Bienvenue à la 4e séance du Comité spécial sur les relations sino-canadiennes. Conformément à la motion adoptée le mercredi 23 septembre 2020, le Comité se réunit pour étudier les relations entre la Chine et le Canada.
[Français]
La réunion d'aujourd'hui est en format hybride, conformément à la motion adoptée par la Chambre le 23 septembre 2020. La réunion est également télévisée et sera accessible sur le site Web de la Chambre des communes.
[Traduction]
Pour assurer le bon déroulement de la réunion, j'aimerais vous présenter quelques règles à suivre.
Les membres peuvent s'exprimer dans la langue officielle de leur choix. Des services d'interprétation sont offerts pendant la séance. Vous avez le choix, au bas de votre écran, entre le parquet, l'anglais ou le français. Veuillez attendre que je vous nomme avant de vous exprimer. Si vous participez à la séance par vidéoconférence, veuillez cliquer sur l'icône du microphone pour activer le son.
Toutefois, si l'un des membres du Comité vous pose des questions, n'attendez pas que j'intervienne pour y répondre. Je dois vous avertir que, lorsque le temps de parole d'un député est écoulé, je suis forcé de l'interrompre — ou d'interrompre le témoin qui répond à ses questions. Je tenais simplement à vous en informer à l'avance.
[Français]
Je vous rappelle que toutes les interventions des membres ainsi que celles des témoins doivent être adressées à la présidence. Veuillez parler lentement et clairement.
[Traduction]
Lorsque vous n'intervenez pas, veuillez mettre votre microphone en sourdine.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à notre premier groupe de témoins. Nous accueillons M. Steve Tsang, directeur, SOAS China Institute, University of London, qui témoignera à titre personnel; M. Adam Nelson, conseiller principal pour l'Asie-Pacifique, National Democratic Institute; et Mme Mabel Tung, présidente, Vancouver Society in Support of Democratic Movement.
Bienvenue à tous, et merci de votre présence.
Je dois vous informer que M. Tsang doit nous quitter à 11 h 50, heure de l'Est.
Nous allons commencer par entendre les déclarations préliminaires.
Monsieur Tsang, la parole est à vous pendant cinq minutes.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Pendant les cinq minutes dont je dispose, j'aimerais expliquer que la ligne dure que le gouvernement chinois a adoptée à l'égard de Hong Kong n'est pas totalement inévitable. Ils ont choisi une ligne dure en prenant une décision claire. Nous ne devons pas oublier qu'en 2003, alors qu'un demi-million de personnes descendaient également dans les rues de Hong Kong pour protester contre l'introduction d'une loi sur la sécurité nationale, le gouvernement de l'époque, tant à Hong Kong qu'à Pékin, a accepté de se retirer de ce processus. Hong Kong est en fait revenue à la normale.
Les événements qui se sont déroulés de 2019 à 2020 ne présentaient aucune caractéristique intrinsèque qui obligeait le gouvernement chinois à adopter cette ligne très dure. Il l'a fait parce que les choses ont changé. Les choses ont changé en ce qui concerne le leadership de la Chine. Xi Jinping a adopté une approche très différente de celle de son prédécesseur. Les choses ont également changé parce qu'en réalité, sur le plan économique, Hong Kong n'est pas aussi importante pour la Chine qu'elle l'était en 1997 ou dans les années 1980, lorsque le gouvernement chinois a accepté de lui accorder son statut spécial après 1997. Hong Kong représente aujourd'hui moins de 3 % de l'économie chinoise, alors qu'en 1997, elle contribuait à environ 20 % de cette économie. En outre, dans les années 1980, on parlait d'une contribution de plus de 30 %. Ce changement a permis à la Chine de se passer de Hong Kong.
Il y a environ deux ans, sous la direction de Xi Jinping, le gouvernement chinois a aussi modifié la façon dont il envisageait la place de Hong Kong au sein de la Chine. Au lieu de considérer Hong Kong comme un lieu tout à fait unique, comme une région administrative spéciale, ils ont commencé à voir Hong Kong comme une partie de ce qu'ils appellent la « région de la Grande Baie », au centre de laquelle il y a en fait Shenzhen. Ils voulaient que Hong Kong fasse partie de la Grande Baie et contribue à cette région d'une manière que Shenzhen et Guangzhou ne pouvaient pas le faire, mais Hong Kong n'était plus considérée comme aussi spéciale que dans le passé.
Pendant l'été 2019, il y a eu d'énormes manifestations à Hong Kong. Le gouvernement chinois de Xi Jinping considérait essentiellement que Hong Kong se comportait comme territoire rebelle et négligeable, et qu'en conséquence, les choses devaient changer. C'est la raison pour laquelle il a présenté cette année la loi sur la sécurité de l'État. En vertu de la Loi fondamentale de Hong Kong, c'est-à-dire la constitution de Hong Kong, le gouvernement chinois a tout à fait le droit de demander à Hong Kong de présenter une sorte de loi sur la sécurité nationale. L'article 23 de la Loi fondamentale prévoit ce droit. Mais au lieu de le faire, le gouvernement chinois a choisi de demander au comité permanent de l'Assemblée nationale populaire d'imposer à Hong Kong une loi extérieure sur la sécurité de l'État. Je pense qu'il l'a fait délibérément afin d'intimider les habitants de Hong Kong et de s'assurer qu'ils ont compris le message et qu'ils cessent de protester — ou, selon le point de vue du gouvernement, qu'ils cessent de se rebeller.
