:
Bonjour à tous. Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la 12e séance du Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie de la Chambre des communes.
[Français]
Je veux souligner la présence de notre collègue M. Généreux, à qui je souhaite la bienvenue au Comité.
[Traduction]
La séance d'aujourd'hui est hybride, conformément à l'ordre adopté à la Chambre le 25 janvier 2021. Nos délibérations seront diffusées sur le site Web de la Chambre des communes. On présente toujours à l'écran la personne qui parle, plutôt que l'ensemble du Comité.
Pour assurer le bon déroulement de la réunion, j'aimerais donner quelques règles à suivre. Les députés et les témoins peuvent s'exprimer dans la langue officielle de leur choix. Les services d'interprétation sont offerts pour cette réunion. Vous avez le choix au bas de votre écran entre les canaux « parquet », « anglais » ou « français ».
Avant de parler, veuillez attendre que je vous nomme. Si vous êtes en vidéoconférence, vous devez cliquer sur l'icône du microphone pour rétablir le son. Puisqu'il n'y a aucun député dans la salle, nous n'aurons pas besoin de l'agent des délibérations et de la vérification pour l'activer et le désactiver. Toutes les interventions des députés et des témoins doivent être transmises via la présidence. Aussi, votre micro doit être éteint lorsque vous n'avez pas la parole.
Nous allons faire de notre mieux, le greffier et moi, pour tenir à jour une liste des intervenants, qu'ils participent de façon virtuelle ou en personne.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement, le Comité se réunit aujourd'hui pour poursuivre son étude sur l'accessibilité et l'abordabilité des services de télécommunication au Canada. Nous accueillons aujourd'hui deux groupes de témoins. Dans un premier temps, nous recevons les représentants de BCE Inc.: Robert Malcolmson est le vice-président exécutif et le chef des affaires juridiques et réglementaires, tandis que Jonathan Daniels est le vice-président, Loi de nature réglementaire.
À la deuxième heure, nous entendrons le témoignage de Raymond Noyes, d'ACORN Canada. Nous écouterons aussi les représentants de SSi Canada: Jeff Philipp, le fondateur et président-directeur général, et Dean Proctor, le chef du développement.
Chaque témoin fera un exposé de sept minutes tout au plus, qui sera suivi d'une période de questions.
Je vais maintenant céder la parole aux représentants de BCE.
Madame la présidente et distingués membres du Comité, mon nom est Robert Malcolmson, et je suis le chef des affaires juridiques et réglementaires de BCE et de Bell. Je suis accompagné aujourd'hui de M. Jonathan Daniels, vice-président, Loi de nature réglementaire de BCE.
J'aimerais d'abord souligner que la Journée Bell Cause pour la cause, l'événement le plus important au monde en matière de sensibilisation à la santé mentale et d'encouragement à l'action, aura lieu dans deux jours, le 28 janvier, et nous sommes heureux d'inviter tout le monde à se joindre à la conversation.
Passons maintenant à la question qui nous intéresse. L'objectif principal de Bell est de transformer la façon dont les Canadiens communiquent entre eux et avec le reste du monde. Afin d'atteindre cet objectif, nous investissons environ 4 milliards de dollars par année dans les réseaux et les services. De surcroît, nous travaillons de concert avec des représentants de tous les paliers du gouvernement et des collectivités de toutes tailles pour faire en sorte que le plus de Canadiens possible puissent profiter d'une connectivité de grande qualité.
Depuis presque un an déjà, la pandémie de COVID-19 met les capacités de l'infrastructure canadienne des communications à rude épreuve. À ce chapitre, Bell est très fière de la fiabilité de ses réseaux et services durant cette période sans précédent.
Fait notable, au début de la pandémie, Bell a pris de nombreuses mesures pour protéger la santé et la sécurité de ses clients et aider les Canadiens à passer à travers la crise de la COVID-19. Les consommateurs, les entreprises, les gouvernements, les enseignants, les étudiants, les travailleurs de la santé, les premiers répondants et les fournisseurs de soins de santé mentale ont tous compté sur Bell pour les services et l'équipement de communication dont ils avaient besoin, et nous n'avons pas failli à la tâche.
Malgré les nombreux défis liés à la COVID-19 auxquels fait face notre propre entreprise, notamment la baisse de revenus, les dizaines de milliers d'employés en télétravail et l'apport de changements importants à nos activités de vente au détail et de nouvelles locales, nous avons rapidement pris la décision stratégique d'accélérer nos projets de construction de réseau, en particulier dans les régions rurales.
Nous avons pris cette décision parce que maintenant plus qu'à tout moment de la longue histoire de 140 années de Bell, il est plus important que jamais que le plus grand nombre possible de Canadiens aient accès à une connectivité fiable pour affronter les aléas de la vie et du travail.
Comme le démontrent les données de 2019 du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, ou CRTC, bien que près de 92 % des foyers ruraux au Canada aient pu accéder aux vitesses de téléchargement de 5 mégabits par seconde anciennement ciblées par le Conseil, et que près de 78 % de ces foyers aient accès à des vitesses de téléchargement de 25 mégabits par seconde, l'écart se creuse alors que les objectifs et les besoins de large bande continuent d'évoluer.
Pour contribuer à combler ce fossé numérique, au début de la pandémie, nous avons accéléré le déploiement de notre service Internet résidentiel sans fil pour desservir 137 000 foyers ruraux supplémentaires avant la fin du mois d'avril. Nous en avons doublé les vitesses de téléchargement et de téléversement de manière à les faire passer à 50 et à 10 mégabits par seconde respectivement à la fin de l'année 2020. Nous avons continué d'accélérer le déploiement au cours de la deuxième moitié de l'année, pour finalement desservir 80 000 foyers ruraux supplémentaires, notamment dans les régions rurales du Canada atlantique à l'automne.
Aujourd'hui, notre service Internet résidentiel sans fil est offert à près de 480 000 foyers ruraux, et nous prévoyons que, à terme, il sera proposé à plus d'un million de résidences et d'entreprises en Ontario, au Québec, au Canada atlantique et au Manitoba.
Il est à noter que Bell a augmenté et accéléré le déploiement de son service Internet résidentiel sans fil sans aucun financement direct du gouvernement. Cependant, nous avons également la capacité et la volonté de collaborer avec les divers paliers gouvernementaux et les collectivités locales lorsqu'il n'y a pas de plan commercial pour étendre et améliorer la connectivité à large bande sans aide gouvernementale.
