:
Je déclare la séance ouverte.
[Français]
Bienvenue à la 24e réunion du Comité permanent des langues officielles. Il s'agit d'une réunion hybride, conformément à la motion adoptée par la Chambre le 25 janvier 2020.
Au cours de la première heure, le Comité tiendra une séance d'information portant sur le document de réforme publique du gouvernement du Canada pour la modernisation de la Loi sur les langues officielles. La deuxième heure sera consacrée à l'étude sur les mesures du gouvernement pour protéger et promouvoir le français au Québec et au Canada.
[Traduction]
Je rappelle que toutes les observations des membres et des témoins doivent être adressées par l'entremise de la présidence.
[Français]
À moins de circonstances exceptionnelles, toutes les personnes qui participent à distance à la réunion doivent utiliser un casque d'écoute et un micro-perche.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à nos témoins. Nous accueillons, pour la première heure, l'honorable Mélanie Joly, qui est députée d'Ahuntsic—Cartierville et ministre responsable des langues officielles, ainsi que M. Denis Racine, qui est directeur général de la Direction générale des langues officielles à Patrimoine canadien.
Je vois une main levée. Avant de vous donner la parole, madame la ministre, je vais céder la parole à Mme Lalonde.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Cela me fait plaisir de vous voir, et je suis contente de voir que vous êtes en santé.
Je vous remercie, chers collègues. Cela me fait plaisir d'être avec vous, et je vous remercie de m'avoir invitée. J'espère que vous êtes aussi en bonne santé. Je me joins à vous en direct de Montréal.
Comme vous le savez, le 19 février dernier, j'ai déposé un document de réforme publique pour la modernisation de la Loi sur les langues officielles intitulé « Français et anglais: Vers une égalité réelle des langues officielles au Canada ». En un an, beaucoup de choses ont changé, et quand il s'agit de changements, nous pouvons soit nous y opposer, soit réfléchir aux possibilités qu'ils nous offrent. Le Canada d'aujourd'hui a été façonné par des gens qui ont saisi les occasions d'un monde en évolution. C'est un pays fier de sa diversité, un pays bilingue.
Avoir deux langues officielles est l'une de nos plus grandes forces. Si le français est si vivant en Amérique du Nord, c'est parce que les Canadiens, notamment les Québécois, les Acadiens et les francophones d'un peu partout au pays, se sont engagés à le protéger au cours de notre histoire. Il y a plus de 50 ans, nous avons choisi de nous doter d'une vision moderne de l'État, un État où nos deux langues officielles occuperaient une place prépondérante. Grâce à la Loi sur les langues officielles, des millions de francophones d'un bout à l'autre du pays ont eu le droit d'obtenir des services fédéraux dans leur langue. Les Québécois d'expression anglaise ont aussi ce droit, et nos jeunes vivant en situation minoritaire ont le droit d'aller à l'école dans leur langue maternelle.
De plus, au Canada, la langue n'est pas qu'un concept abstrait; c'est notre lien avec le passé et le vecteur par lequel nos histoires sont transmises. C'est vrai pour le français et l'anglais, mais aussi pour les langues autochtones, dont nos politiques linguistiques doivent tenir compte.
Notre monde est en changement. La mondialisation a imposé certaines langues pour faciliter les échanges. En même temps, le commerce international et les technologies numériques favorisent l'utilisation de l'anglais. Devant ces bouleversements, nos deux langues officielles ne sont pas à armes égales. Au Canada, on compte 8 millions de francophones dans un océan nord-américain de plus de 360 millions d'habitants qui parlent principalement l'anglais. C'est à nous de protéger le français et d'offrir une vision moderne de notre dualité linguistique. Il faut agir pour que tous les citoyens se voient reflétés dans les objectifs de la Loi sur les langues officielles. Nos deux langues officielles doivent être davantage sur un pied d'égalité. Le gouvernement a la responsabilité d'assurer que tous peuvent apprendre, parler et vivre en français au pays, comme c'est le cas pour l'anglais.
D'abord, pour qu'une langue soit vivante, sa culture doit être forte. Les francophones doivent pouvoir faire entendre leur voix, particulièrement dans l'espace numérique, où l'anglais domine. Pour ce faire, nos institutions culturelles fédérales doivent favoriser le contenu en français.
Notre gouvernement reconnaît aussi que, pour assurer la protection et la promotion du français, le secteur privé a un rôle à jouer. Les gens devraient avoir le droit d'être servis et de travailler en français dans les entreprises fédérales au Québec et dans les régions à forte présence francophone au pays. Un comité d'experts a déjà entamé ses travaux pour réfléchir aux meilleures façons de formaliser ces droits et d'avoir des recours grâce à des lois fédérales, en consultation avec les secteurs concernés.
Cela étant dit, lorsqu'il est question d'assurer le respect du bilinguisme en milieu de travail et le droit de travailler dans la langue officielle de son choix, la fonction publique fédérale doit montrer l'exemple. Nous allons proposer des actions concrètes pour mieux assurer la conformité aux obligations linguistiques.
