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Je vous remercie et vous souhaite la bienvenue aux Îles-de-la-Madeleine. Je vous remercie particulièrement de nous donner l'occasion d'exprimer les préoccupations des représentants de la pêche au homard et du milieu qui en dépend.
Aujourd'hui, je suis accompagné du président de l'Association des pêcheurs propriétaires des Îles-de-la-Madeleine, M. Mario Déraspe, ainsi que de M. Christopher Clark. Ils auront l'occasion de répondre à vos questions après mon exposé.
Il est possible que je vous demande d'être compréhensifs si mon exposé déborde des 10 minutes qui me sont accordées. On n'a eu qu'un court délai pour se préparer; on ne savait pas si vous alliez pouvoir atterrir.
Grosso modo, on va parler de biologie, de gestion et de capture. Plusieurs d'entre vous connaissez très bien la pêche au homard. Néanmoins, il est important d'être tous sur la même longueur d'onde avant de débuter les questions. Bien sûr, on va parler de rentabilité et de vision — l'aspect qui vous intéresse —, c'est-à-dire la façon dont on va faire face à la crise qui frappe actuellement l'industrie. J'ai déposé des tableaux et des graphiques qui portent précisément sur les Îles-de-la-Madeleine. Je ne les commenterai pas, mais au moment de la discussion, on pourra en parler plus longuement.
Aux Îles-de-la-Madeleine, la pêche au homard est compétitive. Elle se fait par contrôle de l'effort de pêche. Aux Îles-de-la-Madeleine, comme partout ailleurs, les concentrations de homards se trouvent dans les fonds rocheux. De façon générale, sur le plan biologique, il est important pour nous, aux Îles-de-la-Madeleine, que les femelles homards deviennent matures sexuellement lorsqu'elles mesurent plus de 79 mm. Aux Îles-de-la-Madeleine, les femelles deviennent matures lorsqu'elles mesurent 83 mm.
Le gouvernement fédéral est responsable et dispose des outils nécessaires pour assurer la conservation de la ressource, notamment au moyen de plans de gestion. Toutefois, les Îles-de-la-Madeleine ont longtemps bénéficié de l'administration des pêches qui avait été déléguée à la province et qui a été rapatriée en 1983.
Vous n'êtes pas sans savoir que depuis le début des années 1980, à l'exception de la pêche au homard, ou du crabe des neiges dans une moindre mesure, toute forme de pêche a pratiquement disparu, qu'il s'agisse de la morue, du hareng, du maquereau, du sébaste ou de toute autre espèce. On a obtenu cinq ou six permis à la suite de la perte de l'administration de la pêche par la province au profit du gouvernement fédéral.
Je vais maintenant parler de la conservation des stocks. À notre demande, le Conseil pour la conservation des ressources halieutiques, le CCRH, s'est penché, en 1995, sur la surexploitation des stocks. Cela n'a peut-être pas été souligné souvent. Auparavant, le CCRH se penchait uniquement sur la pêche à la morue.
À l'époque, le CCRH prônait la production des oeufs, la réduction des taux d'exploitation et l'amélioration de la structure des stocks. L'objectif du CCRH était de doubler la production des oeufs.
Aux Îles-de-la-Madeleine, on y parvient en augmentant la taille minimale légale de pêche. Entre 1997 et 2003, on a augmenté la taille minimale légale de 77 à 83 mm. Ainsi, on a réussi à doubler la production d'oeufs et à atteindre l'objectif de productivité fixé par le CCRH.
Au Québec, on émet environ 600 permis. Sur ce nombre, 540 sont exploités, dont 325 aux Îles-de-la-Madeleine. C'est un chiffre approximatif. À l'Île-du-Prince-Édouard, au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse, on émet 1 300, 1 600 et 3 300 permis respectivement. Cela vous donne une idée du nombre de permis par province.
Vous avez rencontré des représentants de Pêches et Océans. Les permis sont accordés en fonction des zones de pêche du homard, ou ZPH. Chaque zone a son propre numéro, mais certaines zones sont beaucoup plus petites que d'autres. Aux Îles-de-la-Madeleine, on a la chance d'avoir une zone qui correspond au patron biologique du homard, qui est une espèce relativement sédentaire. On n'a jamais voulu diviser notre zone en sous-zones, comme l'ont fait d'autres régions, car cela rendrait la gestion extrêmement difficile. On a donc toujours évité de scinder notre zone en divers secteurs « où chacun est maître chez lui ». Cela causerait des problèmes dans les zones adjacentes. On tient à notre zone intégrale.
De façon générale, plusieurs mesures de gestion ressemblent à celles qui existent dans les provinces, mais certaines d'entre elles sont particulières aux îles. La durée de notre saison est de neuf semaines, de la date d'ouverture à la date de fermeture. Plus précisément, il y a six jours de pêche par semaine, du lundi au samedi. La taille minimale d'une prise est de 83 mm. Par le passé, le nombre maximal de casiers était de 300; il est maintenant de 288 et il continuera à décroître.
Bien sûr, on remet à l'eau les femelles levées, et les gros casiers sont interdits, ce qui est particulier aux Îles-de-la-Madeleine. La présence d'un mécanisme d'échappement pour le petit homard est obligatoire et il est interdit de lever et d'appâter les casiers plus d'une fois par jour. Il y a aussi un nombre minimal de casiers par ligne, par trawl, ainsi qu'une longueur de ligne maximale, ce qui est aussi particulier aux îles.
La saison de pêche commence au début du mois de mai, lorsque les glaces disparaissent, et se termine à la mue du homard, soit au début de juillet. La taille du homard avait déjà passé de 64 à 76 mm. Comme je l'ai déjà dit, c'e n'est que de 1997 à 2003 qu'on l'a fait passer de 77 à 83 mm.
On respecte les plans de conservation, qui s'échelonnent maintenant sur cinq ans.
