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Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la 25e réunion du Comité spécial sur les relations sino-canadiennes.
Conformément à l'ordre de renvoi du mercredi 23 septembre 2020, le Comité se réunit dans le cadre de son étude sur les relations sino-canadiennes.
[Français]
Il s'agit d'une réunion hybride, conformément à la motion adoptée par la Chambre le 25 janvier 2021.
Avant d'accueillir les témoins, j'aimerais aviser les membres du Comité que M. Iain Stewart, président de l'Agence de la santé publique du Canada, et le Dr Guillaume Poliquin, vice-président par intérim du Laboratoire national de microbiologie, ont confirmé leur comparution pour le lundi 10 mai 2021.
[Traduction]
Ils ont également indiqué qu'ils négocient avec le Bureau de la traduction et qu'ils feront de leur mieux pour accélérer la traduction.
Tournons-nous maintenant vers nos témoins. Nous accueillons Lynette H. Ong, professeure de science politique, Munk School of Global Affairs and Public Policy, Université de Toronto, et Richard Fadden, qui témoignent à titre personnel. Merci à vous deux d'être venus.
Nous allons débuter par les remarques préliminaires de Mme Ong. Veuillez procéder, je vous prie. Vous avez cinq minutes.
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Monsieur le président, messieurs les vice-présidents et distingués membres du comité spécial, c'est un honneur d'être ici. Je vous remercie de votre généreuse invitation à témoigner devant le Comité pour la deuxième fois.
Étant donné le sujet d'aujourd'hui, l'ingérence étrangère, je voudrais commencer par quelques définitions.
Qu'est-ce qui constitue une ingérence étrangère, et comment faire la distinction entre l'influence étrangère et l'ingérence étrangère?
Un pays peut exercer une influence sur un autre pays en utilisant la carotte, comme l'aide financière et les prêts à des conditions favorables; le bâton, comme les sanctions économiques; et la persuasion, comme les campagnes de propagande ou de désinformation. Les démocraties ont une société plus pluraliste et ouverte et sont plus tolérantes à l'égard de l'influence étrangère. À l'inverse, les autocraties sont moins tolérantes, car la contestation des politiques a tendance à se produire entre les factions de l'élite dirigeante plutôt que dans le domaine public.
Quand l'influence étrangère devient-elle de l'ingérence étrangère? L'ingérence étrangère renvoie à la zone grise de la sécurité nationale. Les termes utilisés pour la décrire vont de « secrète » et « trompeuse » à « malveillante » et « manipulatrice ». Je pense que la portée de ce que couvrent les lois sur l'ingérence étrangère diffère également selon les pays. Par conséquent, la distinction entre l'influence étrangère légitime, que chaque pays cherche à exercer dans le cadre de sa diplomatie publique, et l'ingérence étrangère n'est pas nette. Je pense qu'il faut reconnaître qu'elles existent le long d'un continuum plutôt qu'en termes binaires.
Je voudrais prendre le temps de parler du travail du Front uni. La stratégie du Front uni du Parti communiste chinois repose sur l'idée de s'unir à de petits ennemis pour en vaincre de plus grands. Cette stratégie s'est avérée très efficace lors de la guerre civile qui a amené le Parti communiste chinois au pouvoir en 1949; elle lui a permis de recruter des détenteurs de pouvoir non communistes, des chefs d'entreprise et des communautés locales pour ébranler le gouvernement du Kuomintang. Alors que, par le passé, une grande partie du travail du Front uni était tournée vers l'intérieur, sa proéminence a été revigorée et sa portée, élargie depuis 2015. La même année que la limite du nombre de mandats du président chinois a été abolie, les départements gouvernementaux chargés des affaires ethniques, de la religion et des affaires des Chinois d'outre-mer ont été subsumés au sein du département du travail du Front uni du parti. Depuis lors, les opérations du département du travail du Front uni tournées vers l'étranger sont menées par des Chinois d'outre-mer, avec la cooptation par le parti de personnes et de communautés chinoises ethniques vivant à l'extérieur de la Chine et d'organisations chinoises basées à l'étranger.
Les principaux groupes du Front uni comprennent des organisations de premier plan tels que la Conférence consultative politique du peuple chinois, qui rassemble les élites sociales non membres du Parti communiste chinois en Chine. À l'étranger, il s'agit de l'Association du peuple chinois pour l'amitié avec l'étranger, de la Fédération panchinoise des Chinois de retour d'outre-mer, des associations d'étudiants et de chercheurs chinois, et de nombreuses associations d'amitié et de villes d'origine chinoises à l'étranger. En cooptant ces organisations sous l'égide du Front uni, le parti cherche à façonner le récit et à étendre son influence à l'étranger. Cela soulève la question de savoir si les activités de ces organisations sont des exemples d'« influence étrangère », comme les tentatives de projeter la puissance douce de la Chine à l'étranger, ou si elles constituent une « ingérence étrangère ». La nature secrète de certaines de ces activités fait qu'il est plus difficile de procéder à une évaluation juste et impartiale.
Je pense qu'il y a un manque d'études académiques rigoureuses concernant le travail du Front Uni. L'adhésion aux réseaux du Front uni ne suppose pas automatiquement que les individus ou les organisations font office d'agents locaux du Parti communiste chinois pour mener des actions d'ingérence à l'étranger, même s'ils sont sous son égide.
Je pense qu'il est également important de reconnaître que les diasporas ne sont pas des agents passifs ou apolitiques de leurs gouvernements d'origine. En général, les diasporas ont des agences et des motivations qui leur sont propres. Dans le contexte canadien, il est également crucial de reconnaître que la diaspora chinoise est loin d'être une communauté homogène, et que son allégeance au gouvernement chinois, ou au Parti communiste chinois, ne doit pas être automatiquement présumée.
En 2018...
Il me reste deux pages. Puis-je passer à mes recommandations?
Je suis désolée, je ne vous entends pas
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Merci, monsieur le président. C'est un plaisir de témoigner devant vous cet après-midi.
Je vais profiter du fait que vous n'avez pas eu l'occasion de prendre connaissance de mes observations pour vous donner un peu de contexte, au lieu de parler en détail de l'ingérence étrangère.
Lorsque nous examinons cette pratique chinoise, ainsi que toute une série d'autres pratiques, je pense qu'il est important de considérer la Chine comme notre adversaire stratégique. Je voudrais surtout m'attarder sur les conséquences possibles d'un tel constat pour le Canada si nous en venons à l'accepter.
Selon moi, comme condition préalable pour contrer efficacement l'ingérence étrangère exercée par les Chinois, entre autres, nous devons accepter qu'ils ont une politique coordonnée et centralisée, un programme d'élaboration d'activités, qui leur permet d'utiliser tous les outils à leur disposition, c'est-à-dire les politiques en matière d'affaires étrangères, de défense, de sécurité et de commerce. Le message sous-jacent que j'aimerais vous transmettre cet après-midi, c'est que si nous voulons transiger efficacement avec les Chinois, nous devons faire comme eux. Nous ne pouvons pas envisager l'ingérence étrangère indépendamment de l'activité commerciale ou des initiatives diplomatiques en Extrême-Orient ou en Indochine. Nous devons miser sur une activité coordonnée.
J'ai quelques points sous-jacents à faire valoir, si vous me le permettez. Tout d'abord, je pense que nous devons être réalistes. La Chine est le deuxième pays le plus puissant de la planète. Le Canada est, pour sa part, une puissance moyenne parmi tant d'autres. Sauf dans les cas où notre souveraineté est directement touchée, je doute que nous puissions faire grand-chose, à nous seuls, pour influer sur la façon dont les Chinois établiront leurs objectifs et la façon dont ils s'y prendront pour les atteindre. Si nous voulons avoir un impact sur les Chinois, nous devons utiliser tous les outils multilatéraux à notre disposition. Si l'ONU ne fonctionne pas, il faut essayer de recourir au Groupe des cinq, au G7 et à d'autres activités en marge de l'OTAN. Toutes ces entités offrent aux ministres et aux fonctionnaires de nombreuses occasions d'échanger leurs points de vue et de coordonner leurs interventions.
Permettez-moi de parler de ce que nous devons faire lorsque notre souveraineté est directement touchée par les actes de la Chine. Il faut d'abord le reconnaître, puis dégager une sorte de consensus sur la nature du problème. S'il nous est impossible d'y mettre un terme ou si ces agissements se poursuivent, nous devons alors passer à l'action. Un exemple d'activité qui vient à l'esprit, c'est l'influence étrangère. Quelle que soit sa définition, elle est inacceptable et elle constitue une atteinte à notre souveraineté et une menace pour nos citoyens. Il n'y a aucune raison pour que nous ne puissions pas discuter de ce problème commun, qui afflige bon nombre de nos alliés, et coordonner une riposte quelconque.
Lorsque les activités chinoises sont plus indirectes — par exemple, une trop forte présence d'étudiants chinois dans les universités ou l'ampleur des subventions accordées par la Chine aux travaux de recherche dans des domaines de nature délicate pour notre sécurité nationale —, nous devons également agir à cet égard. Comme ces activités touchent des domaines autres que nos intérêts en matière de sécurité nationale, elles sont plus difficiles à traiter, mais nous ne pouvons pas en faire fi en raison du contrôle exercé par l'État chinois.
Pour en revenir au point sous-jacent que j'essaie de faire valoir, je soutiens que le Canada ne peut pas contrer efficacement l'activité organisée et centralisée de la Chine sans être lui-même organisé et coordonné. Autrement dit, nous devons prendre des mesures à l'échelle pangouvernementale, c'est-à-dire dans l'ensemble du gouvernement du Canada, et à l'échelle nationale, c'est-à-dire dans l'ensemble du pays.