Selon l'avis des dirigeants, ils ont réussi. Les militants prodémocratie de la génération précédente de Hong Kong sont restés silencieux ou ont choisi de prendre leur retraite. Les citoyens plus jeunes ont été suffisamment intimidés pour que nous n'assistions pas aux genres de manifestations et de protestations massives observées à Hong Kong, même si cette loi va constituer un changement majeur pour Hong Kong. La loi sur la sécurité de l'État prévoit également une application extraterritoriale, ce qui montre que le gouvernement chinois n'est plus vraiment préoccupé par les réactions internationales relatives à la manière dont il compose avec Hong Kong. Je pense que nous devrions garder cela à l'esprit.
Monsieur le président, je suis conscient qu'il ne me reste qu'environ 22 secondes. Je tiens à souligner que j'ai utilisé le terme « loi sur la sécurité de l'État » délibérément, parce que la loi qu'ils ont présentée n'est pas vraiment une loi sur la sécurité nationale. Hong Kong n'est pas aux prises avec un problème de sécurité nationale. Elle fait face à un problème de sécurité du régime.
Voilà la conjoncture que les citoyens de Hong Kong observent. Voilà la situation qu'ils affrontent. Par conséquent, nous pouvons nous attendre à ce que le gouvernement chinois continue d'adopter une ligne très dure à l'égard de Hong Kong, avec toutes les conséquences que cela suppose pour les amis des habitants de Hong Kong, comme le gouvernement canadien.
Je vais m'arrêter ici, et vous rendre la parole.
Merci beaucoup.
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Je vous remercie de l'occasion qui m'est donnée de m'entretenir avec vous aujourd'hui.
Je m'appelle Adam Nelson, et je suis conseiller principal de l'équipe Asie-Pacifique au National Democratic Institute (NDI), et je participe à la séance depuis Washington D.C. Je tiens à souligner que Washington D.C., est situé sur le territoire traditionnel du peuple Anacostan Piscataway.
Je suis toujours heureux de parler de l'avenir de la démocratie et des droits de la personne à Hong Kong. Cette ville me tient à cœur, car j'y ai vécu, travaillé et étudié pendant près de 10 ans, principalement dans le domaine de la démocratie, des droits de la personne et de l'entrepreneuriat social tant en Chine continentale qu'à Hong Kong.
Le NDI, qui compte des bureaux dans plus de 50 pays, est une organisation non gouvernementale et non partisane qui s'emploie depuis plus de 35 ans à promouvoir les principes démocratiques de transparence, de responsabilité et d'inclusion dans le monde entier et à soutenir l'établissement d'institutions démocratiques. Nous travaillons en étroite collaboration avec nos organisations sœurs, l'International Republican Institute, le Center for International Private Enterprise et le Solidarity Center, pour mener à bien ce travail.
Tout comme de nombreux autres donateurs à l'échelle mondiale, Affaires mondiales Canada est un fervent partisan de notre travail, en particulier au Moyen-Orient et en Eurasie, et nous tenons à les remercier de ce soutien.
Avant de parler du travail du NDI à Hong Kong, j'aimerais vous faire remarquer que, dans le domaine des relations avec la Chine, le NDI est prodémocratie, et non « anti-Chine ».
Depuis 1997, le NDI travaille avec des partenaires de tous les horizons politiques afin d'aider Hong Kong à tenir les promesses démocratiques formulées dans la Loi fondamentale et la déclaration conjointe sino-britannique. Pour ce faire, nous avons établi des partenariats ou travaillé avec des institutions universitaires de Hong Kong et avec l'éventail complet des partis politiques et des groupes de la société civile, afin de faire progresser la recherche, l'éducation et le dialogue non partisans en vue d'appuyer une gouvernance inclusive et à l'écoute des citoyens.
En outre, le NDI procède régulièrement à des évaluations complètes des progrès démocratiques de Hong Kong, notamment en ce qui concerne la primauté du droit et la protection des libertés civiles, dans le cadre de notre série intitulée « Promise of Democratization in Hong Kong ».
Il est clair que notre travail a eu des répercussions. Comme Pékin craint notre travail, il s'en est pris à nous — ainsi qu'au président du NDI — en qualifiant le NDI d'organisation favorable à l'imposition de sanctions, afin d'obtenir que nous arrêtions de mettre en œuvre nos programmes. Nous ne sommes pas favorables à l'imposition de sanctions. En fait, nous cherchons des moyens de nous développer et de continuer d'appuyer les aspirations démocratiques des citoyens de Hong Kong.
Le défi fondamental que pose la nouvelle Loi sur la sécurité nationale de Hong Kong — laquelle interdit la succession, la subversion, le terrorisme et la collusion avec des forces étrangères —, c'est surtout qu'elle peut être utilisée à toutes les fins souhaitées par Pékin ou par les dirigeants de Hong Kong, et qu'en fait, elle l'est à l'heure actuelle. Toute action, qu'il s'agisse d'une manifestation pacifique ou d'une critique, s'inscrira dans le cadre de la loi.
