Bonjour, mesdames et messieurs. Nous avons quorum.
Bienvenue à la 25e réunion du comité, conformément à l’ordre de renvoi du mardi 25 avril 2006 et tel que prévu à l’article 29 de la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques (LPRPDÉ). Nous procédons à l’examen réglementaire de la partie 1.
Nous recevons aujourd’hui de l’Association médicale canadienne, Mme Bonnie Cham, présidente du comité d’éthique, et Mme Jean Nelson, directrice adjointe des Services juridiques et chef de la Protection des renseignements personnels; de l'Association dentaire canadienne, M. Wayne Halstrom, président, et M. Andrew Jones, directeur du Service des relations générales et gouvernementales; et de l’Association des pharmaciens du Canada, M. Jeff Poston, directeur général.
Bienvenue à tous et à toutes. Comme vous le savez, chacun d’entre vous a l’occasion de faire une déclaration préliminaire. Nous commencerons par entendre vos déclarations, puis nous passerons aux questions.
Je vois un doigt levé, si ce n’est une main. Alors avant de commencer, permettez-moi de donner la parole à Mme Lavallée.
L’Association médicale canadienne, AMC, est heureuse de venir participer aujourd’hui à votre examen de la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques ou LPRPDÉ. L’AMC s’intéresse depuis longtemps aux questions de protection de la vie privée, et notamment à l’amélioration des mesures qui permettent de protéger et de promouvoir la confidentialité des renseignements sur la santé. Nous sommes heureux de pouvoir vous faire part de nos politiques et de nos réflexions sur ces questions vitales.
Comme oncologue en pédiatrie à Winnipeg et en ma qualité de présidente du Comité d’éthique de l’AMC, je soutiens ici un principe : les médecins ont toujours pris très au sérieux la protection de la vie privée de leurs patients, et cette préoccupation demeure, car elle constitue la pierre angulaire du lien particulier qui unit les patients et leurs médecins, et ce, depuis l’époque d’Hippocrate. Pour reconnaître l’importance de la protection de la vie privée, l’AMC a produit des documents tels que son Code de déontologie et son Code de protection des renseignements personnels sur la santé, afin de guider nos 64 000 membres et plus au Canada. Ces documents existaient avant que le gouvernement fédéral présente la LPRPDÉ. Nous souhaitons protéger et garantir la confidentialité des renseignements médicaux, et c’est pourquoi nous nous adressons à vous aujourd’hui.
Nous aimerions aborder trois questions. La première concerne la reconnaissance dans la loi de la nature unique des soins de santé. La deuxième est la considération des renseignements sur les médecins en tant que dossier partiel. La troisième porte sur les enjeux émergents liés à la vie privée et aux renseignements sur la santé.
Concernant le premier enjeu, je veux mettre en évidence l’importance de reconnaître dans la loi les circonstances spéciales liées à la protection des renseignements sur la santé. De fait, lorsqu’on a débattu pour la première fois de la LPRPDÉ, l’AMC a soulevé des questions sur le champ d’application de la loi et on lui a répondu que la loi, conçue à l’origine pour le commerce et le secteur privé, ne s’appliquerait pas aux renseignements sur la santé. On nous a dit aussi que, même si c’était le cas, la LPRPDÉ ne changerait pas notre façon de pratiquer la médecine.
L’adoption de la LPRPDÉ a soulevé suffisamment de préoccupations et d’incertitude pour que le gouvernement consente à retarder de trois ans son application dans le secteur de la santé. La LPRPDÉ n’a pas clarifié la question du consentement implicite à la transmission des renseignements sur les patients entre les professionnels de la santé qui leur dispensent des soins. Par exemple, lorsqu’un médecin de famille dit à un patient « je vais vous envoyer consulter un oncologue pour qu’il vous fasse passer des tests » et que le patient accepte et suit la recommandation, il y a alors « consentement » à la transmission des renseignements sur la santé à des tiers. Comme oncologue, je suppose que le patient consent à ce que les résultats soient envoyés à d’autres spécialistes qu’il me faut consulter afin de faire avancer les soins offerts au patient. Il fallait cependant aborder la question avant l’application de la LPRPDÉ aux soins de santé.