Par « pangouvernementale », je veux dire que notre réaction à un comportement inacceptable de la part de la Chine ne peut se limiter au Service canadien du renseignement de sécurité, au Centre de la sécurité des télécommunications et, à l'occasion, au ministère de la Défense nationale et à Affaires mondiales Canada. Elle doit plutôt englober tous les éléments du gouvernement du Canada. Je songe, entre autres, à Innovation, Sciences et Développement économique Canada et à Ressources naturelles Canada. Par « nationale », j'entends ceci: les responsabilités du gouvernement fédéral en matière de protection de notre souveraineté et le contrôle qu'il exerce sur notre frontière s'accompagnent d'activités que le gouvernement fédéral doit mener dans l'ensemble du secteur privé et de la société civile, ainsi que dans certains domaines pouvant toucher les provinces.
J'insiste à nouveau sur le fait que nous ne serons pas en mesure de contrer l'influence étrangère ou toute autre activité inacceptable de la Chine si nous n'admettons pas que nous avons un problème et si nous ne coordonnons pas le tout à l'interne et avec nos alliés les plus proches. C'est loin d'être un jeu d'enfant. Ce n'est pas facile pour un certain nombre de raisons. Je voudrais simplement en souligner une: ce ne sont pas tous les citoyens chinois et toutes les activités chinoises qui sont néfastes pour le Canada. Faire la distinction entre le genre d'activités dont Mme Ong a parlé et les autres activités qui sont parfaitement acceptables est beaucoup plus difficile qu'il n'y paraît à première vue. La seule façon d'y arriver, c'est d'en parler et de définir ce que nous jugeons inacceptable, idéalement grâce à l'élaboration de normes très semblables à celles de nos alliés.
Merci beaucoup, monsieur le président. J'ai hâte de répondre aux questions des députés.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie les deux témoins qui sont parmi nous aujourd'hui.
Mes premières questions s'adresseront surtout à M. Fadden.
Monsieur Fadden, je vous remercie beaucoup de votre témoignage et du service que vous avez rendu au pays.
Monsieur Fadden, je vais nous replonger un peu dans le passé. En 2010, vous avez dit que plusieurs politiciens, ministres et fonctionnaires étaient sous l'influence de puissances étrangères dans le cadre d'activités d'espionnage menées par ces dernières au Canada, et que des puissances étrangères étaient en voie d'infiltrer des milieux politiques au Canada. À l’époque, plusieurs personnes avaient légitimement conclu que vous parliez de la Chine. Pourtant, le gouvernement de l'époque et son ministre de la Sécurité publique avaient trouvé vos propos regrettables.
Il y a quelques semaines, M. Michel Juneau-Katsuya, ancien agent du Service canadien du renseignement de sécurité, ou SCRS, nous a dit que vous aviez été sévèrement réprimandé par le gouvernement de l'époque. De plus, M. Wesley Wark nous a dit que le bureau du premier ministre Harper vous avait évincé à la suite de ces commentaires.
La situation a-t-elle changé à cet égard? Le gouvernement a-t-il pris cette menace au sérieux et a-t-il amélioré sa défense quant à la menace d'ingérence du Parti communiste chinois, menace que vous aviez soulignée?
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Les opinions des gens qui forment le gouvernement, de même que celles de la population en général, ont changé.
J'ai utilisé l'expression anglaise suivante.
[Traduction]
« Ils exerçaient une certaine influence ».
[Français]
Mes propos ont été un peu exagérés. On a cru que je disais que les puissances étrangères contrôlaient des fonctionnaires et des hommes publics, mais ce n'était pas le cas.
En général, on a reconnu que mes propos étaient véridiques et qu'il fallait prendre cela au sérieux. Au cours des dernières années, plusieurs de vos collègues, anciens et actuels, m'ont dit que j'avais effectivement raison et qu'il aurait fallu être un peu plus honnête à l'époque.
Les agences comme le SCRS allouent dorénavant plus de ressources à ce genre de menace. Toutefois, il est plus difficile de détecter cela, contrairement aux activités de terrorisme. Dans ce genre de situation, il n'y a pas de preuve patente. J'éprouve donc une certaine sympathie à l'égard de mes anciens collègues du SCRS. Avec l'aide de nos alliés, nous pouvons faire quelque chose pour contrer ce genre d'influence étrangère, qu'elle provienne de la Chine ou d'un autre pays.
Le problème au Canada, c'est que le grand public a de la difficulté à admettre que notre pays est menacé. En Amérique du Nord, on se croit bien protégé par trois océans et par les États-Unis. Il faut parfois qu'une crise survienne pour qu'on admette qu'il y a vraiment un problème. Dans un tel contexte, la portée des actions des agences de sécurité publique est en quelque sorte limitée.
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J'aimerais justement parler de l'évolution de la pensée et de la sensibilisation qu'il y a eu au Canada relativement à la menace que représente la Chine en matière d'ingérence étrangère.
Vous avez publié un rapport en 2010-2011, alors que vous étiez directeur du SCRS. Vous y parliez de la compétitivité économique et stratégique entre les nations, et vous avez dit que cela créait un niveau de menace semblable à celui qui existait pendant la Guerre froide.
Vous avez tenu ces propos il y a 10 ans sans, toutefois, nommer la Chine. Y a-t-il une raison pour laquelle vous ne l'avez pas nommée? Dans les rapports plus récents, faits par M. Vigneault, on constate une évolution. Par exemple, on y nomme directement la Chine.
Y a-t-il une raison pour laquelle la Chine n'était pas nommée à l'époque? Était-ce bien la Chine que vous aviez en tête? Je présume que c'était le cas.
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Je vous remercie, monsieur le président.
D'abord, je remercie nos témoins d'être parmi nous ce soir. Je les remercie aussi de leur témoignage fort pertinent quant à notre étude.
Je vais pousser plus loin la question posée par M. Paul-Hus à M. Fadden sur le nombre élevé d'agents diplomatiques chinois en mission au Canada.
Au-delà du nombre, il importe de savoir ce que fait chacun de ces agents. Cependant, ne craignez-vous pas qu'il nous soit difficile de repérer ceux qui exercent des fonctions liées à la sécurité, que ce soit à partir de leur titre, soit à partir de leurs attributions non officielles?
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Je comprends fort bien.
Cependant, il m'apparaît important de signaler qu'il ne suffit pas de consulter la liste des employés et de lire leur titre pour savoir combien d'entre eux s'occupent précisément de sécurité. Il y a des gens dont le titre est purement consulaire, mais qui exercent, nous le savons pertinemment, des fonctions qui dépassent largement l'aspect consulaire.
Le Comité a été complètement renversé d'apprendre que l'entreprise VFS Global, chargée des demandes de visas en Chine, est non seulement financée par des fonds chinois en amont, mais qu'elle fait aussi affaire en aval avec un sous-traitant sur le terrain. Vous avez même été jusqu'à dire que l'entreprise était un point d'entrée pour les cyberespions chinois.
Le Comité a fait le même constat renversant lorsqu'il a appris, après avoir interrogé différentes agences de sécurité canadiennes au sujet de Nuctech et de VFS Global, qu'aucune vérification de sécurité n'avait été effectuée pour ces deux entreprises. On semble s'être emmêlé les pinceaux du côté fédéral. La main gauche ne semble pas savoir ce que fait la main droite. Il ne semble pas y avoir de volonté politique de faire ce genre de vérifications. Résultat: il n'y a pas eu de vérification.
Un tel résultat ne serait-il pas éminemment inquiétant et ne devrait-il pas nous amener à resserrer les mesures de vérification en ce qui a trait aux entreprises avec lesquelles nous faisons affaire?
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Je pense que oui. C'est un peu de cela que je vous parlais dans mon discours d'ouverture. Il faut que les mesures du gouvernement fédéral se prennent à l'échelle du gouvernement et qu'elles soient intégrées.
Honnêtement, cela est plus facile à dire qu'à faire, mais c'est possible, surtout si le Cabinet détermine que six pays, par exemple, devront faire l'objet de vérifications. Par contre, cela ne veut pas dire que chaque fois qu'il achètera un bien ou un service d'un pays, comme la Belgique, il devra systématiquement faire des vérifications poussées sur ce pays. Cependant, il faut resserrer et intégrer un peu plus les mesures de vérification.
Par ailleurs, pour que cela puisse fonctionner, il faudrait désigner une demi-douzaine de pays sur lesquels concentrer nos efforts. Honnêtement, je ne pense pas que c'est le genre d'activité que les gouvernements du Canada, le fédéral et les provinces, aiment particulièrement. Par contre, il faut surveiller certains pays attentivement, comme le font les États-Unis et la France, par exemple.
Je pense que la Chine présente un risque suffisamment sérieux pour que cela vaille la peine de resserrer les mesures.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier nos deux témoins d'être des nôtres ce soir.
Monsieur Fadden, tout d'abord, j'aimerais revenir un peu sur l'entreprise VFS Global. Vous avez dit récemment — et je me fie à une citation — que le Canada devrait mettre un terme à sa relation avec la police de Pékin, qui s'occupe de notre centre des visas en Chine, plus particulièrement à Pékin. Je suis bien d'accord avec vous là-dessus.
