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Il se peut que cela soit possible. Nous verrons. Toutefois, nous allons poursuivre la séance pour le moment.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à nos premiers témoins de la soirée, notamment Chemi Lhamo, responsable de la santé communautaire, qui témoigne à titre personnel, et la représentante de l'Uyghur Research Institute, Rukiye Turdush, directrice de recherche et défenseure des droits des Ouïghours.
Je vous remercie infiniment de votre présence ce soir.
Nous allons commencer par entendre la déclaration préliminaire de Mme Lhamo, qui sera suivie de Mme Turdush.
Madame Lhamo, veuillez prendre la parole. Vous disposez de cinq minutes.
Tashi Delek, Anee. Bonjour, je m'appelle Chemi Lhamo.
Avant de commencer, je veux reconnaître les premiers gardiens de ce territoire, les anciens du passé et du présent, et tous ceux qui auraient dû être ici, ou qui le sont peut-être encore physiquement, mentalement ou spirituellement, et je tiens à exprimer ma gratitude envers eux.
Mes parents ont émigré du pays des neiges — le Tibet — qui, selon Freedom House, est le pays le moins libre du monde, avec la Syrie. Un récent rapport de Human Rights Watch indique que des enfants âgés de trois ans à peine sont dépouillés de leur identité culturelle, ce qui, selon moi, n'est qu'une répétition des horreurs des pensionnats canadiens et australiens, où les enfants autochtones étaient tués ou assimilés de force à la société colonisatrice.
À maintes reprises, nous avons vu le gouvernement chinois réduire au silence les voix des Tibétains, des Ouïgours, des Hongkongais et des Mongols du Sud. Il ne fait aucun doute que l'intimidation géopolitique que le gouvernement chinois pratique, par le biais de l'agression et de son expansion au-delà des frontières s'étendant de la mer de Chine méridionale à la frontière entre l'Inde et le Tibet, représente une véritable menace pour la sécurité régionale et mondiale.
Cependant, aujourd'hui, permettez-moi de vous faire part de l'expérience que j'ai vécue lorsque le PCC a tenté de me réduire au silence et de porter atteinte à mon droit à la liberté de parole et d'expression, même au sein d'une société ouverte et démocratique comme celle du Canada.
En 2019, lorsque je me suis présentée aux élections étudiantes de l'Université de Toronto à Scarborough, je suis devenue la cible de sentiments de colère, une colère très probablement façonnée par le Parti communiste chinois. Avant même que les élections n'aient commencé, ou que les résultats n'aient été rendus publics, mon téléphone avait commencé à déborder de notifications. Mes messages dans les médias sociaux avaient suscité plus de 10 000 commentaires, puis une pétition en ligne a été lancée contre moi et ma candidature, simplement en raison de mon identité tibétaine, et non de mon travail ou de mes capacités.
Les commentaires étaient durs. Ils comprenaient des menaces de viol et de mort, qui visait non seulement moi, mais aussi ma famille. Certains commentaires disaient que la balle qui me traverserait avait été fabriquée en Chine, ou encore que s'ils me voyaient, ils me frapperaient. Il y en avait même un, dont je me souviens encore aujourd'hui, qui disait que ma mère était morte. Je ne plaisante pas. Je me souviens avoir dû appeler ma mère pour prendre de ses nouvelles sans l'effrayer.
Bien que les choses se soient un peu calmées sur les médias sociaux, en raison du soutien international que j'ai reçu, j'ai continué de recevoir des menaces occasionnelles et des commentaires déshumanisants et dégradants tout au long de mon mandat présidentiel et jusqu'à maintenant. En outre, avant la COVID-19, des étudiants de mon campus qui menaçaient de me tuer et de me violer se promenaient librement sur mon campus, me pointaient du doigt, me fixaient, me suivaient et prenaient des photos des personnes avec lesquelles je communiquais. Des amis en sont même arrivés à m'escorter jusqu'aux toilettes.
Les membres des communautés des nations alliées, qui subissent la violence coloniale du PCC, n'ignorent rien de ces tactiques. Nous avons été témoins de l'ingérence et de l'influence de la Chine non seulement sur nos campus universitaires, mais aussi dans nos communautés.
Les tactiques d'intimidation du PCC touchent également les étudiants étrangers chinois, qui versent de quatre à cinq fois plus d'argent pour faire leurs études, mais qui se voient forcés de devenir, en cachette, des espions pour l'ambassade, de suivre la ligne du parti ou de manifester contre des initiatives jugées menaçantes, au lieu de se concentrer sur leur éducation. Des étudiants chinois anonymes ont écrit à leurs syndicats étudiants pour leur dire qu'ils étaient terrifiés par la présence sur les campus d'organisations comme les Chinese Students and Scholars Association, qui signalent au gouvernement chinois les activités qui se déroulent sur les campus.
Nous avons observé cette influence manifeste dans nos institutions universitaires, mais la menace est générale. La propagande du PCC pénètre dans nos communautés et se manifeste insidieusement dans des espaces progressistes, où elle assimile le sentiment anti-PCC à la montée de la haine antiasiatique.
Encore aujourd'hui, ma mère s'inquiète pour mon bien-être beaucoup plus qu'elle ne le devrait, en raison de ces menaces.
Aucun Canadien qui souhaite servir sa communauté en sol canadien ne devrait avoir à vérifier s'il est suivi. Aucun dirigeant étudiant ne devrait être forcé de voir des groupes actifs de son campus s'autocensurer par peur de vivre ce que j'ai dû vivre. Aucune mère ne devrait avoir à craindre que son enfant soit frappé, violé ou tué pour avoir défendu une cause qui lui tient à cœur.
Bon nombre de Canadiens, dont mes parents, étaient des réfugiés apatrides en raison de l'occupation illégale de leur pays, et ils ont dû déménager plusieurs fois pour trouver un foyer sûr pour leurs enfants. Finalement, après avoir passé de longues années à être déplacés et à être des familles transnationales, ils ont trouvé un foyer au Canada, mais ils ont été soumis aux tactiques d'intimidation du PCC. Le Canada est censé donner aux jeunes des moyens d'agir, et non pas encourager et soutenir, par son silence, ceux qui enlèvent les enfants et les arrachent à leurs parents.
Il ne fait aucun doute que le gouvernement chinois tente impitoyablement d'écraser toute dissidence. J'aimerais encourager les honorables députés présents aujourd'hui et notre gouvernement à écouter les témoignages des Canadiens et à y donner suite en prenant des mesures concrètes.
Je peux vous en dire plus en vous présentant un rapport.
Merci.
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Bonsoir. Je m'appelle Rukiye Turdush. Je suis une citoyenne canadienne d'origine ethnique ouïghoure. J'aimerais témoigner aujourd'hui de mon expérience personnelle et de l'expérience de ma communauté à l'égard de la menace qu'exerce la Chine au Canada.
Le 11 février 2019, j'ai été invitée par l'association des étudiants musulmans de l'Université McMaster à prononcer une allocution sur le génocide en cours au Turkestan oriental. Pendant mon allocution, quelques étudiants chinois ont essayé de m'ébranler. L'un d'eux a filmé toute ma présentation et m'a agressée verbalement à coups d'injures.
J'ai par la suite reçu de quelqu'un une capture d'écran de la conversation qu'a tenue ce groupe d'étudiants chinois pendant mon allocution. Ils discutaient de la façon de m'ébranler et d'envoyer un enregistrement vidéo au groupe. Le gars qui m'a filmée disait: « J'ai tous les documents si quelqu'un en a besoin. » C'était manifestement de la collecte de renseignements.
