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Merci beaucoup, monsieur le président. Bonjour, mesdames et messieurs.
J'ai travaillé au MPO, dans le domaine des relations internationales, pendant plus de 23 ans, dont 15 comme cadre supérieur. J'ai également passé plus de trois ans à Bruxelles, au début des années 1990, comme conseiller canadien en matière de pêches auprès de l'Union européenne. J'étais directeur général des relations internationales, au milieu de l'année 2002, lorsque j'ai pris ma retraite. Je suis l'un de quatre anciens cadres du MPO, aujourd'hui à la retraite, qui avons essayé d'aider le gouvernement dans ses efforts visant à améliorer la Convention de l'OPANO.
J'ai demandé au greffier de faire circuler au comité deux documents pour examen. L'un d'eux est une lettre que mes collègues et moi avons envoyée au premier ministre le 20 septembre, renforçant la position que le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, M. Williams, a étayée dans sa lettre du 11 septembre au premier ministre du Canada, au sujet des inquiétudes de Terre-Neuve-et-Labrador relativement aux modifications à la Convention de l'OPANO. Se trouve annexé à notre lettre un commentaire point par point sur le communiqué de presse trompeur diffusé par la ministre Shea, sur réception de la lettre de M. Williams au premier ministre. Le deuxième document est une copie du texte, publié en tant que lettre, signé par nous quatre, adressé au rédacteur en chef du St. John's Telegram le 24 octobre 2009, et répondant à un deuxième communiqué de presse publié par la ministre après sa comparution devant le Comité permanent des pêches et des océans.
Dans notre lettre au premier ministre, nous expliquons que nous avons été entraînés dans un débat public avec le gouvernement alors que nous ne souhaitions, initialement, qu'agir à titre privé afin de renforcer, à l'avenir, le rôle du Canada dans la conservation et la gestion rationnelle des ressources halieutiques de l'Atlantique Nord-Ouest. Nous convenons que la Convention de l'OPANO est dépassée et devrait être modifiée pour renforcer les dispositions qui pourraient la rendre plus efficace, afin qu'elle atteigne ses objectifs de conservation et pour être en accord avec le droit international actuel. Nous pensons cependant qu'à cet égard la série de modifications proposées est nettement insuffisante et qu'elle engendre des problèmes nouveaux et importants qui vont en fait affaiblir l'organisation et aussi empêcher le Canada de garder le contrôle plein et entier de sa gestion des pêches dans la zone canadienne de 200 milles.
Nos commentaires ont été mal interprétés, peut-être délibérément, par l'ancien ministre, et continuent d'être minimisés par l'actuelle ministre. Nous aimerions donc remettre les pendules à l'heure en commentant la déclaration de la ministre Shea, et c'est ce que nous avons fait dans le document joint à notre lettre adressée au premier ministre et dans notre lettre au Telegram. Je me ferai un plaisir de répondre à toutes les questions que le comité voudra me poser sur ces aspects.
L'essentiel, pour nous, est que les modifications sont sérieusement défectueuses. D'autre part, à long terme, non seulement elles affaibliront la position du Canada à l'OPANO, mais, ce qui est plus grave encore, elles mineront la position du Canada dans tout processus futur d'arbitrage ou de renvoi au Tribunal du droit de la mer. Ces modifications ne doivent pas être ratifiées.
Avant de conclure, j'aimerais faire quelques remarques au sujet des défenses par trop simplifiées qui ont été mises de l'avant pour justifier la ratification de ces modifications. L'une est un genre de déclaration selon laquelle tout le monde fait cela, alors pourquoi pas nous. Des témoins ayant comparu devant le comité parlementaire ont prétendu que le paragraphe 10 de l'article VI des modifications à l'OPANO, prévoyant la possibilité d'une gestion et d'un contrôle par l'OPANO à l'intérieur de la zone canadienne, a été adopté ailleurs. D'autre États côtiers ont accepté la chose, alors pourquoi pas nous? Ont également été évoquées deux organisations régionales de gestion des pêches dans le cas desquelles cela a été fait.
Le nouvel article de l'OPANO est tiré de la version remaniée de la Convention sur les pêcheries de l'Atlantique Nord-Est. Cette entente ne vise que les États côtiers dont les stocks de poissons se trouvent à l'intérieur de la zone de réglementation de la Convention sur les pêcheries de l'Atlantique Nord-Est. Il n'y a pas de pays de pêche en eaux lointaines comme il y en a dans l'OPANO. Certains de ces stocks de l'Atlantique Nord-Est — hareng, maquereau, merlan bleu — passent par les eaux de plusieurs États côtiers et la haute mer lors de leur migration. Ces États côtiers — qui tous, en passant, sont également membres de l'OPANO — ont décidé qu'il leur faut une plus grande collaboration dans la gestion de ces stocks de poissons complexes, mixtes et transfrontaliers. La dynamique des négociations relatives aux pêcheries de l'Atlantique Nord-Est est conséquemment très différente de celle de l'OPANO.
Dans le contexte de l'OPANO, les stocks de poissons chevauchants sur le nez et la queue du Grand banc ne concernent qu'un seul État côtier: le Canada. Bien qu'il soit juste de dire que les États-Unis, la France pour Saint-Pierre-et-Miquelon, et le Danemark pour le Groenland sont également des États côtiers dans la zone réglementée par l'OPANO, le Canada a des stocks chevauchants qui sont pêchés à l'intérieur de la zone réglementée par l'OPANO sur la queue et le nez du Grand banc. Le Canada est l'État côtier pour ce qui est de l'OPANO et l'actuelle convention le reflète. La convention modifiée affaiblit cette position.
Le deuxième traité dont il est prétendu qu'il renferme un article semblable est celui visant l'Ouest du Pacifique et le Centre du Pacifique. Cette convention vise des espèces très migratrices — les thonidés — qui, en vertu de l'UNCLOS, sont traitées au moyen d'un régime de gestion très différent de celui applicable aux stocks chevauchants proches.
Pourquoi sommes-nous condamnés à répéter notre histoire? Pourquoi avons-nous cet article, et pourquoi est-il si important pour l'Union européenne? Il faut comprendre l'attitude de l'Union européenne et son histoire à l'intérieur de la zone réglementée par l'OPANO. L'Union européenne croit depuis longtemps que le Canada contrôle l'OPANO. L'Union européenne n'aime pas perdre lors de votes. Dans une certaine mesure, ses préoccupations étaient justifiées, vu que la Convention de l'OPANO avait été rédigée dans le but d'établir clairement que le Canada était le principal État côtier. D'autre part, le Canada avait été le principal moteur derrière l'adoption, en 1995, de l'Accord des Nations Unies sur la pêche, ou ANUP, qui a renforcé les positions canadiennes et le droit international en ce qui concerne la surveillance en haute mer.
