Reprenons la séance. Bienvenue à la 27e réunion du Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie de la Chambre des communes.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le jeudi 18 juin 2020, le Comité se réunit pour discuter du sujet des employés d'épicerie de première ligne.
La réunion d'aujourd'hui se tient par vidéoconférence et les délibérations seront disponibles sur le site Web de la Chambre des communes.
Je voudrais rappeler aux députés et aux témoins d'attendre, avant de prendre la parole, d'être nommés. Lorsque vous serez prêt à intervenir, activez votre micro, puis désactivez-le lorsque vous aurez fini de parler. Veuillez parler lentement et clairement pour que les interprètes puissent faire leur travail.
Veuillez vous assurer que la langue que vous avez sélectionnée est la même que celle que vous parlez.
Comme je le fais d'habitude, je sortirai le carton jaune quand il vous restera 30 secondes de temps de parole et le carton rouge quand ce temps aura expiré.
Je voudrais souhaiter la bienvenue à nos témoins. Nous avons M. Stéphane Lacroix, directeur des communications et des affaires publiques (Québec), Teamsters Canada, M. Jerry Dias, président national, Mme Carolyn Wrice, présidente, Section locale 597 et M. Gord Currie, président, Section locale 414, tous trois d'Unifor. Et nous avons M. Paul Meinema, président national des Travailleurs et travailleuses unis de l'alimentation et du commerce Canada.
Chaque témoin disposera de cinq minutes pour leur intervention, après quoi il y aura plusieurs séries de questions.
Cela dit, commençons avec M. Lacroix.
[Français]
Vous disposez de cinq minutes.
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Bonjour. Je vous remercie de cette invitation à participer au Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie de la Chambre des communes.
Tout d'abord, voici un petit rappel concernant le syndicat des Teamsters. Nous représentons plus de 125 000 travailleurs et travailleuses au Canada dans toutes les industries cruciales au bon fonctionnement de la société canadienne. Dans le secteur du commerce de détail et des épiceries, nous défendons les intérêts de plusieurs milliers de travailleurs d'un bout à l'autre du pays.
Au syndicat des Teamsters, la prime liée à la COVID-19 qui a été versée aux travailleurs des épiceries a été grandement appréciée. Cependant, le retrait de cette prime vient lancer un message contradictoire aux travailleurs qui ont des salaires largement insuffisants pour les aider à vivre et à prospérer.
Avant d'aller plus loin dans mes réflexions, je vous invite à un petit voyage dans le temps pour vous dresser un portrait rapide de la situation. Je dois d'abord dire que j'ai travaillé dans l'industrie pendant 11 ans au cours des années 1980 et 1990. J'ai occupé plusieurs postes et j'ai de beaux souvenirs de cette époque, mais je savais très bien que je n'allais pas y faire carrière. Les salaires n'étaient pas mauvais lorsqu'on grimpait la hiérarchie, mais les assurances collectives et les régimes de retraite étaient insuffisants puisque je voulais fonder une famille, ainsi que m'acheter une maison et une automobile. Bref, l'industrie ne me permettait pas de réaliser mes rêves.
Pour les gens de ma génération, la génération X, le travail dans les épiceries était également peu valorisé. Alors, j'ai pris la décision de retourner aux études. J'ai ensuite été embauché par les Teamsters qui ont augmenté mon salaire de manière assez importante, dès la première année. Cela montre la différence entre le commerce de détail, les épiceries et le monde syndical, bien entendu.
Maintenant, projetons-nous dans les années 2000. À l'époque, je siégeais à titre de représentant de Teamsters Canada au Conseil canadien de l'industrie de l'alimentation, une organisation composée de représentants des grandes épiceries et des syndicats. Notre objectif était de redorer le blason de cette industrie afin d'attirer de nouveaux talents.
Les enjeux en lien avec la rétention du personnel étaient exactement les mêmes à l'époque que dans les années 1990: salaires insuffisants, possibilités d'avancement plus ou moins attrayantes, métier peu valorisé, régime de retraite peu attrayant et assurances collectives insuffisantes. Nous voilà maintenant en 2020, et on décide de retirer la prime COVID-19 aux travailleurs d'épicerie sous prétexte que la pandémie est terminée, ce qui n'est pas le cas, soit dit en passant.
On m'a fait remarquer récemment que, désormais, il n'est pas rare d'observer que des travailleurs ayant plus de 10 ans d'ancienneté gagnent à peine plus que le salaire minimum au Québec. L'exemple d'une consœur me vient spontanément en tête puisque, après plus de 10 ans de bons et loyaux services, elle gagne à peine 14 $ l'heure dans une grande chaîne d'épicerie. Je pose alors la question à savoir si l'on peut vivre avec 25 000 $ par année, aujourd'hui, en 2020. Je ne le crois pas.
J'ai donc pris le temps de vous faire voyager une trentaine d'années dans le temps afin de vous faire comprendre que les problèmes auxquels nous faisons face dans cette industrie ne se limitent pas à la prime reliée à la COVID-19 de 2 $ l'heure. Nous sommes tous d'accord que la pandémie a mis en évidence le rôle important que jouent ces travailleurs et ces travailleuses pour leurs concitoyens et leurs concitoyennes. Nous estimons que ces hommes et ces femmes méritent mieux. Nous recommandons donc que les primes de risque soient intégrées définitivement dans les salaires. On doit aussi améliorer significativement les régimes de retraite et les assurances collectives. Ces hommes et ces femmes ont beaucoup contribué pour assurer le bien-être de notre population, alors je pense qu'il faut leur retourner l'ascenseur.
Encore une fois, je vous remercie de cette invitation. Je répondrai avec plaisir à vos questions.
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Bonjour madame la présidente et membres du Comité. C'est un honneur de comparaître aujourd'hui devant le Comité pour parler des gens qui sont dans le besoin et de ceux qui sont cupides. Des centaines de milliers de travailleurs du secteur de la vente au détail ont perdu leur prime de pandémie de 2 $ à cause de la cupidité, notamment de Metro, de Sobeys et bien sûr de Loblaws et de M. Galen Weston, dont la fortune personnelle s'élève à 8,7 milliards de dollars. Selon moi, M. Galen Weston devrait avoir honte.
Je m'appelle Jerry Dias. Je suis le président national d'Unifor, le plus grand syndicat du secteur privé au Canada. Unifor représente 315 000 travailleurs, comprenant des milliers de travailleurs de première ligne dans cette pandémie. Nous représentons les travailleurs du transport en commun, des télécommunications, de la transformation alimentaire, des soins de santé et des soins longue durée et bien sûr ceux du commerce de détail. Plus de 20 000 membres d'Unifor travaillent dans les supermarchés, les pharmacies, les centres de distribution alimentaire du pays chez Loblaws, Sobeys, Metro, Rexall et d'autres.
Mme Carolyn Wrice, qui travaille dans un supermarché Loblaws à St. John's et est présidente de la Section locale 597 d'Unifor, s'est jointe à moi aujourd'hui, ainsi que M. Gord Currie, qui travaille dans un entrepôt alimentaire à Toronto et est président de la Section locale 414 d'Unifor. Je parle aussi au nom de Mme Wrice et de M. Currie quand je dis que notre syndicat est fier de ses travailleurs qui courageusement et de façon désintéressée ont mis les bouchées doubles pendant la pandémie. Nous voulons remercier le Comité d'avoir rapidement organisé cette séance d'aujourd'hui.