Aux États-Unis, la taille est de 3 ¼ pouces, soit de 82,5 mm. En ce qui a trait à l'état des stocks de façon générale, j'ai mentionné plus tôt qu'on avait doublé la production des oeufs. Pour ce qui est de la diminution de l'effort de pêche, un plan sur dix ans a été établi. Il comporte deux phases, et nous sommes présentement dans la quatrième année de la première phase. Le nombre de casiers est passé de 300 à 288 en 2009, mais on va diminuer le nombre graduellement. On va soustraire trois casiers par année jusqu'à la dixième année.
Pour ce qui est des captures, on fonctionne comme partout ailleurs. On utilise des casiers, des engins passifs. Ici, il s'agit uniquement d'une pêche côtière. Comme je l'ai expliqué, les casiers sont en bois ou en métal.
En ce qui a trait aux débarquements, vous avez sûrement appris qu'un peu plus de 50 p. 100 du homard provenait des États-Unis. C'est ce qu'on appelle du homarus americanus. Le homard canadien représente un peu moins de 50 p. 100. À l'échelle canadienne, 50 p. 100 du homard provient du golfe, et l'autre 50 p. 100 provient de l'extérieur du golfe. C'est le portrait global. Le tableau indique que la Nouvelle-Écosse débarque davantage de homard ici. Dans le cas du Québec, il s'agit d'environ 5 p. 100 de la production, dont 70 p. 100 provient des Îles-de-la-Madeleine. On parle donc, pour ces dernières, d'une production se situant normalement à 4 p. 100 environ.
Concernant l'évolution de nos débarquements, vous pouvez consulter rapidement le tableau. Nous avons atteint un sommet au début des années 1990. À notre avis, nous l'avons atteint trop rapidement. C'est probablement dû à une augmentation trop rapide de l'effort de pêche. On a connu une chute au cours des années 1996, 1997 et 1998. C'est à ce moment-là qu'on a réellement décidé de se prendre en main. Grâce aux mesures prônées et défendues par les leaders de l'association, à l'appui des pêcheurs, bien sûr, et à celui de Pêches et Océans Canada, on a pu redresser la situation. Depuis ce temps, on connaît une progression constante. On est passé de 4 millions à 5,5 millions de livres. C'est une augmentation phénoménale. Elle est pratiquement de l'ordre de 35 p. 100. L'important est que cette fois-ci, ça s'est fait de façon lente et graduelle. Ce n'est pas dû à l'augmentation de l'effort de pêche. Au contraire, on applique les plans de gestion et on contrôle l'effort de pêche.
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Merci beaucoup, monsieur le président, et j'aimerais surtout remercier nos témoins du chaleureux accueil qu'ils nous ont réservé. Je remercie également M. Blais qui, à chaque fois qu'il parle de la possibilité que le Comité permanent des pêches et océans aille dans les Îles-de-la-Madeleine, constate à quel point ses collègues sont enthousiastes face à cette possibilité. Il s'agit de notre deuxième visite en deux ans, n'est-ce pas, monsieur Blais? Je suis ravi d'être de retour et du chaleureux accueil que vous nous réservez toujours.
Je compte partager mon temps de parole avec M. MacAulay; pour ma part, j'ai trois questions à vous poser.
Vous avez parlé des compétences particulières des gouvernements fédéral et provincial, du projet pilote, et du transfert des responsabilités qui s'est opéré au début des années 1980 en ce qui concerne la gestion des pêches. Pourriez-vous expliquer aux membres du comité si, selon vous, ce changement était positif ou négatif?
Dans mes conversations avec les pêcheurs de Gaspésie, j'ai compris que le contrôle provincial de la gestion des pêches ne les enthousiasme pas. Cela avait créé des problèmes. Pourriez-vous nous dire quels en ont été les effets dans les Îles-de-la-Madeleine?
Ma deuxième question concerne les mesures de gestion mises en oeuvre pour la zone 22, soit la zone des pêches du homard des Îles-de-la-Madeleine. S'agit-il d'une pêche fermée, en ce sens que c'est vous qui bénéficiez des mesures de conservation que vous prenez? En d'autres termes, avez-vous des concurrents ou y a-t-il des intrusions dans votre zone de pêche, de sorte que vous ne profitez pas nécessairement de vos efforts de conservation? Est-ce une pêche partagée? Voilà ma question. Êtes-vous indépendant, en ce sens que les conséquences —positives ou négatives — vous touchent directement, indépendamment des mesures que vous prenez dans votre zone de pêche du homard?
Enfin, il n'a pas beaucoup été question d'une technique de gestion particulière, à savoir le retrait des permis de pêche. Cette solution vous semble-t-elle intéressante pour la flottille des Îles-de-la-Madeleine? Y a-t-il lieu de retirer un certain nombre de permis de pêche, à votre avis?
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C'est une question à développement comportant trois volets importants.
Pour ce qui est du champ de compétence, l'administration des pêches a été transférée à la province de Québec au début du siècle. Ce n'est que dans les années 1940 qu'on a finalisé le transfert de l'administration des pêches des Îles-de-la-Madeleine à la province de Québec. Le retrait des compétences s'est fait en 1983 pour l'ensemble du Québec. Je l'ai souligné, c'était attribuable au fait que la province de Québec n'avait pas de crabe des neiges, contrairement à toutes les provinces autour. D'un point de vue de proximité, principe utilisé au fédéral dans le partage des ressources, les bancs de crabe sont plus près des Îles-de-la-Madeleine, du moins les plus importants qui contiennent le meilleur crabe. Le banc de Bradelle, situé tout près des îles, n'avait pas de crabe. La province a donc décidé d'émettre six permis de pêche au crabe, ce qui a soulevé un tollé et occasionné le retrait unilatéral du fédéral, sans l'appui des Îles-de-la-Madeleine, même si le député de l'époque cherchait à obtenir l'appui des Madelinots. Voilà pour la question fédérale.