Nous avons vu des champions de la démocratie arrêtés et inculpés, des jeunes gens enlevés dans les rues de Hong Kong, des législateurs harcelés et des médias indépendants attaqués. Certains ont trouvé l'environnement opérationnel tellement inquiétant qu'ils ont fui la ville vers le Royaume-Uni, l'Europe, Taiwan, les États-Unis et, bien sûr, le Canada.
Nous voyons également à l'œuvre la diplomatie véhémente de « guerrier-loup » du gouvernement chinois lorsque ses ambassadeurs attaquent et menacent l'Occident, en réponse à toute critique des abus commis par la Chine en vertu de la nouvelle loi.
Le NDI lui-même constate une peur croissante chez ses partenaires historiques. Certains partenaires craignent la Loi sur la sécurité nationale suffisamment pour limiter leurs interactions avec le NDI, ce qui a l'effet escompté, c'est-à-dire un effet paralysant sur le débat démocratique.
De nombreux groupes prodémocratie, à l'exception de certains chefs de file clés, craignent que leurs plaidoyers ou leurs déclarations les fassent remarquer et que leur famille à Hong Kong ne soit ciblée ou que les autorités les arrêtent à leur retour.
Le NDI continuera de soutenir les efforts déployés dans deux directions: premièrement, en soutenant les poches de résilience démocratique qui existent dans le territoire de Hong Kong qui se referme maintenant; deuxièmement, en assurant, dans le cadre de la défense des intérêts internationaux, la liaison avec la communauté internationale à propos des questions de démocratie et de gouvernance auxquelles Hong Kong fait face et en tâchant principalement de mettre en évidence les opinions des citoyens de Hong Kong eux-mêmes.
Nous sommes en train de mettre la dernière main au rapport sur notre dernier sondage d'opinion. Au cours des dernières années, nous avons mené une série d'enquêtes pour connaître les points de vue des citoyens de Hong Kong sur le développement démocratique et la réforme politique. La deuxième enquête a été réalisée à l'automne 2018, et la dernière enquête, à l'automne 2019, ce qui a permis de comparer directement l'incidence que le mouvement de protestation a eue sur l'attitude des gens. Un résultat notable a été la priorité supérieure accordée à la démocratie par rapport à l'économie, en particulier chez les jeunes.
Nous venons également d'entamer une analyse à distance détaillée qui nous permettra d'examiner l'environnement politique qui découle de la nouvelle loi et de la décision de retarder les élections du conseil législatif. Nous collaborons avec des partenaires canadiens pour mener les sondages et assurer la surveillance des médias sociaux en vue d'examiner l'environnement de l'information et établir les sources et la prolifération de la désinformation, un travail que nous accomplissons énergiquement maintenant, en collaboration avec des partenaires de Taïwan dans le domaine de la technologie civique. Le sondage est toujours en cours, mais il révèle un manque de confiance dans la crédibilité de l'environnement de vote à l'approche des élections du conseil législatif de l'année prochaine et un grand désir de quitter la ville observé chez les citoyens de Hong Kong.
Le Canada s'appuie depuis longtemps sur sa crédibilité morale au sein de la communauté internationale pour promouvoir la démocratie et les droits de la personne. Je serais donc heureux de parler de la manière dont le gouvernement du Canada pourrait continuer de jouer un rôle constructif, compte tenu de la situation qui existe à Hong Kong.
C'est un honneur pour moi d'être invitée à comparaître et de représenter mon organisation, la Vancouver Society in Support of Democratic Movement. Elle a été créée en juin 1989 après le massacre de la place Tiananmen le 4 juin.
Au cours des 31 dernières années, notre organisation a aidé et parrainé de nombreux dissidents et militants chinois prodémocratiques à s'installer au Canada. En tant que Canadiens ayant des racines et des liens à Hong Kong, nous avons été témoins de manifestations contre la loi sur l'extradition qui se sont poursuivies pendant une année, de milliers d'arrestations et d'atrocités policières perpétrées à l'encontre de manifestants pacifiques.
Depuis que la Loi sur la sécurité nationale a été adoptée, elle est utilisée pour réprimer l'expression légitime et pacifique d'opinions. Des personnes ont été arrêtées pour possession de drapeaux, d'autocollants et de bannières portant des slogans politiques. La loi est également utilisée pour poursuivre des personnalités politiques et des militants prodémocratiques.
De nombreux Hongkongais qui ont participé au mouvement craignent de subir le même sort que les manifestants étudiants de la place Tiananmen il y a 31 ans. Ils se tournent vers des démocraties occidentales dans le but d'obtenir protection et refuge. Déjà 46 citoyens de Hong Kong, dont bon nombre ont participé à des manifestations passées, demandent l'asile au Canada, invoquant le harcèlement et la brutalité des forces de police, ainsi que la crainte de poursuites judiciaires injustes. Nous nous attendons à ce que ce nombre augmente une fois que notre frontière sera ouverte aux visiteurs étrangers.
