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Monsieur le président, membres du comité, mesdames, messieurs, d'abord, je tiens à vous remercier de nous donner la possibilité de vous faire part de l'état de la situation des ports pour petits bateaux aux Îles-de-la-Madeleine, ainsi que des problèmes qui y sont reliés, tels que vus par notre association de pêcheurs.
Nous sommes la plus vieille organisation du genre au Québec, comptant 32 ans d'existence. Nos membres sont classés comme des pêcheurs côtiers ayant des bateaux de moins de 50 pieds. Nous intervenons à plusieurs niveaux dans les pêches, et la question de la conservation nous tient à coeur: conservation de la ressource, bien sûr, mais également la conservation des infrastructures nécessaires et essentielles que sont les ports de pêche.
Cela étant dit, nous avons, aux Îles-de-la-Madeleine, neuf ports de pêche pour petits bateaux. Il y a 400 bateaux et on effectue 20 000 débarquements. On débarque 9 000 tonnes de produits, dont une part de 80 p. 100 est constituée de homards et dont la valeur est de l'ordre de 45 millions de dollars.
Le problème des ports est la congestion. En effet, le taux d'occupation des structures est élevé. Aux Îles-de-la-Madeleine, c'est un problème qui nécessite beaucoup d'entretien et de dragage. Il y a aussi des structures qu'on peut qualifier de vieillissantes, c'est-à-dire que leur vie utile est quand même assez avancée, pour ne pas dire très avancée.
Le budget de dragage aux Îles-de-la-Madeleine est de l'ordre de 800 000 $ sur un budget d'entretien et de fonctionnement d'environ 1,7 million de dollars. On parle donc d'une proportion de 45 p. 100, qui augmente de plus en plus, car nos besoins, comme on le verra tout à l'heure de façon un peu plus détaillée, sont de plus en plus grands. Il ne faut pas oublier non plus que les Îles-de-la-Madeleine sont situées en plein milieu du golfe; c'est une plaque de terre déposée sur un tas de sable. Il faut comprendre la situation particulière des Îles-de-la-Madeleine dans l'ensemble du golfe, en rapport avec les besoins criants et croissants en matière de dragage.
D'après ce que je sais, le budget du Québec pour le fonctionnement et l'entretien est peut-être de l'ordre de 3,5 millions de dollars, dont 1,5 million de dollars pour le dragage. Donc, si les Îles-de-la-Madeleine reçoivent 800 000 $ de ce 1,5 million de dollars prévus aussi pour d'autres régions du Québec, comme la Côte-Nord, la Gaspésie et autres, on constate que nous grugeons quand même 50 p. 100 du budget pour le dragage au Québec. Les besoins sont donc énormes.
On va vous donner un état de la situation. C'est sûr qu'on est ici pour décrire la situation des Îles-de-la-Madeleine, mais on est ici surtout et avant tout pour vous encourager à réclamer davantage de sous. On sait qu'il y a un besoin, comme je vous l'ai dit, non seulement chez nous, mais aussi ailleurs au Québec. Il y a un besoin chez nous en termes d'argent pour le dragage, mais également pour régler la question de la congestion. On a besoin de certains agrandissements, on a également un besoin concernant les structures vieillissantes, c'est-à-dire les structures qui arrivent à la fin de leur vie utile. On a aussi besoin de projets de renouvellement. Donc, on a besoin d'argent et on vous encourage fortement à intervenir auprès des personnes autorisées à revendiquer un accroissement des budgets pour les ports pour petits bateaux.
Rapidement, sans être un expert en matière de chiffres, je sais que peut-être juste pour la région de Québec — je mets ces chiffres entre parenthèses et je vous parle de la situation sur plusieurs années —, on prendrait facilement 5 millions de dollars additionnels par année. C'est sûr que si on inclut toutes les autres régions au Canada, on parlera alors peut-être de 40 millions de dollars et plus. Toutefois, cela nous apparaît nécessaire pour répondre à nos besoins parce que, comme je l'ai dit plus tôt, la situation est criante.
Pour ce qui est de la situation aux Îles-de-la-Madeleine, je vais tracer un portrait rapide. M. Desrape, un pêcheur d'expérience, se fera un plaisir de répondre aux questions de façon plus précise par la suite.
Si on regarde une carte géographique, les Îles-de-la-Madeleine sont situées en hauteur et un peu en biais. Je partirai du sud et me dirigerai vers le nord des Îles-de-la-Madeleine.