Comme je l'ai dit, dans le secteur de la pêche au homard, on a eu la chance d'être gérés de longue date par la province. La plupart des mesures étaient déjà amorcées lorsque le fédéral a pris le contrôle des pêches. Je ne parlerai pas des autres pêches; comme je l'ai souligné plus tôt, c'est une catastrophe. Vous pourriez faire une étude sur l'ensemble des autres pêcheries, mais aujourd'hui l'étude porte spécifiquement sur le homard. On a eu la chance d'avoir une organisation de pêcheurs déjà développée, bien organisée et solidifiée depuis de nombreuses années. On est intervenus en soutien au fédéral, au bureau local du ministère des Pêches et des Océans qui, finalement, a continué dans la même veine. C'est à partir de ce moment qu'on a pu développer des modèles propres et typiques aux Îles-de-la-Madeleine. Voilà pour la question de la compétence.
Quant à la zone 22, comme je le disais, elle a eu la chance de ne pas être scindée comme d'autres l'ont été ailleurs en raison de chicanes de clocher ou autres, ou encore pour toutes sortes de raisons économiques qui n'ont nullement rapport à la biologie du homard. Pour notre part, nous avons refusé et nous avons pu travailler à des mesures communes. Quand tout est scindé en pièces, l'un voudra prendre une mesure, et l'autre zone à proximité ne voudra pas. Pourtant, c'est le même homard. Il y a des conséquences pour les uns et les autres. Il est très difficile de vivre dans un tel système. Ici, on a la chance d'avoir une zone non scindée.
Je ne suis pas ici pour lancer des roches au fédéral, loin de là. On a appris à travailler avec lui dans le secteur du homard, surtout à l'échelle locale. Par contre, vous m'ouvrez la porte. C'est bien sûr que nos efforts sont récupérés ici en majorité, puisqu'on a une bonne zone. On produit des larves en plus grande quantité grâce à l'augmentation de la taille minimale légale, ce qui ne s'est pas fait dans les autres régions, surtout les régions adjacentes. On est pratiquement sûrs que nos larves dérivent vers le côté nord de l'Île-du-Prince-Édouard. C'est pourquoi on a été choqués de se faire amputer une partie de la zone 22, assez récemment, sans recevoir aucune compensation. On sait que le homard est une espèce sédentaire, fort heureusement. S'il avait fallu que ce soit une espèce migratoire, je ne suis pas sûr que nous serions aussi fiers de nos stocks que nous pouvons l'être aujourd'hui.
Parce qu'il s'agit d'une espèce sédentaire, nous avons été un peu isolés; nous avons pu travailler par nous-mêmes et récolter nos résultats. Par contre, quand, assez récemment et de façon unilatérale, on nous a amputés d'une partie de notre zone, nous avons trouvé la chose difficile à avaler, d'autant plus que dans certaines zones, ce genre d'efforts ne se fait pas.
Pour ce qui est du retrait des permis, qu'on appelle la rationalisation, vous avez sûrement entendu parler de l'Alliance Atlantique pour le renouvellement des pêches. En tant qu'organisme de pêcheurs des Îles-de-la-Madeleine, nous sommes membres de l'Alliance des pêcheurs professionnels du Québec. Avec l'Union des pêcheurs de Terre-Neuve et les pêcheurs des Maritimes, l'union participe à cette alliance, qui demande justement la mise en oeuvre d'un programme d'action au niveau fédéral. La demande de cet organisme de coalition est surtout axée sur la rationalisation, soit le retrait des permis.
Aujourd'hui, nous voulons vous dire que si un programme d'aide globale est mis en oeuvre par le gouvernement fédéral, il ne faudra pas se limiter à la rationalisation. La restructuration doit être plus large qu'une simple rationalisation. Elle doit inclure une stabilisation. C'est ce qui nous intéresse, aux Îles-de-la-Madeleine. Nous avons fait des efforts de rationalisation dans le passé, et ça n'a pas coûté un sou au fédéral. Nous faisons présentement des efforts relativement à la ressource, en termes d'effort de pêche. Nous sommes en train de rationaliser notre effort de pêche par toutes sortes de moyens, entre autres en diminuant le nombre de nos casiers. Encore là, ça ne coûte pas un sou au fédéral. Pour nous, il serait important que la restructuration comporte une stabilisation.
Merci.
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Bonjour, messieurs. Il me fait plaisir d'être ici aujourd'hui.
Dans sa présentation et en répondant aux questions, M. Poirier a dit que les pêcheurs des Îles-de-la-Madeleine n'ont pas à avoir honte de se présenter ici aujourd'hui, étant donné leur bilan de la ressource. Avec le CCRH, on est allés dans toutes les régions. On est un modèle et c'est tout à notre honneur.
Comme vous l'avez dit, monsieur Blais, au fil des ans, la rentabilité est bonne, mais en 2008, il y a eu un effondrement des marchés. Le revenu du pêcheur est calculé selon la ressource et le prix. On peut contrôler la ressource au moyen de certaines mesures, mais on ne contrôle pas le marché. Il y a eu un affaissement des prix. L'an passé, on a perdu plus d'un dollar par livre. Compte tenu des marges bénéficiaires peu élevées, ça fait mal. De plus, les dépenses augmentent. Si le prix diminue et que les dépenses augmentent, on sera en difficulté. C'est ce qui est arrivé en 2008.
Qu'arrivera-t-il en 2009? On ne le sait pas. On est sur le point de mettre nos casiers à l'eau. Comme un ancien président l'a déjà dit, on ne sait pas si c'est notre faillite qu'on va mener à la mer. On ne connaît pas les prix et on ne sait pas ce qui arrivera dans un mois.
Que peut faire le gouvernement fédéral? Il a certainement une grande responsabilité pour ce qui est des coûts. Par exemple, au fil des ans, le prix des permis est passé de 35 $ à 750 $, uniquement pour la pêche au homard. Le prix de certains autres permis est également exorbitant.
