:
Merci, monsieur le président. J'aimerais vous présenter M. Ken Drake, qui est le président de la Prince Edward Island Fisherman's Association.
Je vais commencer par souhaiter la bienvenue aux membres du comité permanent et aux personnes qui les ont accompagnés ici. Permettez-moi de vous souhaiter tout d'abord une chaleureuse bienvenue à l'Île-du-Prince-Édouard. Ce n'est pas souvent qu'un comité de la Chambre des communes de cette importance se rend dans notre province insulaire. Au nom de la Prince Edward Island Fisherman's Association, je vous remercie sincèrement de l'invitation de venir comparaître ici aujourd'hui devant vous. Ce n'est pas souvent qu'une telle occasion nous est offerte.
Le thème des audiences d'aujourd'hui est l'inquiétude croissante à l'égard de la saison de pêche du homard 2009 dans le Canada atlantique. En tant qu'organisation représentant 1 300 pêcheurs désignés titulaires de permis de l'Île-du-Prince-Édouard, et pour lesquels la pêche du homard est la principale source de revenu, nous sommes particulièrement inquiets pour la saison à venir.
La crise économique et financière mondiale à laquelle nous sommes confrontés, l'affaiblissement de certains marchés traditionnels, les pressions croissantes imposées aux pêcheurs par le secteur de la transformation, les coûts toujours croissants de la production primaire et de nombreuses autres questions encore sont sources d'inquiétude pour nos membres.
Il y aurait peut-être lieu de mettre les choses en contexte. La pêche côtière n'est pas une activité très lucrative. Selon des statistiques publiées en 2006 par la Direction des politiques et des études économiques de Pêches et Océans, les pêcheurs de trois zones de pêche du homard autour de l'Île-du-Prince-Édouard avaient tiré les revenus avant impôts que voici de l'ensemble de leurs activités de pêche: ZPH 25, 7 082 $; ZPH 26A, 11 010 $; et ZPH 24, 63 423 $.
En 2008, les pêcheurs ont subi une baisse de 25 p. 100 du prix du homard débarqué, celui pour le homard de conserve tombant jusqu'à 4 $ et celui des homards de table à 5 $, par rapport à 5 $ et 6 $ respectivement l'année précédente. En même temps, les coûts de production, c'est-à-dire les dépenses pour acheter appâts, carburant, engins de pêche, etc. ont augmenté de quelque 37 p. 100 par rapport à la moyenne des cinq années précédentes. Avec un tel resserrement des marges, il est clair que tout recul du prix débarqué payé aux pêcheurs résultera inévitablement dans la faillite ou la disparition d'un nombre appréciable d'entreprises de pêche côtière de l'Île-du-Prince-Édouard.
L'industrie partout dans le monde a entendu les lamentations des transformateurs de l'Île-du-Prince-Édouard face à l'énorme inventaire qu'ils ont eu sur les bras cet hiver, principalement sous forme de ce que l'on appelle les « homards-glaçons » et de homards cuits entiers. On a estimé à jusqu'à 25 millions de dollars la valeur de cet inventaire. Les résultats étaient, bien sûr, prévisibles. Les grossistes et les courtiers ont tout simplement arrêté d'acheter, en attendant des prix de bradage.
Même si la PEIFA n'a pas accès aux chiffres des transformateurs, nous avons de solides renseignements commerciaux qui nous disent que l'inventaire en mains représente beaucoup moins que les 25 millions de dollars mentionnés dans les médias et qu'il est en train d'être écoulé petit à petit. La situation de cet hiver soulève cependant pour nous plusieurs sérieuses questions relativement à l'industrie de la transformation. Par exemple, quel est le volume des stocks disponibles pendant les mois d'hiver la plupart du temps? Le gouvernement ou un tiers indépendant a-t-il accès à des rapports réguliers sur les inventaires courants des transformateurs? Quelle est la formule utilisée pour évaluer les inventaires? Quelle est la stratégie de commercialisation et de vente du secteur de la transformation? Quels efforts sont en train d'être déployés en vue de la mise au point de nouveaux produits? Quel modèle d'entreprise utilisent les différents transformateurs? Plus important encore, pourquoi y a-t-il eu consolidation d'installations de transformation tant à l'Île-du-Prince-Édouard qu'au Nouveau-Brunswick?
Nous posons ces questions étant donné que l'on est en train de nous demander certaines choses. On nous les demande, alors que nous ne savons pas ce que fait le secteur de la transformation de son côté. On nous a, par exemple, demandé d'envisager une réduction du nombre de jours de pêche tôt dans la saison. On nous demande d'envisager une rotation des jours d'achat aux quais. On nous demande de limiter les débarquements en cas de surabondance. On nous demande d'appuyer les demandes de garanties de crédit par le gouvernement pour les transformateurs. On nous demande toutes ces choses, et d'autres encore, sans qu'il n'ait été fait mention de quelque garantie que ce soit pour les pêcheurs eux-mêmes.
