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Bonjour à tous. La séance est ouverte.
Bienvenue à la 30e séance du Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie de la Chambre des communes. Conformément à l'ordre de renvoi du samedi 11 avril, le Comité se réunit pour entendre des témoignages sur des questions liées à la réponse du gouvernement à la pandémie de COVID-19. La réunion d'aujourd'hui se tient par vidéoconférence, et les délibérations seront disponibles sur le site Web de la Chambre des communes.
Je voudrais rappeler aux députés et aux témoins d'attendre que je les nomme avant de prendre la parole. Quand vous êtes prêts à parler, activez votre microphone, puis désactivez-le quand vous avez terminé. Quand vous parlez, articulez clairement et intelligiblement et tenez le microphone de vos écouteurs près de votre bouche, si vous utilisez des écouteurs, pour que les interprètes puissent faire leur travail. Il est également très important de vous assurer que vous êtes sur le canal de la langue appropriée, la langue dans laquelle vous vous exprimez. Par conséquent, si vous parlez anglais, assurez-vous d'être sur le canal anglais. Si vous parlez français, assurez-vous d'être sur le canal français.
Comme d'habitude, je brandirai le carton jaune lorsqu'il vous restera 30 secondes pour votre intervention, et le carton rouge lorsque votre temps de parole sera écoulé.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins.
[Français]
Nous recevons Mme Magda Fusaro, rectrice de l'Université du Québec à Montréal, et M. Denis Martel, recteur de l'Université du Québec en Abitibi-Témiscaminque.
[Traduction]
Nous allons entendre Ed McCauley, le président et vice-chancelier de l'Université de Calgary. Nous accueillons aussi Matt Ratto, de l'Université de Toronto, qui est professeur agrégé et titulaire de la chaire des Laboratoires universitaires Bell en interaction humain-machine. Nous accueillons également M. Philip Landon, le vice-président et chef de l'exploitation d'Universités Canada.
Chaque témoin aura cinq minutes pour faire son exposé, après quoi nous passerons aux questions.
Nous allons commencer par M. Ed McCauley, président et vice-chancelier de l'Université de Calgary.
Vous avez la parole pour cinq minutes.
[Français]
Je remercie le Comité de me donner l'occasion de comparaître.
[Traduction]
Tous les aspects de nos sociétés ont été touchés par la COVID-19. Les établissements postsecondaires du pays ont réagi rapidement pour assurer la réussite des étudiants. À l'Université de Calgary, nous avons redirigé 30 000 étudiants vers l'enseignement à distance, nous avons rapatrié nos étudiants et nos universitaires qui étudient à l'étranger, nous avons veillé à ce que nos étudiants canadiens et étrangers soient en sécurité et, dans la mesure du possible, nous avons mis le télétravail en place pour plus de 5 000 professeurs et employés. Cela s'est fait en quelques jours. Nous avons mis en œuvre une décennie d'innovations en quelques semaines.
En même temps, notre établissement étant une grande université de recherche, notre corps professoral et nos étudiants ont participé à des programmes de recherche nationaux et internationaux pour comprendre la COVID-19 et réduire son impact sur notre santé et nos sociétés. Nous avons travaillé en étroite collaboration avec tous les ordres de gouvernement pour éclairer la politique de santé publique. Nos entreprises dérivées se sont rapidement mobilisées pour fournir des produits indispensables pour lutter contre la transmission de la COVID-19. Nos étudiants, eux-mêmes touchés par la pandémie, se sont mobilisés pour soutenir la collectivité.
[Français]
Je suis très fier de la façon dont nos étudiants ont répondu aux exigences liées à la pandémie de la COVID-19. Ils se sont adaptés et, en plus, ils ont donné de leur temps à ceux se trouvant dans le besoin.
[Traduction]
Ils ont participé à la livraison de produits alimentaires pour ceux qui ne pouvaient pas sortir. Ils se sont portés volontaires pour effectuer le traçage des contacts pour le système provincial de soins de santé, et plus de 200 enseignants en formation ont offert gratuitement du tutorat en ligne personnalisé aux élèves du primaire et du secondaire. Notre personnel s'est mobilisé pour produire des soutiens pour la santé mentale, de l'information à jour et des conseils pour faire face aux répercussions quotidiennes de la « nouvelle normalité ». Je suis très fier de la façon dont nous avons apporté notre aide et de ce que nous avons accompli.
Mais le moment est venu de regarder au-delà de l'urgence immédiate de la COVID-19 et de nous demander comment nous pouvons soutenir cette génération d'étudiants et de chercheurs et assurer l'avenir du Canada. La COVID-19 a démontré le rôle crucial que jouent les universités pour appuyer les Canadiens, et c'est pourquoi je fais tout mon possible pour que nous tirions des leçons de la « décennie de l'innovation » de cette année.
Cet automne, nous adoptons un modèle de prestation hybride. Dans le cadre des lignes directrices en matière de santé publique, nous voulons maximiser les interactions en personne. Elles représentent un élément essentiel de notre expérience étudiante et jouent un rôle clé dans la création des connaissances et l'innovation. L'énergie qu'elles apportent, les amitiés qui se nouent pour toute une vie et l'excitation de commencer une nouvelle aventure ne sont pas faciles à reproduire en ligne.
Le Canada a besoin du savoir que créent nos universités. Le monde ne restera pas immobile, et notre prospérité en dépend.
Le gouvernement du Canada peut contribuer à assurer la réussite des étudiants et des universitaires au cours des prochains mois grâce à des investissements. Investir dans l'apprentissage intégré au travail et le perfectionnement, c'est investir dans la productivité canadienne. Il y a aussi l'investissement dans la recherche. Les investissements antérieurs ont rapporté d'énormes dividendes pendant la pandémie. Leur poursuite favorisera la croissance et la diversification de l'économie canadienne. Enfin, l'investissement dans les plateformes technologiques libérera le pouvoir du monde numérique pour offrir une éducation avancée et mener à de nouvelles découvertes.
Ce ne sont là que trois exemples parmi tant d'autres où le rendement du capital investi au Canada pourrait être énorme. De tels investissements feront en sorte que le Canada soit équipé pour faire face à la prochaine grande catastrophe mondiale, car nous aurons le talent, la créativité et la capacité voulus pour créer de nouvelles connaissances.
En terminant, je tiens à souligner que les soutiens des derniers mois ont coûté cher, mais nous considérons que ces dépenses sont essentielles à la réussite de nos étudiants et à la prospérité qu'ils apporteront au Canada de demain. Dans un monde où règne une telle incertitude, investir dans les établissements postsecondaires est un investissement à la fois dans notre avenir et dans la préparation pour la prochaine crise.
Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
[Français]
Si vous désirez me poser des questions en français, je vous saurais gré de me permettre de répondre en anglais.
Je vous remercie.
Merci de m'avoir invité à témoigner.
J'ai passé en revue les transcriptions des témoignages récents devant le Comité, et j'ai été frappé par les commentaires du Dr McDonald, le 1er juin dernier, au sujet de la mise au point d'un ventilateur d'urgence par une équipe internationale de scientifiques et d'ingénieurs.
Mon objectif aujourd'hui est de souligner ce genre d'efforts et de vous en dire un peu plus sur les recherches que font actuellement, non seulement les chercheurs scientifiques et les lauréats du prix Nobel, mais aussi des gens comme des médecins de première ligne, des bricoleurs locaux, des étudiants et même des Autochtones comme la nation Nishnawbe Aski, dans le Nord de l'Ontario, qui tirent parti du savoir-faire local, de la fabrication numérique et des nouvelles technologies pour produire des solutions locales à la pandémie.