Un autre disait: « Comment se fait-il qu'il y a autant de personnes à cet événement? Les gens de l'ambassade nous ont dit de dénoncer l'événement à l'association des étudiants chinois et à l'école. » Cela signifie que l'ambassade chinoise avait informé ces étudiants chinois de l'événement au préalable et qu'elle leur avait donné des instructions. Il disait aussi: « Trouvez qui est son fils », pour pouvoir le traquer pour une raison ou une autre. Je soupçonne cette personne d'être un diplomate chinois ou un agent double.
L'association des étudiants chinois et le corps professoral d'origine chinoise de l'Université McMaster a ensuite publié une déclaration conjointe le 13 février, dans laquelle on trouve exactement le genre de discours de la fausse propagande du Parti communiste chinois. Ils y mentionnent avoir dénoncé l'incident à l'ambassade chinoise et envoyé une lettre de plainte à l'administration de l'école. Par la suite, l'ambassade de Chine à Ottawa a publié une déclaration pour louanger le soi-disant patriotisme de ces étudiants, qui se sont attaqués à ma liberté d'expression.
En fait, mon allocution visait à prouver le génocide bien planifié et organisé par la Chine qui a cours au Turkestan oriental. Il ne fait aucun doute que le Parti communiste chinois a encouragé un grand nombre d'étudiants chinois actuellement aux études au Canada à exporter sa propagande de même que les valeurs autocratiques de la Chine en sol canadien. Ceux-ci se sont donc mis à l'œuvre pour contrer les valeurs démocratiques canadiennes de la liberté d'expression.
La police chinoise menace par ailleurs des étudiants canadiens d'origine ouïghoure qui se trouvent pourtant à 5 000 milles de son territoire. Ces étudiants ouïghours se font constamment harceler à coups d'appels vidéo de gens qui leur demandent l'adresse de leur école et des renseignements sur leur statut au Canada. Certains n'ont eu d'autre choix que de renier leur relation avec leurs parents toujours là-bas pour les protéger.
La Chine s'adonne très activement au cyberespionnage depuis longtemps. Elle m'a envoyé de nombreux virus pour détruire mes ordinateurs et ma boîte de courriels, particulièrement mon blogue. Depuis des années, des trolls chinois me menacent sur Twitter et YouTube en me disant de « faire attention » et en insinuant que « je signe mon propre arrêt de mort ». J'ai l'habitude de les ignorer et de les bloquer.
Depuis l'incident à McMaster, qui a suscité beaucoup d'attention des médias, ils ont modifié leurs tactiques. Ils prétendent maintenant que je suis une agente de la CIA financée par le NED et que je crée des fausses nouvelles, malgré le fait que je ne reçois de financement d'aucune organisation.
J'en témoigne ici, aujourd'hui, non seulement pour ma propre sécurité personnelle et la sécurité des autres défenseurs des droits de la personne, mais aussi et surtout à cause de l'énorme danger que présente la Chine pour l'ordre mondial démocratique, les droits de la personne et la souveraineté du Canada. C'est de l'avenir de nos enfants qu'il s'agit.
C'est la raison pour laquelle le gouvernement canadien devrait porter des accusations contre les agents doubles chinois qui travaillent pour le Front uni et poussent la communauté chinoise à manipuler et à influencer le régime démocratique canadien au bénéfice du PCC. Je vous prie d'adopter de nouvelles lois pour faire de ces activités des crimes, puis de les pousser à en répondre devant les tribunaux.
Le gouvernement canadien devrait expulser les diplomates chinois qui enquêtent sur les gens et invitent les étudiants chinois et les membres de la communauté chinoise à recueillir des renseignements.
Pour contrer l'influence du PCC et faire cesser l'espionnage au Canada, de même que pour contrer l'autoritarisme numérique qui permet le génocide ouïghour, le gouvernement canadien devrait tenir des audiences exclusivement sur la complicité potentielle des universités canadiennes. Les universités devraient être tenues de déclarer toute coopération avec des instituts de recherche chinois ou des entreprises chinoises dans des domaines comme l'intelligence artificielle, les données massives, les services de police intelligents, les villes intelligentes et la biotechnologie.
Le gouvernement canadien doit appuyer les professeurs, les étudiants, les journalistes et les militants canadiens. En même temps, il doit sévir contre les activités illégales d'espionnage de la Chine et le financement par la Chine de fausses ONG canadiennes. Il doit également sévir contre ceux et celles qui nient le génocide ouïghour par la Chine, qui attaquent les militants pour les droits de la personne et qui répandent l'infox et la propagande du parti d'État chinois en sol canadien.
Je vous remercie de m'avoir permis de témoigner ici aujourd'hui.
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Je vous remercie de cette question, monsieur Genuis.
Si vous voulez vous attaquer au racisme anti-asiatique, la première chose à faire serait d'écouter la voix des Asiatiques qui vivent dans votre pays, la voix de vos électeurs. C'est ce que j'ai à dire aux gens qui prétendent s'élever contre la haine ou le racisme anti-asiatique: veuillez écouter vos électeurs, veuillez écouter les voix asiatiques.
En tant que femme asiatique, je peux vous dire que je me sens particulièrement visée et que pour moi, cette confusion entre l'aversion pour le PCC et le racisme anti-asiatique constitue un énorme manque de respect envers les personnes d'origine asiatique. Je rappelle que l'Asie s'étend bien au-delà de la Chine. Elle comprend 40 autres pays. Non seulement cela nuit-il aux autres Canadiens d'origine asiatique, mais cela nuit aux Canadiens d'origine chinoise.
C'est un grave problème. Le sentiment anti-asiatique a explosé. Il a augmenté de plus de 700 % dans la région de Vancouver, je crois. Comment pouvons-nous remédier à la situation? Allons-nous nous enliser dans la rhétorique politique sur ce qui constitue un sentiment anti-asiatique ou de l'aversion pour le PCC ou allons-nous enfin commencer à nous attaquer aux réels problèmes auxquels sont confrontés tant de Canadiens? Ce n'est pas plus compliqué.
Dans mon exposé, j'ai mentionné quelques mesures concrètes que les gens peuvent prendre, parce que j'ai déjà présenté de nombreux témoignages, que j'ai parlé à divers représentants des autorités, j'ai même rencontré des fonctionnaires d'Affaires mondiales Canada à deux reprises. Nous avons officiellement soumis un rapport à Amnistie internationale, sur le harcèlement et l'intimidation que subissent les militants pour les droits de la personne qui dénoncent la violence colonialiste chinoise.
Pour répondre à votre question, monsieur Genuis, j'en ai moi-même parlé avec des gens de la Police de Toronto, de la GRC, du SCRS. Je suis constamment renvoyée d'un organisme à l'autre.
J'en ai parlé avec de nombreux parlementaires, et à ce jour, je peux vous garantir que je n'ai jamais reçu de document attestant de toutes les menaces que j'ai reçues et du fait que ce sont toutes des infractions de nature criminelle. Je parle ici de menaces de mort, de menaces de viol, de messages personnels que j'ai reçus, du type « Non, s-a-l-o-p-e. Je suis bien réel », quand j'ai demandé si ce n'était que des profils virtuels. Ce sont des messages personnels que j'ai reçus.
Je ne sais pas combien de fois je devrai vous le répéter. J'étudie moi-même la psychologie, et permettez-moi de vous dire qu'il est vraiment traumatisant de devoir répéter son histoire si souvent.
Premièrement, j'aimerais remercier infiniment nos témoins de comparaître devant le Comité aujourd'hui.