Selon nous, pour faire face aux problèmes qu'on a connus l'an dernier, on aurait pu diminuer le coût du permis. Celui-ci pourrait faire l'objet d'un moratoire, ce qui aiderait les pêcheurs. On n'a jamais demandé de subventions directes tant au gouvernement provincial que fédéral. Cette année, on leur demande un coup de main, que ce soit sous la forme d'un allégement temporaire ou d'un moratoire, afin d'aider le marché à se redresser.
Il y a une crise mondiale, et l'industrie de la pêche n'est pas la seule à être en difficulté. On le voit à la télévision. Vous n'avez qu'à penser à l'industrie automobile, qui demande des milliards de dollars. Ce n'est pas ce qu'on demande. On veut un coup de main qui nous permettra de traverser la crise. Notre ressource existe, et lorsque le marché va se replacer, on va continuer comme avant, sans déranger personne.
Passons maintenant au coût des permis et à celui des assurances de bateau. Auparavant, le fédéral avait un programme gratuit. Pourrait-il y avoir des allégements de ce coté? Le coût des appâts est très élevé. Nous devons payer les appâts, nos employés et le carburant. Ce sont des dépenses importantes. C'est à ce chapitre qu'on demande de l'aide. Le fédéral et le provincial doivent faire leur part. De leur côté, les pêcheurs doivent ajuster leurs dépenses, mais ils peuvent le faire jusqu'à un certain point, car ils doivent continuer à fonctionner.
Merci.
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Il s'agit d'une négociation entre l'association des acheteurs et le gouvernement, bien entendu. Pour le moment, il ne s'agit pas d'une discussion publique.
S'agissant de la rentabilité de la pêche, qui était le sujet de votre question, au cours des deux dernières années, le prix du homard a baissé d'environ 2 $ la livre chaque année. Avez l'avènement de la récession, nous avons compris à l'automne dernier qu'il est fort possible qu'il y ait une autre baisse cette année. En même temps, les frais d'exploitation de nos bateaux augmentent.
Leonard a mentionné tout à l'heure l'accroissement du nombre de débarquement dans les îles. Les captures ont atteint un sommet au début des années 1990, à l'époque où les pêcheurs ont acquis de plus grands bateaux et de nouveaux engins de pêche, et à ce moment-là, beaucoup de pêcheurs se servaient de casiers à homard à double entrée. C'est pour cette raison que ces casiers-là ont été interdits par la suite dans le contexte des mesures de conservation qui ont été mises en vigueur. Il y a eu une légère reprise du point de vue des débarquements, mais la rentabilité des pêcheurs de homard est en baisse depuis environ cinq ans. C'est une grave préoccupation pour nous tous.
Il a également été mentionné que le coût des permis est élevé, soit 750 $ par an dans notre région; j'ai entendu dire que nous avons les droits de permis les deuxièmes plus élevés du Canada. Donc, pour nous, c'est une charge lourde.
Le prix du carburant a également été mentionné. Ce coût comporte encore énormément de taxes, et nous sommes d'avis que, si les taxes étaient supprimées, les pêcheurs pourraient plus facilement s'en sortir.
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Cela ne s'applique nulle part. Dans certaines régions, c'est même un casier par bouée. Ces mesures s'appliquent seulement à cette zone-ci, la zone 22.
J'aimerais insister sur une chose. M. Poirier l'a mentionnée à deux reprises, mais c'est important. Dans d'autres régions, notamment en Gaspésie, on retrouve beaucoup de petites zones, appelées « zonettes ». Cela représente un danger. Si une zone veut prendre une mesure et que l'autre ne veut pas, cela a des conséquences sur l'autre, parce que c'est le même homard. C'est pourquoi il est difficile d'en arriver à des ententes.
Ici, dans la zone 22, on a un privilège. Autour de l'île, on retrouve une espèce sédentaire. Je répète qu'on est 325 pêcheurs à avoir le privilège d'exploiter une ressource. Certains appellent cela un permis, mais en réalité, c'est un privilège que le gouvernement canadien octroie aux pêcheurs. Or, ce privilège vient avec la responsabilité de conserver une ressource en santé pour les futurs pêcheurs. C'est d'ailleurs ce qu'on a toujours défendu, et les associations y ont sensibilisé les pêcheurs. On a inventé pour cela un beau grand mot: la pérennité. Je peux vous assurer que mon père et mon grand-père savaient très bien qu'il fallait qu'il reste du homard dans l'eau si je voulais en pêcher plus tard. Cela a été ancré non seulement dans mes moeurs et mes activités, mais aussi dans celles d'une génération, d'une autre époque. On a accordé une grande importance à ces mesures.
Ce n'est pas toujours facile, mais tous les pêcheurs des petits villages, dans les différentes régions, parlent le même langage et sont capables de s'expliquer. Si tu veux pêcher et que tes enfants pêchent à leur tour, tu dois faire attention et protéger la ressource. C'est la mentalité qui est ancrée ici, aux îles.
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Quant à la première question, j'ai souligné que dans le cas des autres espèces, le rapatriement a été plus nuisible qu'autre chose. En ce qui concerne le homard, je le souligne à nouveau, on a réussi, compte tenu que c'est une espèce sédentaire, à bien fonctionner avec le ministère de Pêches et Océans sur le plan local. De ce côté, cela n'a pas été nuisible du côté du homard, mais c'est dû en grande partie aux efforts des leaders et des pêcheurs.
La question qui m'apparaît importante aussi, c'est la deuxième, c'est-à-dire la question des coûts. Lorsqu'il y a eu une crise, en 1990, on a fait le tour du fédéral et on n'a reçu aucune aide. Le seul qui soit venu en aide aux pêcheurs lors de la crise de 1990, qui ressemblait beaucoup à celle-ci, a été le gouvernement provincial, en vertu d'une aide ad hoc, parce qu'il n'existe pas de programme de sécurité comme il en existe en agriculture, et ce, tant du côté provincial que du côté fédéral. On sait très bien que le fédéral participe, qu'il transfère aux provinces des fonds pour que celles-ci mettent en place des programmes de sécurité, ce qui n'existe pas en matière de pêches, à l'exception bien sûr du programme de l'assurance emploi. Mais c'est autre chose: il faudrait débattre des avantages et inconvénients.
