Je vous souhaite la bienvenue à la 23e réunion du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre.
La réunion d'aujourd'hui se tient en format hybride, conformément à l'ordre de la Chambre adoptée le 25 janvier 2021. Les députés peuvent donc y participer en personne dans la salle ou à distance à l'aide de l'application Zoom. Les délibérations d'aujourd'hui seront disponibles sur le site Web de la Chambre des communes. Je vous rappelle que la webdiffusion ne montrera que la personne qui parle plutôt que l'ensemble du Comité.
La réunion d'aujourd'hui se tient également selon le format de webinaire Zoom. Les webinaires seront utilisés pour les séances publiques des comités et seront accessibles seulement aux députés, à leur personnel et aux témoins. Les députés ont peut-être remarqué que l'accès à la réunion est beaucoup plus rapide qu'avant et qu'ils ont pu y accéder immédiatement à titre de participants actifs. Toutes les fonctionnalités offertes aux participants actifs demeurent les mêmes. Les membres du personnel assisteront à la réunion à titre de participants inactifs seulement. Par conséquent, ils ne pourront voir la diffusion qu'en mode galerie. J'aimerais saisir l'occasion pour rappeler à tous les participants qu'il n'est pas permis de faire des captures d'écran ou de prendre des photos de l'écran.
Compte tenu de la pandémie actuelle et à la lumière des recommandations des autorités de santé publique, pour rester en bonne santé et en sécurité, tous ceux qui participent à la réunion en personne doivent maintenir entre eux une distance physique de deux mètres et porter un masque non médical lorsqu'ils circulent dans la salle. Nous vous recommandons fortement de porter le masque en tout temps, y compris lorsque vous êtes assis. Vous devez également maintenir une bonne hygiène des mains en utilisant le désinfectant fourni à l'entrée de la salle. En tant que présidente, je ferai respecter ces mesures pendant toute la durée de la séance. Je remercie les membres à l'avance de leur collaboration.
Pour les personnes qui participent à la réunion virtuellement, j'aimerais mentionner quelques règles à suivre. Les députés et les témoins peuvent s'exprimer dans la langue officielle de leur choix. Des services d'interprétation sont offerts. Vous avez le choix, au bas de votre écran, entre le parquet, l'anglais et le français. Avec la dernière version de Zoom, vous pouvez désormais prendre la parole dans la langue de votre choix sans devoir sélectionner le canal correspondant. Vous remarquerez également que la fonction « Lever la main » est maintenant plus facile d'accès dans la barre d'outils située au bas de votre écran. Vous pouvez l'utiliser pour demander la parole ou attirer l'attention de la présidence.
Pour les députés qui participent à la réunion en personne, procédez comme vous le feriez normalement lorsque l'ensemble du Comité se réunit en personne dans une salle de comité. Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous nomme. Si vous êtes en vidéoconférence, veuillez cliquer sur l'icône du microphone pour activer votre micro. Le microphone des personnes sur place sera contrôlé comme d'habitude par l'agent des délibérations et de la vérification.
Les députés et les témoins doivent toujours s'adresser à la présidence. Lorsque vous n'avez pas la parole, veuillez mettre votre micro en sourdine. Pour ce qui est de la liste des intervenants, le greffier du Comité et moi-même ferons de notre mieux pour respecter l'ordre d'intervention de tous les membres, qu'ils participent à la réunion virtuellement ou en personne.
J'aimerais maintenant accueillir nos témoins d'aujourd'hui. Il s'agit du ministre Rodriguez, leader à la Chambre; de M. Allen Sutherland, secrétaire adjoint du Cabinet; et de M. Donald Booth, directeur de la politique stratégique et secrétaire canadien de la Reine.
Le ministre aura droit à 10 minutes pour faire sa déclaration préliminaire, qui sera probablement suivie de deux tours de questions. Je précise pour les membres du Comité que le ministre sera des nôtres pendant la première heure de la réunion. Les personnes qui l'accompagnent resteront avec nous pendant la deuxième heure pour répondre à d'autres questions.
J'aimerais maintenant prendre un instant pour souhaiter la bienvenue à quelques nouveaux membres.
Bon retour, monsieur Nater.
Je vois que M. Fragiskatos est aussi de retour parmi nous.
Bienvenue au Comité, monsieur Kent. Je sais qu'un changement officiel a été fait, et que M. Nater et vous êtes les nouveaux membres permanents du Comité. Je pense que les membres du Comité, tout comme moi, ont bien hâte de travailler avec vous.
Monsieur le ministre, je vous invite à faire votre déclaration préliminaire.
:
Je vous remercie, madame la présidente.
Je vais seulement prendre environ cinq minutes pour que nous puissions avoir plus d'échanges directs.
[Français]
Bonjour à tous.
[Traduction]
Bonjour, chers collègues. Je suis heureux de me joindre à vous virtuellement aujourd'hui afin de contribuer à vos travaux sur la question de la prorogation. Ce travail est très important.
Lors des élections de 2015, notre parti a promis d'assigner un nouveau rôle au Parlement par rapport à cette question. Vous vous souvenez peut-être que le gouvernement précédent avait invoqué la prorogation à de multiples reprises sans jamais expliquer au Parlement pourquoi il l'avait fait. Nous avons promis de modifier le Règlement de la Chambre, et nous l'avons fait en 2017. En fait, beaucoup d'entre vous étaient présents à ce moment-là.
La nouvelle disposition du Règlement stipule que peu après la reprise des travaux du Parlement à la suite de la prorogation, le gouvernement doit déposer un document expliquant les raisons de la prorogation. Ce document doit être renvoyé immédiatement au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. C'est exactement ce qui s'est passé dans le cas présent, madame la présidente, pour la première fois de notre histoire.
Le gouvernement a présenté un rapport détaillé à ce sujet, et je suis ici pour vous parler de ce rapport et pour répondre à toutes vos questions. En d'autres termes, nous tenons notre promesse. Nous faisons preuve de transparence et d'ouverture en expliquant les raisons de la prorogation de l'année dernière.