Le report de l’application a permis au gouvernement fédéral et aux milieux de la santé de conjuguer leurs efforts et de produire une série de lignes directrices sur l’application de la LPRPDÉ. Les Outils de sensibilisation à la LPRPDÉ ou OSAL, issus de ces efforts, contiennent une série de questions et de réponses qui servent de guide aux fournisseurs de soins de santé. Ces lignes directrices ont répondu à beaucoup de nos préoccupations, en plus de nous fournir les définitions nécessaires et de nous permettre de continuer d’utiliser le modèle de consentement implicite dans le cercle des soins. L’AMC félicite le gouvernement de cet effort de collaboration et les fournisseurs de soins de santé utilisent depuis les lignes directrices qui en ont résulté.
Toutefois, nous demeurons préoccupés par le fait que les OSAL n’ont pas de valeur juridique. Cette limite crée une certaine incertitude que l’AMC souhaiterait voir se dissiper au cours de cet examen de la loi au moyen d’une référence dans la LPRPDÉ aux questions et réponses des OSAL. Depuis la mise en œuvre de la LPRPDÉ, l’AMC a non seulement participé à l’initiative des OSAL mais elle a aussi conçu des outils pratiques à l’intention des médecins et des patients. L’Association a adopté une politique sur les Principes régissant les renseignements sur les médecins, qui reconnaît l’importance de protéger la confidentialité de l’information sur les médecins. Nous avons également produit la brochure intitulée La confidentialité en pratique : guide du médecin canadien, afin d'aider les médecins à maintenir des pratiques exemplaires en matière de protection des renseignements sur la santé des patients. Finalement, l’AMC a créé Clique-confidentialitéMC pour aider les médecins à consigner leurs pratiques courantes en matière de protection de la vie privée, à en faire part aux patients et à discerner les améliorations possibles.
Le deuxième problème que j’aimerais aborder est l’information sur la pratique des médecins en tant que « produit du travail ». J’ai mentionné plus tôt le document sur la politique de l’AMC au sujet de l’information sur les médecins. L’AMC est convaincue que les médecins ont des préoccupations légitimes quant à la protection de la vie privée et à l’utilisation de l’information par des tiers — comme les données sur l’établissement d’ordonnances et d’autres données sur la pratique — à des fins commerciales. Actuellement réputée constituer un « dossier partiel », l’information peut être recueillie, utilisée et divulguée sans consentement.
Nous sommes d’avis que la LPRPDÉ protège mal ces renseignements qui, nous le reconnaissons, sont issus de la relation patient-médecin. Nous n’avons pas accepté les constatations du précédent commissaire à la protection de la vie privée qui affirmait que l’information sur les habitudes d’établissement d’ordonnances des médecins n’est pas assujettie aux dispositions de la LPRPDÉ sur la protection de la vie privée dans le cas de « renseignements personnels ». L’AMC a toujours affirmé que les données sur l’établissement des ordonnances par les médecins et d’autres renseignements sur la pratique sont effectivement des renseignements personnels. L’Association est intervenue au cours de l’examen de la question par la Cour fédérale, sur laquelle les parties principales ont fini par s’entendre.
De plus, l’importance insuffisante accordée à la confidentialité des données sur l’établissement d’ordonnances et des autres données sur les médecins pourrait avoir des répercussions négatives sur le caractère sacré de la relation entre le médecin et le patient. Les patients confient aux médecins des renseignements de nature très délicate en s’attendant à ce que ces renseignements demeurent rigoureusement confidentiels. Cette attente existe parce que les patients savent que les médecins sont assujettis à des principes d’éthique et de réglementation qui les obligent à protéger les renseignements personnels de leurs patients et qu’ils prennent cette responsabilité très au sérieux. La perception (et de fait la réalité) d’une perte de contrôle des médecins sur l’information créée au cours de la relation avec le patient, comme les données sur l’établissement d’ordonnances, pourrait miner la confiance des patients qui croient que les médecins peuvent protéger leurs renseignements personnels sur la santé.
