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La séance est ouverte. Bonjour à tous.
Je vous souhaite la bienvenue à la séance numéro 17 du Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie de la Chambre des communes, une séance qui se tient aujourd'hui en format hybride, conformément à l'ordre de la Chambre adopté le 25 janvier 2021. Les délibérations seront diffusées sur le site Web de la Chambre des communes, et la diffusion montrera toujours la personne qui parle et non l'ensemble du Comité.
Je vous fais part de quelques règles pour assurer le bon déroulement de la séance. Les députés et les témoins peuvent s'exprimer dans la langue officielle de leur choix. Des services d'interprétation sont disponibles pendant la séance. Au bas de votre écran, vous avez le choix entre « Parquet », « Anglais » ou « Français ». Les députés qui participent à la séance en personne doivent procéder de la façon habituelle lorsque tous les membres du Comité se réunissent en personne dans la salle de comité. N'oubliez pas de suivre les directives du Bureau de régie interne concernant le port du masque et les autres mesures sanitaires.
Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous nomme. Si vous participez à la séance par vidéoconférence, veuillez cliquer sur l'icône du microphone pour activer votre micro. Pour ceux qui sont dans la salle, votre microphone sera contrôlé comme à l'habitude par l'agent des délibérations et de la vérification. Je vous rappelle que toutes les observations des membres et des témoins doivent être adressées à la présidence. Lorsque vous n'avez pas la parole, je vous demande de désactiver votre micro.
Pour ce qui est de la liste des intervenants, le greffier du Comité et moi-même ferons notre possible pour conserver l'ordre d'intervention de tous les membres, que vous participiez à la séance en personne ou virtuellement.
J'aimerais mentionner à ceux qui se joignent à nous pour la première fois que, comme j'ai l'habitude de le faire, je brandirai un carton jaune 30 secondes avant la fin de votre temps de parole, et un carton rouge lorsque votre temps sera écoulé. Comme nous avons un programme très chargé aujourd'hui, je vous demande de respecter l'horaire, afin que tous les députés puissent poser leurs questions.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mardi 1er décembre 2020, le Comité se réunit aujourd'hui pour poursuivre son étude de la capacité nationale de fabrication d'un vaccin contre la COVID-19. J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins.
Nous accueillons aujourd'hui Ken Hughes, président du conseil d'administration, et Brad Sorenson, directeur général, tous deux de Providence Therapeutics; Volker Gerdts, directeur et président-directeur général, de VIDO-InterVac, et Andrew Casey, président et chef de la direction, de BIOTECanada. Nous accueillons également, à titre personnel, le professeur Amir Attaran, de l'Université Ottawa; le professeur Joel Lexchin, Département de médecine familiale et communautaire, Division de médecine d'urgence, de l'Université de Toronto, et le professeur Alain Lamarre.
Vous disposez chacun de cinq minutes pour présenter vos déclarations liminaires, et nous passerons ensuite aux séries de questions. Sur ce, je vais céder la parole d'abord aux représentants de Providence Therapeutics.
Vous avez cinq minutes.
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Merci, madame la présidente, et mesdames et messieurs les membres du Comité, de me donner l'occasion de me joindre à vous aujourd'hui.
À titre d'ancien président du Comité des affaires autochtones de la Chambre des communes, je souligne respectueusement que nous vivons sur les terres ancestrales des peuples autochtones d'un océan à l'autre.
Je m'appelle Ken Hughes, et je suis président du conseil d'administration de Providence Therapeutics depuis environ quatre ans. Le Canada ne protège pas encore aussi bien les Canadiens qu'il le voudrait pendant cette pandémie, malgré le fait qu'il dispose d'une expertise scientifique, médicale et commerciale exceptionnelle dans le secteur privé et le secteur public parmi les meilleures au monde. Malheureusement, nous n'avons pas réussi à bien mobiliser cette expertise. Nous ne devrions jamais plus dépendre d'autres pays pour la fabrication de vaccins, ou les connaissances scientifiques qui la sous-tendent.
Providence peut produire des millions de doses du vaccin à ARN messager d'ici l'automne, l'objectif était le mois d'octobre. Nous avons recruté des experts en développement et en fabrication et nous progressons.
L'été dernier, le gouvernement a décidé de commander d'importante quantité de vaccins à l'extérieur du Canada, en s'appuyant sur l'idée reçue que nous ne disposions pas de la capacité requise pour les produire au pays. À ce moment, malheureusement, les efforts ont été axés uniquement sur les vaccins nécessaires pour lutter contre la pandémie dans sa forme connue alors, et très peu sur la façon de nous préparer à la suite. Évitons de répéter cette erreur.
La situation a évolué. Premièrement, l'émergence de variants fait en sorte que nous devrons sans doute vivre avec le coronavirus pendant un certain temps. Deuxièmement, les recherches ont confirmé que l'ARN messager est une plateforme vaccinale agile, très efficace et réactive. De plus, d'autres équipes canadiennes de chercheurs en vaccinologie peuvent apporter leur contribution. Les Canadiens peuvent mettre au point des vaccins et les fabriquer ici. Nous pouvons même contenir les variants émergents du virus. Nous pouvons le faire, mais nous ne le ferons pas en nous contentant d'inviter des entreprises étrangères à produire au pays. Nous le ferons en développant notre base de talents nationaux actuelle.
À titre de plus proches voisins des Américains, nous avons appris à ne jamais parier contre eux lorsqu'ils décident de consacrer leurs efforts à quelque chose. Ils ont consacré leurs efforts et des milliards de dollars à l'Operation Warp Speed, et ils ont confirmé, entre autres, l'efficacité de la plateforme ARN pour la production de vaccins.
À l'avenir, j'aimerais que le monde entier regarde ce qui se passe au Canada et se dise: « Ne pariez jamais contre les Canadiens ». C'est possible. Nous sommes ici aujourd'hui pour demander expressément au gouvernement du Canada d'investir dans la capacité du pays afin de concrétiser le possible.
Merci. J'ai maintenant le plaisir de céder la parole à Brad Sorenson, directeur général et fondateur de Providence Therapeutics.
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L'ARN messager est la technologie de fabrication de vaccins la plus efficace sur la planète. Dans la course mondiale à la découverte d'un vaccin contre la COVID, l'ARN messager est arrivé des mois avant les autres, et s'est révélé le plus efficace, soit à 95 %. Il sera le plus rapide à réagir aux variants en émergence actuellement. Il s’agit de la technologie la plus évolutive qui soit, passant de nouvelle technologie à la production de centaines de millions de doses de vaccins en six mois.
Les membres du Comité se souviendront qu'avant novembre 2020, aucun vaccin, médicament à ARN messager ou autre n'avait encore été approuvé pour utilisation chez les humains. En fait, avant 2020, Moderna et BioNTech, l'inventeur du vaccin de Pfizer, n'avaient encore jamais procédé à un essai clinique de phase 3, et pourtant, ces entreprises inexpérimentées sont aujourd'hui la bouée de sauvetage du Canada vers la sécurité et la stabilité économique.