En tant que femme politicienne et parlementaire, je fais moi aussi l'objet de nombreuses menaces, y compris de menaces de mort, de harcèlement et de commentaires misogynes dans les médias sociaux, au point où j'ai du mal à gérer tout cela. Je comprends ce que vous devez ressentir, et ce n'est absolument pas agréable.
Je tiens à souligner que personne ne devrait subir cela. Les menaces sont souvent les mêmes contre les femmes, croyez-moi, c'est toujours la même chose. C'est du prémâché, on dirait des robots. Ils ne font que répéter encore et encore les mêmes insultes.
Vous n'êtes donc pas seules. Cela dit, j'aimerais vous interroger sur les menaces que reçoivent les familles ou les militants là-bas.
Pouvez-vous nous en parler un peu plus? Pourrais-je d'abord entendre Mme Lhamo, puis Mme Turdush? Merci.
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Je remercie grandement Mme Turdush et Mme Lhamo d'être avec nous aujourd'hui.
Mesdames, vous êtes un exemple de force, surtout vu les circonstances dans lesquelles vous venez témoigner devant nous. Je pense que nous devrions prendre exemple sur vous.
Ma question porte sur l'implication générale du Parti communiste chinois relativement aux gestes posés contre vous. Nous savons que des étudiants de l'Université McMaster ont été félicités, mais certaines personnes pourraient croire que les étudiants ont pu poser certains gestes eux-mêmes, de façon organique.
Pouvez-vous nous donner des exemples qui vous portent à croire que cela vient du Parti communiste chinois? J'aimerais aussi que vous parliez de la façon dont c'est structuré. Les événements ont-ils lieu tous en même temps, comme si quelqu'un enclenchait le processus?
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C'est une très bonne question. Je vais tenter d'y répondre.
Je soupçonne qu'elle a été organisée par l'ambassade ou le consulat chinois, car j'ai reçu une capture d'écran montrant un groupe de discussion sur WeChat composé d'étudiants chinois. Quelqu'un a pris une capture d'écran et me l'a envoyée. Tous les participants étaient membres de l'association des étudiants chinois, mais certains n'étaient pas identifiés.
Lorsque le type a filmé mon discours et a envoyé le vidéo au groupe de discussion, quelqu'un a demandé pourquoi il y avait tant de monde dans la salle. Quelqu'un a dit que l'ambassade de Chine, en chinois yijing, leur avait dit de signaler l'événement à l'association des étudiants chinois et à l'université. Les Chinois ne voulaient pas que les gens assistent à l'événement et ne voulaient même pas que l'événement ait lieu. L'ambassade de Chine a donc donné des instructions à l'avance aux étudiants. C'est la raison pour laquelle je soupçonne que les instructions venaient de l'ambassade de Chine.
Je n'ai rien fait. Aucune communication avec les médias... strictement rien. Du coup, les étudiants ont publié une déclaration le 13 février indiquant qu'ils avaient porté plainte à l'université et avaient envoyé une lettre à l'ambassade de Chine. Ils disaient [Inaudible]. Il existe des liens serrés. Les étudiants rapportent tout à l'ambassade de Chine. C'est clair que l'ambassade de Chine, de son côté, leur dit ce qu'il faut faire avant de nombreux événements. C'est la raison pour laquelle je ne crois pas que ce soit l'œuvre d'étudiants chinois patriotiques. C'est l'ambassade de Chine qui tire sur les ficelles.
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Permettez-moi d'abord de me faire l'écho de ce qui a été exprimé par M. Genuis au début de la rencontre. Je pense qu'il est très important de dissiper, ou du moins, de ne pas alimenter, la confusion qui peut parfois s'installer entre les politiques et les actes d'un État qui se fout du droit international, de son peuple ou de ses ressortissants, par exemple, les Asiatiques.
Nous avons vu le sentiment anti-asiatique augmenter au Canada, ce qui ne devrait pas être le cas. Il faut s'acharner à réprimer ce sentiment qui, s'il s'applique au régime chinois, s'applique aussi à tous les États qui commettent des actes de violation du droit international, que nous nous devons parfois de critiquer sur le plan moral. Je fais donc écho à ce sentiment, qui doit être réprimé par tous.
Je remercie les témoins de leur courage et d'être venus témoigner aujourd'hui devant le Comité.
Madame Turdush, ma première question s'adresse à vous, et je suis désolé si je prononce mal votre nom. Vous avez déjà parlé de la difficulté qu'éprouvent certains ressortissants ouïghours qui sont victimes de harcèlement de la part de l'État chinois pour ce qui est de s'adresser aux autorités canadiennes parce qu'ils craignent que des représailles soient exercées à l'égard des membres de leur famille en Chine.
Avez-vous des suggestions quant à la meilleure façon de signaler des infractions ou du harcèlement aux autorités canadiennes sans que les autorités chinoises l'apprennent?
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Je vous remercie beaucoup pour la réponse très concrète.
Ma prochaine question s'adresse à Mme Lhamo.
Madame Lhamo, vous avez mentionné dans une récente émission en baladodiffusion qu'il vaut mieux prévenir que guérir, et même, s’acharner à prévenir. Il faut aussi enquêter lorsqu'il y a des incidents, mais il faut prévenir.
Avez-vous des suggestions quant aux meilleurs moyens de prévention?
Vous parliez, entre autres, des lois australiennes contre l’interférence étrangère.
Pouvez-vous, au bénéfice du Comité et pour qu'ils figurent dans notre rapport, expliquer comment ces moyens pourraient nous aider à mieux lutter contre l’interférence étrangère chinoise?
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Mesdames, je vous remercie beaucoup, encore une fois, de vos réponses.
Selon vous, lequel des deux scénarios suivants est celui qui illustre le mieux la réalité?
Les gens d’origine tibétaine ou ouïghoure qui vivent au Canada peuvent être laissés tranquilles, avoir une vie agréable et ne pas s'inquiéter pour quoi que ce soit s'ils ne disent rien contre le Parti communiste chinois.
Tout le monde fait l'objet d'une surveillance, qui peut augmenter et s'intensifier. Par exemple, plus un ressortissant s’approche d’un lieu de pouvoir et qu’il devient en vue, peu importe qu’il parle ou non du Parti communiste chinois, plus la surveillance augmente, et il peut être victime de harcèlement et de menaces.
Lequel des deux scénarios s’applique le plus?
Vous avez toutes les deux proposé des solutions intéressantes.
Une question dont j'aimerais parler, cependant, c'est qu'il me semble que le PCC a réussi à utiliser efficacement nos institutions et nos libertés démocratiques contre les étudiants de ce pays. Lorsqu'une telle campagne organisée est menée, la solution n'est-elle pas, entre autres, que le gouvernement canadien commence à refuser l'entrée au pays à un plus grand nombre de représentants de l'ambassade de Chine qui, même s'ils sont arrêtés par la police, dans de nombreux cas, ne peuvent pas être accusés ou peuvent invoquer l'immunité diplomatique?
Quelle est la solution? Faut-il qu'il y ait moins de fonctionnaires à l'ambassade qui sont capables de mobiliser des étudiants de cette manière et faire en sorte que les fonctionnaires se concentrent davantage sur les affaires de l'État? Qu'en pensez-vous?
La question s'adresse à vous deux. Veuillez peut-être vous en tenir à entre 40 et 45 secondes chacune pour y répondre.
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Je vous remercie, monsieur le président.
C'est à mon tour de vous féliciter, mesdames Lhamo et Turdush, pour votre courage et pour tout ce que vous faites pour la liberté et la démocratie. C'est vraiment très courageux de votre part.
