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La séance est ouverte. Bienvenue à la douzième séance du Comité spécial sur les relations sino-canadiennes.
Conformément à la motion adoptée le mercredi 23 septembre 2020, le Comité se réunit pour étudier les relations entre le Canada et la Chine.
[Français]
La réunion d'aujourd'hui est en format hybride. La réunion est également télévisée et sera accessible sur le site Web de la Chambre des communes.
[Traduction]
Voici quelques règles à suivre pour assurer le bon déroulement de la séance.
Les membres du Comité et les témoins peuvent s'exprimer dans la langue de leur choix. Des services d'interprétation sont offerts pour cette réunion. Vous avez le choix, au bas de votre écran, entre le parquet, l'anglais et le français. Avant de parler, veuillez attendre que je vous donne la parole, sauf les témoins qui répondent à une question qui vient de leur être posée par l'un des membres du Comité. Si vous participez par vidéoconférence, veuillez cliquer sur l'icône du microphone pour activer votre micro.
[Français]
Je vous rappelle que toutes les interventions des membres ainsi que des témoins doivent être adressées à la présidence.
Veuillez parler lentement et clairement.
[Traduction]
Quand vous ne parlez pas, veuillez mettre votre micro en sourdine.
Je souhaite maintenant la bienvenue à Son Excellence Dominic Barton, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Canada en République populaire de Chine. Nous accueillons également Mme Joya Donnelly, conseillère, Affaires politiques.
Nous entendrons aussi M. Shawn Steil, directeur exécutif, Politique et coordination de la Chine élargie.
Je vous remercie de votre présence.
Monsieur l'ambassadeur, je vous invite à prononcer votre déclaration liminaire.
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Bonsoir, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité. Je vous remercie de m'avoir invité à comparaître devant vous aujourd'hui.
Je suis ravi d'avoir l'occasion de vous parler de mon voyage au Tibet. Je sais que ce sujet intéresse vivement les Canadiens et il est au cœur de nos efforts de promotion des droits et des libertés en Chine.
Je remercie aussi le Comité de m'avoir invité à faire le point sur l'évolution de la situation depuis ma dernière comparution en février.
Comme le ministre Champagne l'a souligné dans son témoignage devant le Comité le mois dernier, nous devons adopter une approche intelligente et coordonnée dans nos relations avec la Chine et travailler de concert avec d'autres pays. Les pays du monde entier modulent leur approche à l'égard de la Chine et ils admettent tous la complexité de cette relation. Je pense que les Canadiens comprennent qu'il y a des moments où nous devons mettre la Chine au défi et, en collaboration avec nos partenaires, l'obliger à rendre des comptes. En même temps, il y a des moments où nous devons coopérer économiquement pour faire face à des enjeux mondiaux comme les changements climatiques. Je suis extrêmement fier du travail que le personnel de notre ambassade accomplit quotidiennement pour gérer cette relation complexe.
Notre gouvernement a clairement énoncé ma principale priorité qui consiste à assurer la sécurité des Canadiens, ce qui devrait aboutir à la libération de Michael Kovrig et de Michael Spavor et à la clémence de la Chine à l'égard de Robert Schellenberg.
La promotion et la protection des droits de la personne sont des volets tout aussi importants de notre travail. Nous continuons d'attirer l'attention du gouvernement chinois sur la détention arbitraire de citoyens canadiens et de soulever des questions liées aux droits de la personne, et ce, en public, en privé et en collaboration avec des pays partageant nos opinions.
Notre réseau de missions en Chine a mis en place une gamme de programmes visant à faire entendre des voix progressistes et à faire connaître les problèmes existants. Le mois dernier, par exemple, nous avons organisé un événement de deux jours consacré à l'autonomisation des femmes pour souligner le 25e anniversaire de la Conférence mondiale sur les femmes de Beijing. Nous nous sommes également engagés à aider les enfants de travailleurs migrants ainsi que les proches des défenseurs des droits de la personne.