À l'heure actuelle, nous participons à divers programmes de financement, y compris à des programmes provinciaux au Québec et en Nouvelle-Écosse, et à la première phase du Fonds pour la large bande du CRTC, qui investit des fonds supplémentaires considérables dans le Nord canadien.
Nous soumettons aussi des demandes pour participer au programme d'amélioration de la connectivité en Ontario, à la deuxième phase du Fonds pour la large bande du CRTC et, bien sûr, au Fonds pour la large bande universelle du gouvernement fédéral.
Enfin, nous avons pris des mesures pour améliorer l'accès des fournisseurs de services régionaux à nos structures de soutènement, particulièrement au Québec. Ces programmes et initiatives réunissent des ressources issues des secteurs privé et public dans le but de fournir aux Canadiens vivant dans les régions éloignées et non desservies du pays un accès à de meilleurs services large bande.
Toutefois, il y a des mesures que les gouvernements et organismes de réglementation pourraient prendre afin de répondre plus rapidement et plus efficacement aux besoins des résidants des régions rurales du pays en matière de services large bande. En voici quelques-unes. En premier lieu, sans toutefois retarder des projets en cours, les décideurs pourraient considérer le regroupement des fonds du gouvernement fédéral pour la large bande disponibles, qui proviennent actuellement de trois sources différentes — le Fonds pour la large bande universelle, le Fonds pour la large bande du CRTC, et possiblement la Banque de l’infrastructure du Canada — en un seul super fonds qui soutient les projets de large bande à grande échelle dans les régions rurales. Deuxièmement, les décideurs pourraient affecter les sources de financement supplémentaires, comme les recettes issues des enchères du spectre, à des projets de déploiement de services à large bande dans les régions rurales. En troisième lieu, ils pourraient encourager les partenariats public-privé par l’intermédiaire d’entités existantes, comme la Banque de l’infrastructure du Canada. Le dernier point, qui est fort important, consiste à adopter des politiques réglementaires équilibrées qui privilégient le développement des réseaux par des entreprises prêtes à investir des capitaux privés afin de mettre en place les infrastructures de connectivité.
Bell continue pour sa part de financer entièrement le déploiement de réseaux et de services de classe mondiale, et nous sommes d’avis qu’il est dans l’intérêt public que les politiques gouvernementales et réglementaires appuient ces investissements continus.
Nos connexions entièrement optiques de nouvelle génération sont désormais offertes à plus de 5,6 millions d’emplacements de clients et, comme je l’ai mentionné, notre service Internet résidentiel sans fil novateur satisfait également aux besoins en matière de services large bande d’un nombre croissant de Canadiens qui vivent dans les régions rurales et les banlieues de grandes villes, où les coûts de déploiement de la fibre jusqu’au domicile sont très élevés.
Nous contribuons également à faire passer le Canada à la prochaine ère technologique en investissant dans les technologies 5G sans fil. Après le lancement initial du service 5G dans les grands centres urbains en 2020, nous nous apprêtons à proposer la technologie 5G à bien plus grande échelle en 2021. Qui plus est, il est important de souligner que la disponibilité du spectre de même que les politiques et la réglementation privilégiant une concurrence basée sur les installations seront les principaux facteurs qui détermineront la portée de nos investissements dans la 5G.
En conclusion, nous avons clairement pu constater les avantages du soutien de la concurrence fondée sur les installations au cours de l’année 2020. L’infrastructure de réseau du Canada, propulsée par des investissements du secteur privé effectués sur plusieurs années se chiffrant à des milliards de dollars, est demeurée fiable, malgré un volume de demandes sans précédent.
Je vous remercie.
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Il y a bel et bien un problème d'abordabilité pour les familles à faible revenu. C'est un problème généralisé qui touche toutes sortes de produits de consommation.
Nous continuons à prendre part au programme Familles branchées, dans le cadre duquel nous offrons un service Internet résidentiel à 10 $ aux familles à faible revenu qui sont admissibles. Nous sommes fiers de dire que ce programme aide 52 000 familles canadiennes, je crois. Bell Canada est le plus grand fournisseur pour ce sous-groupe.
Si nous passons à la population en général plutôt qu'aux familles à faible revenu, nous avons beaucoup entendu parler de l'accessibilité des services sans fil au cours des dernières années. Je vais donc commencer par là. Si le temps le permet, je demanderai ensuite à M. Daniels de parler brièvement de l'abordabilité du réseau filaire ou de l'Internet résidentiel.
En ce qui concerne les services sans fil, je pense que nous avons réalisé des progrès remarquables. Si vous regardez par exemple les données du CRTC de 2016 à 2019, qui sont les plus récents chiffres disponibles, vous constaterez que le prix moyen d'un forfait de service sans fil de cinq gigaoctets a diminué de 37 %.
Une autre étude récente que PwC a réalisée en 2019 révèle que les services sans fil étaient plus abordables au Canada que dans des pays comparables, comme l'Australie et les États-Unis.
Statistique Canada a récemment publié un indice des prix des services sans fil, qui montre que le prix de la téléphonie cellulaire a diminué de 19 % par rapport à l'indice des prix global de tous les produits de consommation, qui lui a augmenté d'environ 3 %. Je pense donc que nous faisons de grands progrès. Nous proposons des forfaits sans fil à bas prix.
Je vais vous donner un exemple. Nous avons lancé un service sans fil prépayé du nom de Lucky Mobile, qui propose un forfait sans fil à 15 $. Notre marque complémentaire Internet Virgin propose un forfait d'un gigaoctet pour 28 $. Nous réalisons donc des progrès considérables.
Nous faisons également des progrès quant à la réduction des prix de 25 % exigée par Innovation, Sciences et Développement économique Canada, ou ISDE, qui est obligatoire pour les plans de deux, quatre et six gigaoctets. Nous travaillons en étroite collaboration avec le ministère pour y contribuer activement. Nous sommes à peu près à mi-chemin de la réduction visée de 25 %.
Pour terminer, je voudrais simplement faire remarquer que les forfaits illimités, qui dépendent d'une concurrence vigoureuse au sein de notre industrie canadienne du sans-fil, ont vraiment métamorphosé le marché. L'époque où les consommateurs se voyaient imposer des frais d'utilisation excédentaire exorbitants sur leurs factures de services sans fil est révolue. Aujourd'hui, les grands utilisateurs peuvent obtenir un forfait illimité, que nous proposons pour environ 65 $. Il y a eu des offres concurrentielles dont le prix était beaucoup moins élevé.