L'industrie de la pêche est une industrie traditionnelle. La pêche du homard est une pêche compétitive. Les pêcheurs pêchent la même zone année après année. La plupart utilisent des techniques qu'ils ont mises au point au fur et à mesure de leurs années passées sur l'eau. La plupart continuent de vendre à un acheteur avec lequel ils sont depuis longtemps en relation, un acheteur qui fournit les appâts et les fournitures et qui achète le homard. Au cours des deux dernières années, ces traditions ont été menacées. Des usines de transformation ont été fermées. Les acheteurs mandatés sont en train d'être éliminés. Le MPO a recommandé des projets de gestion des ressources qui ont semé inquiétude et confusion parmi les pêcheurs — tout cela, bien sûr, dans le cadre d'une litanie continue de préoccupations face à la situation économique et financière à laquelle nous nous trouvons confrontés.
Les pêcheurs ont une relation de dépendance économique à l'égard du secteur de la transformation. Il n'existe aucun régime réglementaire établissant le prix devant être payé aux pêcheurs pour leurs prises. Traditionnellement, le secteur de la capture a compté sur la concurrence inhérente entre les acheteurs désireux de se procurer le homard. Maintenant que cette concurrence est en train d'être éliminée avec l'aide de décisions gouvernementales, les pêcheurs sont en train de subir le poids de la baisse des prix débarqués et de l'augmentation du coût des intrants.
Les pêcheurs de homard reconnaissent que le changement dans leur industrie est peut-être inévitable, mais pour pouvoir s'adapter de bon gré à ce changement, ils demandent un certain niveau de participation et de protection. Par exemple, les pêcheurs de homard de l'Île-du-Prince-Édouard demandent depuis longtemps un programme de rationalisation des permis grâce auquel des permis pourraient être retirés de manière permanente de la pêcherie. Pendant deux brèves années, soit en 2004 et en 2005, la ZPH 25 a pu, grâce à des fonds en provenance de la vente d'un contingent de crabe des neiges, retirer de manière permanente neuf permis de pêche du homard et en bloquer plusieurs autres, pour une année à la fois.
Malheureusement, des décisions judiciaires ont empêché toute autre initiative du genre. Depuis, les pêcheurs de l'Île-du-Prince-Édouard demandent un soutien au gouvernement et, plus récemment, ont entamé des discussions avec les autorités fédérales et provinciales en vue de l'élaboration d'un processus de rationalisation, avec des contributions des deux paliers de gouvernement ainsi que de l'industrie.
Advenant la négociation d'une entente, nous espérons voir un processus en vertu duquel des pêcheurs plus âgés, surtout, pourront quitter l'industrie avec dignité, ceux y demeurant jouissant d'un accès amélioré à une ressource stable et les jeunes gens désireux d'y entrer se voyant accorder une aide ciblée. Nous examinons également des questions plus larges en matière d'éco-étiquetage, étant passés par la pré-évaluation du Marine Stewardship Council et l'approche de la mer à l'assiette pour la capture axée sur le marché. Il s'agit de considérations à long terme, dont l'examen exigera du temps et des discussions.
Nous sommes cependant, dans l'immédiat, confrontés à des préoccupations à court terme. Le secteur de la capture est en train de recevoir des messages contradictoires du secteur de la transformation. Certains transformateurs disent que la situation est extrêmement difficile, tandis que d'autres annoncent que la saison de 2009 sera semblable à celle des années passées. La confusion et la crainte sont omniprésentes.
À supposer que les prix à quai soient plus bas cette année, quelles en seront les conséquences?
Premièrement, étant donné que la plupart des pêcheurs emploient deux aides, l'une de ces deux personnes ne sera pas embauchée. Que va-t-elle faire pour survivre?
Deuxièmement, étant donné la nature compétitive de la pêche du homard, les pêcheurs augmenteront forcément leur effort de pêche pour gagner un maximum pendant la courte saison de deux mois. Cela pourrait avoir des effets dévastateurs sur les stocks de homard futurs dans la région.
Troisièmement, au fur et à mesure que les revenus reculeront, de nombreux pêcheurs seront acculés à la faillite, abandonnant non seulement leur entreprise de pêche, mais également maisons, biens et investissements sur lesquels ils ont déjà emprunté tout simplement pour joindre les deux bouts.
La seule protection contre un désastre économique dans la pêche du homard cette année est l'intervention gouvernementale. La PEIFA avait déposé des recommandations en prévision du récent budget fédéral, notamment: la création d'un fonds de stabilisation du revenu pour les pêcheurs; une aide financière pour la rationalisation; des initiatives visant à faciliter l'accès au crédit pour les pêcheurs; le consentement d'une aide financière à une agence nationale en vue de la promotion de la vente de poissons et de fruits de mer, de l'éco-étiquetage et d'initiatives de la mer à la table; la réduction de certains droits, notamment pour les permis et les observateurs; des réductions d'impôt en échange de l'adoption de technologies vertes par les entreprises de pêche; une amélioration du travail en science et en recherche et le renforcement des programmes pour ports pour petites embarcations du MPO; une aide accrue à la formation pour les pêcheurs; et une intervention auprès des provinces les encourageant à créer ou à améliorer des commissions et des programmes de prêts aux pêcheurs.
Nous avons, parmi toute cette liste, relevé un effort de marketing à court terme, du financement pour des ports pour petites embarcations, et des signes, du moins nous l'espérons, d'assouplissement de l'accès au crédit par des prêteurs privés. Cependant, il n'y a rien eu dans le budget pour alléger les effets d'un sérieux déclin dans la saison 2009.