Nous sommes préoccupés par l'érosion des droits civils et politiques en Chine. De concert avec la communauté internationale, nous avons exprimé publiquement nos vives préoccupations et le Canada a pris des mesures concrètes dans la foulée de l'imposition de la loi sur la sécurité nationale à Hong Kong. Nous demeurons vivement préoccupés par les rapports troublants faisant état de violations des droits de la personne dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang. Notre gouvernement a d'ailleurs réitéré ses préoccupations à maintes reprises, notamment à l'ONU, aux côtés de 38 autres pays. Nous demeurons préoccupés par les restrictions constantes des libertés des Tibétains.
J'en arrive au thème principal de cette allocution, ma visite au Tibet. Je me suis rendu dans la région autonome du Tibet, en compagnie de neuf autres diplomates, à l'invitation de la République populaire de Chine. Depuis quelques années, comme vous le savez, il est de plus en plus difficile d'entrer au Tibet, y compris pour les représentants de gouvernements étrangers. Malgré nos nombreuses demandes, il s'agissait de la première visite d'un diplomate canadien au Tibet depuis 2015. Du 26 au 30 octobre, nous avons visité la capitale tibétaine de Lhassa ainsi que la préfecture de Shannan.
Cette invitation, qui arrivait après cinq ans de demandes répétées de notre part, a été bien accueillie. Nous sommes heureux que le gouvernement chinois nous ait invités, tout en sachant pertinemment que notre visite se déroulerait sous surveillance et qu'on verrait seulement ce que les Chinois veulent bien nous montrer. La décision d'y participer n'a pas été prise à la légère et, avant de l'accepter, je me suis entretenu avec des représentants de la communauté tibétaine au Canada, des universitaires canadiens spécialisés en études tibétaines et des experts du monde entier œuvrant dans le domaine des droits de la personne, afin de connaître leur opinion. Tous ont convenu que je devais absolument participer à cette visite, puisque rares étaient les personnes qui avaient pu entrer dans la région autonome du Tibet ces dernières années.
Il ne faut pas oublier non plus que peu de Tibétains ont eu l'occasion de rencontrer des étrangers. Je trouvais qu'il était important que les Tibétains sachent qu'il y a encore des étrangers qui se préoccupent de leur situation et que le Canada se soucie d'eux. Pour ces raisons, et dans le cadre d'un engagement plus vaste sur les questions tibétaines, j'ai donc accepté l'invitation.
Nous avons eu un programme très chargé durant ces trois jours. La plupart des activités s'inscrivaient sous les thèmes du développement économique, de la protection de l'environnement, de l'éducation, de la culture et de la religion. Je n'ai pas eu un aperçu global de ces enjeux, mais je veux quand même faire part au Comité de ce que j'ai vu.
Sur le plan du développement économique, j'ai visité un parc industriel comptant près de 140 serres de cultures commerciales. J'ai vu des magasins et des marchés achalandés remplis de produits tibétains. J'ai rencontré une Tibétaine qui dirige un hôtel dont le personnel est tibétain, de l'administration à l'entretien. Cette femme d'affaires n'a cessé de me répéter que la chaîne hôtelière, qui appartient à des Tibétains, avait besoin d'accueillir un plus grand nombre de touristes étrangers.
J'ai visité un village dans lequel des gens avaient été réinstallés dans le cadre d'un programme de réduction de la pauvreté. J'y ai rencontré un homme et sa famille qui étaient auparavant nomades. Il travaille maintenant dans la construction. J'ai eu la chance de voir le magnifique autel bouddhiste tibétain qu'il a méticuleusement érigé au deuxième étage de sa maison.
Les fonctionnaires chinois ont tendance à nous parler en chiffres et en statistiques. Ils attirent notre attention sur les statistiques gouvernementales indiquant, par exemple, que la pauvreté absolue a été complètement éliminée dans la région autonome du Tibet en 2019 ou que presque tout le monde a accès à la large bande dans la région. Selon notre propre évaluation, l'inégalité demeure un grave problème.
La politique de déplacement et de réinstallation des Tibétains est un sombre rappel que la liberté de choix et la possibilité de vivre selon ses valeurs culturelles et autres permettent également de mesurer le bien-être ou la prospérité d'un peuple, au même titre que la richesse matérielle.