L'UE a résisté à plusieurs des articles clés de l'ANUP pour lesquels le Canada avait lutté. Pour apaiser les parties prenantes européennes, l'UE a élaboré une stratégie de mise en oeuvre de l'ANUP dans le contexte de ses objectifs originaux. Cela ressort clairement d'un rapport déposé par le comité des pêches du Parlement européen le 26 avril 1996. Je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de gens au MPO qui soient très au courant de ce qui s'est passé à l'époque. Le président de ce comité, Miguel Arias, a fait le commentaire que voici au sujet des effets de l'ANUP pour l'OPANO:
Le principe de l'unité biologique présenté comme une référence de base par l'accord, constitue une autre ambiguïté de ce document, qui pourrait affecter l'OPANO. Ainsi, l'accord établit l'obligation de traiter toute la population concernée comme une seule et même population dans toute la zone où elle se trouve, sans faire de distinction entre la ZEE et les zones adjacentes. Par ailleurs, l'accord stipule l'obligation de coopérer pour la conservation des stocks. Si ce principe est appliqué de façon rigide, on pourrait en conclure que les États qui opèrent en haute mer devraient participer à la gestion pour la conservation et pour la pêche non seulement dans les eaux en dehors de la ZEE des États riverains, mais également dans ces eaux-là, dans la mesure où cette obligation de coopération expressément imposée par l'accord perdrait toute signification si l'État pêchant en haute mer ne pouvait participer qu'à l'affectation et à la répartition des TAC de la seule zone de haute mer.
Dans la négociation des nouvelles modifications à l'OPANO, l'UE a réussi à clarifier cette ambiguïté dont il fait état, au détriment du Canada.
Or, cela ne correspond pas à ce que dit l'ANUP, ni ne reflète le droit international coutumier et l'UNCLOS. La souveraineté des États côtiers prévoit leur intervention exclusive dans la gestion des stocks à l'intérieur de leur zone de 200 milles. Pourquoi le Canada choisit-il de diluer ce droit dans les modifications à l'OPANO? En rattachant le langage de l'approche axée sur l'écosystème au langage modifié d'autres modifications et de cet article sur la souveraineté, l'UE peut prétendre que, avec sa ratification, les membres de l'OPANO acceptent que la nouvelle convention reflète l'opinion que les pays de pêche en eaux lointaines ont aujourd'hui une quasi part de responsabilité dans la gestion des stocks chevauchants. De fait, l'UE prétendrait que le Canada doit maintenant agir conformément aux décisions de l'OPANO et que le Canada ne contrôle plus l'OPANO.
Ne s'agit-il pas là de gestion de conservation à l'intérieur de la zone de 200 milles? En acceptant ces modifications, le Canada pourrait également entraver ses droits devant tout tribunal international futur.
Pourquoi un aspect essentiel de l'ANUP est-il lui aussi ignoré? Presque toutes les dispositions en matière d'exécution de l'ANUP figurent dans l'OPANO, sauf une. Le Canada a réussi à obtenir d'importantes concessions à la conclusion des réunions sur l'ANUP. Pourquoi le gouvernement dilue-t-il aujourd'hui ces réussites et refuse-t-il de mettre en oeuvre les dispositions en matière de contrôle de l'ANUP? Si le Canada était sérieux quant à la mise à jour de l'OPANO pour refléter l'ANUP, pourquoi l'actuel gouvernement ignore-t-il l'un des aspects les plus importants de l'ANUP? Les dispositions d'exécution de l'ANUP autorisent le Canada à ordonner à un navire ayant commis une sérieuse infraction de se rendre dans un port si l'État du pavillon refuse de prendre les mesures adéquates.
L'UE va vraisemblablement dire qu'étant donné que les modifications à l'OPANO ont été décidées après l'ANUP et avaient pour objet de mettre en oeuvre cet accord, elles viennent remplacer les dispositions de l'ANUP en matière de saisie et de détention en haute mer et qu'il ne serait donc pas possible de les mettre en oeuvre dans le cadre de l'ANUP. Ces modifications cèdent ce pour quoi nous avons durement lutté pendant de nombreuses années.
Cela se trouve également reflété dans le rapport de 1996. Celui-ci demande à la Commission européenne d'examiner son action politique de manière à obtenir « l'appui durable d'autres pays... et d'élaborer... une stratégie commune au sein de l'OPANO ». Ces modifications à l'OPANO reflètent cette stratégie.
Enfin, un dernier extrait du rapport du Parlement européen éclaircira peut-être la situation actuelle. Lorsque la Convention de l'OPANO a été finalisée, l'Espagne n'y a pas adhéré, « estimant que la nouvelle convention faisait la part belle au Canada par rapport aux autres pays ». Ces clauses de la Convention de l'OPANO, qui préoccupaient tant l'Espagne, ont maintenant été diluées dans les modifications. Rien d'étonnant, donc, à ce que l'UE soit si heureuse des modifications.
Si vous permettez que je soulève un dernier point, monsieur le président, d'aucuns ont prétendu qu'il serait trop embarrassant ou trop coûteux pour nous de ne pas ratifier cette entente et de rouvrir les négociations. Je pose la question: pourquoi cela serait-il si embarrassant? Quel est l'objet d'un processus de ratification? Pourquoi cette étape existe-t-elle dans la négociation d'une entente? Elle vise simplement à offrir au gouvernement la possibilité de peser soigneusement le pour et le contre d'une entente et de décider, en bout de ligne, de la façon dont il veut procéder.
Par le passé, certains États ont cherché à retourner à la table suite à cet examen secondaire. Dans le cas de questions relatives à la pêche, par exemple, l'UE a, dans le cas d'au moins deux accords sur les pêches avec le Canada, cherché à obtenir des changements dans le cadre du processus de ratification, une fois ses consultations internes ayant fait ressortir un désir d'apporter des changements. Les États-Unis, à plusieurs occasions, sont retournés à la table de négociation après que le Congrès ait indiqué qu'il n'accepterait pas les résultats de l'accord proposé. Les parties sont retournées à la table et des ententes ont par la suite été finalisées. Ce n'est pas révolutionnaire. Il n'y a aucune raison pour que le Canada se sente le moindrement mal à l'aise, ni tenu de ratifier cette entente.
Enfin, je crois que les autres parties contractantes à l'OPANO ne seraient pas étonnées si le Canada ne ratifiait pas les changements, s'y opposant sur la base de l'actuel libellé de la convention. Certaines se demanderaient même sans doute pourquoi nous n'avons pas agi plus tôt.
Merci.
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Merci, monsieur le président et monsieur Wiseman. Merci à tous d'être venus aujourd'hui.
Je trouve plutôt révélateur qu'une personne de votre expérience et une personne de l'autre... Eh bien, je suppose que nous pourrions les appeler les 4S — on dirait une zone de pêche — les quatre sages. Avec près de 100 années d'expérience entre vous, lorsque le gouvernement négocie quelque chose d'aussi compliqué que ces accords de pêche, il devrait au moins vous payer un café et vous dire « Écoutez, que pensez-vous que nous pourrions faire? ». Vous pourriez offrir vos conseils, les donner gratuitement, et repartir. Vous avez déclaré que la porte était fermée. Je trouve cela presque incroyable.