Pour répondre à votre question, je pense bel et bien que des progrès sont réalisés et continueront à l'être du côté du sans-fil, étant donné l'intensité concurrentielle du marché.
Si vous voulez en savoir plus sur le réseau filaire ou l'Internet résidentiel, je peux demander à mon collègue, M. Daniels, de vous dire un mot là-dessus. Je m'en remets à vous, madame la présidente.
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Je vais d'abord répondre à votre observation sur la subvention salariale, puis je répondrai à votre question sur Internet résidentiel sans fil.
En ce qui concerne la subvention salariale, oui, nous l'avons reçue, et nous l'avons reçue essentiellement parce que les entreprises que nous possédons — je pense ici à Bell Media, la plus grande société de médias du pays, et à notre présence dans le marché du détail, avec nos magasins — ont été parmi les plus durement touchées par la pandémie. Nous avions le choix entre mettre à pied des milliers d'employés à un moment où les recettes publicitaires disparaissaient et où les magasins de détail devaient fermer leurs portes, ou permettre à des Canadiens de continuer à travailler, et nous avons choisi la deuxième solution. Nous pensons que le programme en lui-même a fonctionné et qu'il a bien servi l'industrie en permettant aux gens de rester au travail.
En ce qui concerne votre question sur le service Internet résidentiel sans fil, notre préférence, lorsque nous bâtissons des réseaux, est toujours d'installer la fibre lorsque cela s'avère rentable. Dans les petites zones rurales, il est difficile de construire une connectivité par fibre optique, et c'est la raison pour laquelle nous avons mis au point un produit innovant, que nous appelons « Internet résidentiel sans fil ». Il permet de réduire les coûts d'installation, de réduire les coûts pour les consommateurs et d'étendre la portée du réseau de manière innovante et intégrée. À mesure que le spectre disponible augmentera, nous serons en mesure d'en faire encore plus pour les Canadiens des régions rurales.
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Je vous remercie de l'invitation à comparaître au Comité.
Je m'appelle Ray Noyes et j'habite à Ottawa. Je suis membre d'ACORN Canada depuis neuf ans.
ACORN est un organisme communautaire qui lutte pour les personnes à revenu faible et moyen sur diverses questions qui les touchent. Assurer à tous un accès à Internet est l'une de nos principales campagnes.
Nous comptons 32 000 membres dans la région d'Ottawa et plus de 140 000 membres dans l'ensemble du pays.
Tout d'abord, je dois dire que même comparaître devant ce comité a été un défi. Le personnel d'ACORN à Ottawa a fait des prouesses aujourd'hui pour que je puisse me connecter. Cela a pris des heures, et j'ai été amené aux bureaux d'ACORN en voiture, tandis qu'une personne aisée n'a qu'à allumer son ordinateur pour se connecter en quelques secondes. Je pense que cela illustre bien le problème.
J'ai été invité à plusieurs réunions sur Zoom, mais on ne peut pas me voir et je ne peux voir personne. J'ai aussi été interviewé à maintes reprises pour parler de mon expérience et décrire ce qu'est la vie sans Internet, en particulier en temps de pandémie.
Je suis une personne handicapée. Je reçois des prestations du Programme ontarien de soutien aux personnes handicapées et mon revenu de 1 169 $ est très inférieur au seuil de pauvreté. Au moment de concevoir la PCU, comme vous le savez tous, le gouvernement fédéral s'est fondé sur un montant de 2 000 dollars comme revenu de subsistance. Or, le montant accordé au titre du POSPH est bien inférieur. J'aurai bientôt 65 ans. Je ne serai plus prestataire de ce programme, de sorte que mon revenu augmentera légèrement, mais il sera tout de même inférieur au seuil de pauvreté.
Dans une étude réalisée en 2019, ACORN a constaté que de nombreux Canadiens à faible revenu sont confrontés à un choix difficile: payer pour avoir accès à Internet à la maison ou acheter les produits de première nécessité comme la nourriture, les vêtements ou le transport. Le quart des personnes interrogées a indiqué avoir dû se priver de nourriture pour payer les services Internet, et près du tiers a fait plusieurs sacrifices.
J'écoute la radio de la CBC et je capte trois ou quatre chaînes de télévision avec une antenne numérique, mais il est extrêmement frustrant d'entendre constamment parler, à la radio et à la télévision, de l'importance pour les gens de ne pas se sentir isolé, d'avoir accès à des informations sur la santé, le virus lui-même et le soutien offert en santé mentale, et pourtant, je n'ai pas Internet.
Nous avons demandé au gouvernement fédéral, jusqu'à tout récemment, de travailler avec les sociétés de télécommunications afin d'offrir à toutes les personnes à faible revenu et aux personnes âgées à revenu fixe un accès Internet à 10 dollars par mois, mais le gouvernement ne nous a pas entendus. Nous savons que c'est possible. Nous avons obtenu le programme Familles branchées — qui a été mentionné —, mais ce programme doit être étendu afin d'inclure toutes les personnes à faible revenu. En outre, la vitesse de la connexion Internet doit être augmentée à 50/10 Mb/s, comme le recommande le CRTC.
Récemment, les États-Unis ont créé un précédent en accordant à toutes les personnes à faible revenu une réduction de 50 dollars sur leur facture mensuelle de services Internet pendant la pandémie. La prestation offerte aux États-Unis vise à donner aux ménages à faible revenu un accès aux réseaux à large bande à des tarifs abordables. Les fournisseurs de services à large bande seront remboursés jusqu'à concurrence de 50 dollars par mois par ménage à faible revenu, et 75 dollars par mois pour les ménages situés en territoire autochtone. Il s'agit d'un fonds à durée limitée qui prendra fin six mois après la crise sanitaire de la COVID-19. Il est important de souligner que cette aide s'ajoute au programme d'aide existant pour l'accessibilité et l'abordabilité, appelé « Lifeline », destiné aux personnes à faible revenu.