Cette préoccupation n’est pas hypothétique. Pour les médecins, l’information considérée comme un produit du travail englobe aussi les tendances de la pratique comme les taux de congé d’hôpital, les taux de référence, les habitudes de facturation, la durée des hospitalisations, les plaintes, les résultats de l’examen par des pairs, les taux de mortalité et de réhospitalisation.
Avec l’avènement des dossiers médicaux électroniques et la croissance des programmes d’incitations fondés sur le rendement et les résultats pour les médecins, il existe d’énormes possibilités que d’autres parties exploitent les données tirées du produit du travail ou des résultats de rendement des médecins et les utilisent pour orienter l’examen du rendement — responsabilité qui a toujours appartenu aux ordres des médecins — ainsi que les décisions sur le financement des traitements et la planification du système.
Le manque de transparence dans la vente et la compilation de données sur les habitudes d’établissement d’ordonnances des médecins et d’autres éléments de rendement signifient que les médecins pourraient se retrouver à leur insu le sujet et la cible de recherches en marketing. Nous croyons que les décisions relatives à la pratique doivent être prises dans le meilleur intérêt des patients et non au profit des entreprises et des responsables de marketing.
L’AMC recommande donc un changement législatif pour considérer les renseignements sur les médecins comme des renseignements personnels au sens de la LPRPDÉ. La législation du Québec contient un exemple qui correspond à la démarche de l’AMC, puisqu’elle impose la surveillance réglementaire et donne aux particuliers le droit de se désengager de la collecte, de l’utilisation et de la divulgation des renseignements personnels.
Finalement, j’aimerais traiter des enjeux émergents liés à la vie privée et aux renseignements sur la santé. Les pressions budgétaires et démographiques imposent des tensions à notre système de santé. Les médecins s’efforcent de dispenser aux patients des soins de santé de qualité en temps opportun, tout en faisant face souvent à des exigences multiples et divergentes. Les médecins demandent donc aux législateurs de garantir que toute modification à la LPRPDÉ tiendra compte des répercussions qu’elle pourrait éventuellement avoir sur eux-mêmes ainsi que sur leurs patients.
Premièrement, nous demandons l'assurance que les soins de santé soient considérés comme un domaine particulier lorsqu’il est question de la divulgation des renseignements personnels avant la cession d’une entreprise (un médecin qui cède sa pratique à un autre) parce qu’ils sont réglementés à l’échelle provinciale par l’ordre compétent. En règle générale, les médecins doivent prévenir le public du changement de propriétaire de la pratique, soit en publiant une annonce dans un journal, soit en affichant un avis dans le bureau du médecin.
Deuxièmement, nous aimerions que le gouvernement fédéral tienne compte de l’impact de la circulation transfrontalière des renseignements personnels sur les activités liées à la télésanté et aux dossiers de santé électroniques. Les communications électroniques entre patient et médecin augmenteront vraisemblablement et franchiront de plus en plus fréquemment les frontières géographiques.
Finalement, nous aimerions que le gouvernement fédéral étudie la question de la circulation transfrontalière des données, particulièrement en ce qui a trait aux chercheurs canadiens qui reçoivent du financement des sociétés pharmaceutiques américaines. Ces arrangements devraient être régis par la législation canadienne, comme la LPRPDÉ, et non par la législation américaine, comme la HIPAA ou la Patriot Act.
En terminant, la protection de la confidentialité des renseignements personnels sur la santé est une responsabilité que mes collègues et moi ne prenons pas à la légère. Elle se trouve au cœur de notre relation avec les Canadiens, car non seulement ils s’y attendent mais parce qu’ils y ont également droit.