Notre groupe a aussi visité d'autres endroits, comme les terres humides de Lhalu, appelées le poumon de Lhassa. Nous avons également vu une zone de conservation de la faune. Nous avons visité l'école primaire expérimentale de Lhassa, où les élèves majoritairement tibétains, à l'exception de quelques Hans, reçoivent un enseignement en mandarin, sauf quelques cours en tibétain, comme la calligraphie, les échecs et l'opéra. Cette école m'a impressionné, mais j'ai constaté que la plupart des écoles du Tibet n'étaient probablement pas du même calibre. Il serait important de visiter des écoles dans les régions rurales, où vivent près de 70 % des Tibétains.
J'ai visité l'Université tibétaine de médecine traditionnelle et l'Académie tibétaine de peinture Thangka. Nous avons visité des lieux culturels et religieux, notamment les palais du Potala et de Norbulingka. Ces visites ont été très émouvantes, et nous ont rappelé les incroyables réalisations humaines et religieuses du peuple tibétain et l'importance de protéger ses droits.
Au monastère Samye, nous avons vu de jeunes moines étudier. La visite était dirigée par des moines et nous avons pu converser avec eux. Tout au long de mon séjour, j'avais constamment à l'esprit les préoccupations du Canada su sujet de la situation des droits de la personne au Tibet, notamment les restrictions de la liberté d'expression, de mouvement, de religion ou de croyance, et la protection des droits linguistiques et culturels.
J'ai eu l'occasion d'aborder ces sujets au cours de rencontres officielles et de conversations parallèles avec des fonctionnaires au Tibet. J'ai pu soulever quelques dossiers particuliers avec des autorités chinoises. J'ai cherché des occasions de parler avec des Tibétains locaux. Ceux que j'ai rencontrés ont exprimé leur grande fierté à l'égard de leur culture. Il m'a paru évident que la préservation de la langue et de la culture tibétaines était un enjeu important pour eux. En discutant avec des fonctionnaires, j'ai plaidé en faveur du libre accès au Tibet pour les agences des Nations Unies, les universitaires, les chercheurs et les journalistes. Et j'ai aussi demandé à ce que des représentants canadiens puissent y revenir.
Même si ma visite a été brève, j'espère qu'elle servira à ouvrir des portes et à favoriser la multiplication des contacts avec des Tibétains à l'intérieur de la Chine. J'espère aussi qu'elle a démontré que le Canada est toujours déterminé à promouvoir leurs droits et leurs libertés.
Je crois comprendre que mon témoignage d'aujourd'hui portera en grande partie sur ma visite au Tibet, mais je veux également revenir sur les cas de MM. Kovrig et Spavor. Je sais combien les membres du Comité et l'ensemble des Canadiens se soucient de leur sort. Comme je viens de le dire, c'est aussi ma priorité numéro un.
Le 10 décembre, nous avons souligné le triste deuxième anniversaire de leur arrestation et de leur détention arbitraires. Nous continuons à exhorter la Chine à libérer les deux hommes immédiatement. En octobre, après une interruption de plusieurs mois et beaucoup d'efforts de la part de l'ambassade et du ministre, nous avons obtenu un accès consulaire virtuel sur place avec MM. Kovrig et Spavor. Depuis, je les ai rencontrés tous les deux à deux reprises pour m'enquérir de leur état de santé et de leurs conditions de détention. La résilience et la force de caractère dont ils font preuve sont une source d'inspiration pour moi comme pour beaucoup de Canadiens.
En terminant, le Comité joue un rôle essentiel pour nous aider à comprendre la nature difficile et complexe de la relation entre le Canada et la Chine. Il joue également un rôle crucial dans le débat en cours à la grandeur du pays sur l'évolution de cette relation. Le Parlement canadien, le gouvernement canadien et la population canadienne ont beaucoup à gagner à ce que cette relation soit harmonieuse.
Je répondrai maintenant volontiers à vos questions.
Merci. Thugs rje che.
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Merci, monsieur le président, de cette observation.
Cela m'a surpris aussi, et ce n’était pas orchestré, si je puis dire. Je l’ai découvert. Elle nous a aidés lorsque nous dînions. C’était en fait avant un spectacle que nous allions voir appelé la princesse Wencheng. Oui, cela m’a beaucoup surpris.
Il y a beaucoup de touristes chinois Hans, comme vous l’avez mentionné. L’an dernier, ils ont dit qu’il y en avait eu 40 millions.
