Bienvenue à la 28e réunion du Comité spécial sur les relations sino-canadiennes. Conformément à l'ordre de renvoi du mercredi 23 septembre 2020, le Comité se réunit pour étudier les relations entre le Canada et la Chine.
[Français]
Conformément à la motion adoptée par la Chambre le 25 janvier 2021, il s'agit d'une réunion en mode hybride.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à M. Marc Garneau, ministre des Affaires étrangères.
Je vous remercie, monsieur Garneau, d'être ici ce soir.
[Traduction]
J'aimerais également souhaiter la bienvenue aux fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement, qu'on appelle communément Affaires mondiales Canada: Marta Morgan, sous-ministre; Daniel Costello, sous-ministre adjoint, Sécurité internationale; Weldon Epp, directeur général, Bureau de l'Asie du Nord et de l'Océanie.
Je vous remercie toutes et tous d'être ici.
Monsieur Garneau, je vous prie de nous présenter votre déclaration préliminaire. Vous avez cinq minutes.
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Merci, monsieur le président.
[Français]
Monsieur le président, c'est un plaisir pour moi d'être parmi vous aujourd'hui.
L'autoritarisme croissant et la diplomatie coercitive de la Chine constituent des défis pour les démocraties du monde entier. Tous les pays réexaminent et réorientent leur engagement avec la Chine, et le Canada ne fait pas exception.
Nous cherchons tous à déterminer comment nous pouvons réconcilier nos objectifs commerciaux, nos objectifs en matière de sécurité et nos objectifs en matière de droits de la personne. Dans ce contexte, notre approche à l'égard de la Chine est en constante évolution. Elle est fermement guidée par nos principes, nos valeurs et nos intérêts, tout en reflétant la complexité de notre relation.
La Chine devient rapidement une influence mondiale avec laquelle tous les pays doivent apprendre à coexister. Cela signifie qu'il faut reconnaître les situations où il est nécessaire de coopérer avec la Chine, par exemple, lorsqu'il s'agit de problèmes mondiaux, comme le changement climatique. Cependant, cela signifie également que nous sommes en concurrence avec la Chine d'un point de vue commercial et en ce qui touche la promotion de nos valeurs.
[Traduction]
Cela sous-entend également de contester la Chine lorsque des droits de la personne sont bafoués ou que des citoyens et des intérêts canadiens sont mis en péril.
Nous devons continuer à travailler avec nos partenaires du monde entier pour protéger l'ordre international fondé sur des règles et défendre les droits et libertés de la personne. Ce sont là des valeurs canadiennes fondamentales au coeur de notre politique étrangère.
Je serai clair. Toute forme de relation à long terme avec la Chine dépend du retour en toute sécurité de Michael Kovrig et de Michael Spavor au Canada. M. Kovrig et M. Spavor sont détenus illégalement depuis plus de 900 jours. Leur retour à la maison est et doit rester notre priorité absolue dans nos relations avec la Chine, point final. Il y a deux semaines, les deux hommes ont reçu la visite périodique habituelle d'agents consulaires, qui soulignent leur force et leur résilience impressionnantes. Nous continuons à réclamer leur libération tout en pressant la Chine de nous accorder l'accès consulaire aux autres citoyens canadiens détenus sur son territoire, dont M. Huseyin Celil, afin que nous puissions confirmer son bien-être. Nous demandons également la clémence pour Robert Schellenberg et pour tous les Canadiens condamnés à la peine de mort.
De concert avec nos partenaires internationaux, nous continuons de dénoncer les mauvais comportements de la Chine. Nous avons demandé à la Chine de mettre fin à sa campagne de répression systématique contre les Ouïghours et les autres minorités ethniques musulmanes, à la lumière des preuves écrasantes de travail forcé, de rééducation politique, de torture et de stérilisation forcée. Nous avons annoncé des sanctions contre quatre représentants de l'État et une entité pour leur implication dans cette répression.
Nous travaillons également avec nos alliés du G7 et du Groupe des cinq pour condamner la militarisation croissante de la Chine en mer de Chine orientale et en mer de Chine méridionale, où la Chine revendique de vastes zones, ce qui alimente les tensions dans la région.
La puissance économique de la Chine a renforcé ses ambitions et ses intérêts au‑delà de la région Asie-Pacifique, où elle jouit d'une influence énorme depuis des siècles; ses visées s'étendent désormais à la planète entière, y compris au Canada. La concurrence croissante avec la Chine et l'omniprésence de la technologie numérique nous obligent à travailler avec d'autres gouvernements, avec les entreprises et les universités pour protéger la propriété intellectuelle et l'infrastructure numérique, et même pour protéger nos institutions démocratiques contre l'ingérence étrangère et l'ingérence dans les élections.
Les activités hostiles d'acteurs étatiques constituent des menaces stratégiques à long terme pour le Canada. Elles peuvent compromettre nos avantages économiques, industriels, militaires et technologiques. Les chercheurs et les innovateurs, entre autres, sont vulnérables à l'espionnage et au piratage.
En septembre dernier, le a lancé le nouveau portail intitulé Protégez votre recherche, qui fournit des outils et des conseils aux Canadiens sur la meilleure façon de protéger leur propriété intellectuelle.
En mars, les ministres de la Sécurité publique et de l'Innovation, des Sciences et de l'Industrie ont annoncé l'élaboration de lignes directrices spéciales sur les risques afin d'intégrer les considérations de sécurité nationale à l'évaluation et au financement des partenariats de recherche.
Nous travaillons également avec les autres pays du G7 à contrer l'ingérence étrangère, notamment au moyen de l'initiative canadienne intitulée « Mécanisme d'intervention rapide », qui renforce la coordination au sein du G7 pour repérer, prévenir et contrer les menaces que la désinformation fait peser sur les démocraties du G7.
[Français]
Malheureusement, nous observons présentement une recrudescence de la haine antiasiatique depuis le début de la pandémie au Canada et partout dans le monde.
Des Canadiens d’origine chinoise et asiatique sont nos voisins, nos collègues, nos amis et des membres de notre famille. Ils ne devraient jamais se sentir en danger ou menacés à cause de leur origine.
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Merci, monsieur le président. Je vous remercie de comparaître devant nous, monsieur le ministre.
Tout récemment, l'ambassadeur de l'Australie aux États-Unis a affirmé que l'administration Biden cherchait à resserrer ses collaborations de recherche avec ses alliés et qu'elle surveillait de près comment le Canada, comme ses autres alliés, gérait l'ingérence de la Chine dans les universités canadiennes. Il a déclaré que Washington risquait fort de rejeter tout partenariat de recherche avec les universités ou peut-être même les pays ne tenant pas suffisamment compte de la sécurité nationale.
Le gouvernement américain consacre environ 50 milliards de dollars canadiens par année aux National Institutes of Health. Une grande partie de ce financement va à des chercheurs canadiens. En comparaison, nos conseils subventionnaires offrent au total 3 milliards de dollars au Canada.