[Français]
Regardons ce qui s'est passé l'année dernière. En décembre 2019, peu après les élections, notre gouvernement a présenté un discours du Trône tourné vers l'avenir, mais qui était vraiment ancré dans la réalité de l'époque, alors qu'il n'y avait pas de pandémie de COVID-19. La pandémie a tout simplement changé le monde, pas seulement chez nous, mais partout sur la planète. Elle a changé les priorités que tout gouvernement doit placer en tête de son programme.
Nous avons dû prendre des mesures pour protéger la vie des Canadiens et réduire le risque qu'ils contractent la COVID-19. C'étaient des mesures sans précédent pour soutenir la santé financière des Canadiens et les aider à payer leurs factures. Pandémie ou non, les factures continuaient d'arriver. Nous devions tout faire pour aider nos travailleurs, nos entreprises et nos anges gardiens du secteur de la santé, et nous l'avons fait ensemble.
Rappelez-vous toutes les séances du Parlement au printemps et à l'été où nous avons adopté ensemble tous ces projets de loi pour aider les Canadiens.
[Traduction]
Dès l'été, il était clair que les députés se trouveraient devant un nouveau paysage bien différent lorsque la Chambre des communes reprendrait ses travaux à l'automne. Comme le l'a dit lorsqu'il a annoncé la prorogation en août, le Canada était à la croisée des chemins. Le temps était venu de protéger les Canadiens, de reconstruire l'économie et de bâtir un Canada plus résilient, plus sûr, plus vert, plus compétitif et en meilleure santé. Pour cela, il fallait un nouveau plan. C'est pourquoi nous nous sommes engagés à présenter au Parlement un nouveau discours du Trône qui refléterait l'époque sans précédent que nous vivions.
De plus, il était tout aussi important que les députés puissent se prononcer sur ce plan au moyen d'un vote. C'était essentiel. Le l'a dit très clairement lorsqu'il a fait l'annonce en août. Vous vous en souviendrez.
Voici une partie de ce qu'il a dit: « Nous prorogeons le Parlement pour le ramener exactement la même semaine où son retour était prévu, et pour forcer un vote de confiance. Nous prenons un moment pour reconnaître que le discours du Trône que nous avons prononcé il y a huit mois ne comportait aucune mention de la COVID-19; il n'avait absolument rien à voir avec la réalité que nous vivons maintenant. Nous devons revoir l'approche de notre gouvernement pour relancer l'économie et rebâtir en mieux. Ce sont là de grandes décisions importantes, et nous devons les présenter au Parlement et gagner la confiance de ce dernier pour faire avancer ce plan [très] ambitieux. »
Chers collègues, c'est exactement ce qui s'est passé.
[Français]
Le Parlement a commencé une deuxième session avec un nouveau discours du Trône, lequel présentait une feuille de route claire pour s'attaquer à la pandémie. La Chambre a voté en faveur de ce discours du Trône. Elle l'a appuyé, ce qui était très important pour la suite des choses.
Depuis, tel que promis, notre gouvernement a continué à concentrer ses efforts pour vaincre la pandémie. Par exemple, nous avons annoncé une transition de la Prestation canadienne d'urgence vers un régime d'assurance-emploi plus souple, plus accessible. Pour nos entreprises, nous avons annoncé la nouvelle Subvention d'urgence du Canada pour le loyer, que nous avons prolongée jusqu'en juin 2021.
Alors que le monde entier attendait avec impatience le jour où les vaccins contre la COVID-19 seraient prêts, nous avons continué le travail, que nous avions commencé bien avant. Comme nous l'avons déjà dit — et nous le répétons —, d'ici septembre, nous aurons suffisamment de doses pour vacciner tous les Canadiens qui souhaitent l'être.
[Traduction]
Ce sont là quelques-unes des mesures qui ont été prises. Ce sont les actions d'un gouvernement qui a placé la COVID-19 en tête de ses priorités.
La Chambre a été prorogée l'année dernière pour une seule raison: afin de présenter un nouveau plan pour faire face à la plus grande crise sanitaire et économique de notre temps, un point c'est tout.
Maintenant, je serai heureux de répondre à vos questions.
[Français]
Je vous remercie beaucoup.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
[Français]
Je suis très heureux de participer à cette réunion de comité. Je salue tous mes collègues, en particulier mon vis-à-vis, le ministre responsable du Québec et leader parlementaire du gouvernement à la Chambre.
Madame la présidente, le ministre a oublié deux éléments fondamentaux dans son allocution. Tout d'abord, il a oublié de dire que tout ce que le a dit dans son discours du Trône aurait très bien pu être dit dans une déclaration à la Chambre des communes. En effet, il n'y avait strictement rien de neuf qui méritait une prorogation et un discours du Trône, puisque, comme il l'a dit, le gouvernement et le Parlement travaillaient déjà à résoudre les problèmes liés à la pandémie. Il n'était pas nécessaire de proroger le Parlement ni de faire un discours du Trône. Une déclaration du premier ministre à la Chambre aurait fait l'affaire. Alors, pourquoi a-t-il prorogé le Parlement?
Rappelons les événements, madame la présidente.
Le 19 août, il était prévu que le Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique, qui étudiait le scandale du mouvement UNIS, reçoive le groupe Speakers' Spotlight, qui avait des contrats avec le mouvement UNIS et la famille du premier ministre. Ce groupe devait témoigner le 19 août. Or, comme par hasard, c'est le 18 août que le premier ministre a décidé de proroger le Parlement et de dissoudre ce comité et les travaux du Parlement. Pourtant, Speakers' Spotlight avait déclaré avoir déjà tenu des discussions avec la famille du premier ministre et le premier ministre lui-même.
Le ministre était-il au courant des discussions entre le groupe Speakers' Spotlight et la famille du premier ministre?
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
J'aimerais remercier M. Rodriguez de son discours.
Ce que j'ai compris, monsieur Rodriguez, c'est que la prorogation est une mesure qui permet de recommencer à neuf avec le discours du Trône du gouvernement. Le premier ministre l'a clairement annoncée de cette façon. La pandémie a beaucoup changé les priorités. Nous avions besoin de recommencer à neuf pour cibler les nouvelles priorités et répondre aux besoins des Canadiens et des Canadiennes.