La première question qui me vient en tête est la suivante. Vous êtes très engagées dans le domaine universitaire. Vous avez évoqué de façon éloquente les menaces dont vous et vos familles faisiez l'objet.
Du fait que vous comparaissez devant notre comité, ce soir, croyez-vous que les gens qui vous menacent sont au courant et vous regardent, installés devant leur téléviseur, avec l'intention de continuer d'exercer contre vous ce genre de menaces?
Pensez-vous que cela peut se produire ou que c'est plutôt sans importance?
[Traduction]
Allez-y, madame Turdush.
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Je vous remercie de m'avoir invitée à m'adresser à nouveau au Comité.
Tout d'abord, je tiens à préciser que les communautés diasporiques ne constituent pas un groupe monolithique. Dans un contexte de tensions géopolitiques accrues, nous devons accorder la priorité à la protection de la diaspora et des communautés dissidentes contre la surveillance et l'intimidation du PCC et faire preuve d'esprit critique sans pour autant attiser la xénophobie.
On m'a demandé de parler de harcèlement et d'intimidation aujourd'hui, mais ce que je vais vous dire n'est peut-être pas ce à quoi vous vous attendez.
Les dissidents ne sont pas en sécurité — ni chez eux, ni dans la société civile, ni au travail, ni au Canada. En effet, les menaces, la censure et l'intimidation se poursuivront tant que les entreprises, les organismes sans but lucratif, les universités, les politiciens, les médias et d'autres institutions ayant des intérêts particuliers craindront la colère de Pékin et se plieront à ses exigences.
Pékin exporte rapidement son autoritarisme à l'étranger. Lors de réunions précédentes, des témoins des services de renseignement et d'application de la loi au Canada ont assuré le Comité de leurs efforts collectifs pour combattre l'ingérence étrangère. En raison de mes expériences vécues, je peux vous dire que les institutions et les lois existantes ne fonctionnent pas. L'influence étrangère de Pékin ne peut être combattue par des politiques générales, car le PCC mène ses activités dans plusieurs secteurs et souvent dans un flou juridique, ce qui rend les interdictions ou la criminalisation largement inefficaces.
La dernière fois, j'ai parlé de l'autoritarisme expansionniste mondial de Pékin, de son mépris flagrant pour l'ordre international fondé sur des règles, de ses activités d'influence et d'ingérence au Canada, et j'ai inclus ma propre expérience vécue de surveillance et d'intimidation. Les capacités, les aptitudes et les ambitions de Pékin représentent déjà une menace dangereuse, mais peu de pays perçoivent pleinement sa stratégie d'influence mondiale. Le PCC a mis à l'épreuve la tolérance des démocraties libérales face à sa poussée autoritaire, alors que les normes internationales sont en train d'être réécrites.
L'approche actuelle à l'égard de la Chine ne tient pas compte de la vision globale des communautés diasporiques qui parlent la langue et comprennent l'histoire, la culture et les intentions de ce pays. Les activistes sont témoins de ces efforts d'influence depuis les années 1990. Ce n'est pas nouveau, mais on commence seulement à s'en rendre compte.
Dans le plus récent rapport et les recommandations de notre organisme, l'Alliance Canada Hong Kong, nous avons examiné, au niveau des services, sept aspects de l'ingérence étrangère du PCC au Canada, à savoir l'influence politique, l'emprise de l'élite, la surveillance et l'intimidation, la guerre de l'information et du discours narratif, l'influence universitaire et la vulnérabilité de la propriété intellectuelle, la sécurité nationale et le Département du travail du Front uni. Nous avons trouvé des tactiques, des stratégies et des activités similaires dans les différents secteurs.
Le Canada doit adopter une approche pangouvernementale dans ses interactions avec les puissances autoritaires étrangères comme la Chine. Nous devons investir dans les outils, les infrastructures et les ressources appropriées pour protéger les Canadiens et nos intérêts nationaux. Le Canada a un rôle important à jouer sur la scène internationale, car les actions multilatérales représentent un moyen efficace de confronter Pékin de manière collaborative, mais il est impératif d'adapter la boîte à outils de la politique étrangère et intérieure du Canada pour relever les défis du XXIe siècle.
Nous formulons donc les recommandations suivantes.
Premièrement, créer une loi sur les régimes de transparence de l'influence étrangère, afin d'avoir un registre public des individus, des organisations et des représentants qui agissent au nom d'États étrangers au Canada. Le régime de transparence devrait être associé à une commission publique dotée de pouvoirs d'enquête et d'exécution et servir de point central pour coordonner les différents échelons de gouvernement et les institutions canadiennes, les organismes publics et le grand public.
Deuxièmement, soutenir la recherche et la propriété intellectuelle canadiennes à l'aide d'une politique fédérale cohérente visant à réglementer les collaborations de recherche avec des intervenants étrangers, tout en augmentant le financement de l'innovation canadienne.
Troisièmement, investir dans les ressources et les infrastructures des communautés ethniques au Canada.
Quatrièmement, protéger les Canadiens en imposant des restrictions aux intervenants étrangers lorsqu'il s'agit de la collecte, de l'achat ou de l'exportation des données et des renseignements personnels des Canadiens.
Enfin, il faut comprendre le harcèlement et l'intimidation des Canadiens du point de vue des dissidents. Nous devons donc adopter une approche à l'égard de l'ingérence étrangère qui est axée sur les besoins de la communauté tout en abordant la question de manière holistique et stratégique.
Je vous remercie encore de m'avoir invitée à comparaître. Je serai heureuse de répondre à vos questions.
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Je vous remercie beaucoup.
C'est avec plaisir que je me joins à vous ce soir. Je ferai ma présentation en anglais, mais je pourrai par la suite m'exprimer dans les deux langues.
[Traduction]
Estimés députés, je vous remercie de m'avoir invité à témoigner devant le Comité spécial sur les relations sino-canadiennes. Je dirige l'Institut montréalais d'études sur le génocide et les droits de la personne à l'Université Concordia. Je félicite le Comité d'étudier des questions liées à la dimension de sécurité nationale des relations entre le Canada et la Chine, notamment les activités d'influence cybernétique, l'espionnage, la cybersécurité, l'ingérence étrangère et le harcèlement. Je pense que de nombreuses démocraties dans le monde sont actuellement aux prises avec ces problèmes et que personne n'a vraiment proposé de solution viable.
La montée de la Chine autoritaire représente une menace existentielle pour les valeurs et les intérêts du Canada, notamment en ce qui concerne le respect des droits de la personne, la primauté du droit et l'avenir de la démocratie. On ne le dira jamais assez. En mars 2019, mon institut a accueilli Dolkun Isa, le dirigeant du Congrès mondial ouïghour. La veille de l'événement, le consul général chinois m'a envoyé un courriel, car il souhaitait discuter de toute urgence de l'événement. Je n'ai pas tenu compte de son courriel, mais le lendemain, j'ai appris que le consulat de Chine à Montréal avait fait pression sur la mairesse de Montréal pour faire annuler notre événement. Heureusement, personne n'a succombé à cette ingérence étrangère. J'ai effectué un suivi auprès de fonctionnaires canadiens, c'est-à-dire avec Affaires mondiales Canada et le Service canadien du renseignement de sécurité, et l'événement a été mentionné par le département d'État américain dans ses rapports annuels sur les droits de la personne en Chine.
Cet incident que nous avons vécu, moi et mes collègues, fait suite à d'autres exemples au Canada et ailleurs dans le monde où le gouvernement chinois a délibérément tenté de restreindre la liberté universitaire, tout en bafouant nos droits fondamentaux de la personne, notamment la liberté d'expression, la liberté d'opinion et la protection de la vie privée.