Je serai heureuse de répondre aux questions des membres du comité.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, mesdames et messieurs.
Je vous remercie d’avoir invité l’Association dentaire canadienne à venir témoigner aujourd’hui dans le cadre de l’examen réglementaire de la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques, communément appelée LPRPDÉ.
Je m’appelle Wayne Halstrom et je suis président de l’Association dentaire canadienne ou ADC. L’ADC compte plus de 18 000 membres au Canada. L'Association est le porte-parole national de la dentisterie, voué au progrès et au leadership d'une profession unifiée ainsi qu'à la promotion d'une santé buccodentaire optimale, qui constitue une partie intégrante de la santé en général.
Nous apprécions l’occasion qui nous est donnée aujourd’hui de faire connaître notre point de vue. L’Association a toujours collaboré avec le gouvernement fédéral sur la question de la protection des renseignements personnels en matière de santé. Nous avons participé activement aux débats parlementaires précédant l’adoption de la LPRPDÉ en 2000. Nous avons également participé aux consultations de la Gazette du Canada et nous avons témoigné devant les comités des deux chambres du Parlement lors de l’examen de la LPRPDÉ.
L’ADC a toujours défendu l’adoption d’une loi qui protège les renseignements personnels sur la santé des patients contre les cas d’abus et de mauvaise utilisation de l’information issue de la relation entre patient et dentiste. Toutefois, nous n’appuyons pas une loi fédérale en matière de protection des renseignements personnels qui occasionnerait un fardeau administratif aux dentistes. Le travail des dentistes est assujetti à un cadre législatif provincial qui les oblige à protéger la confidentialité des renseignements sur les patients. Pour l’ADC, les dentistes assument cette responsabilité de manière adéquate de sorte qu’il n’est pas nécessaire de modifier leurs pratiques actuelles.
À l’automne 2003, il y a eu beaucoup de confusion et d’incertitude au sujet de l'application de la LPRPDÉ à la dentisterie et à nos pratiques. Les dentistes ont été submergés par les diverses interprétations de ce que seraient leurs obligations en vertu de la LPRPDÉ. Nous avons demandé au ministre de l’Industrie et à son ministère d’élaborer des lignes directrices sur l’application de la LPRPDÉ en tenant compte des consultations avec notre association et d’autres intervenants du secteur médical. Le gouvernement fédéral n’a pas clairement défini de lignes directrices dans la Loi à l’égard du secteur des soins de santé, mais il a tenu compte des préoccupations de l’ADC et d’autres intervenants. Il a compris la nécessité de créer un processus qui lui permette d’examiner les préoccupations du milieu de la santé et de mettre un terme à l’incertitude et aux informations erronées.
L’ADC a apprécié que le gouvernement fédéral conçoive une initiative fournissant à nos membres l’information nécessaire pour comprendre leurs obligations découlant de la LPRPDÉ au lieu de simplement donner un avis juridique sur la façon dont la LPRPDÉ s’appliquerait aux dentistes. L’ADC a fait partie du groupe de travail qui s’est réuni régulièrement avec les représentants du Commissariat à la protection de la vie privée et des ministères de la Justice, de la Santé et de l’Industrie pour créer des outils de sensibilisation à la LPRPDÉ pour le secteur de la santé ou, comme on l’a déjà mentionné, l’initiative des OSAL. Ce processus a produit le contenu final qui sert de base à l’interprétation de la LPRPDÉ par le gouvernement fédéral, c’est-à-dire une série de questions et de réponses simples qui clarifient, entre autres, les exigences relatives au consentement, à la communication des renseignements personnels sur la santé aux compagnies d’assurances privées, à la sauvegarde des données dans les bureaux, et aux demandes de modification des renseignements figurant sur les fiches dentaires.