[Traduction]
La communauté anglophone du Québec doit pouvoir protéger ses droits et avoir aussi accès à des institutions clés qui sont clairement vitales pour l'avenir de la communauté. Nous serons à leurs côtés.
[Français]
Nous allons aussi renforcer les pouvoirs du commissaire aux langues officielles et continuer de promouvoir l'utilisation du français à l'étranger, notamment dans les organisations internationales. Le gouvernement du Canada se fera un devoir d'attirer et de faciliter l'immigration francophone à l'extérieur du Québec.
Enfin, toutes nos institutions doivent être bilingues, y compris la plus haute cour du pays. La Loi sur les langues officielles [difficultés techniques], à la Cour suprême, les juges doivent être bilingues. Dans le cadre de nos efforts de modernisation de la Loi, nous prendrons des mesures pour promouvoir le bilinguisme en éliminant notamment les listes d'attente pour l'immersion en français. Nous continuerons également de soutenir les communautés et tous ceux qui cherchent à faire respecter leurs droits linguistiques constitutionnels.
La vision de notre gouvernement est ancrée dans les études menées par votre comité, et je vous en remercie. Je vous remercie également d'avoir examiné l'incidence de la pandémie de COVID-19 sur la capacité du gouvernement à fournir de l'information dans les deux langues officielles. Je sais que le président du Conseil du Trésor, mon collègue M. Duclos, et les fonctionnaires de Santé Canada ont comparu devant vous, et cela me fera aussi plaisir de répondre à vos questions à ce sujet.
Je remercie aussi mon collègue Denis Racine, qui est avec moi et qui pourra répondre à vos questions plus spécifiques en lien avec la Direction générale des langues officielles à Patrimoine canadien.
[Traduction]
Merci à tous.
Ce sera un plaisir de répondre à vos questions.
:
Nous reconnaissons tous que la Loi sur les langues officielles avait besoin de plus de mordant. Pour ce faire, le gouvernement fédéral doit avoir plus de réflexes en matière de langues officielles, tout en accordant plus de pouvoir au commissaire aux langues officielles.
En ayant une agence centrale au sein du Conseil du Trésor, la fonction publique pourra aiguiser ses réflexes en matière de langues officielles. Ce qui est difficile présentement, c'est que les ministères fonctionnent en vase clos. Beaucoup de travail est effectué sur le plan politique. Je dois communiquer moi-même avec mes collègues pour faire le suivi, alors que les réflexes pourraient être facilités s'ils provenaient directement de la fonction publique. Nous voulons créer cette agence centrale au sein du Conseil du Trésor, parce que nous arrivons ainsi à pérenniser cette approche et à faire en sorte qu'elle ne changera pas d'un gouvernement à un autre.
Anciennement, sous mon prédécesseur M. Stéphane Dion, il y avait une agence centrale au sein du Conseil privé. Malheureusement, quand le gouvernement Harper a été élu, celle-ci a été abolie, ce qui a affaibli les protections linguistiques au sein de la fonction publique fédérale.
En l'inscrivant dans la Loi sur les langues officielles, nous disposerons d'une approche beaucoup plus forte, qui permettra justement d'augmenter les contrôles au sein de la fonction publique et, par conséquent, les réflexes du gouvernement du Canada en matière de langues officielles.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie la ministre d'être parmi nous cet après-midi. Nous lui en sommes reconnaissants.
Nous allons pouvoir discuter en détail de votre plan de réforme. Malheureusement, j'avoue avoir un peu de difficulté à suivre les intentions de votre gouvernement depuis quelques années, simplement parce qu'elles révèlent un manque de cohérence. À ce sujet, je vous rappelle les deux faits suivants.
En ce qui a trait au droit de travailler en français dans les entreprises de compétence fédérale au Québec, le Parti libéral du Canada a voté contre notre projet de loi qui visait précisément cet objectif. Vous dites vouloir maintenant imposer le bilinguisme aux juges de la Cour suprême. Or vous avez voté contre notre projet de loi, qui exigeait également l'application de ce principe.
Après de multiples échecs, au lieu de corriger le tir en déposant un projet de loi sur la modernisation de la Loi sur les langues officielles, vous cherchez à gagner du temps en publiant un document qui ne prévoit ni financement, ni échéancier ni consultations supplémentaires. Pendant des années, il y a eu beaucoup de beaux discours sur les francophones et la francophonie, mais peu de mesures pour protéger le français.
Or voici qu'aujourd'hui, une nouvelle tuile tombe sur la tête des francophones de l'Ontario. L'Université Laurentienne, une institution phare, vient de couper des centaines de postes et des dizaines de programmes en français. La politologue Stéphanie Chouinard a même qualifié de « bain de sang » la situation dans cette université francophone.