Le fait que les plus grands détaillants du Canada aient conspiré pour réduire les primes de pandémie de leurs employés est une affaire d'intérêt national. En mars, je félicitais moi-même ces détaillants d'avoir établi une protection salariale renforcée pour leurs travailleurs qui étaient en congé de maladie ou en quarantaine. Peu après, ils annonçaient des hausses de salaire qui s'élevaient à environ 2 $ de plus de l'heure. Cette décision était judicieuse. D'un côté, elle reconnaissait les énormes risques que ces travailleurs prenaient pour leur santé en venant travailler. De l'autre côté, et permettez-moi d'être franc, elle reconnaissait que la majorité de ces travailleurs faisaient de très bas salaires. Qui serait assez fou pour risquer de contracter la COVID pour un salaire qui ne s'élève parfois qu'à 11,32 $ de l'heure?
La triste vérité est que ces salaires et avantages sociaux des travailleurs au détail ont été aspirés vers le bas au cours des 30 dernières années. À une certaine époque, il n'y a pas si longtemps, travailler dans un supermarché était un passeport pour la classe moyenne. Désormais, la plupart des emplois de supermarché sont à temps partiel. Dans certains magasins à rabais, par exemple, 90 % de tous les emplois sont à temps partiel. Ces travailleurs, pour la plupart, sont payés au salaire minimum et la majorité des travailleurs payés au salaire minimum sont des femmes. Elles n'ont pas d'horaire de travail fixe et nombre d'entre elles ne bénéficient pas des avantages sociaux.
Malgré cela, les grands détaillants ne cessent de se consolider et de s'enrichir. Ils réalisent des bénéfices records, augmentent les dividendes à leurs actionnaires et distribuent d'énormes primes à leurs dirigeants. Ne serait-ce que l'an dernier, Loblaws, Empire et Metro ont dégagé ensemble des résultats financiers de 2 milliards de dollars, en bénéfices nets après impôt. La PDG de Loblaws, Mme Sarah Davis a reçu une rémunération totale de 6,7 millions de dollars, alors que les employés de première ligne peinent à joindre les deux bouts. Certains jonglent avec plusieurs emplois, pendant que d'autres font la queue aux banques alimentaires. C'est la tragédie qui est à la base de la discussion d'aujourd'hui.
Je ne peux malheureusement pas vous fournir des preuves tangibles de collusion, mais soyons honnêtes, ce n'est même pas de cela qu'il s'agit. Cette pandémie n'est pas terminée. Le nombre de cas de COVID ne cesse d'augmenter chez les employés de magasins au détail et d'entrepôts essentiels, y compris chez Unifor. La semaine dernière, l'Administratrice en chef de la santé publique du Canada a déclaré devant un comité du Sénat de se préparer pour un retour éventuel de la COVID, et une vague possiblement plus forte, à tout moment. Les travailleurs méritent mieux que cela.
Est-ce que je crois que les grands épiciers devraient inverser la vapeur et rétablir ces primes salariales? Absolument. De fait, des épiciers moins importants se sont engagés à les maintenir. Est-ce que je crois que cela corrige les inégalités galopantes dans cette industrie? Absolument pas. Nous avons besoin d'un rajustement continu, d'un réalignement des salaires, de l'égalité des salaires, de la protection des horaires et d'un accès aux avantages sociaux. Je vous encourage à prendre tout cela en considération dans votre rapport final et je vous encourage à entreprendre une étude plus approfondie sur le délitement des conditions de travail dans l'industrie de la vente au détail.
Il y a une génération, je ne crois pas que ce genre de conversation aurait pu avoir lieu. Aujourd'hui, nous sommes en butte aux conséquences de la négligence et du manque de vigilance. Nous sommes aux prises avec des normes de travail affaiblies et des lois du travail inadaptées. Saisissons l'occasion pour aller au cœur du problème.
Mme Carolyn Wrice, M. Gord Currie et moi-même serons heureux de répondre à vos questions.
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Merci, madame la présidente.
Au nom des Travailleurs et travailleuses unis de l'alimentation et du commerce du Canada, ou TUAC, je voudrais remercier le comité permanent de nous donner aujourd'hui l'occasion d'exprimer notre point de vue, le remercier de ses travaux sur ce sujet et de prêter encore attention à cette question très importante. En tant que syndicat des employés d'épicerie du Canada, nous avons bien sûr un certain nombre d'idées à communiquer sur le sujet.
Nous sommes un syndicat du secteur privé qui représente plus de 160 000 employés d'épicerie d'un bout à l'autre du pays. Nous représentons également 100 000 Canadiens, et des gens aspirant à devenir Canadiens, qui travaillent dans plusieurs autres secteurs clés et d'autres industries.
Comme le suggère notre nom, la majorité de nos membres travaille directement dans le secteur de l'alimentation. Pour résumer, les membres des TUAC travaillent d'arrache-pied, jour et nuit, pour fièrement nourrir les Canadiens. En tant que président national du syndicat des travailleurs de l'alimentation du Canada, je suis à la fois fier et préoccupé par le fait que nos membres ont continué à faire ce qu'ils ont toujours fait, et ce, pendant cette pandémie.
Malgré les risques clairs et imminents qu'ils prennent pour eux-mêmes et pour leur famille, les membres des TUAC ont mis les bouchées doubles. Ils ont fait tout leur possible comme les héros du travail de première ligne qu'ils ont toujours été, afin d'aider leurs voisins, leur pays, et nous tous à traverser ce moment difficile.
En conséquence, des centaines de membres des TUAC sont tombés malades. Et oui, certains sont décédés, comme ce père de quatre enfants, cette grand-mère bien-aimée et cette jeune caissière avec toute la vie qu'elle avait devant elle.
Si la pandémie actuelle a bien un résultat positif pour nos travailleurs de première ligne, c'est bien la reconnaissance qu'ils reçoivent pour le travail primordial qu'ils effectuent, et ce, de la part du public en général, de la part des titulaires de charge publique comme vous-mêmes et, qui plus est, du .
Cette reconnaissance envers les employés d'épicerie est certainement bienvenue, mais très franchement, elle s'est fait attendre.
Pour les travailleurs de l'alimentation, cette prime est appréciée du point de vue financier, mais c'est également un symbole important. Elle représente un niveau de respect et de reconnaissance plus élevé qui a longtemps fait défaut dans cette industrie et ses travailleurs acharnés qui rendent tout cela possible.
En tant que leur syndicat, nous sommes amèrement déçus de la décision des plus grands détaillants et d'autres grandes entreprises de l'alimentation au Canada, à savoir d'annuler ces primes. Il n'est pas logique d'annuler une prime de pandémie alors que nous sommes encore en situation de pandémie. Et plus encore, c'est tout simplement injuste.
En réaction, les TUAC ont déposé des griefs. Nous avons lancé une campagne nationale pour mobiliser le public quant à l'annulation de la prime de pandémie. Nous sommes à l'heure actuelle à la table de négociations avec nos plus importants employeurs pour négocier les augmentations de salaire que ces travailleurs de l'alimentation méritent absolument.
Le fait est que cette soi-disant « prime » devrait devenir permanente. Tous les Canadiens ont intérêt à garantir que les travailleurs de l'alimentation soient traités et rémunérés équitablement.
Cela dit, je dois ajouter que préserver la santé et la sécurité des membres des TUAC Canada et de leur famille est la priorité. Nous en appelons aux employeurs de l'alimentation, syndiqués ou non, d'adopter la série de normes que nous avons détaillées avec l'industrie et le gouvernement fédéral. Nous avons progressé de ce côté-là, mais il y a encore beaucoup à faire. Je serais heureux de fournir ces informations aux membres du Comité.