Nous demandons au gouvernement fédéral du Canada de créer immédiatement une prestation de 50 dollars par mois pour les services à large bande pour le reste de la crise de la COVID-19. Cette prestation devrait être offerte à tous les Canadiens à faible revenu, aux personnes âgées à revenu fixe et aux Canadiens qui ont perdu leur emploi ou leur revenu à cause de la COVID-19. Toutefois, cela doit être fait de toute urgence, et non dans 5 ou 10 ans, ni même 2 ans. Nous avons besoin d'un accès à Internet maintenant.
En 2017, nous avons rencontré le de l'époque; il avait alors annoncé que l'accès à Internet est un droit. Il est plus que temps que cela devienne réalité.
La prestation canadienne pour les services à large bande doit être mise en place le plus rapidement possible. Elle doit être rétroactive au 1er janvier 2021 et se poursuivre six mois après la levée de la déclaration officielle d'urgence sanitaire, notamment pour compenser le plein montant exigé par les fournisseurs de services Internet de juillet à décembre, pendant la pandémie. De nombreux programmes d'aide existants pourraient être utilisés pour déterminer l'admissibilité des gens.
J'aimerais terminer en disant que si j'avais eu accès à Internet, j'aurais pu voir ma famille pendant la pandémie. J'aurais pu assister à davantage de vidéoconférences d'ACORN — ce qui est important pour moi —, bénéficier d'un soutien en santé mentale, accéder à une foule de renseignements généraux sur la santé et voir le visage de mon médecin.
Je vous remercie encore une fois de nous avoir invités aujourd'hui.
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Merci, madame la présidente, mesdames et messieurs les membres du Comité.
Je m'appelle Jeff Philipp. Je suis le cofondateur et le président-directeur général de SSi Canada, et je suis accompagné aujourd'hui de Dean Proctor, notre chef du développement. Nous vous remercions de nous donner l'occasion de contribuer à l'étude sur l'accessibilité et l'abordabilité des télécommunications au Canada.
SSi s'emploie à relever ces défis depuis trois décennies. Nous avons beaucoup accompli et beaucoup appris, et c'est ce dont j'aimerais vous parler aujourd'hui. D'après notre expérience, même dans les collectivités les plus petites et les plus éloignées du Canada, c'est la concurrence et l'existence de concurrents qui apporteront aux Canadiens les avantages les plus durables de l'accessibilité et de l'abordabilité des services de télécommunications.
Ce n'est pas nouveau. Cela fait partie de la politique canadienne des télécommunications depuis 1993, et ce message a été renforcé dans le cadre des instructions que le Parlement du Canada a données au CRTC en 2006, puis de nouveau en 2019. Votre comité a lui-même reconnu, en 2018, le rôle vital des concurrents pour combler le fossé numérique. En fait, vous avez déclaré:
…les titulaires de licences ont tendance à investir uniquement dans les régions de forte densité, plus rentables économiquement. Toutefois, les petits fournisseurs, les fournisseurs sans but lucratif et les fournisseurs non titulaires pourraient déployer le service Internet à large bande dans les régions rurales et éloignées de façon rentable sur le plan économique si le gouvernement du Canada adaptait le cadre réglementaire à leurs moyens, notamment en ce qui a trait à la gestion du spectre et du réseau, sans oublier l'affectation du financement.
Ce n'est pas une théorie. En fait, l'histoire de SSi et son travail avec ses partenaires prouvent que les concurrents procurent des avantages et que nous comptons rester à long terme dans ce secteur. Si je peux demander une chose à votre comité, c'est de continuer à faire pression auprès du gouvernement pour qu'il appuie non seulement la concurrence, mais aussi les concurrents eux-mêmes.
En guise de contexte, sachez que SSi est une entreprise du Nord. Notre siège social se trouve ici, à Yellowknife, d'où je vous parle aujourd'hui; soit dit en passant, d'après les commentaires que j'ai entendus au sujet de la météo, il fait environ moins 41 degrés Celsius dehors ce matin. Les membres de notre équipe sont répartis sur deux territoires et six provinces, et nous continuons à prendre de l'expansion.
Nous nous spécialisons dans la connectivité des régions éloignées et les solutions énergétiques grâce, entre autres, à la prestation de services à large bande dans le Nord canadien. Nous avons également travaillé en Afrique, en Indonésie et dans le Pacifique-Sud. Tous ces projets ont un point en commun: la mise en place d'infrastructures et de solutions destinées à transformer les collectivités et à améliorer les résultats socioéconomiques.
Parmi nos projets les plus connus, mentionnons QINIQ, le réseau à large bande primé du Nunavut, que nous avons construit en 2005. Avant QINIQ, la plupart des collectivités du Nunavut n'avaient même pas accès à Internet par ligne commutée. Seize ans plus tard, nous sommes toujours le seul fournisseur à offrir un service de qualité égale aux 25 collectivités du Nunavut, aussi petites soient-elles.
En 2016, nous avons modernisé l'infrastructure de l'ensemble du Nunavut en faisant la transition vers le service à large bande 4G LTE. Je suis d'ailleurs heureux d'avoir entendu le témoin précédent de la Colombie-Britannique en reconnaître le caractère innovateur.
Deux ans plus tard, nous avons lancé SSi Mobile, offrant ainsi, pour la toute première fois, un service cellulaire à la grande majorité des Nunavummiuts grâce à des forfaits qui rivalisent avec ceux dans le sud du Canada. Il est à noter que ce service est fourni par satellite, ce qui représente un coût de base énorme par rapport à la fibre optique.
Vu la taille du territoire, cette réalisation n'est pas passée inaperçue, comme en témoigne le prix national Startup Canada que nous avons eu l'honneur de remporter la même année.
En 2019, nous avons célébré une autre première lorsque nous avons cofondé une nouvelle entreprise de télécommunications mobiles avec Eeyou Companee, une société d'investissement crie, et Eeyou Communications Network. Eeyou Mobility Inc. construit actuellement un vaste réseau cellulaire dans la région d'Eeyou Istchee-Baie James, dans le nord du Québec.
Ce n'est pas tout. Nous établissons des partenariats avec les Inuits et d'autres Premières Nations pour améliorer et étendre les services de télécommunications partout au Canada. Dans chaque cas, nous investissons aux côtés de nos partenaires, en misant sur les systèmes et l'expertise déjà en place. Ce modèle permet de lancer rapidement, et avec succès, des services en collaboration avec des partenaires locaux engagés, et notre modèle au Nunavut ne fait pas exception.