Deuxièmement, je me suis entretenu avec des pêcheurs de Terre-Neuve-et-Labrador qui ont demandé pourquoi le Canada ferait cela. Il faut qu'il y ait un élément d'un plus grand tableau quelque part. Sommes-nous en train de céder quelque chose de manière délibérée, en échange d'autres choses, dans le cadre d'un compromis économique pour autre chose, d'un compromis Canada-UE? Voilà ce qu'ils me disent, ces pêcheurs. Je n'ai en la matière aucune base factuelle, mais voilà ce que j'entends.
Ce que j'aimerais que vous fassiez, monsieur, si la chose est possible... Ce qui m'intrigue est l'aspect vote. Je comprends que les deux tiers représentent une différence d'un ou peut-être de deux votes, par rapport à 50 p. 100 plus un.
Pourriez-vous nous expliquer pourquoi, dans votre dépliant, vous dites que la ministre Shea a répété que son objectif premier est la conservation, mais que cela soit affaibli dans l'amendement proposé. Pourriez-vous prendre un petit peu de temps, monsieur — prenez le reste du temps qui m'est accordé si vous voulez —, pour expliquer ce que vous avez vraiment voulu dire au sujet des deux tiers, de l'affaiblissement des mesures de conservation et du fait que le Canada ne puisse pas obtenir ses parts antérieures des stocks?
Merci d'être venu.
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Nous avons l'entière souveraineté pour le faire. Ce qui a changé est que l'OPANO a maintenant un levier. L'OPANO a maintenant le premier avantage. L'Union européenne le sait. Elle s'en servira.
Je vous demande de vous rappeler de ce que j'ai dit au sujet des propos tenus par le président Arias Cañete. Les Européens croient que, dans le cas de stocks chevauchants, le pays de pêche en eaux lointaines devrait avoir des droits égaux dans la gestion de la totalité de ce stock, à l'intérieur et à l'extérieur. C'est là ce qu'ils croient. C'est là leur objectif. Ils veulent avoir leur mot à dire sur ce que nous faisons à l'intérieur de notre zone des 200 milles.
Ils n'ont pas pu obtenir que la clause dise exactement ce qu'ils voulaient, car il nous a été possible d'y inscrire toutes les exigences en matière de demande, mais cette clause figure néanmoins dans le texte. Comment peuvent-ils revendiquer ce droit? La chose est fort simple dans le contexte de l'OPANO.
Nombre des experts qui se sont entretenus avec vous n'ont peut-être jamais été dans une salle de négociation de l'OPANO, mais lorsque vous voyez les chefs de délégation assis autour de la salle essayer d'en arriver à un consensus... Prenez la dernière réunion à Bergen. Imaginez-vous la chose. Le Conseil scientifique a dit que le quota de flétan noir devrait être plus bas et que le quota de morue 3M devrait être plus bas.
L'industrie canadienne souhaite que le quota de flétan noir soit plus élevé du fait que cela lui rapporte beaucoup d'argent, alors tant pis pour la conservation, et le Canada ira de l'avant avec un quota supérieur. L'Union européenne, dans ce cas-ci, dit non à cela et dit que nous devrions suivre les conseils scientifiques et avoir un quota inférieur, mais l'Union européenne souhaite un quota supérieur pour la morue 3M.
Que fait alors le Canada? Le résultat de la rencontre est qu'il y a un quota plus élevé pour la morue 3M, ce que voulait l'Union européenne, et il y a reconduite du quota de flétan noir, ce que souhaitait le Canada. C'est un compromis, car c'est ainsi que se font les choses.
Un jour, les Européens pourraient peut-être tout simplement réagir comme ceci. Si le Canada souhaite un quota inférieur pour un stock chevauchant et que l'Union européenne ne peut pas accepter un plus faible quota pour le stock de poisson concerné du fait que les taux de prises soient si faibles à l'extérieur de la zone des 200 milles, alors elle dira que si le Canada lui laisse prendre son quota à l'intérieur des 200 milles, alors elle pourrait peut-être accepter un plus bas quota. Ainsi, pour des raisons de conservation, le Canada, désireux qu'il est d'avoir un quota plus bas, dira « Très bien, vous pouvez maintenant venir pêcher dans nos eaux ». Ce que je veux dire par là est que c'est ainsi que les choses vont se passer.
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Merci beaucoup de l'occasion qui m'est ici donnée de discuter d'une question qui revêt une importance énorme pour les Canadiens de la côte Est — les modifications à la Convention de l'OPANO. J'aimerais également dire quelques mots au sujet de la question de la gestion des pêches en général sur le plateau continental, là où le poisson migre et ne connaît aucune frontière.
Je suis arrivé dans cette industrie en 1947. J'ai travaillé avec une très grosse société qui employait environ 6 000 personnes. Elle avait des usines au Québec et en Nouvelle-Écosse, mais la très grande majorité de ses installations se trouvaient à Terre-Neuve. J'ai servi comme commissaire auprès de la délégation canadienne pendant huit ou neuf ans dans les années 1970. J'ai pris ma retraite, puis on m'a invité à revenir pendant l'année de transition de la Commission internationale pour les pêcheries de l'Atlantique Nord-Ouest à l'Organisation des pêches de l'Atlantique Nord-Ouest en 1978.
Aujourd'hui, je suis ici en tant que représentant de la Fisheries Community Alliance of Newfoundland and Labrador. Il s'agit d'une groupe bénévole englobant d'anciens bureaucrates fédéraux et provinciaux, des chercheurs intéressés spécialisés dans les sciences halieutiques, d'anciens transformateurs, des pêcheurs et certains membres du public. Je peux vous assurer que tous ces bénévoles au sein de notre organisation ont une solide expérience de diverses questions liées aux pêcheries. Je peux également vous assurer encore davantage que ce ne sont pas de simples critiques de fauteuil, tels qu'ils ont récemment été décrits par certains témoins ayant comparu devant les comités du Sénat et de la Chambre.
Je suis arrivé dans l'industrie en 1947, pendant la transition de l'industrie du poisson salé à l'industrie du poisson congelé. Cela a créé un nombre énorme de possibilités pour différents produits de la mer en provenance de toute une variété d'espèces. Cela a créé des milliers d'emplois, depuis la côte gaspésienne jusqu'aux Maritimes et à Terre-Neuve-et-Labrador.
La pêcherie du poisson de fond, autour de laquelle s'est développée toute la structure de l'OPANO, était riche, avec toute une variété d'espèces. Un stock au large de la côte de Terre-Neuve-et-Labrador, en 1962, a compté pour 3,5 millions de tonnes de morue. De nombreuses autres espèces étaient disponibles à l'époque, en vue de leur transformation et de leur commercialisation, et elles étaient très abondantes. L'industrie a progressé et est demeurée viable pendant presque 35 ans, jusqu'au début de son déclin en 1970-1971 — pas en 1992 ou en 1987.