Ce que je veux dire, tout simplement, c'est que tant et aussi longtemps qu'il n'y aura pas un rapprochement des deux ministères, soit Agriculture et Agroalimentaire et Pêches et Océans, pour mieux positionner l'humain dans la question, il faudra fonctionner par subventions. Il y a une problématique majeure à l'heure actuelle. Vous êtes en place, vous faites la promotion de subventions qui ont été distribuées dans le milieu, mais il y a un problème majeur au chapitre du canal de distribution. Cela doit aussi être corrigé; vous avez un rôle à jouer à cet égard. On ne peut pas y échapper: à chacun son rôle. Prenez le temps quand même d'agir.
Le dernier programme qui a été accordé l'a été via Développement économique Canada. Je vais prendre l'exemple du Québec. Cela a été transféré au ministère du Développement économique et de l'Innovation. La même chose a dû être faite dans les autres provinces. De là, c'est allé à des organismes socioéconomiques. Finalement, le secteur de la forêt en a bénéficié. Les pêches, parce qu'on est désorganisé, ont obtenu zéro. Certains disent qu'il y a encore un milliard de dollars, dont 200 et quelques millions pour le Québec. Quant à cela, si on choisit de fonctionner ainsi, il serait tout aussi bien de prendre le canal du passé, c'est-à-dire que le gouvernement transfère les fonds à son propre ministère, Pêches et Océans, et que ce dernier le transfère directement à l'industrie. Nous ne sommes pas intéressés à ce que notre argent soit perdu dans toutes sortes d'organismes où nous ne sommes pas représentés, faute d'organisation. Si vous voulez nous aider, c'est bien. Sinon, que voulez-vous?
Comme Mario l'a dit, son père le savait et on le sait: on sait qu'il faut prendre des mesures. Le plus gros impact est au niveau financier. Vous en avez transféré dans toutes les autres industries.
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Merci, monsieur le président.
En 2000, j'ai fait le tour du Canada atlantique pour demander aux pêcheurs du homard, par écrit et en personne, s'ils seraient favorables à l'idée d'un conseil de commercialisation du homard. À cette époque, la grande majorité des pêcheurs du homard et leurs familles ont dit non, pas question; ils ne voulaient rien savoir de la gestion de l'offre et ils étaient bien satisfaits du caractère concurrentiel de leur industrie.
Je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer que, dans certaines régions de la province de la Nouvelle-Écosse, d'après les médias, les pêcheurs se réunissent pour parler de l'idée de créer des offices de commercialisation du homard, c'est-à-dire un système de gestion de l'offre semblable à celui qui existe dans l'industrie laitière.
Bien sûr, l'un des problèmes potentiels d'un système de gestion de l'offre, c'est que, contrairement à l'industrie laitière, où nous savons combien il y a de vaches, combien elles produisent et dans quelles fermes, etc., dans l'industrie de la pêche du homard, comme le disait si bien mon collègue, M. Kamp, nous ignorons en quoi consiste la biomasse actuelle et le nombre de homards qui peuvent être pêchés. Voilà qui pourrait éventuellement poser problème.
L'idée d'établir un système de gestion de l'offre pour l'industrie de la pêche du homard, un office de commercialisation du homard, ou quelque chose du genre, vous intéresse-t-elle?
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Merci, monsieur le président.
J'ai une question pour vous, monsieur Poirier. Il y a une chose qui m'a frappé dans vos notes: vous dites que la stabilité revêt une très grande importance pour les pêcheurs. J'imagine que vous parlez de la stabilité économique, de la nécessité d'avoir des revenus prévisibles. Je regarde le 4e graphique, qui indique les revenus nets pour l'entreprise. Si l'on remonte un peu dans le temps, c'est-à-dire la période de 2002 à 2006, les résultats ne sont pas trop mauvais.
Ensuite, vous parlez de l'agriculture. Pour ma part, je suis originaire de l'Alberta. Vous parlez de votre désir de faire fusionner les ministères de l'Agriculture et des Pêches pour que vous puissiez accéder aux programmes de stabilisation du revenu. À ce sujet, je peux vous assurer qu'il n'y a personne qui appelle mon bureau en disant: « Je reçois trop d'argent grâce aux programmes de soutien agricole ». Je veux donc vous mettre en garde. Vous risquez de ne pas les trouver très satisfaisants.
Par contre, il existe un programme qui a été supprimé pendant un certain temps, soit le CSRN, ou le Compte de stabilisation du revenu net. Il a été supprimé, mais nous avons récemment mis en place un programme semblable. Ce nouveau programme s'appelle Agri-investissement. Ce compte permet aux agriculteurs, les bonnes années, de mettre de côté de l'argent dans un compte à imposition reportée, de sorte que, les mauvaises années, ou les années où leurs revenus sont en baisse, ils peuvent avoir recours à l'argent dans leur compte pour payer les impôts. Cela permet de stabiliser les revenus de l'agriculteur.
Existe-t-il un programme semblable destiné aux pêcheurs?
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Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous.
À l'intention des membres du comité, j'aimerais préciser que l'étude que l'on mène actuellement débouchera ultimement sur des recommandations qui seront présentées à la Chambre des communes, au gouvernement, puis au ministère des Pêches et des Océans. On vise une intervention rapide. On est presque au début d'avril, et la saison débutera au début de mai. Cependant, déjà beaucoup d'éléments se mettent en place.
J'aimerais simplement souligner que le niveau d'organisation des pêcheurs est tel que cela permet de passer au travers des événements qui se sont passés et qui risquent de survenir. Compte tenu de ce que vous venez de dire, votre niveau de réorganisation vous a mieux outillés que si l'on avait été simplement dans des silos différents, avec beaucoup d'entreprises. Le fait de vous regrouper vous donne une force supplémentaire.
