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Je déclare la séance ouverte.
Bonjour à toutes et à tous. Bienvenue à la neuvième séance du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre des communes.
Permettez-moi d'abord de vous donner quelques renseignements découlant de la motion qui a été adoptée à la Chambre le mercredi 23 septembre 2020.
Le Comité siège désormais selon une formule hybride, de sorte que les députés peuvent participer à la séance en personne ou par vidéoconférence. Les témoins doivent absolument comparaître par vidéoconférence.
Tous les députés, quelle que soit la façon dont ils participent à la séance, seront pris en compte dans le calcul du quorum. Cependant, le pouvoir de siéger du Comité est limité par l'utilisation prioritaire des ressources de la Chambre, selon les décisions des whips. Toutes les décisions doivent être prises par vote par appel nominal, à moins que le Comité n'en décide autrement par consentement unanime ou avec dissidence.
Enfin, le Comité peut délibérer à huis clos, pourvu qu'il tienne compte des risques de bris de la confidentialité inhérents à ce type de délibérations avec des participants à distance.
Les délibérations d'aujourd'hui seront accessibles depuis le site Web de la Chambre des communes, et je rappelle que c'est toujours la personne qui parle qui apparaît à l'écran plutôt que l'ensemble du Comité. Pour assurer le bon déroulement de la séance, j'aimerais vous présenter quelques règles à suivre.
Pour ceux qui participent à la séance virtuellement — ce qui est pratiquement tout le monde aujourd'hui —, les membres comme les témoins peuvent s'exprimer dans la langue officielle de leur choix. Des services d'interprétation sont offerts, et vous avez le choix, au bas de votre écran, entre « Parquet », « Anglais » ou « Français ». Avant de prendre la parole, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre micro. Veuillez aussi désactiver votre micro quand vous avez terminé de parler pour réduire au minimum les interférences. Je vous rappelle que toutes les observations des députés et des témoins doivent être adressées à la présidence.
Si un député veut demander la parole en dehors de la période qui lui est réservée pour les questions, il doit activer son micro et indiquer qu'il invoque le Règlement. Si un député souhaite réagir au rappel au Règlement d'un de ses collègues, il doit utiliser la fonction « Lever la main » située au bas de l'écran. Veuillez vous exprimer lentement et clairement.
À moins de circonstances exceptionnelles, l'utilisation d'un casque d'écoute muni d'un microperche est obligatoire. Si vous avez des problèmes techniques, veuillez en aviser la présidence. Il est à noter que nous pourrions devoir suspendre la séance pendant quelques minutes en pareil cas pour nous assurer que tous les députés peuvent participer pleinement à la séance.
Sur ce, passons au premier groupe de témoins. Nous recevrons aujourd'hui trois groupes de témoins. La séance durera trois heures; elle se terminera à 14 heures. Je vais essayer de conclure chaque partie de la séance cinq minutes avant l'heure pour faire la transition entre les groupes de témoins. Nous tenterons d'employer notre temps le plus efficacement possible.
Je souhaite maintenant la bienvenue à...
Pour continuer, j'aimerais souhaiter la bienvenue aux deux témoins que nous recevons maintenant: M. Jason Lee, de l'Association canadienne des soins de longue durée; et Mme Donna Duncan, directrice générale de l'Ontario Long Term Care Association.
Bienvenue à vous deux. Merci de vous joindre à nous aujourd'hui.
Nous allons commencer par vos déclarations préliminaires. Vous avez cinq minutes chacun. Nous passerons ensuite à la période des questions des membres du Comité, qui devrait se terminer à 11 h 55 ou juste avant midi.
Monsieur Lee, pouvez-vous commencer, s'il vous plaît?
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Je vous remercie, madame la présidente.
Je tiens à remercier les membres du Comité de m'avoir invité à me présenter devant vous aujourd'hui au nom de l'ACSLD.
Nous sommes ici pour discuter des personnes âgées vivant dans des établissements de soins de longue durée et du soutien nécessaire pour que les résidents puissent participer pleinement au processus démocratique pendant la pandémie de COVID-19.
Je m'appelle Jason Lee et je suis ici à titre de trésorier de l'Association canadienne des soins de longue durée, ou l'ACSLD. En tant que champions des soins de longue durée de qualité au Canada, nos membres défendent les intérêts de nos résidents au palier fédéral afin de garantir que les personnes âgées puissent vieillir et vivre dans la dignité.
J'aimerais prendre un moment pour reconnaître qu'hier était le jour du Souvenir et que la conversation visant à garantir un processus de vote accessible et sûr pour les personnes âgées, qui ont construit notre nation, ne pourrait être plus pertinente ou importante.
Durant les élections fédérales, Élections Canada a la responsabilité de veiller à ce que tous les électeurs admissibles puissent exercer leur droit de vote, et il nous incombe collectivement de les y aider. Bon nombre des procédures de vote normalement utilisées pour aider les résidents en soins de longue durée présentent des risques importants pour la santé dans le contexte de la pandémie actuelle de COVID-19. Je vais vous présenter quelques-unes de ces procédures.
Pour protéger la santé et la sécurité des résidents et du personnel, les visiteurs extérieurs des foyers de soins de longue durée doivent continuer d'être limités aux soignants et aux travailleurs essentiels. Bien que les travailleurs électoraux puissent être considérés comme des travailleurs essentiels, il est dangereux en ce moment pour un travailleur électoral de se déplacer de foyer en foyer pour tenir un bureau de scrutin itinérant. C'est d'autant plus vrai que le nombre de foyers touchés par une éclosion ou une éclosion présumée continue de grimper dans tout le pays.
En outre, toute procédure en place pour aider les personnes âgées à quitter un foyer de soins de longue durée pour se rendre dans un bureau de vote est tout simplement impossible, car la COVID-19 continue de se propager rapidement dans les collectivités partout au pays. Le personnel qui aide normalement les personnes âgées à se rendre dans un bureau de scrutin n'est pas seulement gêné par le risque de transmission, mais aussi par les besoins accrus en personnel dans les foyers, qui continuent d'appliquer quotidiennement des mesures nouvelles et existantes de prévention et de contrôle des infections. Il n'y a tout simplement pas assez de personnel ou d'équipement de protection individuelle pour assurer un déplacement sûr en dehors d'un foyer dans le but d'aller voter ou pour permettre à un travailleur électoral de se rendre dans plusieurs foyers.
Dans ma province, l'Île-du-Prince-Édouard, normalement, les établissements de soins de longue durée sont utilisés comme bureaux de scrutin. J'ai déjà communiqué avec les fonctionnaires électoraux responsables de la circonscription où sont situés certains foyers; ils m'ont informé que les bureaux de scrutin seraient déplacés. Bien que cette mesure soit tout à fait compréhensible et nécessaire, elle a aussi l'effet d'isoler encore davantage les personnes âgées. Habituellement, les résidents peuvent marcher jusqu'au hall et voter avec d'autres citoyens de la circonscription, mais ce sera impossible dans le contexte actuel.
Toutefois, nous ne devons pas laisser ce virus empêcher les personnes âgées de s'exprimer ou les résidents en soins de longue durée de participer comme il se doit au processus électoral.
Comme vous le savez, trois provinces ont tenu des élections provinciales durant la pandémie de COVID-19, y compris le Nouveau-Brunswick. J'aimerais vous faire part aujourd'hui de certaines considérations et leçons tirées de ces provinces, qui pourraient aider le Comité et Élections Canada à relever les défis et à faire face aux circonstances actuelles.
Au Nouveau-Brunswick, une nouvelle méthode de vote a été mise en place. Le directeur du scrutin a envoyé une lettre aux foyers de soins de longue durée qui donnait les instructions pour un processus de vote par correspondance modifié. Ce processus a pris beaucoup de temps: il a fallu deux semaines pour coordonner et effectuer le scrutin, en plus de plusieurs semaines de consultations préalables. Dans ce cas-là, les administrateurs ou d'autres employés des foyers ont été mandatés et formés pour collecter et renvoyer les bulletins de vote par courrier.