Le a affirmé en mars dernier qu'il y aurait très bientôt de nouvelles lignes directrices sur les partenariats de recherche. Quand seront-elles publiées?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je vous remercie, monsieur le ministre, d'être des nôtres aujourd'hui. Nous prenons plaisir à avoir l'occasion d'échanger avec vous de semaine en semaine les lundis soirs.
Comment avez-vous réagi lorsque, le 22 avril dernier, votre collègue la ministre des Affaires étrangères de la Nouvelle‑Zélande, Mme Nanaia Mahuta, a déclaré qu'il n'était pas nécessaire d'invoquer systématiquement le Groupe des cinq pour créer une coalition d'appui relativement à des questions particulières dans le domaine des droits de la personne?
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Je dirais non pour deux raisons.
D'abord, il est très évident que la Nouvelle‑Zélande est notre alliée en matière de droits de la personne. Elle l'a exprimé très clairement en appuyant la déclaration sur les détentions arbitraires.
L'autre raison, c'est que nous nous engageons dans plusieurs forums multilatéraux, dont le G7, qui a soulevé très fortement, lors de la récente réunion des ministres des Affaires étrangères, la question des droits de la personne en Chine. Nous avons parlé d'une seule voix. Il ne s'agit donc pas seulement du Groupe des cinq. Cela peut être le G7 ou d'autres forums multilatéraux où divers pays s'expriment concernant la Chine et les droits de la personne.
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C'est fort louable, monsieur le ministre.
Toutefois, lundi soir dernier, nous avons abordé la question des moteurs d'avion de Pratt & Whitney Canada, dont on attend le permis pour l'exportation vers la République populaire de Chine.
À la lumière de votre réponse précédente, dois-je comprendre que la raison pour laquelle on n'accorde pas ce permis d'exportation depuis nombre d'années, ce qui met en péril les emplois à l'usine de Longueuil notamment, tient au fait que vous avez des réserves ou des craintes quant à l'utilisation potentielle de ces moteurs d'avion par le gouvernement de la République populaire de Chine?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Bonjour, monsieur le ministre.
En premier lieu, j'aimerais mentionner que j'ai bien apprécié votre allocution d'ouverture. J'ai aimé ce que vous avez dit, même si parfois cela ne semblait pas correspondre en entier à la réaction du ou du gouvernement. En tout cas, c'est un bon départ, car ce que vous avez mentionné est la réalité que nous vivons actuellement en ce qui concerne la Chine.
Évidemment, le peuple chinois et les Asiatiques en général ne sont pas visés par nos propos, puisque nous parlons toujours contre le régime.
À ce sujet, le , est venu nous voir il y a quelques semaines, et il y avait un problème de compréhension quant à la situation géopolitique. J'aimerais donc revenir sur les questions concernant la sécurité et la défense du Canada sur le plan territorial.
Actuellement, la Chine se considère comme étant une région près de l'Arctique. Officiellement, est-ce que la Chine est un territoire considéré comme faisant partie de l'ensemble de la région de l'Arctique?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Monsieur le ministre, je suis bien content de vous voir cet après-midi au Comité spécial sur les relations sino-canadiennes. J'en profite pour saluer aussi les fonctionnaires qui vous accompagnent, et je les remercie aussi de leurs services.
Plus tôt, ma collègue Mme Yip vous a posé des questions. Je voudrais revenir sur deux d'entre elles en particulier.
Tout d'abord, Mme Yip a dit que la Chine de 2016 n'était pas la Chine de 2021, et que l'approche du Canada devait évoluer en tenant compte d'une Chine en évolution.
Pouvez-vous nous préciser davantage l'approche adoptée par le Canada à l'égard de la Chine?
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Je vous remercie beaucoup de la question. J'avais commencé à y répondre, mais je n'ai pas eu assez de temps.
En effet, la Chine évolue et elle a changé depuis 2016. Nous devons changer notre approche à l'égard de la Chine. Nous devons employer ce que j'appelle l'approche des quatre « C ».
Il faut coexister avec la Chine et parfois coopérer avec elle, notamment en ce qui concerne le changement climatique, qui nous touche tous à l'échelle mondiale. J'en profite pour vous donner un exemple. Récemment, nous avons renégocié une entente avec la Chine sur les vols commerciaux entre nos deux pays. Il s'agit d'un domaine dans lequel il faut coopérer.
Il y a aussi l'aspect de la concurrence. Bien sûr, nous voulons vendre nos produits sur les marchés internationaux, tout comme la Chine.
Par ailleurs, il faut parfois critiquer la Chine. C'est absolument essentiel, et nous le faisons. Nous l'avons fait au sujet du traitement des Ouïghours, de ce qui se passe à Hong Kong et de la détention arbitraire des deux Michael.
Nous avons également critiqué la position agressive de la Chine dans la mer de Chine méridionale et à Taïwan. Nous n'hésitons pas à parler franchement avec la Chine lorsque c'est nécessaire.
J'aimerais mentionner un autre point important. Nous travaillons maintenant de manière multilatérale au lieu de parler directement avec la Chine. Nous le faisons régulièrement. Nous prenons souvent des positions unanimes au sein du Groupe des cinq, du G7 et d'autres forums multilatéraux. De cette façon, nos prises de position ont plus d'effet.
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Je vous remercie d'avoir posé cette question, qui n'est pas souvent posée.
La réponse est oui. Je suis en contact avec leurs familles de façon régulière. Dans le cas de Michael Spavor, je suis en contact avec son père, Stan, son frère, Paul, et ses deux sœurs. Je suis en contact avec tous les quatre. Il en va de même dans le cas de Michael Kovrig.
Je dirais qu'il s'agit probablement de ma tâche la plus difficile. Je fais des comptes rendus de la situation. Nous avons un accès consulaire et les familles veulent vraiment savoir comment les choses se passent. En fait, elles souhaitent surtout savoir s'il y a des progrès concernant nos efforts pour les faire relâcher.
Ces conversations sont parfois pénibles, car, comme vous le savez, les deux Michael sont en prison depuis plus de 900 jours. C'est absolument essentiel de maintenir ce contact. Ils souffrent beaucoup. Je dirais également que beaucoup de Canadiens souffrent, car nous avons perdu deux citoyens qui nous sont très chers.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Monsieur le ministre, je vous comprends très bien lorsque vous dites à quel point il est difficile d'entretenir des conversations avec les parents des deux Michael. À titre d'ex-ministre de la Sécurité publique du Québec, j'ai dû à quelques reprises échanger avec des parents et des conjoints de policiers décédés en service. Je dois dire que ce sont des moments difficiles, mais ils sont des plus enrichissants.
Comme mon collègue M. Paul‑Hus l'a dit il y a quelques instants, on a appris dans le Globe and Mail qu'Affaires mondiales Canada aurait émis un avis qui était contraire à la décision du ministère de la Défense nationale, qui visait à annuler les exercices conjoints qui étaient prévus entre l'Armée de la libération populaire de Chine et les Forces armées canadiennes sur une base en Ontario. Nous avons entendu le point de vue du et de ses fonctionnaires lorsqu'il a comparu.