La semaine dernière, SSi a eu le grand plaisir d'annoncer un nouveau partenariat avec SES Networks, le plus grand exploitant de satellites commerciaux au monde, pour assurer la nouvelle capacité satellitaire nette dont le Nord canadien a tant besoin. Nous avons actuellement des équipes au Nunavut qui s'affairent — en ce moment même, à la fin du mois de janvier — à installer cette nouvelle capacité nette.
Soyons clairs: grâce aux bons partenariats et à des règles du jeu équitables, nous accomplissons un excellent travail pour ce qui est d'offrir des services mobiles et à large bande innovateurs, même dans les collectivités les plus petites et les plus reculées. Ce sont des endroits où les compagnies de téléphone en situation de monopole préfèrent ne pas aller, à moins d'être menacées, et c'est le cas dans le Nord depuis le début de nos activités.
Grâce à leur important pouvoir d'achat, tous les gouvernements peuvent apporter une énorme contribution pour permettre un accès à des technologies de l'information cruciales dans les régions mal desservies. Il suffit de mettre fin, dès maintenant, à l'approvisionnement par fournisseur unique dans le domaine des télécommunications; à quoi bon attendre? Lorsqu'il existe des solutions de rechange, on devrait plafonner la part de chaque fournisseur à un maximum de 50 % de l'activité du gouvernement.
Travailler avec plusieurs fournisseurs est un excellent moyen de bénéficier de meilleurs prix et de meilleurs services, adaptés aux besoins et axés sur l'innovation. La présence d'une véritable concurrence est avantageuse non seulement pour les consommateurs, mais aussi pour le secteur public.
Dans le Nord, le gouvernement représente généralement le plus grand acheteur de services de télécommunications. Il faudrait encourager la concurrence et solliciter l'aide de plusieurs concurrents pour fournir ces services au gouvernement, au lieu de recourir à un fournisseur unique.
C'est important. Le gouvernement ne peut pas se contenter d'appuyer le concept de concurrence. Pour bénéficier des avantages, le gouvernement doit appuyer les concurrents eux-mêmes. Il n'est pas logique de s'en remettre à un seul fournisseur pour répondre à tous ces besoins.
Sur ce, permettez-moi de céder la parole à Dean Proctor pour le reste de notre exposé.
Je vous remercie.
:
Merci, monsieur Philipp.
Madame la présidente, je vais essayer de faire vite parce qu'il ne reste pas beaucoup de temps.
Nous connaissons tous l'impact positif des technologies de l'information. Elles sont essentielles pour tous les citoyens, les gouvernements et les entreprises. Ce fait est encore plus évident dans le contexte de la pandémie de la COVID-19 dans lequel nous sommes actuellement. Il n'est donc pas surprenant que nous soyons convaincus que tous les gens, quel que soit le lieu où ils se trouvent, doivent avoir accès à des services de large bande et des services mobiles.
[Traduction]
Ce sont des services essentiels.
[Français]
Pour atteindre, voire dépasser, l'objectif du service universel de 50 mégabits par seconde, il faudrait que tous les fournisseurs de services concurrents y contribuent, et non dans le cadre d'un monopole. Les organismes de réglementation et tous les paliers de gouvernement doivent reconnaître ce fait et agir en conséquence.
Nous pensons que la raison pour laquelle de nombreux Canadiens, en particulier ceux qui se trouvent dans les régions éloignées et rurales du pays, n'ont toujours pas accès à des services de télécommunications abordables et de haute qualité est que notre système de réglementation est encore centré sur la rentabilité des compagnies de téléphone — comme ce que vous avez entendu plus tôt —, aux dépens des concurrents et, ultimement, des consommateurs.
SSi est la preuve vivante qu'une véritable concurrence, durable et fondée sur des installations est possible dans le Nord du Canada, mais le CRTC et le gouvernement du Canada ne doivent pas travailler contre les concurrents.
Je vais m'arrêter ici. Je serai très content de répondre à vos questions.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
À tous nos invités de ce matin, merci de votre contribution.
Je sais que lorsque nous parlons des Canadiens à faible revenu et du coût de leurs services, et que nous comparons ensuite le coût des services par satellite, il semble y avoir un écart considérable.
J'ai quelques observations à faire. Je sais que lorsque notre comité s'est rendu aux États-Unis il y a quelques années, il y avait une audience sénatoriale sur les services à large bande dans les régions rurales et éloignées. Nous avons eu l'occasion de nous entretenir avec des représentants de SpaceX, et ils nous ont parlé du déploiement qu'ils prévoyaient. Bien sûr, nous commençons maintenant à en voir les résultats au Canada.
Je pense que c'est assez intéressant parce que le projet qu'ils ont en tête va jusqu'au 51,5e parallèle et, bien entendu, il n'y a qu'une seule capitale provinciale qui se trouve plus au nord de ce point, mais il y a aussi trois capitales dans les territoires.
Il existe, me semble-t-il, un peu de décalage entre le sud de ma circonscription et les territoires en ce qui concerne la couverture par satellite.
Les représentants de SSi — peut-être M. Philipp — pourraient-ils nous parler de la couverture par satellite dont ils disposent, des coûts et de la compétitivité par rapport à ce que d'autres au Canada paient pour les services sans fil?
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Je serai heureux de répondre à cette excellente question. Je peux vous donner un résumé d'ordre général. Je serai prudent. M. Proctor devra peut-être lever le carton rouge si je commence à outrepasser les limites de notre entente de non-divulgation, mais je ferai de mon mieux. L'autocensure n'est pas mon fort, comme vous le constaterez. Je dis d'habitude tout ce qui me passe par la tête.
Dans le cas des marchés desservis par satellite, pour en revenir à votre argument, SpaceX parle de... En fait, son service part du 47e parallèle et pourrait se rendre jusqu'au 55e parallèle dans les six prochains mois. D'ici l'année prochaine, si SpaceX obtient de bons résultats avec ses lasers spatiaux, les régions polaires pourraient commencer à être desservies.
Je dirais que SpaceX est comme une licorne. Elle résout vraiment une grande partie des problèmes de connectivité à large bande. Nous avons travaillé en Afrique, en Indonésie, dans le Pacifique Sud et dans toutes les collectivités des Territoires du Nord-Ouest et du Nunavut. Je suis né dans l'une de ces petites communautés autochtones de 800 personnes. C'est là que mon entreprise familiale — The Snowshoe Inn — a vu le jour. C'est là que SSi a commencé.