En 2020, Providence a conçu un vaccin en moins de quatre semaines. Nous avons négocié et acheté une licence pour obtenir la propriété intellectuelle nécessaire, avons mis en place des collaborations productives avec d'autres entreprises au Canada et avons réalisé plus de cinq essais précliniques sur des animaux pour confirmer que notre vaccin était efficace et sécuritaire. Nous avons établi un processus de fabrication répondant aux « bonnes pratiques de fabrication » — ou BPF —, et fabriqué suffisamment de vaccins pour terminer tous nos essais cliniques. Nous avons préparé une demande d'essai clinique et nous avons reçu le feu vert, qu'on appelle l'« autorisation », de Santé Canada de procéder aux essais de phase 1.
En 2021, Providence fabriquera et vendra des vaccins directement aux provinces canadiennes. Elle mettra en place une capacité de fabrication couvrant toute la chaîne de valeur de la production de vaccins à ARN messager, depuis la matière première jusqu'à la formulation finale, le remplissage et la finition. Elle terminera les essais cliniques avec Santé Canada et obtiendra toutes les approbations nécessaires pour permettre aux provinces d'administrer ces vaccins aux Canadiens. Providence accélérera ses travaux de recherche sur les doses de rappel pour les variants et soumettra son vaccin de deuxième génération, utilisant l'immunité à médiation cellulaire via les lymphocytes T et B, aux essais cliniques.
En résumé, Providence mettra tout en œuvre pour que les Canadiens puissent avoir accès aux meilleurs vaccins qui soient le plus tôt possible.
Je serai heureux de répondre à vos questions.
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Bonjour, madame la présidente.
Bonjour, mesdames et messieurs les membres du Comité. Je vous remercie de me donner l'occasion de témoigner aujourd'hui.
Je m'appelle Volker Gerdts. Je suis directeur et président-directeur général de VIDO, soit la Vaccine and Infectious Disease Organization, qui se trouve ici, à l'Université de la Saskatchewan.
Pour ceux d'entre vous qui ne nous connaissent pas, nous sommes un centre de recherche au sein de l'université, et pendant la lutte contre la pandémie, nous sommes vraiment devenus l'un des lieux incontournables de la recherche sur la COVID-19 au Canada. Nous avons été les premiers au pays à isoler le virus, les premiers à établir un modèle animal qui a été utilisé pour tester les vaccins et les antiviraux, etc., et depuis le début de l'année dernière, nous avons travaillé avec plus de 80 entreprises, dont la moitié sont canadiennes, sur l'identification des thérapies vaccinales et des antiviraux.
Nous avons également notre propre vaccin en préparation. Nous avons pu le concevoir et le produire en laboratoire, prêt pour la vaccination, en quatre semaines. Nous avons été l'un des premiers dans le monde à effectuer les essais sur les animaux, et au cours de l'année dernière, comme vous venez de l'entendre, nous avons également réalisé les essais nécessaires sur les animaux pour obtenir l'approbation de Santé Canada. Notre vaccin en est maintenant également aux essais de phase 1.
Notre vaccin est un vaccin à sous-unités protéiques, une technologie bien connue qui est utilisée chez l'homme depuis de nombreuses années. Il présente de nombreux avantages: il est plus stable, plus facile à stocker et plus facile à transporter que d'autres vaccins. L'adjuvant que nous y mélangeons donne une réponse immunitaire très large, ce qui est excellent contre les variants.
VIDO est également en train de construire une usine de fabrication. Les travaux sont en cours. Il s'agit d'une installation de 10 000 pieds carrés. C'est ce qu'on appelle une installation de fabrication à petite échelle, et elle nous permettra de produire des vaccins pour les humains et les animaux, ici même à VIDO-InterVac. Elle est également unique en ce sens qu'elle est rattachée à l'installation de bioconfinement que nous exploitons à VIDO, le plus grand laboratoire à niveau de confinement élevé du Canada, ce qui nous permettra donc de travailler sur des vaccins pour les maladies en émergence.
La construction est en cours. D'ici octobre, cette installation sera terminée, puis il y aura une phase de certification des bonnes pratiques de fabrication, la mise en service de l'installation, etc. D'ici l'année prochaine, notre installation sera prête à produire des vaccins ici au Canada.
Nous avons également proposé au gouvernement fédéral, avec le soutien du gouvernement provincial ainsi que, nous l'espérons, de donateurs privés et du gouvernement municipal, de faire de VIDO le centre de recherche sur les pandémies du Canada. Nous disposons actuellement de la plus grande infrastructure de recherche sur le niveau de confinement élevé, ici même, à Saskatoon, qui repose sur des investissements antérieurs des gouvernements. Cela comprend le plus grand laboratoire à niveau de confinement élevé du Canada, soit le Centre international de recherche sur les vaccins.
Nous sommes en train de construire une installation de fabrication interne basée sur les bonnes pratiques de fabrication. Nous croyons que ce qu'il nous faudrait pour devenir réellement un centre pouvant aider le pays à mieux se préparer à la prochaine maladie émergente, c'est de disposer d'une installation pour animaux qui nous permettrait de travailler avec un large éventail d'animaux, notamment des chauves-souris, des insectes, des tiques, des reptiles, etc. C'est une proposition que nous faisons, mais si nous voulons que le pays ait une capacité de production et de recherche autonome et autosuffisante, nous pensons qu'il est nécessaire d'avoir des centres nationaux axés expressément sur les maladies émergentes.
Merci.
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Je vous remercie, madame la présidente.
[Traduction]
Merci beaucoup pour cette occasion importante, et évidemment très opportune, de vous présenter le point de vue de BIOTECanada sur quelques sujets.
En guise d'introduction, BIOTECanada est l'association nationale qui représente le secteur biotechnologique canadien. Nous comptons plus de 240 membres. Ils sont présents dans toutes les villes et les provinces du pays. Ils comprennent toutes les petites entreprises en démarrage qui mettent au point de nouvelles solutions pour le monde entier. Vous avez entendu parler de certaines d'entre elles pendant la crise de la COVID. Il s'agit notamment d'AbCellera, de Precision NanoSystems, de Medicago et de VIDO-InterVac. Elles utilisent toutes des technologies émergentes.
Nous comptons également parmi nos membres les grandes sociétés multinationales pharmaceutiques qui mettent au point les vaccins, c'est-à-dire les grandes marques que tout le monde connaît depuis plusieurs mois. Ces deux groupes forment ensemble BIOTECanada. La planète comptera bientôt 10 milliards d'habitants, et la biotechnologie nous apporte les solutions aux problèmes et défis auxquels la société planétaire est confrontée.
La crise de la COVID a grandement fait ressortir à quel point ces solutions sont importantes pour la société d'aujourd'hui, bien sûr, et celle de demain. Si on remonte il y a un peu plus d'un an, lorsque le premier cas a été diagnostiqué au Canada, il était difficile d'imaginer que nous en serions là aujourd'hui. Il était très difficile de prévoir où cela allait nous mener.
Nous avons maintenant l'avantage d'avoir un certain recul et la possibilité de planifier l'avenir. Le gouvernement a pris des mesures stratégiques très judicieuses en examinant les technologies existantes, en investissant dans certaines technologies canadiennes et en essayant de les faire progresser un peu plus rapidement qu'elles ne l'auraient fait normalement, comme vient de l'indiquer M. Gerdts, mais aussi en examinant les technologies vaccinales qui étaient les plus prometteuses pour apporter des solutions dans un avenir immédiat.