Tout processus mis en place pour des élections fédérales devra tenir compte du temps, des efforts et des ressources nécessaires pour aider les résidents à voter.
En conclusion, à cause des contrecoups de la COVID-19, comme l'impossibilité pour le personnel d'accompagner les résidents à l'extérieur des foyers pour voter, les risques posés par les déplacements des travailleurs électoraux d'un foyer à l'autre et l'impossibilité d'utiliser les foyers de soins de longue durée comme bureaux de scrutin, les résidents en soins de longue durée seront très détachés du processus. Il faudra donc fournir du soutien et des conseils aux foyers pour les aider à faire en sorte que leurs résidents puissent participer comme il se doit au processus démocratique.
Je vous remercie de votre attention. Bien sûr, je serai ravi de répondre à vos questions.
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Merci beaucoup, madame la présidente, merci, mesdames et messieurs.
C'est un privilège pour moi d'être ici au lendemain du jour du Souvenir, comme M. Lee l'a souligné, une journée où nous reconnaissons la contribution d'un si grand nombre de nos résidents.
Nous remercions le Comité d'avoir reconnu l'importance de veiller à ce que les résidents des foyers de soins de longue durée du Canada puissent exercer leur droit de vote pendant la pandémie. Pour situer le contexte de la discussion d'aujourd'hui, j'aimerais brosser un tableau des foyers de soins de longue durée de l'Ontario.
L'Ontario compte 626 foyers de soins de longue durée, où vivent plus de 79 000 personnes, dont plus de la moitié ont plus de 85 ans. Environ un résident sur six a moins de 75 ans.
En Ontario, les critères d'admission aux soins de longue durée sont très stricts. La plupart des personnes ne sont pas admissibles tant qu'elles ne souffrent pas d'une déficience importante due à une fragilité physique ou à une déficience cognitive. Quatre-vingt-dix pour cent des résidents présentent un certain degré de déficience cognitive, allant de légère à grave, causée par des affections telles que la démence ou un accident vasculaire cérébral.
Lors des élections précédentes, il était courant d'installer des isoloirs dans les halls ou d'autres zones communes des foyers de soins de longue durée pour permettre à la population résidente de voter, ainsi qu'à la communauté voisine. Or, cela ne sera pas possible pendant la pandémie de COVID-19 à cause des restrictions de l'Ontario concernant l'accès aux foyers de soins de longue durée et de l'extrême vulnérabilité de nos résidents face aux éclosions de COVID-19. Dans la plupart des cas, comme M. Lee l'a aussi souligné, il ne sera pas non plus possible d'escorter les résidents des foyers de soins de longue durée à des bureaux de scrutin situés ailleurs en raison de différents facteurs.
Premièrement, selon les directives provinciales et maintenant aussi régionales, les absences non médicales du foyer ne sont pas du tout possibles pendant une éclosion ou dans une région considérée comme à haut risque de transmission communautaire. En date du 10 novembre, 15 % des foyers de l'Ontario sont aux prises avec une éclosion de COVID-19. De plus, plusieurs grandes régions urbaines restent des zones à haut risque, et les sorties ne sont pas autorisées.
Deuxièmement, si aucun de ces facteurs n'est présent, les absences non médicales doivent être approuvées par le foyer en fonction d'une évaluation des risques au cas par cas. Comme les risques pour nos résidents sont extrêmement élevés, les absences ne sont pas recommandées.
Troisièmement, même si une sortie est approuvée, la plupart des foyers n'ont pas le personnel ou le soutien nécessaire pour permettre aux résidents de sortir du foyer pour aller voter. Si certains résidents ont des familles qui peuvent les aider, nombre d'autres ne disposent pas de tels soutiens et dépendraient du personnel pour le transport vers le bureau de vote. Les foyers de soins de longue durée de l'Ontario connaissent une importante pénurie de personnel qui est antérieure à la pandémie de COVID-19, mais qui a été exacerbée par celle-ci, ce qui a des conséquences sur la capacité du personnel à aider les résidents à voter, que ce soit à l'intérieur ou à l'extérieur du foyer.
Malgré les difficultés posées par la COVID-19, il est essentiel de veiller à ce que les résidents en soins de longue durée puissent exercer leur droit de vote. Les bulletins de vote par correspondance, dont M. Lee a parlé, constituent peut-être la solution la plus simple à la fois pour les résidents et pour le personnel. Nous sommes disposés à discuter des processus pouvant être mis en place pour faciliter le vote par correspondance. Par ailleurs, le Comité envisage peut-être d'autres solutions, y compris le vote électronique dans les foyers. Nous serions heureux de les présenter à nos membres pour obtenir leur avis et leurs commentaires, afin de favoriser une mise en œuvre réussie.
Nous sommes déterminés à aider nos résidents à exercer leur droit de vote.
Nous vous remercions une fois de plus d'avoir reconnu l'importance de cette question et d'explorer les solutions possibles durant la pandémie.
Merci.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Merci aux témoins.
Nous sommes tous au courant des décès tragiques survenus dans les établissements de soins de longue durée. Je suis présidente du Comité permanent de la condition féminine, qui vient de recevoir des témoignages sur le manque de personnel dans ces établissements. À mon avis, le gouvernement fédéral s'est vraiment défaussé de sa responsabilité de soutenir ce secteur. Je crains que les libéraux aggravent une situation déjà inquiétante en forçant la tenue d'élections durant une pandémie.
Vous avez soulevé des points importants concernant la protection des résidants et du personnel des établissements de soins de longue durée.
Une de mes préoccupations est de faire en sorte d'éviter toute influence indue. Ma mère est décédée récemment; elle était en soins de longue durée. Normalement, elle avait l'esprit très vif, mais il y avait des journées où sa pensée était embrouillée ou confuse. J'aimerais donc entendre vos suggestions quant aux façons d'éviter qu'un mandataire exprime ses propres préférences à travers le vote d'une personne qui n'est peut-être pas apte à prendre des décisions.
C'est une très bonne question, surtout compte tenu du nombre élevé de résidants atteints de démence avancée et de déficience cognitive. La formation est certainement un élément primordial. Il faut, entre autres, collaborer avec Élections Canada pour définir les paramètres de la formation et assurer l'impartialité du soutien offert aux résidants. La façon de travailler avec les mandataires spéciaux sera un autre élément crucial pour nous. Certes, le droit de vote est d'une importance primordiale, mais je comprends vos préoccupations par rapport aux risques de coercition ou d'influence.
Je serais ravie d'entendre les considérations de M. Lee, car je sais qu'il a eu des discussions à ce sujet avec ses collègues de l'Est du Canada.
C'est une bonne question, qui est posée à chaque élection, je crois, et non seulement dans le contexte de la pandémie.
Une personne physiquement incapable de marquer son bulletin de vote peut recevoir de l'aide pour ce faire. La personne mandatée doit déclarer solennellement qu'elle marquera le bulletin de la manière qui lui sera indiquée. Il s'agit d'un serment ou d'un engagement très sérieux, et nous nous attendons à ce que les gens le respectent.
Nous souhaitons que tous les Canadiens qui veulent voter puissent le faire. Ayant été témoin de scrutins tenus dans nos foyers, je sais de première main que les membres du personnel disposent du temps nécessaire pour être formés et pour comprendre la Loi électorale du Canada, qui est très complexe et volumineuse. Je pense qu'ils réussissent très bien à faire en sorte que les gens votent et j'ai bon espoir que les exceptions sont très rares.
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Merci, madame la présidente, et merci à nos témoins.
