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Monsieur le président, bon après-midi. Membres du comité, bonjour.
Je vous remercie de nous avoir invités à vous exposer les plans et les priorités de CBC/Radio-Canada. Nous sommes sensibles à l'intérêt que vous démontrez pour la radiodiffusion publique et au soutien que vous lui accordez.
Avant d'aborder le sujet principal de notre rencontre, j'aimerais prendre quelques instants pour commenter l'examen du mandat de CBC/Radio-Canada que vous venez de terminer.
Depuis mon entrée en poste, j'ai passé beaucoup de temps à écouter ce qui se disait autour de moi, à réfléchir, à m'entretenir avec nos employés, à rencontrer différents intervenants qui oeuvrent dans notre environnement et à me concentrer sur les enjeux auxquels fait face actuellement votre radiodiffuseur public national.
Naturellement, j'ai aussi pris connaissance de votre rapport et de ses 47 recommandations. J'avoue avoir été impressionné par la justesse des conclusions et des recommandations que vous avez formulées.
[Traduction]
Je commencerai donc par vous remercier tous. Merci d'avoir déployé tous ces efforts et d'avoir su rendre compte des opinions des Canadiens de toutes les régions du pays au sujet de la radiodiffusion publique et de CBC/Radio-Canada. Ce faisant, vous êtes parvenus à mettre en lumière l'importance de la radiodiffusion publique dans notre pays et la conviction, que je partage intimement, que CBC/Radio-Canada doit continuer à jouer un rôle pivot dans la vie sociale, culturelle et démocratique du pays.
Le fait que vous ayez rendu un aussi grand nombre de conclusions à l'unanimité est particulièrement significatif. Fait intéressant, vous avez reconnu clairement l'importance pour la société de pouvoir compter sur un financement stable dépassant l'actuel cycle de planification de douze mois. J'ajouterais que votre recommandation d'indexer le financement de CBC/Radio-Canada au coût de la vie est un premier pas nécessaire dans la mise en place d'un financement stable.
Mais ce qui prime par-dessus tout, c'est le fait que le comité ait reconnu de façon claire la nécessité de redéfinir les liens qui unissent CBC/Radio-Canada et les citoyens canadiens. Je ne saurais trop insister sur l'importance du protocole d'entente que vous proposez.
Ce document clarifiera dans l'esprit de tous les Canadiens la gamme des services que nous nous engageons à leur offrir, les ressources dont nous aurons besoin pour le faire et nous donnera les moyens de répondre à leurs attentes. Il permettra à CBC/Radio-Canada de continuer à évoluer en tant qu'institution culturelle essentielle à la vie de ce pays, en fonction des besoins et des objectifs reconnus par le gouvernement et le Parlement.
Ce mode de fonctionnement est indispensable. En effet, pour conserver sa pertinence dans la modernité, la radiodiffusion publique ne peut se contenter de l'immobilisme ni offrir une gamme de services moins attrayante au public canadien. Ce n'est pas ce que font ses concurrents, comme en témoignent les nouvelles émissions, les nouveaux produits et les nouvelles technologies qu'ils proposent. Le statu quo n'est donc pas une solution acceptable pour votre diffuseur public national. CBC/Radio-Canada se doit d'aller de l'avant. Elle doit s'adapter à la nouvelle diversité culturelle de la société canadienne et être une organisation souple.
J'ai la conviction que le protocole d'entente que vous proposez nous permettra d'atteindre cet objectif et de répondre aux besoins des Canadiens de manière efficace et responsable.
[Français]
Du point de vue de nos opérations, un protocole d'entente bâti sur une période de sept ans est l'encadrement dont nous avons besoin. Cet horizon à plus long terme nous permettra enfin de faire une planification plus efficace, de mieux organiser nos ressources, de mieux prévoir nos dépenses en immobilisations, de revoir notre infrastructure et de parvenir ainsi à lier nos objectifs stratégiques à nos ressources pendant toute la période du protocole d'entente.
De façon générale, votre rapport constitue un plan d'action que nous pourrons suivre, et nous sommes prêts à travailler immédiatement avec le gouvernement pour commencer la rédaction du protocole. Comme vous, nous attendons avec impatience la réponse que le gouvernement vous donnera à la fin du mois de juin.