Vous avez donné des exemples, plus tôt. J'aimerais que vous nous parliez du fait que le gouvernement a dû envoyer des membres des Forces armées canadiennes dans les centres de soins de longue durée, au printemps. Certains patients n'étaient pas nourris ou portaient des couches sales; des malades gisaient sur le sol après avoir fait une chute; et des aînés étaient retrouvés morts dans leur lit. C'est pour mettre fin à cela que l'armée canadienne a dû intervenir. On a pu constater la grande importance du rôle du gouvernement fédéral en santé en situation de crise, ainsi que la nécessité de créer des normes sanitaires nationales pour le bien-être de la population, et surtout des aînés, que je représente ici à titre de secrétaire parlementaire.
Certains politiciens, aujourd'hui, essaient de nous faire croire qu'avec un peu d'argent, on peut tout régler. Ils essaient de détourner l'attention pour nous faire oublier ce drame épouvantable et inhumain. Nous avons vu la nécessité de la prorogation. La COVID-19 a déjà fauché la vie de plus de 20 000 Canadiens. C'est de nos concitoyens canadiens et de nos familles qu'il est question. Notre gouvernement n'oubliera jamais les conditions inhumaines dans lesquelles plusieurs sont morts. Nous avons tout fait en notre pouvoir pour que cela ne se produise plus, et nous allons continuer de travailler fort.
Le leader du gouvernement à la Chambre peut-il nous expliquer comment la prorogation a permis au gouvernement de travailler à plusieurs dossiers prioritaires pour les Canadiens?
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Monsieur Lauzon, je vous remercie de l'important travail que vous faites à titre de secrétaire parlementaire pour nos aînés. C'est un travail absolument fondamental, et vous le faites avec brio.
La pandémie a tout changé. Elle a touché nos aînés plus que n'importe quel groupe. Ce qui est arrivé est absolument inacceptable. Nous nous sommes rendu compte que nos aînés étaient beaucoup plus vulnérables que nous le croyions et que notre filet social n'était pas aussi solide que nous le pensions. Les mailles de ce filet étaient beaucoup trop grosses et laissaient passer beaucoup trop de choses. Le nombre de décès chez nos aînés est d'une tristesse incroyable.
Nous sommes intervenus autant que possible pour donner un coup de main, en collaboration avec les provinces, d'ailleurs. Nous avons bien collaboré avec le Québec et l'ensemble des provinces, mais nous devions faire ce redémarrage, à savoir appuyer sur un bouton et repartir.
Au début de la pandémie, le gouvernement avait fait son premier discours du Trône et nous sortions d'une campagne électorale toute fraîche. Qui aurait pensé que nous serions en train de parler de pandémie, de crise économique, d'éclosions, de tests rapides, de masques, de gel pour les mains, de subventions salariales, de campagnes de vaccination? Personne. Nous avons agi autant que possible là-dessus. Je répète encore une fois que nous l'avons fait en collaboration avec tous les partis — je vois MM. Therrien, Deltell et Julian — parce que ce n'est pas que la responsabilité du gouvernement seul de s'occuper des Canadiens. C'est aussi la responsabilité de l'ensemble des parlementaires. Nous avons tous été élus pour la même raison.
C'est pourquoi je remercie encore une fois mes collègues des différents partis de leur collaboration. Cela a permis d'adopter une série de projets de loi qui nous ont donné les moyens d'aider les gens. Or, vers la fin de l'été, nous nous sommes rendu compte qu'il y aurait une deuxième vague. La question n'était plus de savoir s'il y aurait une deuxième vague ou non, mais plutôt de savoir quelles en seraient les répercussions. Nous nous sommes demandé comment nous allions intervenir et de quels outils nous aurions besoin pour y faire face. C'est alors que nous avons pris la décision, comme gouvernement, d'appuyer sur « pause » et de recentrer l'ensemble de nos actions, pas seulement celles des membres de l'exécutif, mais celles aussi de l'ensemble des fonctionnaires.
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Le Parlement se concentrait sur l'affaire du mouvement UNIS. Tous les comités étaient axés sur cette affaire. Quand vous avez fermé le Parlement, vous avez mis fin au travail sur le mouvement UNIS. C'est ce que vous avez fait.
Les experts qui ont comparu à ce comité nous ont dit qu'une prorogation, c'est un moment pour remettre les compteurs à zéro, ce que vous n'avez pas fait. On poursuivait le travail imposé à partir du mois de mars, celui qui orientait les politiques économiques sur la COVID-19. Il n'y avait donc rien de nouveau.
De plus, les experts nous ont dit qu'on ne pouvait pas fermer le Parlement longtemps parce que c'était un outil essentiel pour lutter contre la COVID-19 et faire notre travail en tant que députés législateurs. Ils nous ont dit que, si le gouvernement avait voulu remettre les compteurs à zéro, il aurait fermé le Parlement le 18 septembre. Or vous l'avez fermé le 18 août.
Pourquoi n'était-il pas plus logique de fermer le Parlement le 18 septembre? Pourquoi cela faisait-il votre affaire que le Parlement ne siège pas pendant un mois? Pourquoi n'avez-vous pas fait cela le 18 septembre au lieu du 18 août?
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Je vous remercie, madame la présidente.
Monsieur Rodriguez, je vous remercie d'être avec nous. C'est un plaisir de vous voir, et je suis vraiment ravi du leadership de collaboration dont vous avez fait preuve tout au long de la pandémie.
D'autres membres du Comité ont laissé entendre des choses, mais vous avez affirmé dans votre mot d'ouverture que personne n'aurait vraiment pu prédire la plus importante crise sanitaire et économique de notre époque. Le premier discours du Trône ne faisait pas mention d'un tas de choses qui apparaissent dans le nouveau discours prononcé dernièrement.