Au cours des derniers mois, des millions d'écrans faciaux ont été imprimés et découpés au laser. Il y a des centaines de projets de ventilateurs différents, mais souvent liés, d'autres types de masques faciaux et de technologies respiratoires, un vrai déferlement d'activités visant à protéger les travailleurs de la santé de première ligne et les patients de la COVID et à répondre à leurs besoins.
Vous avez probablement entendu ce genre d'histoires rassurantes dans les médias, et elles mettent vraiment en lumière la résilience et la capacité des Canadiens. Mais je pense que cela va plus loin. Ces histoires signalent également l'apparition de nouvelles capacités d'innovation et de développement technologique, en dehors des circuits habituels, qui fournissent des capacités essentielles pour résoudre les problèmes et intervenir rapidement lorsque les systèmes et les infrastructures industriels tombent en panne, comme nous l'avons récemment vécu.
Je vais vous parler un peu de moi. Je suis professeur à l'Université de Toronto, et lorsque la COVID a frappé, j'ai porté mon attention sur ce que nous pouvions faire à ce sujet. J'ai reçu un peu d'argent de l'Université de Toronto pour mettre sur pied ce que nous avons fini par appeler l'accélérateur de dispositifs d'urgence de Toronto et j'ai réuni un groupe de professeurs, d'étudiants et de membres du personnel pour travailler sur des enjeux cruciaux.
Depuis, nous avons produit environ 10 000 boucliers faciaux et nous les avons distribués dans les hôpitaux et les établissements de soins de longue durée. Nous avons soutenu l'élaboration d'un certain nombre de projets centrés sur les hôpitaux et fourni l'équipement essentiel pour aider à la mise sur pied d'une installation canadienne d'essai de masques N95 à l'École de santé publique Dalla Lana.
Mais ce que nous avons fait en réalité, c'est que nous avons appuyé ce qu'on a appelé les innovations communautaires axées sur le soutien aux collectivités dans le besoin. Par exemple, le projet de bouclier facial que nous avons mis sur pied faisait vraiment partie d'un processus d'innovation ouvert grâce auquel nous avons exploité les solutions des autres et fourni notre propre solution aux autres, en plus d'utiliser la licence ouverte pour appuyer une diffusion généralisée et des améliorations rapides plutôt que d'utiliser des brevets ou d'autres mécanismes de PI.
Bien entendu, nous avons pu le faire parce que nous avons tiré parti de l'infrastructure publique de l'université et de son financement dans le but d'avoir un impact direct et immédiat plutôt que de produire un résultat financier.
Ces boucliers faciaux et tous ceux que tous les autres groupes ont créés ont joué un rôle très important au cours des premiers mois de la crise en assurant la sécurité et la protection jusqu'à ce que les solutions habituelles de l'entreprise privée puissent s'accélérer. Maintenant que c'est chose faite, les écrans faciaux que nous avons fabriqués ne sont pas vraiment concurrentiels, ils coûtent plus cher à fabriquer et leur fabrication est limitée par notre utilisation de l'infrastructure universitaire, qui est maintenant revenue à son rôle principal de recherche et d'enseignement.
C'est une histoire rassurante, mais elle illustre ce que j'en retiens le plus. Au sein de l'université, nous répartissons habituellement l'innovation entre les contributions au savoir humain que nous partageons publiquement par l'entremise de publications universitaires, et les autres types de contributions qui doivent généralement être protégées par des brevets et qui sont axées sur la valeur économique.
Mais je pense qu'il y a une troisième façon qui, je crois, est mise en évidence par l'histoire qui précède. Il s'agit des innovations qui sont générées par une collaboration profonde et continue avec les collectivités dans le besoin et qui nécessitent une licence ouverte et un soutien continu pour avoir un impact. Ici, je veux vraiment souligner le rôle que les universités canadiennes peuvent jouer du fait qu'elles centralisent l'expertise et les connaissances, et visent à servir l'intérêt public.
Je vais terminer par quelques brèves recommandations. Je tiens à encourager le Comité à garder ce genre d'innovations à l'esprit dans ses délibérations sur des questions connexes comme le rôle du nouveau collège des agents de brevets et des agents de marques de commerce.
Je tiens également à encourager le maintien du financement des subventions de recherche et des autres formes de financement qui encouragent les universités et les chercheurs à établir des centres s'intéressant non seulement à la création de nouvelles entreprises privées, mais aussi à de nouvelles formes d'organisation pour soutenir les innovations du type que je viens de décrire.
Ces innovations nous ont vraiment aidés à résoudre un problème dans cette situation d'urgence en matière d'EPI, et je crois qu'elles nous offrent un modèle de capacité stratégique et critique continue.
Merci.
Je vous remercie de votre invitation et de mener cette étude, ainsi que du travail extraordinaire que font tous les parlementaires en cette période très difficile.
Universités Canada représente les 95 universités canadiennes à l'échelle nationale. Collectivement, nos universités forment une entreprise de 38 milliards de dollars et sont des moteurs importants de la prospérité économique. Elles fournissent des emplois à plus de 300 000 personnes, et elles sont ancrées dans les collectivités, où elles sont souvent le principal employeur, tout cela alors que plus de la moitié de leurs revenus proviennent de sources non gouvernementales.
[Français]
Les universités canadiennes font partie intégrante de la démarche du Canada pour lutter contre la pandémie de la COVID-19. Elles contribuent à atténuer les risques, à trouver un remède et à accélérer la reprise économique. Nous sommes conscients du défi que devra relever le gouvernement — et nous tous —, à savoir de relancer l'économie canadienne tout en maintenant les mesures de santé nécessaires pour nous prémunir contre la COVID-19.
Nous sommes très reconnaissants des mesures prises par le gouvernement jusqu'à présent, notamment l'annonce de l'aide financière de 9 milliards de dollars pour les étudiants, l'assouplissement du Programme de permis de travail postdiplôme et le financement pour la reprise des activités dans les laboratoires universitaires.
[Traduction]
Bien que ces mesures soient essentielles pour aider les jeunes et les universités à traverser la pandémie, je veux souligner trois questions clés aujourd'hui. La première porte sur les étudiants étrangers; la deuxième, sur l'infrastructure; et la troisième, sur la recherche et l'innovation qui seront essentielles pour aider le Canada à traverser la pandémie et au-delà.
Les étudiants étrangers font partie du tissu riche et diversifié des institutions et de leurs collectivités. Ils sont aussi l'une des principales sources de revenus pour les universités canadiennes et leurs collectivités. Ils injectent 22 milliards de dollars dans l'économie canadienne, plus que le bois d'œuvre, plus que le blé et plus que les pièces d'automobile. Cela comprend 6 milliards de dollars en frais de scolarité. Compte tenu de la fermeture des frontières et de la pandémie, nous pouvons nous attendre à une baisse considérable des inscriptions d'étudiants étrangers cet automne. Cette perte aura une incidence directe sur tous les étudiants et sur la capacité des universités de répondre aux besoins des étudiants canadiens. Nous avons travaillé en étroite collaboration avec les fonctionnaires fédéraux afin d'élaborer des mesures de soutien pour les étudiants étrangers qui veulent étudier en ligne ou en personne, et nous continuons d'insister sur la nécessité de veiller à ce que les étudiants étrangers puissent poursuivre leurs études, stabiliser les activités universitaires et contribuer à la relance économique. Nous sommes très désireux d'envoyer un message clair à la communauté internationale, à savoir que le Canada est ouvert aux étudiants étrangers.
Je dois également souligner la nécessité d'une aide fédérale si les établissements devaient subir une perte de revenus importante en raison de la baisse des inscriptions. Un transfert fédéral direct aidera les universités à faire le pont entre leurs activités et l'ouverture des frontières. De plus, les investissements fédéraux visant à regagner la part de marché du Canada dans les principaux marchés sources pour les étudiants étrangers, ainsi que la diversification des marchés sources, seront importants pour la stabilisation et la reprise du secteur.