Deux événements majeurs sont survenus aux environs de 1949-1950. Terre-Neuve et le Labrador se sont joints à la Confédération. Et c'est ainsi que le Canada est passé du 14e au 6e rang mondial parmi les pays exportateurs de poisson. Le deuxième événement qui est survenu a été l'arrivée d'une armada de navires-usines réfrigérés européens, à compter de 1950.
En 1960, ils étaient au nombre de 1 200, avec 65 000 membres d'équipage et aides d'usine, pêchant sur le plateau continental, depuis le Labrador jusqu'au sud de la Nouvelle-Écosse. Ils ont continué de pêcher pendant toutes ces années — jusqu'à aujourd'hui, bien qu'en moins grand nombre — et ce sans restriction et sans contrôle. Les flottes ont rétréci au fil de leur surpêche, et leur énorme effort a fini par décimer la ressource. D'après les meilleurs renseignements à la disposition des chercheurs, la quantité de morue est passée de 3,5 millions de tonnes, comme je l'ai mentionné, à 135 000 tonnes aujourd'hui.
La CIPANO a été créée en 1949, pour être remplacée par l'OPANO en 1978, lorsque le Canada a étendu sa compétence sur les pêches jusqu'à 200 milles. Ce fut une grave erreur de la part du gouvernement fédéral. Il lui avait été fait de nombreuses mises en garde en la matière. Dans un effort sans conviction, il a tenté de protéger la pêcherie. Il n'y est pas parvenu. D'ailleurs, il l'a en fait exposée à encore davantage d'abus.
L'OPANO a remplacé la CIPANO avec l'extension de la compétence en matière de pêche. Cette organisation — cette organisation inutile et sans muscle — est en train d'asséner le coup mortel à ce qui reste de la pêcherie dans l'Atlantique Nord-Ouest. Ceux qui vous diront le contraire n'ont strictement rien compris.
Entre-temps, comme quelqu'un l'a mentionné, cela a surtout touché Terre-Neuve-et-Labrador, en tant que province. Cela est vrai. Autrefois, la Nouvelle-Écosse avait une très grosse pêcherie des poissons de fond, mais ce n'a pas été le cas plus tard.
Ce qui nous est arrivé au cours des 35 ou 40 dernières années a amené la perte de 15 p. 100 de la population de Terre-Neuve-et-Labrador. Cela correspond à 80 000 personnes, qui ont quitté la province de Terre-Neuve-et-Labrador, qui travaillaient dans les pêcheries, qui vivaient dans les collectivités côtières et ainsi de suite. Avec elles sont partis 30 000 emplois, tout cela — je dis bien tout cela — étant le résultat direct de la surpêche par les étrangers et, de l'autre côté, d'une mauvaise gestion de la ressource par le MPO.
Notre conclusion réfléchie est que cela fait quelque temps déjà que le Canada n'est plus habité par le dévouement et l'engagement qui le caractérisaient autrefois — lorsque, par exemple, il a assumé la responsabilité pour la conservation et la durabilité de la ressource de propriété commune que Terre-Neuve a livrée à Ottawa. Aujourd'hui, le Canada, par l'intermédiaire du MPO, a perdu sa voie. Il a perdu sa voie en ce qui concerne la gestion et le contrôle des pêcheries.
Des pays de pêche étrangers comme ceux de l'UE, la Russie et les pays scandinaves sont très au courant de ce fait. Ces pays membres de l'OPANO profitent du manque croissant d'intérêt de la part du gouvernement du Canada et cherchent énergiquement par le biais de l'OPANO — malheureusement, avec l'appui de certains intérêts canadiens — à obtenir un plus grand contrôle sur les stocks chevauchants et, en bout de ligne, sur les stocks situés à l'intérieur de la limite des 200 milles.
Ce sont des groupes qui, en passant, ne se préoccupent que peu ou pas du tout de la conservation de la ressource, ainsi que du besoin pressant de rebâtir cette ressource, qui a employé des milliers de Canadiens pendant toutes ces années.
Il me paraît incroyable que l'on voie un jour le gouvernement du Canada s'autoriser à s'aligner avec d'autres membres de l'OPANO pour accepter des modifications à la convention qui ouvriraient la porte à une intervention étrangère incontrôlée dans la gestion des pêches à l'intérieur de la limite des 200 milles — pire encore, pour permettre à l'OPANO de court-circuiter le Canada et d'accéder à une demande du WWF de poser un panneau d'interdiction aux autres chalutiers sur le fond marin de notre plateau continental, pour lequel le Canada a la compétence exclusive.
Où étaient nos bureaucrates négociateurs? Où étaient-ils pour que cette situation embarrassante puisse survenir? Et, plus important encore, quelle incidence cela aura-t-il sur la souveraineté de notre pays?
La vérité est que nos représentants à l'OPANO ont été devancés. Ils se sont fait damer le pion. C'est le cas depuis bien trop longtemps.
En passant, je vous dirais que cette procédure d'opposition, qui est, de loin, le pire aspect jusqu'ici de tout cet arrangement OPANO, est une chose dont nous aurions pu nous débarrasser en 1978. À l'époque, deux ou trois autres et moi-même pressions très fort: lorsque les pays étrangers ont été repoussés à l'extérieur des 200 milles, ils étaient presque à genou pour obtenir de petits quotas ici et là pour récupérer les pertes qu'ils allaient subir.
C'est alors que nous aurions pu tirer cela à notre avantage. Nous avions les moyens de négociation. Nous avions cela à portée de la main. Nous avons supplié le gouvernement de ce pays, nous avons supplié les représentants du MPO, qui étaient à la table de négociation, de profiter de l'occasion, mais ils ne l'ont pas fait.
Dans ces modifications, il n'y est pas une seule fois fait mention de la conservation. Nous voici ici avec un moratoire — 1992 — qui, après 18 ans, offre très peu d'espoir pour l'avenir et aucune preuve quelle qu'elle soit d'une reprise appréciable. Oui, vous entendrez parler d'un petit coin de-ci de-là. Mais je peux vous assurer que si un effort de pêche commerciale était engagé dans certaines de ces zones qui commencent à peine à se remettre... En passant, la morue du Bonnet Flamand est un exemple classique. C'est incroyable.
La réunion de Bergen est elle aussi un exemple classique de la situation dans laquelle nous allons nous retrouver à moins de stopper les choses ici et de ne pas ratifier l'accord, de nous y opposer sérieusement, et de tout bloquer. À Bergen, notre délégation canadienne est allée jusqu'à saper nos propres chercheurs à l'OPANO. Ils se sont joints aux autres pays de l'OPANO et ont pris l'évaluation des stocks du Conseil scientifique, qui portait sur la morue et le turbot du Bonnet Flamand ainsi que sur les niveaux des prises accessoires à l'intérieur de la zone, et l'ont jetée par la fenêtre. Non seulement nos négociateurs canadiens ont jeté par-dessus bord la contribution de nos chercheurs canadiens au conseil de l'OPANO, mais il ont accepté l'établissement de quotas qui étaient bien au-dessus de ce que ces gens avaient recommandé.