Pourquoi avez-vous donné un avis contraire, alors que la logique même voulait effectivement que ces exercices soient annulés.
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Eh bien, de façon générale, comme je l'ai dit, nos politiques à l'égard de la Chine évoluent. Je ne peux parler en détail de choses qui se sont produites avant mon arrivée.
À propos de la situation liée à Nuctech, je dois dire que nous avons dit très clairement que nous n'avions acheté aucun équipement auprès de Nuctech et que nous n'utiliserons pas l'offre à commandes attribuée à Nuctech. Cependant, nous avons tiré des leçons de cette affaire. Nous avons appris que nous devions déterminer comment améliorer les choses en ce qui concerne les futurs achats d'équipements de sécurité. Nous n'avons rien caché à ce sujet. Nous prenons des mesures pour apporter des améliorations au processus d'approvisionnement qui ont été recommandées dans l'examen relatif à ce dossier.
En ce qui concerne le centre de réception des demandes de visa, nous sommes parfaitement conscients des risques liés à l'exercice d'activités dans un environnement étranger. Nous avons un processus d'approvisionnement rigoureux, mené par SPAC, pour nos contrats à l'étranger. Le rôle du centre de réception des demandes de visa dans le système d'immigration se limite à un soutien logistique et administratif. Les fonctionnaires d'IRCC surveillent de près les activités des centres de réception des demandes de visa pour s'assurer que les normes strictes en matière de confidentialité, telles qu'elles sont détaillées dans le contrat, sont respectées. Nous disposons d'un grand nombre de preuves qui montrent que nous surveillons cela très attentivement, et...
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Merci, monsieur le président. Je remercie à nouveau le ministre, la sous-ministre et les fonctionnaires de leur présence.
En ce qui concerne le dernier sujet abordé, il pourrait être important de rappeler que le comité est établi de sorte que le gouvernement, qu'il soit majoritaire ou minoritaire à la Chambre, soit toujours minoritaire à ce comité. Par conséquent, le gouvernement libéral ne comptera que 5 représentants sur les 11 qui y siègent. C'est une chose pour laquelle nous nous sommes battus lorsque le gouvernement Harper avait refusé tout mécanisme de surveillance parlementaire des questions de sécurité, quelles qu'elles soient.
Il fallait seulement que je parle de cette expérience.
Monsieur le ministre, vous avez dit que la Chine d'aujourd'hui est différente de celle d'il y a cinq ans. C'est vrai. Une chose que vous devez faire, c'est travailler dans un contexte multilatéral et travailler avec des pays aux vues similaires et même parfois avec des pays aux vues différentes pour trouver une façon de traiter avec la Chine. En ce qui concerne Hong Kong, notre gouvernement a fait de nombreuses déclarations avec l'Union européenne, les États-Unis et le Royaume-Uni, entre autres. Vous avez participé récemment à la rencontre des ministres des Finances et des Affaires étrangères des pays du G7, et une déclaration sur les Ouïghours et l'horrible situation au Xinjiang a été publiée. Vous travaillez également au dossier des détentions arbitraires. Je vous donne en quelque sorte un ensemble très divers de choses. Ce ne sont que des exemples des rôles de premier plan et des rôles que vous jouez en collaboration avec d'autres pays en ce qui concerne la détention arbitraire.
J'aimerais que vous disiez ce que vous pensez de cette façon de travailler.
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Je vous remercie beaucoup de la question et de la précision que vous avez faite concernant la composition du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement.
Nous croyons que si nous devons transmettre un message à la Chine, ce message, de façon générale, c'est que sur cette planète, nous fonctionnons tous conformément au droit international fondé sur des règles et que la prise de mesures diplomatiques coercitives est inacceptable. Heureusement, nos partenaires aux vues similaires, comme les membres du G7 et en particulier notre plus proche pays allié, les États-Unis, sont du même avis.
Il est certainement inacceptable qu'un pays détienne des civils innocents d'un autre pays parce que son point de vue diffère sur un sujet particulier. Certes, la Chine et le Canada ont des divergences d'opinions, mais on ne règle pas cela en emprisonnant des citoyens de l'autre pays. La Chine n'est pas le seul pays à blâmer sur ce plan, mais c'est un exemple.
Nous croyons que si nous agissons ensemble, que nous favorisons la voie multilatérale, nous envoyons un message plus fort. C'est essentiellement cela. Il y avait une partie très importante dans le communiqué des ministres des Affaires étrangères du G7 qui se sont réunis à Londres. Vous verrez probablement quelque chose de similaire lorsque les dirigeants se rencontreront à Cornwall la semaine prochaine.
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Je vous remercie, monsieur le président.
J'aimerais utiliser ce temps pour proposer la motion pour laquelle j'avais envoyé un avis. Cette motion a été distribuée à tous les membres du Comité. Voici son libellé:
Que, en ce qui concerne les documents que le Comité a ordonné à l’Agence de la santé publique du Canada de produire le lundi 31 mars et le lundi 10 mai 2021, le Comité publie sur son site Web tous les documents reçus de l’Agence dans leur forme caviardée actuelle, tout en insistant sur le fait que l’Agence de la santé publique doit se conformer pleinement aux ordres portant production de documents non caviardés.
Monsieur le président, cette motion reflète le fait que nous n'avons malheureusement pas reçu les documents non caviardés. Cependant, nous avons reçu des documents caviardés. Des journalistes nous ont demandé de diffuser ces documents et la population souhaite que ces renseignements soient rendus publics. Je pense que nous avons l'obligation de le faire.
Nous avons reçu ces documents. Nous avons eu amplement le temps de les examiner. Je pense que les membres du Comité conviendront avec moi qu'il n'y a rien dans ces documents qui ne puisse être rendu public. L'Agence de la santé publique du Canada a caviardé des renseignements qu'elle ne voulait pas rendre publics — à mon avis, c'était inapproprié, mais cela a quand même été fait.
Étant donné que ce caviardage n'aurait pas dû avoir lieu, mais qu'il a tout de même eu lieu, nous n'avons aucune raison, à ce moment‑ci, de ne pas rendre publiques les versions caviardées de ces documents. Je pense que nous avons l'obligation de le faire.
Je présente donc cette motion. J'espère qu'elle pourra être traitée rapidement et que nous pourrons revenir aux questions. J'ai présenté cette motion pour veiller à ce que ce soit fait.
Je vous remercie.
Je ne m'oppose pas à la motion, mais je veux aussi l'examiner et y réfléchir un peu à l'aide des commentaires des membres du Comité pour comprendre comment cela sert le bien public.
J'ai déjà appuyé ce type de motion dans d'autres comités, mais je me demande quelle est son utilité et pourquoi nous devrions la traiter à ce moment‑ci, puisque nous avons encore une série d'activités en cours. En effet, notre comité a adopté une motion pour obtenir certains documents à des fins d'examen. Cette motion a ensuite été doublée et remplacée par une motion de l'opposition à la Chambre, ce qui m'a également rendu perplexe, car il semblait qu'on ne permettait pas à notre comité de poursuivre ses travaux pendant que la Chambre avait un autre ordre à la demande des conservateurs. Maintenant, nous avons quelque chose qui saute encore une fois par-dessus un processus qui, à mon avis, n'est pas encore terminé.