Les francophones du Nord de l'Ontario sont donc très inquiets. C'est pourquoi l'Université de Sudbury, avec l'appui de l'Assemblée de la francophonie de l'Ontario, a annoncé un plan de transformation en une université autonome francophone. C'est une démarche proactive et cruciale que nous, au NPD, défendons.
Étant donné que la question est claire, j'aimerais que votre réponse soit assez courte.
:
Je vous remercie, madame la ministre, d'être ici avec nous. Je vais tout de suite enchaîner en vous posant la question que mon collègue M Rayes vous avait posée et à laquelle vous n'avez pas répondu.
Le budget sera bientôt déposé. Il y a une situation d'urgence dans les établissements d'enseignement postsecondaire et vous en avez la responsabilité. Vous êtes avocate, donc vous le savez, c'est inscrit à l'article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés. Votre mandat est de soutenir l'épanouissement des communautés et de protéger leurs institutions. Vous avez l'occasion de le faire et il y a une motion qui a été adoptée à cet égard pour vous encourager à prendre vos responsabilités.
Pour nous, les conservateurs fédéraux, notre chef a été clair quand il disait que, au cours des 100 premiers jours, nous allions accroître le financement accordé aux établissements d'enseignement postsecondaire.
Ma question, et également celle de M. Rayes, est la suivante: dans le budget qui sera déposé la semaine prochaine, avez-vous prévu des sommes d'argent consacrées aux établissements d'enseignement postsecondaire et, en particulier, à l'Université Laurentienne qui, à l'heure actuelle, vit une crise et attend des mesures et du leadership de la part du gouvernement fédéral?
De toute évidence, nous voulons nous assurer que toutes les minorités de langue officielle, y compris la communauté anglophone du Québec, sont protégées. Nous avons des obligations constitutionnelles envers elles, et nous allons les respecter et les protéger.
C'est la raison pour laquelle, pour la première fois, dans ce document de réforme, nous nous assurons qu'il y aura avant tout une obligation de la part du gouvernement fédéral de protéger... [Difficultés techniques]... les institutions qui sont réellement essentielles pour l'avenir d'une communauté donnée. Nous pensons évidemment aux universités, aux centres culturels et à l'importance d'un système de soins de santé et d'un système scolaire, etc. C'est l'idée.
Le deuxième point qui est fondamental aussi pour la communauté anglophone du Québec, et pour toutes les communautés de langue officielle, est le Programme de contestation judiciaire. Nous voulons nous assurer que le Programme de contestation judiciaire est protégé par la Loi sur les langues officielles, et nous allons donc continuer à le faire.
Enfin, nous reconnaissons que la communauté anglophone a des besoins précis lorsqu'il s'agit de financer ses différents organismes. C'est également le cas pour les francophones minoritaires en dehors du Québec, et nous continuerons à jouer un rôle en appuyant leurs activités et leurs différents projets.
:
Je vous remercie, chère collègue.
Je sais que vous avez travaillé très fort, en tant que secrétaire parlementaire du ministre de l'Immigration, sur la question de l'immigration francophone par le passé.
La réalité, c'est que le poids démographique des francophones à l'extérieur du Québec est en baisse. Nous devons nous assurer de le maintenir à 4 %, et j'espère que nous pourrons l'augmenter dans l'avenir. Cela va passer par une politique d'immigration qui reconnaît qu'il doit y avoir de l'immigration francophone. Il faut attirer des immigrants francophones chez nous, les accueillir et, finalement, les intégrer. Ces familles francophones qui viennent s'établir chez nous et qui peuvent venir du Nord de l'Afrique, du Liban ou de l'Europe doivent avoir le réflexe d'envoyer leurs enfants à l'école en français, même si elles sont à l'extérieur du Québec, en situation minoritaire.
L'objectif du document de réforme est de faire en sorte que la Loi sur les langues officielles reconnaisse l'obligation du gouvernement fédéral d'établir une stratégie nationale d'immigration francophone. Cela va changer la donne, parce que la fonction publique fédérale va se retrouver avec l'obligation d'intégrer cela dans toutes les stratégies d'immigration nationales.
Nous allons aussi continuer de respecter l'entente entre Québec et Ottawa sur la francisation des immigrants. C'est fondamental pour l'avenir du fait français au Québec. D'ailleurs, je serai heureuse de continuer à travailler avec mes homologues du Québec sur ces questions.
Merci des efforts que vous déployez dans ce dossier. Je pense que nous pouvons certainement vous compter comme un allié.
Nous voulons évidemment nous assurer que nous éliminons les listes d'attente en ce qui concerne l'immersion française. Trop de parents mettent leurs enfants sur des listes d'attente dans tout le pays, et c'est malheureux. Chaque fois que nous perdons un enfant qui ne peut pas fréquenter une école d'immersion française, nous perdons un citoyen qui peut devenir bilingue.