Si le Canada n'est pas prêt à entreprendre ce qui est nécessaire pour rebâtir la pêcherie — et je peux tout de suite ici vous dire que cela ne se fera jamais sous l'OPANO ni tant et aussi longtemps que l'OPANO maintient sa position actuelle. Si le Canada n'est pas prêt à faire le ménage dans sa maison et à mettre en place les personnes qui engageront le pays sur la voie du rétablissement pour ce qui est des ressources halieutiques, si le Canada n'est pas prêt à le faire pour les personnes qui ont été déplacées et qui ont perdu leur emploi, alors pour l'amour de Dieu, reconnaissez le fait qu'une ressource bien gérée et durable peut être la plus importante source d'alimentation au monde. Dans notre monde d'aujourd'hui, où la pauvreté règne et où des centaines de millions de personnes ont faim, notre pays, l'un des principaux pays du monde civilisé, devrait au moins dire s'il est prêt ou non à rétablir et à rebâtir la pêcherie pour sa propre population.
Il y a bien sûr un certain nombre d'autres choses que j'aimerais vous dire aujourd'hui, monsieur le président. Il y a un aspect dont j'aimerais beaucoup traiter, et il s'agit de la science halieutique, et des raisons pour lesquelles elle est si importante dans tout ce dossier, y compris par rapport à la Convention de l'OPANO.
Quoi qu'il en soit, je vous remercie beaucoup.
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Oui. Merci beaucoup de l'invitation, mesdames et messieurs, ladies and gentlemen.
Je suis très heureux d'être ici pour vous entretenir de cette question, car les modifications à la Convention de l'OPANO dont la Chambre est saisie sont une question très sérieuse, pas seulement pour Terre-Neuve-et-Labrador, mais pour tout le Canada atlantique et l'Est du Québec.
Pour vous donner un peu de contexte, je suis l'ancien animateur d'une émission radiophonique de la CBC appelée Fisheries Broadcast.
[Français]
Et j'ai fait la même chose auprès de la SRC pendant plusieurs années, avec un accent terre-neuvien, quand même. C'était donc un français plus ou moins...
[Traduction]
J'ai travaillé pour le MPO à Terre-Neuve ainsi qu'à Ottawa, et j'ai également travaillé pour les pêcheries dans le secteur privé. Au total, cela remonte aux années 1970.
Les lieux de pêche canadiens s'étendent depuis l'Arctique dans le Nord jusqu'aux Grands Bancs, au Banc Hamilton, et au Bonnet Flamand dans l'Est jusqu'au Banc Georges dans le Sud. Mon opinion, et celle de mes collègues à la Fisheries Community Alliance, et d'autres qui ont une vaste connaissance et une vaste expérience des activités passées et des objectifs à long terme de l'OPANO, est que ces modifications mettront fin à la souveraineté canadienne dans ces eaux et sont la garantie que le Canada ne verra jamais rebondir les stocks de poissons qui sont au coeur tant du bien-être économique que de la culture du Canada atlantique et de l'Est du Québec.
Nos objections à ces modifications sont fondées sur des décennies d'expérience auprès de l'OPANO en tant que bureaucrates dans la haute direction des pêches fédérale et provinciale, en tant que commissaires à l'OPANO et en tant que participants à l'industrie. Elles ne sont pas le fruit d'un intérêt direct ou de connaissances universitaires et(ou) théoriques de l'OPANO, mais de l'expérience douloureuse de plus de 40 années d'interaction directe avec l'OPANO, la voyant ignorer les connaissances scientifiques, voyant des États membres s'adonner à la surpêche tant légalement qu'illégalement, voyant l'OPANO fonctionner d'une manière qui est tout à l'opposé des intérêts du Canada et des citoyens canadiens.
Nos objections ne s'appuient pas sur des considérations politiques, contrairement à ce qui a été allégué. À différents moments, tous les partis siégeant à la Chambre des communes se sont attaqués à cette question de la gestion canadienne des pêches dans ces eaux, que ce soit par le biais de la gestion de conservation ou de l'extension de la compétence exclusive en matière de pêche. Nous sommes tout simplement des citoyens non alignés, participant aux travaux du comité ici réuni dans le cadre du processus parlementaire. Je veux bien accepter que l'intention de ces modifications était la réalisation d'une gestion de conservation ou de quelque chose du genre. Tristement, ces modifications représentent un pas en arrière par rapport à cet objectif, plutôt qu'un pas en ce sens.
Je ne vais pas vous détailler mes objections, étant donné que vous avez entendu des personnes beaucoup plus qualifiées et beaucoup plus expérimentées que je ne le suis. Celles-ci ont épluché dans le détail les nombreux défauts de ces amendements par rapport aux objectifs du Canada en matière de pêche et à la souveraineté du Canada dans les eaux au large de ses côtes. Vous entendrez indubitablement d'autres intervenants ayant les mêmes opinions et les mêmes antécédents.
Nous savons tous que l'on ne peut pas toujours réussir à atteindre ses objectifs dans le cadre de négociations internationales de ce genre. Lorsqu'un second examen objectif vous indique que le résultat est négatif, ce n'est pas consentir à l'échec que de rejeter le résultat. C'est la reconnaissance que, dans l'intérêt des citoyens canadiens et de la nation canadienne, l'effort en question devrait être rejeté. Il n'y a aucune honte à marquer un temps d'arrêt pour analyser ce qui a été fait et à accepter que l'objectif n'a pas été atteint. C'est là un signe de maturité, un signe des meilleures traditions parlementaires canadiennes à l'oeuvre.
Le Parlement devrait dire non à l'unanimité et aviser officiellement l'OPANO de sa décision. Dites non, et informez l'OPANO que des réformes radicales sont nécessaires pour protéger les objectifs canadiens en matière de pêche et la souveraineté canadienne; dites non, et informez l'OPANO qu'à défaut de négociations fondées sur le concept de la gestion de conservation ou de l'extension de sa compétence, le Canada devra se pencher sérieusement sur la viabilité future de toute organisation qui, depuis sa création, n'a pas protégé les droits du Canada en tant qu'État côtier en vertu de la Convention sur le droit de la mer.
Les bateaux-usines réfrigérés européens pillant les bancs de pêche canadiens dans les années 1960 et 1970 ont été la cause de l'effondrement de la pêcherie canadienne. Dans les près de 20 ans qui ont suivi le moratoire imposé aux pêcheurs canadiens, nous n'avons vu aucun changement dans l'attitude des Européens en matière de conservation des pêches et que très peu de respect de leur part à l'égard de la compétence canadienne. Ce que nous avons vu est une pratique européenne continue de surpêche tant légale qu'illégale qui a sérieusement entravé le rétablissement des stocks de poissons canadiens, pratique qui utilise les règles de l'OPANO pour se moquer de la souveraineté canadienne.