J'aimerais savoir ce que vous pensez des contraintes à venir. Si on comprend bien les contraintes et les défis qui s'en viennent, on comprendra mieux les solutions pour y faire face. Vous avez beaucoup fait allusion au transport. C'est une façon d'y remédier.
La récession aux États-Unis touchera le marché et le prix du homard. Même si le homard d'ici n'est pas destiné aux États-Unis, il risque d'y avoir un envahissement du marché québécois, qui est notre principal marché. Cela provoquera une concurrence qui fera en sorte de déstabiliser les prix. J'aimerais entendre vos commentaires au sujet des contraintes auxquelles font face actuellement les transformateurs comme vous. Il faut bien les saisir et bien les comprendre.
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J'imagine que, pour la plupart d'entre vous, c'est la première fois que vous visitez les îles, et je voudrais donc souhaiter une chaleureuse bienvenue à tous les membres du comité. J'espère que vous pourrez venir une fois quand nos pêcheurs seront en mer. C'est beau de les voir quand ils partent au début de mai. On sent déjà l'excitation dans les ports de l'île. L'industrie de la pêche revêt une très grande importance pour nous.
[Français]
Je vous remercie pour votre présence. Je suis honoré d'avoir été invité à ce comité. La pêche est fondamentale pour notre économie. Notre région est l'une des rares régions au Québec à être aussi attachées à ce mode de vie et à avoir à la fois une dépendance et un très grand attachement au monde des pêches et la conviction que la pêche est aussi une industrie d'avenir. C'est le message que portent la communauté et l'ensemble des partenaires de la municipalité et du monde des pêcheries.
Merci beaucoup à M. Raynald Blais, qui est notre député, de faire partie de ce comité. Il soutient vigoureusement l'industrie du homard et s'occupe des questions liées à la chasse aux phoques. Je salue également le président, le vice-président et tous les membres du comité. J'aurais voulu avoir l'occasion de discuter un peu plus avec vous, mais je sais que vous êtes pressés.
Je vais entrer dans le vif du sujet. L'économie des îles repose en grande partie sur les pêches. On est convaincus que grâce à la pêche, on a pu continuer d'occuper notre territoire et de se développer sur le plan socioéconomique. La pêche est aussi le présent et l'avenir de notre communauté insulaire. Le tiers de tous les emplois de l'archipel émanent du secteur des pêches, dont 80 p. 100 sont dans le secteur primaire et secondaire. Vous avez remarqué que le développement des forêts est chose du passé.
On dit aussi qu'aux îles, il est difficile d'échapper au monde des pêches et au monde maritime parce que plus on recule de la côte, plus on se rapproche de la côte opposée. On recule d'un littoral pour arriver à un autre. La pêche et la mer nous entourent, mais c'est aussi le cas sur le plan économique. Voici quelques chiffres sur les pêches: 1 900 emplois, 1 100 pêcheurs et aide-pêcheurs, quelque 800 travailleurs d'usine, des retombées directes de 80 millions de dollars, des retombées indirectes de près de 12 millions de dollars et 300 emplois additionnels. On parle donc de 90 millions de dollars dans l'économie. Par comparaison, la deuxième industrie des îles, l'industrie touristique, est d'environ 50 millions de dollars. Ce sont les bases de notre économie. On pourrait ajouter le secteur des services et une mine de sel qui emploie 150 personnes.
Les îles sont un petit territoire fragile et ont une densité de population importante. On fait face au défi constant de maintenir un équilibre entre le taux d'exploitation optimale de nos ressources marines sans mettre en péril la pérennité de la ressource et notre environnement. Il faut une vigilance de tous les instants et un mode de vie qui respecte les limites de l'environnement. C'est ce qu'on croit faire et ce vers quoi on aspire dans toutes les différentes pêches qu'on pratique.
Vous le savez sans doute, mais je vais quand même vous rappeler qu'on a 72 p. 100 des débarquements de homard au Québec et que 71 p. 100 de la valeur des débarquements du Québec se produisent aux Îles-de-la-Madeleine. Cela représente 34 p. 100 du volume des débarquements dans le domaine des pêches at large. Est-ce exact?
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Merci, monsieur le président. Dans ce cas, je ne vais pas partager mon temps de parole avec M. MacAulay.
Monsieur le maire, je voudrais, tout d'abord, vous remercier, ainsi que tous ceux qui nous ont réservé un aussi chaleureux accueil aux Îles-de-la-Madeleine. Il s'agit de ma deuxième visite. Je dois vous dire que, même si je serais ravi de pouvoir vous dire que M. Blais ne représente pas bien les habitants de l'île en ce qui concerne leurs besoins et leurs intérêts, et qu'il est plutôt inefficace quand il s'agit de faire valoir vos préoccupations, je dois malheureusement admettre que ce n'est pas le cas. Il a fait revenir le comité à plusieurs reprises pour que nous parlions des questions liées à la pêche, questions qui sont très importantes pour vous, et je sais qu'il vous a défendu avec vigueur.
Pour le Comité des pêches, les Îles-de-la-Madeleine présentent un modèle unique permettant d'examiner les répercussions sur les industries qui dépendent des ressources naturelles et ce, d'une manière tout à fait unique, étant donné que, du fait de vivre dans une île, vous constituez une sorte d'éprouvette. Étant moi-même de Terre-Neuve-et-Labrador, je comprends très bien cette réalité et je sais que cela nous permet d'effectuer une bonne analyse de ce qui arrive dans une collectivité lors d'un ralentissement économique qui est indépendant de votre volonté — une crise financière et économique mondiale qui cause nécessairement une réduction des prix.
Quelles seraient les conséquences d'une baisse de 30 p. 100 du niveau d'activité du secteur de la pêche du homard et du crabe? Pour l'instant, parlons uniquement du homard. Quelles en seraient les conséquences sur le plan de l'emploi et de l'activité économique en général? En tant que conseil de développement économique et de municipalité, qu'est-ce qu'il vous faut pour être à même de surmonter les graves obstacles auxquels vous êtes actuellement confrontés?