Ce que j’ai trouvé intéressant — et quelqu’un d’autre pourrait approfondir la question —, c’est qu’il y a beaucoup de Chinois bouddhistes. L’un des chiffres que j’ai entendus — et je vous prie de vérifier auprès des experts, pas ce que je dis, mais juste le chiffre —, c’est qu’il pourrait y en avoir 300 millions.
Les gens viennent non seulement pour le tourisme, mais parce que ces sites sont en fait très importants pour eux. Ce sont des touristes Hans et ce qu’elle disait, c’est qu’il serait formidable qu’un plus grand nombre de touristes étrangers puissent assister à la séance — c’était un peu bizarre de voir quelqu’un comme moi ou d’autres là-bas — et que plus de gens devraient venir du Canada. J’ai répondu: « Sans blague. Nous aimerions y avoir accès; ce serait formidable. Vous voudrez peut-être soulever cette question. »
Je ne sais pas si cela répond à votre question.
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Monsieur le président, la question de la langue a été un élément très important du voyage. Ce que nous avons fait, c’est que nous avons posé la question, mais en sachant encore une fois que lorsque l'on pose ce genre de questions aux gens en présence représentants du parti, on n’obtient peut-être pas la réponse la plus exacte, alors nous avons observé. Nous avons essentiellement vu que tous les panneaux étaient bilingues. Les panneaux sur les routes et les entrées étaient en tibétain et en mandarin.
Vous soulevez un point très important. Fait intéressant, toutes les visites... Par exemple, la visite du musée tibétain de la médecine était dirigée par le directeur tibétain, mais il l’a faite en mandarin, puis ses propos ont été traduits en anglais. C’était un peu comme lorsque vous avez reçu la visite de l’autorité tibétaine en 2018, ils ont parlé en mandarin, pas en tibétain. Je pense que l’un des membres du Comité a fait une intervention importante au Tibet. Tout était en mandarin, puis traduit, même s’il s’agissait de Tibétains.
À l’école, des cours étaient donnés en tibétain. C’était davantage une question de culture. Nous avons vu beaucoup de jeux échecs tibétains, de calligraphie et d'écriteaux bilingues à l’école. Le groupe nous a donné l’impression que le mandarin était la langue principale.
J’ai pu parler à certains membres de la famille qui étaient là, des gens que nous avons pu rencontrer, et ils m’ont dit: « Écoutez, il est essentiel de maintenir notre langue et notre culture. Nous essayons de le faire avec la famille pour y parvenir. »
Une des familles que nous avons rencontrées — je veux être prudent, je ne vais pas entrer dans les détails, parce que je ne veux pas leur causer de problème ou quoi que ce soit — était en fait retournée au Tibet après avoir vécu au Canada, parce qu’elle voulait que son fils comprenne et apprenne la culture tibétaine. Elle a dit: « Avec tout le respect que j’ai pour le Canada que j’adore, c’est à moi d'agir ». Les gens étaient très passionnés, mais il est clair que le mandarin est la langue principale.
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Monsieur le président, j’aimerais dire deux ou trois choses à ce sujet. Premièrement, nous sommes évidemment très frustrés de ne pas pouvoir avoir accès à nos concitoyens, même virtuellement. D’après les données scientifiques, le virus ne passe pas à travers la télévision. Comment cela fonctionne-t-il? Nous avons fait des pressions à ce sujet.
Deuxièmement, j’aimerais préciser une chose. Personne n’avait accès à ces dossiers de sécurité nationale. Ce n’était pas seulement le Canada; tout le monde avait le même problème. C’est pourquoi nous avons mené une démarche conjointe en mai au nom d’autres pays, y compris les États-Unis et la Grande-Bretagne, qui ne pouvaient pas y avoir accès. Il s’agissait de cas liés à la sécurité nationale.