Au sud-ouest, il y a Millerand. À cet endroit, l'état général des infrastructures est assez bon, mais le plus grand problème est l'ensablement, qui nécessite un dragage annuel très important.
Au sud-est, il y a le village de Havre-Aubert. On a été relativement chanceux, parce qu'un projet de construction s'est terminé en 2007. On remercie donc tous les intervenants qui ont travaillé à ce dossier.
On monte ensuite vers le nord et on s'arrête sur la partie centrale des Îles-de-la-Madeleine. Du côté ouest, il y a l'Étang-du-Nord, où il y a une infrastructure vieillissante qu'on appelle le quai COOP. Il y a beaucoup d'agitation dans ce bassin, en raison de son étendue. Un documentaire a été produit sur cet endroit. Il faut diminuer l'agitation dans le port et rendre les conditions d'amarrage plus sécuritaires en construisant un épi de quai. Le dossier est en cours, car c'est un besoin criant.
Toujours dans la partie centrale, il y a Cap-aux-Meules, qui est situé du coté est. Les infrastructures sont en bon état. La problématique a davantage trait à la congestion. Il y a beaucoup de congestion dans ce port, qui est très important. L'autorité portuaire de l'endroit demande depuis plusieurs années qu'on agrandisse le havre. Une étude de planification est aussi en cours. Ces besoins font appel au budget majeur, comme on le dit dans le jargon du ministère.
Toujours du côté est de la partie centrale, il y a l'Île d'Entrée. Un projet de réfection a été terminé en 2004, mais il y a d'énormes besoins en matière de dragage annuel. À Pointe-Basse, il y a aussi un grand problème de congestion. Le havre est rempli à pleine capacité. Il y a également un important problème d'ensablement, ce qui nécessite un dragage annuel.
Un peu plus au nord, on arrive à Pointe-aux-Loups, du côté ouest des îles. L'infrastructure est vieillissante et l'agitation est importante dans le bassin, ce qui force les pêcheurs à monter leurs bateaux sur la cale de halage la majorité du temps, plutôt que de les amarrer au quai, car il n'y a pas de section de protection au bout du quai. On aurait besoin d'une section de protection au bout du quai. Là aussi, l'ensablement nécessite un dragage annuel. En 2008, on aura besoin d'un investissement majeur pour dégager le bassin de Pointe-aux-Loups.
Toujours un peu plus au nord, du côté ouest, à Grosse-Île, les infrastructures sont généralement en bon état, sauf pour ce qui est des encaissements à l'entrée du havre. Les encaissements à l'entrée du havre se sont beaucoup affaissés. Cela nécessite également un dragage annuel important. Le prolongement de la jetée à l'entrée, encore une fois pour couper les vagues hautes, pourrait aider à réduire un peu le dragage. Là encore, on a besoin de fonds importants.
Le dernier endroit, qui est situé complètement au bout de l'île, du côté nord-est, s'appelle Grande-Entrée. Il y a une infrastructure qui date de 2001, dans la partie est du quai. Par contre, il y a une vieille partie qui date de 1970. Plus de 50 p. 100 de la flotte de cette région s'amarre dans cette ancienne partie. On a remplacé certains lambris au cours des dernières années, mais il semble maintenant y avoir un problème de profondeur, dans cette partie. Il faudrait donc refaire une partie des lambris.
Ce sont là nos besoins, et ils sont énormes. Encore une fois, ces besoins sont criants et requièrent des fonds additionnels.
Sur ces propos, je vous remercie encore une fois. M. Desrape pourra répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président et membres du comité.
J'aimerais d'entrée de jeu signaler que je suis très heureuse d'avoir l'occasion de vous rencontrer aujourd'hui pour vous parler des problèmes auxquels sont confrontés toutes les administrations portuaires de l'Île-du-Prince-Édouard.
Depuis six ans que j'ai le plaisir de m'occuper des ports pour petits bateaux à titre de responsable du port de l'administration portuaire de Port of North Lake; j'aimerais vous parler de certaines de mes préoccupations ainsi que de celles des autres membres de notre collectivité de pêcheurs concernant les ports pour petits bateaux de l'Île-du-Prince-Édouard.
À titre de membres du comité permanent, je suis convaincu que vous avez été mis au courant de certaines des difficultés auxquelles sont confrontés les pêcheurs canadiens de la région atlantique lorsqu'ils veulent réparer et protéger les installations portuaires des attaques de Dame nature et de l'usure normale associée à l'âge.