Au cours de la dernière année, nous avons aidé plusieurs jeunes gens à demander l'asile politique au Canada. Ils luttent pour joindre les deux bouts et éprouvent un grand nombre de difficultés. Ils ne sont pas en mesure d'étudier en raison des frais de scolarité élevés pour les non-résidents. Ils souffrent de troubles de stress post-traumatique et, malgré cela, ils ne peuvent pas se permettre de suivre des traitements psychologiques coûteux qui ne sont pas couverts par la couverture médicale des demandeurs d'asile, et ils ne peuvent pas trouver d'emploi en raison de la pandémie de COVID-19. Nous demandons donc instamment au gouvernement du Canada d'accélérer le traitement de ces cas et d'allouer des ressources pour être prêt à composer avec un grand nombre de demandeurs d'asile dans les mois à venir.
À l'échelle nationale, l'élite politique canadienne vit un réveil brutal en voyant le vrai visage d'un régime totalitaire qui utilise l'intimidation et la « diplomatie des otages » à l'encontre du Canada, un État que la Chine juge inférieur à elle. Alors même que nos politiciens s'efforcent de réévaluer les rapports du Canada avec la Chine, celle-ci infiltre depuis des années tous les secteurs de la société canadienne. Cette infiltration survient le plus souvent au sein des communautés chinoises du pays.
Au cours des 50 dernières années, de nombreux Chinois ont émigré à l'étranger afin d'échapper à des poursuites politiques, de chercher de nouvelles perspectives ou de retrouver leur famille, mais le PCC traite les Chinois d'outre-mer comme des actifs incorporels qu'ils peuvent utiliser pour favoriser le commerce, les échanges culturels et l'avancement technologique, ainsi que pour importer leur savoir-faire et influencer les gouvernements étrangers. De nombreux pays ont la même attitude envers leurs propres citoyens vivant à l'étranger, mais l'utilisation par le PCC des Chinois d'outre-mer transgresse de nombreuses frontières morales et juridiques.
L'Institut Confucius qui est établi en Colombie-Britannique n'enseigne pas seulement la langue et la culture chinoises, mais aussi l'idéologie et les valeurs du PCC, au sein de notre système éducatif canadien. Le FBI a également enquêté sur le projet « mille personnes » et a découvert qu'il s'agissait d'un projet visant à permettre à la Chine d'avoir accès aux milieux scientifiques et technologiques américains. Un projet semblable mis en oeuvre au Canada cherche à atteindre le même objectif, à savoir l'accès aux sciences et aux technologies canadiennes. Le SCRS a déjà mis en garde nos universités à ce sujet.
Le PCC recrute également des Chinois à l'étranger pour servir ses intérêts et parler en son nom en inondant les médias sociaux de nouvelles et de documents visant à faire connaître les réalisations et la grandeur du PCC et de la Chine. Ces médias comprennent les chaînes de télévision de Chine et de Hong Kong, le média social WeChat, ainsi que certaines productions réalisées par des médias de langue chinoise au Canada.
Par exemple, récemment, de nombreuses organisations chinoises locales, dont la Chinese Benevolent Association et le National Congress of Chinese Canadians, ont publié des annonces dans les journaux locaux visant à appuyer la Loi sur la sécurité nationale et à créer l'illusion que les communautés chinoises locales soutiennent cette loi, même si elle va à l'encontre de nos valeurs canadiennes comme la liberté d'expression.
Nous exhortons le gouvernement canadien à bannir l'Institut Confucius de nos écoles, à surveiller les activités du Département du travail du Front uni, à bannir Huawei et WeChat et à imposer les sanctions Magnitsky aux représentants chinois et hongkongais qui sont directement impliqués dans des situations où les droits de la personne sont bafoués à Hong Kong, au Tibet et au Xinjiang.
Merci beaucoup.
:
J'aimerais souligner que lorsque je vivais à Hong Kong, j'avais vraiment l'impression que la ville était sécuritaire, comme l'a dit Mme Tung. J'y ai déménagé en 2006. Les choses ont changé radicalement lorsque Xi Jinping est arrivé au pouvoir.
J'allais en Chine continentale, et lorsque je revenais à Hong Kong, j'avais l'impression d'être dans un endroit où l'on était particulièrement libre. Ce n'est pas le cas aujourd'hui. Par exemple, lors de mon dernier voyage à Hong Kong, j'y étais avec le président du National Democratic Institute, Derek Mitchell, et notre directeur régional, Manpreet Anand. Nous avons été suivis dès leur arrivée à l'aéroport. Des gens nous ont pris en photo. Ils nous prenaient en photo lorsque nous nous réunissions et lorsque notre président rencontrait d'autres ambassadeurs et d'autres personnes dans la ville. Ils mettaient les photos dans des journaux dirigés par Pékin principalement. C'était dans le but de nous effrayer et de nous intimider, en plus des sanctions qui nous ont été imposées.
De plus, je pense que les conditions qui sont imposées par la loi sur la sécurité nationale à Hong Kong, en ce qui concerne les données et la présence des forces de sécurité chinoises, sont très difficiles. C'est franchement inquiétant. Moi-même, compte tenu de mon travail — même le fait de participer à cette réunion, ce qui est illégal en vertu de la loi sur la sécurité nationale et, je crois, punissable —, je ne me sens pas en sécurité lorsque je retourne dans la ville. Je crains ce que Pékin pourrait faire pour me cibler.