Si nous apprécions ces comparutions, je suis pourtant curieux de savoir pourquoi seuls les épiciers canadiens ont été appelés à témoigner. Selon moi, le public aurait avantage à entendre les énormes multinationales qui œuvrent dans ce secteur et qui ont annulé la prime depuis longtemps.
Je conclurai mes remarques en suggérant qu'une plus grande responsabilisation corporative n'est qu'une partie de la solution au problème. Des mesures plus générales de la part de tous les paliers de gouvernement, et des réformes législatives et des politiques permettant d'atteindre un meilleur équilibre entre les travailleurs de l'alimentation et leurs dirigeants sont tout à fait aussi essentielles.
Merci, madame la présidente et honorables membres de ce comité. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Merci, madame la présidente.
Mes questions s'adressent à tous les témoins.
Je vais commencer par dire que ce peut-être un jour très spécial, où, je l'espère, des députés conservateurs peuvent être du même avis que des présidents de syndicat. Je dois dire, en suivant le déroulement des événements, que nous nous posons une question importante à l'heure actuelle dans ce pays. Comment payer des gens qui fournissent de la nourriture à ceux qui se sont confinés pendant la pandémie, alors que nous leur demandons de se mettre en danger, eux-mêmes et leur famille, pour la raison même qui nous pousse à nous confiner?
Franchement, je ne crois pas que nous ayons une bonne réponse à cette question. Je dois féliciter mon collègue M. Erskine-Smith d'avoir pris l'initiative de cette étude particulière, parce c'est quelque chose qu'il faut faire correctement.
Je vais tout d'abord poser des questions exploratoires du type « que s'est-il passé » de votre point de vue. Je sais qu'à la mi-avril, mes collègues et moi-même avons publié une déclaration pour demander au gouvernement de formuler, à tout le moins, des lignes directrices en matière d'équipement de protection individuelle pour différentes industries au pays, pour qu'elles fassent partie du processus de planification pour ce qui concerne la distribution prioritaire des EPI.
Le gouvernement s'est-il adressé à vous, en tant que présidents de syndicat, à un moment donné au cours des quelques derniers mois, pour établir des directives ou pour suggérer des normes régissant la distribution des EPI aux employés ou la sécurisation, par les EPI, des milieux de travail dans le secteur de l'épicerie?
Je vais peut-être commencer par M. Dias.
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Tout d'abord, madame Remple Garner, merci de votre question. Vous avez raison, c'est dans des moments comme celui-là que nous sommes contents de l'existence de conservateurs modérés qui s'intéressent aux travailleurs plutôt qu'aux profits.
À savoir si le gouvernement s'est adressé à moi ou aux dirigeants syndicaux à propos d'équipement de protection individuelle pour les employés d'épicerie, la réponse est non. Le fait est que, quand la pandémie a frappé, nous avons été pris de court en tant que nation, nous n'étions pas du tout prêts parce que nous sous-traitons tous les équipements de sécurité.
Quant à la distribution d'équipement de protection individuelle, elle a été répartie en ordre chronologique, en commençant par les médecins et les infirmiers, puis en descendant la hiérarchie du système de santé, dans lesquels les préposés du service de soutien à la personne sont les derniers. Après eux, venaient les employés d'épicerie et les autres employés jugés travailleurs essentiels. Quand il s'est agi de distribuer les équipements de protection individuelle, les employés d'épicerie malheureusement étaient tous en bas de l'échelle.
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Merci, madame la présidente.
Je voudrais commencer par remercier en particulier tous les membres des syndicats, tous les employés des épiceries et des détaillants qui ont permis de garder les magasins ouverts et en activité, et qui se sont placés, ainsi que leur famille, en première ligne, alors que nous nous sommes retirés et sommes restés chez nous. Nous voulions nous assurer de maintenir la sécurité alimentaire. Je suis content qu'ils aient pu recevoir cet avantage, même s'il était de courte durée.
Je veux les remercier en mon nom et au nom du Comité et de notre gouvernement. Vos membres ont été déterminants pour nous permettre d'arriver jusqu'ici et je suis sûr qu'ils continueront de jouer ce rôle important.
Cela dit, j'ai beaucoup entendu dire que la pandémie n'était pas terminée, alors pourquoi cette prime de reconnaissance pour la pandémie de 2 $ est-elle annulée?
Je vais commencer par lire une déclaration du président-directeur général de Loblaws et j'aimerais que vous me disiez tous pourquoi il fait une telle déclaration alors que la pandémie n'est pas terminée.
La déclaration du 11 juillet 2020 du PDG de Loblaws est la suivante:
Enfin, puisque l'économie reprend lentement et que les Canadiens commencent à retourner au travail, nous pensons que c'est le bon moment pour supprimer la prime temporaire mise en place au début de la pandémie. Les choses se sont stabilisées dans les supermarchés et les pharmacies. Après avoir prolongé la prime à plusieurs reprises, nous sommes confiants que nos collègues œuvrent efficacement et en toute sécurité dans cette nouvelle réalité.
Je vais arrêter là. Je ne veux pas lire le reste, car je veux vous donner la possibilité de répondre.
Commençons par vous, monsieur Dias. Pensez-vous que la pandémie est terminée et sinon de quels indicateurs vous servez-vous? Je suis au courant, je porte toujours un masque et je sais que la pandémie n'est pas terminée et que certaines provinces sont dans la phase deux, mais comment peut-on dire une chose pareille, que nous sommes revenus à la normale?
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Difficultés techniques] des résumés est tout à fait exacte. Il est tout à fait évident que la pandémie n'est pas terminée. Je voudrais juste parler de quelques problèmes importants.
Loblaws a communiqué avec nous pour nous dire qu'ils allaient arrêter de payer la prime de pandémie. Nous nous sommes farouchement opposés à la fin de la prime de pandémie. Nous avons tout essayé.
Nous leur avons aussi rappelé les 20 protocoles que TUAC Canada avaient pu établir. Cela avait été possible parce que nous sommes un syndicat international. Nous avons recherché les meilleures normes auprès de nos collègues et des syndicats européens et d'Amérique du Sud, et tous ces problèmes prouvaient que la pandémie était toujours en cours et que la prime de pandémie devrait se poursuivre également.
L'appel des TUAC et sa lettre aux employeurs au début avril.... La lettre a également été envoyée au gouvernement, ainsi qu'à la et la . Nous avons parlé avec la ministre Tassi de ce problème. Dans cette lettre, il y avait 20 protocoles que nous avons demandé à mettre en place dans tous les magasins de détaillants alimentaires et chez tous les détaillants. L'un des points dans cette lettre est clairement exprimé, la prime de pandémie doit continuer, doit devenir permanente et doit être augmentée.
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Je vous remercie, madame la présidente.
D'abord, je trouve important de souligner l'absence, en cette première journée, de représentants du côté patronal ou des grandes chaînes. Cela aurait été pertinent d'entendre leur avis relativement à ce débat.
J'ai aimé le fait que M. Lacroix commence sa présentation en mentionnant que, dans les années 1970, notamment, le travail dans une épicerie était un travail digne. À cette époque, un salaire d'épicier était suffisant pour acheter une maison. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, puisque le salaire est d'environ 25 000 $, ce qui équivaut à 14 $ l'heure. Cela me fait beaucoup réfléchir.
Je tiens à souligner à nouveau l'idée de base, soit d'intégrer des primes de façon régulière. Il s'agit donc d'augmenter le salaire minimum. En fait, une des conséquences, c'est que le travail dans les épiceries est perçu comme un travail qui s'adresse davantage à des étudiants, parce que les conditions de travail, comme le temps partiel et l'absence de régime de retraite ou d'assurance collective, sont plus facilement acceptables lorsqu'on est étudiant.