Nous en sommes maintenant à l'étape de la vaccination des Canadiens. De nouveaux vaccins viendront s'ajouter. C'est un moment important pour faire le point et tirer des leçons. Nous avons déjà vécu cette situation dans d'autres crises, comme celle du SRAS. Nous avons eu des signaux d'alarme. Nous savions tous que nous devions nous préparer à une pandémie. Nous devons maintenant nous préparer à une COVID-30. Choisissez l'année, choisissez le virus, mais nous aurons à affronter une autre situation comme celle d'aujourd'hui. Qu'allons-nous faire pour nous y préparer, afin de ne pas nous retrouver dans une situation où nous devons bricoler une solution?
Le Canada a une occasion en or de miser sur son écosystème biotechnologique et sur les solutions qui émergent dans l'industrie, mais aussi sur les acteurs internationaux présents au pays. Ils représentent une grande partie de la solution, aussi bien comme partenaires que comme investisseurs au pays.
Il serait sage de mettre en place une stratégie qui rassemblerait tous ces éléments et qui miserait sur les collaborations qui existent à ce jour. Cela doit assurément faire partie de notre plan d'avenir.
Je vous remercie.
Je suis le professeur Amir Attaran. J'ai une formation scientifique et un doctorat d'Oxford en biologie cellulaire et en immunologie. Je suis avocat. J'ai travaillé dans l'industrie pharmaceutique, notamment sur un projet visant à augmenter la production de 6 000 % en une année. Je comprends donc le mal de ceux qui, dans l'industrie, doivent tout de suite augmenter la cadence d'autant.
Je me propose d'aborder huit causes de notre situation actuelle.
La première est que le Canada a été lent à affronter l'âpre concurrence du printemps et de l'été derniers pour l'achat de vaccins et l'établissement de partenariats sur ce terrain. Il a pris un retard de plusieurs semaines ou mois par rapport à des pays comparables à lui. Qui a déjà entendu parler de l'avantage du dernier partant? Ça n'existe pas.
La deuxième cause est que nous ne fabriquions pas le seul vaccin que, nous et d'autres pays, nous aurions pu fabriquer sous licence, le vaccin d'Oxford-AstraZeneca. Depuis, le , bizarrement, en a rejeté la faute sur Brian Mulroney. Ce n'est pas tout à fait vrai, parce qu'une étude rigoureuse montre que, début 2020, la Grande-Bretagne elle-même possédait une capacité de fabrication du vaccin inférieure à celle du Canada.
La Grande-Bretagne a mis toute la gomme. En quelques mois, elle s'est donné la capacité. Elle est presque le premier pays dans le monde sur le plan de la vaccination. Nous, nous occupons à peu près le 40e rang, ce qui pose un problème énorme. Chaque jour, un nombre considérable de Britanniques se fait vacciner, contrairement aux Canadiens. Les Américains vaccinent quotidiennement plus de personnes que les Canadiens ne l'ont fait dans les deux derniers mois.
La troisième cause est que, par rapport à celui de ces pays, notre groupe de travail sur les vaccins cultive scandaleusement le secret. Pas plus tard qu'en juillet 2020, le gouvernement n'avait pas encore publié les noms de ses membres, encore moins son plan de travail, encore moins les comptes rendus de ses réunions, qui restent secrets. Nous en voyons le résultat. Malheureusement, la coprésidente, la Dre Joanne Langley, fait maintenant la tournée des médias pour réécrire l'histoire et vanter le bon travail du groupe. Pourtant, c'est manifestement faux, vu notre situation actuelle.
La quatrième cause est que notre gouvernement a confié le travail au mauvais ministère. Tous les pays qui s'en tirent bien — les États-Unis, le Royaume-Uni, Israël, le Chili — ont confié la tâche à leur ministère de la santé, mais, au Canada, les vaccins ont été confiés au ministère de l'Industrie et sont devenus une affaire d'approvisionnement, comme si nous construisions un pont ou achetions du papier hygiénique. Au Canada, le ministère de la Santé brille par son absence.
La cinquième cause, c'est que, quand on a constaté ces lacunes, , apparemment avec l'approbation du cabinet du premier ministre, a couru partout, comme une angoissée en état d'agitation, pour conclure des accords d'achat de vaccins, tous ceux qu'elle pouvait. Nous en avons signé plus que tous les autres pays, parfois avec des compagnies qui ne pourront rien livrer en 2021. Certaines, même, ne pourront rien livrer en 2022. D'autres, encore, et nous avons entendu parler de l'une d'elles, ce matin, ne pourront peut-être jamais rien livrer. Il semble que la panique nous a plutôt fait perdre toute pensée stratégique.
La sixième cause est qu'une grande partie de l'échec de nos institutions que j'ai décrit s'explique simplement par l'infériorité de la science canadienne — et je le souligne — par rapport à celle des pays à qui nous pouvons nous comparer. Nous n'avons absolument personne qu'on pourrait comparer à un Tony Fauci. Au contraire, la conseillère scientifique en chef du , Mme Mona Nemer, a fait précisément trois déclarations, depuis son arrivée à son poste, il y a des années. Deux concernaient le financement électoral et la journée du Canada. Ce n'est pas de la science. Pendant la pandémie, avec l'aide de comités de l'extérieur, elle a publié trois rapports assez médiocres sur la science de la COVID, alors que le groupe de travail sur la COVID d'un petit pays comme la Suisse en a publié plus de 70.
Enfin, septième cause, on n'a simplement pas tenu compte de ces présages d'une catastrophe que nous annoncent depuis longtemps les journalistes. J'ai rédigé un avertissement désespéré, en août dernier, dans la revue Maclean's, pour nous détourner d'un échec vaccinal. Il n'y a pas eu de réaction, comme aux avertissements des journalistes. J'ai même personnellement rédigé une lettre pour le cabinet du premier ministre, en août, et qui est restée sans effet jusqu'en novembre. Voilà donc un gouvernement coupé de la réalité, qui nous cause du tort à nous, ici.
C'était ma dernière observation. Même aujourd'hui, il me semble qu'on est fermé aux bonnes idées, ce qui menace notre sécurité, et j'expliquerai pourquoi, en réponse aux questions.
Merci beaucoup.
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Merci beaucoup, madame la présidente. Je remercie le Comité de m'avoir invité.
Je me nomme Joel Lexchin. Je suis urgentiste dans le centre-ville de Toronto. Depuis 39 ans. J'ai également enseigné la politique de santé pendant 15 ans, à l'Université York.
Beaucoup d'observations que je vais faire, je les ai déjà faites sous une forme ou une autre. Je n'en mettrai donc en relief que quelques-unes.
L'une d'elles est que, au début de la pandémie de COVID, nous n'avions aucune capacité manufacturière. C'était en partie attribuable à la vente de Connaught à Mérieux, qui fait maintenant partie de Sanofi, à la fin des années 1980, puis à la vente de la québécoise Biochem Pharma, en 2006, à GlaxoSmithKline. Même si Sanofi et GlaxoSmithKline continuent de fabriquer des vaccins, ici, au Canada, ils ont décidé de ne pas fabriquer le vaccin anti-COVID auquel ils travaillent ensemble au Canada. Leurs usines d'ici n'y serviront pas si, le cas échéant, le vaccin est approuvé.