Cependant, je voudrais insister sur l'urgence de mettre en oeuvre vos recommandations, et en particulier celle concernant la mise en vigueur du protocole d'entente. Les audiences du CRTC sur le renouvellement de nos licences pour une période de sept ans devraient normalement se tenir au cours de la deuxième moitié de 2009. Pour assurer une bonne gouvernance et une planification efficace de l'ensemble des services que nous offrons aux Canadiens, nous croyons que la teneur du protocole d'entente doit être la toile de fond de ces audiences. C'est pourquoi il faut, à notre avis, commencer au plus tôt à élaborer ce document.
[Traduction]
Passons maintenant à nos plans et à nos priorités. Depuis mon entrée en fonction comme président-directeur général de CBC/Radio-Canada il y a quatre mois, j'ai lancé un certain nombre d'initiatives officielles qui, je le crois, sont essentielles à l'avenir de la compagnie. Toutes ces initiatives s'articulent autour de trois priorités clés : nos gens, notre programmation et les stratégies à mettre en oeuvre pour relever les défis du nouveau paysage de la radiodiffusion. Ainsi, toutes nos actions et nos décisions reposeront sur ces trois axes et s'incarneront au sein d'un diffuseur public national intégré.
À CBC/Radio-Canada, tout ce que nous offrons—en radio, en télévision, sur Internet, de même que notre innovation en programmation et notre excellence journalistique—repose sur la créativité, l'intelligence et le dévouement de nos employés. Notre succès dépend par conséquent de nos gens. Leur engagement et leur appui à l'égard de nos orientations et de nos initiatives sont la condition essentielle de notre réussite.
En janvier, j'ai commencé à rencontrer régulièrement les employés de tous les secteurs de l'entreprise. À ce jour, j'ai visité plusieurs établissements, de Vancouver à Québec. J'ai assisté à des réunions en petits groupes pour le petit-déjeuner, écouté des exposés, arpenté les étages et passé du temps dans les cars de reportage et les installations de production. Je vais continuer à le faire tout au long de mon mandat.
Ces contacts m'ont permis de constater que nos employés se passionnent pour CBC/Radio-Canada et qu'ils sont engagés non seulement à offrir l'excellence en radiodiffusion publique mais à favoriser les changements que la transformation de notre milieu rend nécessaires. Ils sont prêts à passer à l'action. Ils ont la volonté de le faire. À nous de leur montrer comment le faire. Nos employés comprennent que si nous ne réussissons pas à nous adapter aux changements rapides qui surviennent dans l'industrie, nous serons rapidement dépassés.
[Français]
Il est essentiel de canaliser cette volonté de changement exprimée par nos employés afin de donner forme à nos orientations stratégiques, et ce, non seulement à l'intérieur de chaque secteur, média ou volet linguistique de nos services, mais à l'échelle complète de l'entreprise et de chacune de ses composantes.
Comme CBC/Radio-Canada réalise de nombreuses activités, qu'elle est présente sur de nombreuses plateformes et dessert un vaste territoire géographique, nous oublions souvent que nous faisons tous partie d'une seule et même grande entreprise. Nous devons penser et agir comme une seule organisation intégrée si nous voulons atteindre nos objectifs stratégiques.
D'ailleurs, cette façon d'agir nous permet de nous démarquer de notre concurrence. Permettez-moi de vous donner un exemple concret.
Lors de mon séjour à Vancouver, notre équipe des nouvelles venait de produire un reportage sur l'utilisation des pistolets Taser par la police. Le journaliste qui a fait le reportage était un francophone bilingue établi en Colombie-Britannique qui travaillait pour Radio-Canada. Le caméraman était un anglophone bilingue qui travaillait aussi pour Radio-Canada. Le recherchiste et le réalisateur de la radio étaient tous deux des anglophones de Toronto qui travaillaient pour la CBC.
Le reportage de cette équipe a ensuite été diffusé aux réseaux français et anglais de notre télévision. Le lendemain matin, il a été adapté pour diffusion nationale aux réseaux français et anglais de la radio. Nos sites Web de langue française et de langue anglaise l'ont ensuite repris en lui donnant une couverture plus approfondie, notamment en y greffant du contenu audio et vidéo en direct ainsi que des fichiers de baladodiffusion. Ce reportage a finalement été repris par d'autres services de presse dans diverses régions du monde.
[Traduction]
Je veux en fait vous dire qu'en travaillant ensemble, en mettant en commun nos forces et nos ressources, nous avons, dans le cas que je viens de mentionner, offert un service de meilleure qualité aux Canadiens, un service qu'aucun autre radiodiffuseur au pays ne peut leur offrir. La collaboration permet de réaliser de grandes choses. C'est ainsi que nous marquons notre différence, que nous acquérons un avantage concurrentiel. C'est cette différence que votre radiodiffuseur public national exploitera.