L'une des raisons est certainement le manque d'enseignants de français. Nous voulons faire deux choses. Dans un premier temps, nous voulons travailler avec les provinces et les territoires pour reconnaître les diplômes, et en particulier les enseignants de français qui ont un diplôme. C'est la première chose.
La deuxième est de travailler avec le pour créer une nouvelle voie d'immigration afin de pouvoir offrir la résidence permanente aux éducateurs français venant du monde entier qui veulent offrir leurs connaissances et leur expertise à nos enfants. Je pense que ce sera bien accueilli par nos collègues dans tout le pays.
J'ai eu la chance de parler hier aux ministres de l'Éducation et des Affaires francophones; Mme Squires est l'une d'entre eux. Ils ont particulièrement vu cela comme une bonne nouvelle pour le Manitoba. Je pense que nous pouvons tous travailler dans la bonne direction pour nous assurer de pouvoir offrir plus d'enseignants de français à notre système d'immersion française, de français langue seconde, mais aussi à notre système scolaire français, qui est le système minoritaire au Manitoba et dans l'Ouest.
:
Le Comité reprend ses travaux.
Aujourd'hui, le Comité se réunit concernant l'étude sur les mesures du gouvernement pour protéger et promouvoir le français au Québec et au Canada.
[Traduction]
Je vous rappelle que toutes les observations des membres et des témoins doivent être adressées par l'entremise de la présidence.
[Français]
Des services d'interprétation vous sont offerts.
Maintenant, je voudrais souhaiter la plus cordiale bienvenue à nos témoins. Chacun des groupes disposera de sept minutes et demie pour faire sa présentation, qui sera suivie de questions de membres du Comité.
Cet après-midi, nous accueillons Mme Sheila Risbud, présidente de l'Association canadienne-française de l'Alberta. Elle est accompagnée d'Isabelle Laurin, directrice générale.
Nous recevons également M. Alexandre Cédric Doucet, président de la Société de l'Acadie du Nouveau-Brunswick. Il est accompagné d'Ali Chaisson, directeur général.
Madame Risbud, vous avez sept minutes et demie pour faire votre présentation. Vous avez la parole.
:
Monsieur le président Dubourg, chers membres du Comité, auditrices et auditeurs, bonjour.
Je vous remercie de m'avoir invité à comparaître devant ce comité pour parler des mesures gouvernementales de protection et de promotion du français partout au Canada, en particulier au Québec, ainsi qu'en Acadie et dans les provinces de l'Atlantique.
L'ensemble de la francophonie canadienne se réjouit que, à l'heure actuelle, le gouvernement fédéral démontre un véritable désir de s'attacher à promouvoir la pérennité du français au pays. Nous sommes en droit d'espérer que la vision de la ministre Mélanie Joly trace enfin, une fois pour toutes, une voie vers l'égalité réelle.
À la Société de l'Acadie du Nouveau-Brunswick, ou SANB, nous croyons que la protection et la promotion du français partout au pays ne pourront pas se faire sans une réelle mise en œuvre de la partie VII de la Loi sur les langues officielles.
En me préparant pour cette comparution, je me suis ressourcé en lisant un mémoire du regretté sénateur acadien Jean-Maurice Simard intitulé « De la coupe aux lèvres : un coup de cœur se fait attendre » et publié en 1999. Comme le faisait remarquer le sénateur Simard:
Dans son Rapport annuel de 1998, le Commissaire aux langues officielles fait la démonstration [...] que le régime d'application de la Partie VII de la Loi, plus de 10 ans après son entrée en vigueur, est inadéquat, y compris à l'échelle de l'ensemble du gouvernement.
Mesdames et messieurs, 22 ans après ce constat, force est d'admettre que le régime d'application de la loi est toujours inadéquat.
Dans le cadre de la modernisation actuelle de la loi, il est essentiel que nous visions des solutions novatrices et structurantes en donnant davantage la parole aux communautés elles-mêmes lorsqu'il est question de leur propre avenir. En 2021, plus de 50 ans après l'adoption de la Loi sur les langues officielles, les communautés francophones en situation minoritaire devraient pouvoir voler de leurs propres ailes. Or, pour plusieurs raisons, ce n'est actuellement pas le cas. Mis à part certaines exceptions, aucune évolution n'a eu lieu depuis de nombreuses années en ce qui concerne le modèle de financement des programmes conçus par, pour et avec les communautés francophones et acadienne du pays.
Pour la SANB, compte tenu des milliers de dollars en deniers publics investis au cours des dernières décennies, nous affirmons que le contribuable canadien francophone, mais plus encore acadien, mérite mieux. Le sénateur Simard, dans sa grande clairvoyance, avait bien compris que, aussi bien l'application des mesures positives de la partie VII que le régime de financement des organismes porte-parole posaient des problèmes. Il suggérait d'ailleurs que ce soit le Bureau du Conseil privé qui soit le maître d'œuvre de la partie VII de la Loi sur les langues officielles, car son pouvoir est transversal et s'applique à différents ministères. Nous sommes d'accord avec lui. D'ailleurs, la SANB en avait fait la recommandation dans son mémoire au Comité permanent des langues officielles sénatorial de 2018.