En ce qui concerne l'infrastructure, lorsque nous nous serons remis de la COVID, les universités canadiennes pourront participer à l'accélération de notre relance économique.
[Français]
Les universités canadiennes ont aussi des projets d'infrastructure qui sont prêts à être mis en chantier. Ils totalisent 7 milliards de dollars et visent pour la plupart à bâtir des campus écologiques, accessibles et adaptés à l'apprentissage numérique, qui permettront de réduire les émissions de carbone du pays.
[Traduction]
Les investissements dans l'infrastructure numérique, en particulier, élargiront rapidement l'accès à l'éducation postsecondaire, au perfectionnement et au recyclage, même si le pays rouvre ses portes. Ces investissements garantiront également que les étudiants pourront suivre les cours, peu importe leur handicap, leur éloignement physique, leur travail ou leurs besoins familiaux.
Enfin, pour ce qui est de la recherche et de l'innovation, l'investissement dans la recherche et l'innovation dans nos universités représente une énorme possibilité de relance économique. Le moment est venu de tirer parti de la collaboration des cinq derniers mois pour élaborer une stratégie globale, de la conception à l'innovation. Une telle stratégie tirerait parti des investissements existants dans la recherche pour trouver des solutions concrètes aux nouveaux défis nationaux et locaux dans un Canada post-pandémique. Cela comprendrait un soutien aux stratégies de mobilisation des connaissances institutionnelles et aux centres régionaux d'adoption de l'innovation pour relier la recherche universitaire aux besoins locaux partout au pays.
Nous apprécions le travail de tous les membres du Comité pour aider le Canada à se remettre de la COVID-19. Merci beaucoup de nous accueillir aujourd'hui.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Mesdames et messieurs les députés, je vous remercie de nous avoir invités à contribuer à vos travaux d'une façon assez exceptionnelle. Nous comparaissons aujourd'hui au nom du réseau de l'Université du Québec. Permettez-moi de vous présenter très rapidement ce modèle unique au Canada.
Dans le milieu universitaire, c'est une force exceptionnelle et sa contribution, au Québec et au Canada, est également exceptionnelle. Dix établissements universitaires, différents et autonomes, sont répartis sur l'ensemble du territoire du Québec, en région urbaine et rurale, et comprennent plus de 1 300 programmes à tous les cycles. Plus de 100 000 étudiants s'inscrivent annuellement à nos activités. Il faut savoir que l'accessibilité aux études supérieures est pour nous une valeur tout à fait fondamentale. C'est le cas également de l'approche auprès d'étudiants à caractère particulier. Des étudiants de première génération, de jeunes Autochtones, des étudiants parents, des personnes qui ont déjà un emploi et, bien sûr, la relève issue directement des collèges, font partie de nos effectifs étudiants.
En 50 ans, nous avons remis plus de 750 000 diplômes afin de contribuer à l'amélioration de la qualité de vie des populations sur le territoire que nous desservons, mais aussi de plusieurs populations du réseau canadien comme tel. Avec 2 700 professeurs actifs dans le domaine du savoir, nous avons développé des créneaux d'excellence exceptionnels partout, dans chacun des établissements, et trouvé des solutions qui répondent aux grands défis modernes, bien sûr, mais aussi aux défis que nous connaissons actuellement dans le contexte de la COVID-19.
Collectivement, le réseau se classe premier au pays pour son volume en recherche. Les chercheurs développent des projets ancrés dans les collectivités qu'ils desservent. Ils collaborent avec une grande diversité de partenaires, notamment les groupes communautaires, les gens d'affaires, les entreprises, les milieux culturels, les agences du domaine de la santé et les organisations internationales. Bien sûr, ils travaillent aussi en partenariat avec presque toutes les universités au Canada. Nos découvertes et nos innovations technologiques, scientifiques et sociales contribuent à l'essor économique du Québec et du Canada ainsi qu'au mieux-être de tous les citoyens.
Je vais maintenant passer le bâton de la parole à ma collègue Mme Fusaro.
Je vais reprendre très brièvement les exemples mentionnés, qui soulignent la force de frappe d'un réseau qui permet des recherches ancrées dans tout le territoire, et montrer comment on peut devenir de formidables leviers d'invention et d'innovation. D'ailleurs, avant de continuer, je veux réellement saluer les initiatives prises par le gouvernement du Canada. La rapidité avec laquelle les mesures ont été prises et les montants des allocations versées sont dignes de mention. Cependant, comme vous l'aurez vu dans le mémoire qui a été déposé, nous déplorons que le financement de la recherche soit concentré dans une poignée d'universités au Canada. C'est un peu le propos qui sera le nôtre aujourd'hui.
Le Canada compte une centaine d'universités réparties sur l'ensemble de son vaste territoire. Mon collègue a parlé de la diversité. Comment se fait-il, dès lors, que le financement en recherche soit concentré uniquement — ou plutôt principalement — dans le réseau qu'on appelle U15 ou dans les universités qui ont des facultés de médecine? Nous pourrons en débattre par la suite, j'en suis persuadée. Cette situation est regrettable, car, aujourd'hui, la diversité des universités fait en sorte qu'un phénomène comme la COVID-19 n'est pas uniquement un phénomène épidémiologique. Il est sociétal, environnemental, économique, social et également gérontologique. Les effets sur les centres pour personnes âgées le confirment. Je peux multiplier les exemples à l'infini.
Même si notre réseau d'universités ne possède pas de faculté de médecine, plus de 800 chercheurs, toutes disciplines confondues — et il est important de le mentionner —, collaborent aujourd'hui à des recherches. D'ailleurs, vous trouverez dans notre mémoire, dans les encadrés nos 2 et 3, toutes les initiatives et les études que nos chercheurs réalisent. Vous pourrez alors constater qu'il est possible de ne pas avoir de faculté de médecine et d'avoir, comme chez nous à l'UQAM, un laboratoire P3, un laboratoire d'épidémiologie de niveau assez élevé. Le Canada a le privilège de pouvoir compter sur un réseau fabuleux. Or la moitié de l'effectif étudiant est formée dans des universités qui se partagent à peine le quart de l'investissement en recherche. Puisque nous allons manquer de temps, je ne vais pas revenir sur nos trois grandes recommandations. Je suis persuadée que nous pourrons en débattre.
En conclusion, le réseau de l'Université du Québec souhaite contribuer, au moyen d'un financement réparti différemment, à lutter contre les pandémies — en effet, il y en aura d'autres —, à soutenir les efforts gouvernementaux, à améliorer la résilience de nos populations et des organisations et, surtout, à contribuer à une relance économique verte.
Nous répondrons avec grand plaisir à l'ensemble de vos questions.
Je vous remercie.
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Merci, madame la présidente.
Je vais adresser la plupart de mes questions à M. McCauley.
Je suis heureuse de vous voir. Si je vous appelle Ed, veuillez m'en excuser.
Je vais commencer par reconnaître qu'à Calgary, nous avons peut-être vécu la pandémie et les bouleversements économiques d'une façon différente parce que nous étions dans une situation assez difficile au début de la pandémie, plus tôt cette année, en ce qui concerne le chômage et le ralentissement économique. Nous avons vu beaucoup de changements de politique qui ont nui au secteur de l'énergie.
Je me demandais si vous pouviez, très brièvement parce que je n'ai que cinq ou six minutes, décrire, de façon assez schématique, certains des défis auxquels l'université a été confrontée, ce que vous demandez aux gouvernements provincial et fédéral pour relever ces défis, et comment l'Université de Calgary a répondu à certains des besoins de la collectivité en général pendant cette crise. Je sais que vous jouez un rôle très important à cet égard, mais je pense, pour les fins du compte rendu, que si vous pouviez le faire de façon très succincte, il serait très utile aux membres du Comité d'en entendre parler.