La plus grande réussite de l’initiative des OSAL a peut-être été de clarifier durant l’automne 2003 la position du gouvernement fédéral sur la connaissance et le consentement. L’initiative a conclu que, en vertu de la LPRPDÉ, il est exigé que le patient soit informé de la collecte, de l’utilisation et de la communication des renseignements sur sa santé. Un patient doit connaître ses droits en ce qui concerne la protection des renseignements personnels grâce à l’affichage d’avis et à des discussions dans le cours normal de la relation entre le patient et le dentiste. L’ADC se réjouit que, grâce à la série de questions et de réponses, le gouvernement fédéral a fourni une interprétation du consentement implicite qui n’entraîne pas un surcroît de tâches administratives pour les dentistes.
Nous avons créé une affiche pour aider nos membres à informer les patients de leurs droits en matière de protection des renseignements personnels. Nous avons fourni au comité un exemplaire de l’affiche ainsi que la série de questions et de réponses qui constituent l’initiative des OSAL, mais nous sommes préoccupés par le fait que l’initiative n’a aucune valeur juridique. Bien que l’initiative réponde aux préoccupations du secteur de la santé dentaire, nous savons qu’il existe toujours diverses interprétations de la LPRPDÉ et que certains fournisseurs de soins de santé doivent encore faire face à un surcroît de tâches administratives parce que la série de questions et de réponses n’a aucune valeur juridique.
Nous recommandons au comité que la LPRPDÉ fasse référence à la série de questions et de réponses qui fait partie de l’initiative des OSAL.
Pour conclure, monsieur le président, nous savons que la LPRPDÉ vise à donner au public et aux patients la garantie que les renseignements personnels sur la santé continueront d'être gérés et transmis de façon confidentielle et sécuritaire.
L’un des principaux objectifs de l’ADC est de contribuer à améliorer la santé dentaire des Canadiens. Pour que nous puissions maximiser la prestation de soins et améliorer la santé dentaire des Canadiens, les patients doivent être assurés que leurs renseignements personnels fournis lors de leur relation avec le dentiste ne seront pas mal utilisés.
La protection des renseignements personnels est un droit à la base du système de soins de santé du Canada. Ce droit fait l’objet de réglementation, de codes de déontologie, de normes et de procédures. Nous sommes satisfaits des résultats de l’initiative des OSAL et nous demandons au comité d’inscrire formellement l’initiative des OSAL dans la LPRPDÉ.
Mon collègue, Andrew Jones, directeur des Relations générales et gouvernementales à l’ADC, et moi-même serons heureux de répondre à vos questions.
Merci beaucoup.
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Merci beaucoup. Nous verrons. Peut-être devriez-vous remettre un prix au témoin qui se rapproche le plus des dix minutes allouées.
Bonjour. L’Association des pharmaciens du Canada ou l’APhC apprécie l’occasion qui lui est donnée de témoigner devant vous aujourd’hui dans le cadre de l’examen de la LPRPDÉ. Mon nom est Jeff Poston et je suis directeur général de l’APhC.
Pour ceux qui ne sont pas familiers avec notre organisation, L’Association des pharmaciens du Canada est un organisme bénévole national dont la mission est d’assumer le leadership de la profession de pharmacien et d’améliorer la santé des Canadiens. Nos membres proviennent de tous les domaines de pratique : les pharmacies communautaires, les hôpitaux, les universités, les gouvernements et l’industrie.
Nous savons que les services pharmaceutiques constituent un aspect vital du système de santé canadien. Cette année, il est prévu que la vente au détail de médicaments dépassera plus de 25 milliards de dollars, soit 17 p. 100 des dépenses en soins de santé. Toutefois, il est évident qu’il faut améliorer la sécurité et les résultats de la pharmacothérapie. Le champ de la pratique en pharmacie se modifie afin de mieux aider les patients à maximiser les avantages de la pharmacothérapie.