Nous avons tous constaté la dévastation économique et le bouleversement social causés par les activités de pêche des Européens depuis les années 1950. Nous avons vu des villages côtiers de partout dans le Canada atlantique et dans l'Est du Québec se dépeupler. Nous avons vu des familles obligées de se défaire pour pouvoir survivre, avec des pères ou des mères dans les camps de champs pétrolifères albertains, les villages miniers de l'Ontario ou les forêts de la Colombie-Britannique, tandis que les enfants restent sur place avec l'autre parent ou les grands-parents.
Plus d'un demi-siècle d'interventions par la CIPANO et l'OPANO nous ont clairement démontré que les objectifs de l'OPANO sont de résoudre les problèmes de pêche européens sur le dos des citoyens canadiens. Trop, c'est trop.
Nous autres Canadiens, par l'intermédiaire de nos représentants élus à la Chambre des communes, devons rejeter ces modifications, et il nous faut les rejeter fermement, vigoureusement et sans réserve aucune. Le Parlement canadien doit envoyer à l'OPANO un message sérieux, ciblé et clair en rejetant ces amendements à l'unanimité, un message que ni l'OPANO ni l'UE ne pourront interpréter comme étant de la politique partisane, un message unanime de la Chambre des communes, qui se place au-dessus de la politique partisane, un message qui cadre avec les objectifs de tous les partis politiques à la Chambre, comme cela a été énoncé à diverses occasions au fil des ans.
Je déclare mon opposition à ces modifications en m'appuyant sur des années d'exposition et d'expérience par rapport aux actions des mandarins à Bruxelles et de leurs maîtres politiques à Strasbourg. Cela a établi en moi une méfiance absolue par rapport à leurs objectifs dans l'Atlantique Nord-Ouest, objectifs qui sont tout à fait contraires au rétablissement de la pêcherie canadienne et au maintien de la souveraineté canadienne.
Si nous allons contrôler ces eaux, si nous allons avoir une pêcherie à l'échelle de l'océan Atlantique — et qui ne se limite pas juste à Terre-Neuve, juste au Nouveau-Brunswick, juste à la Nouvelle-Écosse, juste à l'Est du Québec —, si nous voulons que les villages et les hameaux le long de la côte puissent survivre, nous n'avons pas besoin des genres de modifications qui vont ouvrir les portes à l'OPANO pour que ces pays viennent... Il ne s'agit pas d'inviter un seul pays à venir nous aider dans le cadre d'un dossier scientifique. L'OPANO est une organisation. Lorsque vous mettez en place des règles dans une organisation, vous créez un cheval de Troie, pour reprendre l'expression employée plus tôt par quelqu'un d'autre.
Je déclare mes objections à ces modifications à l'OPANO non seulement en tant que Terre-Neuvien, en tant que Labradorien, mais également en tant que citoyen canadien qui croit réellement en la capacité de la tradition parlementaire canadienne de prendre des décisions sur la base de l'intérêt des citoyens canadiens et des droits du Canada en tant que nation, et pas simplement des intérêts politiques d'un parti ou d'un autre ni, cela va sans dire, des intérêts de gouvernements ou d'organes étrangers.
Je vous demande, dans l'intérêt de tous les citoyens canadiens, étant donné que la viabilité future des pêches du Canada atlantique et de l'Est du Québec a une incidence directe sur l'économie de toutes les autres provinces, de demander à vos collègues parlementaires et à vos chefs de parti d'inviter la Chambre des communes à rejeter à l'unanimité ces amendements et à aller de l'avant, en tant que Parlement uni, vers l'objectif de la gestion de conservation ou de l'extension de la compétence nationale, concepts que tous les partis ont, à différents moments, dit vouloir réaliser. Tous les partis à la Chambre ont exprimé ce voeu. Tous les partis ont dit que l'OPANO a été et continue d'être une catastrophe pour le Canada, ce pour quoi nous sommes d'ailleurs saisis de ces modifications.
Mais, triste constat, ces modifications n'atteignent pas l'objectif visé au départ. Elles sont contre-productives. Le moment est venu de les abandonner et d'abandonner la politique partisane. Le moment est venu de parler en tant que Chambre unie, car les Européens ne comprennent rien d'autre que la force derrière la réponse.
Si ces modifications devaient être adoptées, vous pouvez être certains qu'une génération future demandera sous la garde de qui cela est arrivé. Il y aura des comptes à rendre pour ce qui est de la cession de la souveraineté canadienne à l'égard des eaux du plateau continental de la côte Est du Canada, de l'effondrement des villages et des hameaux du Canada atlantique et de l'Est du Québec, et des conséquences pour les familles ayant pendant des siècles contribué à l'économie et au bien-être culturel du Canada.
Tous les participants à la pêcherie comprennent que cet objectif ne sera pas facilement atteint, et qu'il ne sera pas atteint du jour au lendemain. Mais dans l'intérêt de nos enfants et de nos petits-enfants, il doit l'être.
Merci.
Voici ce qui se passe. Vous avez ces professionnels de tout premier niveau, dévoués pour la cause. Je peux vous assurer que les chercheurs canadiens, ceux qui j'ai connus pendant toutes ces années, sont des personnes dévouées, dévouées à leur travail. Leurs contributions à la gestion avancée des pêches sont tout aussi importantes que l'est le coeur pour le corps humain.
Je vais vous dire, leur expérience il y a trois semaines à Bergen aurait mis n'importe qui sans dessus dessous: lorsque vous avez un groupe de chercheurs qui travaillent aussi fort que le font ces personnes, avec des installations et une infrastructure et tout le reste qui sont très limitées, avec à peine assez de techniciens pour compter les otolithes, et c'est un fait, et que ces personnes se présentent et font cette contribution au Conseil scientifique de l'OPANO et que celui-ci se retrouve à Bergen, pour qu'ensuite un sous-fifre, un lobbyiste — cela me fait presque mal de le dire —, soit autorisé à venir présenter à l'OPANO un rapport d'un consultant indépendant, situé à des milles du Canada, le présente au groupe de l'OPANO à Bergen, pour qu'ensuite celui-ci rejette les recommandations du Conseil scientifique et instaure un quota pour la morue du Bonnet Flamand, dont je peux vous garantir qu'il sera utilisé tout comme le quota du turbot est utilisé à l'extérieur de la zone des 200 milles, pour permettre à des navires étrangers de Vigo, d'Aveiro et d'autres ports européens de traverser l'océan, de pêcher pendant un jour sur le Bonnet Flamand pour ensuite aller aux Grands Bancs... Lorsque les équipes d'abordage canadiennes montent à bord, elles verront que le tout a été mélangé et qu'il est impossible de distinguer entre ce qui a été pris sur le Cap Flamand et ce qui a été pris sur les Grands Bancs.
Mesdames et messieurs, je vous le dis, il s'agit là d'une pratique courante. C'est pourquoi ce genre d'incursion par l'OPANO...