J'espère donc que les membres du Comité pourront me dire ce que nous ajoutons au dialogue et au discours publics sur cette question, ce que nous souhaitons accomplir et comment cela pourrait — peut-être pas nécessairement entrer en conflit, mais changer l'ordre des étapes définies par la Chambre. Je ne crois pas que nous ayons terminé de traiter les motions présentées au Comité en mai dernier — lorsque nous avons présenté deux motions qui s'imbriquaient l'une dans l'autre — ou la motion de la Chambre, et nous devons maintenant traiter cette motion.
Comme je l'ai dit, en principe, je ne suis pas contre cette motion, mais je tiens également à veiller à ce que nous fassions les choses dans un ordre logique.
J'ai lu une entrevue avec l'ancien député Derek Lee que j'ai trouvé intéressante, car il est fasciné par cette question. Il a d'ailleurs écrit un livre sur les questions de privilège parlementaire. Dans cette entrevue, il a parlé, avec beaucoup de circonspection, de son désir de s'assurer que toutes les activités du Comité soient liées aux travaux du Comité et au bien public et qu'elles ne soient pas simplement motivées par une activité politique partisane.
J'aimerais seulement approfondir cette question. Je trouve un peu dommage que cela se produise pendant que des témoins comparaissent, car ils ont pris le temps d'être ici ce soir — et le jour de mon anniversaire, en plus.
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Eh bien, je suis heureux de l'entendre.
Je comprends ce que dit M. Oliphant, en ce sens que nous sommes en train d'entreprendre une étude sur ce qui s'est passé au laboratoire de Winnipeg par l'entremise de l'Agence de la santé publique du Canada et nous avons besoin de ces documents et de ces renseignements pour pouvoir faire notre travail. Je voulais féliciter M. Genuis et d'autres membres du Comité de leur travail acharné pour obtenir ces renseignements. Nous avons tous participé à cette recherche et à la motion présentée à la Chambre.
Je crains qu'il soit difficile pour le public de suivre ce que nous faisons si nous demandons ces documents, comme dans le titre du livre de Derek Lee, et que nous ne les obtenons pas. Je présume que la démarche appropriée consiste à donner suite à cette demande à la Chambre des communes.
Je n'étais pas là, car j'étais occupé à rédiger un rapport pour un autre comité, mais je crois savoir que le légiste et conseiller parlementaire leur a écrit depuis que vous avez soulevé la question, monsieur Genuis, à la Chambre cet après-midi, pour leur dire que nous n'avions pas obtenu les documents non caviardés, et la Chambre est maintenant saisie d'une motion de privilège. Il peut donc sembler qu'une procédure n'attend pas l'autre.
Je me demande toutefois dans quelle mesure la question de la publication d'une version caviardée de ces documents alors que nous avions demandé des documents non caviardés est toujours pertinente. Est‑ce que cela nous empêchera de faire notre travail ou est‑ce que cela donnera simplement à d'autres personnes l'occasion d'analyser ces documents pendant que nous tentons d'obtenir les autres documents?
J'aimerais obtenir quelques éclaircissements à ce sujet, car je pense que le public pourrait éprouver des difficultés à suivre les diverses procédures parlementaires en cours, comparativement à l'essentiel de ce que recherche le Comité dans ces documents. J'aimerais que vous nous expliquiez la situation un peu plus clairement.
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En tant que président du Comité, le choix ne me revient pas. La décision relève du Comité. Les députés ont toujours la possibilité de proposer des motions, mais, en ce moment, les membres du Comité ne semblent pas vouloir débattre de la question. Puisque c'est le cas, je dois demander à la greffière de procéder au vote.
[Traduction]
(La motion est adoptée par 11 voix contre 0.)
Le président: Je vous remercie beaucoup.
Maintenant, si je comprends bien — M. Genuis est peut être au courant —, lorsqu'un membre du Comité utilise son temps pour proposer une motion et, bien entendu, qu'il parle ensuite de sa motion, il renonce malheureusement au reste de son temps.
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Notre approche liée à la Chine évolue pour répondre aux défis des menaces qui pèsent sur notre sécurité nationale, sur les valeurs démocratiques et sur les droits de la personne. Nous avons reconnu que nous devions confronter la Chine au sujet d'un grand nombre de ces questions.
Je pense qu'un bon exemple de travail avec les alliés est le travail que nous avons effectué sur la détention arbitraire. Comme l'a mentionné le , 63 pays ont maintenant signé notre déclaration sur la détention arbitraire, qui est pratiquée par un certain nombre d'États dans le monde et va à l'encontre des règles qui régissent le système international.
Nous travaillons en étroite collaboration avec nos alliés internationaux par l'entremise du G7, par exemple. À la suite de la réunion des ministres des Affaires étrangères du G7, au début du mois de mai, une déclaration détaillée a été émise pour dénoncer les violations des droits de la personne commises à l'encontre des Ouïghours. Nous travaillons avec des alliés au sein du Comité des droits de l'homme des Nations unies, par exemple, pour dénoncer les violations des droits de la personne commises contre les Ouïghours et pour obtenir un accès sans contrainte pour le rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l'homme. Les exemples de ce genre sont nombreux, que ce soit avec nos partenaires du G7 ou avec ceux du Groupe des cinq. Parfois, nous travaillons de manière bilatérale, par exemple avec le Royaume-Uni, sur un enjeu particulier.
Je pense que l'un des principaux messages que j'aimerais transmettre concerne l'importance d'établir ces alliances et de travailler avec des alliés. Nous sommes tellement plus forts lorsque nous travaillons ensemble. C'est un élément essentiel de notre stratégie et de notre approche pour l'avenir.
La protection de la liberté d'expression, la promotion de la démocratie et la protection des droits de la personne, tels sont les valeurs essentielles qui orientent la politique étrangère du Canada partout dans le monde. Voilà les principes essentiels de notre politique étrangère, et, sur ces questions, nous travaillons en liaison très étroite avec nos alliés.
Hong Kong est un autre bon exemple. En mars, le Canada et ses partenaires du G7 ont publié une déclaration dans laquelle ils exprimaient de graves motifs de préoccupation sur la décision prise par le Congrès national du peuple de réviser le système électoral de Hong Kong.
Au début de janvier, dans une déclaration commune avec l'Australie, le Royaume‑Uni et les États-Unis, nous avons réitéré nos craintes à l'égard des arrestations massives. Sans s'acharner sur Hong Kong ou la Chine seulement, le Canada exprime ces positions et opinions sur de nombreuses tribunes, quand il perçoit la nécessité de promouvoir, de concert avec ses partenaires, les droits de la personne, la démocratie et la liberté d'expression.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être toujours des nôtres à cette heure tardive, ce soir.