Nous avons également été prévenus de la nécessité d'une politique vaccinale et d'une capacité de fabrication de vaccins au Canada. La première fois, à la faveur du SRAS, le syndrome respiratoire aigu sévère, en 2003. Par la suite, David Naylor a rédigé un rapport qui soulignait la nécessité d'une stratégie vaccinale et d'un approvisionnement sûr en vaccins. Nous semblons avoir fait la sourde oreille. En 2009, nous avons eu la pandémie de grippe H1N1. La production de vaccin à l'usine de Sainte-Foy a été retardée. Nous semblons n'avoir pas entendu cet avertissement. Puis, en 2014, il y a eu l'Ebola. Heureusement, il n'a pas atterri au Canada, mais nous n'avons pas tenu compte de ce signal non plus.
Nous voilà au début de 2020. Nous avons fait la sourde oreille aux avertissements et nous ne nous sommes dotés d'aucune capacité, au Canada, pour la fabrication d'un vaccin anti-COVID. Nous avons donc fini par compter sur un certain nombre d'entreprises étrangères qui fabriquaient des vaccins à l'étranger et nous voyons actuellement les résultats, en raison des retards chez Pfizer et Moderna.
Compte tenu de ce qui précède, j'offre quatre recommandations à votre comité.
La première est qu'il faut élaborer une stratégie vaccinale nationale assortie d'un engagement généreux et durable pour financer avec des fonds publics et faire fonctionner dans le secteur public la recherche sur des vaccins. Comme je l'ai dit, ç'a été recommandé avant et en grande partie ignoré.
Ensuite, il faut investir dans une usine de fabrication de vaccins appartenant à l'État, pour éviter la situation où une entreprise canadienne privée est vendue à des intérêts étrangers, quelque part dans l'avenir, ce qui nous priverait de son contrôle. C'est notre situation actuelle, avec Sanofi et GlaxoSmithKline: des usines au Canada, des décisions prises à l'étranger, et celle de ne pas fabriquer le vaccin ici, dans notre pays.
Ensuite encore, si nous ne pouvons pas garantir la production de vaccins au Canada, notre pays devrait émettre des licences obligatoires, pour augmenter la production de vaccins.
Enfin, dans l'avenir, si nous voulons subventionner des entreprises privées pour la recherche et la fabrication de vaccins ou signer avec elles des contrats pour l'obtention de vaccins, nous devrons en publier les détails, pour la compréhension des faits dans notre pays.
Merci beaucoup.
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Merci, madame la présidente.
Tout d'abord, j'aimerais remercier le Comité de m'avoir invité à participer à cette réunion. Il s'agit, selon moi, d'un sujet primordial pour la sécurité nationale et pour faire face à cette pandémie, mais, surtout, pour mieux nous préparer à affronter d'éventuelles pandémies futures.
C'est aussi un sujet qui m'interpelle personnellement, ayant été impliqué à tous les niveaux de la chaîne de développement de vaccins au cours de ma carrière, de leur conception jusqu'aux essais cliniques.
Je suis professeur au Centre Armand-Frappier Santé Biotechnologie de l'Institut national de la recherche scientifique à Laval, sur le campus de l'ancien Institut Armand-Frappier.
Le Dr Armand Frappier était un pionnier de la santé publique au Québec et au Canada. Il a participé au développement et à la fabrication de nombreux vaccins. À cette époque, le Canada était un leader mondial de la production de vaccins, mais sa capacité de production s'est graduellement érodée avec la mondialisation de cette industrie. La faible part de marché du Canada à l'échelle internationale a sûrement aussi contribué à l'exode des fabricants de vaccins dès les années 1980.
Ainsi, nous sommes aujourd'hui confrontés à une capacité nationale de production de vaccins insuffisante pour nos besoins et qui nous laisse à la merci du « protectionnisme » vaccinal, comme on le voit à l'œuvre en ce moment. Le Canada a commencé à faire des investissements substantiels pour rétablir sa capacité nationale de production de vaccins, mais un effort encore plus important devrait être consenti dans les années à venir pour rebâtir un écosystème riche et diversifié à tous les niveaux de la chaîne de développement des vaccins.
Dans le but de contribuer à la réflexion sur ces enjeux stratégiques, j'aimerais proposer trois secteurs où le Canada devra consolider ses investissements pour maximiser les retombées potentielles en matière de production de vaccins.
Premièrement, il faut poursuivre et augmenter les investissements fédéraux dans la recherche fondamentale au Canada. La recherche fondamentale représente une composante indispensable du développement de nouvelles technologies liées à la vaccination. À titre d'exemple, la technologie d'ARN messager, qui est à la base des nouveaux vaccins de Pfizer-BioNTech et de Moderna, est issue de développements dans la conception de nouvelles approches pour le traitement du cancer. Cela veut dire que le développement d'approches innovantes ne passe pas toujours par des investissements ciblés et spécifiques pour certains problèmes, mais émane souvent d'investissements globaux en recherche fondamentale, dont les retombées potentielles étaient souvent insoupçonnées à l'origine.
Bien que les sommes allouées par le gouvernement aux agences subventionnaires fédérales, comme les Instituts de recherche en santé du Canada, ou IRSC, et le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, ou CRSNG, aient augmenté au fil des ans, le nombre croissant de demandeurs et l'augmentation des coûts de la recherche ont fait en sorte que le taux de succès pour l'obtention de subventions de recherche a diminué de façon importante au cours des dernières années, mettant en péril le fonctionnement de plusieurs laboratoires universitaires. Il sera donc important d'accroître les subventions à la recherche pour maintenir notre place sur l'échiquier mondial.
Deuxièmement, il faut poursuivre et augmenter les investissements fédéraux dans des infrastructures de recherche de pointe par l'entremise de la Fondation canadienne pour l'innovation. Les nouvelles avancées de recherche fondamentale, en particulier pour le développement de vaccins, demandent des infrastructures à la fine pointe de la technologie. La création de la Fondation canadienne pour l'innovation a placé le Canada dans une position enviable à cet égard par rapport à certains autres pays. Par contre, ces nouvelles infrastructures entraînent des coûts de fonctionnement et d'entretien importants pour les chercheurs et les universités. Il sera donc primordial, au cours des années à venir, de poursuivre et d'augmenter les investissements non seulement dans les infrastructures, mais aussi dans le financement de leurs coûts de fonctionnement et d'entretien à long terme pour maximiser les retombées de ces investissements.
Finalement, il faut mettre en place une structure de financement à l'interface entre la recherche universitaire et l'industrie pharmaceutique pour le développement de vaccins. Le Canada compte plusieurs leaders mondiaux dans le développement de vaccins dans ses universités. Ces chercheurs conçoivent et développent de nouvelles approches vaccinales innovantes et diversifiées. Cependant, les coûts associés au développement des vaccins sont souvent trop importants pour que les universités ou les petites entreprises de biotechnologie puissent les mener à terme. Ainsi, bon nombre de candidats vaccins développés dans les universités ne parviennent jamais sur le marché.