Enfin, concernant votre question sur les Canadiens qui sont dans la ville, je pense que nous ne pouvons pas faire abstraction du fait que l'ambassadeur de la Chine au Canada a menacé ouvertement les 300 000 citoyens canadiens qui se trouvent à Hong Kong. Nous avons vu qu'on a donné suite à ces menaces dans le passé. Si j'étais un dirigeant d'une entreprise canadienne ou un citoyen canadien à Hong Kong, je serais également nerveux.
:
C'est une chose que nous entendons beaucoup. Alors, je vous remercie de la question.
Tout d'abord, j'aimerais souligner que nous recevons des subventions du gouvernement américain par voie de concours. Nous recevons des subventions privées par voie de concours. Nous recevons également beaucoup de financement, comme je l'ai indiqué, du Canada, du ministère du Développement international du Royaume-Uni, des Australiens et d'autres organismes et acteurs qui accomplissent le même travail que nous dans le monde.
Le travail que nous effectuons consiste à renforcer les institutions démocratiques: tenue d'élections libres et justes, création de partis politiques et développement de la société civile. Notre travail consiste à soutenir les partenaires sur le terrain. Nous ne faisons rien à moins que ceux avec qui nous collaborons nous y invitent.
À Hong Kong, tout le travail que nous avons accompli était lié au fait qu'une université voulait produire un de ces rapports de recherche. Une organisation de la société civile voulait se concentrer sur la participation politique des femmes et voulait savoir comment améliorer une partie du travail. Elle voulait organiser des débats pour les jeunes.
Nous sommes toujours heureux d'agir, comme nous le faisons n'importe où ailleurs, et de fournir de l'aide plus technique grâce à nos 35 années de travail, et de transférer une partie des connaissances provenant d'autres endroits qui font face à des défis similaires. Cependant, dans certains endroits, bien sûr, il y a de l'aide financière, de sorte qu'ils peuvent payer pour tenir les réunions et produire les rapports. Nous appuyons cela également.
Ma dernière question s'adresse à M. Tsang.
Monsieur Tsang, vous venez de mentionner, en réponse à une question d'un autre membre du Comité, que lorsqu'on se tient debout devant un dur, essentiellement — si j'ai bien compris, du moins —, il recule. Parce que le Canada ne peut pas diriger les efforts en ce sens, comment le Canada et d'autres pays aux vues similaires peuvent-ils s'unir sur un certain ensemble de questions pour exercer des pressions sur la Chine concernant des dossiers préoccupants? Quels sont les points de friction auxquelles le régime Xi est susceptible de répondre?
J'ai déjà posé la question à d'autres témoins, mais je pense qu'il est essentiel que le Canada évalue ses relations avec la Chine et commence à envisager de collaborer avec d'autres alliés aux vues similaires, dont des puissances moyennes, sur la stratégie à adopter à l'égard de la Chine.
Je remercie tous les témoins. Bien entendu, nous avons trois témoins et, comme on vient de le mentionner, nous avons six minutes. Je vais essayer d'être bref.
Monsieur Tsang, en 2016, vous avez déclaré qu'une réponse internationale ferme et claire qui porterait la question à l'attention du président Xi pourrait le convaincre qu'il est dans l'intérêt de la Chine de mettre un terme à l'érosion de l'approche « un pays, deux systèmes ». D'après ce que vous avez dit aujourd'hui, je pense que vous croyez que c'est toujours le cas. En même temps, vous avez déjà déclaré qu'il serait préférable de maintenir l'approche « un pays, deux systèmes », quitte à ce qu'elle subisse une érosion, « tolérable », plutôt que de la voir disparaître complètement, et vous avez parlé de l'initiative de la grande baie.
Y a-t-il contradiction entre ces positions ou pourriez-vous nous donner des précisions?
:
Je vous remercie, monsieur le président. J'aimerais également remercier tous les témoins.
Monsieur Nelson, lorsque vous nous avez raconté que des gens munis d'appareils photos vous avaient suivi à Hong Kong, cela m'a rappelé une expérience que j'ai vécue là-bas et qui remonte à 2017. J'étais à Hong Kong avec un comité parlementaire et un soir, j'ai soupé chez Jimmy Lai. Lorsque je suis retourné à mon hôtel, une voiture m'a suivi pendant tout le trajet et une personne en est sortie rapidement pour prendre des photos. Je n'étais pas député depuis longtemps et j'ai trouvé que c'était une expérience assez frappante. Je vous remercie donc de nous avoir raconté votre expérience.
Ma première question s'adresse à M. Tsang.
Pendant qu'il posait ses questions, M. Fragiskatos a fait un petit commentaire en aparté en disant que le Canada ne pouvait pas prendre la tête de cet effort. Cela m'a frappé, car je ne pense pas que je suis d'accord avec cette affirmation. Je pense plutôt que le Canada pourrait jouer un rôle de chef de file unique en ce qui concerne Hong Kong. En effet, je crois que nous n'avons pas le même passé colonial avec l'Asie, nous n'avons pas les mêmes antécédents en termes de superpuissance, et nous entretenons des liens étroits avec Hong Kong.