Madame la sous-ministre, vous vous attendez assurément à ce que je revienne sur ma question, à laquelle vous n'avez pas pu répondre étant donné qu'il ne me restait plus de temps.
Selon le Globe and Mail, l'avis aurait été publié par Affaires mondiales Canada, à l'encontre de la décision des Forces armées canadiennes d'annuler l'exercice conjoint prévu entre les troupes de l'Armée de la libération populaire de Chine et les Forces armées canadiennes, sur une base militaire située en Ontario.
Qu'est-ce qui justifie cet avis contraire de la part d'Affaires mondiales Canada, alors que, logiquement, tout pointait vers l'annulation de cet exercice?
Mon collègue M. Paul‑Hus disait qu'il avait beaucoup apprécié les propos du ministre dans sa déclaration d'ouverture. Je vais vous dire que j'ai aussi beaucoup apprécié certains passages de sa déclaration d'ouverture, notamment concernant la situation des Ouïghours. J'ai cru déceler dans le propos du ministre une reconnaissance d'un certain nombre de faits concernant, par exemple, la stérilisation forcée de femmes ouïghoures.
Lorsque j'écoutais le ministre, il me semble que j'entendais les différents paramètres définis dans la déclaration sur les génocides. À la lumière de la déclaration du ministre aujourd'hui, qu'est-ce qui empêche toujours le Canada de reconnaître qu'il y a bel et bien un génocide en cours dans le Xinjiang?
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Je vous remercie pour la question.
Le gouvernement du Canada a pris un certain nombre de mesures concernant Hong Kong, en collaborant en liaison très étroite avec ses partenaires du G7 et ses principaux alliés. Nous avons également suspendu notre accord d'extradition avec Hong Kong, nous étudions soigneusement tous les permis d'exportation vers Hong Kong et nous avons mis à niveau nos mesures de contrôle des exportations.
Nous prenons des mesures dans les endroits où c'est logique de le faire. Nous collaborons avec nos alliés pour faire savoir à la République populaire de Chine que, comme convenu par elle, Hong Kong doit profiter du modèle de gouvernance « un pays, deux systèmes ».
Voilà le problème. Ce n'est pas un comité du Parlement. En fait, le paragraphe 4(3) de la loi régissant ce comité dit que ce « n'est ni un comité du Sénat ou de la Chambre des communes ni un comité mixte de ces deux chambres ». Autrement dit, ce n'est pas un comité parlementaire. Ni comité de la Chambre des communes, ni comité du Sénat du Canada, ni comité mixte des deux chambres, c'est un comité de la branche exécutive du gouvernement. Son secrétariat est hébergé sur les sites Web du gouvernement du Canada.
En fait, le site Web et les plans ministériels sont de nature à induire très facilement en erreur, et je voudrais que ça change, parce que ça rend un très mauvais service au public et que ça nuit à l'intégrité de nos structures constitutionnelles.
Le titre de la…
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Oui, et je rappelle humblement à la présidence qu'elle a le droit, si elle perd le contrôle de la séance, de la lever, advenant un coup de colère d'un membre pendant qu'un autre a le droit de parole. C'est dans le Règlement.
Comme je le disais, j'ai deux points à soulever. D'abord, des fonctionnaires sont venus témoigner sur une étude très précise. Nous faisons une étude qui touche notre travail et nous avons invité ces fonctionnaires d'Affaires mondiales Canada, du secteur des affaires étrangères. Nous recevons la sous-ministre des Affaires étrangères. Ce n'est pas de son ressort ni de son mandat de comprendre ou de savoir ce qu'est ce comité des parlementaires ni de nous renseigner sur son rôle.
Ensuite, il y a le ton, que j'estime absolument essentiel que nous conservions en notre qualité de parlementaires. C'est le décorum. Le mot figure dans le Règlement de la Chambre, sur la marche à suivre d'un comité et sur la conduite de ses membres.
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Merci, monsieur le président.
Dans les plans ministériels de 2021‑2022, le libellé de la responsabilité essentielle du Secrétariat a été modifié: d'« aide le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement à remplir son mandat », c'est devenu « Examen parlementaire des activités de sécurité nationale et de renseignement ».
Le responsable de cette modification doit l'annuler. Le Secrétariat et le comité des parlementaires en question ne sont pas engagés dans un examen parlementaire. Un tel examen relève de nous, les membres du comité ici présents et des autres comités permanents de la Chambre des communes, des comités mixtes du Sénat et de la Chambre des communes et des comités du Sénat. Le comité des parlementaires n'est pas un comité parlementaire. C'est précisé dans le paragraphe 4(3) de la loi. Je voudrais que le Canada s'assure de corriger le plus tôt possible le libellé pour assurer la conformité de l'information et sa fidélité au texte de la loi.
Je saute à une petite question sur le laboratoire de Winnipeg.
Affaires mondiales Canada accorde des visas aux ressortissants de pays visés par l'obligation de visa pour entrer au Canada. Un scientifique, Feihu Yan, de l'académie de médecine militaire de l'Armée populaire de libération, a travaillé un certain temps au Laboratoire national de microbiologie de l'Agence de la santé publique du Canada. Quand et dans quelles circonstances Affaires mondiales Canada lui a‑t‑il délivré un visa?
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Puisque j'ai la parole pour la première fois ce soir, je veux juste dire, à l'instar de tous les membres du Comité et certainement des témoins, que mes pensées et mes prières accompagnent la communauté de London, qui a été aujourd’hui la cible d'une attaque haineuse et complètement injustifiable au Canada. Nos pensées et nos prières accompagnent la communauté de London et toute la communauté musulmane au Canada, qui ne devrait pas avoir à subir ce genre d’attaque dans un pays comme le nôtre.
Ma première question concerne la Déclaration contre la détention arbitraire dans les relations d’État à État, présentée par le Canada en février. M. Oliphant et le ministre en ont parlé un peu. À ce jour, sauf erreur, 63 pays ont adhéré à la Déclaration.
Madame Morgan, pourriez-vous nous donner une mise à jour sur les progrès réalisés à cet égard?
Y a-t-il des démarches, en ce moment, visant à obtenir l'appui de plus de signataires à l'égard de cette déclaration, que j'estime très importante?
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Je vous remercie de la question.
Le Canada a vraiment démontré un leadership international pour ce qui est de mettre fin à cette pratique inacceptable d'arrestations et de détentions arbitraires à des fins de pression diplomatique. Les 63 pays qui ont appuyé la Déclaration contre la détention arbitraire dans les relations d'État à État représentent près du tiers des pays du monde. Nous sommes donc très fiers du travail que nous avons accompli au ministère.
Récemment, soit le 5 mai, nous avons diffusé lePlan d'action pour le partenariat avec le soutien absolu du G7 afin de passer des paroles aux actes et de mettre fin à cette pratique dans le monde entier. Nous continuons de parler avec d'autres pays et j'espère que, à un moment donné, nous pourrons revenir devant ce comité pour vous dire que plus de pays ont appuyé la Déclaration.
[Traduction]
C'est une question que je soulève régulièrement dans les discussions bilatérales que j'ai avec mes collègues, tout comme le ministre Garneau.