Des investissements gouvernementaux dans le secteur de la valorisation des innovations qui voient le jour dans les universités pourraient permettre de faire avancer le développement industriel et clinique de candidats vaccins prometteurs, jusqu'à ce qu'ils soient suffisamment avancés et matures pour susciter l'intérêt de grandes compagnies pharmaceutiques et qu'elles investissent massivement dans leur production et leur distribution à grande échelle.
La présence de ces accélérateurs de développement de vaccins sur le territoire canadien pourrait aussi inciter ces mêmes compagnies pharmaceutiques à construire des usines de production de vaccins à proximité et ainsi compléter la chaîne de production de vaccins. Comme professeur à l'INRS, je serais le premier à vouloir participer au fonctionnement de ce type d'accélérateur avec mes étudiantes et mes étudiants.
En conclusion, il n'est pas trop tard pour que le Canada se positionne mieux en matière de production de vaccins, afin qu'il soit en meilleure posture pour combattre la COVID-19 et d'autres pandémies dans le futur.
Je vous remercie. Je suis disponible pour répondre à vos questions.
:
Merci, madame la présidente.
Je remercie les témoins, aujourd'hui, de leurs témoignages.
De jour en jour, au fil des semaines, on apprend à quel point le gouvernement fédéral a été incompétent et a improvisé.
Ma première question va s'adresser à M. Sorenson, de Providence Therapeutics.
Une sommité scientifique, le Dr Gary Kobinger du Centre de recherche en infectiologie de l'Université Laval, qui est aussi membre démissionnaire du Groupe de travail sur les vaccins contre la COVID-19, a dit tout haut ce que le milieu scientifique pense tout bas, à savoir que l'appui fédéral aux entreprises scientifiques comme la vôtre a fait défaut.
Pouvez-vous nous parler des répercussions engendrées par la façon défaillante dont le gouvernement a géré la situation depuis le début?
:
Madame la présidente, je commencerai.
Je ne dirais pas que c'est l'échec d'un gouvernement. C'est l'échec du Canada et de nombreux gouvernements qui se sont succédé. Ils se sont montrés incapables de se focaliser et d'élaborer une capacité stratégique. Il est facile d'accuser, mais nous avons tous appris, quand nous étions enfants, que trois accusations répondent à l'accusation qu'on porte.
Nous savons tous qu'il ne sert à rien de revenir en arrière. Notre situation est mauvaise, faute pour nous d'avoir été bien informés. Nous avons commis des erreurs de jugement. Mais, d'après mon expérience, les personnes qui se consacrent aux affaires publiques sont animées de bonnes intentions et essaient de faire de leur mieux avec les renseignements à leur disposition.
En rétrospective, sur les quelques dernières décennies, nous constatons que nous n'avons pas investi assez. Nous n'avons pas utilisé notre capacité stratégique pour mesurer nos véritables besoins, dans nos préparatifs pour conjurer une crise aussi grave que la crise actuelle. Ce n'est pas complètement une surprise. Des personnalités comme Bill Gates l'ont bien expliqué. Si on avait écouté.
:
Je vous remercie, monsieur Sorenson.
Cela m'amène à ma prochaine question, qui s'adresse au professeur Attaran.
J'ai un exemple de la déconnexion des ministres ou du personnel des cabinets. En effet, j'ai sous la main un échange de courriels entre le bureau de la et la compagnie Honeywell. Dès le début du mois de mars 2020, cette dernière mentionnait avoir la capacité de fournir les masques N95. Les courriels des employés politiques indiquaient qu'on n'en avait pas besoin et que ce n'était pas nécessaire.
Pensez-vous que ce problème d'évaluation de la situation était généralisé dès le début? Les employés et les ministres manquaient-ils de compétences ou d'information? Un manque d'information les a-t-il amenés à prendre de mauvaises décisions, comme celles que nous constatons aujourd'hui? Par exemple, le gouvernement a décidé de faire affaire avec CanSino Biologics Inc., alors qu'on savait très bien que ce n'était pas l'idée du siècle de négocier avec le régime communiste chinois, et de rejeter du revers de la main des compagnies comme Honeywell ou d'autres.
Monsieur Attaran, avez-vous quelque chose à me dire brièvement à ce sujet?
:
C'est une bonne question.
En réalité, le problème est que le gouvernement canadien manque d'expertise scientifique. Nos institutions fédérales ne sont pas aussi sensibilisées à l'importance de cette expertise que celles d'autres pays comme les États-Unis et l'Angleterre, entre autres.
[Traduction]
C'est simplement de l'incompétence scientifique.
J'ai été formé aux États-Unis. J'ai fait mes études supérieures au Royaume-Uni. J'ai travaillé en Europe dans une entreprise pharmaceutique, puis je suis venu au Canada. J'adore le Canada. C'est le pays que j'ai choisi pour élever ma famille. Mais c'est simplement le pays le moins compétent sur le plan scientifique que je connaisse.
C'est un sujet de discussion beaucoup plus vaste — qu'il faut peut-être remettre à un autre jour, mais c'est un sujet dont nos vies dépendent. Pourquoi, sur le plan institutionnel, notre gouvernement est-il scientifiquement si faible?
:
Merci pour la question.
Oui. En fait, c'était une stratégie très vigoureuse. Le gouvernement a reconnu très tôt que la partie allait se jouer très rapidement et qu'il ne possédait pas les compétences et la profondeur nécessaires pour déterminer rapidement les technologies vraiment prometteuses. Il a très bien compris qu'il devait agir rapidement.
Le groupe de travail sur les vaccins et les produits thérapeutiques... Si vous vous rappelez, au début, on pensait surtout que les produits thérapeutiques seraient notre premier moyen de défense, et que les vaccins viendraient plus tard, peut-être dans trois à cinq ans. En fait, le gouvernement a d'abord privilégié les produits thérapeutiques.
Pour les deux, il a constitué des équipes d'experts de domaines assez étendus et divers. La prudence le commandait. Ainsi, on ne profite pas seulement des compétences d'un certain nombre de disciplines essentielles, mais, également des relations, des réseaux de dimensions planétaires de beaucoup de membres. Ils permettent de communiquer avec d'autres parties du monde et d'autres compagnies pour nouer des relations, voir venir le vent et anticiper sur les événements. C'était capital de le faire.
Je questionne maintenant M. Lexchin.
Visiblement, vous arrivez avec beaucoup d'années d'expérience. Vous avez décrit l'exode des fabricants de vaccins du Canada, commencé en 2007, avec AstraZeneca, que, en 2010, Johnson & Johnson ont suivi, puis Teva, en 2011, et enfin, en 2013, Boehringer. Il importe également de se rappeler que le gouvernement précédent ne comprenait pas l'importance des investissements dans les sciences de la vie.
À quel point cette évolution a-t-elle été capitale pour vider de sa subsistance notre capacité de mettre au point des vaccins, ici, au Canada?
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Merci, madame la présidente.
Merci aux témoins.