Comme je l'ai mentionné, l'une de nos priorités clés consistera à intégrer plus étroitement nos activités.
Vous venez de terminer récemment l'examen de notre mandat. Vous savez déjà que le changement caractérise l'industrie de la radiodiffusion : changements technologiques, évolution des caractéristiques de nos auditoires, changements démographiques et, par là, transformation des exigences auxquelles doit répondre le radiodiffuseur public.
Vous savez, tout comme nous, qu'en matière de radiodiffusion publique, les Canadiens ne sont pas tous à l'aise avec le changement. Vous avez sûrement eu vent des réactions qu'a suscité l'annonce des changements que nous souhaitons apporter à la programmation de Radio 2 et celle concernant l'orchestre de la CBC. Nous y sommes très sensibles mais nous ne pouvons nous dérober, et nous ne nous déroberons pas, aux choix difficiles et par conséquent, aux changements que nous jugeons nécessaires d'effectuer pour servir l'ensemble des Canadiens.
[Français]
Dans quelques semaines, CBC/Radio-Canada présentera les exploits de nos athlètes canadiens aux Jeux Olympiques d'été de Pékin. Cette couverture sera l'exemple parfait de l'engagement que nous remplissons 365 jours par année auprès de nos athlètes amateurs. Depuis quelques années, nous faisons figure de chef de file dans le développement de nouvelles technologies plus efficientes et plus efficaces pour la couverture de nos Jeux Olympiques. C'est d'ailleurs une des façons d'exprimer notre savoir-faire.
En revanche, dans nos opérations au quotidien, nous devons continuer à utiliser les ressources limitées dont nous disposons pour assurer la pertinence de nos services face à l'évolution des besoins de tous les Canadiens.
[Traduction]
Nous sommes actuellement à la recherche de moyens pour améliorer nos services, pour réaliser la transition vers le numérique et vers la télévision haute définition, et pour accroître notre production d'émissions. En chiffres réels, les crédits parlementaires que la société reçoit aujourd'hui sont inférieurs—en fait inférieurs de 400 millions de dollars—à ce qu'ils étaient il y a 15 ans. Pourtant, le public s'attend à ce que nous rendions nos services accessibles sur un nombre de plates-formes qui va toujours croissant, et que dire des coûts de production qui se sont multipliés? Il a fallu nous adapter. Nous ne pouvons laisser ces facteurs freiner notre innovation ou nous empêcher de prendre des risques. Nous devons veiller à ce que les Canadiens aient accès au plus large éventail possible d'émissions originales canadiennes et ce, au moment et sur les plates-formes de leur choix. À cet égard, le Fonds canadien de télévision est une ressource primordiale.
Tant et aussi longtemps que j'assumerai la direction de CBC/Radio-Canada, nous travaillerons à la réalisation de notre mission de création en tant qu'entreprise intégrée, en tissant des liens entre nos employés et entre les Canadiens, en faisant preuve d'innovation et en défendant les intérêts de l'ensemble de la population du pays.
Je serai maintenant heureux de répondre, avec mes collaborateurs, à vos questions.
Merci.
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Merci, monsieur le président, et merci, MM. Lacroix, Lafrance et Stursberg, d'être ici. Je suis heureux que vous ayez pu venir aujourd'hui.
J'ai remarqué, comme l'a fait M. Coderre, le changement de terminologie qui ressort clairement de votre déclaration préliminaire, dans laquelle vous avez parlé, au sujet de la CBC, de compagnie et non pas de société ou autre terme. Je pense que c'est un choix délibéré de votre part et l'on pourrait sans doute avoir une discussion fort intéressante à ce sujet. Je ne suis pas sûr d'aimer le nouveau terme mais ce n'est pas sur cet aspect que j'aimerais centrer les questions que je vais poser cet après-midi.
Je suis d'accord avec vous sur certains points que vous avez abordés dans votre exposé. Vous avez dit que la CBC était une institution culturelle essentielle pour le Canada et je ne pense pas qu'il y ait dans la salle quelqu'un qui s'opposerait à cette affirmation. Vous dites que la CBC offre un service qu'aucun autre radiodiffuseur ne peut offrir et je pense que tous ceux qui sont à la table ici s'entendent sur ce point. Vous parlez de construire des ponts avec vos auditoires et avec la société canadienne, et là encore, je suis d'accord avec vous.