Pour ce qui est de l'incidence considérable de la COVID-19 et du changement de contexte qui en découle, pourriez-vous décrire un ou deux de ces aspects? Vous avez dit, je crois, que le changement de contexte a vraiment nécessité une réévaluation des priorités du gouvernement. Je ne veux pas vous prêter des propos, mais j'aimerais que vous nous parliez de ces grandes répercussions.
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Je dirais que l'incidence a été monumentale pour nous tous. Il suffit de penser que nous nous réunissons ici à partir d'un écran. Nous ne pouvons pas nous rencontrer en personne, et nous ne pouvons pas aller au Parlement. Comme vous le dites, monsieur Turnbull, tout a changé. Je suis persuadé que tous nos collègues en conviennent.
Le premier discours du Trône visait vraiment à avancer, à innover et à se tourner vers l'avenir. Or, il était axé sur le présent. Il se fondait sur la situation dans laquelle nous nous trouvions alors. Il n'était aucunement question des tests, de la vaccination, de la relance de l'économie, des pertes massives d'emplois ou de la fermeture des frontières. Ces questions ne se posaient pas. Nous devions donc nous adapter. Bien franchement, nous avons fait de notre mieux pendant un certain temps.
Encore une fois, je pense à M. Deltell, à M. Therrien et à M. Julian, du NPD. Nous nous sommes réunis et avons pu travailler dans l'intérêt des Canadiens, mais à un moment donné, il était clair qu'une deuxième vague allait nous frapper. Nous ignorions quelle en serait l'ampleur. Elle est énorme. Nous devions repartir à zéro, et c'est ce que nous avons fait.
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Vous avez tout à fait raison.
Ces quelques semaines dont nous avons bénéficié durant l'été me sont chères, car la situation semblait plus positive. Nous pouvions être à l'extérieur et profiter du soleil, mais en même temps, nous savions que les choses étaient sur le point de changer et que la seconde vague allait nous frapper. À ce moment-là, on voyait que d'autres pays étaient frappés par cette seconde vague. L'automne et l'hiver étaient à nos portes, ce qui signifiait que les écoles allaient rouvrir, que les gens allaient recommencer à vivre à l'intérieur et que, par conséquent, nous serions confrontés à davantage de difficultés et à un plus grand risque de contamination.
Depuis le premier jour, nous nous employions à gérer la pandémie sans toutefois avoir un plan clair. Nous faisions du mieux que nous le pouvions, collectivement. Je parle de tous les partis. Nous avions besoin d'un cadre — d'un plan d'ensemble — et c'est ce que nous a fourni le discours du Trône.
:
D'accord. Cependant, quand vous évoquez le télétravail, la PCU et toutes ces raisons pour expliquer la prorogation, vous induisez le Comité en erreur, parce que c'est au mois de mars qu'on a commencé à parler de cela.
Je reviens sur le 18 août. Vous me dites que c'est une date comme une autre. Moi, je suis inquiet d'entendre cela de la part du leader du gouvernement à la Chambre, et je vous connais bien, monsieur Rodriguez. Je sais que vos propos sont plus précis et que vous êtes plus intelligent que cela.
Vous me dites que vous avez choisi le 18 août, mais que cela aurait pu être une autre date.
Pourquoi M. Morneau, qui était quand même le ministre des Finances, a-t-il démissionné le 17 août?
:
Je vous remercie beaucoup, madame la présidente.
Vous avez dit à quelques reprises que nous devrions croire que la nécessité de consulter avant la rédaction du discours du Trône constitue une raison suffisante pour accepter que le gouvernement ait prorogé le Parlement, même s’il y avait plusieurs enquêtes en cours concernant le scandale entourant l'Organisme UNIS, même si la prorogation a suivi la démission du ministre des Finances, en raison, semble-t-il, de ce scandale, et même s'il restait encore beaucoup de travail à faire sur le remplacement de la PCU par un autre programme de soutien du revenu, afin de ne pas laisser des millions de familles canadiennes en plan.
La question n'est pas de savoir s'il est nécessaire de mener des consultations avant la rédaction d'un tel discours. La question est plutôt de savoir si le gouvernement dispose des ressources nécessaires pour à la fois mener des consultations et continuer à faire son travail.
Ce que je comprends, c'est que vous n'estimez pas que le gouvernement puisse continuer à faire son travail, y compris rendre des comptes au Parlement, tout en menant les consultations qui s'imposent en vue de rédiger un discours du Trône. Je trouve cela incroyable, car il semble que le gouvernement doit pouvoir continuellement mener des consultations sur des initiatives importantes tout en gérant le pays et en rendant des comptes au Parlement.
Je ne peux pas comprendre que le gouvernement est d'avis qu'il n'a pas les ressources nécessaires pour mener des consultations à propos d'un important discours du Trône tout en continuant de gérer le pays et de rendre des comptes au Parlement. Pourquoi estimez-vous que le gouvernement ne soit pas en mesure de mener des consultations tout en continuant de rendre des comptes au Parlement?
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Nous avons tous les deux été élus en 2004. Nous sommes ici depuis ce temps, mis à part la pause de quatre ans que vous avez prise en 2011. Je suis donc heureux de vous revoir.
Je vais m'adresser à vous d'une manière très candide et honnête, monsieur le ministre, et j'espère que vous ferez de même.
Il est clair aux yeux de tous les membres du Comité, et je sais qu'il en va de même pour vous, qu'il n'y a qu'une seule raison pour laquelle le Parlement a été prorogé au début du mois d'août, à savoir mettre fin aux travaux des comités qui menaient une enquête sur le scandale entourant l'Organisme UNIS. C'était la seule et unique raison. Tous les universitaires qui ont témoigné devant le Comité — et il y en a eu plusieurs — ont admis que c'était là la raison. Ils sont tous d'accord là-dessus. Ils conviennent tous, en outre, que la prorogation n'était pas nécessaire. Si la prorogation s'était révélée nécessaire, elle aurait pu avoir lieu beaucoup plus tard, même quelques jours seulement avant la reprise des travaux au Parlement.