Comme vous le dites, on « ne peut pas imaginer un point d'entrée plus prometteur pour les cyberespions » et, je suppose, pour d'autres espions, notamment en ce qui concerne la saisie de données, mais nous nous sommes fait dire, monsieur Fadden, que le gouvernement n'était pas au courant de la situation jusqu'à récemment. Ce n'est pas tout à fait vrai, puisque cette affaire a commencé en 2008, et VFS indique avoir informé le gouvernement du Canada de l'identité de son sous-traitant local, ce qu'elle est tenue de faire en vertu des lois chinoises.
Lorsque vous étiez à la tête du SCRS, que faisait le SCRS pendant que tout cela se déroulait, à partir de 2008? Cette situation dure depuis presque 20 ans.
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C'est une question légitime. Je peux dire que lorsque j'étais au SCRS, je n'ai jamais entendu parler de cette affaire, et je n'en aurais pas forcément entendu parler non plus, mais je vais répéter un peu ce que j'ai dit il y a quelques minutes: selon moi, l'un des défis auxquels nous faisons face au Canada, c'est celui de comprendre ce que nous allons faire si nous acceptons l'idée que des pays comme la Chine présentent un risque.
Cela signifie, entre autres, que nous devons mieux intégrer les activités d'une gamme de ministères. Il y a le ministère de l'Approvisionnement, qui relève de Mme Anand, et [Difficultés techniques] sait, espérons-le, ce qui se passe. Mentionnons aussi le ministère de l'Immigration, qui est doté du pouvoir d'autorisation. Je doute que tout le monde comprenne systématiquement, à chaque occasion, les risques que nous prenons.
Tant qu'il n'y aura pas de consensus national sur les types de risques dont vous et vos collègues parlez, il sera très difficile pour un seul organisme de [Difficultés techniques] chinois [Difficultés techniques].
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Permettez-moi de vous interrompre, car le temps presse.
Nous n'avons pas un seul organisme. Il y a le SCRS, la GRC, le CST. Les organismes qui sont là sont censés faire le travail, mais nous semblons entendre beaucoup de propos alarmistes — et c'est ce que j'entends de votre part et de la part de toutes sortes de personnes —, ainsi que beaucoup de déclarations selon lesquelles il se trame quelque chose, mais il y a toutes ces zones grises. À quel moment le flou s'estompe-t-il?
Vous avez évoqué la question des secrets volés par la Chine. Si c'est bel et bien le cas, il s'agit assurément d'une activité criminelle, et c'est soit parce que les lois sont inadéquates, soit parce que leur application est inefficace. C'est l'un ou l'autre. Nous avons besoin de conseils de la part de gens comme vous, pour reconnaître que les lois sont inadéquates. Le cas échéant, ce n'est pas grave. Il arrive que des lois soient inadéquates, mais encore faut-il savoir lesquelles. Par ailleurs, quels changements faut-il y apporter?
Qu'avons-nous à dire? En ce qui concerne l'influence étrangère, beaucoup de pays aiment influencer d'autres pays, et leurs diasporas jouent un rôle là-dedans. Où se situe la limite entre une influence et une activité criminelle? Quelqu'un doit définir cette notion bien mieux que ce que nous avons fait jusqu'ici. Qu'essayons-nous d'empêcher, et qu'attendons-nous de tout pays?
Je poserai une question à Mme Ong après que vous aurez répondu à celle-ci.
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Je pense que vous avez tout à fait raison. Selon moi, la principale distinction à faire entre ce qui est une activité acceptable — et, dans certains cas, il s'agit d'une activité diplomatique — et ce qui ne l'est pas, c'est la question du secret.
Si un autre pays, par l'entremise de ses agents, essaie secrètement de vous influencer ou d'influencer des fonctionnaires ou d'autres personnes, cela relève de l'influence étrangère et de l'ingérence étrangère. Par contre, si l'ambassade de Chine ou le consul général de Chine à Vancouver le fait ouvertement, cela ne pose pas vraiment de problème.
L'autre difficulté, c'est lorsqu'ils essaient de recourir à la menace au sujet de quelque chose qui se passe soit au Canada, soit en Chine. Le hic, c'est qu'il est très difficile de le prouver, car les gens se sentent menacés. Nous devons trouver un moyen pour que les gens se sentent plus à l'aise de se manifester et de témoigner. S'ils ont de la famille en Chine qui est menacée, on peut très difficilement s'attendre à ce qu'ils le fassent.
Nous avons eu droit à des témoignages très percutants.
Madame Ong, vous avez été très patiente. Pour ma part, j'aimerais beaucoup entendre vos recommandations, car j'ai aimé la façon dont vous avez commencé votre exposé en parlant de l'équilibre entre les droits civils au pays et la menace à la sécurité.
Je dispose de cinq minutes. Je vais vous donner quelques minutes et, ensuite, j'espère qu'il y aura un peu de dialogue.
J'aimerais vraiment entendre vos recommandations. Je vous interromprai après trois minutes et demie ou quatre minutes, mais d'ici là, la parole est à vous.
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Je vous remercie de la question que vous m'avez posée et de l'occasion que vous me donnez.
Premièrement, je recommanderais de renforcer notre immunité en sensibilisant les organismes gouvernementaux concernés aux risques d'ingérence étrangère et d'espionnage. En tant que personne qui connaît et comprend la Chine, je suis également assez alarmée par certaines des situations très élémentaires que nous aurions pu éviter, comme la collaboration avec les services de police chinois. Je pense que la chaîne est peut-être très longue, mais si quelqu'un avait entrepris d'enquêter pour déterminer qui est réellement propriétaire de VFS Global, je crois que nous aurions pu éviter ce problème plus tôt.
Deuxièmement, je recommanderais que, dans le cadre des discussions officielles sur l'espionnage et l'ingérence étrangère, nous adoptions un langage agnostique en matière de pays. Je le mentionne à la lumière de la montée en flèche que connaissent les actes haineux à l'endroit des Asiatiques depuis le début de la pandémie.
Troisièmement, je recommanderais d'accroître le financement des médias de langue chinoise et des programmes de sensibilisation des communautés chinoises de base en vue de réduire, comme je l'ai mentionné, leur dépendance à l'égard des informations diffusées par la Chine et à l'égard des médias étrangers pour l'obtention de leurs nouvelles.
Quatrièmement, il faut reconnaître l'énorme diversité de la communauté asiatique ou chinoise au Canada. Il ne faut pas présumer de l'allégeance de ses membres au gouvernement chinois ou au Parti communiste chinois.
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Stephen Harper a effectivement nommé le général Vance en juillet 2015. Je crois qu’ faisait également partie de son cabinet.
Le général Vance faisait l'objet d'une enquête active menée par le Service national des enquêtes des Forces canadiennes et, apparemment, quelques jours seulement après la nomination du général Vance par les conservateurs, l'enquête policière a été soudainement abandonnée. Selon les responsables de l'AIPRP, le commandant a déclaré qu'il subissait des pressions.
Nous savons, grâce à un témoignage devant le comité de la défense nationale, que l'ancien chef de cabinet de M. Harper, Ray Novak, a confirmé que c'est vous qui avez informé le premier ministre, que le Cabinet du premier ministre n'avait rien trouvé de plus au sujet de la période que le général a passé à l'OTAN et que l'examen du dossier était clos. M. Novak a également indiqué que, sur le plan opérationnel, vous aviez dirigé le processus de nomination du général Vance au sein du BCP et que vous auriez également assuré la liaison avec le MDN et le SNEFC.
Pouvez-vous me dire si, en raison de votre association avec M. Harper, c'est vous qui avez aidé à exercer des pressions sur la police militaire du Canada afin qu'elle mette fin à l'enquête sur l'inconduite sexuelle du général Vance?
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Monsieur le président, je me permets de dire à quel point ce genre de situation me rend mal à l'aise à l'égard de témoins qui viennent, de bonne grâce, témoigner sur les sujets qui nous intéressent.
Monsieur Fadden, j'aimerais revenir sur une question qui vous a été posée par M. Paul-Hus, concernant, encore une fois, la réaction nécessaire du Canada aux cyberattaques pouvant provenir de la Chine. J'utilise souvent la donnée qui suit puisqu'elle m'impressionne. Si l'on se fie à M. Greg Austin, qui dirige le programme Cyber, Space and Future Conflict de l'Institut international d'études stratégiques, les capacités de cyberdéfense de la Chine seraient largement inférieures à celles des principales puissances occidentales, dont le Canada. Par exemple, selon M. Austin, le Canada se classerait au 9e rang des pays évalués, soit 155. tandis que la Chine se trouve au 27e rang.
Comment se fait-il que la Chine constitue à ce point une menace contre le Canada, et que le Canada n'arrive pas à constituer une menace pour la Chine compte tenu du classement dont parle M. Austin?
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Fadden, je vais recommencer à vous interroger pendant un moment.
Nous parlions brièvement des activités universitaires auxquelles participent des chercheurs chinois. Vous avez dit à un moment donné que vous ne pouviez pas vous aventurer à suspecter tous les étudiants chinois qui viennent au Canada. Cependant, vous allez plus loin que la plupart des gens en disant qu'il y a une dizaine de domaines d'études ayant des implications en matière de sécurité nationale et en laissant entendre que, dans ces cas-là, les étudiants chinois ne pourraient pas étudier au Canada et qu'il ne devrait y avoir aucune collaboration avec eux en matière de recherche.
Pourriez-vous énumérer ces 10 domaines d'études, ou certains d'entre eux, s'ils vous viennent rapidement à l'esprit, et pourriez-vous nous expliquer comment il se fait que vous adoptiez une ligne de conduite si dure à ce sujet? Comment justifiez-vous cette ligne de conduite, ou comment le Canada la justifierait-il?