Tout d’abord, je tiens à vous remercier pour les soins que vous fournissez en cette période de pandémie et à reconnaître à quel point cela doit être difficile. Les répercussions de la COVID-19 sur les soins de longue durée m’inquiètent énormément. Nous devons faire tout notre possible pour protéger la santé et la sécurité des résidents et du personnel, tout en veillant au respect du droit de vote des résidents.
Madame Duncan, je vais m’adresser à vous d’abord. Comme mon temps de parole est limité, je vais vous demander surtout de répondre par un nombre ou encore par oui ou non, s’il vous plaît.
Combien de foyers de soins de longue durée de l’Ontario sont actuellement aux prises avec une éclosion?
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J'avais posé la même question à quelqu'un du bureau du directeur général des élections, et il m'avait répondu non. Je voulais voir si c'était possible. C'est pour cette raison que je vous pose cette question. Je ne veux pas vous mettre dans l'embarras.
Je vous donne un exemple. Si ma mère vit dans un centre de soins de longue durée et qu'elle est inapte à voter, je ne peux pas demander qu'on retire son nom de la liste électorale. Je pense que cela peut causer des problèmes dans la situation actuelle de pandémie, pour deux raisons. Vous me direz ce que vous en pensez. Admettons qu'on ne peut pas retirer le nom d'une personne de la liste électorale. Premièrement, dans certains cas, les préposés auront à faire le travail du personnel électoral, et deuxièmement, il y aura plus de votes par la poste.
Avec mes maigres connaissances en la matière, je pense qu'il est possible qu'il y ait plus de cas de fraude. Qu'en pensez-vous?
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Merci beaucoup, et merci à nos témoins de se joindre à nous aujourd'hui.
Nous avons entendu les témoignages d'un certain nombre de fonctionnaires électoraux et de responsables de la santé publique qui se sont dits convaincus de pouvoir organiser des élections d'une manière qui soit sécuritaire en principe. Autrement dit, si tout le monde suit les procédures appropriées, personne ne devrait avoir à s'inquiéter de provoquer une épidémie de COVID à la suite d'un vote.
Ce sur quoi ils étaient réticents à se prononcer et ce qu'ils n'ont pas vraiment essayé de quantifier, c'est la mesure dans laquelle nous pourrions voir les gens choisir simplement de ne pas voter en raison d'un certain niveau d'inconfort, et la privation de leurs droits qui pourrait se produire. C'est simplement parce que les gens, malgré toutes les précautions prises par les responsables de la santé publique et les fonctionnaires électoraux, n'ont tout simplement pas ce niveau de confort.
En ce qui concerne vos membres, pensez-vous qu'il existe un risque réel que de nombreuses personnes en soins de longue durée, ou plus largement de nombreuses personnes âgées, soient tout simplement trop inquiètes des conséquences potentielles du vote sur la santé? Ils peuvent voter dans un établissement de soins pour personnes âgées avec du personnel extérieur qui vient pour prendre soin des résidants, quitter leur résidence pour aller voter ou ne pas être sûrs de pouvoir comprendre l'application et la mise en œuvre d'une option de vote par correspondance. Pensez-vous qu'il existe un risque réel de privation du droit de vote pour les personnes âgées et les personnes vivant dans des établissements de soins de longue durée si nous tenons des élections pendant la pandémie?
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Je vais commencer sur cette question.
Dans le passé, c'était certainement Élections Canada qui installait les bureaux de scrutin dans nos établissements de soins de longue durée. Si on examine la capacité physique d'un si grand nombre de nos résidents — et en Ontario, c'est 79 000 résidents — de pouvoir sortir pour voter, il faudrait beaucoup de ressources: des ressources en personnel, des ressources familiales et de l'équipement de protection individuelle.
De plus, ce que nous avons constaté dans nos établissements de soins de longue durée parmi nos familles, nos résidents et notre personnel, c'est une capacité et une résilience beaucoup plus faibles en matière de santé mentale. Il y a une peur immense dans nos établissements en Ontario, une peur et de l'anxiété parmi nos résidents et les membres de leur famille. Nous l'avons certainement entendu de la part de nos conseils de famille. Il est donc idéal d'avoir un mécanisme pour le vote dans l'établissement.
Nous avons entendu certains de nos membres à Toronto où nous avons eu des élections partielles plus tôt cet automne. Il y avait une certaine réticence des gens à sortir dehors, car ils voulaient contenir toutes les activités à la maison.
Cependant, là encore, le fait que davantage de personnes viennent à l'établissement suscite la peur lorsque vous êtes dans une région névralgique. Nous connaissons les tensions qui existent même lorsque nous recevons la visite de membres de la famille. Nous savons qu'ils viennent de l'extérieur. Nous sommes ouverts aux visiteurs maintenant. Il y a un va-et-vient plus important, et les risques sont beaucoup plus importants.
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Ce peut être de continuer de voter dans l’établissement, que ce soit par correspondance ou par l’utilisation de la technologie. Il est certain qu’en raison de la pandémie, l’engagement de nos résidents, renforcé par la technologie, a augmenté de manière exponentielle.
Il faut veiller à ce que la santé publique s’engage fortement à travailler en partenariat. Je pense que M. Lee a mentionné les pressions sur l’équipement de protection individuelle. Nous savons, certainement en Ontario, que les établissements touchés par une épidémie auraient accès à des respirateurs N95 qui, nous le savons, ne sont pas faciles à obtenir et sont très difficiles à utiliser, ce qui pourrait accroître la propagation de l’infection. Il y a certainement la formation, pour s’assurer que toute personne qui entre chez elle a elle-même une formation en prévention et contrôle des infections, afin de ne pas imposer un fardeau plus important au personnel et aux bénévoles qui soutiennent le processus dans les établissements.
On peut aussi examiner l’aménagement des établissements. Encore une fois, la manière dont nous allons procéder pour éviter la contamination va être vraiment très importante, et la sensibilité est importante. Je dirais qu’il est important que tous ceux qui soutiennent ce processus fassent preuve d’empathie.
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Monsieur Lee, je vais passer à vous très bientôt aussi. Comme vous l’avez indiqué, nous avons des problèmes de personnel. Je parlais avec des personnes d’un établissement de soins de longue durée de notre région. À cause des changements et du fait que les gens ne peuvent travailler qu’à un seul endroit, ils ont perdu 30 % de leur emploi dans certains de ces établissements; nous sommes donc aux prises avec ce problème.
Comme vous l’avez mentionné également, il y a la question d’essayer de trouver des gens qui travailleront durant ces élections. Les statistiques montrent que la majorité des personnes qui sont des travailleurs électoraux sont des personnes âgées, dont bon nombre sont vulnérables à cette maladie également.
De plus, en parlant de ce que vous avez dit, je viens de voir que le coût d’une boîte de gants en vinyle est passé de 16 à 96 $ la boîte. C’est ce que le comté d’Elgin doit maintenant payer. Je pense que ce sont là d’énormes préoccupations également.
Nous avons entre autres parlé qu’en raison de la pénurie actuelle de travailleurs et des préoccupations concernant les tests rapides — et je sais que Marilyn Gladue en a parlé —, quels sont les protocoles pour entrer dans l’un de vos établissements en ce moment?
Je vais commencer avec M. Lee. Utilisez-vous des tests rapides? Doivent-ils donner des résultats négatifs? Quelles sont vos exigences à l’heure actuelle?
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Madame la présidente, je vous remercie de m'avoir invitée à prendre la parole aujourd'hui. Je vais essayer de présenter mes observations rapidement.
L'Assemblée des Premières Nations travaille en étroite collaboration avec Élections Canada depuis plusieurs années afin d'éliminer les obstacles à la participation des Premières Nations au système électoral. La COVID-19 a entraîné un certain nombre de nouveaux défis à relever pour protéger la sécurité, les droits, la compétence et la possibilité de participation des Premières Nations. Toutefois, bon nombre de ces défis existent depuis longtemps et sont maintenant exacerbés par la pandémie.