L'excuse que vous offrez pour justifier la prorogation, monsieur le ministre, ne tient pas la route. Je sais que la plupart des Canadiens qui s'intéressent à la question le comprennent bien. L'un des universitaires qui a comparu est allé jusqu'à dire que la décision du de proroger le Parlement constituait un abus de pouvoir. Je suis d'accord. La prorogation est un outil. Le premier ministre a choisi de s'en servir, et c'était sa décision et sa prérogative.
J'aimerais revenir à ce que mon collègue, M. Nater, a dit à propos de la prolongation de la prorogation et de l'un des effets secondaires de la prorogation, à savoir son incidence sur les comités. Depuis que vous avez mis fin aux travaux des comités grâce à la prorogation, les choses sont allées un peu plus loin lorsque le Parlement et les comités ont repris leurs travaux à la mi-septembre. En effet, les libéraux qui siègent aux comités de l'éthique et des finances ont commencé à faire de l'obstruction.
Vous avez dit, monsieur le ministre, aux fins du compte rendu, que votre bureau, le bureau du whip ou le Cabinet du premier ministre n'a rien eu à voir dans les décisions prises par les parlementaires qui siègent à ces comités.
Cela fait longtemps que je siège au Parlement, et j'ai fait moi-même de l'obstruction à de nombreuses reprises, et vous le savez. Vous siégiez au même comité que moi lorsque j'ai pris la parole pendant environ huit heures et demie, et vous savez...
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Bonjour, monsieur Lukiwski. Je suis heureux de vous voir, soit dit en passant.
Vous avez souvent fait de l'obstruction. Si vous vous en souvenez, vous en avez fait lorsque mon projet de loi était à l'étude. J'avais présenté un projet de loi d'initiative parlementaire sur le protocole de Kyoto, et vous avez pris la parole, je crois, pendant deux heures durant la réunion. Vous étiez très bon.
Cela étant dit, vous ne serez pas étonné, bien entendu, que je vous dise que je ne suis pas d'accord avec vous, car vous voyez la situation d'une façon et je la vois autrement. Je fais partie du gouvernement...
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Avant de poser quelques questions, je tiens seulement, pour le compte rendu, à préciser que notre comité a entendu des professeurs d'université. Certains d'entre eux ont dit avoir approuvé la décision de proroger le Parlement. Ils estimaient qu'elle était judicieuse, opportune et justifiée, particulièrement parce qu'elle s'est prise au moment où sévissait une pandémie, laquelle n'est pas seulement une crise de la santé publique. Elle touche toute la société. Je tenais à ce que ce soit bien entendu.
Monsieur le ministre, je vous remercie d'être ici. C'est toujours un plaisir de vous voir.
Je vais vous poser quelques questions que, peut-être nous, les parlementaires, considérons comme simplistes, mais qui, pour les Canadiens qui regardent la séance... j'ai pensé qu'il serait bon que notre nombreux public comprenne notre langage. En effet, en août, en septembre et même en octobre, j'ai rencontré dans Moncton—Riverview—Dieppe des membres de mon conseil de jeunes, en pensant comme allant de soi qu'ils savaient tout de la nature et de l'utilité de la prorogation et même des discours du Trône. C'est alors que mon adjoint m'a conseillé, après un clin d'oeil, de peut-être expliquer l'utilité de la prorogation et les mesures qui s'ensuivent.
Avant tout, pourriez-vous seulement expliquer aux Canadiens l'objet de la prorogation? Que signifie ce terme? Qu'arrive-t-il après la prorogation du Parlement?
Voilà mes trois questions, et je vous accorde le reste de mon temps de parole pour y répondre.
:
Merci beaucoup, et merci pour tout votre travail, particulièrement au caucus. C'est vraiment apprécié, particulièrement en ces temps difficiles. Je sais que c'est difficile pour nous tous, tous les membres des caucus de tous les partis. Je tiens à vous remercier pour tout ce que vous et vos collègues avez fait.
Essentiellement, la prorogation du Parlement est sa dissolution temporaire. Elle a servi dans le passé. Nous estimons que c'est un outil important, mais il faut expliquer pourquoi on s'en sert. On ne l'a pas fait dans le passé. M. Lukiwski était député quand M. Harper a prorogé le Parlement deux fois, pour des semaines, sans raison. Je pense qu'il aurait été utile au Parlement, à ce moment-là, de se le faire expliquer comme maintenant.
[Français]
C'est pourquoi nous avons inclus ce qui suit dans notre plateforme de 2015. Tout gouvernement qui utilise la prorogation doit déposer un rapport à la Chambre des communes, ce que j'ai fait moi-même au nom du gouvernement. Ce rapport est directement transmis au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, comme c'est le cas actuellement, et le gouvernement doit expliquer la cause de cette prorogation. C'est ce que je fais aujourd'hui devant vous au nom du gouvernement.
Il est extrêmement important que nous ayons ajouté cette couche de transparence, que j'appellerais un renforcement de la démocratie, parce qu'il peut être nécessaire à l'occasion de proroger le Parlement. Cela s'est vu dans l'histoire de nombreux gouvernements, de quelque couleur que ce soit. Ce qui est tout aussi important, madame Petitpas Taylor, c'est que la Chambre en soit saisie et qu'elle comprenne pourquoi il a été nécessaire que le gouvernement procède ainsi.
Dans notre cas, je suis devant vous aujourd'hui pour expliquer que cette prorogation était absolument nécessaire parce que nous faisons face à la plus grande pandémie depuis la grippe espagnole et à la plus grande crise économique depuis 1929. Nous avons travaillé avec les partis de l'opposition — le Parti conservateur, le Bloc québécois et le NPD — pour présenter des projets de loi. Il était absolument nécessaire de bâtir ce plan global qui nous permettait de concentrer tous nos efforts sur la lutte contre la COVID-19 pour aider l'ensemble des Canadiens.
Au moment où nous avons fait cela, on ne se demandait pas s'il y aurait une deuxième vague. On savait qu'il y en aurait une, mais sans en connaître l'ampleur. On sait maintenant qu'elle est très grosse. Nous voulions concentrer les efforts du gouvernement sur cette crise, et c'est ce que nous avons fait.