Un problème immédiat auquel se trouveront confrontés les capitaines et les membres d'équipage de navire advenant des prix faibles sera l'admissibilité à l'assurance-emploi.
Un problème immédiat auquel se trouveront confrontés les capitaines et les membres d'équipage de navire advenant des prix faibles sera l'admissibilité à l'assurance-emploi. Le régime, là où il existe, en vertu duquel un capitaine pourrait être admissible à l'AE sur la base des volumes débarqués en 2008, pourrait être assoupli. Premièrement, avec une garantie d'AE, le capitaine n'exercerait pas des pressions supplémentaires sur le stock, contribuant ainsi à la conservation, et les aides pourraient pêcher pendant toute la saison, leurs salaires étant financés par les prises, et seraient ainsi eux aussi admissibles à l'AE.
Le carburant est un intrant majeur. En 2008, nous avons vu le carburant atteindre des prix effarants, et il n'y a rien en place pour empêcher que cela se reproduise. Les secteurs primaires du Canada doivent avoir en place un mécanisme pour protéger les producteurs primaires en cas de hausses énormes et soudaines du coût du carburant.
Un autre gros souci est le coût des appâts, principalement du hareng dans le cas de la pêche du homard. La pêche printanière du hareng est sur le point d'être fermée par le MPO, ce alors que l'on apportait des modifications aux plans de capture de la grosse flotte de pêche à la senne coulissante dans le golfe Saint-Laurent, lui permettant de pêcher de plus petits poissons, avec des changements au protocole applicable aux petits poissons qui voit cette flotte débarquer des pourcentages toujours croissants du volet printanier dans la pêche à la senne coulissante d'automne. En l'absence d'une pêche du hareng du printemps, des appâts congelés doivent être achetés à des prix exorbitants auprès de sociétés situées à l'extérieur de l'île, ce qui vient augmenter encore les coûts d'exploitation. Des mesures doivent être prises immédiatement pour limiter la destruction par la flotte de pêche à la senne coulissante des stocks de hareng dans le sud du golfe.
Nous avons beaucoup vu et entendu parler des programmes de stimulants économiques que des gouvernements de partout dans le monde ont adoptés pour combattre la présente récession. Des incitatifs devraient être mis en place pour encourager les pêcheurs à acheter le matériel dont ils ont besoin auprès de fournisseurs locaux. Si les pêcheurs arrêtent d'acheter le matériel dont ils ont besoin, non seulement les économies locales en souffriront, mais cela viendra augmenter la menace à la sécurité en mer des navires et des pêcheurs.
La province de Nouvelle-Écosse a récemment amélioré son service de commission de prêts aux pêcheurs pour aider les nouveaux entrants dans la pêcherie. La création d'une commission régionale de prêts aux pêcheurs, appuyée par les gouvernements tant fédéral que provinciaux, et à la disposition du seul secteur des pêches, serait de réalisation facile et viendrait alléger le fardeau des restrictions imposées par les prêteurs privés et permettre des ajustements annuels en fonction de l'évolution dans le secteur.
Dans le cas particulier de l'Île-du-Prince-Édouard, la communauté des pêcheurs est unie dans sa position voulant l'annulation de l'accord dit Ocean Choice. Bien qu'il s'agisse d'une question de nature purement provinciale, l'accord limite la concurrence et réduit la capacité de transformation, avec les conséquences que l'on sait pour les pêcheurs. La pression morale que le comité pourrait exercer sur la province ne saurait qu'appuyer l'annulation de cette entente.
En conclusion, monsieur le président, nous vous remercions, vous et les membres du comité permanent, de l'occasion qui nous a été ici donnée de prendre la parole devant vous. Nous envisageons avec plaisir de répondre à vos questions.
:
Les opinions des gens ont, en gros, changé parce que le gouvernement fédéral a mis de l'argent dans le pot, pour commencer, mais le financement de ce groupe par chacune des provinces qui étudient le marché est épuisé. Ils n'ont déjà plus d'argent. Ils devaient le dépenser avant la fin du mois de mars.
Je pense qu'ils ont fait un certain nombre de bonnes choses. J'ai vu une partie du travail que le groupe a effectué pendant la courte période pendant laquelle il a été actif, et il était sur la bonne voie. Pour ce qui est de la saison prochaine, je ne pense pas que cela servira à grand-chose. Pour ce qui est du long terme, j'ignore si ce qu'il nous faut c'est ce genre d'office de commercialisation, mais nous avons besoin de quelque chose qui puisse changer tout le système de distribution.
Il y a clairement quelque chose qui ne va pas avec l'actuel système de commercialisation. Ma question est celle de savoir ce qui est en train d'être fait pour l'améliorer. Il est facile de s'en tenir à une vieille méthode, mais la vieille méthode ne fonctionne plus.
Je vais vous donner un exemple. Dans le cadre de cette étude de commercialisation, un groupe de Nouvelle-Écosse s'est rendu en Alberta. Il est allé dans un supermarché qui avait des homards vivants dans son vivier. Ils ont filmé la chose, et l'on y voit une mère de famille qui passe devant le vivier avec son enfant qui veut plonger sa main dans l'eau. La mère arrache de l'eau la main de son enfant, mais c'était comme s'ils se promenaient dans un zoo. Ils regardaient tous les deux les homards, et ils étaient intéressés et tout le reste, mais c'était comme si la mère était en train de dire « Poussons plus loin, car il nous faut maintenant acheter du Dîner Kraft ». Ce qu'ils ont constaté, après avoir commencé à interviewer des gens, est que ceux-ci disaient « On me dit que le homard a vraiment très bon goût, mais je ne saurais même pas comment en faire cuire un ».