:
Je pense qu'en général, il s'agit d'une pratique plus généralisée au sein du Groupe des cinq et des pays membres de l'OTAN.
En toute honnêteté, je partage l'avis de Mme Ong, selon laquelle nous devons avoir autant d'échanges avec les Chinois que nous pouvons en engendrer. Cependant, je pense qu'il y a certains secteurs d'activité — j'en ai choisi 10 ou 12, mais je ne me souviens pas du nombre exact — où, selon moi, notre sécurité nationale et celle de nos alliés seront mises en danger si nous avons des échanges.
Quelles que soient les bonnes intentions d'un professeur d'université ou d'une équipe au Canada, si ce professeur ou cette équipe reçoit une subvention de la Chine, tout ce que ce professeur ou cette équipe découvrira retournera en Chine. Dans la plupart des cas, si vous songez à l'étendue de notre économie, je pense que c'est une situation tout à fait acceptable. Toutefois, est-ce que je crois que ces échanges sont souhaitables dans le domaine de l'optique de haut niveau ou des questions nucléaires, ou dans un tas d'autres domaines de ce genre? Je crois que le risque est trop grand.
Si vous acceptez mon hypothèse de base selon laquelle la Chine est effectivement un adversaire, je ne pense pas que nous devrions lui faciliter la tâche lorsqu'elle cherche à recueillir des renseignements dans des domaines qui sont assez essentiels à la sécurité nationale de l'Occident.
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Je vous remercie de cette question.
Je pense que l'Institut Confucius est financé par le gouvernement chinois pour faire la promotion de la langue et de la culture chinoises à l'étranger. Ses activités et ses effets sur le pays hôte varient d'un endroit à l'autre.
Il arrive que dans certaines universités ou dans certains établissements d'enseignement où les instituts Confucius sont présents, les personnes responsables fassent de l'autocensure. Elles peuvent, par exemple, ne pas inviter de gens qui parleront d'enjeux touchant les Ouïghours ou Taïwan, par peur d'offenser ceux qui les financent. Je sais qu'il y a aussi des instituts Confucius qui enseignent la langue et la culture chinoises. Les activités diffèrent beaucoup d'un institut à l'autre.
Quand j'ai dit que le gouvernement chinois n'avait pas réussi à renforcer sa légitimité ni sa popularité, c'est qu'il se heurte à beaucoup de résistance. D'après ce qu'on entend, il n'obtient pas beaucoup de succès dans ses efforts pour enseigner la langue chinoise. Il se heurte à beaucoup de résistance aux États-Unis, en Australie, au Royaume-Uni et en Afrique. Je pense que de ce point de vue, les mauvaises nouvelles l'emportent sur les bonnes.
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Je vous remercie, monsieur le président, et mesdames et messieurs les députés. Je comparais à titre personnel et non à titre de représentant de l'Université de l'Alberta.
Il est difficile d'essayer de changer les comportements de la Chine, c'est particulièrement difficile avec la Chine. Cela ne signifie pas qu'il ne faut pas essayer, mais plutôt qu'il faut avoir des attentes modestes.
Je mettrai donc davantage l'accent sur les activités de la Chine au Canada. C'est là où nous avons le plus de chances de réussir à modifier les comportements de la Chine ou à tout le moins, d'y réagir. En tant qu'État souverain, nous avons la responsabilité de protéger nos institutions démocratiques, nos citoyens, notre économie et les fruits de l'ingéniosité canadienne, mais nous devons également faire attention pour demeurer ouverts sur le monde, et il ne faut pas oublier que 20 % de l'humanité se composent de Chinois.
J'inclus dans les actes de la Chine ayant une incidence directe sur le Canada le traitement des citoyens canadiens en Chine, et je pense notamment aux cas les plus flagrants, soit ceux de Michael Kovrig et de Michael Spavor. Les intérêts de la Chine dans la diaspora chinoise ne cessent pas nécessairement d'exister à partir du moment où des ressortissants chinois obtiennent une citoyenneté étrangère. Il faut faire la distinction entre les contacts légitimes et les contacts illégitimes entre un gouvernement national et ses citoyens à l'étranger. Il est normal et acceptable qu'un gouvernement communique avec ses citoyens à l'étranger et que ses représentants diplomatiques et consulaires rencontrent ses citoyens lorsque ceux-ci le désirent. Par conséquent, le Canada a le droit d'avoir accès à ses citoyens lorsqu'ils vivent des difficultés, y compris une arrestation. La Chine maintient le même genre de communication avec ses propres citoyens, et cela s'applique au très grand nombre de ressortissants chinois qui étudient dans les établissements d'enseignement du Canada. Ils étaient environ 200 000 au Canada avant la pandémie de COVID.
Cependant, lorsque le Canada se rend compte que la Chine exerce des pressions sur des citoyens canadiens, des immigrants reçus et même des ressortissants chinois en raison de leurs opinions politiques, qu'elle exerce des pressions sur ces personnes pour qu'elles modifient leur comportement ou qu'elles posent des gestes illégitimes, le Canada doit réagir. Dans certains cas, un simple avertissement d'Affaires mondiales Canada aux autorités chinoises suffira à rectifier le tir. J'en ai d'ailleurs été témoin pendant mon expérience au sein du gouvernement.
Cependant, dans les cas plus graves, le Canada peut être contraint d'intervenir plus vigoureusement. Dans les cas les plus extrêmes, le Canada peut expulser de son territoire des employés de missions chinoises ou intenter des poursuites contre des personnes ayant proféré des menaces ou commis des actes illégaux, à moins qu'elles ne jouissent d'un statut diplomatique ou consulaire. Ce qui complique parfois les choses, c'est qu'il arrive que seuls les services de renseignement canadiens soient au courant de mesures de coercition, mais qu'ils soient peu enclins à utiliser ouvertement les renseignements recueillis en raison du risque de dévoiler des méthodes ou des sources de renseignement.
Ainsi, j'ajouterais qu'il serait peut-être plus utile d'examiner ces enjeux à huis clos, au comité de la sécurité et du renseignement de la Chambre, pour que les parlementaires aient plus librement accès à l'information à la disposition du gouvernement du Canada.
Les services de renseignement, particulièrement ceux de grands États puissants comme la Chine, continueront de recueillir des renseignements et de s'acquitter de leur mandat même si leurs activités risquent de nuire aux relations bilatérales avec les autres États. Cela ne signifie pas que les mesures prises par les gouvernements pour freiner ces activités ne peuvent pas avoir d'effet, cela signifie simplement que ces fonctions de renseignement auront tendance à se reproduire et qu'elles nécessiteront des interventions répétées.
La Chine produit actuellement environ huit fois plus de diplômés en STEM, soit en science, technologie, ingénierie et médecine que les États-Unis, alors que sa population n'est que quatre fois plus nombreuse que celle des États-Unis. Si la science et la technologie circulent toujours principalement de l'Occident vers la Chine, il deviendra de plus en plus important pour l'Occident de suivre et d'absorber les avancées des universités chinoises et de son vaste réseau de laboratoires d'État, même si ce ne sera pas chose facile.
Il y a également la commercialisation des découvertes scientifiques qui vient complexifier l'équation. Une équipe mixte de chercheurs canadiens en médecine travaillant en collaboration avec des partenaires chinois sera beaucoup plus susceptible de produire un appareil médical à Suzhou qu'à Halifax, compte tenu de la vaste capacité industrielle de la Chine. Il est souhaitable, mais difficile pour le Canada de changer cet état des choses.
Il faut aussi nous efforcer de protéger la propriété intellectuelle, surtout, mais pas seulement lorsque la sécurité nationale entre en jeu. La création du groupe de travail mixte du gouvernement du Canada et des universités permet aux représentants des universités canadiennes de rencontrer périodiquement des hauts fonctionnaires des ministères et organismes fédéraux, ce qui constitue un pas dans la bonne direction. J'ai bien hâte de prendre connaissance du rapport qui en ressortira un peu plus tard cette année.
Les gens des milieux universitaires et scientifiques doivent être conscients des risques en matière de sécurité liés à la protection de la propriété intellectuelle. Je ne serais toutefois pas tout à fait à l'aise avec l'idée de rompre avec notre longue tradition de liberté et d'autonomie des universités sans que cela ne se fonde sur une solide justification. L'intrusion gouvernementale dans des institutions canadiennes clés comme les universités doit être soigneusement pondérée et justifiée.
Nous ne sommes pas en guerre froide avec la Chine, du moins pas encore. L'injection de capitaux américains en Chine, tant en investissements étrangers directs qu'en investissements de portefeuille, s'est accélérée en 2020. Apple, Tesla, Microsoft, Google, Volkswagen, Toyota, Samsung et la plupart des autres entreprises de haute technologie ont toujours de vastes laboratoires de recherche en Chine, où ils peuvent profiter de la richesse des talents locaux.
Si les risques pour la sécurité nationale et l'ingérence politique de la Chine continuent de poser des défis pour la souveraineté canadienne, le Canada a également besoin d'une stratégie poussée pour trouver le juste équilibre entre les risques et les possibilités.
Très brièvement, je recommande que le gouvernement du Canada donne des consignes plus claires aux universités canadiennes quant à l'évaluation qu'il fait de ce qui constitue ou non une coopération problématique avec les universités et les chercheurs chinois, notamment pour les technologies à double utilisation; qu'une étude comparative...
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de me fournir cette deuxième occasion de comparaître devant le Comité. Aujourd'hui, je mettrai l'accent sur les universités canadiennes, leur rôle fondamental dans l'engagement entre le Canada et la Chine et leurs réponses aux préoccupations croissantes qui se posent du point de vue de la sécurité nationale et des menaces à la sécurité.