Les Premières Nations sont depuis longtemps privées de leurs droits par le gouvernement fédéral, mais des travaux sont en cours, en coordination avec l'APN, pour régler les problèmes liés aux élections. En effet, le droit de vote des Premières Nations n'a été reconnu qu'en 1951. Cet héritage et la méfiance compréhensible des Premières Nations à l'égard des systèmes de gouvernance coloniaux constituent des obstacles à la participation.
Après une augmentation significative de la participation des Premières Nations à l'élection de 2015, il y a eu une forte baisse en 2019. Cette année-là, le taux de participation des électeurs inscrits des réserves s'est élevé à 53 %, soit 14 points de pourcentage de moins que la population générale et neuf de moins que le taux de participation dans les réserves en 2015. Cette baisse importante de la participation ne doit pas devenir une tendance. Les Premières Nations doivent pouvoir participer pleinement au système électoral fédéral pour contribuer à la relance dans le contexte de la COVID-19. Les Premières Nations ont été les plus durement touchées par la pandémie de COVID-19 et devraient avoir une voix prépondérante pour veiller à ce que la relance atteigne nos communautés.
Élections Canada et le gouvernement fédéral doivent veiller à la sécurité des communautés des Premières Nations lors de la tenue d'une élection. Je suis certaine que divers facteurs ont été pris en compte pour le vote par correspondance, mais il convient de tenir compte des membres des Premières Nations qui vivent dans des communautés ayant des systèmes d'adresses différents ou des conditions de logement et de vie uniques lors de la distribution et de la réception de bulletins de vote par correspondance. Ce processus doit être clair et accessible.
En ce qui concerne le vote dans les réserves, l'acquisition des fournitures nécessaires à un environnement de vote sûr et sanitaire tant pour le personnel que pour les électeurs doit être une priorité absolue. Les Premières Nations ont dû composer avec des problèmes d'approvisionnement en raison de l'éloignement ou des coûts, et il s'agit d'une grande préoccupation pour nous dans le contexte d'élections fédérales à grande échelle qui pourraient avoir lieu à court préavis.
Il faut faire les préparatifs et offrir la formation le plus tôt possible. Une période de 30 ou 40 jours entre le dépôt des brefs et le jour du scrutin signifie que beaucoup de pièces vont bouger; la pandémie de COVID-19 a montré que les Premières Nations sont souvent laissées pour compte.
Je tiens à traiter de l'importance de respecter la compétence des Premières Nations en ce qui concerne les bureaux de vote dans les réserves et la sensibilisation en vue de notre participation.
La pandémie de COVID-19 a révélé encore une fois le désaccord entre les autorités fédérales, provinciales, municipales et autochtones sur la question de la compétence pour l'établissement de pratiques sécuritaires dans nos communautés. Il faut que le gouvernement fédéral et Élections Canada précisent clairement que les dirigeants autochtones ont la compétence de déterminer que certaines choses sont dangereuses ou importunes dans leurs communautés.
Dans nos récents travaux avec Élections Canada, nous avons publié un rapport contenant un certain nombre de recommandations. Je tiens à vous présenter certaines de ces recommandations aujourd'hui, car elles demeurent pertinentes. Parmi les recommandations clés qui peuvent être mises en œuvre relativement rapidement, soulignons l'introduction d'options d'auto-identification dans les processus de candidature et d'embauche d'Élections Canada afin de mieux évaluer la représentation des Premières Nations et l'accès aux postes rémunérés offerts par Élections Canada en période électorale. Une autre recommandation est de veiller à ce que le personnel des bureaux de vote ait une formation adéquate sur les pièces d'identité acceptables. Il a été prouvé que le personnel des bureaux de vote a refusé des électeurs des Premières Nations qui avaient des pièces d'identité adéquates en 2019. Bien sûr, nous ne pouvons pas savoir s'il s'agissait de racisme individuel ou si c'était lié à la formation, qui est un problème systémique. Nous vous demandons de garantir l'accès à des bureaux de vote dans les réserves, lorsque demandé. En 2019, certaines Premières Nations se sont vues refuser un bureau de vote.
Concernant la communication de renseignements relatifs aux pièces d'identité acceptables entre les membres du personnel, il est essentiel d'offrir aux fonctionnaires d'Élections Canada une formation sur l'histoire de la privation du droit de vote et l'importance de la participation des Premières Nations. En outre, il faut embaucher des membres des Premières Nations pour doter les postes dans les bureaux de vote et d'autres postes essentiels à Élections Canada. Il s'agit là d'options relativement efficaces, mais faciles à mettre en œuvre pour garantir la participation.
En fin de compte, les Premières Nations doivent jouer un rôle dans le processus électoral fédéral si nous décidons de participer. Comme je l'ai dit, les Premières Nations ont profondément ressenti les effets de la privation du droit de vote et de la pandémie. Nous ne pouvons pas laisser la COVID-19 exacerber le problème.
Les Premières Nations doivent pouvoir avoir leur mot à dire sur l'orientation du gouvernement fédéral dans l'effort de relance dans le contexte de la COVID-19. Cela signifie qu'il faut assurer notre participation en toute sécurité, assurer l'approvisionnement en fournitures aux bureaux de vote des Premières Nations, mettre en œuvre les recommandations de l'APN sur la réduction des obstacles à la participation des Premières Nations au processus électoral fédéral, et ce, dans le respect des compétences des Premières Nations de façon à éviter d'étouffer les voix des Premières Nations.
Je vous remercie à nouveau d'avoir permis à l'APN de participer aujourd'hui. C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
:
Merci, madame la présidente. Nous sommes heureux de vous revoir.
[Français]
Je remercie M. Therrien
[Traduction]
d'avoir pris le relais également.
Merci, madame Potts, d'être avec nous. C'est très important de tenir compte de votre point de vue dans le cadre de notre étude.
On nous a demandé de faire des recommandations à l'intention d'Élections Canada en vue de la préparation à de possibles élections, si elles devaient se tenir pendant une pandémie. Nous voulons nous assurer d'examiner toutes les circonstances et bien sûr veiller à ce que les Premières Nations puissent exercer leur droit de vote. C'est un élément fondamental du processus.
J'aimerais que vous nous en disiez un peu plus sur les circonstances uniques du vote par la poste dans les réserves. Pouvez-vous nous parler des défis propres aux réserves?
:
Je vous remercie, madame la présidente.
Je vous souhaite la bienvenue et vous remercie de votre présence, madame Potts.
On parle souvent des nations autochtones. Malheureusement, certains sont d'avis que ces nations sont homogènes. Ils vont alors proposer, par exemple, un pourcentage global de personnes ayant voté. On sait cependant — et vous encore plus que moi — que les nations autochtones sont distinctes les unes des autres et présentent parfois de grandes différences sur le plan de la culture. Ainsi, dans ma circonscription, la communauté mohawk vote beaucoup moins que ce que disent les chiffres que vous avez mentionnés tantôt.
Des études ont-elles déjà été faites de votre côté pour mettre en lumière les variations entre les nations autochtones, expliquer pourquoi certaines votent plus que d'autres, et essayer de mieux saisir les variables qui influencent ce vote?
:
C'est une question difficile, mais oui, je crois que nous pouvons réaliser des études à cet égard. Bien sûr, certaines nations ne veulent pas participer au processus électoral fédéral parce qu'elles se considèrent comme étant souveraines. C'est notamment le cas des Mohawks. Leur position est bien documentée.
Nous avons plus de renseignements sur les motivations individuelles, et je crois qu'il s'agit d'un domaine d'étude important. Les études démontrent qu'outre la motivation politique, les électeurs des Premières Nations seront plus susceptibles de participer au vote si un représentant des Premières Nations se présente aux élections.