Ce qui est ressorti de l'étude était qu'il aurait vraiment fallu avoir sur place un moniteur avec un film montrant comment faire cuire le homard. Il aurait fallu une casserole à portée de main pour que le consommateur puisse y plonger le homard, avec peut-être un peu de sel, et le faire cuire, et la chose pourrait peut-être faire boule de neige.
C'est comme ce qu'a dit quelqu'un — combien de personnes dans cette salle sauraient comment préparer un opossum?
L'autre constat est que, dans le monde d'aujourd'hui, les gens ne veulent pas toucher à un animal qui est vivant. Il y a des groupes qui militent contre l'abattage de vaches, l'abattage d'agneaux ou autre, et il y en aura toujours, mais les chercheurs nous ont dit — et je tiens à ce que mon propos ici soit des plus clairs — qu'ils ont fait des études sur le homard, et que lorsque vous mettez un homard dans de l'eau bouillante, ce n'est que pendant une fraction de seconde qu'il ressentira la moindre sensation, car il est en fait instantanément en état de mort cérébrale dès qu'il touche l'eau bouillante, et ne ressent donc aucune douleur.
Mark Bonnell et Lorne Bonnell sont ici pour représenter la Mariner Seafoods. La déclaration a été préparée par Olin Gregan, directeur exécutif de la P.E.I. Seafood Processors Association, qui est coincé à Halifax du fait du mauvais temps.
J'aimerais remercier le comité de l'occasion qui nous est ici donnée de vous faire une déclaration pour le compte de la P.E.I. Seafood Processors Association.
En tant qu'association, nous représentons 90 p. 100 de la capacité de transformation du homard de l'île, les mytiliculteurs et les ostréiculteurs, ainsi que le secteur de la transformation du crabe.
Nous avons indéniablement le privilège de mener nos activités au beau milieu de certaines des terres les plus belles et les plus fertiles du monde, et entourés par certaines des eaux les plus riches, les plus productives et les moins perturbées que connaisse l'industrie des fruits de mer.
Je crois fermement que la pêche commerciale compte trois partenaires distincts: les pêcheurs, les transformateurs et les deux paliers de gouvernement. Les observations que je vais vous livrer ici ne devraient aucunement être interprétées comme émanant de nos autres partenaires dans l'industrie, sauf de manière accessoire ou relativement à une incidence directe sur notre activité.
Par ailleurs, tout au long de ma déclaration, n'interprétez aucune pensée ni déclaration comme participant du procès de l'un ou de l'autre, car chacun a sa part de responsabilité, et il nous faut accepter la nôtre et nous consacrer à essayer d'améliorer l'industrie de la manière aussi continue que possible.
Les pêcheurs commerciaux de l'île débarquent sur nos quais pendant les mois sans glace toutes les espèces de poisson, depuis l'éperlan jusqu'au thon. Lorsque les pêcheries s'ouvrent et s'activent dans nos collectivités côtières, l'on y relève une impression et un sentiment sans équivoque de fierté, de participation et de prospérité communautaires, chacun semblant se presser, face aux différents besoins amenés par les prises locales et entouré par le bruit des moteurs de bateaux dans les ports, qui est parfois noyé par le crissement des pneus des nouvelles camionnettes d'une demi-tonne — les bruits et les signes d'une autre saison de pêche du homard, du hareng ou du crabe.
Cette industrie, vieille de plus d'un siècle, a réussi à verser des centaines de millions de dollars dans les coffres des gouvernements fédéraux, provinciaux et municipaux successifs, et elle a créé des modes de vie et des vies qui sont entrelacés dans le tissu même de l'île.
Mais ces indicateurs positifs sont aujourd'hui en train de devenir des regards, des impressions et des bruits creux. Notre industrie du homard est cassée, et il lui faut être ramenée au niveau qu'elle a connu et qu'elle a fêté dans le passé.
En tant que partenaires de l'industrie, il nous faut mettre au point un véhicule pour dialoguer comme il se doit, établir une nouvelle assise... et rétablir avec d'autres la confiance qui est nécessaire et manifeste dans tout partenariat réussi.
On peut soutenir que notre pêche du homard est la pêche la plus précieuse du Canada. Il s'agit d'une industrie qui vaut un milliard de dollars dans le Canada atlantique, et dans bien des régions et des collectivités de l'Île-du-Prince-Édouard, le secteur des fruits de mer est le moteur économique et le lubrifiant communautaire. Il importe de ne pas perdre cela de vue.
Cette pêcherie n'a pas reçu l'attention et l'intérêt qu'elle mérite, et c'est ainsi que nous payons et allons payer un lourd tribut du fait de la complaisance de l'industrie. Il s'agit d'une industrie essentielle pour l'Île-du-Prince-Édouard et le Canada atlantique, et elle ne va pas s'en aller.