Oui, il ne fait aucun doute que la COVID-19 et ses répercussions sur l'industrie partout dans le monde, dans tous les secteurs importants à Calgary, qu'il s'agisse de l'agriculture, de l'énergie, des transports, de la logistique ou des finances, se sont vraiment conjugués pour déclencher une crise majeure.
À Calgary, ce que notre université a essayé de faire dès le départ, c'est de maintenir le plus possible la continuité de ses activités. Pour ce faire, nous nous sommes notamment assurés d'être en mesure de mener des recherches pour aider à trouver des solutions au problème de la COVID-19 en particulier, mais aussi pour appuyer notre collectivité.
J'ai mentionné que nos étudiants ont pris des mesures extraordinaires. Ils se sont portés volontaires très rapidement pour participer au traçage des contacts. La Cumming School of Medicine a rapidement recruté environ 400 médecins locaux pour aider l'Alberta pendant la pandémie.
En même temps, nous fournissions des conseils et des suggestions fondés sur des données probantes à la ville, au gouvernement provincial et au gouvernement fédéral sur la façon dont nous pouvions régler les problèmes de santé publique associés à la COVID-19.
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Je pense qu'il est vraiment important d'appuyer les étudiants étrangers et de clarifier les conditions d'admission. Nous espérons accueillir environ 4 500 étudiants étrangers cette année, à notre université.
La continuité du financement de la recherche est très importante. J'ai parlé à mes professeurs adjoints, et leurs programmes ont été durement touchés, alors nous apprécions vraiment le financement de continuité des activités des trois conseils, ce qui est important.
Encore une fois, le fait d'avoir la capacité d'appuyer le perfectionnement et le recyclage pour appuyer la collectivité de Calgary serait très bénéfique en ce moment.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, le développement technologique et le développement de plateformes pour l'enseignement supérieur et la recherche seraient très généreux et très bénéfiques.
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Merci, madame la présidente.
Je remercie tous nos témoins d'être des nôtres aujourd'hui. J'ai quelques questions à poser à plusieurs d'entre eux. La première s'adresse à M. Landon, d'Universités Canada.
Vous avez dit que la communauté internationale des étudiants est très importante pour nous. C'est une excellente source de revenus pour les universités et pour notre PIB. Avez-vous remarqué une diminution des inscriptions pour le prochain trimestre et pour l'année à venir? Quelle en est exactement la raison? Étant donné que la plupart des universités, ou un grand nombre d'entre elles, ont dit qu'elles fonctionneraient à distance pendant les semestres d'automne et d'hiver, quelle est, selon vous, la raison de cette diminution des inscriptions des étudiants internationaux qui pourraient très bien suivre les cours à partir de leur pays d'origine?
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Je vous remercie, madame la présidente.
Je remercie aussi mes collègues d'avoir bien voulu que nous poursuivions le travail de recherche sur les universités. Le soutien à la recherche est important pour moi.
Aujourd'hui, nous sommes le 14 août. M. Martel, qui est le recteur actuel de l'Université, se rappelle très bien ce que peut représenter cette date.
Mon père était secrétaire général del'Université du Québec il y a 10 ans. À cette époque, le 14 août, j'étais au chalet, dans la cabane dans l'arbre, pour terminer la construction de cette œuvre qu'il avait commencée pour ses petits-enfants.
La veille, le 13 août, l'Université du Québec a eu l'occasion de lui rendre hommage. Monsieur Martel, en mentionnant cette date d'anniversaire, je tiens à souligner le travail que vous accomplissez personnellement et celui de Mme Johanne Jean, qui est aujourd'hui présidente du réseau de l'Université du Québec. Ce sont des images très fortes que j'ai encore en mémoire.
Ma première question s'adresse évidemment au représentant de l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, ou UQAT. Je suis très fier de pouvoir en discuter dans un contexte comme celui-ci.
Quel rôle occupe une université dans une région, plus particulièrement celle de l'Abitibi-Témiscamingue?
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Je vous remercie de votre question, monsieur Lemire.
Vous me rappelez effectivement de tristes souvenirs, mais aussi un grand homme.
Je parle souvent du rôle véritable d'une université en région, que je résume en une phrase. Une université en région, comme la nôtre, est un acteur et un facteur de développement de la région.
C'est un acteur, parce qu'elle joue un rôle d'animation, de concertation, d'association, de regroupement et de motivation. C'est aussi un facteur, puisqu'elle attire des entreprises qui savent qu'elles pourront bénéficier d'un personnel hautement qualifié. Elle attire des étudiants et, effectivement, des gens d'un haut savoir qui développent le milieu, notamment social et culturel.
C'est donc un rôle extrêmement fondamental. C'est un rôle premier pour les régions comme la nôtre.
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Force est de constater que ce rôle fondamental dans le développement d'une région est peu pris en compte dans la structure de financement de la recherche et qu'on aurait sincèrement tout avantage à décentraliser davantage les fonds pour les destiner à de la recherche fondamentale.
On sait qu'une quinzaine de grandes universités obtiennent presque 100 % des fonds dans la recherche. Il faut briser cette concentration et décentraliser des fonds vers les universités en région, comme la vôtre.
Il faut que le gouvernement fédéral fournisse des fonds importants pour soutenir les efforts des universités relativement à la relance économique.
Le soutien quant au salaire du personnel de bureau à la recherche est aussi un enjeu important. Il y a le soutien de la formation à distance pour les étudiants, en particulier pour les étudiants internationaux. Il y a le soutien des stages pratiques rémunérés que des entreprises offrent aux étudiants. Évidemment, dans le contexte, la gestion de ces fonds doit être supervisée et être confiée aux provinces, parce que c'est un enjeu: les universités relèvent des provinces.
À votre avis, aurait-on avantage à revoir la structure de financement du gouvernement fédéral?
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En fait, c'est la structure, mais aussi la façon de l'envisager.
Dans notre mémoire, nous faisons effectivement référence à quelques exemples et à quelques suggestions que nous apportons.
Comme le disait très bien ma collègue Mme Fusaro, il y a tout de même une centaine d'universités au Canada. Si l'on concentre de 55 % à 60 % de la structure de financement en recherche, les universités comme la nôtre ou les universités dans différentes régions au Canada, notamment dans les régions rurales, sont pénalisées parce qu'il est difficile de développer de la relève ou d'avoir un jeune chercheur qui veut faire évoluer sa carrière.
Il y a des moyens d'ajuster des programmes déjà existants et de s'assurer d'une meilleure répartition — il faut effectivement assurer une meilleure équité — du financement à l'ensemble des universités. C'est fondamental.
On ne peut pas se priver de la connaissance de tout le monde. On le dit souvent. Le rapport Naylor a bien souligné que l'excellence n'a pas d'adresse et qu'elle se trouve dans toutes les universités. C'est dommage que le Canada se prive de cette force de frappe. Il faut trouver des moyens pour que tout le monde puisse mieux contribuer.
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J'ajouterais à cela l'importance d'avoir un fonds destiné à la concertation régionale afin qu'il y ait des investissements dans des structures de diffusion de la connaissance. Cela mènerait à un savoir à la fois pratique et théorique, qui peut apporter une diversité susceptible d'aider à trouver des solutions à des problèmes que connaissent des entreprises en région. Il y a aussi la question de l'environnement à propos de laquelle vous êtes particulièrement proactifs, à l'UQAT.
L'autre volet important à aborder dans le contexte de la COVID-19 est celui de toute la question des étudiants étrangers. On sait que l'Université du Québec est une terre d'accueil importante pour ces derniers.