Depuis 2019, les Canadiens ont assisté à l'emprisonnement de deux citoyens canadiens pendant plus de 900 jours, à une pandémie meurtrière qui a tué plus de trois millions de personnes à l'échelle mondiale et à des campagnes de désinformation dans les médias qui ciblent les démocraties dans le but d'éveiller la méfiance envers nos propres institutions démocratiques, ainsi qu'à l'égard des vaccins contre la COVID-19 mis au point par l'Occident. Nous avons également assisté à une guerre économique contre notre allié, l'Australie, qui a eu l'audace de demander une enquête internationale sur le déclenchement de la pandémie de COVID-19.
Nous avons assisté à un retour de flamme et à des représailles similaires contre des politiciens canadiens et des responsables américains et européens qui ont qualifié de génocide les abus commis contre les Ouïghours. Nous faisons face à une Chine très agressive, ce qui n'était pas le cas il y a quatre ou cinq ans. Ces actions de la Chine — je ne parle pas du peuple chinois, mais du PCC — révèlent que le gouvernement de ce pays est un acteur hostile qui a une incidence profonde sur le Canada et sur ses alliés.
Puisque votre comité est chargé de relever l'immense défi de déterminer ce que le Canada devrait faire au sujet de la Chine, permettez-moi de vous donner quelques idées. La Chine tente de remporter la compétition mondiale pour devenir un chef de file en matière de technologie et le pays exporte ces technologies partout dans le monde, ainsi qu'au Canada. Il est impératif de prendre des mesures plus énergiques pour limiter l'exportation de technologies canadiennes vers la Chine et de travailler avec nos alliés démocratiques pour contrer l'autoritarisme numérique. Nous ne devons pas permettre à Huawei d'établir le réseau 5G du Canada. La République tchèque et les Pays-Bas sont des exemples de cas où la vie privée n'a pu être garantie, et nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas en tenir compte.
J'aimerais maintenant parler de génocide et de surveillance. Toutes les entreprises chinoises qui ont aidé Pékin à surveiller et à persécuter la minorité musulmane ouïghoure ne devraient pas être autorisées à entrer sur le marché canadien, et ne devraient pas être autorisées à fournir du financement aux universités canadiennes et à collaborer avec ces établissements. Des documents attestent que les sociétés Tencent, Hikvision Huawei et iFlytek ont offert leurs services au génocide perpétré par Pékin et qu'elles sont donc complices de ces crimes. La fin de semaine dernière, The Globe and Mail a indiqué que la société iFlytek finance des projets à l'Université Queen's et à l'Université York. C'est inacceptable. Le même concept devrait être appliqué aux cotisations au Régime de pensions du Canada qui sont investies dans des entreprises impliquées dans le génocide ouïghour, car ce n'est pas l'image que souhaite projeter notre pays.
Enfin, l'entreprise Facebook a récemment annoncé qu'elle avait démantelé une campagne coordonnée de cyberharcèlement visant les Ouïghours qui vivent dans de nombreux pays occidentaux, dont le Canada. Nous devons nous doter des capacités opérationnelles nécessaires pour protéger les citoyens canadiens contre la surveillance et le harcèlement en ligne et pour démasquer les responsables de ces actions.
Je vous remercie de m'avoir invité à comparaître aujourd'hui.
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Bien avant d'être directrice générale de l'Alliance Canada Hong Kong, j'étais organisatrice locale à Ottawa, où j'ai organisé quelques manifestations, et nous avons été invités à parler à la presse. Peu après avoir parlé aux médias, j'ai commencé à recevoir des centaines de messages sur mes médias sociaux. Il s'agissait de messages très explicites, où l'on me traitait de « democrazy » — un jeu de mot en anglais sur la démocratie — et [
Difficultés techniques] de me violer et violer ma mère comme des porcs et de nous massacrer dans notre sommeil. C'est très difficile d'être une militante et de parler des problèmes de Hong Kong lorsque c'est le genre de menaces auxquelles je m'expose en ligne. Malgré cela, comme nous le savons, en général, la police ne s'occupe pas beaucoup du harcèlement en ligne.
La dernière fois que j'ai comparu devant un comité, j'ai également parlé de mon voyage à Vancouver, où un collègue m'avait réservé une chambre d'hôtel. Or, deux jours après le lancement d'Alliance Canada Hong Kong, un homme étrange m'a téléphoné dans ma chambre d'hôtel, il m'a appelée par mon nom, il m'a identifiée par mon numéro de chambre et il m'a dit que lui et d'autres allaient venir me chercher. C'est ce qu'il a dit. J'ai fait ce que je devais faire, c'est-à-dire que j'ai appelé le service de police de Vancouver et j'ai dit que je me sentais en danger et que je ne me sentais pas en sécurité. On m'a dit qu'on enverrait des policiers sur les lieux. Les policiers sont venus, mais je ne les ai jamais rencontrés. En effet, ils ont été renvoyés dans le lobby de l'hôtel, parce que ce n'était pas une menace réelle et ce n'était pas un problème dont ils allaient s'occuper, puisque ce n'était pas un acte criminel. J'ai appelé à nouveau, mais il n'y a pas eu de suivi.
Même aujourd'hui, je ne peux pas oublier le moment où j'ai entendu cet individu me dire au téléphone que lui et d'autres allaient venir me chercher. Il s'agissait très explicitement d'une forme d'intimidation, mais elle était très soigneusement formulée, car l'intention n'était pas criminelle, et c'est de cette façon que ces individus peuvent s'en tirer.
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Oui. Des menaces sont proférées contre [
Difficultés techniques] et [
Difficultés techniques] une crise humanitaire à Hong Kong.
Récemment, un article du Toronto Star relatait le cas d'une personne ayant reçu des menaces de mort et qui en a fait part à la GRC, qui n'a rien fait.
Il s'agit là de véritables tactiques d'intimidation et de harcèlement, mais il existe aussi des tactiques d'intimidation un peu plus subtiles. Par exemple, une personne qui a participé à une manifestation peut se faire demander par son patron pourquoi elle y a participé et se faire dire que, si elle participe à nouveau à une manifestation, elle pourrait être renvoyée.
Le patron n'est peut-être pas un agent de l'État chinois, mais il craint que le fait que son employé se range du côté des Hongkongais puisse mettre Pékin en colère, ce qui pourrait mettre en péril ses relations d'affaires.
C'est pourquoi j'ai dit qu'il n'était pas sécuritaire pour ces personnes d'afficher leurs couleurs au travail, dans la société civile, dans les universités et dans bien d'autres sphères, car ce type de harcèlement et d'intimidation se manifeste non seulement par des menaces explicites, mais aussi par une surveillance implicite, notamment une surveillance policière.
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Je remercie également nos deux témoins, que je suis contente de revoir.
Madame Wong, nous nous sommes rencontrées au Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration.
Mes questions s'adressent à l'un comme à l'autre, et je vous invite à prendre la balle au bond, quand vous le souhaitez.
D'abord, de façon générale, j'aimerais vous entendre parler du degré d'organisation de la réponse à vos activités et à votre militantisme.
Qu'est-ce qui vous fait croire que cela ne peut pas être quelque chose d'organique, qui vient de petits groupes de la société civile, mais que cette réponse est vraiment organisée par l'État?
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président, et je remercie aussi les témoins.
Ma première question s'adresse à Mme Wong. Je tiens à vous dire d'abord que cela m'attriste d'entendre que vous et votre famille avez fait l'objet de menaces.