Personne ni aucune compagnie ne peut la prendre et la déménager dans l'Ouest. Il nous faut maintenant faire entrer cette pêcherie dans le nouveau millénaire. Nous avons de nombreuses idées nouvelles sur les fronts local, national et international, et de nombreux nouveaux règlements et exigences, mots dans le vent et acronymes avec lesquels travailler ou sous lesquels étouffer. Les coûts qui sont en train d'être déchargés sur nos membres, et imputés à eux, par exemple pour la surveillance, l'entrée de données électroniques, l'éco-étiquetage, la traçabilité, les certificats de prises et le MSC, finiront par mettre notre industrie en faillite en l'absence d'un bon ciblage, de leur application appropriée et d'un régime de récupération des coûts bien pensé.
Nous avons le dollar canadien qui nous torture sans répit avec ses fluctuations, tel qu'il est presque impossible de prédire encore d'autres effets sur nos activités. Cela vient s'ajouter à la tempête économique que personne ne comprend vraiment ni ne sait mater.
Nous nous trouvons maintenant dans la position non enviable d'être à 30 jours de l'ouverture de la Cadillac de l'industrie des mollusques et crustacés de ce pays avec les moyens qu'exigerait une Lada.
L'industrie des fruits de mer n'est pas la seule que regardent d'un mauvais oeil les institutions prêteuses, mais nous ressentons et allons continuer de ressentir les effets de leurs décisions de resserrer l'offre de financement et de lignes de crédit.
Les pêcheurs craignent des prix qui ne feront que couvrir leurs frais. Nous espérons que leurs craintes ne se concrétiseront pas. Nous sommes en fait en train de dire à nos clients que nos pêcheurs et nos entreprises ne peuvent pas continuer, assujettis comme ils le sont à un tel niveau de stress, de frustration et d'anxiété.
En tant que secteur de la transformation, nous assistons à quantité de réunions, à l'interne ainsi qu'avec les deux paliers de gouvernement, pour discuter et échanger des idées. Mais en 2009 — 30 jours avant le début de la saison —, la pêcherie ouvrira dans l'incertitude. Nos employés s'attendent aux mêmes possibilités d'emploi que pendant les années passées, et c'est ce que nous comptons offrir. Sans cette continuité dans nos opérations, nos installations seraient vouées à l'échec et condamnées à la fermeture. Malheureusement, il y a toute une industrie, telle que nous la connaissons, qui est en péril.
Des temps difficiles comme ceux-ci peuvent et pourraient nous montrer une nouvelle voie. Il nous faut élaborer une stratégie face à des inventaires qui stagnent et des problèmes de mouvement de trésorerie. Il nous faut, en plus d'offrir nos produits de base, commencer à mettre au point de nouveaux produits. Il nous faut de nouvelles études de marché. Il nous faut de nouvelles initiatives de marketing et de promotion de produits. Rien de ce que j'ai dit ici n'est conceptuellement nouveau, mais pour une industrie qui n'a pas connu l'introduction d'un nouveau produit rentable depuis l'avènement du homard-glaçon il y a de cela 25 ans, ce sont des idées très nouvelles à étudier, puis à essayer de mettre en application.
Le moment est venu pour l'industrie de marquer un temps d'arrêt, de discuter, de comprendre et, nous l'espérons, de s'entendre sur la nécessité de changements appropriés; la nécessité de comprendre les désirs, besoins et voeux de nos clients et des consommateurs; la nécessité d'élaborer un plan de pêche qui tienne compte de ces désirs, besoins et voeux grâce à de nouvelles campagnes de marketing et de marchandisage; la nécessité d'élaborer un plan qui permette la mise au point de produits qui correspondent aux changements sociétaux; et la nécessité d'élaborer un plan qui permette le changement et le progrès technologiques.
En tant qu'association, nous avons tout récemment soumis à nos membres, ainsi qu'à un groupe sélect de gens du gouvernement, un document de conception esquissant certaines initiatives stratégiques en vue de dynamiser l'industrie du homard. Au mieux, après discussions et révisions, ce sera au moins un plan pour trois à cinq années. Mais la chose est nécessaire. Le changement requiert habituellement du temps, et la plupart d'entre nous n'aimons pas le changement, alors il faudra endurer un processus d'apprivoisement.
À des moments comme ceux que nous vivons, il nous faut nous tourner vers les pouvoirs publics pour de l'aide tant monétaire que directive pour ce qui est des changements devant être apportés. Devront être prises des décisions difficiles qui coûteront probablement un vote, ou sur terre ou sur l'eau, mais il n'y a aucune place dans l'économie à l'intérieur de laquelle nous jouons pour des pêches politiques. La réalité est que le vote est le plus gros obstacle à surmonter, étant donné que la pêche a toujours été un très précieux outil politique à tous les niveaux, comme la limite des 200 milles nous l'a maintes et maintes fois montré.