Il faudrait étudier la question plus en détail. Nous avons beaucoup plus de questions que de réponses. Aussi, en plus des motivations individuelles et de la position des nations de façon générale, d'autres facteurs ont une incidence sur la participation des électeurs, comme le moment des élections à date fixe. Lent mois d'octobre représente la saison haute de la chasse. C'est la période où nous parcourons les terres; les gens ne pensent pas à aller dans une salle communautaire pour voter, parce qu'ils sont occupés à remplir leurs congélateurs pour nourrir leur famille pendant l'hiver. Le moment des élections a une incidence sur la participation des Premières Nations au vote, également.
Dans votre discours préliminaire, vous avez insisté sur le besoin de clarté juridique pour permettre aux Premières Nations de mettre en place les mesures de santé publique qu'elles jugent les plus appropriées au sein de leurs collectivités.
Quels sont, selon vous, les meilleurs mécanismes pour assurer une telle clarté? Est-ce qu'il faut des lois? Est-ce que cela pourrait passer par un énoncé ministériel? Est-ce qu'il faudrait un énoncé commun des divers ordres de gouvernement, y compris des gouvernements des Premières Nations, ou un protocole d'entente?
Quelle serait la méthode la plus simple et la plus directe pour obtenir une telle clarté juridique?
:
Merci beaucoup, madame la présidente. J'aimerais prendre le temps de remercier Mme Potts de sa présence aujourd'hui. Merci, madame, pour votre déclaration préliminaire, et pour vos réponses claires et directes à nos nombreuses questions.
Comme vous, les membres du Comité veulent faire tout en leur pouvoir pour éliminer les obstacles qui empêchent les collectivités des Premières Nations et bon nombre d'autres groupes vulnérables de voter.
Nous avons parlé du vote par la poste. Je viens du Nouveau-Brunswick et je peux vous dire que ce n'est pas une méthode que nous utilisons librement pour la population générale. Nous n'y pensons tout simplement pas. Toutefois, nous reconnaissons que le vote par la poste devrait être encouragé si des élections se tenaient pendant la pandémie.
Si Élections Canada pouvait améliorer l'accessibilité au vote par la poste pour les collectivités des Premières Nations, de quelle façon devrions-nous assurer les communications à cet égard? Quelle devrait être la stratégie de communication du gouvernement pour veiller à ce que les Premières Nations comprennent qu'il s'agit d'un bon outil leur permettant d'exercer leur droit de vote?
:
Il ne restait pas deux minutes. J'ai dit que je voulais qu'on s'arrête cinq minutes avant l'heure, et nous avions même déjà dépassé ce temps.
Nous avions une minute, mais nous sommes maintenant aussi à cinq minutes avant l'heure, si bien qu'il ne nous reste plus de temps. Nous allons passer à notre troisième groupe de témoins.
Monsieur Tochor, je vous aurais bien volontiers accordé ce temps, mais nous avions déjà dépassé l'heure.
Madame Potts, je vous remercie de votre présence et de votre témoignage aujourd'hui. Les questions ont été nombreuses et vous y avez très bien répondu en nous donnant une bonne idée des vues de l'Assemblée des Premières Nations. Merci.
L'équipe se prépare pour accueillir nos prochains témoins.
Le greffier: Oui, madame la présidente. Je vais procéder rapidement à une vérification du son.
Madame la présidente, vous pouvez passer au prochain groupe de témoins.
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Très bien. Fantastique. Merci beaucoup.
Nous passons maintenant à Mme Jewelles Smith, ancienne présidente du Conseil des Canadiens avec déficiences, et ensuite à Mme Diane Bergeron, de l'Institut national canadien pour les aveugles, qui est déjà venue témoigner également.
Bienvenue à nos deux témoins et bienvenue à nouveau à Mme Bergeron. Nous avons hâte d'entendre vos témoignages. Vous disposez chacune de cinq minutes pour faire vos déclarations liminaires.
Madame Smith, à vous d'abord.
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Bonjour, madame la présidente, et mesdames et messieurs les membres du Comité, et sans doute bon après-midi pour certains d'entre vous. Je vous remercie d’avoir invité le Conseil des Canadiens avec déficiences à témoigner devant le Comité.
La Convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées, à l’article 29, « Participation à la vie politique et à la vie publique », exige que les États parties veillent « à ce que les procédures, équipements et matériels électoraux soient appropriés, accessibles et faciles à comprendre et à utiliser » et qu’ils protègent le droit des personnes handicapées à « se présenter aux élections ».
Une pandémie n’altère en rien ces droits. Nous sommes persuadés que, si les principes de conception universelle, l’obligation d’adaptation et l’approche « rien à propos de nous sans nous » sont respectés, les électeurs handicapés ne seront pas privés de leurs droits par la pandémie de COVID-19 ni traités de façon discriminatoire en raison de nouveaux obstacles qui réduiraient davantage l’accès au vote.
Pendant la pandémie, il est très important de veiller à ce que les personnes handicapées bénéficient de communications accessibles concernant l’accès au processus électoral. À cet égard, il serait judicieux d’adopter une approche à deux volets en prévoyant, d’une part, des communications accessibles et adressées aux personnes handicapées directement par Élections Canada et, d’autre part, des communications adressées aux personnes handicapées par leurs propres organismes au nom d’Élections Canada.
Il serait utile pour les personnes handicapées qu’Élections Canada accroisse sa capacité à communiquer directement avec elles, afin d’éviter que les électeurs handicapés soient frustrés ou découragés de ne pas obtenir de réponse à leurs demandes en temps utile. Dans le contexte de la pandémie, les gens ont des questions sur la façon dont on répondra à leurs besoins. Lorsque ces questions restent sans réponse, la situation devient décourageante et frustrante.
Il est reconnu que le déclenchement d’une élection pendant la pandémie nécessitera des mesures appropriées en matière d’éloignement physique et d’assainissement, ainsi que diverses formes d’équipement de protection individuelle. Or, la mise en oeuvre de ces mesures doit tenir compte des handicaps et des droits de la personne.
Au moment d’aménager des bureaux de vote conformes aux mesures de sécurité liées à la COVID-19, les principes de conception universelle doivent être respectés. Il faut également que la conception et les pratiques soient mises à l’essai par des personnes handicapées qualifiées, afin de garantir que ces aspects ne comportent pas d’obstacles pour les électeurs ayant divers types de handicaps.
En outre, il faut utiliser des agents assainissants qui n’aggravent pas les maladies environnementales, les allergies, l’asthme et autres affections.
Certaines personnes ne sont pas en mesure de porter un masque ou de se couvrir le visage en raison de leur handicap, c’est pourquoi il faut prévoir des mesures d’adaptation pour ces électeurs handicapés au bureau de scrutin ou au bureau d’Élections Canada. De telles mesures d’adaptation doivent être offertes tant aux électeurs handicapés qu’aux employés handicapés.
En raison des impératifs d’éloignement physique, il se peut qu’il faille limiter le nombre de personnes présentes dans un bureau de vote. Toutefois, comme il est difficile pour certaines personnes handicapées d’attendre pendant une longue période, il serait peut-être nécessaire d’aménager une file d’accès prioritaire réservée aux électeurs pour qui une longue attente constituerait un obstacle à leur participation.
La procédure actuelle ne permet pas de présenter une demande en ligne pour obtenir un bulletin de vote par correspondance. Cela dit, il serait utile d’offrir cette option, car, en ce moment, ceux qui tentent d’éviter les expositions à la COVID-19 pourraient s’abstenir de se rendre à la boîte aux lettres, et tous ne disposent pas d’un télécopieur à la maison. De plus, il est recommandé d'offrir l'option du vote par téléphone.