SpaceX va résoudre un problème de taille grâce à une faible latence... Ne perdons pas de vue ce facteur; il faut en tenir compte. En effet, la latence est un aspect très important. Lorsque les gens parlent de satellites géostationnaires, n'oublions pas qu'il y a une énorme latence de transmission dans les deux sens. SpaceX permet de régler ce problème.
Télésat parle aussi d'une plateforme LEO, qui sera offerte dans quelques années. D'ici l'an prochain, SpaceX aura probablement mis en place des terminaux. Télésat prévoit plutôt un délai de trois ans. SES, notre plus récent partenaire, comme nous venons de le mentionner... Voilà qui est très important. Je ne pense pas que beaucoup de gens s'en rendent compte.
Je n'entrerai pas dans les détails. À l'heure actuelle, il y a la capacité en bande C ou la capacité géostationnaire. En fait, permettez-moi de commencer par la fibre optique, qui coûte entre 2 $ et 10 $ le mégabit par seconde, selon l'endroit où vous vivez. Il s'agit de quelques mégabits — et quand on parle de 50 en aval et de 10 en amont, cela correspond non pas à la bande passante réservée, mais à la rafale. C'est à peu près ce qu'il faut pour une voiture. Si vous examinez la directive d'ISDE sur le taux de contention, qui est fixé à 25:1, cela signifie qu'il faut diviser 50 par 25, ce qui donne 2 mégabits en aval, donc environ 0,4 mégabit en amont — c'est-à-dire 2,4 mégabits. Puisque la fibre optique coûte entre 2 $ et 10 $ le mégabit, les intrants nécessaires coûtent donc 20 $ ou 25 $. Il s'agit de la fibre noire — sans source lumineuse, matériel électronique, ni support.
Pour les satellites les moins chers, on parle d'environ 300 $ par mégabit. Les coûts passent ensuite à environ 1 000 $ le mégabit. Il s'agit alors de la fibre brute, soit l'équivalent de la fibre noire au sol. C'est de 300 $ à 1 000 $, par rapport à un coût de 2 $ à 10 $. Si vous devez fournir 2,4 mégabits à quelqu'un et que vous devez payer 1 000 $ par mégabit, il vous en coûtera 2 400 $ par mois pour offrir un service de 50 en aval et de 10 en amont, selon le taux de 25:1 fixé par ISDE.
Les prix de la bande passante sur les marchés desservis par satellite sont extrêmement compliqués. Est-ce que cela va changer? Dans le cadre du nouveau partenariat avec SES, nous avons entrepris des démarches à cet égard il y a quelque temps, car la capacité spatiale est insuffisante. Nous le répétons depuis cinq ou six ans. Au Canada, sans un investissement important de la part du gouvernement fédéral pour l'achat de la capacité nécessaire, ces services ne seront pas offerts.
Pour le marché des services par satellite, il n'y a pas assez de capacité dans l'espace, et il faut quelques années pour augmenter cette capacité. Il est très difficile de prendre de l'avance. Ainsi, dans le contexte de la COVID, il y a un manque à gagner.
Que faisons-nous maintenant, en janvier? Sans financement fédéral, nous avons investi une somme considérable dans le Nunavut — et je dis cela parce que ma femme est la directrice financière — pour pouvoir fournir une nouvelle capacité nette, en collaboration avec SES. Le déploiement est en cours et, d'ici la fin du mois, cette nouvelle capacité sera en place pour soutenir les Nunavummiuts. Toutefois, pour l'heure, il n'y a aucun financement à cet égard.
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Oh, nous n’avons pas assez de temps pour cela.
Je vais lire ce que j’ai écrit à un moment donné parce que je pense, honnêtement, que M. Malcolmson était sur la sellette. Cela ne fait aucun doute.
Nous nous sommes heurtés à Bell et à M. Daniels. Je l’aime bien et je crois qu'il est un guerrier dans son domaine, mais il est du mauvais côté.
Alors, qu’ai-je écrit? Je suis d’accord avec une partie de ce qu’a dit M. Malcolmson concernant l’accès aux fonds et le choix du moment. Je suis probablement d’accord avec ce que mes concurrents disent au sujet du spectre et des « mises de côté ». En revanche, je ne suis assurément pas d’accord avec le fait qu’il n’y ait pas de place pour de la concurrence et que nous avons besoin de monopoles. Je ne suis pas du tout d’accord avec cela.
Et pour ce qui est des passerelles ouvertes, si vous voulez vraiment voir un site Web, allez voir Qimirluk. C’est le mot inuktitut pour « os de baleine ». Il s’écrit qimirluk.com. Cela signifie « viens ici, regarde ». C’est comme cela que je l'ai expliqué aux gens d’Ottawa depuis Yellowknife.
Cela fait 20 ans. J’ai créé cette entreprise parce que j'en voulais à Northwestel, qui est une filiale à part entière de BCE.
Voici ce que j’ai écrit: « Jugez les gens par leurs actions et non par leurs paroles. J’ai vécu le plan de modernisation, j’ai assisté aux audiences à Yellowknife il y a 15 ans, j’ai été à Whitehorse pendant 10 ans, j’ai entendu les partenaires qui reviennent plus tard parce qu'ils ont été privés de leurs droits et qu'on a mis de côté les partenaires autochtones qui avaient prêté main-forte. J’étais là lorsque le CRTC a décidé de leur vendre la compagnie de câble après qu’ils aient eu la ligne d'abonné numérique, la DSL, et qu’ils eurent promis de mettre le câble dans les autres collectivités, dont la mienne. Or, une fois qu'ils ont eu la compagnie de câble à Yellowknife, ils ont fermé le câble et tous les autres marchés. »
Je les ai même entendus menacer de ne pas aller de l'avant avec l’investissement qu’ils avaient reçu du CRTC pour les aménagements dans les Territoires du Nord-Ouest. Je les ai entendus menacer le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest de ne pas investir là-bas s'il appuyait notre demande d’accès ouvert à leurs infrastructures, en particulier à l’accès Internet de tiers, l'AIT. C’est ridicule.