Plusieurs dossiers pourraient bénéficier d'une réappropriation de l'esprit de la partie VII par le gouvernement fédéral. Ce dernier peut, mais surtout doit, renégocier avec les gouvernements provinciaux et avec les communautés elles-mêmes des ententes trilatérales qui encadreraient durablement l'épanouissement de la langue française partout au pays. Pensons notamment au développement économique rural, à l'immigration, aux études postsecondaires, aux nouvelles technologies et au numérique. Cette redéfinition de nos relations permettrait de sortir d'une logique stérile de consolidation des acquis par des luttes sans fin devant les tribunaux.
Avant de terminer sur quelques recommandations concrètes, j'aimerais souligner l'importance cruciale de parler toujours davantage des langues officielles afin de lutter contre la désinformation et pour raffermir l’unité nationale, en particulier dans le contexte des crises sanitaires où nous devons tous et toutes nous serrer les coudes, partout au pays.
Le sénateur Jean-Maurice Simard le disait bien:
[...] le Gouvernement du Canada a spécifiquement le devoir non seulement de «remédier à l'érosion (multidimensionnelle) des minorités» mais également de favoriser leur plein épanouissement et d'appuyer activement leur développement de manière à renforcer une partie importante (et la plus fragile) des assises de la dualité linguistique canadienne. Ce faisant, il renforcerait aussi l'identité nationale et les perspectives d'unité canadienne.
En 2021, comment faire pour en arriver à une réelle mise en œuvre de la partie VII de la loi? Pour répondre à cette question, la SANB vous recommande humblement ceci: d'abord, la création d'un comité mixte incluant le Sénat et la Chambre des communes sur les langues officielles pour encadrer le processus de modernisation et de mise en œuvre de la Loi fédérale sur les langues officielles; la révision des ententes provinciales-fédérales pour assurer que les fonds destinés à la promotion des communautés de langue officielle en situation minoritaire ne se retrouvent pas dans les fonds généraux des provinces; la signature d'ententes directes entre le gouvernement fédéral et les institutions communautaires telles que les conseils scolaires par l'entremise du Programme des langues officielles dans l'enseignement, sans l'intervention des provinces; la mise en œuvre d'un régime de financement asymétrique, qui donnerait aux petites communautés francophones du pays l'occasion de s'épanouir de manière équitable tout en reconnaissant que certaines provinces, dont le Nouveau-Brunswick et l'Ontario, ont des besoins particuliers en raison de leur masse critique francophone.
D'ailleurs, la SANB réitère sa recommandation quant à la spécificité du Nouveau-Brunswick dans le préambule d'une Loi sur les langues officielles modernisée. Rappelons que le Nouveau-Brunswick et le Québec sont les deux seules provinces à s'être dotées d'un régime linguistique particulier.
Finalement, la dernière recommandation, c'est de pérenniser nos institutions postsecondaires en milieu minoritaire francophone. Sur ce point, j'ajouterais que ce n'est pas parce qu'on n'entend pas publiquement parler de l'Université de Moncton et du Collège communautaire du Nouveau-Brunswick que leur financement, leurs admissions et leur pérennité ne sont pas des enjeux.
C'est donc avec tout cela en tête que la SANB affirme qu'il faut concevoir la mise en œuvre de la partie VII de la Loi sur les langues officielles comme le véritable moteur du rôle que doit jouer le gouvernement canadien afin de donner aux communautés les outils, l'autonomie et la liberté institutionnelle nécessaires pour assurer l'épanouissement pérenne du français au Canada.
Je vous remercie, et je suis disposé à répondre aux questions et aux commentaires.
Je m'appelle Sheila Risbud et je suis présidente de l'Association canadienne-française de l'Alberta, l'ACFA.
L'ACFA a été fondée en 1926 et elle représente aujourd'hui 268 000 Albertaines et Albertains d'expression française, nombre qui a crû de plus de 50 % entre 1991 et 2016.
Aujourd'hui, j'aimerais m'attarder à la situation du Campus Saint-Jean, la seule institution postsecondaire de langue française en Alberta et à l'ouest du Manitoba.
Fondée en 1908 par les pères Oblats, l'institution est devenue une faculté de l'Université de l'Alberta en 1977 à la suite d'une entente conclue entre l'Université de l'Alberta, le gouvernement de l'Alberta, le gouvernement fédéral et les pères Oblats. Le rôle des pères Oblats dans cette entente est maintenant assumé par l'ACFA.
Le Campus Saint-Jean est essentiel à la vitalité de la francophonie en Alberta et dans l'Ouest canadien.