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Je pense que vous parlez d'une baisse de 30 p. 100 sur les marchés. Aux Îles-de-la-Madeleine, c'est la protection de la ressource qui est importante, et celle-ci semble assurée. Un certain volume de la biomasse disponible du homard est débarqué ici. Ça semble être assuré. C'est la vente des produits transformés qui semble incertaine.
Le centre local de développement, ou CLD, travaille beaucoup avec les industriels des pêches maritimes pour voir comment il est possible de développer des partenariats d'affaires et de maximiser les retombées des débarquements de homard aux Îles-de-la-Madeleine. Le marché du frai a longtemps eu la priorité et il en est encore ainsi. Depuis plusieurs années, on remarque aussi une augmentation du homard transformé en usine. Les industriels cherchent à maximiser et à tendre vers une valeur ajoutée.
Il est évident que dans un milieu insulaire comme le nôtre, il faut tisser des partenariats et des liens avec l'extérieur. Je pense que les industriels des Îles-de-la-Madeleine ont l'habitude d'entretenir ce genre de liens. Faudra-t-il en tisser davantage au cours des années à venir? Il faut peut-être explorer la chose, notamment en mariculture. Ces dernières années, les mariculteurs, les éleveurs de moules d'ici, ont entretenu des liens avec les gens de l'Île-du-Prince-Édouard en vue de faire la mise en marché de leur produit. De toute évidence, il faut travailler de concert avec les partenaires des Maritimes et du Québec, dans le secteur. Plus personne ne peut vraiment travailler en vase clos dans la situation actuelle, compte tenu de la mondialisation des marchés, de la baisse des prix sur le marché américain, et ainsi de suite. Par conséquent, la diversification des marchés, l'augmentation de la valeur ajoutée et les partenariats d'affaires sont des objectifs que nous poursuivons.
Si vous le permettez, je vais ajouter que le CLD appuie aussi les efforts de l'industrie. Il y a eu entre autres une campagne de promotion du homard l'an passé, sur le marché québécois, le marché intérieur. Nous avons contribué financièrement à cette activité, de même que d'autres partenaires.
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Merci, monsieur le président.
Joël, Gaby, la question et le commentaire de Gerry sont fort intéressants. En effet, aux Îles-de-la-Madeleine, la concentration des emplois et la vivacité du milieu passent beaucoup par deux secteurs en particulier, soit les pêches et le tourisme. Il reste que c'est un ensemble. On a dit plus tôt que divers facteurs intervenaient et qu'à cause de l'isolement, les coûts de transport étaient plus élevés. Ça s'avère une donnée très importante quand il est question de développement, de difficultés ou de contraintes financières dues à une récession.
Il y a d'autres éléments à considérer, par exemple les coûts ou la façon de fonctionner. Je considère qu'au niveau du ministère, un de ces éléments pourrait être notamment les ports pour petits bateaux, autrement dit nos fameux quais. Ils sont en réparation et sont plus en difficulté qu'autre chose. Aux Îles-de-la-Madeleine, par contre, la situation est très particulière. À Cap-aux-Meules, par exemple, on n'a pas suffisamment d'espace.
J'aimerais peut-être que vous vous attardiez un peu plus sur ce qui nécessite des interventions de plusieurs partenaires, à divers niveaux. Vous pourriez peut-être vous concentrer davantage sur le ministère des Pêches et des Océans.
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Je vais commencer, et Gabrielle pourra conclure.
D'abord, notre dépendance à l'égard des moyens de transport est telle que le milieu s'est donné comme priorité, depuis quelques années, d'établir un lien maritime à longueur d'année avec le continent. Évidemment, le commun des mortels peut en bénéficier grâce à un projet-pilote qui s'est réalisé au cours des deux derniers mois. L'industrie des pêches va également en bénéficier: elle pourra réduire ses coûts, et le transport des marchandises sera facilité, que ce soit pour les appâts ou les matériaux de construction de radoubs pour les bateaux, les moteurs et tout ce dont les pêcheurs peuvent avoir besoin.
On a mentionné que les activités de transformation avaient augmenté aux îles grâce à l'approvisionnement local et aux produits qu'on peut importer. Si on peut fonctionner six, huit ou douze mois par année, c'est l'économie des îles qui va en bénéficier.
L'autre façon d'avoir un contact avec le continent est le transport aérien. Notre piste d'atterrissage est d'une longueur limitée de 4 500 pieds. On va déposer un projet auprès de Transports Canada, probablement en juin, afin d'obtenir une mise à niveau des infrastructures et allonger cette piste à 6 000 pieds. Cela permettra notamment de dynamiser le tourisme et le secteur des pêches. L'analyse comporte également ce volet.
Il fut un temps où on exportait beaucoup de poisson frais. Aujourd'hui, la tendance est à la traçabilité des produits, à la fraîcheur et à la mise en valeur des éléments protéiques et vitaminiques particuliers aux poissons et fruits de mer. On n'est pas en mesure actuellement d'approvisionner nos marchés intérieurs de façon efficace. Par exemple, à Montréal, il est plus facile d'acheter un filet de tilapia du Chili qu'un filet de sole ou une pince d'homard des Îles-de-la-Madeleine. Cette approche est très intégrée, à notre point de vue.
Il y a la question des ports pour petits bateaux en vue d'améliorer la sécurité et l'efficacité du secteur de la capture. On s'est doté d'une belle flotte beaucoup plus large et pouvant affronter la mer. Or, l'espace est maintenant restreint dans plusieurs ports des îles. Les ports qui ne sont pas en eaux profondes nécessitent un dragage récurrent. Ces investissements sont nécessaires pour continuer à fonctionner.