Il s'est produit une situation similaire à Vancouver, à savoir qu'un groupe de personnes préoccupées a formulé des critiques à l'endroit d'un ancien juge et a demandé sa démission. Ce juge se trouvait à être un conseiller du premier ministre de la province qui nie le génocide des Ouïghours.
Après que ce groupe se soit exprimé publiquement, l'un des membres a reçu des menaces de mort; en fait, il a reçu au moins deux menaces de mort. Il l'a signalé à la GRC, mais elle ne semble pas avoir fait un suivi sérieux. Bien entendu, la GRC a jugé que les menaces n'étaient pas suffisamment graves pour assurer un suivi, même si le groupe souhaitait que la GRC examine davantage les antécédents de la personne qui a proféré au moins deux menaces. La GRC n'a pas donné suite à la demande.
J'aimerais savoir ce que vous pensez de cette situation, madame Wong. Quel rôle le gouvernement fédéral devrait-il jouer, le cas échéant, dans de telles situations? Les élus continueront de dire aux gens de ne pas s'adresser à eux, mais plutôt à la GRC. Le problème, c'est que la GRC ne fait aucun suivi.
Que devrait-on faire?
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C'est très bien. Je vous remercie.
Dans la section intitulée « Information & Narrative Discursion Warfare », qui se trouve environ à la page 13, votre organisme parle des médias de la diaspora chinoise, des médias chinois au Canada.
Je sais que le 4 juin approche, et que cette date marquera l'anniversaire de ce qui s'est produit il y a 32 ans, en 1989. Il y a quelques années, à Vancouver, l'une des deux stations de radio diffusant en cantonnais et en mandarin a commencé à refuser de faire la promotion d'activités commémorant le 4 juin. Par exemple, l'an dernier, des journaux ont refusé de diffuser des publicités visant à contrer le soutien à l'égard de la loi sur la sécurité nationale de Hong Kong. Quel est votre point de vue à cet égard?
Votre rapport contenait seulement une très petite section sur le sujet. En avez-vous entendu parler, et qu'en pense votre organisme? Peut-être que M. Williams pourrait aussi répondre à la question après vous.
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Oui, merci pour la question.
Oui, malheureusement, il n'y avait qu'un très court passage à ce sujet dans notre rapport, mais il existe de nombreuses façons dont l'information est diffusée et dont la guerre contre le discours discursif est menée au Canada et dans d'autres démocraties occidentales libérales.
Pour répondre à votre question, je peux dire que j'ai remarqué moi aussi que les médias de langue chinoise ici, au Canada, qu'il s'agisse de médias cantonnais ou mandarins, s'abstiennent de couvrir certains sujets. Cela fait partie de la guerre plus globale menée contre les médias canadiens, qui se fait non seulement en harcelant et en intimidant certains journalistes qui relatent les histoires en question, mais aussi en achetant systématiquement des médias chinois pour éviter la diffusion de certaines informations à la communauté.
Il s'agit d'un problème systémique. Ce n'est pas un problème qui concerne uniquement le 4 juin. C'est une préoccupation constante pour la communauté, qui constate que les médias de langue chinoise sont en péril parce qu'ils ont été achetés par des groupes affiliés au Parti communiste chinois.
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Partout dans le monde, même au Canada, on voit que la plupart des gens ne voient plus la Chine d'un bon œil.
[Traduction]
Des sondages effectués auprès d'entreprises et de citoyens du monde entier, y compris au Canada, montrent que les populations ont une opinion totalement défavorable du gouvernement chinois. C'est en partie attribuable à la COVID, et aussi au génocide contre les Ouïghours. Les préoccupations à ce sujet ont vraiment explosé, notamment à la suite de campagnes contre l'industrie de la mode qui utilise des travailleurs esclaves.
Une combinaison de facteurs entre en ligne de compte. On voit le phénomène partout — en Europe occidentale, en Asie. C'est une période dangereuse pour les autorités chinoises, car elles agissent de manière très autoritaire et se font de nombreux ennemis du côté non seulement des gouvernements, mais aussi des citoyens.
Au sujet du génocide, j'ignore si le Canadien moyen est au courant de tout ce qui se passe, mais les gens en prennent conscience. Les attaques contre les journalistes et les politiciens ne font pas bien paraître Pékin.
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Je vous remercie, monsieur le président. Je vous en suis reconnaissante.
Je remercie les deux témoins d'être avec nous. C'est accablant, n'est-ce pas? Je ne sais même pas par où commencer.
Madame Wong, je suis étonnée de ce que vous avez dit à maintes reprises, et vous aussi, monsieur Matthews, à savoir que l'infiltration étatique du régime communiste chinois n'est pas récente et date des années 1990 — je parle de l'intimidation et de la menace des gens en Chine et dans le monde. Vous devez avoir l'impression que les autorités et les gouvernements ne saisissent pas la gravité de la situation lorsque les différents organismes d'application de la loi et bureaux se renvoient la balle, puis qu'on vous propose une ligne d'information. Vous voyez ce qui se passe aux États-Unis, où des arrestations sont faites dans le cadre de l'opération « Chasse au renard ». Notre gouvernement dit qu'il doit en faire plus, mais il est difficile de savoir s'il tient sa parole.
Madame Wong, puis-je vous poser une question sur les discussions à ce chapitre? Comme d'autres l'ont dit, je pense que bon nombre de Canadiens n'étaient vraiment pas au courant — peut-être même nous tous, hélas. En tant que députés, nous avons vraiment l'obligation de poser des questions difficiles à ce sujet et de trouver des solutions comme celles que vous avez proposées.
Avez-vous des commentaires sur le croisement entre les questions légitimes à propos de la sécurité des personnes et des menaces à la sécurité nationale que posent le régime communiste et le racisme envers les Asiatiques? Avez-vous une idée de l'effet que cela peut avoir sur la conversation ou sur les efforts visant à établir les faits et à trouver des solutions?
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En tant que Canadienne d'origine asiatique qui s'oppose au PCC, on m'a souvent demandé de choisir mon camp sous prétexte que je ne pouvais aller que dans une direction, et pas dans l'autre.
Je pense avant tout que nous devons établir une distinction entre les communautés chinoises, les communautés ethniques chinoises, et les Hongkongais, les Tibétains, les Ouïghours et les autres groupes. Ils ont souvent été confondus, ce qui est vraiment préjudiciable.
Il faut distinguer ces communautés du PCC. En réalité, le peuple chinois est victime du régime du PCC. Nous vivons une telle horreur à cause du parti. Il faut donc tenir le PCC responsable sans faire d'amalgame avec le racisme à l'encontre des Asiatiques.
Cette tension géopolitique a assurément exacerbé le racisme envers les Asiatiques. C'est pourquoi une grande prudence est de mise ayant trait à la terminologie et aux intentions. Sachez aussi qu'une intention n'est pas assez. Parfois, l'action suffira à causer du tort à la communauté, et c'est pourquoi il faut toujours [Difficultés techniques] placer les besoins des communautés et ceux des communautés dissidentes au coeur de toutes vos décisions politiques, parce que c'est nous qui supportons le poids de ces attaques, du harcèlement et de l'influence.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je vais poser des questions à M. Matthews. Mais avant, je ne pensais pas devoir le dire officiellement, et je n'ai peut-être pas à le faire puisque c'est une évidence, mais je vais apporter une précision.