On ne s'adresse donc assurément plus à la classe moyenne, ce qui en fait un emploi transitoire. Toute la planification et la logistique deviennent de plus en plus difficiles.
J'imagine que, pour des syndicats comme les vôtres, la mobilisation de ces travailleurs pour obtenir une meilleure prise en charge des conditions de travail doit être plutôt difficile. Selon moi, dans le contexte de la crise de la COVID-19, il y a lieu de reconnaître qu'il s'agit d'un service essentiel et que l'enjeu est en lien avec la dignité des travailleurs.
Dans ma région, ce matin, j'ai assisté à une rencontre impliquant des représentants du Centre intégré de santé et de services sociaux d'Abitibi-Témiscamingue. Ils nous disaient qu'ils avaient procédé à l'embauche de 700 personnes. Le contexte de la COVID-19 a été bon pour favoriser des emplois. Toutefois, les représentants ont ajouté que la plupart de ces postes ont été pourvus par des employés d'épicerie ou de commerces de proximité. Or il est impossible pour les épiceries de les concurrencer sur le plan des salaires. Il y aurait lieu d'incorporer cette prime aux salaires.
Par ailleurs, j'ai également reçu plusieurs appels de ces entreprises qui me disaient que leurs employés ne souhaitaient plus travailler, parce qu'ils craignaient la COVID-19 et parce qu'ils pouvaient obtenir plus d'argent avec la PCU. En effet, cette dernière est passée à quelques reprises d'imposable à non imposable. Tout cela a été très difficile pour le moral des employés, j'en suis convaincu. En tant qu'élus, nous devons agir.
Monsieur Lacroix, croyez-vous qu'un décret soit envisageable pour encadrer l'industrie des épiceries?
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Je vous remercie de votre question, monsieur le député.
À mon avis, il s'agit d'une option qui devrait être envisagée. Il doit y avoir une forme d'encadrement des conditions des travailleurs et des travailleuses. Je ne montrerai pas du doigt une entreprise en particulier, mais, visiblement, le commerce de détail et les épiceries en général ne semblent pas vouloir mettre en place des conditions de travail qui vont permettre de pérenniser les emplois dans cette industrie, d'attirer des nouveaux talents ou de créer des postes à temps plein, afin de créer un pan de l'économie où les gens peuvent travailler dans ce domaine pour la vie, comme j'aurais voulu le faire dans les années 1980-1990. Cela n'était pas possible à l'époque, et ce ne l'est toujours pas.
La forme de l'encadrement que mettrait en place le gouvernement fédéral importe peu. Ce qui est important, c'est de s'assurer que les travailleurs seront payés correctement et qu'ils auront des assurances collectives et des régimes de retraite décents.
C'est ce qui est important en ce moment, c'est qu'il y ait une forme de décret. On sait que les décrets fonctionnent, parce qu'ils permettent notamment une compétitivité plus égalitaire entre les compétiteurs, ce qui fait que, étonnamment, cela devient profitable pour l'entreprise privée et pour les travailleurs et les travailleuses.
Plus tôt, vous avez parlé de la mobilisation. Teamsters Canada remarque présentement un phénomène de rehaussement de la mobilisation. Nos membres nous disent que l'employeur diminue leur salaire de 2 $ l'heure, qu'ils ont travaillé fort et qu'ils mettent leur vie en danger. Certaines personnes nous ont dit que, il y a six mois, ils n'envisageaient pas de faire la grève, mais que, puisque leur vie est toujours mise en danger, la grève est maintenant une possibilité. En fait, ils estiment qu'ils valent plus et mieux.
Nous devrons donc surveiller cette situation au cours des prochaines semaines et des prochains mois.
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Merci, madame la présidente.
Merci à nos témoins.
J'aimerais remercier mon collègue, M. Erskine-Smith, d'avoir présenté la motion pour faire comparaître les chaînes d'épicerie étant donné que le Bureau de la concurrence a constaté qu'elles ont fait preuve de collusion dans le scandale concernant le pain d'un bout à l'autre du pays. J'ai modifié la motion pour qu'au moins une partie des travailleurs soient représentés. Il ne fait aucun doute que cette question et ce secteur pourraient faire l'objet d'une plus grande surveillance et d'une activité accrue, et tous les députés s'y sont montrés favorables. Nous verrons où cela nous mènera, mais ce n'est que le commencement, sans aucun doute.
Ma première question est pour TUAC et Unifor. Dans les structures des deux groupes de travailleurs que vous représentez, je ne m'étais pas rendu compte que vos travailleurs sont payés différemment, par exemple entre Food Basics et Metro, ou No Frills et Loblaws. Ils pourraient faire partie de la même entreprise, mais les structures font en sorte que les magasins de base, ou ceux qui sont au bas de l'échelle des épiceries pour ce qui est de leur modèle, payent moins leurs employés. Est-ce vrai?
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Monsieur Masse, merci de poser la question, car elle permettra de brosser un tableau de la situation. Ce que tout le monde doit comprendre — et le syndicat des Teamsters et Unifor sont également au courant —, c'est que la situation dans laquelle se trouvent actuellement les employés d'épicerie s'explique par la diminution de la valeur de ce travail à la fin des années 1980 et au début des années 1990 lors de l'avènement de la multinationale Wallmart.
Ce qui s'est produit à ce moment-là, c'est que pour la première fois au Canada, nous avons eu des prix extrêmement réduits. On payait toutefois moins les employés, on ne leur donnait pas d'avantages et on faisait concurrence aux grandes chaînes qui se sont depuis regroupées. Comme l'a dit M. Dias plus tôt, il y a eu un énorme regroupement, mais on se trouvait en concurrence, et ce que nous appelions les « épiceries conventionnelles », qui avaient un comptoir de viandes, une boulangerie et un service complet à la caisse avec des gens qui apportaient votre épicerie à votre voiture, ont suivi le modèle de Walmart, et leur slogan était « Toujours des bas prix », « Le prix le plus bas fait la loi » et « Nous baissons les prix ».
Ce qui s'est produit au Canada, c'est l'adoption massive du modèle à bas prix ou à très bas prix, par exemple Food Basics et No Frills, comme vous l'avez mentionné. On s'est adapté pour pouvoir gérer ces autres problèmes, et nous avons assisté au déclin des épiceries conventionnelles.
Vous avez parfaitement raison. Dans les épiceries conventionnelles, comme Fortinos et Extra Foods, les conventions collectives sont meilleures, et les taux de rémunération et les avantages sont meilleurs que ceux des épiceries à très bas prix comme No Frills et Food Basics.
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Oui, il ne fait aucun doute qu'il y a différentes façons de les rémunérer selon l'épicerie à bas prix. Ce qu'on peut perdre de vue lorsqu'on parle de recommandations — et je vais revenir à la question de Mme Rempel Garner, c'est que le gouvernement fédéral doit présenter une loi sur le salaire minimum. Je comprends que cela s'applique au gouvernement fédéral, au secteur fédéral, et pas aux provinces, mais il est question de faire preuve de leadership.
Dans beaucoup de nos conventions collectives, nous voyons effectivement que nos membres gagnent plus que le salaire minimum, mais lorsque des hausses du salaire minimum sont adoptées, comme en Ontario sous le gouvernement Wynne et en Alberta sous le gouvernement de Rachel Notley, beaucoup de nos membres, syndiqués et sans aucun doute non syndiqués, obtiennent des hausses salariales.