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Pour répondre à votre question, je dirai que la moyenne d'âge des pêcheurs aux Îles-de-la-Madeleine est la même qu'ailleurs. À l'heure actuelle, la moyenne d'âge de nos capitaines se situe entre 45 et 50 ans. Aux îles, nous nous démarquons par une relève qui, pour l'instant — et je pense que les mots « pour l'instant » sont importants — , est bien présente. Quand un capitaine veut prendre sa retraite, il y a des gens intéressés à acheter son entreprise de pêche. Il s'agit souvent d'un transfert intergénérationnel entre père et fils. Les jeunes font partie de l'entreprise depuis un certain temps et veulent prendre la relève. Il y a un intérêt marqué de la part de la relève, ce qui nous distingue d'autres endroits.
En revanche, cet aspect positif est tout de même fragile. En effet, les jeunes vont être intéressés dans la mesure où ils seront assez sûrs de pouvoir bien gagner leur vie. À l'heure actuelle, avec l'effondrement des prix sur le marché, la situation devient un peu inquiétante, en termes d'avenir. Tant que les jeunes auront l'impression d'avoir un avenir dans ce domaine, ils vont y demeurer, mais encore faut-il que l'industrie réussisse à traverser les crises. C'est un des aspects. De plus, nous constatons dans les études que les jeunes d'ici sont intéressés à acheter une entreprise de pêche avant tout parce qu'ils veulent occuper un emploi chez eux, dans leur communauté. Or, une façon d'y arriver est de travailler dans le secteur des pêches. Comme vous l'avez dit plus tôt, cette activité est le pilier du développement des Îles-de-la-Madeleine. En achetant une entreprise de pêche, ils s'achètent du même coup un emploi. Ils sont intéressés à demeurer dans leur milieu, ce qui est extrêmement intéressant.
Au Centre local de développement, nous voulions aider les jeunes qui désiraient acheter des entreprises de pêche. On dit que cette génération de jeunes sera visiblement plus endettée que les précédentes. Ils ont donc besoin de plus de soutien. Si, au cours des années 1950 et 1960, il était possible d'acquérir une entreprise pour presque rien, il est clair que la situation n'est plus du tout la même aujourd'hui. Le coût d'achat est assez élevé et les coûts de fonctionnement sont très importants. Au CLD, nous avons mis en oeuvre des programmes d'aide. Ce sont des contributions non remboursables, des subventions de départ destinées aux jeunes qui acquièrent une entreprise de pêche. Nous avons aussi établi un système d'accompagnement en gestion d'entreprise. À notre avis, les jeunes qui achètent une entreprise de pêche ont besoin de notions en gestion d'entreprise. C'est pourquoi ils disposent de ce que nous appelons des chèques-conseils. De cette façon, ils peuvent se prévaloir d'un accompagnement par des professionnels reconnus pendant trois ans. Ils peuvent faire appel à leur firme comptable, notamment pour mieux comprendre les notions d'état financier, l'évolution de l'entreprise, les mesures fiscales, etc. Pour l'instant, la relève est présente, et nous croisons tous nos doigts en espérant qu'elle reste.
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En ce qui a trait à la réduction du prix de l'énergie, on voudrait bien avoir un plan, mais on n'en a pas. Vous faisiez référence aux bateaux de pêche. On sait que différentes techniques existent pour réduire la consommation. On pense que les gens sont de plus en plus sensibilisés à la réduction de leur consommation, mais documenter un peu plus les capacités de réduire les dépenses énergétiques des bateaux de pêche est un des éléments qui apparaissent dans le plan d'action du CLD du secteur.
En ce qui a trait aux revenus de la communauté, depuis les dernières années, les revenus qui proviennent des pêches sont basés sur les crustacés, ce qui n'était pas le cas il y a 10 ou 15 ans. On avait des revenus beaucoup plus ventilés entre les différents poissons de fond et les crustacés: homard et crabe.
Ici comme ailleurs, la pêche repose maintenant sur les crustacés. Donc, toute fluctuation des prix payés au débarquement ou sur les marchés a une incidence directe sur les revenus de notre communauté. Donc, quand on regarde ce qui s'est passé concernant le prix du homard et du crabe des neiges ces dernières années — j'exclus 2008 —, avant 2008, on constate qu'il y avait quand même une relative stabilité. Par ailleurs, l'année passée, cela n'a pas été le cas. Cette année, on ne sait pas ce qui va se passer. Donc, la communauté ici est plus sensible aux variations des prix des crustacés sur le marché que d'autres secteurs ou d'autres régions géographiques du Québec, parce que nous sommes imprégnés de la mer et de ses ressources, dans l'ensemble de notre économie.
En ce qui a trait à la réduction d'énergie, certaines usines de transformation sont en train d'étudier la possibilité d'ajouter de l'équipement qui augmenterait leur performance en matière d'énergie, ce qui ferait en sorte qu'il y aurait une économie d'échelle, selon ce qu'on me dit, assez importante dans les usines de transformation.
Si vous me le permettez, puisqu'on parle des coûts d'opération, je voudrais ouvrir une petite parenthèse. Tout à l'heure, M. Arseneau parlait des ports de mer. Aux îles, il y avait une vingtaine de ports de mer, dans les années 1970. Sur un horizon de 30 ou 35 ans, on est passé de 20 à 9 ports de pêche. C'est le minimum vital pour la communauté des îles. Ces ports doivent être financés par Pêches et Océans. Alors, quand on nous demande ce que le ministère peut faire, il est clair que c'est là un enjeu.
Si vous me permettez une deuxième petite parenthèse, je vous dirai ceci au sujet des coûts d'opération. Que ce soit au chapitre des coûts des permis de pêche ou des coûts de certains mécanismes de contrôle, ce sont des programmes extrêmement intéressants, mais qui coûtent extrêmement cher. Je pense au programme de contrôle d'autres pêcheries. Ce n'est pas le cas pour le homard, mais c'est le cas notamment pour le crabe, où il y a des programmes d'observateurs en mer, etc. Alors, il faut nécessairement que Pêches et Océans examine les coûts d'opération qu'il impute à l'industrie et qu'il voie ce qu'il pourrait faire, à l'intérieur du ministère, pour réduire ces coûts pour les pêcheurs, étant donné la conjoncture actuelle.