Les ports pour petits bateaux de l'Île-du-Prince-Édouard sont regroupés en 44 administrations portuaires, dont seules cinq bénéficient des services d'un responsable du port. L'ensemble des travaux effectués aux autres ports sont faits par un groupe dévoué de comités de bénévoles composé de pêcheurs et d'utilisateurs d'installations portuaires.
Je dois féliciter ces bénévoles parce que je suis parfaitement consciente du temps que je dois consacrer à obtenir du financement, à assurer des évaluations environnementales, à préparer des propositions de projets, à assurer l'exploitation courante de mon port. Ces bénévoles méritent tout notre respect et notre appui. N'oubliez pas qu'ils font ça tout en pratiquant leur métier de pêcheur car ils doivent subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles.
Le fonctionnement courant de nos ports est notre principale préoccupation, mais un de nos pires problèmes est le manque de financement accordé aux ports pour petits bateaux, pour nous permettre d'assurer un milieu sûr pour nos utilisateurs et pour le grand public.
À l'Île-du-Prince-Édouard, notre infrastructure est pratiquement à la fin de son cycle de vie utile, ce qui veut dire que nous luttons tous pour obtenir des fonds pour remplacer ces installations. Nos rapports avec les ports pour petits bateaux sont plutôt ceux de propriétaires-locataires, et nous devons tous deux faire tout ce que nous pouvons pour respecter les engagements pris dans le cadre de ces ententes de location.
Du point de vue des pêcheurs, l'entretien est une chose absolument nécessaire si nous voulons que nos quais soient en état d'être utilisés et soient sécuritaires pour les pêcheurs qui veulent y avoir accès dans le cadre de leurs activités courantes. Ces dernières années, il est clair qu'on a réduit le financement débloqué pour le budget des ports pour petits bateaux et pourtant les besoins de réfection et de réparation des structures en place augmentent.
Cela dit, j'aimerais signaler que nous étions fort reconnaissants à l'égard du député de la circonscription de qui a présenté à la Chambre des communes une motion le 6 juin 2006 visant à augmenter le budget des ports pour petits bateaux de 35 millions de dollars, soit un montant de 20 millions de dollars qui devait disparaître et auquel on ajoute 15 millions de dollars. Nous avons cru comprendre qu'on avait en partie accédé à cette demande en incluant un financement supplémentaire dans le budget de l'année suivante.
Il semblerait que des fonctionnaires du ministère auraient dit en novembre 2006 que le programme des ports pour petits bateaux nécessitait un budget permanent annuel de 130 millions de dollars, mais si j'ai bien compris le budget annuel au titre de ce programme est beaucoup moins important que cela.
Il faut bien comprendre que faute des fonds nécessaires, des travaux qui coûteraient quelques milliers de dollars s'ils sont reportés pourraient coûter des centaines de milliers de dollars. Je pense à un exemple en particulier.
Au port de Mink River, on avait évalué qu'il faudrait environ 30 000 $ pour effectuer des petits travaux d'entretien pour réparer une partie du quai. Puisqu'on a pas obtenu l'argent nécessaire, ces travaux n'ont pas été effectués et une partie du quai, qui faisait 80 pieds de long, s'est effondrée dans le bassin du port au printemps 2007; les pêcheurs n'avaient plus d'endroit où amarrer leurs bateaux ou débarquer leurs casiers à la fin de la saison.
Aujourd'hui, six mois plus tard, la partie qui s'est effondrée dans le bassin doit être remontée par un entrepreneur, et au lieu de régler le problème, on se contente simplement de faire du remplissage avec des roches, jusqu'aux pieux qui n'ont pas cédé. J'étais à Mink River hier, et d'après ce que j'ai vu et d'après ce que les divers représentants m'ont dit, cet état de choses n'est pas acceptable, cette portion du quai ne pourra être utilisée par les pêcheurs au printemps et, de plus, si l'autre partie du quai n'est pas réparée, elle s'effondrera peut-être comme l'autre au printemps.
Les responsables du programme des ports pour petits bateaux nous disent qu'ils ne peuvent absolument rien faire puisqu'ils n'ont pas le budget nécessaire pour régler les problèmes du genre, qui ne font pas partie des travaux d'entretien réguliers.