Si vous ne pouviez pas accueillir en sol témiscabitibien les étudiants étrangers, quelle pourrait être l'incidence sur votre financement?
Si les étudiants étrangers ne peuvent pas s'inscrire comme il est prévu, la législation provinciale, mais surtout fédérale, a-t-elle un effet sur votre capacité d'accueil et, au bout du compte, sur votre capacité à boucler vos budgets?
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Merci, madame la présidente.
En ce qui concerne le début de la réunion, je veux qu'il soit clair que le NPD appuie cette excellente motion qui a été présentée pour que nous l'examinions dans le cadre de nos travaux futurs. J'aimerais proposer un petit amendement. Pour que les gens sachent où nous en sommes, je vous dirai que nous ajouterions les vendeurs tiers sur le marché d'Amazon, ou ceux qui y sont officiellement, et les organisations de consommateurs. Comme je viens de Windsor, je surveille de très près les États-Unis. Les législateurs américains s'intéressent à un certain nombre de questions liées à Amazon. J'en ai simplement assez que le Canada soit traité comme une colonie par certaines de ces organisations. C'est une occasion que nous devrions saisir. Je suis désolé que nous l'ayons manquée cette fois-ci, mais j'ai hâte de le faire.
Sur ce, madame la présidente, je cède la parole à notre excellent groupe de témoins.
Monsieur Ratto, vous avez donné un très bon exemple de la production de biens et de services de l'université qui donne des résultats concrets. Je trouve cela excellent. Là d'où je viens, l'Université de Windsor a fait cela de diverses façons, depuis le secteur automobile jusqu'à toute une série de produits scientifiques et de santé qui faisaient partie de notre culture ici, avant la COVID-19.
Je voudrais que vous nous parliez de certains des obstacles liés aux brevets et à la propriété intellectuelle. Le Comité en a étudié quelques-uns dans le passé. Vous pourriez peut-être nous expliquer comment nous pourrions modifier les choses, surtout en période de crise, ou comment les améliorer pour permettre une recherche plus ouverte afin d'appuyer ce genre d'initiatives, dont vous devriez être très fier, et je suis sûr que vous l'êtes.
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Merci beaucoup. C’est une excellente question. Je suis souvent très préoccupé par la propriété intellectuelle, à laquelle j'accorde une grande attention, mais pas nécessairement pour les raisons que vous venez d'évoquer. À l’université, nous avons tendance à la concevoir comme l’un des principaux moyens de créer de la valeur par la production d’idées qui sont ensuite brevetées ou qui bénéficient d’une certaine forme de protection. Nous pouvons ensuite échanger ces idées ou les vendre à l’industrie. Ce que j’ai vu, en fait, pendant la crise de la COVID, c’est qu'on opte pour une autre voie, choisissant de ne pas prendre de brevet, de ne pas protéger les inventions par des droits d'auteur. M. McDonald a dit au Comité que le respirateur n'avait pas été breveté.
Le problème n’est pas tant qu'on n'a pas la liberté d’agir ou que les brevets constituent une restriction, mais que les contraintes sont le fait des établissements, qui ne savent pas forcément comment évaluer les résultats obtenus à moins que la propriété intellectuelle ne soit reconnue d'une façon ou d'une autre. Chose curieuse, on évalue souvent la propriété intellectuelle à l'université de la même façon que la publication d'un article, par exemple. C’est pour le chercheur une excellente façon d’étoffer son CV. Que doit-il faire si ce qu'il crée n'aboutit pas à ces résultats, mais a plutôt un impact réel dans le concret? Comment s'y retrouver? C’est en fait une restriction plus importante.
Dans une série d’entrevues que j’ai menées auprès de chercheurs qui ont participé à mon propre petit groupe, le Toronto Emergency Device Accelerator, ce problème réel a été mis en exergue. Ils ont dû sacrifier du temps qu'ils auraient pu consacrer à leur travail normal, à leurs recherches normales, pour essayer d’avoir un impact concret. Et ils se demandent maintenant si cela a bien servi leur carrière. C'est déplorable.
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Oui. À bien des égards, c’est une occasion ratée.
Monsieur Landon, je voudrais que vous participiez aux échanges sur une question importante. Vous avez signalé que les universités ont une capacité d'accueil en quarantaine pour les étudiants étrangers. Il est important de mettre ce plan en œuvre au cas où certains d'entre eux tomberaient malades. Ici, à Windsor, le gouvernement a permis à des travailleurs migrants de venir, s'appuyant sur un plan modifié. Il a autorisé la présentation d’un plan d’affaires vieux de trois ans. Il n’y a pas eu d’inspection sur les lieux. Il a bloqué la région au stade deux du déconfinement, et trois travailleurs étrangers sont décédés. De nombreux travailleurs séjournent maintenant à l'hôtel, retenus parce qu'ils sont tombés malades au Canada. Ils ne sont pas arrivés malades chez nous. Ils étaient en bonne santé lorsqu'ils sont venus. Maintenant, ils sont malades.
Qu'en pensez-vous? C’est un problème vraiment important. Il n'y a pas que l’aspect humanitaire. Il y a eu des décès, bien sûr, mais il y a aussi des conséquences pour l’ensemble de l’économie, puisque nous n'avons pas pu franchir les différentes étapes du déconfinement.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
C’est un honneur d’accueillir les témoins et d'aborder avec eux des questions fort sérieuses pour un important segment de notre société.
À cause de la COVID-19, les services d’éducation que vous offrirez à l’automne et au cours de l’année prochaine seront fort différents. Des étudiants seront invités à suivre des cours en ligne, que beaucoup considèrent comme une expérience d’apprentissage de moindre qualité, surtout si on songe aux laboratoires et aux cours pratiques. J’ai discuté avec beaucoup d'étudiants qui envisageaient avec enthousiasme le retour à l’université cette année. Ils ont été profondément déçus que cette méthode d’apprentissage devienne leur nouvelle réalité. À tel point que certains songent à attendre un an et à se retirer du système jusqu’à ce que les problèmes se dissipent.
Comme vous l’avez peut-être constaté devant les difficultés éprouvées par différents députés pour se brancher à la séance virtuelle d'aujourd’hui, il existe divers problèmes, notamment au sujet de l’accès à large bande. Les ruraux n’ont pas un accès à large bande satisfaisant pour naviguer sur Internet. C'est donc dire que nous envisageons en quelque sorte un système d’éducation à deux vitesses. Certains étudiants auront un accès complet aux cours et autres services, tandis que d’autres seront presque totalement exclus du système d’enseignement supérieur.
Les universités ont-elles mis en place des plans pour régler ce problème? Comment pourrez-vous offrir un accès universel à l’enseignement supérieur si les étudiants qui se sont inscrits à vos cours s'aperçoivent que c'est pour eux une fausse solution? Pourrez-vous leur offrir un remboursement ou leur permettre de poursuivre leurs études plus tard?
Universités Canada d'abord, peut-être?
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Merci beaucoup de votre question.
Il serait peut-être utile pour les autres députés que je réponde en expliquant précisément ce qui se passe. Certes, lorsque nous avons mis 1,4 million d’étudiants en téléenseignement en l'espace de trois semaines, en mars — comme l’a dit M. McCauley, l’innovation qui se serait normalement étalée sur 10 ans s'est faite en une seule année —, c’était pour achever le dernier semestre et permettre aux étudiants d'aller jusqu'au bout de leur parcours. Les universités se sont acquittées de la tâche avec brio. Il y a beaucoup de travail à faire pour relever le niveau d’apprentissage numérique et en ligne, notamment, comme vous l’avez souligné, sur le plan de l'accès, pour que tous aient la même possibilité d’apprendre.