On voit que le gouvernement peut jouer un vrai rôle. Le gouvernement, compte tenu de l'importante contribution des travailleurs du commerce de détail, devrait faire quelque chose à ce sujet.
M. Meinema a bien expliqué ce qui s'est produit, mais il ne fait aucun doute que les travailleurs au Loblaws de la rue principale gagnent plus que ceux des épiceries à bas prix.
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Cela ne fait aucun doute. Nous avons adopté une politique de salaire minimum de 15 $ à l'échelle fédérale il y a environ quatre ans, je crois. Même cette réponse est modeste.
Une chose me fâche vraiment. Dans une région que je représente à Windsor-Ouest, il y a un Food Basics où le service, l'entretien et les normes sont nettement inférieurs à la moyenne. Ce qui me fâche encore plus, c'est entendre parler de cet écart de salaire, car les gens de la région travaillent eux aussi. C'est dans une des régions les plus désavantagées et les plus diversifiées démographiquement. Elle a depuis longtemps des problèmes d'embauche.
Ce qui me dérange beaucoup, c'est que ces épiceries n'ont pas besoin d'avoir une politique visant à payer leurs travailleurs différemment. C'est un choix d'entreprise qui consiste délibérément à offrir moins de services et moins de produits. En outre, elles savent qu'elles se trouvent dans des régions défavorisées par rapport à d'autres régions dans les banlieues plus riches où il y a de meilleurs emplois, de meilleurs produits et un meilleur service. C'est leur modèle d'affaires. C'est de la discrimination pure et simple à l'égard de certains de nos quartiers les plus pauvres et les plus désavantagés, et elles adoptent cette politique. Leur modèle d'affaires repose là-dessus.
Vous vous demandez pourquoi les gens s'en indignent, car les enfants et les travailleurs à temps partiel autour d'eux... Je le sais, car j'ai été spécialiste des rendez-vous pour les personnes handicapées, et ce sont les plus vulnérables dans ce scénario. Vous avez raison: les heures sont fixées et il manque de suivi.
Quoi qu'il en soit, il faut consacrer beaucoup plus de temps à la question que nous le faisons pendant les délibérations du Comité aujourd'hui. Il y a manifestement une discrimination structurelle opérée par les chaînes d'épicerie dans certaines des régions les plus désavantagées. Tout ce qu'il faut faire pour voir la différence, c'est marcher dans les allées des épiceries. Pourquoi certains quartiers ne sont-ils pas traités de la même façon que les autres?
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Je vois. Merci de ces explications.
J'aimerais parler de la capacité financière de Loblaws.
Nous savons qu'en 2016, Loblaws a présenté une soumission et remporté l'enchère en ligne pour des permis de vente de vin de la Colombie-Britannique. Même si les dernières soumissions n'ont pas été rendues publiques, nous avons appris grâce aux déclarations du gouvernement, dans des bulletins d'information publiés en novembre 2016, que l'enchère devait permettre d'amasser près de 7 millions de dollars. [Difficultés techniques] a manifestement vu les possibilités de revenus que présentaient ces permis. [Difficultés techniques] pendant la majeure partie de la pandémie alors que les gens mangent essentiellement chez eux pendant des mois. On a rapporté que les ventes d'autres détaillants d'alcool ont augmenté.
Pensez-vous que des entreprises comme Loblaws ont observé pendant cette période une hausse des ventes de vin et qu'elles ont eu un profit supérieur au coût temporaire de la rémunération pendant la pandémie?
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Je n'ai pas de salaire précis à suggérer, mais je peux affirmer que, si on ne revalorise pas le métier d'épicier — appelons-le comme cela —, on ne pourra jamais garder les gens. On ne pourra jamais empêcher le phénomène des portes tournantes. Cela passe par une augmentation substantielle du salaire.
Si un travailleur gagne 25 000 $ ou 30 000 $ par année, peut-il s'acheter une maison et fonder une famille? À Montréal, un condo moindrement décent coûte entre 300 000 $ et 400 000 $. Un travailleur qui gagne 25 000 $ ou 30 000 $ par année peut-il se permettre d'acheter un condo ou autre chose qu'un appartement médiocre?
Ces gens ont également besoin d'une assurance collective décente afin qu'ils n'aient pas à vider leurs poches pour aller voir le dentiste. Ensuite, ils ont besoin d'un régime de retraite qui va leur permettre de bénéficier d'une retraite sans trop de problèmes financiers à 60 ou 65 ans. Enfin, ils ont besoin d'un salaire décent. Est-ce 17 $ l'heure, 20 $ l'heure ou 25 $ l'heure? Cela dépend des régions et des circonstances, mais une chose est sûre, le gouvernement doit mettre son nez là-dedans. Il doit évaluer cela de manière exhaustive d'une région à l'autre. Il doit mettre en place une structure qui va faire en sorte que les entreprises de cette industrie assurent à ces travailleurs des conditions et des salaires décents.
Je ne peux donc pas vous dire s'il s'agit de 17 $ l'heure ou de 20 $ l'heure, car cela varie d'une région à une autre. Je vous remercie de votre question.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je sais que M. Masse a parlé du scandale concernant le prix du pain et de la collusion connexe. Je viens d'une collectivité agricole et je tiens juste à faire valoir que même si vous doubliez le prix du pain, les agriculteurs n'obtiendraient que quelques sous de plus. Le milieu agricole génère beaucoup de revenus, mais ce n'est pas nécessairement les agriculteurs qui en profitent.
J'aimerais m'adresser à M. Lacroix, aux Teamsters. Il est très important d'acheminer les produits aux magasins. Je sais qu'il y a eu des problèmes majeurs au début. J'ai parlé à de nombreuses personnes préoccupées — des camionneurs et ainsi de suite — par des choses simples comme l'accès à des toilettes publiques, à des endroits où se procurer de la nourriture et ainsi de suite. J'espère que nous avons tiré des leçons de la situation.
Nous pouvons peut-être aussi nous pencher sur la situation des employés d'épicerie. Lorsque nous nous rendons dans nos coopératives locales et ailleurs pour faire notre épicerie, nous voyons les grands efforts qui sont déployés, nous voyons les travailleurs essuyer l'équipement entre les clients. Nous voyons les petits points sur le sol. Les gens comprennent que si nous respectons les directives, nous pourrons continuer de travailler ensemble. Je pense que c'est essentiel.
Je ne sais pas qui est à l'origine de certaines de ces mesures, et je suis curieux de savoir si les travailleurs ont contribué à leur mise en place, et quelles autres suggestions sont attribuables aux travailleurs de première ligne, que ce soit ceux à la file d'attente à l'épicerie, ou — je pourrais peut-être commencer par vous, monsieur Lacroix — ceux qui transportent les aliments aux épiceries.
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Je vous remercie de votre question, monsieur le député.
Vous avez mentionné quelque chose d'intéressant en parlant du camionnage. Je vous dirais qu'on n'a tiré aucune leçon dans le domaine du camionnage. Bien entendu, des compagnies de camionnage font leur travail correctement et ont mis en place une structure pour protéger les camionneurs et les camionneuses. Néanmoins, cela a pris énormément de temps et a été extrêmement difficile. Il a fallu constamment rappeler à ces entreprises de mettre en place des procédures de sécurité pour ces gens-là, et, encore aujourd'hui, ces camionneurs ont parfois du mal à accéder à certains endroits pour aller à la toilette ou pour prendre leur douche.