En tant que transformateurs, il nous faut faire un meilleur travail dans nos installations. Nous devons revoir notre engagement envers la qualité et y investir. Il nous faut avoir un dialogue et des discussions meilleures avec les pêcheurs qui nous livrent la matière brute. Il est essentiel qu'ils ne se sentent pas détachés de ce qui arrive à leurs prises et qu'ils aient le sentiment de faire partie de l'autoroute vers les marchés. Il nous faut avoir un meilleur dialogue avec les fonctionnaires du MPO. Il nous faut mieux présenter nos arguments et nos points de vue par le biais du processus de comité consultatif. Il nous faut arrêter de mettre à l'essai la recette éprouvée de l'échec en affaires en payant le prix fort et en vendant au prix le plus bas. Il nous faut tout simplement mettre en oeuvre et épouser de bonnes pratiques commerciales. Il nous faut décider qu'il est acceptable de faire de l'argent.
Il existe à l'Île-du-Prince-Édouard d'autres transformateurs de fruits de mer, notamment des transformateurs de moules, qui mènent leur activité sans grand branle-bas, mais dont les opérations sont certainement des diamants bruts. Plus ou moins laissés à eux-mêmes, ils ont su développer ce secteur aquicole à un point tel qu'il représente aujourd'hui 67 millions de dollars et 80 p. 100 des mytiliculteurs et des moules transformées de l'Amérique du Nord. Et ils ont atteint ces niveaux de croissance et de développement en l'espace de 30 courtes années, ce que d'autres, comme les Européens et les Néo-Zélandais, n'ont pas pu réaliser en plus de 100 années d'activité.
Quarante millions de livres de moules représentent beaucoup de matériel, d'emballage, de services et de retombées dans de nombreuses collectivités de l'Île-du-Prince-Édouard. Ces installations offrent à de nombreux Prince-Édouardiens la possibilité de travailler dans leur localité tout au long de l'année, et permettent aussi l'injection dans les collectivités de leur masse salariale de 10 à 12 millions de dollars. Les jeunes Prince-Édouardiens y voient un volet de l'industrie des fruits de mer avec lequel ils peuvent maintenant s'identifier, du fait que cette industrie soit jeune, connaisse un croissance méthodique et soit certainement durable.
Ces derniers temps, ce volet de l'industrie a également oeuvré avec le CNRC, la PEI Atlantic Shrimp Corporation et l'association des transformateurs en vue de l'élaboration de projets en matière d'allégations santé et d'omégas-3, projets qui sont essentiels pour l'industrie. Tout cela a l'air très prometteur pour le volet aquicole de notre association.
En conclusion, il est absolument essentiel que nous élaborions une nouvelle stratégie. Il nous faut établir un climat de confiance afin que les discussions aient un sens et du mérite, au lieu qu'il ne s'en dégage que mépris et mécontentement. Cela suppose peut-être une relation de neutralité entre les partenaires ayant les outils nécessaires pour trancher à travers les leurres et la fumée pour montrer la voie.
Encore une fois, la Prince Edward Island Seafood Processors Association et moi vous remercions de l'occasion qui nous a été ici donnée de comparaître de vous.
:
Premièrement, je veux remercier le comité permanent de cette invitation à faire un bref exposé. Mme Lockhart m'a appelé hier. La semaine dernière, j'étais à Saint John, au Nouveau-Brunswick et j'étais hier à Halifax.
On m'a demandé si j'étais disposé à rédiger quelque chose à présenter au comité permanent concernant la crise que la pêche traverse aujourd'hui. Je vous remercie de cette occasion. J'aimerais expliquer un peu notre situation ici.
Votre ordre du jour indique que le témoignage serait au nom de la zone de pêche au homard 24. M. Morrissey, mon ami et collègue à mes côtés, est président de cette zone. Je représente 250 pêcheurs de homard de cette zone située à l'extrémité nord de l'Î.-P.-É. et je vais simplement faire une courte déclaration et céder ensuite la parole à M. Morrissey. Ensuite, nous serons tous deux à votre disposition pour répondre à vos questions.
Je veux commencer par remercier encore une fois le Comité permanent des pêches et océans de m'inviter à prendre la parole au nom de la Western Gulf Fishermen's Association. Je vais d'abord vous dire quelques mots au sujet de notre association. La Western Gulf Fishermen's Association représente 250 pêcheurs qui pêchent au large de la côte nord-ouest de l'Île-du-Prince-Édouard, dans la ZPH 24. La Western Gulf Fishermen's Association représente tous les pêcheurs pour ce qui est des enjeux de la pêche en mer et dissémine l'information sur les nouveaux règlements et les exigences en matière de formation imposés par Transports Canada. La Western Gulf Fishermen's Association travaille sans cesse à des projets visant à rendre la pêche plus viable pour nos membres.
Je m'exprime ici aujourd'hui au nom des pêcheurs de homard. En ce qui concerne la conservation de la ressource, notre association a engagé une étude de l'impact du dragage de la mactre d'Amérique sur l'habitat du homard. Nous avions également en cours une étude des effets du dragage du pétoncle et du ratissage de la mousse sur l'habitat du homard. Nous avions obtenu des crédits et travaillions à une étude du dragage du pétoncle lorsque nous avons dû l'interrompre parce que le MPO s'est retiré du projet sans donner de raison claire. Notre association a organisé de nombreuses opérations de dragage, réalisées par nos pêcheurs à leurs propres frais pour détecter les casiers à homard illégaux. Chaque année, nos pêcheurs paient de leur poche le MPO pour une protection supplémentaire. Pour des raisons de conservation, nos pêcheurs ont choisi de ne pas pêcher le homard le dimanche.
