999, le gouvernement fédéral, par l'intermédiaire du ministère des Pêches et des Océans, vous a mandaté comme consultant afin de voir ce qui se passait en Australie, au Danemark, en Islande, au Japon, en Nouvelle-Zélande, en Norvège, en Suède, au Royaume-Uni et aux États-Unis. Votre mandat était d'aller voir ce qui se passait dans ces autres pays par rapport aux ports pour petits bateaux comparables à ceux que nous avons au Canada. Ce mandat a certainement coûté plusieurs milliers de dollars, vous en conviendrez avec moi.
Vous avez sûrement rédigé un rapport, à l'intérieur duquel il y avait sûrement des recommandations. Selon vous, ce rapport n'a-t-il servi qu'à garnir la bibliothèque du ministère? A-t-il été lu, utilisé, et les recommandations que vous avez formulées ont-elles été mises en application?
Vous me permettrez d'en douter beaucoup, parce que depuis 1999, même si les ports appartiennent au gouvernement, ce dernier a injecté peu d'argent, pour ne pas dire aucun argent, dans l'entretien de ses propres infrastructures portuaires.
Avez-vous, à l'intérieur de votre rapport, fait des recommandations? Selon vous, ont-elles été suivies? Si oui, lesquelles?
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais également exprimer ma reconnaissance pour les efforts que vous déployez avec passion afin de protéger l'aéroport de Stephenville. Pourriez-vous en faire autant pour l'aéroport de Gander? Nous vous en saurions gré, monsieur, et nous vous placerions sur un piédestal pour cela.
J'aimerais poser une question qui touche aussi bien les aéroports que les ports pour petits bateaux. Le gouvernement se départit de ces propriétés, au nom de la propriété locale, entre autres; cependant, la plainte que nous entendons sans cesse, c'est que le gouvernement ne paie pas lorsqu'il continue d'utiliser ces services. Par exemple, la garde côtière arrive à Botwood. Elle jette l'ancre pendant quelques jours, sans toutefois payer les droits que l'on exige du secteur privé. Un avion militaire atterrit à Gander et ne paie pas. Le gouvernement oblige ces gens à trouver des sources de revenu, mais en même temps, il est un client qui est — pour ne pas dire plus — délinquant.
D'après ce que je sais, il y a d'autres pays qui offrent des subventions, par exemple, à des aéroports ou à l'infrastructure marine — je ne sais trop — pour les services d'urgence qu'ils offrent ou pour tout autre service qui est nécessaire dans leurs activités. Y a-t-il d'autres pays qui fonctionnent ainsi en ce qui concerne les ports pour petits bateaux, c'est-à-dire qui paient les services lorsqu'un navire du gouvernement jette l'ancre dans un port pour petits bateaux, ou lorsqu'un avion du gouvernement ou un aéronef appartenant à l'État atterrit?
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Je voudrais continuer pour le bénéfice du comité et le mien.
En 1999, vous avez dit au comité qu'en tant que firme de consultants, vous aviez reçu un mandant de Pêches et Océans Canada de l'ordre d'environ 25 000 $. Vous avez rédigé un rapport dans lequel vous n'avez fait aucune recommandation. Vous avez aussi dit au comité que vous ne vous étiez pas déplacé, que vous n'étiez pas allé voir, dans les pays concernés, l'état des infrastructures portuaires, l'état de la gestion, la façon dont les ports pour petits bateaux sont gérés. J'ai cru comprendre que tout cela avait été fait par téléphone et que vos conversations téléphoniques avaient ensuite été présentées dans un rapport.
La question que je me pose est la suivante. A l'époque, en 1999, quel était l'intérêt pour Pêches et Océans Canada de faire faire une enquête par téléphone pour savoir ce qui se passait relativement aux ports pour petits bateaux dans des pays étrangers? Un fonctionnaire du ministère n'aurait-il pas pu faire le même travail? J'ai de la difficulté à comprendre. J'étais convaincu que vous étiez allé sur place et que vous aviez rencontré des personnes, parce que vous avez mentionné, à un moment donné, dans le cadre de votre présentation, que vous aviez été impressionné par les fonctionnaires et par les gestionnaires des administrations portuaires. J'avais l'impression que vous étiez allé sur place, en tant que firme responsable mandatée pour voir ce qui se passait dans les autres pays.
Ce matin, monsieur le président, je constate que ce n'est absolument pas ce à quoi on s'attendait. Personnellement, je m'attendais à ce que la firme soit allée sur place et je croyais qu'elle avait constaté plusieurs choses, mais je constate que cela a été fait par téléphone. Cela enlève beaucoup de crédibilité au rapport même, qui est plus ou moins utile pour les fins du comité.
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La Norvège était le pire des cas. Ce qui m'avait surtout surpris, c'est le fait de ne pas pouvoir trouver d'information. Lorsque je trouvais enfin quelqu'un, celui-ci ne savait pas ce qui se passait à l'échelle locale. J'en suis arrivé à la conclusion, après beaucoup d'appels téléphoniques, que le gouvernement central n'intervenait pas et qu'il ignorait ce qui se passait.
En Islande, il y a 60 ports, de taille assez grande — 200 à 300 navires par port; 13 grands ports polyvalents. Le régime de propriété est attribué au gouvernement local; les frais et les redevances sont fixés à l'échelle nationale, perçus à l'échelle locale, en fonction du tonnage. Pour ce qui est du financement des immobilisations, le gouvernement central finance 60 à 75 p. 100 des fonds d'immobilisations et ils ont un système de planification très centralisée des investissements.
Je crois que je l'ai décrit plus en détail, car je trouvais que c'était important. À la page 9 du rapport, on dit que le gouvernement fédéral, par le biais de l'Administration maritime islandaise, joue un rôle important dans le financement des travaux portuaires. Cette administration analyse les relevés financiers de chaque port chaque année dans le cadre des demandes de financement que lui adressent les municipalités. Un plan d'immobilisations de quatre ans est établi tous les deux ans. C'est donc tourné vers l'avenir.
Les municipalités soumettent des propositions de projet qui sont évaluées par rapport à un ensemble de normes clairement définies grâce à l'utilisation d'un programme informatique. Le plan est soumis à l'approbation de l'Althing, le parlement islandais. Selon l'entrevue que nous avons eue, le recours à des critères d'évaluation bien précis et un processus d'examen parfaitement transparent font en sorte que très peu de changements sont apportés à la liste des projets présentés au parlement. Seulement cinq des 130 projets ont été modifiés dans le dernier plan.
Alors, on passe d'un extrême à l'autre: de la Norvège, où il n'y a aucune intervention du gouvernement central, à l'Islande qui a un système très détaillé.