Je m'exprime ici en ma qualité personnelle de professeur et non à titre de représentant de l'Université de la Colombie-Britannique.
L'engagement des universités canadiennes en Chine et avec la Chine a pris une ampleur considérable au cours des 40 dernières années. Il s'agit aujourd'hui d'une énorme entreprise à plusieurs niveaux. Environ 140 000 étudiants originaires de la République populaire de Chine sont inscrits dans des établissements d'enseignement postsecondaire au Canada. Les universités canadiennes ont des centaines de protocoles d'entente avec des partenaires chinois pour des échanges de professeurs et d'étudiants et des programmes de formation.
Il y a des centaines de collaborations de recherche financées à la fois de sources canadiennes et chinoises. Ces collaborations vont maintenant bien au-delà du développement des compétences pour prendre souvent la forme de collaborations avancées à des travaux et à des recherches de pointe. À UBC, par exemple, il y a environ 6 500 étudiants qui viennent de la République populaire de Chine. Plus de 300 professeurs ont également des collaborations importantes avec la Chine. Les professeurs ont des partenariats avec plus de 100 institutions chinoises différentes.
Au-delà de leur effet économique, ces liens avec la Chine sont généralement considérés comme faisant partie intégrante de la mission globale de nos institutions, ils enrichissent l'environnement d'apprentissage pour nos étudiants, favorisent la recherche et la formation avancées et créent un lieu de rencontre propice aux échanges.
Ces liens font de plus en plus l'objet de surveillance au Canada, mais c'est encore plus intense aux États-Unis et en Australie, où la concurrence géopolitique et les confrontations avec la Chine se sont intensifiées. Les services de sécurité et de renseignement, à Ottawa, ont observé des risques pour la cybersécurité, la fuite de propriété intellectuelle, le transfert de technologie, et ils craignent que certaines idées bénéficient à l'armée chinoise et à d'autres institutions d'État, qui pourraient s'en servir pour violer des droits de la personne. Les médias évoquent des risques pour l'intégrité et la liberté des universités si elles commencent à dépendre trop lourdement des revenus tirés des frais de scolarité imposés aux étudiants chinois et du financement de diverses sources chinoises, dont Huawei.
On craint également que ces collaborations n'ouvrent la porte à une surveillance indue des personnes, à du harcèlement et à des confrontations entre des groupes d'étudiants sur des questions litigieuses comme Hong Kong, Xianjiang et le Tibet, qui pourraient nuire au bien-être des étudiants et envenimer l'atmosphère à l'université en général.
Ottawa, nos universités et nos organismes de financement ont établi des mécanismes de collaboration, comme M. Houlden l'expliquait, qui visent à sensibiliser les universités aux risques auxquels elles s'exposent, particulièrement dans les domaines de la cybersécurité et de la protection de la propriété intellectuelle. Ils ont produit une série de lignes directrices sur l'hygiène de la recherche et la protection de l'intégrité scientifique, lesquelles commencent à être mises en œuvre partout au pays.
Quelles mesures faut-il prendre maintenant? Les mesures que nous venons de mentionner sont des premières étapes nécessaires, mais il faudra aller beaucoup plus loin au sein des institutions et à l'échelle nationale. Pour les universités, il sera primordial d'améliorer la sensibilisation aux risques, d'établir des mécanismes de vigilance et de prendre des mesures proactives pour surveiller la situation et maintenir une atmosphère respectueuse sur nos campus. Nous devrons réexaminer et réviser au besoin de nombreux accords existants avec nos partenaires chinois pour accroître la transparence et protéger nos valeurs universitaires.
L'un des plus grands défis consiste à déterminer comment procéder sans attiser le racisme anti-chinois ni stigmatiser les professeurs et les étudiants d'origine chinoise, qui se sentent déjà la cible d'un sentiment anti-chinois et ont déjà l'impression de faire l'objet de soupçons injustifiés en raison de leurs liens avec la Chine.
À l'échelle nationale, il faut surtout définir quels domaines de recherche nous considérons les plus sensibles et établir des critères précis pour déterminer quels partenariats seraient délicats ou inappropriés, ce qui sera très difficile. De manière plus générale, nous avons besoin d'un énoncé de politique général du gouvernement sur les raisons pour lesquelles les collaborations entre les universités, les entreprises et les personnes sont si importantes.
Nos liens universitaires avec la Chine sont appréciés et profondément ancrés, mais pour garder les portes ouvertes à toute une gamme d'interactions et de collaborations dynamiques avec la Chine, nous devons installer de nouveaux écrans et fermer certaines fenêtres.
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Merci, monsieur le président.
Je vous souhaite la bienvenue au Comité, monsieur Evans et monsieur Houlden.
J'ai une question concernant une chose que vous avez tous deux mentionnée dans votre déclaration préliminaire, c'est-à-dire que les universités nous reprochent de ne recevoir aucune directive, aucun conseil du gouvernement fédéral sur les partenariats avec des entreprises comme Huawei.
L'Université de Toronto a récemment conclu un partenariat avec Huawei, et les dirigeants de l'université ont affirmé que le gouvernement canadien ne leur avait pas conseillé de ne pas collaborer avec cette entreprise chinoise. Ils ont affirmé avoir cherché des directives et des recommandations du gouvernement fédéral sur la façon de procéder, mais qu'il n'y avait aucun changement dans les positions du gouvernement à l'égard de Huawei Canada et de ses activités au pays.
Aujourd'hui, on peut lire dans un article du Globe qu'un responsable de l'Université de l'Alberta affirme n'avoir reçu « aucune directive concernant la Chine de la part du gouvernement pour que l'université cesse ses collaborations avec des institutions chinoises », mais nous savons que la ministre compte présenter de nouvelles lignes directrices sur les risques que comportent les projets de recherche.
Voici donc la première question que je souhaite vous poser: seriez-vous à l'aise si le gouvernement fédéral déconseillait aux universités d'établir des partenariats avec telle ou telle entreprise, comme Huawei, et qu'il définissait ensuite en quoi consiste un partenariat? Il respecterait ainsi tout de même la liberté universitaire, mais en précisant clairement aux universités, aux professeurs et aux chercheurs en général la position du gouvernement. Seriez-vous à l'aise si le gouvernement fédéral agissait ainsi?
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Si monsieur Houlden me le permet, je tenterai le premier de répondre à cette question fondamentale.
Je pense que les universités — c'est-à-dire non seulement nos administrations, mais nos professeurs — ne veulent pas recevoir de directives d'en haut si elles ne peuvent pas participer à la discussion. Cela dit, si le gouvernement du Canada décidait que la Chine est l'adversaire que certains témoins ont décrit, les répercussions seraient vastes… C'est le spectre que les Américains font planer sur beaucoup de collaborations que leurs universités conservent. Huawei en est un bon exemple. Cependant, si l'on était un peu plus sélectif et qu'on affirmait qu'il faut faire attention à certaines activités dans certains domaines, après discussion sur la nature de ces activités, je pense que ce serait généralement bien accepté. Nous avons besoin de lignes directrices politiques générales.
Quand on arrive dans le menu détail, monsieur Chong, comme on peut le voir aux États-Unis et en Australie, c'est très délicat. Sans vouloir manquer de respect à Ottawa, les connaissances scientifiques justifiant qu'on érige ainsi une haute barrière autour d'un petit champ d'activité dans les 11 ou 12 domaines évoqués actuellement ne sont pas jugées convaincantes. C'est peut-être justifié, mais nous aurions besoin de consultations en profondeur très vite, dans les six prochains mois.
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Je vois. J'ai bien sûr écouté avec beaucoup d'attention l'ensemble de votre témoignage, mais j'ai noté tout particulièrement que vous avez parlé de la nécessité pour les démocraties libérales de s'assurer que les politiques qu'elles adoptent relativement à la Chine n'ont pas pour effet d'alimenter la rancœur envers les Chinois au sein de leur propre société. Lors de séances précédentes, d'autres témoins ont souligné à quel point cela était important.
C'est un régime qui se démarque nettement de ceux qui l'ont précédé en Chine. Selon plusieurs, l'administration du président Xi... Notre Parlement a reconnu officiellement le génocide de la minorité ouïghoure, et le Parlement britannique a récemment posé un geste en ce sens. Ce ne sont pas seulement les politiciens qui se sont exprimés à ce sujet, mais aussi les principaux observateurs du droit international et experts des droits de la personne, comme Irwin Cotler.
Dans ce contexte, comment pouvons-nous, d'une part, nous tenir debout devant la Chine de manière constructive et significative, tout en veillant, d'autre part, à éviter, conformément à votre mise en garde, d'adopter une approche bornée qui nourrit la haine et le racisme tout en limitant les avancées possibles dans nos discussions bilatérales? Si j'ai bien compris votre point de vue, pourriez-vous nous dire ce que vous recommanderiez?
Si le temps le permet, je poserais la même question à M. Houlden.
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Je suis heureux de pouvoir ajouter mon grain de sel.
Je pense que c'est effectivement un risque. Je sais que le ton actuel des échanges crée un profond malaise chez bon nombre de mes amis canadiens d'origine chinoise. Cette attitude se manifeste parfois publiquement dans sa forme la plus grossière avec notamment des incidents de racisme et des graffitis.