Je pense également au port de Tracadie. Pendant plus de 12 ans, ce port qui accueille 19 flottilles de pêcheurs de homard et les intervenants d'une compagnie de mytiliculture qui a besoin d'espace pour amarrer 25 à 30 bateaux a éprouvé beaucoup de problèmes parce qu'elle ne dispose pas d'une zone d'amarrage suffisante.
De plus, à Tracadie, la rampe d'accès à l'eau ne peut être utilisée qu'à marée haute, et si vous êtes parti à la pêche et que vous avez des problèmes avec votre bateau et que vous devez utiliser la rampe d'accès à l'eau, il vaut mieux espérer que ce sera à marée haute ou vous devrez simplement attendre.
De plus, à Tracadie, le dragage représente un problème tous les ans comme c'est le cas pour la majorité des ports de l'Île-du-Prince-Édouard.
Au printemps 2007, la glace a endommagé une partie du quai de Tracadie et, à ce jour on n'a offert que des solutions temporaires au problème.
Les problèmes qu'on retrouve aux ports de Mink River et de Tracadie ne sont pas des problèmes isolés. En fait tous les ports de l'Île-du-Prince-Édouard ont les mêmes, et c'est le cas de toutes nos collectivités du littoral atlantique. Nous ne pourrons offrir un environnement sécuritaire à nos usagers que si l'on investit davantage dans les ports pour petits bateaux.
À l'Île-du-Prince-Édouard, une augmentation du budget réservé aux légers travaux d'entretien, qui s'élèvent à environ 700 000 $, nous permettra d'assurer, dans une large mesure, que des problèmes comme celui qu'on a vécu à Mink River sont réglés, ce qui entraînerait des économies à long terme; de cette façon l'argent ainsi économisé pourrait être investi ailleurs.
Je ne dis pas que tout va mal, car après tout nous avons d'excellents rapports avec nos collègues des ports pour petits bateaux. Ils font tout ce qu'ils peuvent avec un financement fort limité. Cependant j'aimerais rappeler que réduire le financement ne fera qu'entraîner plus de situations désastreuses, qui pourraient être évitées si on assurait l'entretien approprié des installations. Je songe à quelques ports — Graham Pond, Savage, Launching Harbour — où l'on a identifié le problème, on l'a réglé, et les choses vont aujourd'hui très bien.
Je suis responsable du port de North Lake, un port qui est très achalandé. Nous accueillons 92 ou 93 bateaux au printemps. Les clients temporaires pendant la saison de la pêche au thon font passer ce chiffre la nuit à quelque 200 embarcations.
Mon port a été construit pour accueillir 78 bateaux de 38 pieds de long. Les nuits où je dois accueillir 200 bateaux, ces derniers ne viennent pas simplement de l'Île-du-Prince-Édouard mais également des Îles-de-la-Madeleine, de la région de Gaspé, du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse. De plus, nous avons une flottille autochtone assez importante qui vient s'amarrer chez nous en raison de notre proximité des zones de pêche du crabe des neiges.
On nous appelle aussi la capitale internationale du thon. Nous avons été l'hôte de nombre de pêcheurs de renommée internationale et nous offrons un service à énormément de clients pendant cette période de surachalandage. Je peux vous assurer que notre port, comme nombre d'autres ports de la région atlantique n'a pas été conçu pour accueillir des bateaux de la taille qu'on retrouve aujourd'hui, que ce soit les bateaux utilisés pour la pêche au thon, au homard, au pétoncle, au hareng ou à d'autres espèces, parce que la méthode de pêche a évolué de façon spectaculaire au fil des ans, surtout depuis l'époque où l'on a construit ces ports.
De plus, il faut assurer les services de dragage permanents dans certains de nos ports afin que les pêcheurs puissent arriver au port et le quitter sans danger de s'échouer sur les barres de sable créées par les grandes tempêtes ou les grandes marées.
Nous sommes toujours à la merci de dame nature, c'est pourquoi il faut absolument assurer le financement adéquat des ports pour petits bateaux à l'Île-du-Prince-Édouard pour permettre aux pêcheurs de la région de pêcher en toute sécurité.
Bref, le programme d'administrations portuaires a démontré qu'il pouvait fonctionner. À titre de membres des administrations portuaires nous faisons tout ce que nous pouvons pour assurer que nos ports demeurent un élément essentiel des communautés côtières; nous vous demandons en retour d'envisager sérieusement d'investir des montants plus importants dans ce secteur afin de nous permettre d'assurer que nos ports demeureront fonctionnels et sécuritaires, pour que les pêcheurs et le grand public puissent les utiliser.