Les universités de tout le Canada ont travaillé tout l’été en s'y prenant de façons diverses. Dans la plupart des cas, elles consacrent plus d'argent et de temps à la mise en place de services plus novateurs et plus accessibles. C'est leur grande priorité: comment s’assurer que les possibilités d’apprentissage à distance et en ligne sont d’une envergure et d’un niveau de qualité suffisants pour maintenir l’excellent apprentissage qui se fait dans leurs murs.
Il serait peut-être utile que quelqu’un d’autre...
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Merci beaucoup. Je vais m'adresser à M. McCauley.
Que pensez-vous de la question? J’ai enseigné les mathématiques et la physique au secondaire pendant 34 ans. Je me suis occupé de l’apprentissage distributif, entre autres choses. Des étudiants excellent sur cette plateforme, mais d’autres sont complètement perdus. Autre aspect, ce n’est pas tellement... Bien des problèmes tiennent à la technologie, par exemple, mais il faut aussi préparer les formateurs pour qu'ils sachent comment appliquer ce modèle d'apprentissage efficacement. Voilà un élément. Il faut veiller à ce que l'étudiant ait l'équipement voulu, mais il faut aussi que les formateurs aient la préparation voulue pour maintenir la motivation et l'engagement.
Qu'a-t-on fait pour faciliter, du point de vue du formateur, la communication de l'apprentissage?
J’ai dit que nous avions réagi prestement pendant la session d’hiver. Cela s’est fait en quatre ou cinq jours. Nous avons attribué des ressources aux professeurs pour les aider à s'adapter et à offrir les cours en ligne. Nous avons également travaillé uniquement en ligne au printemps et à l’été à cause de la COVID-19. Le Taylor Institute for Teaching and Learning a fourni des ressources aux membres du corps professoral qui souhaitaient mieux développer leurs cours. En fait, les inscriptions ont augmenté au printemps et à l’été grâce à cet effort.
Nous nous inspirons le plus possible de ce que nous avons ainsi appris pour nous préparer à la session d’automne. Nous voulons néanmoins être aussi ouverts que possible pendant la session d’automne, simplement à cause des cours pratiques dont vous avez parlé. Nous estimons qu’il y aura plus de 10 000 étudiants sur nos campus dans des classes à effectif réduit. Il y aura des interactions de personne à personne. Nous avons fait une analyse complète, avec les autorités de la santé publique, des moyens à prendre pour nous adapter.
Nous allons donc veiller avec le plus grand soin à ce que la qualité des étudiants et de l’enseignement soit là pour l’apprentissage distributif et sur place.
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Merci, madame la présidente.
Je remercie encore une fois les témoins de s’être joints à nous.
M. Dreeshen a posé quelques-unes de mes questions, mais je voudrais revenir à M. Landon en abordant le sujet sous un angle légèrement différent.
J’ai rencontré le Groupe CSA de l’Université de Guelph la semaine dernière et j’ai écouté ses préoccupations au sujet de la rentrée de l’automne. Nous avions des étudiants de premier cycle et des étudiants de cycle supérieur. Ils ont beaucoup en commun, mais il existe de réelles différences entre les deux groupes, surtout lorsque les étudiants de cycle supérieur ont une famille ou doivent trouver un logement et qu’ils ont du mal à assumer des coûts liés au fait d’avoir leur famille avec eux pendant leurs études. Le groupe a parlé des frais de scolarité — qui ne changent pas, même si les modalités de prestation le font — et des difficultés de communication avec les superviseurs et les professeurs. Quant aux étudiants en zone rurale, comme M. Dreeshen l’a signalé, ils ont des difficultés à cause de la qualité médiocre du réseau, de leur situation socioéconomique — tout le monde n’a pas les moyens d’acheter les appareils électroniques nécessaires aux études — et d'un accès limité aux ressources obligatoires et payées par les étudiants. Ils n’ont pas accès à la bibliothèque, mais doivent néanmoins en payer les services.
À Universités Canada, avez-vous travaillé avec des groupes d’étudiants? Avez-vous un groupe de travail qui examine les répercussions sur les étudiants, l’incidence de la COVID sur leur vie et la façon dont les universités les aident à poursuivre leur parcours?
Nous n’avons pas de groupe de travail, mais nous restons en contact étroit avec les associations étudiantes et leurs représentants nationaux pour discuter de cette question et de plusieurs autres. Je dirai en un mot que nous avons près d'une centaine d'établissements et qu'ils font de leur mieux sur bien des plans. Il arrive parfois qu'ils ne répondent pas aux attentes des étudiants, mais ils s'efforcent de le faire. Les universités sont à l'écoute de leurs étudiants.
Le nœud du problème, c’est que le coût de la fréquentation de l’université demeure le même. En fait, les coûts des universités ont augmenté: entretien des bâtiments, personnel et puis, maintenant, les nouveaux aménagements. Les coûts sont à la hausse. Toutes les universités au Canada s'efforcent d'offrir la meilleure expérience possible d'apprentissage en ligne, avec l'espoir d'accueillir de nouveau des étudiants dans leurs locaux dès septembre, et de reprendre les activités sur les campus au plus tôt, car c'est ce qui fait leur excellence.
Ma prochaine question s’adresse à l’Université du Québec à Montréal.
Comme M. Landon vient de le dire à propos des coûts de fonctionnement de l'université, il faut du personnel de soutien, du personnel de nettoyage, des professeurs et des chercheurs, et dans différents secteurs, ce personnel est syndiqué. La plupart des universités sont financées conformément à des modèles provinciaux. Comment le gouvernement fédéral peut-il soutenir les universités sur le plan des salaires et des coûts de fonctionnement?
Ma question s’adresse aux témoins du Québec, mais si M. Landon ou quelqu’un d’autre veut intervenir, ce sera utile également.
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Je vous remercie d'avoir posé cette question.
En substance, il y a plusieurs façons d'y arriver, à commencer par les coûts de fonctionnement. Il est vrai que ces derniers sont répartis selon les diverses catégories d'employés. Les coûts de fonctionnement liés au personnel non enseignant sont structurellement financés par les inscriptions et les frais de scolarité. Par ailleurs, les « coûts » du personnel enseignant reposent bien sûr sur la même formule de financement, grâce aux inscriptions d'une part et aux subventions gouvernementales de l'autre.
Ensuite, il y a la recherche. De nombreux chercheurs des universités du Québec — dont la mienne en particulier — sont financés par le fédéral. Vous seriez d'ailleurs incroyablement étonnés de voir le nombre de chercheurs de l'Université du Québec à Montréal, ou UQAM, que finance le fédéral. Un des aspects qui pourrait être intéressant — et cela rejoint ce que je mentionnais dans la courte présentation — est la possibilité de soutenir la recherche par des programmes quelque peu différents, comme pour des chercheurs émergents ou des étudiants étrangers au postdoctorat.
Vous vous intéressez d'ailleurs beaucoup aux étudiants étrangers et je regardais les chiffres pendant que vous parliez. Chez nous, dans les trois cycles, le nombre de ces étudiants est en augmentation. À l'automne 2020, nous aurons plus d'étudiants étrangers que l'année passée. Il s'agit bien sûr de petites augmentations, et non de 400 nouveaux étudiants du coup, mais, au premier cycle, ce seront presque 500 nouveaux étudiants étrangers qui arriveront sur le campus.
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Merci, madame la présidente, et merci à tous les témoins.
Je vais interroger chacun des témoins à propos d'un aspect différent de la situation des étudiants étrangers. Je crois savoir que des dispositions ont été prises pour que les nouveaux candidats puissent participer en ligne, mais mon bureau et moi recevons beaucoup de réactions des étudiants étrangers qui habitent au Canada et font des études de maîtrise, de doctorat et de postdoctorat. Certains d’entre eux en sont à leurs quatre premières années.