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Je vous remercie, madame la sous-ministre.
Ma deuxième question concerne la situation des Ouïghours. De pair avec plusieurs de ses alliés internationaux, le Canada a imposé — comme vous le savez, bien sûr — des sanctions contre des fonctionnaires chinois impliqués dans la persécution de la population ouïghoure. Nous avons vu la Chine aller de l'avant pour ce qui est d'exercer des représailles à l'égard de l'un de nos parlementaires et, par le fait même, de nos institutions démocratiques.
Observe-t-on ce genre de représailles à l'étranger?
Quel effet cela a-t-il sur l'adhésion à certaines critiques plus fermes et nécessaires du régime chinois?
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Le Canada, qui est signataire de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, a des obligations suivant cette convention. Or, l'article II de la Convention prévoit ce qui suit:
Dans la présente Convention, le génocide s'entend de l'un quelconque des actes ci-après, commis dans l'intention de détruire, ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel:
a) Meurtre de membres du groupe;
b) Atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe;
c) Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle;
d) Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe;
e) Transfert forcé d'enfants du groupe à un autre groupe.
Ainsi, un seul de ces actes se qualifie au titre de génocide. Je poursuis avec l'article III et l'article IV.
Seront punis les actes suivants:
a) Le génocide; b) L'entente en vue de commettre le génocide; c) L'incitation directe et publique à commettre le génocide; d) La tentative de génocide; e) La complicité dans le génocide.
Les personnes ayant commis le génocide ou l'un quelconque des autres actes énumérés à l'article III seront punies, qu'elles soient des gouvernants, des fonctionnaires ou des particuliers.
Compte tenu du fait que le ministre, dans son allocution d'ouverture, a reconnu l'existence de certains des actes mentionnés dans cette convention, pourquoi le gouvernement du Canada refuse-t-il toujours de reconnaître qu'il y a bel et bien génocide dans le Xinjiang?
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Merci beaucoup, monsieur Harris.
J'aime que les membres gèrent le temps dont ils disposent. Bien sûr, c'est à eux de le faire, mais j'essaie de les aider en leur signalant le temps qu'il leur reste.
Je pense que nous avons suffisamment de temps pour M. Paul-Hus et M. Oliphant.
[Français]
Monsieur Paul‑Hus, vous avez la parole pour cinq minutes.
En fait, vous avez la parole pour quatre minutes. Je crois qu'il faudra mieux gérer le temps de parole.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Madame Morgan, nous parlons régulièrement de nos rencontres du G7 et du Groupe des cinq. Dans mes premières années en politique, j'ai participé à plusieurs rencontres de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord, ou OTAN. J'ai pu personnellement poser une question au secrétaire général de l'OTAN, M. Stoltenberg, à Bucarest, concernant la défense.
L'OTAN se concentre surtout sur l'Europe. Toutefois, en 2018, nous recevions des menaces de la Corée du Nord, et j'avais demandé à M. Stoltenberg si l'OTAN allait intervenir sur le flanc ouest de l'Alliance. Sur le coup, ma question l'a surpris, parce que jamais le Canada n'a fait partie des pays qui pouvaient être menacés.
En ce qui concerne la cybersécurité, nous nous fions beaucoup à nos collègues américains. Dans le cadre de vos relations internationales avec les pays de l'OTAN, y a-t-il des discussions au sujet de la défense et des moyens qu'ont les différents pays d'aider le Canada en ce qui concerne les attaques de la Chine?
On sait qu'il y a la question de la Russie, également, mais, aujourd'hui, nous sommes ici pour parler de la Chine.
Le Canada et les États‑Unis sont-ils vraiment interreliés?
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Je vous remercie, madame la sous-ministre.
C'est une bonne question, monsieur Paul‑Hus.
On discute effectivement beaucoup de ce sujet à l'OTAN. Il est vrai que l'OTAN est une alliance de pays d'Europe et d'Amérique du Nord. La montée de la Chine ainsi que toutes ses actions dans le monde en ce moment soulèvent plusieurs questions quant aux répercussions sur la zone euro-atlantique.
L'Alliance cherche à mieux comprendre les répercussions de cette position beaucoup plus agressive de la Chine. On veut comprendre ce que cela signifie. L'OTAN s'intéresse aussi aux technologies, aux systèmes et aux intentions de la Chine à l'échelle mondiale. Récemment, il y a eu des discussions, et quelques documents ont été publiés à cet égard. Bien que l'Alliance se concentre surtout sur la zone euro-atlantique, elle doit néanmoins avoir une connaissance globale de la situation.
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Bonsoir, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité.
Je suis ravi de comparaître devant ce comité après avoir reçu, la semaine dernière, une invitation à le faire. Je comprends que vous travaillez tard dans la soirée, et je vous suis également reconnaissant de l'intérêt que vous portez à ce sujet très important.
Les rapports que j'ai rédigés à la demande du procureur général de la Colombie-Britannique, David Eby, en 2018 et 2019, sont la principale raison pour laquelle on m'a demandé de comparaître. Le premier, intitulé Dirty Money, portait sur des allégations de blanchiment d'argent dans les casinos de la Colombie-Britannique. Le second, Dirty Money - Part 2, portait sur des allégations de blanchiment d'argent dans d'autres secteurs, notamment les voitures de luxe et l'immobilier. Les deux rapports sont disponibles gratuitement sur Internet.
Je dois également préciser que je suis actuellement président du Centre international pour la réforme du droit criminel, une ONG affiliée à l'ONU et située à l'Université de la Colombie-Britannique. Le CIRDC, comme on l'appelle, s'est fortement investi dans un échange avec les universités et le gouvernement chinois au cours des années 1990 et pendant une bonne partie de la première décennie du siècle actuel. Il s'agissait d'un programme solide qui comprenait la présentation de conférences en Chine par nos associés sur des questions liées au droit criminel et à l'État de droit, ainsi que l'accueil de dignitaires et d'universitaires chinois en visite. Nous restons en contact avec un associé de l'ONU à l'Université normale de Pékin. S'il y a quelque chose que le CIRDC peut faire pour favoriser les relations entre le Canada et la Chine, comme nous l'avons fait dans le passé, il suffit de le demander.
Sur une note personnelle, en 1996, je me suis rendu en Chine avec le CIRDC et j'ai donné des conférences dans des universités et au parquet populaire, l'équivalent de notre ministère public, sur le thème du blanchiment d'argent. À d'autres occasions, j'ai visité Hong Kong et Macao. C'est un pays et un peuple étonnants. Je suis fermement convaincu que les relations entre le Canada et la Chine sont d'une importance capitale pour notre pays. Le Canada se porte beaucoup mieux grâce à son importante diaspora chinoise qui, en plus d'alimenter l'économie, est travaillante, engagée dans la communauté et fière d'être canadienne. Nous avons besoin de l'immigration de la Chine et nous avons besoin des capitaux de la Chine.