:
Je vous remercie de votre invitation à participer à cette réunion.
Comme vous l'avez dit, je suis accompagné de M. Don Booth, qui est mon directeur de la politique et le secrétaire canadien de la Reine. Il a donc l'un des titres de poste et l'un des rôles les plus intéressants de la fonction publique canadienne.
Nous avons lu avec beaucoup d'intérêt... et, dans la première partie de la séance, on a fait allusion à votre très intéressante séance du 28 janvier. J'ai parfois l'impression que nos pratiques démocratiques sont moins bien comprises qu'elles ne le devraient. C'était donc encourageant d'entendre certaines des réflexions de vos témoins, bien que, compte tenu de leurs compétences, il ne soit pas vraiment étonnant que des spécialistes de la trempe des professeurs Brodie, Cyr, Lagassé et Turnbull se soient exprimés de façon très réfléchie sur cette question.
Dans leurs exposés, ils ont énoncé les fondements de l'exercice de la prérogative royale au Canada. Il s'agissait notamment de principes tels que l'autorité que détient le premier ministre de demander au gouverneur général de proroger le Parlement, ce que plusieurs des professeurs ont mentionné; que, en vertu des principes du gouvernement responsable, le gouverneur général doit donner suite à cette demande, ce qui a été mentionné des plus explicitement par le professeur Brodie; que, dans l'histoire du Canada, la demande de prorogation d'un premier ministre n'a jamais été refusée, ce que, je crois, le professeur Turnbull a mentionné.
Dans l'exposé qu'il vient de faire, le ministre Rodriguez a expliqué plus en détail les raisons pour lesquelles le gouvernement a prorogé le Parlement. Il a fait allusion à la conférence de presse du mois d'août, dans laquelle le a annoncé la prorogation, puis, je crois qu'on a même cité le rapport du gouvernement intitulé Rapport au Parlement: Prorogation d'août 2020 — Pandémie COVID-19, et déposé en octobre, lequel était une innovation et un précédent.
Je pense que le sujet sur lequel M. Booth et moi pouvons donner plus de détails d'après ces renseignements de base est la mécanique de la prorogation. Comment se déroule-t-elle réellement dans le système? Nous sommes également en mesure de présenter certaines des tâches qui sont exécutées dans le système dès que la prorogation a lieu; c'est-à-dire la réaction de la fonction publique à la prorogation.
Les modalités de la prorogation se décomposent en un certain nombre d'étapes. En bref, le pouvoir du gouverneur général de proroger le Parlement est énoncé dans les Lettres patentes constituant la charge de gouverneur général du Canada, de 1947. Les curieux peuvent aller voir dans la partie VI. Normalement, lorsqu'il est manifeste que le gouvernement a l'intention de proroger le Parlement, le gouverneur général est prévenu qu'une demande officielle du premier ministre lui sera présentée. Le Bureau du Conseil privé demande au premier ministre de lui indiquer officiellement la date prévue de prorogation ainsi que la date de nouvelle convocation de la Chambre. D'après sa réponse, il rédige un instrument d'avis et un projet de proclamation à soumettre à l'approbation du gouverneur général. Une fois approuvée, la proclamation est publiée dans la Gazette du Canada. C'est essentiellement le processus qui a été suivi.
Dès la prorogation, en août, les fonctionnaires se sont attelés à la rédaction du discours du Trône — des discussions ont eu lieu à ce sujet dans la première partie de la présente session. Il a été prononcé le 23 septembre au retour de la Chambre. Il a essentiellement été le signal de la mobilisation du groupe des priorités et de la planification au Bureau du Conseil privé, qui a nécessité une collaboration interministérielle considérable pour définir les initiatives et les thèmes et envisager des interactions répétées avec le Cabinet du premier ministre.
Comme le ministre l'a dit, il y a également eu consultations. Les principaux thèmes du discours du Trône, qui avait pour titre « Un Canada plus fort et plus résilient » étaient de: protéger les Canadiens contre la COVID-19, comme le ministre l'a dit; aider les Canadiens durant la pandémie; rebâtir en mieux; se donner une stratégie de résilience pour la classe moyenne; réaliser le Canada pour lequel nous nous battons, ce qui lui conférait une véritable dimension de justice sociale, d'équité et de justice. Ces thèmes ont également été mis en évidence dans l'énoncé économique de l'automne et se sont également retrouvés dans les lettres supplémentaires de mandat publiées le 15 janvier 2021.
Comme vous le savez sans doute, les lettres de mandat sont les instructions que le donne à son ministère et à la fonction publique. Il y a explicitement abordé la question de la pandémie et il a insisté sur quatre grands thèmes pour l'avenir du gouvernement et qui paraîtront très semblables à la teneur du discours du Trône, dont ils ont été extraits: protéger la santé publique; assurer une forte reprise économique; promouvoir un environnement plus propre; défendre l'équité et l'égalité.
Maintenant que nous avons rapidement évoqué la mise en branle du processus de prorogation et décrit à grands traits son impact sur le travail de la fonction publique, M. Booth et moi serons heureux de répondre à vos questions.
Merci.
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Je vous remercie, madame la présidente.
J'aimerais remercier M. Sutherland et M. Booth d'être avec nous aujourd'hui. Veuillez transmettre nos sincères salutations à M. Ian Shugart.
Il est primordial de protéger la santé et la sécurité des Canadiens et notre économie lors d'une pandémie. Même s'il s'agit d'une étude importante, je pense qu'il y a des enjeux beaucoup plus urgents en ce moment. Par exemple, il faut parler des variants du virus, protéger la santé et la sécurité des Canadiens et la démocratie pendant une élection, le cas échéant, et tirer des leçons de la réponse qui a été mise en œuvre, afin que la Cité parlementaire, le Parlement et les parlementaires soient mieux préparés à une pandémie future. Il y aura certainement d'autres pandémies; ce n'est qu'une question de temps.
Puisque mon temps est limité, je vous demanderais de répondre essentiellement par oui ou par non à mes questions.