Franchement, il y a de la place pour de la concurrence dans tous les marchés. J’ai grandi dans une ville de 800 personnes — dont 95 % d’Autochtones —, et nous sommes toujours en concurrence, 20 ans plus tard. Nous sommes l'opérateur historique. Nous avons construit cela bien avant qu’ils n’arrivent et nous ne recevons pas les subventions qu’ils reçoivent. Nous nous battons tous les quatre ans pour obtenir la subvention fédérale pour les habitants du Nunavut. J’aime dire aux gens que nous sommes l’agent de livraison à large bande de nourriture pour chien le moins cher de tous les ministères et organismes fédéraux. Nous le faisons à moindre coût. Nous co-investissons. Depuis 2004, rien qu’au Nunavut, notre part a été de 80 millions de dollars et celle du gouvernement fédéral, de 75 millions de dollars.
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Merci, madame la présidente.
Merci à nos témoins d’être avec nous.
Je n’ai pas d’excuses à présenter à Bell en ce qui concerne une quelconque émotion que j’aurais eue à son égard. Je me souviens de l’un des premiers jours où j’ai siégé au Comité, lorsque le PDG de Bell — Michael Sabia, à l’époque — a fait obstacle à l’équité salariale pour les femmes du syndicat qui luttaient pour obtenir la rémunération qui leur revenait. Ces démarches ont pris des années et des années de plus qu’elles auraient dû. C’était très décevant. Il y avait aussi les comptes de report, dans lesquels Bell surfacturait bien plus que tout autre fournisseur, à un point tel qu’elle a dû remettre près d’un milliard de dollars aux Canadiens, y compris aux personnes handicapées. Bell s’est battue seule; alors que le reste de l’industrie s’alignait pour accorder des remises aux Canadiens, elle a continué à se comporter de la sorte pendant longtemps.
Je ne suis vraiment pas surpris par ce que nous avons entendu ici concernant sa culture d'équité en matière d’emploi et son désir de continuer à bénéficier de nombreux programmes et services gouvernementaux différents — c'est bien, ils sont là pour tout le monde. Cependant, en même temps, la simple menace du CRTC à leur égard ferait en sorte qu’ils renoncent à s’engager envers les Canadiens des régions rurales et éloignées à l’avenir, et c’est quelque chose d’alarmant qui doit être examiné dans son contexte.
Monsieur Noyes, vous soulevez un très bon argument en étant ici. Ce sont non seulement les habitants des régions rurales et éloignées qui ne sont pas encore beaucoup connectés, mais aussi ceux des villes qui sont déconnectés pour des raisons financières. Une chose que les néo-démocrates ont proposée, c’est d’utiliser les enchères du spectre pour garantir des services à faible coût de la part de ceux qui soumissionnent à ces enchères. Les enchères du spectre ont rapporté au Canada environ 22 milliards de dollars au cours des 20 dernières années. Cette somme n’a pas été entièrement réinjectée dans la prestation de services.
Pensez-vous qu’ACORN serait favorable à ce que, pendant les prochaines enchères du spectre, on s’assure, comme dans le cas d’un appel d’offres, que ceux qui utiliseront les ondes publiques prévoient des tarifs avantageux pour ce faire? C’est ce en quoi consistent les enchères du spectre. Encore une fois, il s’agit d’un bien public. Je me demande si ACORN a un avis à ce sujet.
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C’est une bonne question. Le problème de la dorsale va finir par se résoudre de lui-même. Que ce soit SpaceX dans un an, Télésat dans deux ou trois ans, ou les plateformes en orbite moyenne de nos partenaires de SES, le problème de capacité de base ne sera jamais résolu. Nous allons continuer à pousser la capacité à fond. Les choses s’amélioreront et les coûts baisseront dans le Nord. Au Canada rural, nous avons maintenant besoin de résoudre le problème de la formation, des ressources humaines, de la création d’emplois et de l’infrastructure de passerelle ouverte, n’est-ce pas?
Si nous construisons des passerelles ouvertes, c’est-à-dire des installations et des tours complets, et que nous installons la fibre optique dans les foyers des marchés où il y a lieu de le faire, que nous installons les antennes nécessaires à la distribution du dernier kilomètre et que nous permettons à tous les concurrents d’accéder à cette passerelle, nous pourrions même les séparer structurellement comme nous le faisons dans un aéroport. Le Canada rural n’a pas besoin d’un aéroport distinct pour chaque transporteur. Nous avons besoin d’un seul aéroport pour la collectivité que tous les transporteurs se partagent. C’est la façon la plus efficace de procéder.
De plus, dans l’espace, nous avons besoin d’un engagement à long terme pour acheter de la capacité, car nous finissons par passer par des cycles de quatre ans, des concours de beauté, non? Tous les quatre ans, un changement de gouvernement entraîne un nouveau programme de financement et une nouvelle stratégie pour la large bande. C’est donc dire que des concurrents comme nous, Northwestel et Bell se font concurrence pour un programme de quatre ans. Il est difficile d’investir à long terme avec un programme de quatre ans, et pour les fournisseurs de services par satellite, il est très difficile d’investir dans la capacité. Ils investissent de 100 à 200 millions de dollars dans une plateforme dont la durée de vie est de 15 ans et sans engagement financier.
Le défi consiste à envisager la question de manière globale. Les solutions de base arrivent et deviennent moins chères. La concurrence sur la dorsale, qu’il s’agisse de la fibre optique, de SpaceX, de Télésat ou des satellites en orbite moyenne de SES, va faire baisser ce prix.
Ce dont nous avons besoin aujourd’hui au Canada rural est différent de ce dont nous avons besoin dans les centres urbains. Dans les centres urbains, toutes les entreprises peuvent se permettre de construire leur propre infrastructure pour atteindre le dernier kilomètre ainsi que leurs propres passerelles ouvertes, passerelles et tours, qu’elles protègent farouchement. Elles ne veulent pas les partager. Dans les zones rurales, c’est impossible. On ne peut pas ériger cinq tours dans une collectivité de 600 personnes. En plus d’avoir l’air ridicule, cela n’aura aucun sens.
C’est ce que nous avons au Nunavut maintenant. Quand nous installons notre bâtiment et que Northwestel est à l’autre bout de la ville, comment faire pour nous associer avec eux? Comment faire pour partager les données avec eux? Quelqu’un doit passer la fibre optique aux autres joueurs. Nous voulons le faire, et ils ne veulent pas, parce qu’ils préfèrent que nos clients se rendent jusqu’au sud par le satellite pour revenir ensuite. Je n’invente rien du tout. C’est quelque chose qui est historiquement prouvé par des faits et des programmes.