Monsieur Lexchin, ma première question s'adressera à vous. Je viens d'une région manufacturière, de Windsor, en Ontario, et nous nous souvenons que durant les élections, le a dit qu'il nous fallait abandonner progressivement l'industrie manufacturière. Sa déclaration a provoqué la stupéfaction au sein de la collectivité, car nous nous sommes battus pour notre industrie automobile. Pendant ce temps, de l'autre côté de la rivière, 16 milliards de dollars ont été investis dans l'industrie automobile dans « l'âge de platine », comme je l'appelle, avec l'électrification, notamment. Nous rattrapons lentement notre retard, avec des investissements de seulement quelques milliards de dollars dans l'ensemble de notre pays.
Notre secteur de fabrication d'outils, de matrices et de moules a frôlé la faillite, mais nous sommes passés de l'automobile à l'aérospatiale, et nous conservons l'automobile ainsi que les instruments médicaux.
Je vous pose ma question. Pensez-vous que notre pays a encore la capacité de construire une usine de fabrication, comme vous l'avez recommandé? Je vois tout simplement ici que nous pouvons encore le faire. Nous sommes passés à la fabrication d'équipement de protection individuelle chez Ford, et la distillerie Hiram Walker a également changé d'orientation, mais il faut avoir la volonté politique de le faire.
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Je vous remercie beaucoup de la question.
Je pense que le Canada a la capacité de construire une usine de fabrication appartenant à l'État. Comme des gens l'ont souligné, il existe toutes sortes de technologies de fabrication de vaccins. Je ne pense pas que nous puissions investir dans toutes ces technologies. C'est pourquoi je crois que nous devons également investir massivement dans la recherche et le développement dans les domaines de la technologie des vaccins et, plus généralement, de la technologie médicale, de sorte que nous puissions regarder vers l'avenir, voir quelles sont les techniques émergentes pour la fabrication des vaccins et, si nécessaire, nous en servir pour changer les capacités de production de toute usine appartenant à l'État.
À l'heure actuelle, au Canada, les IRSC investissent environ un milliard de dollars par année dans la recherche médicale. Comparez cela à ce qui se passe aux États-Unis. La population y est 10 fois plus importante que celle du Canada, mais le National Institute of Health investit 40 milliards de dollars, soit quatre fois plus par habitant que le Canada. Je pense que nous aurons fort à faire pour corriger ce déséquilibre.
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Cela prouve que le Canada aurait pu le faire l'année dernière et qu'il a échoué.
Je vais simplement me reporter à ce qu'ont indiqué, dans un rapport, les représentants de l'industrie britannique de la biotechnologie, d'une organisation similaire à BIOTECanada. M. Casey sait sans doute qu'il existe en Grande-Bretagne une organisation qui ressemble beaucoup à la sienne.
L'année dernière, ils ont écrit que la capacité de fabrication de vaccins au Royaume-Uni était limitée ou nulle. Que voulaient-ils dire?
Ils voulaient dire qu'au Royaume-Uni, la capacité de production par culture cellulaire pour fabriquer le vaccin Oxford-AstraZeneca n'était que de 200 litres, ce qui n'est pas beaucoup. Or, à la fin de 2019, le Conseil national de recherches avait une capacité de 500 litres. Notre pays avait une plus grande capacité que la Grande-Bretagne quand la COVID est apparue, et pourtant, elle a intensifié ses efforts. Elle a utilisé sa capacité limitée en 2020. Elle l'a vraiment augmentée rapidement.
Voilà ce que son groupe de travail sur les vaccins a fait que le nôtre n'a pas fait, et regardez où ce pays en est maintenant. Il fabrique des vaccins et, bientôt, il en exportera. Cela a été fait en un an et a été possible parce qu'il existe dans le monde des bioréacteurs à usage unique que le Canada n'a tout simplement pas adoptés. Nous avons échoué — et notre groupe de travail sur les vaccins aussi — en ne le faisant pas.
Je veux ajouter une dernière chose. À la fin de 2019, lorsque la COVID a frappé, une seule usine dans le monde avait déjà fabriqué et commercialisé un vaccin à base d'adénovirus. C'est la technologie qu'utilisent Johnson et Johnson et AstraZeneca. Ce laboratoire était le CNRC. Notre pays était le seul dans le monde à avoir déjà commercialisé ce vaccin. Nous y sommes arrivés les premiers, mais cette capacité était inutilisée en 2020, et c'est toujours le cas aujourd'hui.
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J'ai deux ou trois recommandations. Tout d'abord, je pense que nous devons investir dans les essais cliniques pour les candidats qui sont en développement en ce moment, ce qui inclut le nôtre. Nous n'en avons pas vraiment parlé. Nous travaillons à un vaccin protéique. Nous en sommes à la même étape que Providence. Il est essentiel, non seulement pour nous, mais également pour les autres sociétés productrices de vaccins qui ont été mentionnées plus tôt, les sept, de bien faire progresser le développement clinique. La troisième phase des essais coûte très cher.
À long terme, cependant, je pense que ce à quoi vous faites allusion, c'est la façon dont nous pouvons mieux nous préparer pour l'avenir. Il est essentiel que le gouvernement envisage de financer les organisations et les centres qui se concentrent spécifiquement sur les maladies émergentes et qui peuvent s'attaquer aux maladies en émergence qui touchent à la fois les humains et les animaux. Nous avons beaucoup parlé des maladies humaines aujourd'hui, mais il y a actuellement des maladies animales en circulation qui représentent une grande menace pour nos industries d'élevage. Il y a notamment une maladie qu'on appelle la peste porcine africaine.
Il faut qu'il y ait, au pays, des organismes presque comparables à des services d'incendie, capables de s'attaquer immédiatement à toute maladie émergente. Cela veut dire immédiatement. Il ne s'agit pas de commencer à embaucher des gens, à les former, etc. Juste pour vous donner une idée, il faut environ de quatre à cinq mois pour qu'une personne soit totalement à l'aise pour travailler dans un laboratoire à niveau de confinement élevé avec un virus potentiellement mortel. Lorsqu'une maladie apparaît, on ne veut pas commencer à recruter de nouvelles personnes. Il faut que ces personnes soient déjà prêtes.
Il faut qu'une partie de notre stratégie pour le pays consiste à investir dans la capacité, à créer des centres axés sur les maladies émergentes et à continuer à les financer afin que les personnes soient en place et qu'on ne commence pas à chercher des gens ou à attribuer des fonds lorsqu'une maladie apparaît.
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Je vous remercie, monsieur Lemire. C'est une excellente question.
Je crois que c'est M. Lexchin qui a dit plus tôt que les investissements des Instituts de recherche en santé du Canada, les IRSC, se chiffraient à 1 milliard de dollars par année. Or, par habitant, la recherche médicale au Canada est quatre fois moins subventionnée qu'aux États-Unis. Il en va de même pour la recherche en sciences naturelles et en génie.
Depuis des dizaines d'années, on voit plafonner les investissements en recherche fondamentale, alors que de plus en plus de chercheurs au Canada sont attirés par les très bonnes conditions de travail et l'accès à des infrastructures à la Fondation canadienne pour l’innovation, la FCI, et au sein du Programme des chaires de recherche du Canada. Il y a donc de plus en plus de chercheurs et de moins en moins de fonds. Par conséquent, les taux de réussite ont chuté radicalement au cours des dernières années.