Ce que nous entendons dire, c’est qu’ils ont du mal à obtenir des fonds de leur pays d’origine. Par conséquent, ils peinent à se loger et à payer leurs livres, leur alimentation et leurs études. En ce moment, ils sont en proie à un stress intense, cherchant avant tout à payer leurs études, ce qui est leur priorité, quitte à faire des compromis sur d'autres plans. Par exemple, ils vivent à quatre, cinq ou six dans une seule pièce et mettent leurs livres en commun, ou bien ils sont incapables d'étudier.
La question que je pose à chacun des témoins est la suivante: comment les universités peuvent-elles soutenir ces étudiants étrangers et comment le gouvernement fédéral peut-il s’associer aux universités pour les aider à s’en sortir?
J’ai recueilli de l'information et des idées auprès d’eux, et je me ferai un plaisir de vous en faire part.
Si vous me le permettez, je vais commencer par M. Landon, d’Universités Canada. Comment pouvons-nous gérer ces difficultés?
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Nous avons environ 2 500 étudiants étrangers permanents, dont beaucoup ont décidé de rester pour poursuivre leurs études pendant la pandémie de COVID-19 parce qu’ils voulaient s'avancer.
Je n’ai pas entendu parler de cas précis d'étudiants étrangers qui se seraient présentés à nos bureaux pour parler de leurs difficultés, mais, pour reprendre les propos de Philip Landon, nous avons de nombreuses approches différentes, à l’Université de Calgary, pour aider les étudiants dans le besoin: soutien en santé mentale, soutien économique, etc.
Un élément important, en ce qui concerne le gouvernement fédéral, c’est que, grâce au financement de la recherche et à sa pérennité, de nombreux étudiants — des étudiants étrangers, en particulier ceux des cycles supérieurs — reçoivent des subventions et des bourses. Ce soutien les aide vraiment à assumer leurs frais de subsistance et s'ajoute à ce qu'ils touchent à l'université pour leurs tâches d'enseignement et autres.
Il me reste une dizaine de secondes.
Les universités peuvent-elles envisager d'offrir une partie des chambres inutilisées de leurs résidences, qui sont vides en ce moment, pour aider ces étudiants, et songer à accorder des délais plus longs aux étudiants étrangers, pendant une ou deux sessions, pour le paiement de leurs frais de scolarité, étant entendu qu'ils s'engageraient à acquitter cette dette? Leurs familles éprouvent également des difficultés à cause de la pandémie de COVID-19.
Je vous remercie de votre obligeance, madame la présidente.
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Je vous remercie de votre question.
La première mesure proposée dans le mémoire que nous avons déposé vise finalement à investir dans la diffusion, la concertation, et surtout, dans les partenariats de recherche. Peu d'entre vous ont posé cette question, et c'est normal, mais la recherche est constituée de partenariats avec le milieu et beaucoup avec les entreprises aussi. Vous seriez surpris de savoir que les universités collaborent énormément avec les entreprises. Ce sont des écosystèmes de recherche. Les chercheurs ne travaillent pas dans une seule université. Il est donc vraiment important de soutenir des initiatives qui sont interuniversitaires, intermilieux et interpartenaires.
La seconde mesure concerne les programmes. Comme je l'ai mentionné, le gouvernement fédéral finance la recherche, et le fait que la recherche soit concentrée au sein de certaines universités, et uniquement certaines ayant une faculté de médecine, est dommageable pour l'ensemble du Canada. Mon collègue M. Martel l'a démontré pour ce qui est des régions, et je peux le démontrer pour ce qui est de Montréal, qui est une région également. Il y a nécessité de diversifier la recherche, c'est vraiment ce que le rapport Naylor a démontré. Plus la recherche est diversifiée, plus l'ensemble de la population peut en bénéficier. Cela n'a l'air de rien, mais il n'est pas nécessaire d'investir des millions de dollars de plus; il faut mieux répartir cet argent entre des programmes innovants et des équipes de recherche émergentes. Ce sont toujours les mêmes équipes qui obtiennent le financement, d'où la concentration. C'est ce que nous voulons démontrer. En diversifiant cela et en donnant des montants d'argent à tout le monde, il y a de l'entraide.
Quelqu'un a posé une question, tout à l'heure, sur le partenariat avec les milieux. Nous sommes très ancrés dans les milieux. Les universités répondent à un vrai problème. En recherche fondamentale aussi, elles contribuent à la communauté, et la communauté innove avec elles.
Finalement, la troisième mesure touche la technologie numérique. Vous en avez parlé. Un peu partout au Canada, il y a effectivement encore des zones où l'accès aux ressources, quelles qu'elles soient, est difficile. L'accès est difficile, tout simplement. Il faut donc développer la technologie numérique. Ce serait intéressant. On parle beaucoup des étudiants à distance, mais il y en a qui sont présents dans nos campus, dans le respect de toutes les normes de sécurité et de santé publique adéquates, bien évidemment. Cela étant dit, on peut y être présent tout en ayant besoin de la technologie numérique.
J'espère avoir répondu à votre question.
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Merci, madame la présidente.
Je voudrais si possible revenir à M. Landon pour avoir une idée générale de la situation des universités sur le plan des besoins essentiels en infrastructure et de l'écologisation. Il y a aussi le logement. Y a-t-il un répertoire? Comme il n’y aura peut-être pas autant d’étudiants qui rentreront...
Ma fille est inscrite à l'Université NSCAD, et elle y reste parce qu’elle ne veut pas revenir par avion et pour toutes sortes de raisons. Elle est plus en sécurité là-bas. Certains de ses camarades de classe restent là-bas aussi. Certains rentreront, mais ils seront moins nombreux.
Y a-t-il une possibilité de ce côté? Par exemple, on pourrait peut-être rénover les résidences d'un certain âge et d’autres logements qui ne sont pas nécessairement aux normes: réduction des émissions de gaz à effet de serre ou logements plus sécuritaires conçus pour les défis à venir comme celui de la crise actuelle. De toute évidence, nous pourrions élargir ce programme, ou un scénario semblable pourrait émerger auquel nous ne nous attendons pas.
Y a-t-il une occasion à saisir, puisque la population étudiante est réduite, pour apporter des améliorations audacieuses et novatrices pour nos universités, sur les campus ou alentour?
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Merci à tous d'avoir patienté pendant que nous réglions cette question rapidement.
Je vais commencer par M. Landon. Nous n’avons aucun représentant des étudiants aujourd’hui, mais je veux quand même poser une question au sujet de l’appui du gouvernement aux étudiants canadiens. La Fédération canadienne des étudiantes et étudiants a lancé une pétition disant que le programme de Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant, de 912 millions de dollars, était vicié dès le départ. Elle critique sévèrement le programme, jugé peu pratique et peu utile pour les étudiants.
Je voudrais d’abord savoir si le gouvernement fédéral a consulté les universités au sujet de la valeur de ce programme.
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Merci, madame la présidente.
Tout d’abord, je tiens à souligner, compte tenu des nouvelles du jour, qu’il est intéressant que le Bureau de la concurrence mène une enquête, parce que, en juin 2019, notre comité international sur les mégadonnées et la protection des renseignements personnels, auquel se sont joints des parlementaires d’autres pays, a convoqué Amazon, à qui nous avons posé des questions. Dans mon souvenir, c'est probablement qui a posé les questions les plus précises sur les enjeux liés à la concurrence d'Amazon à l’époque. Il est intéressant que le Bureau de la concurrence s’en occupe. Il serait utile que le Comité se penche sur cette question, et peut-être qu’il envisage plus généralement de consolider nos lois sur la concurrence dans la foulée, compte tenu des dernières réunions.