Au cours des dernières années, la communauté d'expression française de l'Alberta a connu l'une des plus importantes croissances au pays. Cette croissance crée une augmentation de la demande des services en français dans divers domaines, mais surtout en éducation, comme vous en avez parlé plus tôt. Par exemple, au cours des 20 dernières années, les inscriptions dans les écoles francophones et les écoles d'immersion française en Alberta ont doublé.
L'Alberta fait donc face à un important besoin de main-d'oeuvre qualifiée et à une pénurie d'enseignants et d'autres professionnels en éducation parlant français. Il est aussi important de rappeler que ce sont ces enseignants et ces professionnels qui sont nécessaires pour offrir l'éducation en français garantie par l'article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés.
Le Campus Saint-Jean joue donc un rôle fondamental. Pour ce faire, il accueille plus de 900 étudiants par année, ce qui représente une augmentation de plus de 40 % depuis 2014, et ce, malgré les deux augmentations de la moyenne scolaire requises pour y être admis.
Cependant, le Campus Saint-Jean souffre d'un grave déficit financier opérationnel et structurel, qui nuit à sa capacité de satisfaire cette demande. Pour ce qui est du sous-financement opérationnel, le Campus Saint-Jean ne reçoit des subventions provinciales que pour 70 % de ses étudiants à temps plein. En Alberta, les facultés se voient imposer des quotas d'inscription et reçoivent du financement en fonction de ces quotas. Or, pour le Campus Saint-Jean, les inscriptions et la demande dépassent largement le quota accordé.
Alors que pour les autres facultés, le quota permet un certain contingentement et que les étudiants peuvent toujours s'inscrire dans une autre université, la situation est complètement différente pour le Campus Saint-Jean, car il n'existe aucune autre institution française du même genre en Alberta. Ainsi, refuser des inscriptions est contraire au mandat du Campus Saint-Jean d'assurer la vitalité de la communauté francophone et vise donc l'assimilation et l'affaiblissement du fait français en Alberta.
L'an dernier, le gouvernement de l'Alberta a aussi procédé à de nouvelles réductions budgétaires de l'ordre de 13,3 %. Le Campus Saint-Jean s'est ainsi vu obligé de réduire son offre de cours de près de 20 %. Quant à l'ACFA, elle a dû lancer la campagne de mobilisation « Sauvons Saint-Jean » et entreprendre un recours judiciaire contre le gouvernement de l'Alberta et l'Université de l'Alberta. Je tiens aussi à mentionner que des coupes supplémentaires sont à prévoir pour la nouvelle année financière et que des inquiétudes subsistent toujours dans la communauté francophone quant à l'initiative de restructuration entreprise par l'Université de l'Alberta afin d'assainir ses dépenses.
De plus, le financement fédéral reçu par le Campus Saint-Jean dans le cadre du Programme des langues officielles dans l'enseignement, le PLOE, n'a pas changé depuis au moins 2009. Ainsi, en dollars réels, ce financement a été progressivement réduit, et ce, malgré l'augmentation de la demande de services en éducation offerts par le Campus Saint-Jean.
Par ailleurs, les besoins en rénovations au Campus Saint-Jean sont criants si celui-ci veut maintenir ses infrastructures. Cependant, au cours des dernières années, le gouvernement de l'Alberta a refusé à répétition de répondre à ces besoins et n'a fourni aucune contribution provinciale équivalente à celle offerte par le fédéral. La plus récente impasse est un projet d'infrastructures de 8 millions de dollars, qui a été approuvé par le gouvernement fédéral, mais qui est présentement en suspens, car le gouvernement provincial ne fournit pas sa contribution au projet.
Au cours des dernières années, le gouvernement du Canada a pris plusieurs engagements, que ce soit dans le Plan d'action pour les langues officielles 2018-2023, dans les lettres de mandat à la ministre Joly ou dans le récent document de réforme linguistique. Bien que fort appréciés, ces engagements ne sont toutefois pas encore accompagnés de mesures concrètes qui, nous le craignons, arrivent trop tard.
Ainsi, des investissements pour les institutions postsecondaires de langue française, et particulièrement pour le Campus Saint-Jean, sont nécessaires dès maintenant pour maintenir et développer un réseau d'institutions qui protège et soutient le français au pays, renforce la vitalité de nos communautés et accroît le bilinguisme chez les Canadiens.
Au cours de la dernière année, l'ACFA a proposé diverses solutions au gouvernement fédéral pour sauver le Campus Saint-Jean, dont: une contribution complémentaire au Campus Saint-Jean, dans le cadre du financement du PLOE; la création d'un Fonds de l'éducation postsecondaire de langue française pour l'Ouest canadien, la demande étant à la hausse; finalement, la révision à la hausse du financement accordé aux institutions postsecondaires de langue française ainsi que son indexation, dans le cadre du PLOE.