Je suis également un sous-commissaire de la GRC à la retraite, et j'ai passé de nombreuses années à travailler dans le domaine de la criminalité financière et à diriger ce travail au sein de la police. À ce titre, j'ai visité de nombreux pays asiatiques et assuré la liaison avec leurs services de police nationaux. Le sujet qui vous intéresse, cependant, découle de mon travail sur le crime organisé et le blanchiment d'argent, qui a donné lieu aux rapports Dirty Money. Dans le premier rapport, j'ai décrit, graphiques à l'appui, comment les banquiers clandestins du Canada et de la Chine ont pu — c'est le moins qu'on puisse dire — faire facilement de l'argent par les deux bouts. En effet, ils facilitaient les sorties de capitaux de la Chine en enfreignant le contrôle des devises chinoises et blanchissaient les produits de la criminalité au Canada. Les personnes fortunées déposaient de l'argent auprès d'un banquier clandestin en Chine, prenaient l'avion pour Vancouver et recevaient un sac d'argent liquide à leur arrivée. Ils pouvaient en faire ce qu'ils voulaient, et beaucoup choisissaient de jouer dans les casinos. L'origine de la richesse des Chinois était inconnue dans la plupart des cas, mais très probablement légitime. Leur objectif était d'investir ou d'utiliser leur argent à l'étranger. L'argent qui leur était remis à leur arrivée provenait principalement du trafic de drogue national et international. On a appelé ce processus le « modèle de Vancouver ».
Je terminerai en disant que la Chine est connue pour sa grande fermeté à l'égard du trafic de drogue intérieur. Le problème, ce sont les groupes du crime organisé chinois qui mènent leurs activités à l'extérieur de la Chine, notamment les Big Circle Boys et les triades, qui utilisent les liens familiaux et les réseaux pour distribuer dans le monde entier des drogues fabriquées dans la province du Guangdong et ailleurs. Cependant, je tiens à être très clair: les Canadiens consomment ces drogues et achètent ces produits illégaux, de sorte que le blâme ne devrait pas être unidirectionnel. De plus, il est important de réaliser que le crime organisé d'aujourd'hui a une portée mondiale, qu'il forme des alliances au besoin, qu'il ne se limite pas à une seule ethnie et qu'il ne se limite pas à une seule marchandise.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de comparaître devant vous et je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Bonjour, monsieur German. Je vous remercie d'être des nôtres.
Comme vous l'avez mentionné, le crime organisé a des tentacules partout. Il y a divers groupes de criminels partout dans le monde. Aujourd'hui, nous parlons plus spécifiquement du crime organisé chinois, qui est, comme on le sait, bien établi au Canada. J'aimerais savoir si vous avez une idée du mécanisme qui est utilisé pour transférer de l'argent. L'un de mes collègues a déjà proposé un projet de loi concernant le financement étranger — ce que l'on appelle le « tunnel fund » —, une façon dont les organisations criminelles transfèrent de l'argent au pays.
Pouvez-vous nous en parler un peu?
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Comme je l'ai mentionné dans ma déclaration liminaire, le problème est qu'en raison du contrôle des devises, il est difficile de sortir de l'argent de la Chine sans autorisation. Je crois savoir que les choses se sont resserrées à cet égard au cours des dernières années.
À l'échelle internationale — et ce n'est pas seulement entre la Chine et le Canada, mais dans le monde entier —, on constate qu'il existe des banquiers clandestins. Les banquiers clandestins sont des entreprises de services monétaires, mais qui ne sont pas enregistrées. C'est la façon la plus simple de voir les choses. Elles ne sont pas enregistrées auprès du CANAFE au Canada. Ce sont des individus qui ont une connexion d'une manière ou d'une autre. Ils peuvent avoir un contact familial, ou des collègues, ou ils peuvent être membres d'un réseau de trafic de drogue. Tout ce qu'ils ont à faire, c'est d'envoyer un message au contact qui se trouve sur l'autre continent et de dire: « j'ai de l'argent. Je détiens de l'argent. Vous pouvez donner l'argent à M. Untel ». Aucun argent ne circule réellement dans un sens ou dans l'autre. Il n'y a pas de virements électroniques. Il y a un règlement de comptes entre les banquiers clandestins à un moment ultérieur, ou l'argent reçu d'un client est ensuite envoyé à un tiers, peut-être pour acheter de la drogue ou autre chose.
Pour répondre à votre question, ce qui est le plus probable, et le plus courant, c'est le recours à ces fournisseurs informels de transferts de fonds connus sous le nom de banquiers clandestins.
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Je vais commencer par la deuxième partie de la question.
Il faut toujours garder à l'esprit que la propriété effective comporte deux aspects: la propriété effective des sociétés et la propriété effective des terres. Puisque les terres sont de compétence provinciale, c'est aux provinces de s'en occuper. La Colombie-Britannique est la première province à créer un registre des bénéficiaires effectifs pour les terres. Nous espérons trouver l'ultime propriétaire effectif de toutes les terres de notre province.
Malheureusement, ou heureusement, la question de la propriété effective des sociétés relève du gouvernement fédéral. Nous savons que le gouvernement fédéral a annoncé qu'il étudiait la création d'un registre fédéral de la propriété effective des sociétés en 2025, je crois, simplement parce que la constitution en société peut se faire au provincial et au fédéral.
Il convient d'intégrer tout cela d'une façon ou d'une autre. J'appuie évidemment la création de registres de la propriété effective, tant pour les terres que pour les sociétés. L'important, cependant, c'est... Il y a un certain nombre de facteurs, mais sans m'étendre sur le sujet, je vois deux facteurs importants. Le premier est un scénario « à données inexactes, résultats erronés »: il faut vérifier ce qui est inclus, sinon cela ne vaut rien. Il faut un processus de vérification quelconque...
Je pense que la commission Cullen actuellement en cours en Colombie-Britannique tente de le faire. Il sera donc intéressant de prendre connaissance de son rapport. Beaucoup de gens ont essayé. Je ne suis ni économiste ni comptable, alors je n'essaie pas. D'abord, beaucoup de facteurs différents sont en jeu. Ce n'est pas comme s'il y avait une transparence des données. Les organisations de narcotrafiquants ne révèlent rien; elles ne publient pas d'états financiers.
Nous comptons généralement sur le FMI et la Banque mondiale, qui font l'estimation des activités illicites et criminelles en pourcentage du PNB. Je crois que c'est de l'ordre de 3 % à 5 %. Il faut aussi considérer que nous n'avons pas les chiffres pour le marché gris, qui est rapidement lié à l'argent de la criminalité; donc, c'est une économie souterraine.
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Oui. Merci, monsieur. Je vous suis reconnaissant de la question.
Je pense que pendant un certain temps, les gens ont considéré le blanchiment d'argent comme un concept abstrait. Je vais parler de la Colombie-Britannique. Je pense que le rapport Dirty Money, le travail du procureur général de la province et maintenant la commission Cullen ont aidé les gens à prendre conscience que le blanchiment d'argent est le mécanisme sous-jacent du crime organisé — dont la raison d'être est de faire de l'argent — qui permet de blanchir l'argent pour ensuite l'utiliser.