Nous avons besoin de passerelles ouvertes au Canada rural. La concurrence viendra, que ce soit sur la dorsale ou sur le dernier kilomètre. Cette passerelle ouverte est la barrière, le fossé, pour les petites entreprises comme la nôtre, et nous ne sommes plus si petites. Nous sommes 100 personnes réparties dans tout le pays, mais nous avons commencé comme une seule personne dans une petite ville. Heureusement, nous avions le financement nécessaire pour construire l’infrastructure que nous construisons, mais nous croyons fermement aux passerelles ouvertes et à la concurrence sur le marché — quel qu’il soit.
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Non, je ne crois pas n'avoir vu qu'une seule stratégie. Je pense que chaque fois que quelqu'un propose une nouvelle option concernant la dorsale, cela semble nous distraire dans notre quête pour brancher le Canada rural. Je ne pense pas que le gouvernement fédéral privilégie la technologie satellite ou la fibre optique. Je vois beaucoup de propositions pour financer la fibre. J'ai vu des discussions sur le financement de Telesat pour le prépaiement de capacités pour son réseau LEO afin de le rendre plus abordable dans les régions rurales du Canada.
Je ne m'éloignerai pas trop du sujet, mais nous devons nous poser des questions fondamentales et bien simples. Je pense que M. Noyes en a parlé. Comment subventionner les familles à faible revenu, tout d'abord, sans exiger qu'un tas de preuves soient fournies et sans alourdir la bureaucratie pour faire fonctionner le programme? Cela ne fera que réduire le financement. C'est le premier point. Ensuite, comment favoriser la concurrence? Ce sont en fait deux questions très simples dont les réponses sont tout aussi simples. Nous avons déjà proposé l'idée, en fait. Il s'agit d'enchères inversées.
Alors il s'agit de demander qui ira dans ces marchés. On lance un appel d'offres public pour le financement. La passerelle doit être accessible à n'importe quel concurrent. On dit au gagnant du dernier tour, au concurrent qui offre le meilleur prix, qu'il doit offrir le service pendant tant d'années. Vous savez quoi? Il faut assurer le fonctionnement de cette dorsale ouverte pour tous les concurrents. On doit maintenant fournir des services sur ce marché à tel niveau de service pour l'utilisateur final, mais n'importe qui d'autre peut y accéder.
Si M. Noyes conclut un contrat avec le concurrent qui gère la dorsale, le concurrent devrait obtenir la subvention. Les subventions devraient être versées au fournisseur de service qui remporte le marché des clients résidentiels seulement si une subvention est nécessaire. Cela signifie que si la dorsale est exploitée à un prix suffisamment bas dans un monde de fibre optique, alors on n'a pas besoin d'offrir une subvention au consommateur.
Pour ce qui est des familles, ce serait différent dans chaque marché. Au Nunavut il y a cinq personnes par foyer. Elles ont besoin d'une subvention supérieure à 50 $ parce qu'elles ont des services par satellite. Je pense qu'il ne s'agit pas de dire qu'il devrait s'agir de 50 $. Cela devrait dépendre du marché et des besoins. La preuve, c'est simplement que vous achetez des services Internet et que le fournisseur de services vous les vend. Vous remplissez les conditions requises et le fournisseur obtient une subvention du gouvernement fédéral: enchères inversées.
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Merci beaucoup. Cela dit, nous avons dépassé le temps prévu et les deux derniers députés m'ont dit qu'ils étaient d'accord pour que nous nous arrêtions ici.
Je tiens à remercier les témoins d'avoir été présents aujourd'hui. Comme vous pouvez le constater, nous nous entendons tous sur l'importance non seulement de l'accessibilité, mais également de l'abordabilité des services de télécommunications. S'ils ne sont pas abordables, de nombreux Canadiens ne peuvent y avoir accès, et en tant que groupe, c'est une chose à laquelle nous travaillons. Je vous remercie beaucoup de votre aide.
J'aimerais maintenant faire le point avec les membres du Comité au sujet de notre calendrier, car nous avons bien d'autres sujets en cours. Cette semaine, soit à notre prochaine réunion de ce jeudi, nous examinerons le projet de rapport concernant la Loi sur Investissement Canada, suite à notre réunion du 10 décembre. Nous terminerons ces travaux, espérons-le. La semaine prochaine, mardi, nous accueillerons le président de l'ASPC et la , qui viendront témoigner au sujet de la fabrication d'un vaccin. Jeudi prochain, nous recevrons le ministre et la ministre , et il sera de nouveau question de la fabrication d'un vaccin au Canada.
Le greffier m'a dit que nous attendons toujours des nouvelles des représentants du groupe de travail sur les vaccins pour la semaine suivante.
Bien entendu, étant donné que nous commençons l'étude sur la fabrication d'un vaccin au Canada, si les partis peuvent s'assurer de soumettre au greffier le nom de tout autre témoin qu'ils aimeraient entendre, nous nous assurerons de les inviter à participer à une réunion subséquente. Je vais voir avec le greffier le moment qui conviendrait le mieux: le plus tôt possible, je suppose, de sorte que nous puissions commencer à communiquer avec les gens pour prévoir le tout.
Encore une fois, je demande à nos témoins d'aujourd'hui, s'ils souhaitent soumettre d'autres mémoires au Comité au sujet de l'étude sur l'abordabilité et l'accessibilité, de bien vouloir les envoyer au greffier immédiatement pour que nous puissions les prendre en compte dans la préparation de notre rapport.
Cela dit, les membres du Comité ont-ils d'autres questions? Si un changement est apporté au calendrier, je vais m'assurer que le greffier vous le communique.
Sur ce, je tiens à vous remercier tous une fois de plus.
[Français]
Je remercie les services d'interprétation et de TI pour leur travail acharné, comme d'habitude.
Je remercie également le greffier et les analystes de leur aide.
[Traduction]
Nous avons hâte de nous réunir tous ensemble dans une salle. Je demande à ceux qui participeront en personne sur la Colline de bien vouloir en informer le greffier à l'avance pour que nous puissions veiller à ce que tout repas qui doit être commandé le soit et à ce que nous n'en commandons pas trop, par exemple si nous en commandons pour six députés, mais qu'aucun d'entre eux ne se présente dans la salle.
Sur ce, merci beaucoup. La séance est levée.