Pour retenir nos bons chercheurs, il faut continuer d'investir et le faire massivement. Il faudrait rattraper le retard que nous connaissons depuis 20 ans.
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Je vous remercie beaucoup, madame la présidente.
J'aurais vraiment aimé entendre ces témoins avant de rencontrer les ministres. Cela nous aurait certainement aidés à orienter nos discussions.
Je voulais poser des questions sur le groupe de travail sur les vaccins, mais je pense pouvoir me contenter des commentaires que vient tout juste de formuler M. Attaran et de leur ajout au compte rendu.
Ma prochaine question s'adresse à M. Attaran. Nous avons récemment appris que le député de , qui est médecin, a envoyé un message à ses collègues dans lequel il indique que la réponse du gouvernement libéral à la pandémie a été tellement menée sous le sceau du secret qu'il est difficile d'avoir la foi et d'accepter les discours rassurants selon lesquels le Canada fait tout ce qu'il faut à cet égard.
Ma question concerne donc le secret et la raison pour laquelle le Canada ne semble pas pouvoir parler des renseignements relatifs aux contrats avec les fournisseurs, alors que d'autres pays le peuvent.
À la fin de votre déclaration, vous avez également mentionné que vous n'êtes pas certain que le gouvernement est à l'écoute des bonnes idées, ce qui est essentiel pour notre sécurité. Pourriez-vous approfondir ces commentaires?
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Ce n’était pas une question, mais un commentaire.
Quoi qu’il en soit, je comprends très bien vos commentaires sur le secret. Les États-Unis, le Brésil et les 27 pays de l’Union européenne ont, dans une certaine mesure, divulgué leurs contrats avec les fabricants de vaccins. Mais le Canada ne l’a pas fait. L’un de ces contrats — celui avec Moderna — finira par être rendu public à cause de la divulgation exigée par les États-Unis et sa Commission des valeurs mobilières. Il est absurde que nous devions compter sur des lois et des mécanismes réglementaires américains pour obtenir une certaine transparence sur ce qui se passe au Canada.
C’est très simple. Lorsqu’on prend des décisions sur des enjeux très importants en secret et à huis clos, sans examen par les pairs et sans que les pairs sur le terrain puissent voir ce qui se passe et formuler des critiques constructives, on se retrouve dans une impasse à la suite de mauvaises décisions. La science s’appuie sur l’examen par les pairs; c’est sa force vitale. Dans le cadre de ces décisions qui pourraient sauver des vies — ou non —, les pairs n’ont pas le droit d’examiner ce que fait le gouvernement. C’est stupéfiant. C’est de la négligence et c’est en grande partie le résultat de notre échec.
J’aimerais maintenant parler à M. Sorenson et à M. Gerdts, car nous sommes bien entendu dans une situation où les provinces souhaitent faire quelque chose. Manifestement, si elles ne connaissent pas le contenu d’un contrat entre le gouvernement fédéral et les différents fabricants, il est très difficile pour les provinces, et pour vos organismes, de faire quoi que ce soit.
Docteur Gerdts, je connais probablement beaucoup plus de vétérinaires que de médecins, et je suis donc curieux de vous entendre parler de l’importance des recherches que vous avez menées sur la peste porcine africaine et sur d’autres maladies et de la rapidité avec laquelle vous avez pu vous préparer à traiter ces autres types d’enjeux cliniques.
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Je vous remercie pour votre question.
Avec les installations de Northern RNA et d'Emergent BioSolutions, nous aurons la capacité, à partir du mois de juillet, de produire 50 000 fioles par jour. Chaque fiole contient 10 doses du vaccin. C'est donc un demi-million de doses par jour à partir du mois de juillet.
Notre capacité totale pour l'année 2021 serait de 50 millions de doses. Nous recevons actuellement des commandes d'autres provinces. Nous allons établir la limite de production et allons produire les quantités commandées.
En tenant compte du temps d'arrêt nécessaire dans les installations, en une année complète, nous pouvons produire jusqu'à 120 millions de doses, selon l'infrastructure actuelle.
Au cours de la deuxième moitié du mois d’avril, le Fonds pour l’innovation stratégique nous a officiellement invités à présenter une demande à des fins d’examen. On nous a dit, à ce moment-là, qu’on dresserait une courte liste à partir de ces présentations, et qu’on allait communiquer avec les entités qui y figuraient dans une semaine ou deux, au plus tard, puis qu’on irait de l’avant.
Nous avons effectué un suivi après une semaine et on nous a dit qu’on recevait toujours les demandes. Nous avons fait un autre suivi une semaine plus tard, et on nous a dit qu’il faudrait attendre encore deux semaines. Nous avons encore fait un suivi deux semaines plus tard, et on nous a dit qu’il fallait attendre, parce qu’on mettait sur pied le groupe de travail sur les vaccins et qu’il fallait attendre ses lignes directrices avant d’entreprendre les travaux. Nous avons attendu ainsi pendant tout l’été...
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Merci, madame la présidente.
J'avais une autre question, mais j'aimerais revenir à M. Attaran, au sujet de la capacité.
Dans les faits, la promesse de vaccins commence à ressembler aux promesses associées aux garderies, à l'assurance-médicaments, à la réforme électorale, au projet de loi , aux changements climatiques, aux subventions aux combustibles fossiles... Toute une série de promesses qui n'ont jamais été réalisées. Toutefois, celle-ci est particulièrement dangereuse. Les autres sont tout aussi difficiles à traiter, mais celle-ci est vraiment grave.
Je veux savoir une chose: si nous accélérons la cadence et arrivons à nous rattraper, aurons-nous les infrastructures nécessaires pour l'administration des vaccins? Est-ce que le groupe de travail s'assurera que nous avons la capacité physique nécessaire pour administrer le vaccin à la population?
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Avant de répondre à cette question, j'aimerais commenter ce que vous venez de dire.
La pandémie et la vaccination ont quelque chose qui diffère de tous les autres défis que vous avez nommés. La plus grande priorité morale d'un gouvernement, c'est la protection de la vie de ses citoyens. Il n'y a rien de plus important. Si un gouvernement n'arrive pas à s'acquitter de cette responsabilité de manière efficace et convaincante, et avec transparence, alors il est inapte.
Pour répondre à votre question, à mon avis, nous n'avons pas la transparence nécessaire sur le plan de la mise en œuvre pour savoir ce qui se passera lorsque les vaccins arriveront. Dans d'autres pays, les campagnes de vaccination de masse représentent la norme. Je n'ai pas entendu parler d'un plan d'élaboration de campagnes de vaccination de masse au Canada. Il en faut un.
Je vais vous donner un exemple. Le Bangladesh a vacciné plus de 50 millions d'enfants en trois semaines... On parle ici d'un des plus pauvres pays du monde. Pourquoi le Canada n'a-t-il pas de plan pour vacciner des millions de personnes en quelques semaines? Pourquoi cette absence de transparence? Soit il n'y a pas de plan, soit on le cache. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas très rassurant.
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Je suppose que la question qui se pose est la suivante: si nous finissons par obtenir les vaccins, mais avec l'aide de pays étrangers, aurons-nous aussi besoin de leur aide pour administrer les vaccins à notre propre population? Voilà la question.