Si le blanchiment d'argent est le mécanisme sous-jacent du crime organisé, que fait le crime organisé? Quels produits vendent-ils? Les drogues illicites... Au centre-ville de Vancouver, c'est le fentanyl, qui fait plus de victimes que la COVID. On parle de cinq décès par jour ici, à Vancouver, et je sais qu'il y en a d'autres ailleurs au pays. Voilà le lien. C'est le crime organisé. Il s'agit de faire de l'argent par toutes sortes d'activités illicites, notamment le trafic de drogue, et des gens perdent la vie à cause de cela.
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Bien sûr. Chaque communauté... Je vais considérer le type caucasien comme une diaspora ethnique, car je suis caucasien. Chaque diaspora a tendance à avoir son propre crime organisé. C'est un pourcentage. Aucun pays n'est dépourvu de criminalité. Disons-le comme cela.
Prenons la communauté caucasienne. Il y a les groupes de motards criminels, formés majoritairement de gens de type caucasien. Qui sont leurs proies? Ils ont tendance à cibler les gens de leur propre communauté. Transposé à la communauté vietnamienne, cela signifie que le crime organisé vietnamien s'en prend surtout aux gens de la communauté vietnamienne. Pourquoi? C'est une question de langue et de culture, notamment — c'est plus facile.
De nos jours, nous constatons qu'il se forme constamment des alliances au sein du crime organisé. Comme je l'ai mentionné dans ma déclaration préliminaire, nous constatons aujourd'hui que des gangs de communautés différentes travaillent ensemble. Les groupes de motards criminels travaillent avec le crime organisé iranien, le crime organisé asiatique, etc. Cela ne se limite pas à un seul groupe ethnique. Je pense qu'il est très important de le souligner. Voilà pourquoi l'exemple que je préfère est celui des groupes de motards criminels.
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Monsieur German, je vous remercie d'être des nôtres à cette heure tardive. Vous avez souligné le fait que nous étions au travail très tard, mais vous êtes avec nous à cette même heure, alors je vous remercie.
Vous avez souligné, dans votre déclaration d'ouverture, à quel point la République populaire de Chine n'y va pas avec le dos de la cuillère pour mater les groupes criminels sur son territoire. Dans la première partie de votre rapport concernant l'argent sale, vous parlez surtout de groupes organisés mexicains, et vous parlez peu des groupes criminels organisés chinois comme les réseaux Big Circle Boys, 14K et Sun Yee On.
Compte tenu du très grand contrôle que le gouvernement de la République populaire de Chine exerce sur à peu près toutes les facettes de la vie sur son territoire, comment peut-on s'imaginer que ces groupes qui agissent sur des territoires étrangers, comme au Canada, par exemple, échappent au contrôle de la République populaire de Chine?
En d'autres termes, croyez-vous qu'il soit possible que la République populaire de Chine utilise ces groupes pour déstabiliser des démocraties occidentales?
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Je vous remercie de ces questions, monsieur.
Je suppose que tout est possible. Essentiellement, on parle de crime organisé parrainé ou soutenu par l'État. Je n'ai aucune preuve, donc je ne peux pas dire si cela existe ou non.
Je dois aussi souligner que mes rapports ne sont pas des exercices de recherche de coupables. Ils ne visaient donc pas à pointer du doigt un individu précis. C'est plutôt le rôle de la commission Cullen, qui est en cours. On m'a demandé de découvrir ce qui se passe dans nos casinos.
De toute évidence, les Big Circle Boys jouent un rôle depuis un certain temps, tout comme les triades. Certes, les triades ont une longue histoire en Chine, et il convient de se demander dans quelle mesure on leur a permis d'exister. Quant à savoir quel est leur rôle à l'échelle internationale et quelles relations elles entretiennent avec le gouvernement chinois, je ne saurais le dire. Ce serait que pure conjecture de ma part.
Il ne fait aucun doute que le crime organisé a été présent dans les casinos de la Colombie-Britannique. Les personnes impliquées étaient surtout d'origine asiatique. Je ne saurais dire s'il s'agit de citoyens canadiens, de résidents permanents ou de visiteurs.
Quant aux nombreux « gros joueurs », comme on appelle ceux qui ont beaucoup d'argent, il n'y a aucune raison de croire que ceux qui sont venus étaient liés à des activités criminelles. Ils voulaient simplement sortir de l'argent de Chine.
Nous savons qu'il y a eu des prêts usuraires pendant de nombreuses années dans la communauté asiatique de Richmond et à proximité des casinos. Des usuriers ont été assassinés. C'est un exemple du problème dont j'ai parlé plus tôt. Nous savons qu'il se passait toutes sortes de choses dans diverses diasporas.
Le crime organisé a certainement été actif dans les casinos.
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Merci, monsieur le président.
Merci de vous joindre à nous aujourd'hui et de nous transmettre vos connaissances sur le crime organisé, monsieur German.
Dans la deuxième partie de « Dirty Money », vous expliquez que les groupes criminels chinois sont alliés à des groupes criminels mexicains et du Moyen-Orient, et vous parlez de la création de partenariats pour différentes entreprises et marchandises illégales, et vous ajoutez, en soulignant, ce qui suit:
En outre, de nombreux rapports font état d’acteurs étatiques opérant dans le Grand Vancouver.
Puis, dans la note de bas de page, on précise que « guerre hybride » est utilisé pour décrire « les États qui travaillent de concert avec le crime organisé pour atteindre leurs objectifs », notamment « la subversion économique et le financement de la menace, dans lesquels un État-nation mène des actions offensives par le biais de véhicules financiers ».
Pouvez-vous nous dire de quoi il s'agit? Vous venez de dire que vous n'aviez pas beaucoup de preuves d'une action étatique, mais ce passage fait manifestement référence à de nombreux rapports faisant état d'acteurs étatiques opérant dans le Grand Vancouver. Pouvez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet?
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Je suis plutôt d'accord, monsieur.
La GRC a sciemment pris la décision d'abolir l'unité des produits de la criminalité en 2013, ainsi que l'unité des infractions commerciales et l'escouade antidrogue, des unités spécialisées qui existaient depuis de nombreuses années, pour adopter un nouveau modèle de lutte contre le crime organisé. Une fois ce modèle en place, la GRC a été confrontée au problème du terrorisme. De surcroît, il y a eu le problème des ressources fédérales. Ce problème s'est fait davantage ressentir dans les huit provinces liées par contrat, par opposition à l'Ontario et au Québec, provinces dans lesquelles la GRC agit tout simplement comme police fédérale. Tous ces facteurs sont entrés en ligne de compte.
À ma connaissance, la GRC a bénéficié de crédits supplémentaires dans les derniers budgets et a pu relancer le programme. La GRC a essentiellement revu son programme de lutte contre les crimes financiers. On ne peut nier qu'il y a eu une période morte. J'en ai parlé à de nombreuses reprises. Je l'ai également mentionné dans mon rapport Dirty Money - Part Two, et cela a fait l'objet de discussions dans la sphère publique.