Comme vous le savez, notre comité s'occupe des travaux de la Chambre et de la Cité parlementaire. En ce moment, nous sommes visiblement en train de réagir à la pandémie et nous devons nous concentrer sur les mesures qui sont mises en œuvre, mais il sera important que notre comité examine plus tard les mesures prises par la Cité parlementaire.
Lorsque la pandémie a commencé, y avait-il un plan pour la Cité parlementaire? J'aimerais que vous répondiez par oui ou non, s'il vous plaît.
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Toutefois, dans le cas d'un document moins exigeant, le a estimé qu'il était approprié de proroger le Parlement afin de pouvoir préparer le discours du Trône. Je trouve cela un peu étrange, car d'une année à l'autre, il me semble que le Parlement a l'habitude de siéger même lorsque le gouvernement prépare le budget. Bien entendu, l'année dernière a fait exception, mais je ne pense pas que ce sont les séances du Parlement qui ont empêché le gouvernement de présenter un budget dans les délais normaux.
Je pense que cela vaut la peine d'être souligné. Il me semble que nous avons entendu le leader du gouvernement à la Chambre faire grand cas de la nécessité de consulter, mais en réalité, il existe déjà un modèle, tant pour la consultation des parties intéressées que pour les communications interministérielles, qui permet de produire efficacement un document politique d'envergure, et ce, même lorsque le Parlement siège.
Je ne vous demande pas de confirmer ou de nier vos sentiments personnels. Toutefois, il me semble que ce n'est pas vraiment une raison suffisante pour proroger le Parlement.
Il s'agit aussi d'une question de planification. Ainsi, il me semble que si on faisait valoir qu'il s'agissait d'un délai écourté et qu'il fallait prononcer un discours du Trône trois ou quatre semaines plus tard, je demanderais pourquoi l'intention de prononcer un discours du Trône n'a été manifestée qu'au mois d'août.
Les plus hauts échelons du gouvernement doutaient-ils que le Canada subirait une deuxième vague à l'automne?
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Il me semble qu'il y a une différence entre décider qu'on veut faire un changement d'orientation à l'automne et décider à l'automne qu'on veut faire un changement d'orientation. Tous les facteurs dont on nous a parlé, soit l'existence d'une pandémie et... Eh bien, c'est vraiment tout. L'existence d'une pandémie était connue en juin. La possibilité qu'il y ait une deuxième vague à l'automne était connue en juin. Le gouvernement aurait pu décider bien avant le 17 août qu'il voulait une sorte de prorogation à l'automne et une reprise des travaux avec un discours du Trône, et sans une prorogation du Parlement, les consultations auraient pu être tenues sur une plus longue période que celle que le a laissée au gouvernement à cet égard.
Je me demande ce qui a changé entre un moment quelconque avant le 17 août et le 17 août pour que le décide dans un délai bien plus court que ce qui était nécessaire qu'il voulait changer l'orientation générale du gouvernement. Il me semble qu'il avait la même information en juin qu'en août pour déterminer si la pandémie nécessiterait un changement d'orientation. Il aurait pu demander plus tôt au gouvernement de commencer ces consultations pour travailler à l'élaboration d'un nouveau discours du Trône en septembre et éviter toute nécessité... et j'insiste là-dessus, car je ne pense pas que c'était nécessaire au départ.
Certes, si le gouvernement avait commencé plus tôt, comme il le fait pour le budget, il aurait pu entreprendre de vastes consultations auprès de la société civile, permettre aux ministères de communiquer abondamment entre eux et produire peut-être un document encore meilleur, en fait, que celui qu'il a produit en septembre, ce qui, à mon avis, n'aurait pas causé de fortes pressions.
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Merci, madame la présidente.
Je suis ravi de voir mes collègues.
Comme vous le savez, madame la présidente, je suis un membre associé de ce comité, et non un membre à part entière. Je remplace mon collègue depuis les dernières semaines. Les travaux de ce comité sur cette question et d'autres sujets m'intéressent beaucoup.
Puisqu'un certain nombre d'autres membres associés qui représentent les partis de l'opposition siègent aujourd'hui — je suis surpris qu'ils aient décidé de participer à cette réunion, c'est étonnant —, dans leur intérêt, et dans l'intérêt de l'ensemble du Comité, je crois qu'il est utile de mettre les choses en contexte. Madame la présidente, je reviendrai sur la réunion du 10 décembre, au cours de laquelle un certain nombre d'universitaires ont témoigné.
Il y avait entre autres une éminente spécialiste des questions constitutionnelles, Mme Barbara Messamore. Dans sa déclaration préliminaire, voici ce qu'elle a dit à propos de la prorogation et de la question de savoir si elle était justifiée:
[...] on peut aussi très bien faire valoir que l'arrivée imprévue de la crise de la COVID-19 au début de la 43e législature justifiait une nouvelle session et un nouveau discours du Trône afin de présenter un nouveau programme législatif. Pour cette raison, je suis d'avis que la prorogation était totalement justifiée.
Comme je l'ai dit, il s'agit d'une éminente spécialiste des questions constitutionnelles. Mme Messamore fournit régulièrement aux médias des commentaires sur des questions constitutionnelles, en particulier sur des questions relatives à la Couronne et à tout ce qui concerne la Couronne, dont la prorogation. Je pense qu'il est important que nous réfléchissions à ce point de vue.
M. Sutherland a mentionné un certain nombre d'autres universitaires qui ont récemment témoigné devant ce comité. Ils l'ont certainement fait, mais le point de vue de Mme Messamore compte pour beaucoup. C'est une spécialiste qui est parfois d'accord avec le gouvernement, parfois en désaccord avec lui. Elle est indépendante et, comme je l'ai dit, elle très respectée pour son travail.
L'autre point qui a été soulevé lors de la réunion du 10 décembre — encore une fois, j'essaie de mettre les choses en contexte, et j'ai des questions à poser aux témoins d'aujourd'hui —, c'est le fait que, depuis 1867, la durée moyenne des prorogations au Canada est de 151 jours. La dernière a duré du 18 août au 23 septembre. Je demanderais à mes collègues de l'opposition d'y réfléchir. Je pense que c'est important.