D’après ce que nous avons compris, les Chinois sont complètement paranoïaques au sujet du virus. J’ai pu voir un cas de peine de mort en mai. Encore une fois, ce n’était pas un cas de sécurité nationale, alors j'ai pu voir la personne virtuellement. J’ai pu interroger le directeur de la prison par la suite, et il m’a posé des questions. J’ai demandé : « Quels sont vos IRC? » Il a répondu: « Zéro, zéro. » C’est zéro cas et aucun risque. J’ai demandé : « Et si ce n'était pas le cas, que se passerait-il? » Il a répondu: « Je serais congédié. »
Je pense qu’il y avait une certaine folie dans cette restriction, mais c’est ce qui se passait. Nous avons essayé de montrer comment nous nous y prenions, au Canada, pour permettre l'accès aux prisonniers, mais c’était très frustrant. Je suis heureux que nous en soyons arrivés là, et cela a en fait ouvert la porte à d’autres, du côté de la sécurité nationale, pour qu’ils puissent le faire.
J’espère que nous finirons par avoir des interactions physiques, parce que, encore une fois, c’est étrange. Nous nous rendons à ces endroits en avion — ou en voiture dans le cas de Beijing — et je sais que les Michael sont littéralement de l’autre côté du mur. C’est comme ça. Cela fonctionne un peu comme un écran de télévision.
Est-ce que cela répond...?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci, monsieur l’ambassadeur, de vous joindre à nous.
Je représente environ 7 000 Canadiens d’origine tibétaine de ma circonscription, Parkdale—High Park. Je suis également président des Amis parlementaires du Tibet et j’ai une formation en droits de la personne. C’est dans cette optique que j’aborde la question.
Je suis heureux que vous ayez reconnu mes commettants tibétains. La communauté tibétaine du Canada est dynamique et solide. Je sais que des groupes comme le Comité Canada-Tibet et Sherap Therchin ont communiqué avec vous. Je me fais l’écho de votre évaluation de la collectivité, parce qu’elle m’a beaucoup appris sur les injustices qu’elle perçoit sur le terrain.
Je vous félicite également d’avoir pris la décision d’y aller, sans tenir compte des apparences et de l’approche scénarisée avec laquelle les Chinois auraient organisé votre visite dans la Région autonome du Tibet. Lors de ma rencontre avec Sa Sainteté le dalaï-lama en 2018, il m’a dit à peu près la même chose, à savoir que quelles que soient les apparences, il est important que le monde voie les Tibétains sur leur territoire pour ce qu’ils sont et qu’ils sachent que le monde ne les a pas oubliés. Merci de votre participation, monsieur l’ambassadeur Barton.
Cela dit, j'ai de sérieuses réserves au sujet de ce que vous avez pu voir. Je sais cependant que vous y êtes allé avec les yeux grands ouverts.
Le premier point que j'aimerais signaler concerne la question linguistique qui a été soulevée par d’autres, y compris par M. Bergeron. Vous savez qu’il existe des dispositions sur le terrain et des lois sur l’éducation de la population. Nous savons qu’il existe une loi sur l’autonomie ethnique en Chine selon laquelle les écoles et les autres établissements d'enseignement qui recrutent surtout des étudiants de minorités ethniques doivent, dans la mesure du possible, offrir aux étudiants des manuels scolaires dans leur langue et enseigner dans cette langue. C’est écrit dans la loi chinoise sur l’autonomie ethnique régionale.
Parlez-nous un peu plus de ce que vous avez vu à cette école en particulier. Je comprends que la calligraphie est une chose, mais offrir des cours de base en tibétain en est une autre. Quel est l’état de la protection linguistique selon votre évaluation de la situation sur le terrain?
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Là aussi, ce n'est qu'une observation. Je vous laisse le soin de l'interpréter, monsieur le député, parce que vous avez beaucoup plus d'expérience.
Au palais de Potala et au Norbulingka, nous avons vu des pèlerins. Nous avons vu des personnes très âgées, des personnes vraiment très âgées, et de très jeunes enfants. Pendant que nous étions là, ils se promenaient.
Les experts tibétains au Canada nous ont demandé s'ils étaient en mesure de faire des dons ou si cela venait du parti. Il y avait de l'argent partout. Les gens faisaient des dons à toutes sortes d'endroits. Cela paraissait normal. Il y avait beaucoup de monde dans certaines régions que nous avons visitées. J'avais l'impression que c'était le cas.
Le deuxième point que je ferais ressortir, surtout en ce qui concerne cette personne qui participe au programme de réduction de la pauvreté, c'est que je veux vous faire part d'une impression. Nous l'avons interviewée au rez-de-chaussée. On y voit des photos de Mao Zedong, des livres rouges pour toutes sortes de prix et récompenses.