Il y a toutefois un secteur de votre auditoire qui estime maintenant qu'on a fait sauter un pont, si je peux m'exprimer ainsi, et ce sont les gens qui écoutaient avec plaisir les émissions de musique classique de la CBC pendant des années, en particulier sur CBC Radio 2. Je sais que vous avez certainement entendu leurs nombreux commentaires; je sais que j'en ai entendus et qu'un bon nombre d'entre eux se sont réunis sur Facebook, par exemple, où je crois que 15 000 de ces auditeurs protestent contre les changements intervenus à la CBC.
Vous parlez des institutions culturelles canadiennes essentielles, et pour beaucoup d'entre nous, qui venons de la région de Vancouver, l'orchestre de la Radio de la CBC est une de ces institutions culturelles essentielles. En fait, c'est une des rares institutions culturelles nationales que l'on trouve ailleurs que dans l'est du Canada, et une institution que chérissent particulièrement de nombreux résidents de Vancouver et du Lower Mainland, pour cette raison.
Je pense que d'autres auditeurs se posent des questions au sujet de la permanence du soutien apporté aux musiciens et aux compositeurs de musique classique au Canada avec l'abandon de l'émission Young Composers Competition (concours de jeunes compositeurs) de la CBC, et tous les changements survenus à Radio 2. Je pense que la plupart des auditeurs qui s'intéressent à la musique classique voient là une dévalorisation significative de ce service.
Il y a beaucoup de gens que tout cela inquiète. Il y a des résidents des villes, parce que la plupart de nos villes n'ont pas de station radio commerciale qui diffuse de la musique classique. Ce n'est pas un domaine dont s'occupe le secteur privé—je crois qu'il y en a quelques-unes à Montréal et à Toronto mais à part ces deux villes, je ne pense pas qu'il y en ait. Il n'y a pas de postes de radio commerciaux qui diffusent de la musique classique dans les régions rurales du Canada, et les habitants de ces régions dépendent presque exclusivement de la CBC pour avoir accès à de la musique classique.
Ils veulent savoir pourquoi cela a été supprimé. Pourquoi a-t-on abandonné tous les auditeurs de musique classique? Pourquoi a-t-on abandonné des auditeurs fidèles qui sont peut-être les défenseurs les plus dévoués de la CBC? Pourquoi en particulier à Vancouver, où Radio 2 connaissait un succès particulièrement éclatant et dont le nombre d'auditeurs était déjà en chute libre? Pourquoi tout cela, monsieur Lacroix?
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Merci. Je tiens à vous remercier d'être venus, parce que, comme vous le savez, nous avons estimé, après la publication de notre rapport, que nous voulions savoir comment vous alliez réagir à ce rapport et comment vous alliez mettre en place certaines recommandations contenues dans ce rapport.
J'ai noté dans vos remarques préliminaires que vous avez parlé du fait qu'il était urgent que le gouvernement mette en oeuvre le rapport et adopte un protocole d'entente. Je suis d'accord avec vous sur ce point. Je trouve qu'il est dommage que cela n'ait pas encore été fait ou du moins que le gouvernement n'ait pas encore réagi mais il faut savoir que le protocole d'entente va prévoir des mécanismes qui vont obliger la CBC à rendre des comptes. C'est la raison pour laquelle je vais vous poser une question au sujet d'un aspect que nous avons signalé dans notre rapport, qui découlait du rapport de la vérificatrice générale, et qui concernait les six domaines dans lesquels nous vous demandions d'élaborer des indicateurs de rendement. Je ne sais pas si vous l'avez remarqué, mais le rapport contient une recommandation au sujet des indicateurs de rendement et c'est pourquoi j'espère que nous obtiendrons vos commentaires, lorsque nous aborderons la question du protocole d'entente.
J'aimerais que vous nous disiez pourquoi ces indicateurs n'ont pas encore été élaborés. Pensez-vous le faire dans le cadre de votre structure de responsabilisation? Pourquoi est-il si difficile pour la radiotélévision anglaise et française de présenter des rapports au sujet des indicateurs de rendement? Vous pourriez peut-être nous expliquer pourquoi.