Monsieur Sutherland, vous avez mentionné quelque chose, un peu plus tôt, au sujet d'une journée perdue. Pouvez-vous seulement revenir là-dessus une fois de plus?
On parle de moyenne de prorogation, mais dans le cas qui nous concerne, on ne peut pas parler de moyenne. Selon ce que M. Rodriguez a dit, nous vivons la pire pandémie du siècle, et il avait raison. Il a aussi dit que nous vivions la pire crise économique depuis 1929, et il avait raison. C'est à cause de ce contexte que les spécialistes qui sont venus nous voir prônaient une prorogation la plus courte possible.
Mon estimé collègue du Parti libéral nous a dit que nous avions perdu une seule journée à la Chambre de communes, mais, en fait, nous en avons perdu trois. Nous aurions pu être rappelés n'importe quand à la Chambre, comme cela avait été fait préalablement, s'il y avait eu des projets de loi d'urgence à voter. Il y avait aussi les comités qui siégeaient pleinement, mais, malheureusement pour les libéraux, ces comités se penchaient sur la gestion un peu chaotique de l'organisme UNIS.
J'ai une dernière question à vous poser. Ai-je raison de penser qu'il est possible de préparer des consultations pour la prorogation parallèlement aux travaux parlementaires?
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Aussi bien dans le cas qui nous intéresse que dans celui de certaines prorogations antérieures qui ont soulevé la controverse, je pense que le changement apporté au Règlement lors de la dernière législature visait notamment à créer une tribune permettant aux Canadiens d'en avoir le coeur net quant à savoir si la prorogation a été vraiment faite dans l'intérêt public ou si elle servait seulement les intérêts politiques du gouvernement.
Vous avez pu entendre tout comme moi le leader du gouvernement à la Chambre nous dire que nous représentons des partis différents, que nos points de vue ne sont pas les mêmes et que nous devons simplement accepter de ne pas être d'accord. Je ne pense pas que quiconque aurait jugé une telle réponse satisfaisante au moment où le premier ministre Harper a prorogé le Parlement pour éviter un vote de confiance en 2008-2009.
L'exercice que nous menons actuellement sera plutôt décevant s'il nous permet uniquement de convenir que nous avons des points de vue différents selon le parti que nous représentons et si nous n'avons rien de concret à énoncer quant aux circonstances de la prorogation et à leurs répercussions manifestes du point de vue politique. À mes yeux, nous serions mieux à même d'aplanir ces différends apparemment insolubles si les législateurs avaient leur mot à dire dès le départ quant aux décisions touchant la prorogation et quant à l'évaluation des mesures prises par le gouvernement.
J'aimerais savoir ce que vous en pensez à la lumière de votre expérience de l'appareil gouvernemental. Je sais que le Bureau du Conseil privé est là pour défendre ce qu'il reste des prérogatives royales, mais je n'ignore pas également que ces prérogatives ont évolué de différentes manières au fil des ans. Je ne sais pas si vous pourriez nous dire comment vous entrevoyez une éventuelle transformation de la convention en place à cet égard pour essayer d'éviter les impasses semblables à la suite d'une prorogation et mettre en place un processus davantage constructif permettant de dégager un consensus quant à la nécessité d'une prorogation.
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Je pense que dans certains domaines... C'est difficile, parce que le discours du Trône est un plan directeur qui contient beaucoup d'éléments, donc il est presque certain que je vais oublier des choses.
Il contient, bien sûr, beaucoup de mesures pour lutter contre la COVID et nous reconstruire en mieux. Nous y voyons un engagement à miser sur l'énergie propre, que je trouve remarquable. De même, je pense que vous pouvez constater que le discours du Trône, comme les lettres de mandat qui ont suivi, est inspiré du mouvement Black Lives Matter et des questions d'égalité qui ont été propulsées à l'avant-scène de la politique canadienne ces derniers mois. Je pense qu'on peut voir la genèse de tout cela dans le discours du Trône, dans les lettres de mandat, de même que dans l'énoncé économique de l'automne.
Il y a aussi, bien sûr — et c'est là où on peut parler de continuité —, la réconciliation avec les peuples autochtones qui se poursuit et s'affine dans le discours du Trône, comme dans les lettres de mandat qui ont suivi. Il y a une continuité intéressante dans l'engagement personnel du envers la réconciliation avec les peuples autochtones, qui a été renforcé tant dans le discours du Trône que dans les lettres de mandat.
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Il y a seulement quelques petites choses que j'aimerais mentionner aux membres réguliers du Comité en vue de la prochaine séance. Premièrement, un avis vous a déjà été envoyé, mais j'ai essayé de prévoir une séance pour terminer l'ébauche de rapport sur l'étude que nous avons réalisée sur les élections. Le moment proposé ne convenait pas à beaucoup de personnes, et je sais que la plage horaire de 13 heures à 14 heures n'est pas idéale pour bon nombre de députés non plus, donc je pourrais réserver une heure pour cela pendant notre séance de jeudi.
Seuls deux témoins ont confirmé leur présence à ce jour, si bien que la deuxième heure est libre. Donc si vous m'en donnez la permission, j'aimerais savoir si je pourrais réserver la deuxième heure de notre séance de jeudi pour l'étude de l'ébauche de rapport. Je pense que c'est tout le temps dont nous aurons besoin pour cela, du moins je l'espère. Il nous en faut parfois plus que je ne le pensais, mais j'espère que nous pourrons terminer en une heure. De cette manière, nous pourrions présenter notre rapport la semaine prochaine, puis poursuivre notre étude sur la prorogation également.
Je pense que nous pourrions avoir besoin de temps pour discuter des travaux du Comité mardi prochain, question de bien établir notre plan de travail sur la prorogation et les autres études qui s'en viennent. Je pourrai vous dire jeudi si nous avons d'autres témoins prévus pour mardi prochain et de qui il s'agit.
Est-ce que cela vous convient si je prévois une heure pour l'étude de l'ébauche de rapport ce jeudi?
C'est parfait. Vous en recevrez avis sous peu. Je vous remercie.
La séance est levée.