Sur le plan de la commercialisation, étant donné le ralentissement économique et les bas prix anticipés, nous avons demandé au gouvernement fédéral et au gouvernement provincial pour cette campagne de mettre en place des garanties de crédit tant pour les courtiers que les transformateurs. Cela leur permettra d'acheter du homard et de le mettre en marché de façon ordonnée. On peut espérer, en effet, que de telles facilités de crédit permettront aux pêcheurs d'obtenir de meilleurs prix.
La Western Gulf Fishermen's Association mène actuellement une étude de faisabilité d'une installation de congélation et de stockage à froid. Nous aimerions également que celle-ci soit flanquée d'un vivier à homard. Enfin, j'aimerais communiquer une lettre que j'ai adressée récemment à la ministre fédérale des pêches, Gail Shea, lui demandant de geler les transferts de permis de homard dans la zone que nous représentons.
:
Merci. Je suis le président de la zone de pêche au homard 24 et, au nom des pêcheurs, j'ai une courte déclaration à vous faire.
Nous avons intitulé notre mémoire « Un plaidoyer », car nos pêcheurs ne peuvent avancer sans le soutien de Pêches et Océans Canada, du gouvernement fédéral, et même de notre gouvernement provincial. Nous devons maintenant prendre les mesures qui s'imposent pour protéger la durabilité et la viabilité à long terme de l'importante pêcherie du homard.
Je ne vais pas répéter les diverses statistiques économiques concernant la pêche du homard ici, dans l'Î.-P.-É.. Elles sont bien connues et vous pouvez y accéder facilement. Je vais plutôt me concentrer sur nos difficultés actuelles et l'aide que nous cherchons pour traverser cette passe difficile. La pêcherie du homard est à un carrefour, face à une crise. La solution n'est pas à la portée des seuls pêcheurs. Nous avons besoin de votre aide.
Nous vivons effectivement un moment extraordinaire, un moment où l'industrie, représentée par les pêcheurs, a atteint une phase de planification de la durabilité de leur industrie qui les place en avance sur les administrateurs gouvernementaux et les personnalités politiques nouvellement élues.
Au cours de la dernière élection fédérale, les candidats conservateurs et libéraux ont tous promis de soutenir un programme de rachat de permis, une rationalisation, mais la campagne est maintenant close et, comme d'habitude, le discours du gouvernement est que pas un sou ne sera offert pour des programmes de rachat de permis. Que faire alors? Voici notre plaidoyer.
La pêche du homard dans l'Î.-P.-É. est toute aussi importante que l'industrie automobile pour l'Ontario ou l'industrie pétrolière et gazière pour l'Alberta. C'est l'une des rares ressources naturelles que nous ayons.
Voyons maintenant les solutions, avec un chiffrage de leurs coûts. La grande priorité pour la viabilité et la durabilité à long terme de la pêche du homard dans l'Î.-P.-É. est la mise en place d'une formule de financement qui permettra le retrait ordonné et graduel de permis de pêche du homard.
Nos pêcheurs sont prêts à payer leur part sous la forme de droits supplémentaires prélevés lors du renouvellement des permis de homard. Nous appelons le gouvernement fédéral à offrir des prêts sans intérêt aux ZPH désireuses de participer. Ces prêts seraient remboursés au moyen des recettes de diverses attributions de stock ainsi que des droits supplémentaires imposés pour le renouvellement des permis de homard. Le gouvernement fédéral contrôle ces deux sources de fonds de remboursement.
À titre d'exemple, le gouvernement fédéral a eu recours au Compte du Canada pour offrir des prêts à des industries en difficulté, avec un calendrier de remboursement sur 55 ans à zéro taux d'intérêt. Étant donné la flexibilité maximale de ce compte, ce pourrait être l'un des nombreux instruments financiers dont dispose le gouvernement fédéral pour financer le programme de rachat de permis, pour peu qu'il en ait la volonté politique.
L'industrie du conditionnement du homard n'échappera pas à la crise actuelle du crédit. Le manque de crédit pour les usines de transformation et les courtiers aura un impact négatif sur les prix offerts aux pêcheurs dans toutes les Maritimes.
Le gouvernement doit offrir à notre industrie des facilités de crédit similaires à celles mises à la disposition d'autres secteurs de l'économie canadienne.
À long terme, le gouvernement doit attribuer davantage de ressources financières à la recherche et au développement d'emballages et de produits plus attrayants pour le consommateur, ainsi qu'à l'investissement dans la technologie requise pour fabriquer ces produits de homard. Dans de nombreuses collectivités rurales, les usines de conditionnement des produits de la mer sont le plus gros employeur.
Je tiens à vous remercier d'être venus dans l'Île-du-Prince-Édouard et de donner aux pêcheurs l'occasion d'exprimer leurs préoccupations. Je vais m'efforcer de répondre à toutes vos questions. Merci beaucoup.
:
M. Kerr a parlé des fonds débloqués pour le volet commercialisation. Comprenez bien que je suis ravi de toute somme versée pour nous aider à vendre notre homard et me procurer un meilleur prix. Je ne condamne pas cela. Mais, au bout du compte, les 450 000 $ que quelqu'un a mentionné ici tout à l'heure — je crois que c'était M. Bonnell, qui a évoqué la distribution de brochures au Boston Seafood Show et une cassette ou un CD — tout cela est bel et bon, mais ce n'est que la pointe de l'iceberg de ce qu'il faut faire pour relancer ce marché.