Mon collègue, Bill Siksay, a déjà posé ma seconde question qui portait sur l'orchestre de la radio CBC de Vancouver. Je dois dire que, si vous avez respecté votre mandat en privilégiant désormais les orchestres régionaux pour la radio, les gens comme moi, qui vivent à Vancouver et qui devront trouver des sources de financement pour leur orchestre, se trouvent placés dans une situation difficile. Mais c'est sans doute la façon dont évoluent les choses.
Je voudrais également que vous répondiez à une autre question. Vous dites dans votre rapport que vous voulez que la radio de la CBC devienne une institution culturelle essentielle au Canada. Je pense que pour y parvenir, cette radio doit non seulement avoir une portée nationale mais elle doit également avoir une portée régionale pour qu'elle puisse présenter les Canadiens des différentes régions aux autres Canadiens.
Pendant notre examen, nous avons entendu des témoins de plusieurs régions du Canada qui nous ont dit qu'ils ne recevaient pas la radio de la CBC, que les diffusions dans leurs régions avaient été supprimées. Comment expliquez-vous cette situation? Je sais qu'il s'agit d'infrastructures et qu'il faut avoir des infrastructures, et j'aimerais que vous nous disiez quelle est l'infrastructure dont vous auriez besoin pour élargir le territoire que vous couvrez?
Merci.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais me joindre à M. Siksay et exprimer mes inquiétudes au sujet de la réduction des programmes de musique classique de la Radio 2 de la CBC.
Je sais très bien que la CBC est une société d'État. Elle est indépendante du gouvernement. Je sais que le rôle du comité ne consiste pas à intervenir dans les décisions opérationnelles quotidiennes. Je ne pense pas non plus que ce soit là le rôle de notre gouvernement. Néanmoins, tous les membres du comité représentent individuellement les électeurs de leur propre circonscription et je vais vous transmettre certaines préoccupations dont mes électeurs m'ont fait part.
Abbotsford est ma circonscription. C'est une belle ville, une ville musicale. En fait, vous serez peut-être surpris de savoir que depuis cinq ans, quatre des finalistes de Canadian Idol venaient d'Abbotsford. Je pense que tous ces finalistes, que ce soit Greg Neufeld, Shane Wiebe, Jacob Hoggard, Hedley ou Karen-Lee Batten, avaient une formation soit en musique classique soit en chant choral. Il est vrai qu'ils sont maintenant passés à d'autres types de musique, que ce soit de la musique country, pop ou rock.
Je me demande comment nous allons juger votre décision de réduire les émissions de musique classique offertes sur Radio 2. Je crains fort que, si nous continuons dans cette direction, il y aura dans quelques années de moins en moins de Canadiens qui vont, premièrement, apprendre à aimer la musique classique, et moins de Canadiens qui auront la possibilité de s'intéresser à la musique classique au point d'acquérir des connaissances musicales de façon à ce qu'ils puissent également jouer d'autres formes de musique.
Je vous pose donc directement la question. Comment allez-vous juger cette décision? Par rapport à quelle norme va-t-on dire que votre décision de supprimer l'orchestre de la CBC, et de réduire les émissions de musique classique sur la Radio 2 de la CBC constitue un échec ou une réussite?
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Je vais essayer de le faire, monsieur le président.
Je félicite M. Fast d'avoir posé toutes ces questions. Je signale en passant que M. Fast est un excellent pianiste et qu'il s'intéresse beaucoup à la tradition musicale, notamment.
J'ai remarqué que l'on avait changé la programmation de Radio 2. Je conduis beaucoup et nous en sommes arrivés à un point où si je cherche de la musique classique—je n'en écoute pas tant que ça mais lorsque j'en cherche, j'en suis arrivé au point où je me dis qu'il vaut peut-être mieux ne pas écouter Radio 2 parce qu'on ne sait jamais ce qu'on va entendre. J'ai de la musique de bar-salon le dimanche après-midi et ensuite, il y a du jazz ou autre chose.
C'est pourquoi je me demande si—dans la région de Montréal—il y a un autre poste de radio que je pourrais écouter et où je serais sûr d'entendre de la musique classique? À l'heure actuelle, je ne pense pas que je puisse en entendre autant qu'avant avec Radio 2 ni avec le même genre d'analyse détaillée. Je n'ai donc pas encore trouvé ce que je voulais.