La situation s'est résorbée, mais cela a pris énormément de semaines. Il a fallu un tas d'entrevues du président de Teamsters Canada, François Laporte, pour mettre de la pression dans le système.
Je pense qu'il y a une gestion de crise, un plan de continuité — on appelle cela un « plan de contingence » en mauvais français — qui doit être mis en place par le gouvernement, mais également par l'industrie. Ce plan de continuité doit être fait avant une pandémie ou entre les pandémies, et non en plein milieu d'une pandémie alors qu'on est en train de vivre une situation difficile.
En ce qui concerne les mesures de sécurité qui ont été mises en place, les entreprises de commerce de détail et les épiceries ont fait un bon travail, et il faut le reconnaître. Elles ont fait preuve d'une certaine attention, d'une certaine empathie envers les travailleurs et les travailleuses. Les travailleurs et les travailleuses aussi ont présenté des idées et ont proposé des choses qui ont pu assurer leur sécurité.
Avant de terminer, je voudrais juste ajouter que, à des dizaines de reprises, j'ai personnellement observé à quel point les gens dans la population, les clients et clientes dans les épiceries, ne sont pas toujours conscients de la situation. Ils vont dans le sens contraire des indications, sont proches physiquement des travailleurs et des travailleuses, touchent aux travailleurs et aux travailleuses, touchent aux produits pour rien.
Il y a encore beaucoup de travail de sensibilisation à faire, et ce n'est pas seulement aux compagnies d'épicerie et aux épiceries de le faire. C'est au gouvernement de le faire, mais il revient également à nous tous, collectivement, de nous discipliner. Comme je vous le disais tantôt, nous assistons à la première grosse pandémie au Canada, mais je ne pense pas que ce soit la dernière.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Merci beaucoup aux témoins de leurs témoignages percutants. Je sais que je parle au nom de tous mes collègues et des Canadiens en général quand je dis que nous sommes très reconnaissants à l'égard des travailleurs essentiels pendant cette période difficile.
Même avant la pandémie, je pense que le sujet des salaires convenables était épineux, ce qui est d'autant plus vrai dans une période comme celle-ci où beaucoup d'employés sont très préoccupés.
Je vais commencer par M. Dias.
Vous avez répondu à mon collègue, M. Jowhari, en disant que votre syndicat n'a pas été averti de l'élimination progressive des hausses salariales.
Si nous remontons un peu plus loin, tout au long de ce processus difficile pendant la pandémie, la direction de ces épiceries communiquait-elle avec vous au sujet de la mise en place de mesures de protection? Il me semble que les travailleurs sont mieux placés que la direction pour savoir ce qui doit être fait. La direction a-t-elle communiqué avec vous à propos des mesures de protection à prendre?
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Les chaînes d'épicerie ont sans aucun doute échangé avec nos sections locales. Elles ont communiqué avec mon personnel chargé de représenter les employés d'épicerie, et mes adjoints ont grandement collaboré.
Nous avons pris part aux discussions sur le milieu de travail, sur la santé et la sécurité de nos membres, et, à vrai dire, sur les protocoles et les procédures pour les clients.
Encore une fois, à propos de toute la question de la rémunération pendant la pandémie, les grandes épiceries n'ont jamais communiqué avec notre syndicat pour dire que les salaires allaient diminuer. Il n'en a jamais été question. Elles n'ont jamais parlé de s'entendre sur un paiement forfaitaire. Nous n'avons aucunement contribué aux efforts déployés à cette fin.
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La direction soulève toujours le même point, c'est-à-dire qu'elle nomme ses concurrents et les salaires offerts par ces concurrents.
Nous répondons que nous croyons que le système est déficient. En effet, le système logistique de la vente au détail des produits alimentaires est défectueux lorsque nous nous préoccupons davantage de faire baisser les coûts, ce qui a des répercussions sur les Teamsters dans l'industrie du camionnage et sur Unifor, les Teamsters et TUAC dans les entrepôts, car nous nous retrouvons avec des entrepôts entièrement automatisés. Le système lui-même a des marges très faibles, mais je pense que c'est parce que le système est conçu pour s'assurer de maintenir ces marges à un niveau peu élevé.
C'est la raison pour laquelle je pense que le gouvernement doit intervenir énergiquement pour assurer un salaire de subsistance, car si la concurrence est réellement le problème, il faut obliger les concurrents non syndiqués à offrir les mêmes salaires et avantages sociaux. Dans l'ensemble, les syndiqués recevront plus d'avantages sociaux et ils recevront une pension, mais tout cela en fait partie. Les faibles marges dont les détaillants ne cessent de parler représentent une faille dans le système, selon moi, parce que c'est la voie que nous empruntons toujours au lieu de tenter d'améliorer le sort des travailleurs.
Ma question s'adresse à M. Lacroix. En fait, il s'agira de deux questions complémentaires en une.
Premièrement, on peut dire que, au cours des 20 dernières années, les géants de l'industrie n'ont pas offert des conditions de travail de qualité à leurs employés, parce que les salaires n'ont pas suivi. Malgré la lutte du monde syndical, on peut dire qu'il est toujours difficile d'obtenir de meilleures conditions de travail. Quels seraient les avantages d'imposer un décret gouvernemental?
Deuxièmement, je voudrais aborder la question d'une éventuelle hausse de salaire. Supposons qu'on rende obligatoire une hausse salariale de 2 $ l'heure pour les travailleurs et les travailleuses des épiceries. On ne fera pas de procès d'intention, mais on peut supposer que les entreprises vont dire qu'elles peuvent le faire, mais que la facture sera refilée aux consommateurs. C'est un argument classique. J'aimerais également entendre ce que vous avez à dire là-dessus.
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C'est certainement un argument classique. On ne sait plus sous quel angle aborder le problème des conditions des travailleurs et des travailleuses dans cette industrie. Je vous remercie de vos questions. Je vais répondre d'abord à la première.
Un des avantages du décret, c'est qu'il permet une compétitivité équitable entre les entreprises. Il n'y a donc pas d'entreprises qui offrent un très haut salaire et d'autres qui offrent un salaire très bas; tout le monde offre des salaires et des conditions de travail similaires, en général. Les décrets fonctionnent. Au Québec, on a mis en place des décrets visant certaines industries, et ils n'ont pas nécessairement fait exploser les prix pour les consommateurs.
Par exemple, il y a un décret visant l'industrie des éboueurs dans la région de Québec, et cela n'a pas fait exploser la facture des gens de cette région qui ont une maison et qui paient des taxes municipales. C'est donc une sorte de légende urbaine utilisée par les entreprises pour essayer de se dédouaner pour ne pas avoir à payer et à traiter correctement les travailleurs et les travailleuses.
Nous sommes en 2020 et on paie les gens 15 $ l'heure. Franchement, je pense qu'il faut passer à l'étape suivante.
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Merci, madame la présidente.
Selon un reportage de CTV, deux employés d'une épicerie de Windsor ont reçu un résultat positif au test de dépistage de la COVID-19. Ce renseignement a été rendu public aujourd'hui. Ces employés travaillent au Real Canadian Superstore de la rue Walker et de l'avenue Dougall. Si quelqu'un affirme que la pandémie a ralenti et que le prix du travail diminue en conséquence, ce n'est pas vrai. Nous savons tous qu'une deuxième vague s'en vient.
J'aimerais poser ma première question au représentant des Teamsters. Il me restera seulement une minute et demie lorsque j'aurai terminé de poser ma question, et j'espère donc que nous pourrons procéder aussi rapidement que possible.