La manière dont un électeur doit établir son identité pour voter suscite aussi des inquiétudes. Un répondant ne peut confirmer l’identité que d’une seule personne. Compte tenu du nombre de personnes qui cherchent à limiter leurs contacts avec les autres, certains pourraient avoir du mal à trouver une personne disposée à sortir en public et à se porter garante d’eux. Pour remédier à cette situation, les répondants devraient avoir le droit d’attester l’identité de plus d’un électeur.
Dans le cadre des élections fédérales, Élections Canada embauche des Canadiens, notamment pour pourvoir des postes d’agents de relations communautaires pour l’accessibilité. Il est recommandé qu’Élections Canada embauche un plus grand nombre de ces agents afin de veiller à ce que la réponse à la COVID-19 n’engendre pas de nouveaux obstacles. Il est également recommandé qu’Élections Canada augmente les effectifs chargés des communications pour garantir qu’il y ait suffisamment de messages accessibles aux personnes handicapées au sujet de l’accès au processus électoral pendant la pandémie de COVID-19.
Des efforts additionnels doivent être déployés pour prendre contact avec les Canadiens handicapés qui souhaiteraient travailler pour Élections Canada, que ce soit à ces postes d’agents ou à d’autres postes. Dans le cadre de ces efforts de mobilisation, il faudrait également renseigner les intéressés au sujet des mesures d’adaptation prévues pour les employés handicapés pendant la pandémie.
Le Conseil des Canadiens avec déficiences serait disposé à travailler en étroite collaboration avec Élections Canada en ce qui concerne les communications destinées aux électeurs handicapés et la prévention des obstacles.
Je vous remercie et je répondrai avec plaisir à vos questions.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je m'appelle Diane Bergeron, et je vais vous demander de patienter une minute, le temps d'installer mon équipement adapté. Comme je suis complètement aveugle, j'utilise divers outils technologiques pour m'aider dans mes exposés.
Je représente ici l'Institut national canadien pour les aveugles, aussi appelé INCA. Environ 1,5 million de Canadiens sont touchés par la cécité au Canada. La cécité est un spectre. Il n'existe aucune approche universelle qui permettrait d'éliminer les obstacles auxquels font face les personnes ayant une perte de vision.
L'INCA existe depuis plus de 100 ans, et pendant toutes ces années, nous avons soutenu et aidé les gens touchés par la cécité. Nous sommes aujourd'hui en pleine pandémie, une situation qui cause de la confusion et des complications pour tout un chacun, et ceux qui sont touchés par la cécité n'y échappent pas, notamment pendant des élections.
Depuis plus de 90 ans, l'INCA plaide inlassablement pour la tenue d'élections accessibles. Dans les années 1930, l'INCA a mené la charge pour faire adopter la Loi sur les électeurs aveugles, qui mettait fin à la pratique voulant qu'un électeur aveugle ou atteint de cécité partielle soumette de vive voix son vote aux représentants d'Élections Canada et aux scrutateurs. Pouvez-vous imaginer ne pas voter de manière confidentielle ou autonome?
Nous avons fait du chemin, mais des obstacles continuent d'entraver notre autonomie, y compris pendant les élections. L'INCA a entendu le témoignage de Canadiens atteints de cécité d'un bout à l'autre du pays, là où des élections ont lieu pendant la pandémie. Au Nouveau-Brunswick et en Saskatchewan, on nous a parlé de l'anxiété et de la frustration ressenties devant la difficulté de remplir un bulletin de vote par correspondance de manière autonome, sans les outils d'accessibilité qui sont offerts lors des élections, par exemple une loupe ou un guide en braille. Même si de nombreuses personnes aveugles ou atteintes de cécité partielle peuvent avoir accès à des dispositifs d'assistance pour voter, il ne faut pas présumer que tous y ont accès. Il convient de souligner également que les outils fournis par Élections Canada ne permettent pas une entière autonomie pour une personne handicapée qui tente de voter. Il s'agit davantage d'une solution provisoire pour faciliter le processus de vote.
Toutefois, en Colombie-Britannique, on utilise un outil pour aider les personnes handicapées à voter de façon autonome, et Élections Canada devrait aussi l'utiliser. Le vote par téléphone est devenu un moyen sûr et autonome de voter pour une personne ayant une perte de vision, sans qu'elle ait à utiliser un bulletin de vote sur papier inaccessible et sans l'aide d'un guide voyant. Élections BC et le gouvernement de l'Australie ont mis en œuvre un système qui permet aux personnes handicapées de faire vérifier leur légitimité d'électeur et de remplir leur bulletin de vote par téléphone. Cet outil n'est pas seulement utile en situation de pandémie, lorsqu'une population marginalisée est exposée à un plus grand risque, mais il pourrait également être un outil de plus pour lutter contre les obstacles qui empêchent de voter de façon autonome. Dans les deux cas, et d'après ce qu'en sait l'INCA, aucun problème de fraude ou de contrainte n'a été signalé chez les électeurs.
Cette méthode de vote permet par ailleurs de surmonter un autre obstacle, à savoir la capacité de se rendre à un bureau de scrutin. De nombreuses personnes aveugles ou atteintes de cécité partielle doivent compter sur un proche ou un ami pour les conduire à un bureau de scrutin, ou bien elles doivent s'y rendre en transport en commun. Dans les régions rurales ou éloignées, cela peut être encore plus difficile, car les options de transport en commun sont limitées.
Si le gouvernement accepte la suggestion du directeur général des élections, soit de déplacer le jour de l'élection d'un mardi à un samedi ou un dimanche, un tel changement présentera un problème additionnel, puisque de nombreux transporteurs publics adoptent un horaire réduit la fin de semaine. Les options de covoiturage comme le taxi ou Uber constituent également un obstacle financier pour de nombreuses personnes. Le vote par téléphone éliminera ces obstacles.
Je désire remercier une fois encore le Comité de m'avoir invitée à témoigner au nom de l'INCA. Je serai heureuse de répondre aux questions des membres du Comité pour mieux décrire l'expérience de vote des personnes atteintes de cécité. J'ai vécu cette expérience et je sais à quel point il peut être difficile lorsqu'on est une personne handicapée de se rendre sur place, d'être indépendant et de pouvoir voter de façon autonome et confidentielle, sans avoir à passer par quelqu'un.
Merci.
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Adopter cette méthode et la mettre en avant me semble si simple, alors pourquoi ne la proposerions-nous pas alors qu’elle est si sensée?
Comme vous le dites toutes les deux, le transport pose également problème. Je me suis notamment penchée sur la hausse des bulletins de vote par correspondance, dont nous avons entendu parler. Nous l’avons constatée, et le directeur général des élections prévoit également une participation beaucoup plus élevée par correspondance.
J’aimerais commencer par Mme Bergeron.
Madame Bergeron, vous parliez de ces bulletins de vote. Quelles sont certaines choses qu’INCA voudrait que nous envisagions de mettre sur les bulletins de vote pour les personnes ayant une déficience visuelle? Dans le cas d’un bulletin de vote par correspondance, quels seraient les éléments à prendre en considération pour que la personne qui le reçoit puisse l’utiliser?
Les personnes qui perdent la vue, comme je l’ai dit, représentent un spectre. Il est très important, pour tout bulletin de vote, de s’assurer que les caractères sont clairs et suffisamment grands, que le texte est très épuré et qu’il y a un bon contraste des couleurs. Ces mesures aideront vraiment les personnes âgées et les autres personnes ayant une vue partielle.
Les personnes aveugles ont leurs modèles en braille dont elles se servent actuellement pour les élections. Le mien m’aide vraiment, car je suis capable de marquer mon propre bulletin de vote. Ce qu’il ne me permet pas de faire, c’est de vérifier que j’ai bien marqué mon bulletin de vote. En ce moment, dans notre situation actuelle, il n’y a aucun moyen pour une personne totalement aveugle de pouvoir le marquer et le vérifier sans l’aide de quelqu’un d’autre.