Nous sommes allés au deuxième niveau, qu'on ne voulait vraiment pas nous faire voir, et c'est là que nous avons vu ce sanctuaire bouddhiste. À première vue, les gens pourraient dire: « Écoutez, je suis ce que fait le gouvernement », mais la croyance et l'engagement religieux que je ressens sont profonds. C'est là.
Une chose m'inquiète pour l'avenir à long terme, et c'est qu'une fois le dalaï-lama disparu, nous devrons composer avec l'émotion et l'engagement à cet égard. J'ai eu l'impression que c'est là. C'est mon impression.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur l'ambassadeur Barton, je vous remercie d'être parmi nous ce soir et de tout le travail que vous faites en qualité de représentant du Canada et comme « nos yeux en Chine », pour reprendre l'expression que M. Paul-Hus vient d'utiliser.
J'aimerais revenir sur certaines questions que M. Genuis a formulées tantôt et consigner au compte rendu les propos de l'ambassadeur Rae, avec un suivi, pour obtenir vos commentaires par la suite.
Voici ce que M. Rae a dit à la CBC:
Certains aspects des actes de la Chine correspondent incontestablement à la définition de génocide au sens de la Convention [...] Cependant, il faut procéder à la collecte de renseignements et s'assurer d'étayer ce type d'allégation par des preuves.
Par la suite, lorsqu'on a interrogé le ministre Champagne au sujet d'un commentaire, il a dit:
Nous nous lèverons [et] nous le ferons chaque fois que nous le jugerons approprié [...] C'est ce que nous avons fait dans le cas du Xinjiang. Nous l'avons fait pour Hong Kong plus récemment et nous continuerons de le faire.
Sous sa direction, le Canada faisait partie des 39 pays membres des Nations unies qui ont critiqué la Chine d'une seule voix le mois dernier pour le traitement infligé aux Ouïghours. Ces pays ont également demandé à la Chine de permettre à des enquêteurs indépendants de visiter le Xinjiang pour constater les faits en personne.
J'ai une question toute simple. Est-ce que vous avez réussi à tirer quelque chose au clair entre l'ambassadeur Rae, le ministre Champagne, et vous?
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Comme je l'ai dit, monsieur le président, je pense que les contacts avec le Tibet doivent être aussi vastes que suivis. Ce petit voyage de trois jours là-bas en fait partie, même s'il reste anecdotique.
Je pense que les Canadiens, et donc notre ambassade, devraient continuer à tendre la main, à être présents. Nous planifions notre prochaine série de voyages dans d'autres régions où il y a beaucoup de Tibétains, et nous avons des relations là-bas. Nous y retournerons dans deux mois. Nous devons continuer de le faire.
Un autre aspect de nos activités, c'est que nous convoquons... Je ne veux pas exagérer pour donner l'impression que nous sommes... Nous convoquons d'autres missions ici, particulièrement celles qui souhaitent y aller et qui n'ont pas pu le faire, en les encourageant à s'y rendre et en leur donnant des indications sur les questions à poser, le cas échéant. Nous avons réussi à faire modifier l'ordre du jour du deuxième voyage à l'issue du premier. Nos représentants n'ont pas visité une école, par exemple. Il s'agit simplement de continuer à travailler ensemble pour faire avancer ce dossier.
Le groupe de pays aux vues similaires s'est engagé à rallier ses efforts pour tenter d'obtenir un meilleur accès une fois sur le terrain, non seulement pour nos pays, mais de façon plus générale. Nous pouvons beaucoup faire, et nous ferons preuve de leadership dans les efforts à déployer pour qu'il en soit ainsi.
Il s'agit aussi d'encourager ce dialogue, comme votre comité l'a recommandé dans sa motion. Il me semble en effet qu'il doit y avoir des moyens diplomatiques de faire bouger les choses, mais c'est une question très importante. Je pense qu'il y a urgence, comme je l'ai déjà dit.
Beaucoup se demandent pourquoi nous nous donnons même la peine de parler, puisqu'on nous condamne d'emblée aux oubliettes? Pour moi, cela n'a pas d'importance. Nous défendrons toujours notre façon de penser, quel que soit le cas.