Un plus grand nombre de postes à temps plein dans ce secteur permettrait-il également de réduire les risques pour le public et les travailleurs si ces postes étaient plus permanents et routiniers? J'ai une formation de préposé aux services de soutien à la personne. De nombreux préposés doivent occuper deux ou trois emplois différents. Ils sont aussi plus exposés et le risque pour les personnes qu'ils servent est plus élevé, car ils doivent aller d'un endroit à l'autre.
J'aimerais que le représentant des Teamsters réponde d'abord à ma question, et qu'il soit suivi du représentant des Travailleurs et travailleuses unis de l'alimentation et du commerce Canada, et enfin des représentants d'Unifor. Voici donc ma question: une plus grande stabilité des emplois à temps plein permettrait-elle non seulement d'améliorer la sécurité des travailleurs sur place, mais aussi celle du grand public?
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Je peux répondre en premier.
Sur le plan purement mathématique, monsieur Masse, c'est certainement le cas. En effet, si cinq ou trois personnes viennent travailler à temps partiel, mais qu'une personne à temps plein peut faire le même travail, il est évident que cela réduirait le nombre de points de contact. Il ne fait donc aucun doute que sur le plan mathématique, ce serait préférable.
De plus, ces travailleurs à temps partiel n'iraient pas travailler pour un autre employeur ou un autre détaillant, et ils auraient donc moins de contacts, car ils auraient un seul emploi à temps plein. Comme nous le savons tous, un emploi à temps plein avec un salaire de subsistance adéquat permettait à ces personnes d'être dans une meilleure situation sur tous les plans.
En ce qui concerne le point que vous avez soulevé plus tôt, monsieur Masse, au sujet des déserts alimentaires, des magasins inadéquats et de ces types de problèmes, une politique alimentaire nationale nous permettra de remédier à cette situation, mais des emplois à temps plein changeraient la donne.
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Je pense que cet enjeu est toujours soulevé lorsque nous parlons du salaire minimum ou des augmentations par l'entremise d'une convention collective. Je pense que ce raisonnement ne tient pas vraiment la route. En effet, les petits et les grands détaillants nous disent chaque fois que si les salaires minimums augmentent quelque part au pays, ils devront fermer leurs magasins et mettre à pied leurs employés. En fait, cela n'arrive pas. Ce qui se passe en réalité, c'est que les gens ont plus d'argent à dépenser au sein de leur collectivité, ce qui génère plus de revenus et plus d'emplois.
Encore une fois, je pense que le fait que nous devions maintenir des marges si étroites qu'elles ne nous permettent pas de rémunérer convenablement les personnes qui font le travail représente une déficience du système, car lorsque nous faisons face à une pandémie, ils peuvent [Difficultés techniques]. Les magasins ne ferment pas et les gens ne font pas faillite à cause de cette partie de la crise. Je suis conscient que la pandémie a causé du tort à des gens dans d'autres secteurs, mais je parle des détaillants alimentaires. Selon certaines recherches, les gens disent qu'ils seraient tout à fait prêts à payer quelques sous de plus pour une boîte de thon ou des carottes si cela signifiait que les employés qu'ils côtoient chaque semaine à l'épicerie pourraient obtenir un salaire décent, une pension et des avantages sociaux.
Un certain nombre de choses permettront d'améliorer et de stabiliser la situation. Vous pouvez parler de certaines choses dans les petites collectivités que vous avez mentionnées. Comme l'a dit Carolyn Wrice, certaines personnes, c'est-à-dire certains travailleurs de ces magasins, ont certainement recours aux banques d'alimentation. Nous devons donc reconnaître que le système est défectueux. Nous pourrions offrir une bien meilleure situation à ces travailleurs et aux petites collectivités, car ils auraient plus d'argent à dépenser dans d'autres endroits aussi.
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Nous connaissons tous la réponse à cette question, et c'est non. Le fait que deux travailleurs viennent à nouveau d'avoir un résultat positif au test de la COVID, comme cela a été annoncé aujourd'hui à Windsor, en est la preuve. L'argument est absurde, et toutes les personnes du présent groupe d'experts le comprennent. Je dirais même qu'ils le comprennent aussi. Cela n'a rien à voir avec le fait que la pandémie est en quelque sorte terminée et que l'on entrevoit la lumière au bout du tunnel. C'était une décision qui a été prise pour des raisons financières, point final.
Nous avons déjà discuté de l'incidence de l'augmentation des salaires. Le député précédent a posé des questions sur la petite communauté et des magasins de quartier. Écoutez, vous ne pouvez pas vous servir du scénario le plus sombre pour affirmer que cela devrait en quelque sorte être le test décisif pour l'industrie.
Paul a raison de dire qu'il y a très peu de magasins de quartier. La grande majorité des épiceries des collectivités urbaines et rurales appartiennent à de gros joueurs de l'industrie qui gagnent de l'argent à profusion. Ce n'est pas une décision économique qui a été prise en fonction de la rémunération « pandémique » plutôt que de leur résultat net, car nous savons qu'ils gagnent plus d'argent maintenant qu'avant la pandémie.
Si les montants étaient liés à leur capacité de payer, il leur faudrait donner 4 $ de plus de l'heure, parce qu'ils gagnent plus maintenant qu'à la même époque l'année dernière. C'est donc un argument qui ne tient pas la route.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Je vais adopter une approche légèrement différente. Il s'agit d'une industrie en transition, qui a connu des perturbations avant la pandémie. Ce que je veux dire, c'est que nous assistons à une automatisation accrue et à des changements dans le dernier droit. Nous avons des entreprises comme Instacart. Les chauffeurs d'Instacart ne sont pas syndiqués et ils n'ont pas d'heures et de salaires garantis, mais ils font définitivement partie du système maintenant. J'ai l'impression que ce qui s'est passé pendant la pandémie est… Par exemple, dans le cadre des mesures de santé publique, il y a eu cette décision de fermer les restaurants et d'ainsi supprimer un secteur qui constituait un substitut aux épiceries. Il y a donc eu une augmentation des bénéfices des épiceries.
Dans ce contexte, alors que nous examinons les politiques visant à relever certains des défis que vous avez tous soulevés aujourd'hui en tant que dirigeants syndicaux, je reviendrai sur le commentaire que vous avez fait, monsieur Dias, à savoir que l'augmentation de salaire de 2 $ pourrait potentiellement inciter les gens à renoncer à la PCU. Pouvez-vous m'en dire plus long à ce sujet? Nous avons Instacart, une marge de profit accrue et l'automatisation. Maintenant, nous avons la PCU. Pour les travailleurs que vous représentez, quelles sont les répercussions les plus marquées des problèmes liés à la pandémie? Quelles seraient vos recommandations en matière d'équité salariale?
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Tout d'abord, y a-t-il eu une recrudescence marquée des ventes à cause de la pandémie? La réponse est oui. Souvenez-vous, madame Rempel Garner, que Sobeys, Loblaws et Metro ont réalisé des bénéfices de 2 milliards de dollars l'année dernière. Quand peut-on dire qu'assez, c'est assez? Comment peut-on arguer que l'augmentation des salaires aura une incidence négative sur le prix des denrées alimentaires? On pourrait dire que s'ils ne faisaient qu'un milliard de dollars au lieu de deux, ils pourraient faire baisser le prix de la nourriture. Ces coûts ne devraient pas être maintenus sur le dos des travailleurs.