J'estime que les parlementaires, les universitaires et les gens des médias doivent faire preuve d'une certaine maturité en montrant qu'il est possible, comme on l'a préconisé, de critiquer les politiques du gouvernement chinois sans toutefois s'en prendre au segment de 20 % de la population mondiale qui est chinoise. Il est trop facile de s'embourber dans une stratégie de démonisation qui pourrait être indiquée si nous étions en guerre, ce qui n'est pas le cas.
Nous accueillons sans cesse des immigrants en provenance de la Chine. Près de deux millions de nos concitoyens sont d'origine chinoise. Toutes nos instances — universitaires, médiatiques et parlementaires — doivent montrer la voie à suivre en tenant un discours marqué par le doigté que nécessite la situation de manière à ne pas attiser le racisme dans ses formes les moins subtiles.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie nos témoins de leurs commentaires forts opportuns, notamment sur la nuance qui doit être établie entre le fait de critiquer les politiques de la République populaire de Chine et le fait d'avoir des sentiments anti-chinois. Ce sont effectivement deux choses complètement différentes.
Cela étant dit, certains experts en matière de sécurité que nous avons reçus jusqu'à présent diraient probablement que vous tenez un discours assez candide sur la République populaire de Chine. Vous dites qu'il faut faire attention de ne pas froisser la Chine et de ne pas exacerber les tensions. Or, on a l'impression que c'est précisément ce que les autorités chinoises font: elles exacerbent les tensions avec le Canada.
Plusieurs nous disent que les atermoiements ainsi que les tentatives d'amadouer les autorités chinoises et de se montrer conciliants n'ont donné aucun résultat et qu'il nous faut maintenant hausser le ton non seulement en tant que pays, mais également en collaboration avec d'autres pays.
Comment réagissez-vous à cette idée selon laquelle nous avons tenté, de façon tout à fait stérile, de faire preuve de nuance et de collaboration, mais que cela n'a pas empêché la Chine de hausser le ton à l'égard du Canada?
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Si vous permettez, je vais répondre en premier.
Le problème fondamental auquel nous devons nous attaquer, et vous y avez fait allusion, est essentiellement celui des « trois M »: Michael Kovrig, Michael Spavor et Mme Meng. Compte tenu de la nature inextricable de ce problème, nous avons eu droit aux réactions chinoises les plus déplorables qui soient sous la forme d'une diplomatie économique coercitive et d'une diplomatie des otages.
À leur point de vue, nous employons des tactiques similaires. Nous ne manquons pas d'exprimer notre mécontentement et de chercher des alliés prêts à nous appuyer, mais il faut d'abord et avant tout trouver une façon de nous sortir de cette impasse. Il faudra en définitive en arriver à une solution diplomatique, un exercice où nos alliés les plus précieux ne seront pas ceux qui vont se lever pour critiquer la Chine, mais bien ceux qui vont nous aider à dégager certaines pistes pouvant nous permettre de régler le cas de Mme Meng.
À ce titre, j'estime que c'est notre relation avec les États-Unis qui est surtout problématique.
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J'aurais seulement quelques éléments à ajouter.
Je ne m'attends pas à une amélioration marquée du comportement chinois. Il faut certes espérer qu'une fois que nous aurons réglé le problème des trois M, pour reprendre l'expression de M. Evans, nos relations pourront revenir à une certaine normalité avec des échanges, des visites de dignitaires et un dialogue véritable.
Cependant, la dynamique du pouvoir et le caractère même de Xi Jinping et des principaux dirigeants du Parti communiste font en sorte que les Chinois sont prêts, comme jamais auparavant, à se servir de ce pouvoir dont ils disposent.
Deng Xiaoping recommandait de « cacher ses talents et attendre son heure », et je dirais que la Chine est maintenant arrivée à un point où elle estime être prête à se montrer en quelque sorte plus agressive en exerçant davantage son influence et en agissant véritablement comme une grande puissance — et même la superpuissance en devenir qu'elle est. Je crains fort que ce soit la réalité.
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Merci, monsieur le président.
Merci, messieurs, d'être des nôtres ce soir pour discuter de ce sujet des plus intéressant.
Monsieur Evans, avant que vous ne mentionniez Michael Spavor et Michael Kovrig, j'allais citer ces deux noms pour expliquer toute cette colère à l'encontre de la Chine, un mécontentement qui m'apparaît tout à fait compréhensible compte tenu de la façon dont ce pays se comporte. Deux Canadiens sont arrêtés, en guise de représailles de toute évidence, et détenus arbitrairement alors qu'ils pourraient être traités en toute légalité au Canada en application de nos lois et d'un traité d'extradition. Tout cela a bien sûr donné lieu à des quantités considérables de nouvelles analyses, et je conviens avec vous que, dans bien des cas et pour bien des personnes, ont est allé trop loin en misant sur la haine, les préjugés et les gestes antiasiatiques, ce qui est tout aussi déplorable.
Il est question ici d'universitaires. J'aimerais que nous parlions des Instituts Confucius, car cela soulève pour moi toutes sortes d'interrogations. Ils ont vu le jour aux environs de 2004. On s'est vite rendu compte qu'ils agissaient à l'échelle internationale comme de véritables tentacules du Parti communiste chinois. En 2014, l'Association canadienne des professeures et professeurs d'université, dont vous êtes sans doute membres tous les deux, a demandé aux établissements universitaires de renoncer à tout lien avec les Instituts Confucius, en mentionnant la fermeture de l'un de ces instituts à Sherbrooke, au Québec. L'Université du Manitoba a refusé d'accueillir un Institut Confucius en raison des craintes de censure politique. Pour sa part, l'Université McMaster a annulé son contrat à la suite d'une plainte touchant les droits de la personne. Je pourrais vous citer toutes sortes de cas semblables, mais il y a pourtant encore de ces instituts au Canada. La liberté universitaire était bien sûr au cœur du débat et elle l'est encore aujourd'hui, car c'est une facette très importante de la vie universitaire.
Pourquoi sont-ils toujours là? Si c'est pour l'apprentissage des langues et de la culture chinoises, il y a, comme quelqu'un l'a signalé — M. Houlden, si je ne m'abuse —, deux millions de Canadiens d'origine chinoise. Nous accueillons ici 140 000 étudiants. Nous pourrions fort bien demander à des gens déjà au Canada de leur enseigner la culture et les langues chinoises. Pourquoi ne le fait-on pas et pourquoi les universités doivent-elles s'en remettre aux Instituts Confucius?
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Monsieur Harris, les universités ne sont pas tenues de s'en remettre aux Instituts Confucius, mais certaines d'entre elles ont dû se tourner vers ces instituts, faute de ressources suffisantes pour offrir la formation linguistique.
À l'Université de la Colombie-Britannique, nous avons décidé de ne pas travailler en partenariat avec les Instituts Confucius. C'est notamment parce que nous avons jugé qu'ils étaient reliés de trop près à la branche propagandiste du gouvernement chinois, mais c'est aussi parce que nous enseignons les langues chinoises différemment.
Cela dit, la plupart des études portant sur les Instituts Confucius ont été réalisées aux États-Unis et semblent indiquer que leurs activités sont plutôt inoffensives. Ils n'exercent aucune influence sur les opinions politiques des gens.
Que les Instituts Confucius nous plaisent ou non, je pense que les établissements qui veulent accueillir un de ces instituts doivent prendre les dispositions nécessaires pour pouvoir le faire en toute transparence. Il faut observer, enquêter et analyser la situation. Leur programme d'études est inspiré par une large part de nationalisme han. Il faut surveiller cet élément de près, même si ces instituts forment une entité qui n'est pas nécessairement mauvaise en soi. Ils ne servent pas de postes avancés pour une campagne de subversion en règle. Ils sont simplement d'après moi une concrétisation d'un désir un peu saugrenu des Chinois qui voudraient que toute la planète connaisse leurs langues et leur culture.
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Nous ne connaissons pas l'avenir, mais nous pouvons certainement regarder le passé et constater que les nations libres ont surpassé les nations fermées. Je ne parle pas seulement du XX
e siècle; je parle de la raison pour laquelle la Chine est tombée à son apogée, puis a pris du retard par rapport à l'Occident. C'était en raison de son régime politique.
Monsieur Evans, vous avez dit que les échanges de personne à personne sont importants. Pourriez-vous nous expliquer pourquoi? Je comprends certainement qu'il y a une différence entre les citoyens de ce grand pays et le bureau politique à Pékin, mais pourquoi est-ce important, quand on pense qu'en Chine, les citoyens ne peuvent ni voter ni influencer le gouvernement?
Nous avons constaté que lorsqu'ils s'expriment, ils risquent de perdre leur emploi et parfois de disparaître. Pourquoi êtes-vous d'avis que les échanges sont à ce point importants, alors qu'en fait, contrairement aux citoyens des pays libres, ils ne peuvent pas déterminer l'orientation de leur gouvernement?
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L'intégration de la Chine dans les institutions multilatérales a été un élément majeur de la politique canadienne depuis que nous avons reconnu la Chine et que nous l'avons aidée à entrer aux Nations unies. Nous devons maintenant relever un tout nouveau défi en travaillant avec les Chinois au chapitre du multilatéralisme.
Nous n'apprenons pas aux Chinois à jouer le jeu; ce sont eux qui en conçoivent les règles. Il y a ce défi dans la manière dont nous travaillons avec eux à des questions très difficiles, comme la souveraineté sur des îles contestées, dans l'Arctique. C'est le genre de questions pour lesquelles la Chine est un acteur multilatéral avec d'autres pays.
Nous pouvons encore, à l'occasion, l'influencer à certains égards. Je ne pense pas que la Chine soit prédestinée à exercer une suprématie sur le monde, mais elle veut dominer.