Ce qui me préoccupe vraiment, c'est qu'il ne semble pas y avoir de plan. Je vous invite à regarder ce que fait l'Australie et ce qui se passe dans d'autres pays. À Detroit, au Michigan, face à ma circonscription, ils le font dans les pharmacies, au moment où on se parle. Cela se trouve à deux kilomètres de l'endroit où je suis actuellement. Il y a des pharmacies, des chaînes de magasins, des épiceries, des hôpitaux, des cliniques massives. Voilà la réalité. Je sais que les Canadiens prennent l'avion pour aller en Alaska et en Floride. Or, aujourd'hui même, vous pourriez prendre votre voiture et vous rendre à un endroit pour vous faire vacciner, si vous pouviez traverser la frontière, en 10 minutes tout au plus, je suppose. Traverser n'est vraiment pas plus long que cela. Pour les gens, c'est très difficile à accepter.
Merci, madame la présidente.
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Merci, madame la présidente.
Écoutez, c'est un désastre. La situation n'est pas reluisante. Je m'inquiète de la façon dont nous progressons en tant que pays. L'heure n'est pas aux récriminations mutuelles et à la politique partisane. Nous devons aller de l'avant et nous avons besoin d'un plan.
J'ai essayé, d'après les témoignages que j'ai entendus aujourd'hui, de résumer les recommandations sur la façon d'aller de l'avant. Je vais les présenter, et j'aimerais simplement que les témoins indiquent s'ils sont d'accord ou non. Voici ce que j'ai entendu jusqu'à maintenant, si nous réussissons à mettre en place une capacité de production nationale suffisante d'ici la fin de 2021, disons pour les vaccins à ARNm.
Nous devons démanteler le Groupe de travail sur les vaccins, puis le reconstituer avec des gens qui ne sont pas en situation de conflits d'intérêts, c'est-à-dire des intérêts personnels ou commerciaux dans un vaccin précis.
Nous devons veiller à ce que le processus de certification des capacités nationales de fabrication ne nuise pas à la qualité des examens scientifiques, ne soit pas lent, mais rapide, et soit doté de ressources suffisantes. Cela devrait faire immédiatement l'objet d'une surveillance administrative.
Nous avons probablement besoin d'un comité spécial du Cabinet ou d'un lien direct quelconque avec le processus du Cabinet pour les fabricants qui passent par ce processus afin qu'ils ne se heurtent pas à l'inertie politique, comme ce fut le cas pour la société de M. Sorenson.
Notre capacité de fabrication ne doit pas être axée sur une seule plateforme vaccinale, mais sur une plateforme cliniquement prouvée capable de contrer rapidement les variants.
Nous devrions lancer un processus d'examen accéléré, dès maintenant, afin d'éliminer la bureaucratie inutile entourant l'augmentation de la capacité de production, et un examen des produits fabriqués au Canada, et aussi établir un fonds pour accélérer les projets d'infrastructure et la certification à l'aide d'un processus simplifié et rapide de type « oui ou non » pour les entreprises de fabrication canadiennes admissibles.
Cela vous semble-t-il juste?
Je vais commencer par M. Sorenson.
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Merci, madame la présidente.
Je voudrais d'abord remercier tous les témoins d'être présents aujourd'hui pour répondre à nos questions.
Monsieur Gerdts, je pense que vous avez visé juste concernant la réticence à la vaccination. On parle beaucoup de production et d'approvisionnement, je pense, mais pas assez des gens qui refusent de se faire vacciner et qui continueront à propager le virus à l'avenir. L'éducation est essentielle, à cet égard.
Je suis d'accord avec les propos de M. Attaran. Nous ne pouvons pas miser sur un seul type de vaccin et espérer qu'il soit plus efficace que les autres, puisque cela ne fait que commencer.
Monsieur Sorenson, je sais que vous avez récemment écrit au gouvernement fédéral pour obtenir une aide supplémentaire — je crois que vous demandiez 150 millions de dollars — afin d'aider à la production de vaccins et d'accélérer les choses. Or, dans ce contexte, et considérant que nous devons à la fois acquérir assez de vaccins pour traverser la vague actuelle et investir dans la recherche, ne pensez-vous pas qu'il serait imprudent que nous versions un gros montant d'un seul coup?
Je sais que nous avons déjà investi 4,7 millions de dollars, comme ma collègue Mme Jaczek l'a mentionné, et que notre gouvernement s'est également engagé, par l'intermédiaire de la supergrappe NGen, à investir 5 millions de dollars supplémentaires pour accroître la capacité de fabrication. Qu'en pensez-vous?
Monsieur Attaran, vous avez fait référence à une campagne nationale de vaccination. Ma question s'adresse donc à vous. Actuellement, comme nous le savons, les provinces et les territoires gèrent leurs propres campagnes de vaccination. Toutefois, cela suscite des préoccupations chez certains Canadiens, notamment sur certaines décisions prises par certaines provinces.
Selon vous, comment le gouvernement fédéral peut-il collaborer avec les provinces et les territoires, étant donné que cela relève de leur compétence, pour contribuer à une campagne nationale de vaccination de ce genre?
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À première vue, votre question est erronée. En vertu de la Constitution, la santé est une compétence partagée entre le fédéral et les provinces. En tant que gouvernement, vous faites tout simplement fausse route en entretenant continuellement le mythe selon lequel la santé est uniquement de compétence provinciale.
Pour l'administration des futurs vaccins, qui seront moins thermosensibles que les vaccins à ARNm, nous devrions préconiser une campagne intensive, ce qui nous permettra d'administrer les vaccins partout où on peut transporter une glacière à bière. C'est possible avec les vaccins à base d'adénovirus et aussi, dans une certaine mesure, avec ceux de Moderna et de Novavax. Le moment venu, nous devrions organiser des cliniques de vaccination à la grandeur du pays, dans les écoles, les centres de loisirs, les églises, les mosquées, les hôtels de ville, etc.
Je recommande de travailler avec la Croix-Rouge canadienne, qui est un organisme national présent à l'échelle provinciale. Elle a mené avec succès des centaines — peut-être plusieurs centaines — de campagnes de vaccination dans le monde entier. Où en est la Croix-Rouge? Pourquoi ne fait-on pas appel à elle? Pourquoi ne pouvons-nous faire appel à elle, et aux Forces canadiennes, d'ailleurs, pour coordonner tout cela? Nous avons besoin d'un organisme quelconque pour administrer les campagnes de vaccination.
C'est tout le temps que nous avons aujourd'hui.
J'aimerais remercier les témoins d'être venus. J'ai trouvé les témoignages d'aujourd'hui très utiles, et je vous suis reconnaissante de votre temps.
Cela dit, je rappelle aux membres du Comité que des représentants du Groupe de travail sur les vaccins comparaîtront ce jeudi. Je suis convaincue que nous reviendrons alors sur certaines des questions qui ont été soulevées aujourd'hui.
Encore une fois, merci à tous de votre temps.
[Français]
Je remercie beaucoup les interprètes, les techniciens, les analystes et le greffier.
[Traduction]
Merci beaucoup. La séance est levée.