J'ai soulevé une question et formulé une observation au sujet de la PCU. Il y a des travailleurs à temps partiel qui travaillent dans deux ou trois magasins, avec un minimum d'heures de travail. Certains travailleurs auraient gagné plus d'argent, franchement, en restant assis à la maison à recevoir 500 $ par semaine qu'en travaillant 15 heures par semaine pour un salaire légèrement supérieur au salaire minimum. C'est un simple calcul. Les entreprises ont-elles accordé une augmentation de salaire de 2 $ pour des raisons honorables? Si c'était le cas, elles le diraient publiquement, mais il ne fait aucun doute que dans leur esprit, elles se sont dit: « Combien de nos employés vont rester à la maison et s'en titrer quand même mieux qu'en venant travailler? »
Ce sont des choses dont il faut tenir compte, mais comme je l'ai dit plus tôt, madame Rempel Garner, je pense que le gouvernement fédéral devrait d'abord proposer un salaire minimum de base et faire pression sur les provinces pour qu'elles emboîtent le pas.
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Merci, madame la présidente. J'aimerais remercier tous les témoins d'avoir présenté leurs points de vue de manière aussi claire. Je pense que nous sommes bien armés pour vendredi, c'est-à-dire pour recevoir les trois grands.
En ce qui concerne votre représentation des travailleurs, dont nous avons tous compris, je pense, qu'ils sont vraiment des travailleurs essentiels, que pouvons-nous faire, en tant que représentants fédéraux au sein de ce comité? Quels types de recommandations devrions-nous faire au sujet des agissements du gouvernement fédéral?
J'aimerais commencer par vous, monsieur Meinema. Vous avez dit que vous étiez à la table des négociations. Il est question de normes nationales en matière de santé et de sécurité. Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur ce que vous souhaiteriez voir du point de vue de la santé et de la sécurité?
Du point de vue de la santé et de la sécurité, dès le début du processus, nous avons informé la et la de ce qui doit être fait tant dans le secteur de la transformation que dans celui de la vente au détail. Ce sont de bons protocoles, et je dirais que les syndiqués comme les non-syndiqués en ont adopté certains, mais cela manque de cohérence.
Je pense que le gouvernement fédéral peut prêter main-forte à la fois au secteur de la transformation et à celui de la vente au détail, car l'argent est là. Qu'il s'agisse de la PCU, de l'argent disponible pour les détaillants ou de l'argent offert pour aider les transformateurs de produits alimentaires à traverser la pandémie, le gouvernement pourrait affirmer sans équivoque que le processus repose en partie sur un engagement de notre part à suivre les directives convenues et recommandées de manière cohérente tout au long de l'exercice. Cela permettrait, très franchement, de sauver des vies.
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Eh bien, tout d'abord, vous devez montrer l'exemple. Le fait qu'il n'y ait pas de salaire minimum fédéral soulève déjà des questions. Je regarde les travailleurs des aéroports qui ont souffert des reculs aux termes de leurs contrats, comme les travailleurs de Swissport, qui subissent le même sort en ce qui concerne les horaires et les mauvais salaires.
En fin de compte, le gouvernement fédéral va devoir dire aux provinces qu'il faut une étude plus vaste. Il doit y avoir une meilleure convergence des esprits. Il faudra tenir une discussion à ce propos lors de la réunion des premiers ministres, à laquelle le participera. Nous devons dire: « Écoutez, nous venons de vivre cela, et ce sont les travailleurs essentiels. » Vous ne pouvez pas laisser tous les Jason Kenney de ce monde, et franchement, tous les Doug Ford, dire ce qu'ils ont dit lorsqu'ils sont arrivés au pouvoir: « Écoutez, le problème, c'est que nous sommes prêts à faire des affaires et que nous allons par conséquent devoir geler le salaire minimum. » Nous le savons maintenant, c'est une rhétorique qui porte à conséquence pour les travailleurs essentiels les plus vulnérables de la société.
La discussion doit s'inscrire dans une perspective plus vaste. Il faut que le lance un défi aux premiers ministres en leur disant: « Qu'allez-vous faire à ce sujet? » Il s'agit d'une discussion publique qui se tient d'un océan à l'autre. Je pense que les premiers ministres qui ont maintenant une incidence négative sur ces travailleurs essentiels vont avoir un sacré prix à payer.
Quant à l'argument des réductions d'impôts sur les sociétés qui créent des emplois, je pense que nous avons vu ce qui s'est passé en Alberta. Nous pouvons voir ce qui se passe ici, en Ontario. Je pense que tout le monde sait que ce sont de lamentables arguments qui ne mènent nulle part. Le gouvernement fédéral doit montrer l'exemple.
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Je ne peux pas dire que c'est une parure. Je pense que c'est une reconnaissance de l'industrie. Cependant, le fait de l'avoir enlevée a créé énormément de frustrations.
Nous avons vu cela sur le terrain. Les travailleurs et les travailleuses nous le disent. Ils ne comprennent pas pourquoi ils risquent leur vie en pleine pandémie. La pandémie n'est pas terminée. Je le répète, il y a encore une pandémie, et il va peut-être y avoir une deuxième vague cet automne.
Par conséquent, aujourd'hui, on se retrouve dans une situation où les employeurs retirent cet argent aux travailleurs et aux travailleuses, alors que la pandémie se poursuit. Il y a donc un niveau d'exaspération qui augmente et on le voit. Des négociations débutent à gauche et à droite et on sent que les travailleurs sont de plus en plus motivés à passer à l'action, à mettre le poing sur la table. Alors, nous verrons comment les choses vont se concrétiser dans les prochaines semaines.
Une chose est sûre. Je pense que les travailleurs, la population canadienne, le gouvernement et les députés l'ont compris. Tous mes confrères et consœurs syndicaux ont le même point de vue que le mien à ce sujet. Il ne reste donc qu'aux entreprises à comprendre et à mettre en place des conditions de travail qui sont nettement supérieures à celles qu'il y a en ce moment.
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Merci, madame la présidente.
Mettons cela en contexte.
Lorsque la COVID-19 a frappé, les chaînes d'épicerie sont restées ouvertes. Leurs concurrents les plus proches étaient les restaurants, les bars et les autres services alimentaires, qui ont tous été fermés sans exception. Puis elles ont temporairement rouvert avec de nouveaux modèles structurels qui sont encore aujourd'hui quelque peu restreints, de sorte que la politique gouvernementale a en fait changé le modèle commercial en faveur des chaînes. C'est la réalité.
J'ai beaucoup travaillé pour essayer de faire baisser les taux des cartes de crédit, et cela a été fait en partie. Certaines compagnies de téléphone se sont mobilisées, offrant des services plus libres ou étendus. Même Lowe's a gardé son augmentation de salaire de 2 $.
Si les chaînes d'épicerie font des profits records grâce à cette situation, elles méritent un coin spécial en enfer, car le plus stressant pour les gens est de se procurer de la nourriture et des moyens de subsistance, et de pouvoir compter sur cette sécurité. Souvenez-vous de ces mois où les gens s'inquiétaient d'entrer dans leur épicerie de quartier, où ils se souciaient de la perte des services d'autobus, de la réduction des transports publics et de la possibilité de perdre tous ces soutiens de base. Il y a même eu une course au papier de toilette.
Monsieur Dias, je vais commencer par vous en ce qui concerne cet aspect, puisque vous l'avez mentionné. Pensez-vous que les chaînes d'épicerie profitent des politiques gouvernementales pour réaliser des bénéfices records et transformer leurs modèles d'affaires? Je ne blâme pas ce que nous avons fait et la façon dont les choses se sont faites, mais je crois que, pour ces entreprises, notre intervention s'est traduite par un bénéfice net. Je pense que cela pourrait aussi s'appliquer à leurs résultats financiers.