Et, écoutez, la lointaine possibilité que ces pêcheurs puissent jamais pénétrer à nouveau dans notre zone, comme ils l'ont fait par le passé, doit être éliminée. Il vous faut rejeter cela. Il vous faut l'éliminer, car si vous ne le faites pas, vous allez voir la fin de la pêcherie de la côte Est du Canada.
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Je peux vous dire qu'ils ont fait un sérieux boulot sur les Grands Bancs pendant cette période. Entre 1978 et 1986, par exemple, ils ont eu un quota total de 163 000 tonnes. Leurs prises véritables ont été de 1 350 000 tonnes. Les Espagnols et les Portugais ont bien sûr véritablement et réellement été notre plus gros problème dans les pêches. Il n'y a aucun doute là-dessus.
Il vous faut comprendre que si vous êtes un propriétaire à Vigo et que vous avez aujourd'hui un navire-usine réfrigéré de 20 à 25 millions de dollars, et que ce navire s'élance...
En passant, il me faut vous dire que nous cherchons à confirmer ce renseignement par le biais de l'accès à l'information depuis trois ou quatre ans et que nous nous sommes fait à chaque fois rabrouer. Dans la dernière correspondance que nous avons reçue, on nous dit que si on nous divulguait ces renseignements sur la surpêche, sur les infractions sur les contraventions et ainsi de suite visant les flottes espagnole et portugaise, cela nuirait aux relations internationales entre pays.
Mais le fait est que lorsque ce navire quitte Vigo pour se rendre aux Grands Bancs, il y a trois objectifs. L'un est que, vu que le propriétaire a ce navire qui lui a coûté 20 à 25 millions de dollars, il lui faut l'amortir. Il y a à son bord 60 à 65 membres d'équipage. Le navire doit réaliser un profit. Il n'y a rien qui va empêcher ces pêcheurs et ce capitaine de faire ce qu'ils veulent.
Et, soit dit en passant, il y a un contact quotidien — plus que quotidien, en fait — entre propriétaires et capitaines pour continuer de faire exactement ce qu'ils font depuis des années.
Je peux vous assurer, mesdames et messieurs, que ces deux pays en particulier, et d'autres également — les Russes, on le sait, sont très doués en la matière également — surexploitent avec impunité. C'est un simple fait. Nous avons établi des contacts à l'intérieur du régime du MPO, au niveau scientifique, au niveau de l'abordage, au niveau de la surveillance, et, je vous le dis, les renseignements que nous vous livrons ici sont la pure vérité.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour messieurs.
J'aimerais tout d'abord vous remercier de votre belle franchise et, en même temps, de vos propos engagés, qui semblent venir de cet engagement au fil des dernières années.
Je m'adresserai davantage à M. Jim Winter, pour différentes raisons. On a déjà eu l'occasion de se rencontrer au sujet du dossier de la chasse aux phoques.
Je comprends très bien votre engagement dans ce dossier. On a déjà eu l'occasion d'en parler un peu. Cependant, j'aimerais mieux comprendre. Comment se fait-il que le dossier de l'OPANO puisse autant vous passionner ou vous intéresser?
Malheureusement, dans les Maritimes, mis à part vos déclarations, celles de Danny Williams, du ministre des Pêches et des Océans, de M. Applebaum et d'autres, il n'y a pas cette passion. On ne la retrouve pas ailleurs, comme en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick ou même au Québec.
J'aimerais mieux comprendre. Comment se fait-il que vous vous intéressiez beaucoup à ce dossier et que vous défendiez avec vigueur le fait qu'il ne faut absolument pas entériner ce qui a été négocié jusqu'à maintenant.
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J'aimerais être précis. Vous avez demandé pourquoi il n'y a pas de passion ou de sentiments profonds dans certaines des autres provinces. Comme je l'ai dit au début, la pièce maîtresse de tout cela est la pêche des poissons de fond. Si vous regardez la valeur des exportations de la Nouvelle-Écosse avant et après l'effondrement de la pêche sur les Grands Bancs, par exemple, ou des pêcheries de poissons de fond, vous verrez qu'il y a très peu de différence, principalement du fait qu'il s'agit d'une pêche différente. La concentration des pêcheries en Nouvelle-Écosse, par exemple, est du côté des crustacés de très grande valeur, de la pêche aux coquillages, et cela est très différent. Dans notre cas, nous avons perdu, comme je l'ai dit plus tôt, 80 000 personnes; 15 p. 100 de notre population sont partis du fait de cet effondrement, et c'est ce qui explique le degré de passion.
L'autre chose est la suivante: bien qu'il n'y ait pas cette passion, mettons, au Nouveau-Brunswick ou à l'Île-du-Prince-Édouard, et je ne sais pas ce qu'il en est de la Gaspésie à l'heure actuelle, il fut un temps, lorsque nous étions là-bas, où la passion y était très vive, et le fait est... La question est celle de la perte de cette énorme pêcherie et du déplacement de toutes ces personnes, mais en plus de cela, il y a un moratoire de 19 ans. Rappelez-vous. Je vous demande simplement d'en comprendre l'importance. Cela fait 19 ans et rien n'a été fait, et c'est en grande partie parce qu'il n'y a pas de plan, il n'y a jamais eu de plan, à Ottawa, pour rebâtir les pêcheries. Je peux vous assurer que notre groupe et d'autres ont passé du temps, je ne saurais vous dire combien, à essayer de convaincre le gouvernement du Canada de ce réengager et de se reconsacrer au rétablissement de la ressource. Au lieu de cela, que constatons-nous? Je peux vous dire qu'il y a 19 ans, lors de l'annonce du moratoire, la gestion de conservation était très importante pour nous. Plus ou moins à la même époque, le Canada assumait ou s'est vu accorder la compétence à l'égard du plateau continental et des espèces sédentaires. Il y avait eu des discussions quant à la question de savoir si la plie était ou non une espèce de fond pouvant être incluse aux côtés des palourdes et des autres coquillages.
Dix-neuf années, c'est tout un pan. Pourtant, il y a du potentiel dans les lieux de pêche des Grands Bancs, de la Plate-forme Scotian, du golfe Saint-Laurent et d'autres endroits encore, au Labrador. À moins qu'il y ait un plan de rétablissement d'envergure, des efforts de pêche accrus seront menés dans des zones isolées, ce qui nuira aux perspectives de rétablissement.
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Merci, Peter, et je vous remercie tous les deux d'être venus aujourd'hui.
Je tiens à vous féliciter tous deux pour votre action revendicatrice soutenue. Je la qualifierais d'action revendicatrice extrêmement éclairée et de passion bien placée. Je sais que M. Blais a reconnu cela, mais je devine que cela l'a aidé à comprendre.