Merci.
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Pourquoi les brise-lames sont-ils essentiels? Parce que dans bon nombre de havres, l'agitation est trop forte, étant donné qu'il n'y a pas d'abri. D'autre part, il faut empêcher l'ensablement, et pour ce faire, changer les courants de façon à ce que le sable se dépose ailleurs que dans l'entrée du havre. Ce sont les deux raisons principales.
Aux Îles-de-la-Madeleine, il y a 400 bateaux, mais ils voyagent de port en port. On n'est pas toujours assignés au même port: en effet, il faut suivre la ressource. Dans le cas du poisson pélagique ou du poisson de fond, il faut couvrir plusieurs havres de pêche. Or, certains ne sont pas sécuritaires, et il y en a plus d'un. Mettez-vous à la place du pêcheur qui revient du large et doit entrer dans un port alors qu'il n'est pas certain du tirant d'eau à l'entrée. Le dragage peut avoir été fait ou ne pas avoir été fait cette année-là, ou encore avoir été fait au début du printemps. Au milieu de la saison, le blocage de l'entrée peut survenir dans le temps de le dire.
On n'a pas précisé que dans plusieurs ports de mer, il fallait deux creusages par année, parfois trois. À Pointe-Basse, entre autres, c'est fait au début du printemps, soit au mois d'avril. Si de fortes tempêtes de vent du sud-est sévissent par la suite, c'est déjà bouché en mai. Ce ne sont pas des blagues que je vous conte. J'ai vu mon beau-frère, quand son bateau a presque chaviré à l'entrée de Pointe-Basse. Il a dû faire demi-tour. J'ai dû l'accompagner jusqu'au havre de Cap-aux-Meules pour qu'il se mette à l'abri. Ce genre de chose s'est vu et se voit encore régulièrement.
Nous sommes 400 pêcheurs, mais notre pêche est compétitive. Les printemps sont de plus en plus venteux, il me semble. Évidemment, nous voulons gagner notre vie comme tout le monde, alors nous forçons un peu les choses en matière de conditions météo. Quand vient le temps de nous mettre à l'abri, ce n'est pas toujours facile. De plus, quand nous arrivons à l'intérieur des havres, nous ne sommes même pas certains d'être à l'abri. Où va-t-on aller, messieurs?
On a choisi le métier de pêcheur parce qu'on l'aime, c'est certain, mais c'est un métier fait d'incertitude et de beaucoup d'inquiétude. Nos revenus d'entreprise sont incertains, on l'a bien compris. Nos agrès de pêche, qu'on laisse au large, sont à l'abri des intempéries, mais il y a une chose qu'on ne peut ni comprendre ni accepter...
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C'est bien simple. Je ne sais pas si vous pouvez le voir sur la photo mais la partie avant du quai, qui était faite de bois s'est effondrée. Les boulons se sont détachés; cette partie du quai s'est simplement effondrée. Mais au moment même où il s'effondrait, les pièces nécessaires pour le remplacer se trouvaient à 35 pieds de là, ces pièces avaient été payées, mais n'avaient jamais été installées.
Ce qui est triste c'est que ces pièces sont toujours là, toujours payées, mais toujours pas installées. Les travaux de réparation qui se déroulent actuellement semblent fort intéressants, mais lorsqu'on viendra pour installer le lambris et remplacer les poutres, il faudra tout redéfaire.
De plus, si j'avais tendance à parier, je parierais que cette nouvelle construction, ce que j'ai vue hier, ne sera plus là le printemps prochain si nous avons une bonne onde de marée cet hiver. Toutes les roches seront arrachées et déplacées dans le port.
Ainsi, comme je l'ai signalé, nous avons des rapports de propriétaire-locataire. À titre de locataires, nous faisons tout ce que nous pouvons pour couper le gazon, avoir des installations bien peinturées, ce genre de choses. Mais il y a des fuites dans les toits et les fondations s'écroulent. Si nous n'arrêtons pas de mettre des emplâtres sur des jambes de bois, et si nous n'obtenons pas de financement supplémentaire, toute l'infrastructure à l'Île-du-Prince-Édouard... La majorité de ces installations ont été construites pendant les années 1960 et 1970. Puis il y a eu une bonne période où rien n'a été fait, et toutes ces installations s'effondrent aujourd'hui et toutes au même moment.