Si vous devez procéder à un vote par correspondance, l’une des choses sur lesquelles nous avons travaillé avec Élections Canada était d’avoir la possibilité d’envoyer un bulletin de vote par courriel en format PDF afin que les gens puissent le remplir sur leur ordinateur, et non en ligne, l’imprimer puis le mettre dans une enveloppe et le signer avant de le renvoyer. Il serait extrêmement utile que le bulletin de vote soit doté d’un indicateur tactile pour indiquer l’endroit où il doit être signé.
L’INCA peut aider au cours de ce processus en installant des stations dans nos différents bureaux partout au pays afin de permettre aux personnes malvoyantes d’utiliser un ordinateur pour imprimer leur bulletin de vote si elles n’ont pas l’équipement nécessaire à la maison.
Ce sont là quelques-unes des façons dont nous pouvons aider.
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C’est très utile, madame Bergeron. Merci beaucoup. Il semble qu’on a fait beaucoup de travail préparatoire et de devoirs sur ce sujet au préalable et que ce sont des choses que nous pourrions faire avancer.
L’une de mes préoccupations lorsqu’il est question de handicap, c’est que bien souvent les gens vont devoir inscrire leur nom en caractères d’imprimerie sur les bulletins de vote qui leur sont envoyés. Sur un bulletin spécial, il se peut qu’il n’y ait pas toute la liste des candidats officiels avant plusieurs semaines de campagne, et il faut tenir compte des délais. Je me demande ce que nous pouvons faire à l’ordinateur, mais quelles sont certaines des choses... Dans cette situation, je dirais que nous devrions probablement allonger la période électorale afin de nous assurer que les gens obtiennent les bulletins de vote appropriés.
Y a-t-il d’autres choses que nous devrions prendre en considération à ce moment-là également, madame Bergeron?
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Bien sûr, je vais commencer.
Je n’ai pas communiqué expressément avec le directeur général des élections, mais j’ai déjà eu de nombreux contacts avec le personnel qui s’occupe du comité sur l’accessibilité. Nous allons bientôt tenir notre réunion semestrielle. Ils ont également fait le point avec notre comité au cours de l’été sur la situation et sur nos réflexions en cas d’élections.
Par ailleurs, ils m’ont demandé de les aider à organiser une conférence sur l’accessibilité au vote en particulier. Nous venons de suivre ce processus en Colombie-Britannique, et ils pensent qu’il serait utile que le gouvernement, le personnel d’Élections Canada et les directeurs du scrutin nous entendent. Je pense que nous sommes très engagés.
Je cède la parole à Mme Bergeron.
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Oui, je n'ai pas entendu parler d'une personne en particulier qui était préoccupée à l'idée de voter pendant des élections en raison de la COVID.
J'ai entendu de nombreuses préoccupations liées à des gens qui ne veulent pas sortir et interagir en public à cause de la COVID. Les chiens-guides ne comprennent pas la distanciation physique, et nous ne pouvons pas suivre les voies tracées sur le sol, donc il a été très difficile pour les personnes malvoyantes de poursuivre leurs activités quotidiennes.
Quant au refus de voter en raison de la COVID, je peux dire que je n'ai rien entendu de précis à ce sujet, mais j'ai parlé à certaines personnes aveugles qui ont dit qu'elles ne voteraient pas tant qu'elles ne pourraient pas voter de manière autonome et en secret, comme tous les autres Canadiens ont le droit de le faire. Certaines personnes ne votent pas en raison du manque d'accessibilité, mais elles n'ont pas déclaré que cette décision était liée précisément à la COVID.
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Selon moi, tant que la pandémie de COVID-19 sévit, vous allez enregistrer une importante réduction de la participation des personnes handicapées en raison de leur crainte de sortir.
En ce qui me concerne, je pense aux personnes ayant perdu la vue. Je dirais que l'obstacle n'est pas tant la crainte de contracter la COVID, mais plutôt la crainte de la réaction des personnes qui vous entourent dans une situation sociale, dans une situation communautaire. Les gens se mettent en colère parce que votre chien-guide ne sait pas où se trouve la file d'attente et dans quelle direction vous êtes censé marcher. Votre canne ne vous permet pas de détecter les indications non tactiles qui figurent sur le sol, et vous ne pouvez pas voir la signalisation. C'est une situation tellement stressante et angoissante que je m'attends à ce que, pour ces raisons, vous observiez, lors des prochaines élections, une baisse importante de la participation au vote, même si l'on ne tient compte que des personnes ayant perdu la vue.
Là encore, il ne s'agit que d'une anecdote et de mon opinion, mais je pense qu'il y aura une réduction importante de la participation, à moins que les choses soient faites correctement.
Si j'ai bien compris la conversation précédente, vous disiez que le groupe consultatif sur les limitations fonctionnelles d'Élections Canada avait fait des suggestions qui nécessiteraient des changements législatifs, ce qui veut dire que ces changements seraient plus difficiles à réaliser. Dans ce contexte, je me demande si vous souhaiteriez nous communiquer certaines de ces recommandations, étant donné qu'à mon avis, il est très probable que la loi soit révisée.
Quelles sont les mesures les plus importantes à prendre pour atténuer les pires obstacles auxquels les personnes handicapées se heurteraient en cas d'élections organisées pendant une pandémie?
Nous pourrions commencer par entendre Mme Bergeron, puis Mme Smith.
En tant que personne qui n'a jamais, pendant toute sa vie au Canada, été en mesure de voter de manière autonome et secrète, j'aimerais vraiment avoir la possibilité de voter par téléphone, en ligne ou par tout autre moyen qui ne m'oblige pas à me rendre dans un bureau de vote et à devoir emmener quelqu'un avec moi pour confirmer mon vote ou à devoir révéler mon vote à un étranger chargé de m'aider au bureau de vote.
Je sais que les gens qui sont là prêtent serment. J'ai déjà dit qu'un serment était fantastique, mais que ce n'était qu'une parole donnée. Comme je l'ai indiqué à Élections Canada lorsque nous avons parlé du serment, mon mari m'a fait un serment il y a longtemps, et il est maintenant mon ex-mari, ce qui — compte tenu du taux de divorce au Canada — vous montre parfois la valeur d'un serment.
J'aimerais vraiment que ces solutions de rechange soient mises en place, en utilisant des technologies qui nous permettraient de voter de manière autonome. Si la mesure législative est révisée, je me réjouirai éternellement de me sentir autonome pour la première fois de ma vie dans le cadre de ce processus.
Je tiens à remercier personnellement nos témoins pour le travail qu'ils accomplissent chaque jour au nom de leurs membres. Le cinquième des Canadiens qui ont une déficience vous sont, j'en suis sûr, très reconnaissants des efforts acharnés que vous déployez pour faire en sorte que les personnes handicapées puissent avoir, dans la mesure du possible, une vie normale, comme tous les autres Canadiens.
Mes questions portent un peu sur la situation idéale. Nous avons parlé de la période électorale et du fait que plus elle est longue, plus les possibilités sont susceptibles d'être favorables. Prenons l'exemple de la Colombie-Britannique. Je crois que le témoin a déclaré que la période électorale là-bas avait été un peu trop courte et que cela avait posé des problèmes aux personnes handicapées. Un autre aspect est lié au fait que nous vivons au Canada. Je crois que j'envie beaucoup Mme Bergeron de vivre en Colombie-Britannique. En ce moment, je me trouve en Saskatchewan, où mon entrée de cour est recouverte de quelques pieds de neige. Je pense que tout le monde connaît la réponse à cette question, mais j'aimerais vous entendre parler du moment idéal pour organiser des élections, du point de vue des personnes handicapées. Est-ce en plein hiver ou en plein été? Qu'est-ce que cela change pour les membres que vous représentez?