Avez-vous des commentaires sur le rôle de chef de file que pourrait jouer le Canada en réponse aux évènements qui se déroulent actuellement à Hong Kong?
:
J'aimerais répondre, car je pense que c'est une excellente question.
M. Tsang a parlé de réfugiés et d'alliances. J'aimerais préciser une chose au sujet des alliances. Tout d'abord, je voudrais surtout souligner la question des alliances en Asie-Pacifique. Nous observons beaucoup de mouvement au Japon et en Corée du Sud.
Par exemple, monsieur Genuis, je sais que vous faites partie de l'Alliance interparlementaire sur la Chine. Je pense que la mise sur pied de ce groupe — et le fait qu'un plus grand nombre de députés canadiens seront en mesure d'assumer un rôle de leadership pour travailler avec d'autres parlementaires ailleurs dans le monde — sera particulièrement utile.
Enfin, je dirais que le Parti communiste chinois n'aime pas qu'on attire l'attention sur ces enjeux. Il n'aime pas la transparence, et des initiatives comme les audiences que nous avons présentement sont utiles, car des témoins peuvent s'exprimer et présenter des documents pour le compte rendu. Il y a également des façons dont le gouvernement du Canada pourrait offrir du financement, par exemple par l'entremise d'Affaires mondiales Canada ou d'autres organismes, à des organisations non gouvernementales et à des universités canadiennes, afin qu'elles puissent continuer à souligner ces enjeux et à rechercher des données pour produire un plus grand nombre de documents sur le sujet.
:
Nous reprenons les travaux.
Rebonjour à tous les membres du Comité.
Je souhaite la bienvenue aux nouveaux témoins.
J'aimerais faire quelques commentaires pour le bien des nouveaux témoins.
Avant de prendre la parole, veuillez s'il vous plaît attendre que je vous nomme. Lorsque vous êtes prêts à parler, vous pouvez cliquer sur l'icône du microphone pour l'activer. Toutefois, lorsque les membres du Comité vous posent des questions, vous pouvez répondre immédiatement; vous n'avez pas à attendre que je vous donne la parole.
Lorsque le temps de parole des députés sera terminé, je devrai intervenir. Il me faudra peut-être vous interrompre et passer au prochain intervenant.
[Français]
Je vous rappelle que toutes les interventions des membres ainsi que des témoins doivent être adressées à la présidence.
[Traduction]
Les membres du Comité et les témoins peuvent s'exprimer dans la langue de leur choix. Les services d'interprétation sont offerts dans le cadre de cette réunion. Vous avez le choix, au bas de votre écran, entre le son du parquet, l'anglais et le français.
[Français]
Veuillez parler lentement et clairement.
[Traduction]
Lorsque vous n'avez pas la parole, mettez votre micro en sourdine.
Je vais maintenant présenter les témoins. Nous recevons M. Bill Chu, qui est le fondateur de Canadians for Reconciliation, de même que M. Victor Ho, éditeur en chef à la retraite pour le Sing Tao Daily, édition Colombie-Britannique. Ils sont tous deux ici à titre personnel.
Nous vous souhaitons la bienvenue.
Monsieur Chu, vous pouvez procéder avec votre déclaration préliminaire de cinq minutes. Allez-y.
:
Monsieur le président, c'est un honneur pour moi de prendre part à cette discussion.
Si des milliers de petits bonshommes verts arrivaient de la planète Mars, le Canada prendrait peut-être la menace plus au sérieux. Toutefois, bien que la Chine ne soit évidemment pas la planète Mars, elle n'est plus le pays imaginé autrefois par Pierre Trudeau. Le récit des témoins précédents et les événements récents vous ont sûrement fait réaliser que le Canada doit rectifier le tir face à la Chine et aussi adopter une nouvelle stratégie courageuse et exhaustive pour lutter contre un nouvel ordre mondial qui semble déterminé à changer la vision du monde à l'égard des lois, des droits de la personne et des valeurs. Ainsi, c'est pour l'avenir du Canada — et pour préserver son esprit— que je suis avec vous pour partager mon expérience à titre de Canadien d'origine hongkongaise vivant à Vancouver.
Mon éveil au sujet des influences indues de la République populaire de Chine et mon propre activisme ont commencé en juin 1989, lorsque j'ai participé à l'organisation d'un service commémoratif à Vancouver pour les martyrs de la place Tiananmen. Peu après le 4 juin, la Chinese Benevolent Association de Vancouver s'est jointe à des centaines d'autres organisations pour condamner l'extinction sanglante d'étudiants pacifiques par le Parti communiste chinois. Le consulat chinois a rapidement mis au travail le Front uni et a « unifié » le conseil de la Chinese Benevolent Association afin qu'il se range derrière le Parti communiste chinois. Le transfert a permis à la République populaire de Chine d'hériter du nom d'une ancienne organisation du quartier chinois et de l'utiliser pour accroître son influence au sein de la communauté chinoise. La Chinese Benevolent Association est rapidement devenue l'un des intermédiaires clés de la République populaire de Chine en Colombie-Britannique, qui a développé un réseau de plus en plus grand de clans, de diasporas, d'entreprises et de groupes culturels, éducatifs et médiatiques, une tâche qui a été facilitée par une politique identitaire et par l'absence d'autres partis.