J'ai pris la liberté d'apporter cette brochure. Elle est très jolie. Je vais la faire circuler si quelqu'un veut y jeter un coup d'oeil. Il y a le dépliant et la brochure. Je n'ai pas pris la cassette. L'argent a été débloqué il y a un mois et il fallait le dépenser avant le 31 mars. Il a été dépensé. Il suffit de peu pour dépenser 450 000 $ de nos jours. Mais il faudrait entre 3 et 5 millions de dollars tout de suite pour essayer de relancer cette machine.
Je vais céder la parole à M. Morrissey dans un instant, car il s'exprime au nom des pêcheurs en ce qui concerne la rationalisation dans notre zone. Mais en ce qui concerne le financement, j'ai indiqué dans ma déclaration que nous soutenons les transformateurs. Les transformateurs et les courtiers n'ont pas accès au crédit. Ils ne sont pas différents de l'industrie automobile. Ils vont devoir fermer leurs portes. Il n'en reste déjà presque plus.
Il y a des façons de ralentir la pêche, mais le homard abonde. Moins de casiers dans l'eau vont peut-être réduire un peu la prise, mais en fin de compte nous allons probablement capturer tout autant de homards. Nos méthodes de pêche sont très efficaces. Comme je l'ai dit, nous avons besoin de financement pour les transformateurs et les courtiers afin qu'ils puissent acheter la prise et l'écouler de manière ordonnée.
Nous sommes comme tout le monde. J'en ai parlé avec le gouvernement provincial. Chacun savait l'automne dernier, lorsque le homard était coté autour de 3,25 $ la livre, que les choses allaient être serrées ce printemps. Aussi, n'attendez pas jusqu'en avril prochain lorsque je devrai remplir ma déclaration d'impôt. J'ai une année très difficile l'an dernier, avec 4,50 $ la livre. Nous avons perdu presque 30 000 $ de revenu. Le carburant et les appâts et tout le reste a augmenté de 35 à 40 p. 100.
Choisissez une approche proactive dès aujourd'hui. Avant la fin de la saison, mettez en place quelque chose afin que nous ayons notre part de tout cet argent déversé. Nous sommes aussi importants ici, dans la région Atlantique, que l'industrie pétrolière et gazière en Alberta et l'industrie automobile en Ontario. Nous aussi avons besoin d'aide.
Les pêcheurs sont des gens d'une grande dignité. Ils ont probablement atteint le maximum de leur ligne de crédit et sont à bout de ressources, et ils ne vont pas venir mendier. C'est pourquoi nous le faisons pour eux. Si l'on pouvait mettre quelque chose en place avant la fin de notre campagne de homard et avant l'ouverture de la zone 25 en août, ce serait grandement apprécié.
Comme je l'ai dit, pour ce qui est de la rationalisation, je vais céder la parole à M. Morrissey. Il est le représentant de la zone 24 et il travaille sur le plan de rationalisation pour toute la zone.
À moins que Lawrence ait quelque chose d'autre...
:
Selon les renseignements qui me parviennent de Floride, pour avoir parlé à quelques personnes là-bas, le prix est probablement le même que l'an dernier.
De fait, dans notre exploitation, nous obtenons en ce moment-même un meilleur prix pour une livre de chair de homard ou une livre de queues crues que l'an dernier, même si le prix sur le marché est plus faible. C'est dû au fait que le secteur de la pêche est entièrement tributaire du taux de change. En gros, un produit qui se vendait 16 $ la livre l'an dernier, lorsque le dollar était à parité, rapportait à l'usine 16 $ la livre. Le même produit qui se vend à 14 $ US la livre rapporte à l'usine environ 17,25 $ la livre.
L'essentiel dans notre secteur, pour sortir de cette crise, est que les transformateurs et les courtiers obtiennent une ligne de crédit plus grosse. Je ne suis pas un transformateur, mais je comprends la position de M. Bonnell à ce sujet. S'ils disposaient tous cette année d'une ligne de crédit suffisante pour acheter le produit, le transformer, maintenir les emplois dans l'usine et écouler de manière ordonnée, nous commencerions graduellement à sortir du marasme actuel en l'espace de 14 à 16 mois.
S'ils n'ont pas une ligne de crédit suffisante pour pouvoir fonctionner cette année, soit les navires vont rester à quai — autrement dit, une fois que l'usine n'a plus d'argent, elle ne peut plus acheter de homard, ce qui signifie que les travailleurs sont mis à pied, ce qui signifie que l'équipage de mon navire est mis à pied aussi — ou bien quelqu'un va commencer à déverser le produit sur le marché à un prix excessivement bas. Si cela arrive, nous sommes tous fichus. Ce sera alors une crise.
Comment ces usines de transformation vont-elles obtenir la ligne de crédit? Au niveau provincial, le gouvernement ne peut rien faire, mais au niveau fédéral? Peut-être, vous autres, pourriez-vous les aider. En gros, elles demandent que quelqu'un garantisse la ligne de crédit que la banque ou la caisse de crédit leur ouvrirait.