Nous désirons souligner l’engagement solide de la profession envers la protection de la confidentialité et de la vie privée des patients. Le code de déontologie de la profession, les normes juridiques provinciales touchant la pratique et le code de protection des renseignements personnels de l’APhC sont la preuve de notre engagement. Les pharmaciens ont fait la preuve de leur capacité à respecter leur engagement, en utilisant depuis plus de 15 ans des technologies comme les dossiers électroniques des patients et le transfert électronique des ordonnances en vue du paiement par les régimes d'assurance-médicaments privés ou publics.
Chaque jour, au Canada, les pharmaciens traitent plus d’un million d’ordonnances, dont la plupart sont destinées à des patients souffrant de maladie mentale, du VIH-sida, d’infections ou de maladies graves. Nous assurons la confidentialité des renseignements sur la santé des patients qui nous sont confiés. Les pharmaciens croient fermement que le droit des Canadiens à la protection de la confidentialité des renseignements sur la santé est fondamental.
Lors de l’élaboration de la LPRPDÉ, nous avions trois préoccupations. Premièrement, la Loi ne faisait pas la distinction entre d’une part les fins thérapeutiques auxquelles servent les renseignements personnels sur la santé, même lorsqu’il était question des régimes d'assurances-médicaments privés, et d'autre part les fins commerciales auxquelles les renseignements personnels résultant d’opérations commerciales sont généralement utilisés.
Nous craignions également que la loi crée deux niveaux de droit en matière de protection de la vie privée : l’un pour les Canadiens couverts par une assurance-maladie payée par les gouvernements provinciaux et l’autre pour les Canadiens couverts par un régime privé. De plus, les conséquences des modifications proposées sur le système de soins de santé semblaient incertaines. On ne savait pas si l’application de la loi occasionnerait des délais aussi bien aux patients qu’aux fournisseurs de soins de santé, sans compter le fardeau financier qui en découlerait.
Nous avons à l’origine proposé un amendement à la loi afin que son application dans le secteur des soins de santé soit retardée de cinq ans pour permettre aux provinces d’élaborer une réglementation spécifique en matière de protection des renseignements personnels sur la santé. Nous proposions que, après cette période, la loi s’applique au secteur de la santé dans une province qui n’aurait pas adopté de loi sur la question.
Avant l’entrée en vigueur de la LPRPDÉ, on craignait beaucoup que la loi gêne la prestation des soins. Il régnait beaucoup de confusion sur ce que la loi signifiait pour la pratique courante. Grâce au travail préparatoire accompli par le groupe formé d’associations de fournisseurs de soins de santé et de consommateurs, y compris les associations présentes aujourd’hui, à l'élaboration par l’APhC d’un code de protection des renseignements personnels à l’intention des pharmaciens et à la prépondérance de la législation provinciale en matière de protection des renseignements personnels, la LPRPDÉ n’a pas eu les effets négatifs prévus sur la pratique en pharmacie. L’APhC est tout de même préoccupée par trois enjeux dont nous aimerions vous faire part dans le cadre de l’examen de la loi.
Tout d’abord, il faut dire que les outils de sensibilisation à la LPRPDÉ ou OSAL sont très utiles pour l’interprétation des effets de la LPRPDÉ sur le milieu des soins de santé et pour clarifier le champ d’application de la loi. L’élaboration du code de protection des renseignements personnels à l’intention des pharmaciens et d’autres outils pratiques — comme des lignes directrices, des brochures et des affiches — par l’APhC a aidé les pharmaciens à se préparer à la mise en œuvre de la loi.
Les questions et les réponses de l’initiative des OSAL ont servi de lignes directrices sur la façon dont la loi influe sur la prestation des soins de santé. Comme nos collègues présents aujourd’hui, nous somme préoccupés par le fait que les OSAL n’ont aucune valeur juridique. Ces lignes directrices sont essentielles à l’application de la LPRPDÉ dans le secteur de la santé.