Lorsque nous voyons quelque chose d'important, nous devons non seulement travailler avec les Chinois dans un cadre bilatéral, mais aussi coopérer avec nos amis australiens, singapouriens, entre autres, et tenir ces discussions qui sont si difficiles et que les États-Unis ne peuvent souvent pas tenir en raison de leurs relations conflictuelles avec la Chine.
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C'est une bonne question. Je pense en fait que le Canada compte près de 200 000 étudiants chinois. L'ambassade de la République populaire de Chine indique qu'il y en a plus de 170 000, et je pense que c'est plus juste.
Très brièvement, je dirais que pour ce qui est des étudiants, nous ne connaissons pas encore les effets, mais environ un million d'étudiants chinois sont à l'étranger à tout moment. Nous ne savons pas quels en seront les effets à long terme. Il a fallu un Chinois, Sun Yat-sen, pour aider à renverser la dynastie Qing. Nous ne savons pas quels seront les effets du fait que des millions de Chinois voyagent à l'étranger et viennent dans ce pays. Environ un tiers d'entre eux restent ici et environ deux tiers repartent. Les idées auxquelles ils ont été exposés sont incorporées dans ce contexte; les jeunes sont plutôt réceptifs aux nouvelles idées. Tout compte fait, je dirais que c'est une bonne chose.
Cependant, nous ne voulons pas que nos universités soient totalement dépendantes du financement chinois. C'est une évidence, mais en définitive, cette ouverture... Je crois que nous pouvons protéger la propriété intellectuelle et notre sécurité nationale peut-être en contrôlant les programmes auxquels certains étudiants sont autorisés à participer, et peut-être en les ouvrant uniquement aux ressortissants canadiens ou à des gens de certaines nationalités, mais je pense que fermer la porte servirait en fait, à long terme, à renforcer l'emprise du Parti communiste chinois sur son peuple. Je pense que le contact est une bonne chose pour eux.
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Merci, monsieur le président.
Tout d'abord, en ce qui concerne les préoccupations soulevées au sujet du milieu universitaire, le SCRS et certaines agences américaines ont fait une mise en garde en disant que certaines entreprises et certains universitaires chinois sont contraints par leur gouvernement de faire connaître à l'appareil militaire, à l'appareil de sécurité et à l'appareil de l'industrie de la Chine les travaux qu'ils ont effectués avec des chercheurs occidentaux. Il me semble qu'il y a là une source potentielle de conflit à résoudre.
Serait-ce l'une des choses qu'il vous faut mieux comprendre, en tant qu'universitaires, avant d'accepter le fait qu'il pourrait y avoir des changements?
Ma deuxième question est plus intéressante.
Des diplomates chinois nous disent, à titre personnel, qu'il y a des questions au sujet desquelles la Chine et le Canada peuvent collaborer, comme la lutte contre le changement climatique. Est-ce un dossier dans lequel nous pourrions, en fait, essayer de réaliser quelque chose de positif avec la Chine une fois que nous aurons résolu la question des deux Michael, qui doivent être rapatriés le plus rapidement possible?
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Pourrais-je m'attaquer rapidement à la deuxième question, monsieur Evans?
Tout d'abord, je dirais qu'on ne peut régler le problème du changement climatique sans la Chine. Elle est, de loin, la plus grande source d'émissions de gaz à effet de serre. Les effets du mercure rejeté par des centrales au charbon et des centrales électriques chinoises sur le Nord canadien ne peuvent être contrés sans la collaboration de la Chine. Nous ne pouvons pas y parvenir seuls, mais peut-être qu'avec les Américains et d'autres alliés, nous pouvons parvenir à un consensus international avec les Chinois pour réduire ces menaces.
Malgré la situation de la pandémie de COVID-19, qui a commencé en Chine, et, l'échec concernant le vaccin, le fait est que 70 % des fournitures médicales nécessaires à la lutte contre la COVID au Canada qui sont arrivées en mars et en avril de l'année dernière, provenaient de Chine; et que 40 % de nos fournitures médicales qui sont nécessaires à la lutte contre la COVID proviennent toujours de Chine. Sur le plan médical, ce grand nombre de médecins constituera un avantage. Mon fils peut se servir de sa main grâce aux techniques chinoises de microchirurgie. La médecine ne devrait connaître aucune frontière. Nous devons être ouverts à ce genre de collaboration.
En procédant à une sélection minutieuse, je dirais que le changement climatique, l'environnement, la santé et peut-être certaines dimensions de la culture sont les domaines pour lesquels les possibilités de collaboration seront bonnes, une fois que nous aurons réglé le problème des trois M.
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Merci, monsieur le président.
Je veux poursuivre sur ce que certains de mes collègues ont soulevé un peu plus tôt au sujet du racisme envers les Asiatiques.
Mon père était un immigrant chinois qui est arrivé dans ce pays en 1952, quelques années seulement après que la loi sur l'exclusion des Chinois a été abrogée par le Parlement canadien. Même si la loi a été abrogée, l'idée qui la sous-tendait n'a manifestement pas disparu. Ayant grandi comme enfant à moitié chinois dans les années 1970, je sais très bien ce que sont la discrimination et le racisme.
Je veux m'assurer qu'une autre chose dont j'ai été témoin est consignée dans le compte rendu. De nombreux Canadiens d'origine chinoise qui ont critiqué la Chine, comme les militants prodémocratie et les membres de groupes de défense des droits de la personne de Hong Kong, ont été attaqués et intimidés en ligne et en personne par leurs compatriotes d'origine chinoise, qui leur reprochent de ne pas être suffisamment loyaux envers la Chine et de ne pas soutenir la mère patrie.
Je voulais simplement m'assurer que cela figure au compte rendu, car cette communauté est une minorité au sein d'une minorité à bien des égards, et elle se sent souvent très isolée. Je pense que nous devons donner une voix aux personnes qui ont du mal à se faire entendre.
Puisque mon temps est limité, j'ai une très brève question à poser à M. Houlden.
Devant le comité de l'industrie, vous avez mentionné qu'une grande partie des investissements directs étrangers de la Chine passent par des pays tiers. Pourriez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet?
Bonsoir. J'aimerais remercier le président de ce comité spécial, les distingués vice-présidents, les membres du Comité et les députés de leur aimable invitation.
Je tiens également à souligner le soutien et les conseils de la greffière et de ses collègues. Je leur suis reconnaissant des renseignements qu'ils m'ont fournis pour ce processus en vue de préparer notre discussion.
Je m'appelle Justin Li. Je suis directeur de l'Institut Confucius, à l'Université Carleton. Je suis citoyen canadien. Je suis arrivé au Canada à titre de résident permanent en 1996 et j'ai reçu ma citoyenneté canadienne de la gouverneure générale du Canada de l'époque, la très honorable Michaëlle Jean, le 1er juillet 2009.
Une entreprise de haute technologie située à Ottawa qui s'appelait JetForm m'a embauché comme directeur national pour l'aider à lancer ses activités en Chine en 1998. Après le rachat de JetForm par Adobe en 2002, je suis devenu consultant indépendant en marketing international pour les entreprises canadiennes qui cherchaient des occasions d'affaires en Chine.
Lorsque j'ai postulé pour devenir directeur de l'Institut Confucius à l'Université Carleton au début de 2011, le processus comprenait une série d'entrevues avec des membres du corps professoral de divers départements, dont ceux du commerce, des affaires publiques, des langues et des arts.
Notre objectif est de favoriser la compréhension, de partager des connaissances et de renforcer les liens humains entre la population canadienne et la population chinoise, et je suis honoré d'avoir le privilège de contribuer à ces efforts.
Notre institut se concentre sur trois domaines. Nous soutenons l'enseignement de la langue chinoise, nous offrons une programmation culturelle et nous aidons les universitaires chinois invités au Canada. Plus simplement, j'établis des liens entre l'Université Carleton et le réseau d'instructeurs de langue chinoise de l'institut Confucius qui viennent de Chine.
Les universitaires chinois qui souhaitent venir au Canada à titre de chercheurs invités afin de donner des cours de langue communiquent d'abord avec notre institut, soit individuellement, soit par l'intermédiaire de leur propre université. Lorsque l'Université Carleton a besoin d'instructeurs, je propose une sélection de candidats à l'université.
Ces personnes passent une entrevue et sont sélectionnées selon le processus habituel de l'Université Carleton. Les candidats retenus doivent passer par le processus d'immigration du Canada, qui prévoit des contrôles de santé et de sécurité.
Notre programmation culturelle représente un autre domaine d'intérêt. Elle comprend des ateliers sur les arts traditionnels, notamment la calligraphie, le découpage artistique de papier, l'alimentation et le tai-chi. La plupart de ces activités sont des séances pratiques pour les étudiants de l'Université Carleton, ce qui permet un apprentissage par l'expérience et des expériences immersives.
Nous avons également proposé des événements musicaux, dont certains sont novateurs. Par exemple, nous avons collaboré à un événement au cours duquel des étudiants en musique et d'anciens étudiants de Carleton ont interprété leurs propres œuvres de musique fusion-jazz sur des instruments de musique traditionnels chinois. Lors d'une autre occasion, nos étudiants en musique ont été invités au Centre national des Arts, à Ottawa, pour donner un concert ouvert à des fins de sensibilisation du public.
Depuis 2013, nous organisons des voyages d'études en Chine. Les étudiants sont responsables de couvrir les frais de transport aller-retour dans ce pays. L'Institut joue le rôle d'hôte une fois qu'ils sont arrivés en Chine. Un membre du corps professoral ou du personnel de l'Université Carleton participe à chaque voyage à titre d'accompagnateur et de superviseur. La sélection des étudiants est gérée par les départements et les membres de la faculté concernés à l'Université Carleton.