Bien que l'éducation soit de compétence provinciale, l'ACFA croit aussi que le gouvernement fédéral devrait utiliser son pouvoir de dépenser pour protéger les minorités linguistiques et ainsi protéger le français au pays. Notamment, le gouvernement du Canada pourrait faire des exceptions pour le financement d'initiatives dans le domaine de l'éducation postsecondaire sans que les fonds soient accompagnés de disposition parallèle. Le cadre paralysant créé par ce type de disposition freine la prise de mesures positives envers notre communauté. Ce type de disposition devrait donc être éliminé ou, au minimum, prévoir plus de flexibilité et de pouvoir discrétionnaire pour le gouvernement du Canada.
En conclusion, le besoin de mesures concrètes est urgent. Le Campus Saint-Jean ne peut pas attendre la modernisation de la Loi sur les langues officielles, qui traîne en longueur, ou la sortie du prochain Plan d'action pour les langues officielles, prévu en 2023.
L'ACFA espère que des mesures concrètes seront prévues dans le prochain budget fédéral, qui sera rendu public lundi prochain, et compte sur l'appui des membres du Comité.
Je vous remercie de votre attention.
:
Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Tout d'abord, je souhaite la bienvenue aux témoins. Ils nous ont offert des témoignages fort intéressants. J'aurais beaucoup aimé que la puisse les entendre.
S'il y a un mot que j'ai retenu de ces deux excellentes allocutions, c'est « maintenant ». C'est maintenant que nous avons besoin d'argent. Hier, à l'Université Laurentienne, nous avons constaté que les besoins étaient urgents. Nous pouvons le constater encore aujourd'hui, au Campus Saint-Jean, et dans les provinces de l'Atlantique.
Je veux féliciter Mme Risbud pour les efforts qu'elle déploie pour le Campus Saint-Jean. Elle a spécifiquement demandé que le Comité se penche sur le financement des établissements d'enseignement postsecondaire.
Je tiens à informer les membres du Comité que c'est à la suite de ma conversation avec Mme Risbud que j'ai déposé la motion qui a été adoptée à l'unanimité et qui fait en sorte que le Comité demande au gouvernement fédéral de prendre ses responsabilités, comme la témoin l'a mentionné, concernant l'article 23 de la Charte. La lettre de mandat de la ministre mentionne aussi qu'il faut soutenir les établissements d'éducation postsecondaire. Il faut arrêter de donner des excuses en disant qu'on n'y participera pas vu que le gouvernement provincial ne veut pas y prendre part.
Cela suffit. C'est notre responsabilité en tant que gouvernement fédéral. Nous, les conservateurs, nous voulons vous aider et nous nous engageons à le faire dans les 100 premiers jours suivant une élection. La ministre Joly est venue nous promettre monts et merveilles dans un livre blanc, mais nous ne savons pas trop quand de telles promesses seront réalisées. On y parle de consultation, alors que cela fait cinq ans que nous demandons une modernisation de la Loi sur les langues officielles.
Madame Risbud, ma question est très simple. Vous avez demandé une contribution supplémentaire au gouvernement fédéral pour le Campus Saint-Jean, qui est un pilier dans l'Ouest. Quelle est la réponse de la ministre à votre demande de contribution pour soutenir le Campus Saint-Jean?
:
Je vous remercie beaucoup, monsieur Blaney.
Je remercie les témoins de leur présentation.
Ma famille et moi sommes liés au Campus Saint-Jean. Mon père y a suivi des cours pendant les années 1940. De plus, je suis franco-albertain par ma mère, dont le nom de famille est Beaudoin. On peut dire que c'est dans mon sang.
Cette situation est très importante. Vous êtes ici devant un comité fédéral. La question est de savoir comment le gouvernement fédéral peut vous aider, et vous avez présenté de très bonnes suggestions. J'espère qu'elles seront mises en œuvre. On parle aussi beaucoup du Livre blanc. Comme l'a déjà dit mon collègue, ce sont de belles paroles, mais nous voulons des actions réelles.
J'étais très content d'entendre parler de l'augmentation du nombre de personnes qui parlent français en Alberta. C'est très encourageant. Vous avez mentionné qu'il y a plus de 46 000 étudiants qui suivent le programme d'immersion en français.
En Alberta, la formation des professeurs francophones qui désirent offrir des cours aux niveaux primaire et secondaire pose un grand problème.
Pouvez-vous nous parler de la formation des professeurs en Alberta pour ces programmes?
:
Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Je remercie nos invités d'être avec nous.
Ma première question s'adresse à Mme Risbud, de l'Association canadienne-française de l'Alberta.
Madame Risbud, je suis bien content d'apprendre qu'il y a une augmentation de la population francophone, qui a doublé dans les écoles au cours des dernières années. Malheureusement, le manque de professeurs et les problèmes liés au Campus Saint-Jean, où on forme les professeurs pour enseigner dans ces écoles, semblent former un cercle vicieux.