L’APhC aimerait que les lignes directrices faisant partie des OSAL soient inscrites dans la loi afin qu’elles soient dotées d’une valeur juridique officielle. De plus, le consentement implicite lié à la prestation des soins et au traitement des patients, tel qu’il est défini dans le cercle des soins, doit être reconnu dans la LPRPDÉ, puisque ce principe se trouve au cœur du Cadre pancanadien de protection de la confidentialité des renseignements personnels sur la santé.
Plusieurs problèmes se posent lorsque les renseignements sur les patients sont utilisés à des fins de recherche. Les renseignements personnels sur la santé servant à la recherche sont produits et créés par divers professionnels de la santé, et il faut permettre l’échange et l’utilisation de manière adéquate de ces renseignements. Ces données sont particulièrement utiles pour vérifier la pertinence des services de soins de santé offerts, évaluer les résultats et élaborer les politiques en matière de santé. Nous croyons que les renseignements sur la santé ne devraient pas permettre d’identifier les patients et qu’ils devraient être utilisés uniquement pour la recherche en soins de santé et l’étude de statistiques à des fins non commerciales.
Nous sommes favorables à la collecte, à l’échange et à l’utilisation de manière appropriée des renseignements sur la santé, y compris les données des ordonnances, pour les fins de la recherche sur les soins de santé. En ce qui concerne plus particulièrement les médicaments, ces données devraient être utilisées pour favoriser la prescription et l’utilisation optimales des médicaments, et ce, pour s’assurer de la qualité des services. Dans ce cas précis, il est nécessaire que le processus repose sur l’évaluation par des pairs. Nous craignons cependant que ces données soient parfois utilisées de manière inappropriée.
Il faut également tenir compte à l’avenir des dossiers de santé électroniques et de l’établissement d’ordonnances. Le fait que l’endroit où sont donnés les soins ait un accès direct aux renseignements sur la santé des patients permettra aux fournisseurs de soins de prendre des décisions mieux éclairées pour le traitement des patients. Ces systèmes d’information électroniques amélioreront la sécurité des patients et auront des effets positifs sur leur santé en plus de maximiser l’efficacité des ressources en santé. Dans un environnement de soins de santé en ligne, les pharmaciens devront lire les dossiers médicaux électroniques et les annoter afin de communiquer et de travailler avec d’autres fournisseurs de soins et de prendre des décisions mieux éclairées pour la santé des patients.
Nous avons collaboré avec l’Association canadienne des chaînes de pharmacies et la Société canadienne des pharmaciens d'hôpitaux à l’élaboration de principes et d’éléments qui serviront de guide à l’élaboration et à l’utilisation des systèmes d’information électroniques sur les médicaments. L’un de nos principes clés est que les systèmes d’information sur la santé, y compris les réseaux d’information destinés aux pharmaciens, doivent utiliser des mesures de sécurité rigoureuses et se conformer aux lois sur la protection des renseignements personnels afin de protéger la confidentialité des renseignements sur les patients, sans toutefois limiter la capacité des fournisseurs de soins d’accéder à l’information et d’exercer leur profession de manière efficace et axée sur les patients.
Les lignes directrices de l’initiative des OSAL jouent un rôle important dans le secteur des soins de santé pour clarifier la LPRPDÉ, et ce rôle aura encore plus d’importance à l’avenir avec l’évolution des dossiers de santé électroniques. Il est essentiel que l’interprétation actuelle de la loi relativement à son application au secteur de la santé s’étende à la future transmission électronique des renseignements sur la santé. Le Cadre pancanadien de protection de la confidentialité des renseignements personnels sur la santé constitue un excellent moyen pour favoriser de tels développements.
En conclusion, la protection des renseignements personnels sur la santé continue et continuera d’avoir une très grande importance pour les pharmaciens. Le lien de confiance qui existe entre les patients et les pharmaciens est un élément essentiel de la prestation des soins.
Je vous remercie de l’occasion que vous avez donnée à l’APhC de participer à l’examen de la LPRPDÉ. Je répondrai avec plaisir à vos questions.