Ce qui est le plus inquiétant c'est qu'à titre de gestionnaire de port quand je pense à l'ouragan Juan, à l'onde de marée que nous avons eue le 27 décembre 2004, je crois que ce qui pourrait se produire serait deux fois pire que ce que nous avons vécu lors de l'ouragan Juan.
Si les choses se passaient de façon un peu différente, si la pire onde de marée frappait le versant nord de l'Île-du-prince-Édouard, où nous avons déjà beaucoup de problèmes avec le remplissage et l'envasement, tout comme nos collègues des Îles-de-la-Madeleine, je n'ose imaginer ce qui se produirait. Je serais très surprise si le lendemain matin on ne se retrouverait pas avec une énorme pile de cure-dents, de North Lake à Tignish. Toutes les structures sont dans le même état. Un piètre état.
Il nous faut donc commencer à réparer certaines de ces structures dès maintenant. Si nous ne le faisons pas... Un petit peu d'argent — je ne parle pas de 100 $ mais d'environ 20 000 ou 30 000 $ — vous permettra d'économiser 100 000 $ à long terme.
Certainement, tout tourne autour de la question de la sécurité, que ce soit à l'intérieur du havre ou lors de l'approche. Il faut quand même que ça soit sécuritaire, et pour ça, il faut de l'eau sous la quille. Les havres ont été construits il y a plusieurs années; certains ont même plus de 35 ans. De plus, ils ont été construits en fonction des bateaux de ce temps-là. Depuis, les bateaux ont grossi. Quand les bateaux grossissent, il faut plus d'espace. Plusieurs havres sont rendus très dangereux, à l'intérieur. Comme je l'ai dit un peu plus tôt, il n'y a plus de marge de manoeuvre dans le havre et, même, il n'y a plus d'endroit pour s'attacher. On en est au point où ils font des quais flottants. Puisqu'il n'y a plus de place sur le quai fixe, ils rajoutent de petits quais flottants, comme on dit. Malheureusement, ce n'est pas solide. On a maintenant des bateaux d'une bonne grosseur et il y a plusieurs bateaux autour de ces petits quais. Dans le vent, dans une tempête, ça ne tient pas le coup. On court le danger que le quai se détache et que les bateaux se retrouvent dans les pierres, des morceaux de ciment, comme on dit. Nous craignons cela énormément.
Je vais vous donner un exemple de problème de sécurité. Dans certains ports, si on n'arrive pas assez tôt dans la journée, il n'y a plus de place pour s'attacher au quai fixe. Il faut alors attacher son bateau aux petits quais flottants. Il n'y a aucun moyen d'y aller avec un véhicule, il faut y aller à pied. Les pêcheurs doivent transporter leurs appâts, comme en 1940, sur des chariots et tirer des paniers de 150 à 200 livres à deux hommes chaque soir ou matin. Je pense que ce n'est pas acceptable en 2007. C'est archaïque, mais c'est ce qu'on vit chaque matin et chaque soir aux Îles-de-la-Madeleine.
Les bateaux ont une valeur énorme. C'est un très gros investissement pour le pêcheur. Le bateau est ce qu'il a de plus précieux. Si le bateau n'est pas en sécurité dans le havre, il le perd. Il faut comprendre les pêcheurs. Le secteur de la pêche a consenti d'énormes sacrifices pour aider le gouvernement à résoudre le déficit canadien. Je me souviens très bien quand le ministre de l'époque est venu nous voir et a qu'il dit qu'il fallait que les pêcheurs fassent leur part, comme les autres citoyens canadiens. Nous n'étions pas tellement d'accord avec lui, mais nous avons accepté et décidé de faire notre part. Nos permis ont triplé; vous le savez je ne répéterai pas toute l'histoire. Les permis, les systèmes d'assurance, les quaiages qu'on paye aujourd'hui, tout ça — pas que ça, bien sûr — a fait en sorte que maintenant le gouvernement canadien a des surplus. Je pense qu'étant donné ces surplus, il devrait y avoir un retour du balancier. Le secteur des pêches pourrait avoir au moins droit à l'entretien et à la rénovation de ses structures. Les structures sont dépassées à cause de la modernisation des flottes, le coût de la vie et la vie en général. C'est comme pour les routes, c'est le même principe, mais ici, on parle des havres de pêche.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Nous sommes ravis que vous ayez pu venir tous les trois aujourd'hui, à titre de représentants de deux organismes, pour nous faire part de votre expérience de première main et de votre expertise relativement à la gestion et à l'administration des ports et des administrations portuaires au Canada.