Vous avez dit qu'il semblait y avoir une ouverture de la part du gouvernement fédéral concernant une augmentation des sommes versées au Campus Saint-Jean pour son fonctionnement. On semble plutôt se buter au gouvernement albertain. Dans la vie, si on doit compter sur M. Jason Kenney pour prendre de bonnes décisions, c'est un peu comme dans la pièce de théâtre En attendant Godot: on risque d'attendre très longtemps.
Croyez-vous qu'il y aurait moyen de contourner la règle de financement à contrepartie égale, c'est-à-dire 1 $ pour 1 $, et que le gouvernement fédéral pourrait agir comme il l'a fait pour l'Université de l'Ontario français en prenant lui-même l'initiative d'offrir le financement qui est absolument nécessaire pour assurer la pérennité et la survie du Campus Saint-Jean, en Alberta?
:
Je vous remercie, monsieur Doucet. J'ose croire que des mesures concrètes seront prises rapidement. J'espère que cela vous rassurera de savoir que, si jamais il y avait un changement de gouvernement, nous, les conservateurs, serions prêts à agir très rapidement, dès les 100 premiers jours de notre mandat.
Je vais maintenant m'adresser à Mme Risbud.
Vous avez dit que, de 1991 à 2016, le nombre de Franco-Albertains avait augmenté de 50 %. Je trouve ce résultat intéressant. Par contre, j'ai trouvé inquiétants certains autres de vos propos, que je vais reformuler dans mes propres mots: on est en train de piler sur le tube d'oxygène. En coupant les vivres, on fait en sorte d'arrêter l'augmentation du nombre de francophones hors Québec qui utilisent cette langue. Je pense que les gouvernements actuels se servent de cela. Ne pas augmenter un budget, c'est le diminuer, étant donné l'indexation sur le coût de la vie. La demande et les inscriptions sont là, mais malheureusement on ne sent pas de la part des gouvernements actuels une volonté de [difficultés techniques].
Que serait-il le plus urgent de faire pour obtenir des résultats et stopper l'hémorragie? Dans le passé, cela a fonctionné. Les chiffres de 1991 à 2016 en sont la preuve. Or présentement, au Québec et partout ailleurs, on sent qu'il y a un recul du français. Il est urgent d'agir. Selon vous, quelle serait la priorité absolue? Comment pourrions-nous raisonner nos gouvernements et les convaincre d'agir rapidement?
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Monsieur le président, je vais prendre la parole en premier, puis je partagerai mon temps de parole avec Mme Lalonde.
Comme je l'ai dit plus tôt, je suis du Manitoba, tout comme M. Mazier. Comme c'est le cas en Alberta, la demande pour l'éducation en français augmente rapidement et notre système d'éducation ne suit pas. À la lumière de ce que nous avons entendu aujourd'hui, l'année a été difficile pour les Franco-Albertains et l'ACF en raison du sous-financement chronique.
Quel avenir entrevoyez-vous pour la communauté franco-albertaine, et plus largement pour les francophones de l'Ouest canadien, si les gouvernements provinciaux cherchent à miner les droits des francophones de l'Ouest par l'entremise d'un sous-financement?
En réponse à certaines des observations que j'ai entendues, je serais très inquiète si les provinces abandonnaient ainsi leurs responsabilités en matière d'enseignement supérieur. Ce pourrait être une pente très glissante et, heureusement, cela ne s'est pas produit au Manitoba.
Pourriez-vous nous faire part de vos observations à ce sujet? Je sais que d'anciens collègues de M. Kenney siègent à ce comité. Quel serait votre message pour lui, et comment tous les membres de ce comité peuvent-ils établir une coopération fédérale-provinciale dans ce secteur de l'enseignement supérieur français?
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C'est parfait, merci beaucoup.
Chers témoins, je vous remercie d'être parmi nous aujourd'hui. Je prends des notes au fur et à mesure que vous nous faites part de vos idées et de vos suggestions.
Madame Risbud, il y a une chose sur laquelle j'aimerais revenir. Vous dites que le gouvernement provincial n'est pas prêt à vous aider. Personnellement, je trouve intéressant de voir que mes collègues du Parti conservateur essaient de trouver des excuses lorsque les provinces, de façon démocratique, se montrent conservatrices, au lieu d'essayer de trouver des moyens de travailler ensemble. Depuis 2015, quand même, le gouvernement fédéral est omniprésent pour la francophonie hors Québec.
J'aimerais vous entendre parler de votre propre expérience. Je pense que vous allez dire la même chose que moi, soit que les études postsecondaires en français sont un pilier fondamental pour soutenir la pérennité du fait français hors Québec.
Selon votre expérience, donc, dans le domaine des études postsecondaires en français, comment les gouvernements provinciaux peuvent-ils entraîner des conséquences négatives sur la pérennité de la langue française en situation minoritaire? C'est ce que vous vivez en Alberta, malgré une augmentation du bassin francophone et du nombre de personnes qui veulent étudier en français.