Chaque député avec lequel j'ai eu le privilège de travailler au fil des ans est loyal envers ce pays. Cela inclut bien sûr les députés d'origine chinoise. Je pense que c'est un privilège de travailler ici, monsieur le président. Je défends aussi mes collègues d'en face. Je ne parle pas que des collègues libéraux avec lesquels j'ai la chance de travailler, mais bien de tous les députés, quelle que soit leur allégeance. Nous faisons preuve de loyauté envers le Canada, et tout ce que nous faisons est dans l'intérêt de nos électeurs. Je tenais à le souligner ce soir, monsieur le président.
Monsieur Matthews, je vous remercie infiniment de votre exposé fort intéressant. Vous avez employé l'expression « autoritarisme numérique ». Je ne pense pas que vous soyez le premier à en parler, mais c'est tout de même un concept qui pique ma curiosité. Pouvez-vous préciser ce que vous entendez par là lorsque vous dites que c'est justement l'intention de la Chine?
:
Merci beaucoup, monsieur le président, distingués membres du Comité. Merci de m'avoir invité à comparaître.
[Français]
C'est avec plaisir que je vais vous parler du travail du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, ou CPSNR.
[Traduction]
En anglais, on parle du NSICOP.
Comme c'est ma première comparution devant votre comité, je vais faire un survol du CPSNR et exposer notre rapport annuel de 2020, ainsi que notre examen de l'ingérence étrangère de 2019. Je vais aussi parler de nos recommandations pour assurer l'intégrité de nos élections.
Comme vous le savez, le NSICOP a été créé en 2017 et comprend des parlementaires des deux chambres. Tous ses membres ont une cote de sécurité de niveau très secret et sont astreints au secret à perpétuité en vertu de la Loi sur la protection de l'information. Quelles que soient les circonstances, nous ne pouvons pas invoquer le privilège parlementaire en cas de divulgation non autorisée de renseignements classifiés.
[Français]
La responsabilité principale du CPSNR est de mener des examens dans le milieu de la sécurité nationale et du renseignement ainsi que des organismes qui le composent. Les rapports du CPSNR sont unanimes et non partisans.
Notre rapport annuel de 2020 était principalement axé sur les menaces pour notre sécurité nationale et tentait notamment de répondre aux deux questions suivantes. Qu'est-ce qui a changé au cours des dernières années? Quelle a été l'incidence de la pandémie sur ces menaces?
[Traduction]
Les organismes de renseignement et de sécurité ont décrit cinq principales menaces à la sécurité nationale du Canada lorsque le comité a commencé son travail en 2018. Il y avait le terrorisme; l'espionnage et l'ingérence étrangère; les cybermenaces; le crime organisé; et la prolifération des armes de destruction massive.
Je vais me concentrer sur l'espionnage, l'ingérence étrangère et les cybermenaces, soit ce qui intéresse probablement le plus votre comité, mais je vous encourage à consulter tout le rapport.
L'espionnage comprend le vol d'information, tandis que l'ingérence étrangère englobe l'utilisation de moyens clandestins ou de menaces pour promouvoir un certain objectif. Les agresseurs se servent toutefois souvent des deux en même temps.
Le comité a procédé à un examen de l'ingérence étrangère au Canada en 2019. Il a constaté que l'ingérence étrangère représente une menace pour la sécurité du Canada, et c'est encore vrai aujourd'hui. La pandémie a également créé des occasions pour des États étrangers de cibler le secteur de la santé du Canada, notamment dans le domaine de la mise au point de vaccins.
Pour ce qui est des cyberactivités malveillantes, le Canada fait face à une vaste gamme de menaces. Le comité fait actuellement un examen de la cyberdéfense gouvernementale. Les menaces les plus importantes et sophistiquées qui sont commanditées par un État proviennent encore de la Russie et de la Chine, qui ciblent des systèmes gouvernementaux et non gouvernementaux. Les acteurs étatiques mènent aussi des campagnes de désinformation en ligne au Canada et auprès de nos alliés.
Je vais maintenant parler de notre examen de l'ingérence étrangère au Canada et de la réponse du gouvernement face à cette menace, que nous avons présenté en 2019.
Le comité a accepté de concentrer ses efforts sur l'ingérence étrangère traditionnelle entre personnes. Nous avons plus particulièrement mis en lumière l'opération « Chasse au renard » menée par la Chine, soit des activités clandestines et coercitives de rapatriement qui ciblent des personnes ayant apparemment pris la fuite pour des raisons économiques et des dirigeants corrompus, y compris au Canada. Les services de sécurité chinois mènent la campagne de plusieurs façons, y compris à l'aide d'agents de police et d'avocats qui travaillent avec la GRC pour prendre des dispositions afin de rencontrer des fugitifs pour prétendument recueillir des preuves et discuter de leurs dossiers.
En réponse aux activités menées dans le cadre de l'opération « Chasse au renard », Affaires mondiales Canada a établi un groupe de travail interministériel qui se réunit régulièrement pour discuter de la campagne. La GRC a imposé des critères de plus en plus stricts aux enquêteurs de la République populaire de Chine, mais les activités se poursuivent.
[Français]
Nous avons constaté que la réponse du gouvernement à la menace d'ingérence étrangère, qui est importante et soutenue, se faisait au cas par cas et que notre mobilisation auprès des autres ordres de gouvernement et du public canadien était limitée. Le CPSNR a recommandé que le gouvernement élabore une stratégie pangouvernementale pour contrer l'ingérence étrangère et renforcer la résilience des institutions et de la population, ce qui est décrit au paragraphe 297.
En ce qui concerne plus particulièrement le risque d'ingérence étrangère dans nos processus démocratiques, permettez-moi d'aborder le rapport de M. James Judd, rédigé conformément au Protocole public en cas d'incident électoral majeur.
Les États qui tentent de s'ingérer dans les processus électoraux du Canada recourent à plusieurs méthodes, y compris des tentatives d'influencer les mises en candidature dans les circonscriptions et de promouvoir un candidat ou de nuire à un autre. Il peut aussi s'agir d'efforts visant à attiser la haine ou à accentuer les différences partisanes.
[Traduction]
Monsieur le président, c'est ce qui arrive à tous les partis de tous les ordres de gouvernement.
Le comité a appuyé les recommandations pour rétablir le protocole public bien avant les prochaines élections fédérales et pour poursuivre le mandat jusqu'à la période préélectorale.
Le comité a également estimé que le gouvernement devrait envisager de couvrir toutes les formes d'ingérence étrangère dans le mandat du protocole, songer à faire siéger des Canadiens éminents dans le groupe, veiller à ce que tous les partis comprennent l'objet du protocole et le processus à suivre pour signaler un problème potentiel, et réfléchir à la façon dont le groupe informerait les Canadiens d'un incident d'ingérence étrangère.
Monsieur le président, pour conclure, les menaces à la sécurité du Canada sont fluides. Elles changent. Les parlementaires de toutes les allégeances politiques devraient continuer de porter attention à toutes ces choses et de chercher des moyens d'y faire face en poursuivant leurs audiences, leur travail, y compris leurs travaux législatifs, et en maintenant leur engagement envers les Canadiens.
Enfin, monsieur le président, avant de passer à autre chose, à des questions, je l'espère, je veux rappeler aux députés et à vous que ces rapports, les deux en version papier, qui ont été transmis aux députés, sont de 230 pages. Ils comprennent respectivement 456 et 125 paragraphes, et tout ce travail s'appuie sur 28 000 pages de documentation et sur les observations de dizaines de témoins et d'experts.
Merci, monsieur le président.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Bonjour, monsieur McGuinty. Je vous remercie d'être avec nous aujourd'hui.