Nous comprenons tous que le programme des ports pour petits bateaux est absolument capital pour le secteur des pêches, qui génère plus de 2 milliards de dollars partout au pays. Et pourtant, les infrastructures nécessaires sont gravement négligées.
Vous avez signalé l'éternel problème de la détérioration des infrastructures. Je vous assure que les députés de tous les partis se sont fait dire directement que rien n'affecte plus les collectivités vivant de la pêche que la qualité et l'état de leurs ports. Sheila a souligné l'efficacité de l'intervention du député de Cardigan qui a fait valoir cette réalité, tout comme M. Blais.
Il y a un an, nous avons eu la merveilleuse occasion de nous rendre aux Îles-de-la-Madeleine dans le cadre d'une étude sur les phoques et la chasse aux phoques. Nous en avons profité pour visiter les ports des Îles-de-la-Madeleine, à la demande de M. Blais. Nous avons été très impressionnés par ce que nous avons vu, mais avons aussi constaté de graves lacunes dans certaines infrastructures.
Sheila, vous avez signalé le mauvais état de certaines infrastructures, mais avez également reconnu que les pêches ont changé. La pêche au thon, une espèce hautement migratoire, change presque chaque année, selon la migration. Pourriez-vous nous dire s'il y a des changements au niveau de la pêche qui ont un effet sur la congestion des ports et les besoins auxquels ils font face?
Monsieur Poirier, pourriez-vous aussi répondre à ma question?
Pourriez-vous nous indiquer les changements que vous prévoyez pour les prochaines années, par exemple dans la taille des flottilles ou la dimension des bateaux? Le ministère des Pêches et des Océans vient d'adopter une nouvelle politique qui autorise un important changement des dimensions des bateaux. À votre avis, les bateaux de 38 pieds ou de 45 pieds, qui sont vos principaux clients, vont-ils se transformer dans l'avenir? Si oui, quelles en seront les répercussions sur votre infrastructure portuaire et vos besoins futurs?
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Je veux bien répondre la première.
Je ne crois pas que la plus grande taille des bateaux affecte les 44 administrations portuaires de l'Île-du-Prince-Édouard. Il ne faut pas oublier qu'outre ces 44 ports, nous avons quatre gros ports qui appartenaient auparavant à Transports Canada. Ce sont des ports en eau profonde et ils reçoivent la plupart des gros navires, par exemple les chalutiers.
Je ne crois pas que nos bateaux grossissent beaucoup. Nous avons peut-être atteint notre point d'équilibre parce que sur les 93 bateaux, il n'y en a que trois qui pourraient encore atteindre 44 sur 11. Lorsqu'ils atteindront ces dimensions, j'aurai encore des problèmes d'espace, mais je ne pourrai pas en faire plus
Si j'arrive à avoir assez d'espace pour permettre à ces bateaux de s'amarrer en toute sécurité, je n'aurai pas besoin... Je pourrais toujours avoir besoin de plus d'espace, parce que mon port est à proximité de la zone de pêche, mais je répondrai non à votre question. À mon avis, dans la plupart des ports de l'Île-du-Prince-Édouard, les bateaux ne grossiront plus.
Votre première question portait sur les méthodes de pêche et les tendances futures que nous entrevoyons.
Il y a une question qui nous préoccupe mais nous ne savons pas vraiment quoi faire à ce sujet à North Lake: notre contiguïté avec les zones de pêche de la côte Nord et la proximité de nos flottilles autochtones, tout particulièrement, qui a Surrey comme port d'attache. Nous serions ravis qu'ils viennent chez nous car en plus des droits de mouillage ils pourraient nous payer des frais de déchargement, comme cela se fait ailleurs. Ce serait de l'ordre d'un pourcentage d'un cent par livre pour décharger leur crabe. Nous sommes beaucoup plus près de la jaune de pêche au crabe que Surrey. S'ils pouvaient s'amarrer à North Lake au lieu de Surrey, ils pourraient gagner d'une heure et demie à trois heures de temps de déplacement. Leurs bateaux et les nôtres sont pratiquement de la même grosseur. Le problème, c'est que nous n'avons pas les installations nécessaires pour les accueillir.
J'ai présenté une proposition d'expansion sur un bassin. Si ça marche, cela me permettrait d'accroître mes revenus et d'être un peu plus autonome.