Nous informons toujours l'ambassade du Canada à Pékin de nos visites en Chine. En 2017, notre groupe d'étudiants en musique a été invité à l'ambassade lors de la visite de l'ancien gouverneur général, le très honorable David Johnston, en Chine. Ce fut un moment fort pour nos étudiants.
Enfin, j'offre mon aide à nos chercheurs invités pendant leur séjour au Canada. Il s'agit d'un rôle informel qui peut consister à les aider à avoir accès à des services de santé ou à trouver une épicerie à leur arrivée, et à les accueillir au Canada.
Je tiens toutefois à préciser que notre institut de l'Université Carleton ne participe à aucun programme d'enseignement primaire ou secondaire. Nous nous concentrons uniquement sur l'enseignement du chinois aux étudiants de l'Université Carleton, ainsi qu'aux adultes à des fins de perfectionnement professionnel et d'intérêt personnel.
J'espère que cela vous donne une bonne idée de nos activités à l'Université Carleton.
En terminant, je tiens à souligner que je suis fier du travail accompli par l'Institut Confucius de l'Université Carleton et que je me sens privilégié de contribuer à favoriser une compréhension commune et des relations plus étroites entre le pays où je suis né et celui où j'ai choisi de vivre et d'élever mes enfants.
Je vous remercie.
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Monsieur le président, je n'ai pas envoyé une déclaration écrite, mais je tenais à formuler quelques commentaires avant le début de la séance.
Tout d'abord, permettez-moi de dire que c'est un plaisir de comparaître devant le Comité. Certains de mes points de vue sont publics, par exemple sur des enjeux tels que Huawei et l'affaire Meng, ainsi que sur la détention des deux Michael, et je ne m'attarderai donc pas sur ces questions. Toutefois, je serais heureux de répondre à des questions sur l'un ou l'autre de ces enjeux ou sur mon point de vue sur l'un ou l'autre de ces enjeux.
En ce qui concerne la question plus générale de la Chine, je pense que deux événements importants sont survenus au cours des deux dernières semaines. Le premier concerne la rencontre entre les Américains et les Chinois au sujet du changement climatique. L'autre concerne les commentaires formulés aujourd'hui par le secrétaire d'État américain à Londres, où il a essentiellement affirmé que l'objectif des États-Unis n'était pas la limitation de la Chine, mais qu'il fallait plutôt mener la concurrence et les relations avec la Chine de manière appropriée, conformément au système multilatéral que nous — et en particulier les Américains — avons passé de nombreuses années à tenter de bâtir depuis la Deuxième Guerre mondiale.
Je pense que ces deux événements sont importants et qu'ils laissent croire qu'il existe peut-être une meilleure voie à suivre que celle du gouvernement américain précédent, mais il faudra manifestement un certain temps avant d'en arriver là.
Mon expérience, monsieur le président, concerne surtout le renseignement. En effet, j'ai passé plus de 25 ans dans ce domaine. Je tenais donc à formuler quelques commentaires à ce sujet.
Tout d'abord, permettez-moi de dire qu'il y a plus d'un pays qui collecte des renseignements au Canada. La Chine est loin d'être le seul pays à le faire. Toutefois, elle est probablement notre plus grande cible en matière de contre-espionnage, et cela aurait été vrai dès la fin des années 1990. Rien n'a donc vraiment changé de ce côté-là.
Les méthodes utilisées par la Chine n'ont pas vraiment changé non plus. Il existe de nouveaux cyberoutils qui n'étaient pas aussi avancés à la fin des années 1990, mais à bien des égards, il ne s'agit que d'outils permettant aux agences de faire des choses qu'elles faisaient déjà par d'autres moyens auparavant.
Au fil des ans, les Chinois ont exercé un large éventail de capacités de collecte de renseignements, y compris ce que nous appelions autrefois la « collecte par aspiration », c'est-à-dire que tout le monde collectait tout le temps, de sorte que les membres de toute délégation en visite passaient une partie de leur temps à se rendre dans des endroits où ils n'étaient pas censés se trouver pour prendre des photos ou collecter d'autres renseignements.
Les Chinois disposent également d'organisations très professionnelles qui se consacrent à la collecte de renseignements de la manière dont les agences de renseignements, tant en Occident que dans d'autres parties du monde, collectent habituellement des renseignements.
Les Chinois consacrent également beaucoup de temps à l'établissement de relations qui, selon eux, soutiennent leurs intérêts. Tous les pays ne sont pas aussi engagés dans cet exercice que les Chinois, mais il est certain qu'au fil des ans, les Chinois ont mis l'accent sur l'établissement de relations qu'ils considèrent comme susceptibles de faire avancer les intérêts de la Chine dans ses relations avec un pays comme le Canada ou avec d'autres pays.
Enfin, permettez-moi de dire que je pense qu'on a tendance — ou du moins j'ai observé cette tendance, car il se passait peu de choses ou apparemment si peu de choses dans le monde du contre-espionnage — à croire que rien ne se passe. À titre de professionnel du renseignement, je présume que j'aimerais préciser — et j'espère que ce sera utile aux membres du Comité — que ce n'est pas parce que vous ne voyez rien qu'il ne se passe rien.
La contre-ingérence diffère du contre-terrorisme, dont l'objectif est d'arrêter les terroristes et de les expulser du Canada ou de les incarcérer. C'est une démarche d'enquête à beaucoup plus long terme, qui se déroule beaucoup plus lentement, et dont l'objectif, en fin de compte, n'est pas nécessairement d'intenter des poursuites…
Monsieur Elcock, en décembre, vous avez comparu devant notre comité pour discuter de ce que vous considériez comme le contrat relativement mineur attribué à Nuctech, mais je tiens à me focaliser sur des observations que vous aviez faites, quand vous avez dit que nous ne devions pas nous attarder à l'examen d'une compagnie, quand il s'agit d'investissements, mais à l'ensemble du gouvernement chinois.
Devant le Comité, vous avez discuté de l'amélioration des examens de sécurité, en déclarant que vous pourriez continuer de vouloir vous approvisionner en Chine, mais après examen de tous les problèmes de sécurité. Plus tôt, cette année, nous avons publié des lignes directrices révisées sur l'examen national de sécurité des investissements, pour que les entreprises canadiennes s'assurent des conséquences des dispositions visant l'examen de la sécurité nationale pour la planification de leurs opérations et leurs chaînes d'approvisionnement, particulièrement dans le cas d'investissements faits par des investisseurs étatiques ou sous l'influence de l'État.
Quels sont les avantages de cette façon de faire et que peut-on faire d'autre?
En 2000, c'est-à-dire il y a 21 ans, lorsque vous avez témoigné devant le Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration de la Chambre des communes, vous avez dit que le SCRS traitait encore manuellement les demandes de visa provenant de l'étranger, ce qui était un processus lent. Vous avez également déclaré que la transition vers un système informatisé accélérerait le processus, mais que l'utilisation d'un réseau informatique à l'étranger soulevait des considérations plus importantes en matière de sécurité.
Les choses ont évolué. Comme vous le savez, nous avons confié à l'entreprise VFS Global le soin de gérer les demandes de visa à Beijing. Cette entreprise est financée par un fonds d'investissement contenant des capitaux chinois en amont, et, en aval, elle sous-traite avec une entreprise de sécurité de Beijing.
Précisons d'emblée que le SCRS n'a même pas fait de vérification quant à la sécurité de cette entreprise, qui va gérer des données personnelles.
Croyez-vous que la situation est plus sécuritaire maintenant qu'elle ne l'était en 2000?
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Je vous remercie monsieur le président.
Bonsoir, M. Elcock et M. Li.
Monsieur Li, nous sommes très heureux de vous accueillir parmi nous ce soir. Vous êtes maintenant le directeur du National Capital Confucius Institute for Culture, Language and Business. Vous avez dit avoir posé votre candidature pour ce poste en 2011. Vous nous avez aussi parlé des trois rôles de l'institut en matière de langue, de culture et d'accompagnement.
Comme vous le savez sans doute, plusieurs témoins nous ont parlé d'ingérence étrangère et de menaces. Nous vous avons posé des questions à ce sujet. Le témoin qui a pris la parole avant vous, M. Paul Evans, a comparé les instituts Confucius à une machine propagandiste chinoise.
Personnellement, comment réagissez-vous quand vous entendez tous ces commentaires au sujet des Instituts Confucius?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Avant de poser ma question à M. Li, je veux juste corriger une information qui a été apportée par le député Pierre Paul-Hus. Dans une question, il a prétendu qu'un rapport intitulé « Les enjeux sécuritaires liés à une Chine influente » avait été rédigé par le SCRS.
Au contraire, il est clairement indiqué dans le préambule que le SCRS n'en est pas l'auteur. Ce rapport renferme plutôt les opinions qu'ont présentées des chercheurs et des analystes indépendants dans le cadre d'une conférence qui, elle, était organisée par le SCRS. Ce n'est pas un rapport qui vient du SCRS.
Je voulais simplement apporter cette correction pour qu'il n'y ait pas de confusion au sein du Comité ni dans le rapport que celui-ci produira.
Ma question, qui s'adresse à M. Li, fait suite à la question de mon collègue M. Dubourg.
Monsieur Li, en tant que directeur de l'institut Confucius à l'Université Carleton, accepteriez-vous d'embaucher quelqu'un qui pratique le Falun Gong?