Je me demandais si vous ne risquez pas, en élargissant trop le genre de musique diffusée—sur le plan de la commercialisation—que les gens disent...?Vous savez que les caractéristiques démographiques ou psychographiques—quel que soit le nom que vous voulez leur donner—des auditeurs qui écoutent les chanteurs-compositeurs ne sont pas les mêmes que celles de ceux qui écoutent le jazz, le blues ou la musique classique. Ne risquez-vous pas d'en arriver à un point où les auditeurs des grandes villes qui ont d'autres sources radio de musique classique vont tout simplement cesser d'écouter Radio 2, de sorte que vous allez voir vos cotes d'écoute diminuer? Ceux qui préfèrent la musique populaire vont tout simplement écouter les radios commerciales et vous reviendrez ici nous dire que votre auditoire ne représente plus que 1 p. 100. N'est-ce pas un risque sur le plan des parts de marché?
Deuxièmement, en sommes-nous arrivés à un point—pour revenir à la remarque qu'a fait M. Coderre au début, qui est que la CBC est une compagnie mais que ce n'est pas Protor and Gamble—où nous faisons trop de segmentation? Bien sûr, je pense au cas Claude Dubois. Je me rendais à Ottawa en voiture ce soir-là et j'écoutais l'émission à la radio, c'était excellent. Il y avait une partie de l'émission qui était réservée à M. Dubois et à certaines de ses chansons en français. Lorsque je suis arrivé à la Chambre des communes le lendemain et que j'ai entendu toutes ces plaintes, j'ai dit : « De quoi parlez-vous? J'ai écouté l'émission et elle était très équilibrée » mais à la télévision, ce n'était pas le cas.
J'aimerais avoir vos commentaires sur ces deux points.
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Je m'occupais auparavant de câblodiffusion et de télévision par satellite.
Je pense que ce que Sylvain vous a dit pour décrire la situation au sujet du marché québécois et le caractère central que jouent les diffuseurs conventionnels est tout à fait exact et il l'a exprimé de façon très jolie en disant : « c'est un peu comme le canari dans le puits de mine ».
Ce qui se passe dans le marché de Montréal est un peu ce qui commence à se passer dans le Canada anglais. La question qui se pose à nous à l'heure actuelle est que, si nous voulons préserver—et c'est exactement la même chose en anglais—de bons services de nouvelles, de bons services de nouvelles régionales, des émissions dramatiques canadiennes, ce qui est très coûteux, il faut toujours que les radiodiffuseurs conventionnels le fassent.
Ces derniers se retrouvent dans une situation très bizarre—par « ces derniers » je veux dire nous, CTV et Global—parce que les chaînes spécialisées, qu'il s'agisse de TSN ou d'autres, ont accès à deux formes de revenus. La première vient des compagnies de câblodistribution et de satellite, qui leur versent des redevances et la deuxième, ce sont les revenus de publicité. Nous disons que, s'il est important pour l'ensemble de ce secteur que nous continuions à produire des émissions dramatiques, des émissions de nouvelles et des émissions régionales, notamment, alors il faudrait que tout le monde ait accès aux mêmes sources de revenus.
Nous avons donc dit à la commission qu'elle devrait effectivement informer les entreprises de câblodiffusion qu'elles devraient verser des redevances aux télédiffuseurs conventionnels. Mais nous avons dit que ces redevances devaient être reliées à des engagements en matière de programmation. Il faut qu'elles soient reliées à des émissions produites par ces entreprises et non pas tout simplement versées dans leur budget pour améliorer leur rentabilité.
Nous savons que beaucoup de gens ont demandé si un tel système aurait pour effet d'augmenter les tarifs de base du câble, ce qui nous a amené à ajouter une autre chose très importante. À l'heure actuelle le service de base, si vous vivez à Toronto, comprend plus de 60 chaînes. C'est un service de base considérable auquel les entreprises de câblodiffusion continuent d'ajouter des chaînes. Nous avons dit pourquoi ne pas simplifier les choses? Offrons un service de base très restreint qui comprendrait uniquement les principales chaînes canadiennes.
À l'heure actuelle, il est drôle de constater—et c'est un peu paradoxal—que, si vous voulez acheter le service de câble de base, vous êtes pratiquement obligé d'acheter des chaînes américaines.
C'est pourquoi nous avons dit réduisons le service de base et ensuite, les gens pourront choisir les chaînes qu'ils souhaitent avoir. De cette façon, si l'on faisait passer ce service de 60 à 12 ou 10 chaînes, on peut imaginer que le prix du service de base diminuerait énormément et que les consommateurs auraient une grande liberté pour choisir les chaînes qu'ils souhaitent recevoir et pour mieux contrôler leur propre facture de service de câble. Voilà quelle est notre proposition.