Depuis l'époque où j'étais petit garçon, dans les années 1950, la surpêche étrangère est une menace pour nos pêcheries. Lorsqu'il y avait une limite territoriale de trois milles, les navires se trouvaient à l'intérieur de la zone de trois milles. Lorsqu'elle a été portée à 12 milles, les navires étrangers étaient à l'intérieur de la limite des 12 milles. Et lorsqu'elle est passée à 200 milles, les navires sont entrés impunément à l'intérieur de la zone de 200 milles. C'est donc une question de survie pour la population de Terre-Neuve-et-Labrador. En dépit du moratoire de 20 ans, les gens y voient toujours une partie de notre obligation d'essayer de rétablir la pêcherie.
Monsieur Etchegary, je me souviens de notre comparution tous les deux en tant que témoins devant le comité des pêches à St. John's, à l'Hôtel Delta, il y a de cela quelques années, lorsque la question était celle de la gestion de conservation. Vous et moi et de nombreuses autres personnes avions témoigné devant le comité. Le résultat de l'étude du comité a été un rapport unanime demandant au gouvernement du Canada de poursuivre la gestion de conservation. M. Loyola Hearn était à l'époque le député de St. John's-Ouest, et il est plus tard devenu ministre des Pêches. Nous nous nourrissions tous l'espoir et l'attente que le nouveau gouvernement chercherait à mettre à exécution sa promesse de gestion de conservation.
J'aimerais connaître votre réaction à la suggestion, qui semble avoir été adoptée par le gouvernement, que ces nouvelles modifications assureront une gestion de conservation. Avez-vous entendu cet argument, et comment y réagissez-vous?
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Merci, monsieur le président, et merci à vous, messieurs, d'être venus.
Monsieur Etchegary, nous avons eu l'occasion de nous rencontrer à Terre-Neuve, il y a de cela quelques années. J'imagine que cette rencontre a été plus mémorable pour moi que pour vous. Nous nous sommes donc déjà vus.
Je pense que je comprends votre position à l'égard de ces modifications à la Convention de l'OPANO. Je ne vais pas discuter beaucoup de cela. Je pense comprendre votre position, mais nous ne sommes pas d'accord avec vous sur tout ce que vous dites.
Permettez-moi de commencer par citer des propos tenus par notre ministre des Pêches en 1978. Il semble que le point de vue que vous nous exposez est que toutes nos difficultés sont attribuables à la surpêche par des pays étrangers. Je conviens, certes, que cela constitue une grosse partie du problème, ne me comprenez pas mal, mais, en 1978, l'un de nos ministres des Pêches les mieux respectés, Roméo LeBlanc, a fait la déclaration que voici, et que je trouve très éloquente, devant le Conseil canadien des pêches:
L'actuelle flotte de pêche de poissons de fond composée de plus gros navires a la capacité de prendre moitié plus encore que ses prises actuelles et d'offrir de meilleurs revenus — si nous augmentons le poisson... et les taux de capture. Si nous faisons les choses dans le sens inverse — en augmentant d'abord la flotte —, alors nous sommes comme le propriétaire d'un boisé épuisé, qui, au lieu de planter davantage d'arbres... dépense tout son argent pour s'acheter davantage de tronçonneuses.
Il a poursuivi en disant, s'adressant à l'industrie des pêches de Terre-Neuve à l'époque:
J'aimerais vous voir vous joindre à moi pour résister aux suggestions voulant que les flottes soient de beaucoup augmentées, que les usines soient de beaucoup agrandies — en d'autres termes, résister à la tentation d'attentes exagérées. Je ne vois aucun chemin qui mène plus vite à la catastrophe que d'oublier la très simple leçon que la biologie ne peut pas suivre le rythme de la technologie — que la richesse des océans n'est pas encore en mesure d'égaler la cupidité de l'homme.
C'étaient là, je pense, des déclarations plutôt poignantes. N'y a-t-il pas un peu de vérité dans le fait que l'industrie du jour ait bel et bien ignoré le plaidoyer du ministre des Pêches et ait grossi sa flotte? Au lieu de rationaliser la flotte, elle a grossi sa capacité.
Monsieur Etchegary, à l'époque où vous participiez au CCP, j'imagine que votre entreprise s'est élargie au même rythme que les autres et qu'il y a donc eu une certaine participation des Canadiens également dans l'effondrement de la pêche de la morue. Pourrions-nous, s'il vous plaît, entendre simplement vos commentaires là-dessus?
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Lorsqu'il y a eu extension de la compétence en 1978 et que les pêcheurs étrangers ont été délogés, la flotte canadienne représentait environ le vingtième de la taille de la flotte qui avait été écartée de la morue du Nord, par exemple. À l'époque, avec les lourds investissements consentis d'un bout à l'autre par de nombreuses personnes dans l'Est du Canada, notre espoir était certainement qu'il y ait une augmentation de la ressource par suite de l'extension de la compétence canadienne.
Nous ne voulions pas pêcher la morue du Nord après le départ des étrangers, pour la simple raison que nous songions au futur et aux investissements qui avaient été faits. Nous ne pouvions pas maintenir notre viabilité avec les taux de capture tels qu'ils étaient, et c'est pourquoi nous cherchions une augmentation. Mais le même ministre, celui que vous avez mentionné, monsieur Kamp, a consenti une subvention de 23 800 $ pour la flotte canadienne existante pour qu'elle aille pêcher la morue du Nord. Je peux vous assurer que moi et deux autres qui étions très engagés dans la pêcherie étions allés le voir et avions passé quatre heures avec lui à essayer de le dissuader d'offrir cette subvention de 23 800 $ à un chalutier de la Nouvelle-Écosse pour que celui-ci se rende sur les bancs de Hamilton Inlet.
C'était le début. Les étrangers avaient déjà fait du sérieux boulot, mais cet effort n'a certainement pas aidé; je suis d'accord avec vous là-dessus. Mais je peux vous assurer que c'est ainsi que les choses se sont déroulées.
Permettez que je vous lise, monsieur Kamp, étant donné que c'est vous qui en avez parlé, l'extrait que voici de la politique pour les pêcheries commerciales du Canada, de 1976. Nous parlons du même ministre. Voici le gros morceau. La copie que j'ai est jaunie car je l'ai depuis 20 ans. Je vous en lis un extrait:
Les stratégies adoptées [pour les politiques en matière de pêches] reflètent une réorientation fondamentale de la politique gouvernementale à l'égard de la gestion et du développement des pêches. Bien que la pêche commerciale soit depuis longtemps une activité hautement réglementée au Canada, l'objet de la réglementation a été, à quelques rares exceptions près, la protection de la ressource renouvelable. En d'autres termes, la pêche a été réglementée dans l'intérêt du poisson. À l'avenir, il lui faudra être réglementée dans l'intérêt des personnes qui dépendent de la pêcherie.
Cela, monsieur, a été un tournant, je vous assure, dans la politique du gouvernement fédéral. Comment ce tournant a été amené et pourquoi, je ne le saurai jamais. Mais je peux vous assurer qu'à partir de cette date-là, il est possible de mesurer le changement dans la gestion des pêches par le gouvernement canadien.