Le rapport est assez limpide. De plus, le rapport public ne contient pas l'information qui est très secrète, évidemment. Pour vous aider un peu à nous éclairer, j'aimerais faire un parallèle avec ce qui s'est passé en Australie, puisque vous en parlez dans votre rapport.
Le Parlement et les partis politiques australiens ont été victimes de cyberattaques. De plus, dans un paragraphe de votre rapport, on mentionne qu'il y a eu une attaque directe à grande échelle, en pleine pandémie, en juin 2020, contre des entreprises, des hôpitaux, des écoles, et même des fonctionnaires.
Peut-on faire un parallèle avec le Canada? Est-ce que le Canada peut réagir à ce qui s'est passé en Australie?
Est-ce que nous pourrions subir exactement le même genre d'attaques?
Ma prochaine question porte sur le rôle des alliés internationaux. Mme Brady est venue témoigner récemment devant le Comité, et nous avons parlé de la situation de l'Australie.
J'aimerais avoir votre point de vue sur la situation du Royaume-Uni, qui vient de publier le rapport intitulé « Integrate Review of Security, Defence, Development and Foreign Policy », un rapport très costaud comme il ne s'en est pas fait depuis la Guerre froide. Ce rapport semble s'intéresser beaucoup à la résilience des infrastructures nationales.
On le sait, dans les pays du Groupe des cinq, il n'y a que le Canada qui s'est montré peut-être un peu plus laxiste par rapport à la question de Huawei. Le Royaume-Uni semble peut-être s'inquiéter un peu plus de la propriété de certaines technologies utilisées par le gouvernement.
Est-ce quelque chose qui inquiète le CPSNR ou qui l'interpelle au point de faire une éventuelle étude?
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Merci beaucoup, monsieur le président, et merci, monsieur McGuinty, de comparaître devant nous ce soir. Nous vous sommes reconnaissants de votre travail au CPSNR.
J'aimerais parler un peu de l'ingérence étrangère au Canada, des activités criminelles, en particulier de choses comme le blanchiment d'argent et son incidence sur les activités de gangs criminels au Canada, dont certains sont liés à l'ingérence étrangère. Selon l'estimation dans votre rapport, le chiffre le plus élevé est 100 milliards de dollars investis au Canada par l'entremise du blanchiment d'argent. Je parle d'« investissements » au sens large. C'est surtout dans l'immobilier et les casinos.
Ce sont les exemples nationaux dont on discute le plus publiquement, mais le SCRS et la GRC se penchent également là-dessus, et il en est évidemment fait mention dans vos rapports de 2018 et 2019 à propos d'un projet appelé « Sidewinder » dont il est question dans le document produit par Anne-Marie Brady, qui a comparu devant nous. Elle s'est fiée à l'ébauche de rapport de 1997 entre le SCRS et la GRC avec le nom de code « projet Sidewinder », qui visait à recueillir et à analyser des renseignements sur les efforts déployés par le gouvernement chinois et des gangs criminels asiatiques pour s'ingérer dans le milieu des affaires et le milieu politique au Canada. C'est un sujet très sérieux, bien entendu.
Le rapport ayant fait l'objet d'une fuite, l'ébauche de 1997, a en fait été discrédité par le SCRS en 1999 et en 2000, qui a dit qu'il ne respectait pas vraiment les normes de rigueur professionnelle et analytique. Le SCRS a également indiqué avoir examiné le rapport, et une version finale a été publiée en janvier 1999. Pour une certaine raison, le CPSNR en 2018 ou en 2019 ne mentionne pas le rapport définitif sur Sidewinder. Le CPSNR a-t-il accès à ce rapport pour l'examiner? Était-il au courant de son existence? L'a-t-il demandé?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Bonjour, monsieur McGuinty. Je suis heureuse de vous voir ici cette fois.
Comme vous l'avez souligné dans vos observations aujourd'hui, ainsi que dans le rapport de 2020 du CPSNR, « [l]a menace de l'espionnage et de l'ingérence étrangère est substantielle et continue de s'accroître »; en outre, « la Chine et la Russie sont toujours les principales coupables » et « représentent les menaces à long terme les plus lourdes de conséquences pour la souveraineté et la prospérité du Canada. »
Toutefois, j'ai noté que le rapport de 2018 du CPSNR soulignait également ce qui suit:
La Chine est reconnue à l'échelle mondiale pour les efforts qu'elle déploie pour influencer les communautés chinoises et la politique d'autres pays. Le gouvernement chinois compte un certain nombre d'organismes officiels qui tentent d'influencer les communautés chinoises et les politiciens afin qu'ils adoptent des positions favorables à la Chine [...]
Le rapport mentionne les riches hommes d'affaires chinois, les étudiants chinois, les groupes de la diaspora, les contributions politiques, les manifestations et l'influence exercée sur les médias de langue chinoise. Certes, la population canadienne entend de plus en plus parler des menaces implicites, explicites et multidimensionnelles pesant sur le milieu universitaire, la sphère politique, la recherche et la technologie, ainsi que le domaine des sciences.
Je pense que vous trouveriez juste que nous tirions la conclusion que la menace représentée par le régime communiste de la Chine pour la population canadienne continue manifestement de s'accroître et d'évoluer.
Pouvez-vous nous dire à quelles mesures le gouvernement devrait donner la priorité absolue pour lutter contre l'ingérence étrangère de la Chine et pour assurer la sécurité de la population canadienne? Par rapport à l'opération « Chasse au renard », vous savez sans doute que j'ai posé de multiples questions à ce sujet. Les États-Unis ont procédé à plusieurs arrestations, mais au Canada, ni les fonctionnaires ni les représentants élus ne peuvent affirmer que le Canada fait quoi que ce soit.
Quelles sont les mesures les plus hautement prioritaires que le gouvernement devrait prendre immédiatement en vue de protéger la population canadienne?
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C'est une excellente question, madame Stubbs. Je vous en remercie.
Dans le rapport de 2019, nous présentons ces secteurs-clés — l'influence sur les médias, sur le milieu universitaire, sur les campagnes politiques et sur la sphère politique. Nous avons tenté de les classer par champ, presque comme vous l'avez fait. En même temps, nous avons aussi limité le nombre de recommandations contenues dans la partie de notre rapport de 2019 qui porte sur la réponse à l'ingérence étrangère: elle n'en contient que deux.
La première recommandation vise l'élaboration d'une stratégie exhaustive pour lutter contre l'ingérence étrangère et pour renforcer la résilience des institutions et de la population. Elle est présentée en détail au paragraphe 297, à la page 123 du rapport de 2019. Nous y expliquons les mesures à prendre dans chaque secteur, y compris définir les risques à court et à long terme pour les institutions et les droits et libertés des Canadiens que fait peser la menace de l'ingérence étrangère, ainsi que les vulnérabilités institutionnelles auxquelles s'attaquent les États étrangers hostiles. Nous proposons ensuite un plan de travail pour une approche pancanadienne essentielle à l'amélioration de nos interventions dans ce domaine.
La deuxième priorité dont j'aimerais parler, si vous le voulez bien, est une recommandation que nous avons présentée dans deux rapports consécutifs maintenant au gouvernement et au . Il faudrait bien informer les députés et les sénateurs, au moment de leur assermentation et régulièrement par la suite, des risques que représente l'ingérence étrangère. Cette recommandation est fondée sur le fait que, comme un témoin précédent l'a souligné, les élus ne comprennent pas toujours ce qui se passe autour d'eux.
Nous n'avons formulé que deux recommandations, et la recommandation no 5, comme on l'appelle, présente les mesures prioritaires par secteur.