Ma première question porte sur la stratégie de protection de la PI.
Le 24 mai, Natalie Raffoul et Jim Hinton ont écrit dans le Globe: « Le fait que les Canadiens paient les travaux de recherche d’entreprises étrangères est un problème systémique bien connu, notamment en ce qui a trait aux technologies à valeur stratégique, comme la 5G et l’intelligence artificielle. » Ils donnent notamment l'exemple suivant: « Le financement public par le biais du financement d’experts de l’Université Dalhousie a contribué à une foule d’inventions brevetées qui sont à la base de la nouvelle batterie d’un million de milles de Tesla. » Ils dénoncent ce qu’ils appellent une « maladie unique », à savoir la « propension des contribuables canadiens à financer et à créer des idées que d’autres pays commercialisent ».
J’aimerais connaître le point de vue de M. Landon à ce sujet. Je sais qu’une grande partie de ce travail relève en fin de compte de l'administration provinciale et que le gouvernement de l’Ontario a récemment pris des mesures, mais j'aimerais savoir si vous avez une idée des mesures que le gouvernement fédéral pourrait prendre à cet égard.
Les stratégies et les politiques en matière de PI forment un écosystème assez complexe dans les universités canadiennes. Sur certains campus, la PI appartient au créateur, à l’étudiant ou au professeur. Dans d'autres universités, elle appartient à l'établissement. Il y a, dans chaque cas, des avantages et des inconvénients quant à la valeur que prend finalement la PI.
Ce que nous souhaitons surtout, entre autres, c’est davantage de soutien pour la mobilisation du savoir au Canada. Nous ne faisons pas aussi bien que nous le pourrions, c’est-à-dire traduire la propriété intellectuelle, traduire les idées dans les collectivités locales et dans l’économie locale. Nous réclamons la création d’un fonds pour la mobilisation du savoir, semblable à ce qui se fait actuellement au Royaume-Uni et qui aiderait les universités canadiennes à collaborer étroitement avec les marchés locaux, aussi bien sociaux qu’économiques. pour traduire leur travail en produits viables et en épanouissement économique.
Certains autres recteurs et présidents souhaiteront peut-être vous donner des détails sur les politiques de leurs campus en matière de PI.
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C'est une excellente question. En fait, nous avons multiplié les initiatives en offrant notamment des cafés virtuels, des rencontres virtuelles, des mentorats, des tutorats et des assistanats. Nous avons donc facilité toutes les formes d'accompagnement qui permettaient aux étudiants de bénéficier de l'aide, soit de leurs professeurs enseignants, soit de leurs collègues de différents groupes.
Toutefois, cela n'a pas été suffisant, parce que c'est d'une aide psychologique dont les étudiants ont principalement eu besoin. Autrement dit, le nombre de demandes de consultations psychologiques a littéralement explosé aux mois de mars, avril et mai. Nos efforts se sont donc surtout concentrés, dans un premier temps, sur l'augmentation des services accessibles à distance, les consultations se déroulant de cette manière.
De plus, comme vous le savez, nous devions réagir en temps réel: il fallait constamment tenir compte de l'évolution de la situation et proposer des services qui y étaient adaptés. Nous avons par la suite proposé des offres d'intégration. À l'automne, c'est également dans ce sens que nous allons en ajoutant un peu d'activités en présentiel. Je dis un peu, car Montréal est quand même un endroit fermé où il y a beaucoup plus de cas qu'ailleurs, alors nous faisons très attention afin de ne pas provoquer une recrudescence du virus, bien évidemment.
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Nous ne savons pas vraiment. En fait, cette inquiétude remonte plus loin. Actuellement, il semble que les inscriptions d’étudiants canadiens se stabilisent très bien, mais c’était effectivement un souci au début de l’année.
Ce qui s’est passé pendant la session d’été, c’est surtout que les étudiants ont estimé qu’ils pouvaient partir. Nous nous sommes tous demandé ce qui allait se passer au cours des trois prochains mois. Cela nous préoccupe un peu moins. Il y a encore des étudiants qui veulent reporter, peut-être d’un an, ou suivre seulement quelques cours, mais, comme je l’ai dit tout à l'heure, il est difficile d'évaluer la situation tant que nous n’aurons pas tous les chiffres concernant les inscriptions, c'est-à-dire probablement vers octobre.
Pour l'instant, concernant les étudiants canadiens, les chiffres sont bons. Ils varient de façon intéressante, ce qui n’était pas le cas auparavant. En Ontario, par exemple, il y a des écoles où les inscriptions débordent, tandis que d’autres en ont peu par rapport aux années antérieures. Je ne veux pas trop spéculer sur les raisons de cette situation, mais le nombre total d’étudiants canadiens inscrits semble raisonnablement bon cette année.
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Je vous remercie, madame la présidente.
J'aimerais poser une question à M. Martel et à Mme Fusaro sur la recherche partenariale. On sait qu'en temps de ralentissement économique, généralement, la première chose qui est laissée de côté par les entreprises, ce sont les sommes accordées à la recherche.
Comme beaucoup de recherches se font en partenariat avec des entreprises et que les sommes investies sont quand même élevées — parfois, il peut s'agir du tiers de l'ensemble des ressources d'un programme de recherche —, à votre connaissance, y a-t-il des recherches qui sont mises en péril par cette situation? Qu'est-ce qui pourrait être mis en place par le gouvernement pour soutenir particulièrement la recherche partenariale?
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Monsieur Simard, vous avez entièrement raison. D'ailleurs, des fonds d'urgence ont été mis en place par les organismes subventionnaires fédéraux et provinciaux pour pallier momentanément la situation.
Vous avez parlé de recherches partenariales avec des industries et des entreprises. Je me permettrais d'ajouter que cela se fait également avec les gouvernements. Les gouvernements et nous sommes de très grands partenaires de recherche.
Tout à l'heure, mon collègue de Toronto parlait de visières. De notre côté, nous avons fait des masques, que nous avons mis en distribution publique grâce à des imprimantes 3D. Mon collègue de l'Abitibi va vous donner d'autres exemples. Nous avons apporté notre aide, et je précise que nous avons donné ces masques, bien évidemment. Ce n'était même pas un effort; nous l'avons fait avec grand plaisir pour aider l'ensemble de la communauté, qui en avait vraiment besoin.
Débloquer des sommes est une chose, mais permettre le maintien des subventions dans le temps est très important. Une subvention a un début et une fin. Il serait fondamental de dire que, compte tenu de la COVID-19, les universités n'ont pas pu faire la recherche et que le gouvernement prolonge le terme de la subvention sans pénalité pour les chercheurs. Cela serait une mesure.
Il s'agirait aussi de déployer des mesures pour les étudiants, parce que la recherche se fait en équipe. Quand on parle de la recherche, cela ne comprend pas seulement le chercheur principal, mais une équipe composée d'étudiants de deuxième et de troisième année, d'étudiants au postdoctorat et de collègues.
Monsieur Martel, je suis désolée d'avoir pris tout le temps. Je vous laisse ajouter quelque chose.
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Merci, madame la présidente.
Je ne veux pas ignorer les autres témoins, mais je vais en choisir un seul pour l’instant. M. Martel était en train de parler; je lui donnerai donc la parole ensuite. S’il nous reste du temps, j’inviterais Mme Fusaro et M. McCauley à intervenir rapidement, eux aussi.
Que pensez-vous personnellement de ce que sera la qualité de l’éducation à la sortie de cette crise et quelle valeur, selon vous, les secteurs privé et public accorderont-ils à un diplôme obtenu pendant la pandémie de COVID-19, puisque la plupart des cours sont offerts en ligne. Je suis simplement curieux de savoir si vous y avez réfléchi.
Merci, madame la présidente.