Avec l'extinction des manifestants de Hong Kong par le Parti communiste chinois l'année dernière, la Chinese Benevolent Association a adopté un rôle plus visible en achetant de la publicité sur la page couverture des journaux chinois locaux pour défendre la loi sur la sécurité nationale et valider la condamnation des manifestants de Hong Kong par la Chine... manifestants qui défendaient les valeurs universelles de la liberté et de la démocratie. On voulait ainsi dresser le portrait de la communauté chinoise dans son ensemble, malgré le nombre important de Chinois qui ont migré pour échapper à la tyrannie du Parti communiste chinois. Les annonces de la Chinese Benevolent Association comptaient le nom de quelques centaines d'organisations et clans chinois locaux, ce qui est ironique, puisque l'Association recevait un financement généreux de la part de Patrimoine canadien pour organiser les célébrations de la fête du Canada.
Le 19 octobre 2019, des rassemblements ont été organisés dans l'ensemble du Canada pour protester contre la loi sur l'extradition proposée pour Hong Kong. En même temps, des contre-manifestants pour la République populaire de Chine se sont organisés pour perturber les rassemblements. Devant un mur de Lennon symbolique de Richmond, j'ai été témoin d'une confrontation bruyante et intimidante: on a arraché les mots du mur et lancé des pièces de un dollar aux manifestants. Arrivée sur les lieux, la GRC n'a rien fait contre les assaillants. Alors qu'une victime avait déposé une plainte à la GRC de Richmond sans avoir de réponse, j'ai demandé une rencontre au détachement de la GRC. Le constable que j'ai rencontré était plutôt un responsable des relations publiques qui ne connaissait pas bien la communauté sino-canadienne. Malgré sa promesse, on n'a plus jamais entendu parler de ce cas.
Étant perturbé par l'indifférence de la GRC, j'ai demandé à rencontrer un agent du SCRS. Il a été franc avec moi et m'a appris que, contrairement au FBI ou au MI5, le SCRS se consacrait principalement à la recherche. Ses agents ne portent pas d'arme à feu et l'application de la loi ou les arrestations sont faites par la GRC. De plus, bien que le SCRS prépare des rapports sur la sécurité nationale, ceux-ci sont transmis aux quelques membres du comité de la sécurité nationale du gouvernement fédéral, à titre consultatif.
À ma grande surprise, le contenu de ces rapports n'a jamais été transmis aux autres députés fédéraux, encore moins aux milliers de députés provinciaux, de maires et de conseils du pays.
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C'est un grand honneur pour moi de vous présenter mes expériences journalistiques et observations personnelles relatives à l'influence d'un gouvernement étranger sur notre communauté chinoise, et surtout sur la façon dont la stratégie du Front uni du Parti communiste chinois est mise en oeuvre dans les médias de masse de langue chinoise.
En ce qui a trait à l'ingérence d'un gouvernement étranger dans notre société chinoise, le plus récent exemple dont j'aimerais vous parler est celui du discours du Consulat général de Chine à la radio au sujet de la loi sur la sécurité nationale de Hong Kong.
Mme Tong Xiaoling, la consule générale de la Chine à Vancouver, a livré une annonce de 30 minutes à ce sujet sur les ondes d'une station de radio chinoise locale le 23 juillet 2020. Le message a été diffusé à l'heure des nouvelles. Elle a simplement demandé aux Sino-Canadiens d'appuyer la loi sur la sécurité nationale de Hong Kong et a fait valoir qu'un très petit nombre de personnes au Canada tentaient de discréditer la loi, et de semer la zizanie à l'étranger. Mme Tong a ensuite dit que certains Sino-Canadiens représentaient une menace pour ceux qui aiment réellement les Hongkongais, et qu'ils les attaquaient.
Or, la consule générale a omis de dire que la loi sur la sécurité nationale de Hong Kong allait tout à fait à l'encontre des valeurs canadiennes. Elle traite les Sino-Canadiens comme étant des ressortissants chinois, ce qu'ils ne sont évidemment pas. Elle semble remettre en question l'allégeance politique de nos citoyens chinois. De plus, elle exploite le temps d'antenne gratuit de notre diffuseur pour transmettre le message de propagande politique du gouvernement chinois. Pour respecter le protocole diplomatique, elle aurait dû diffuser une annonce payée.
Cet événement montre que certains médias de langue chinoise aident à diffuser la propagande de gouvernements étrangers. Le code d'éthique de la Society of Professional Journalists énonce ce qui suit:
Il faut faire la distinction entre la défense d'une cause et la diffusion d'information. L'analyse et le commentaire doivent toujours être désignés à ce titre et ne jamais représenter faussement les faits ou le contexte.
J'aimerais que le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, le CRTC, enquête sur ces cas en vue de protéger l'intérêt public du Canada. De plus, il faut protéger la communauté chinoise contre l'infiltration des directives politiques d'un gouvernement étranger.
En ce qui a trait au ministère du Travail du Front uni du Parti communiste chinois, certains commentateurs pro-Pékin des stations de radio chinoises diffusent de l'information partiale et font depuis longtemps l'apologie du régime chinois. Cela semble être un effort orchestré par le ministère du Travail dans le but d'endoctriner — ou à tout le moins d'influencer — le public sino-canadien afin qu'il accepte la politique du Parti communiste chinois.