Je vais vous raconter une petite histoire. En 2011, je me suis présenté aux élections provinciales. Le jour des élections, je suis allé déposer les repas du midi pour mes représentants au bureau de vote assisté. C'était un endroit prévu pour les personnes ayant des problèmes de mobilité ou d'autres déficiences, des problèmes qui exigeaient que les personnes bénéficient d'une aide supplémentaire.
C'est la seule fois au cours d'une élection où j'ai eu vraiment peur de ne pas être élu. Alors que ma femme et moi entrions, un préposé aidait une personne en fauteuil roulant. Le travailleur ne nous a pas reconnus, ma femme et moi, mais nous marchions derrière eux. Le travailleur aidait ce résident à voter, et les dernières directives qu'il lui a données étaient les suivantes: « Souvenez-vous de Tommy Douglas — n'oubliez pas ce nom ». J'ai eu la désagréable impression que des personnes subissaient une influence indue dans un bureau de vote, une influence qui pourrait avoir des répercussions sur les élections. Maintenant, prenez cet exemple, et appliquez-le à une personne qui n'a pas seulement des problèmes de mobilité, mais aussi des déficiences supplémentaires. Un tel scénario pourrait vraiment avoir une incidence sur la façon dont les choses se passent.
Je partage vos préoccupations ou votre désir de faire en sorte que tous ceux qui veulent voter puissent le faire. Vous avez dit que, par le passé, vous deviez verbaliser ou communiquer votre vote au travailleur. Nous avons eu des élections au Nouveau-Brunswick, qui n'ont pas nécessité autant de précautions liées à la COVID ou suscité autant de préoccupations à ce sujet que celles qui se sont déroulées en Colombie-Britannique. Notre pays est tellement vaste qu'il existe de nombreux exemples différents. Il se peut que nous ayons besoin de prendre des mesures différentes ici par rapport à une autre province, ou vice versa.
J'aimerais entendre un peu parler de l'idée d'établir un bureau de vote qui serait réservé aux personnes malvoyantes. Je suppose que j'adresserais cette question à...
Le presse a considérablement parlé des centres de soins de longue durée et de notre population vieillissante, mais bien des gens ne se rendent pas compte qu'un grand nombre de personnes handicapées vivent dans ces centres parce qu'il manque, dans la communauté, de logements adéquats et abordables où elles pourraient vivre de manière autonome ou avec un ami ou quelqu'un d'autre. Les personnes handicapées sont aussi touchées que la population vieillissante. Celles qui vivent dans les centres de soins de longue durée se retrouvent isolées pendant les confinements.
Nous savons — grâce à des données ne venant pas nécessairement du Canada, mais d'autres pays — que les personnes ayant certains handicaps semblent afficher des taux de mortalité plus élevés si elles contractent la COVID-19. Les personnes atteintes de troubles du développement semblent mourir en plus grands nombres, ce qui me choque personnellement. Je m'inquiète vraiment à propos de mes amis et de mes collègues.
Nous savons aussi que le fait d'être privé de la présence de membres de la famille ou d'autres travailleurs de soutien constitue un problème crucial qui a des répercussions sur ceux et celles qui vivent dans les résidences de groupe ou les centres de soins de longue durée.
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Je pense que Mme Bergeron a évoqué le potentiel du vote par téléphone. Je pense que c'est une option réellement importante. Plusieurs de mes amis aveugles s'en sont prévalus et ont trouvé formidable de voter de manière autonome.
Ayant une maladie auto-immune, j'ai trouvé que le vote par la poste était un moyen vraiment formidable de fournir l'accès. Normalement, je travaille pendant les élections, mais je n'ai pas pu le faire parce qu'il n'était pas sécuritaire pour moi de le faire cette fois-ci. Selon moi, la prolongation de la période de scrutin a été réellement bénéfique.
Je dirais toutefois que certaines choses pourraient être améliorées en Colombie-Britannique. Le site Web n'était pas entièrement accessible. Celui d'Élections Canada est bien plus accessible, ce qui est excellent.
Ce sont les observations que je formulerais.
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Oui. Le processus était vraiment intéressant. Je ne sais pas si Mme Smith se l'est fait expliquer par quelqu'un et l'a utilisé elle-même.
Pour voter par téléphone, l'électeur n'a pas besoin de faire quoi que ce soit à l'avance. Il lui suffit de téléphoner. Il parle alors à un préposé qui vérifie son identité au moyen de divers identifiants, comme le numéro d'assurance sociale, l'adresse et des renseignements que seul l'électeur peut connaître. Une fois que le préposé a vérifié que son interlocuteur est bien la personne qui doit voter, il transfère l'appel à une autre personne qui consignera le vote. L'électeur lui fait part de son choix et la personne l'inscrit sur le bulletin de vote, qu'elle remet à une troisième personne, qui confirme à l'électeur le candidat pour lequel il a voté.
Ce qui différencie ce processus du vote sur place, c'est que la personne qui vérifie le bulletin de vote sait qui est l'électeur. Elle connaît son nom; il n'y a donc pas de protection de la vie privée. Selon l'autre méthode, le préposé initial sait qui est l'électeur, mais quand il transfère l'appel, la personne suivante ignore qui il est. Son identité est toujours secrète.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Je suis réellement heureux d'avoir une autre occasion de poser quelques questions supplémentaires.
Dans son exposé, Mme Smith a proposé d'utiliser les principes d'aménagement universel pour les bureaux de scrutin afin de déterminer comment leur espace sera organisé, l'aménagement devant potentiellement être très différent en temps de pandémie. Je me demande si ces mêmes principes pourraient être utilisés pour remanier le processus de vote par la poste.
Je sais que vous avez déjà formulé plusieurs suggestions à ce sujet, mais j'aimerais savoir de quoi cela pourrait avoir l'air, ce que cela signifierait au chapitre du temps et du processus, et de quelle manière on pourrait simplifier le vote par la poste. De nombreux témoins nous ont indiqué que ce processus n'est guère convivial à l'heure actuelle, et je pense que des améliorations s'imposent à cet égard. Sans anticiper votre réponse, je voudrais entendre vos suggestions à ce sujet, madame Smith. J'aimerais entendre celles de Mme Bergeron également.
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Je vous remercie, madame Bergeron.
C'est malheureusement tout le temps dont nous disposions. Je sais que c'était un groupe de témoins intéressants. Au nom du Comité et de tous ses membres, nous vous remercions sincèrement de votre présence aujourd'hui, madame Bergeron et madame Smith.
C'était notre troisième groupe. Nous avons tenu une séance productive, accueillant trois groupes de témoins.
Je voulais que vous sachiez que le 17 novembre, nous rencontrons le . Nous entendrons ensuite Élections Canada le 19 novembre, et le Président, l'Administration de la Chambre et le Service de protection parlementaire le 24 novembre. Nous avons beaucoup de travail devant nous. Nous poursuivrons ensuite notre étude.
Nous n'avons pas pu ajouter de séance le 18 novembre en soirée. Nous avons tenté de réserver une plage horaire supplémentaire; initialement, on nous a répondu que ce serait possible, mais il appert que de nombreux comités réservent deux périodes par semaine au lieu d'une seule. Nous n'avons donc pas été en mesure de réserver une période de plus.
Je ferai de mon mieux pour tout caser afin de tenter de terminer cette étude le plus rapidement possible. J'ai de nouveau discuté avec le directeur général des élections, et je voulais que vous sachiez qu'il est fort impatient de savoir ce qu'il advient des recommandations qu'il a présentées à la Chambre. Il veut savoir si nous pouvons le tenir au courant de la situation le plus tôt possible, car lui et son équipe veulent être prêts en toutes circonstances. Ces renseignements lui seraient utiles et il voulait que je vous en informe.
C'est tout pour aujourd'hui. Nous nous réunissons le17 novembre et nous nous reverrons à ce moment-là. Prenez soin de vous.
La séance est levée.