De plus, le ministère du Travail du Front uni établit de nombreuses organisations sociales à l'étranger pour propager ou pour exécuter la politique pro-Chine. Les organisations locales du Front uni du Parti communiste chinois sont utilisées comme armes pour publier des annonces dans les journaux et montrer la force politique du régime de Pékin.
L'année dernière, les jeunes hongkongais ont manifesté dans les rues contre la modification des dispositions de l'ordonnance relative aux délinquants fugitifs. Ils ont été battus de façon brutale par les forces policières. Plus de 50 groupes sociaux chinois locaux ont publié une déclaration commune dans les journaux chinois pour condamner les manifestants de Hong Kong. Les principales organisations — pour n'en nommer que quelques-unes — sont la Chinese Benevolent Association, le Centre culturel chinois du Grand Vancouver et le Congrès national des Canadiens d'origine chinoise. Certaines des grandes figures de ces groupes sociaux jouent le rôle d'ambassadeurs bénévoles au Consulat général de Chine à Vancouver.
Comme vous l'avez lu dans certains articles, la première personne à avoir été accusée en vertu de la loi australienne sur l'interférence étrangère est un membre bien connu de la communauté chinoise...
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Je vous remercie, monsieur le président.
Nous avons beaucoup parlé des répercussions du resserrement du contrôle de la République populaire de Chine sur Hong Kong sur les manifestants en faveur des droits démocratiques. Nous avons aussi parlé des répercussions de la nouvelle attitude de la République populaire de Chine à l'égard de ressortissants chinois à l'étranger. Je crois que cela va même au-delà de cela, puisqu'on évoquait qu'un des précédents témoins avait fait l'objet d'une dénonciation par les autorités de la République populaire de Chine.
On peut donc maintenant s'attendre à ce que la République populaire de Chine sévisse à l'endroit de gens qui ne sont même pas de leurs ressortissants. On a vu, comme vous y avez fait allusion dans vos présentations, que la République populaire de Chine utilise des groupes au Canada pour faire pression sur les opposants à son régime et qu'elle exerce même un certain harcèlement. Certains témoins nous ont dit, lors de séances antérieures, qu'il fallait craindre, même au Canada, de possibles enlèvements de la République population de Chine.
Quelles mesures peuvent être mises en place par le gouvernement canadien pour, d'abord, contrôler ces groupes qui exercent littéralement des activités de harcèlement et de promotion du régime du Parti communiste chinois sur le territoire canadien, et ensuite pour prévenir d'éventuelles actions telles que des enlèvements sur le territoire canadien?
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Permettez-moi d'abord d'essayer de répondre à la dernière question. Le gouvernement peut faire un certain nombre de choses, parce qu'actuellement, tous les ministères fonctionnent sans avoir une bonne compréhension des risques pour la sécurité nationale auxquels le Canada est exposé. À l'heure actuelle, comme je l'ai décrit plus tôt, j'ai l'impression de frapper un mur même lorsque j'essaie de porter plainte auprès de la bonne instance, alors oublions tous les autres ministères, comme Patrimoine canadien. Je l'ai déjà mentionné.
Ajoutons à cela le multiculturalisme, qu'on a utilisé ou invoqué comme prétexte à la diffusion accrue de certains messages. Concernant l'immigration, nous devrions commencer à vérifier si les universitaires ou les personnes qui viennent au Canada ont une expérience militaire, comme les États-Unis l'ont découvert grâce à des universitaires originaires de Chine.
Il y a énormément de choses que nous pouvons faire au niveau gouvernemental, et nous pouvons arrêter de financer des organisations qui, d'une part, reçoivent des fonds du Canada et, d'autre part, dénigrent les valeurs canadiennes. Il y a une multitude de choses, mais pour la question des enlèvements, c'est hors de mon champ de compétence. Je ne sais pas... Tant que le SCRS n'aura pas la capacité de faire autre chose que des recherches ni les moyens d'intervenir lorsqu'il constate des actes qu'il juge répréhensibles... Autrement, cela poserait problème.
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Je veux d'abord remercier les gens qui sont parmi nous aujourd'hui des commentaires fort éclairants qu'ils émettent et saluer le courage dont ils font preuve en témoignant devant notre comité. Je leur en suis très reconnaissant.
Je veux revenir sur la question de l'Internet. Nous avons évoqué il y a quelques instants, avec M. Chu, Huawei et le réseau 5G. Nous avons aussi parlé de WeChat, qui serait contrôlé par la Chine.
J'aimerais que nous reparlions de HK Leaks, qui dévoile des informations sur des opposants au régime de Pékin et qui, semble-t-il, est hébergé sur un serveur russe. Peut-être n'avez-vous pas cette information, mais la question est d'abord de savoir si des citoyens canadiens vivant à Hong Kong ont fait l'objet de telles dénonciations sur ce site et si des Canadiens, sur le territoire canadien, ont fait l'objet de dénonciations sur ce même site.
Que pensez-vous d'un outil de ce genre? Croyez qu'il va y en avoir d'autres? Que peut-on faire pour limiter la portée d'un tel outil de dénonciation provenant du régime chinois?