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Je vous souhaite à tous la bienvenue à la 37
e réunion du Comité permanent du patrimoine canadien.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous étudions des questions relatives au Fonds canadien de télévision.
Nous accueillons ce matin par vidéoconférence Mme Valerie Creighton, présidente du Fonds canadien de télévision, M. Stéphane Cardin, vice-président de la politique stratégique et des relations avec l'industrie, et M. Paul Gratton, président du conseil d'administration.
Félicitations, monsieur Gratton, pour votre récente nomination.
J'ai juste une chose à dire avant que nous entendions votre bref exposé. L'autre jour, quand nous étudiions le rapport du CRTC portant entre autres sur le Fonds canadien de télévision, et que nous faisions des conjectures sur ce qu'il voulait dire, il m'a semblé qu'il y avait beaucoup d'interprétations et que nous sautions d'un sujet à l'autre. Nous avons alors cru bon de convoquer des personnes à notre réunion d'aujourd'hui qui, espérons-le, répondront aux questions, pour que nous ne tournions pas seulement autour du pot, n'allions pas dans tous les sens.
Bienvenue.
Qui va faire la déclaration? Monsieur Gratton, voudriez-vous commencer, s'il vous plaît?
Tout d'abord, je tiens à m'excuser de ne pas avoir préparé de mémoire écrit. Je crois comprendre que les témoins présentent habituellement un résumé écrit d'une dizaine de minutes, ce qui aide pour l'interprétation. Mais nous avons été invités à comparaître tard vendredi et j'occupe ce poste depuis moins d'une semaine. Je n'ai même pas de carte professionnelle encore. J'ai invité deux personnes qui m'aideront à vous donner des informations exactes et à répondre à vos questions. Je pense que nous sommes ici aujourd'hui avant tout pour répondre à vos questions.
Pour commencer, j'aimerais faire quelques observations sur le rapport du CRTC, d'après ce que j'ai pu constater après avoir occupé ce poste pendant une semaine et fait des rencontres préliminaires avec différentes personnes. Nous avons eu une réunion du conseil d'administration.
J'estime que le CRTC a passé pas mal de temps à analyser de manière rigoureuse et approfondie les nombreuses questions complexes qui lui ont été soumises. C'est un rapport bien réfléchi à bien des égards. Nous sommes satisfaits d'un grand nombre des recommandations, et nous respecterons toutes les décisions que le ministère du Patrimoine prendra en réaction à ces dernières.
Cela dit, je pense que nous avons dit publiquement à l'audience avoir certaines préoccupations à l'égard de l'approche à deux volets et à deux conseils avec une division entre les secteurs public et privé au beau milieu. Nous avons annoncé publiquement que nous préférons une approche à volet unique pour toutes sortes de raisons, y compris la capacité à coordonner les deux secteurs.
À mesure que nous passons en revue le rapport, nous sommes un peu inquiets du fait qu'il n'y a pas beaucoup de contenu sur la manière dont le secteur public serait administré. De nombreux modèles pourraient être appliqués au secteur public. On pourrait revenir à une évaluation téléphonique en fonction de critères artistiques et esthétiques. On pourrait diviser le secteur public en enveloppes distinctes uniquement en fonction de l'accès historique. On pourrait répartir le secteur public en enveloppes dont la taille et la nature changeraient selon une mesure quelconque. Le rapport est très vague sur ce qui arriverait au secteur public. Mais pour ce qui est du secteur privé, il semble se dégager un consensus pour dire que les enveloppes de radiodiffusion ou de rendement constituent la voie à suivre et que l'élargissement de l'auditoire sera le principal critère pour le rajustement des enveloppes d'année en année.
Par conséquent, les diffuseurs qui seraient confiés au secteur public ont presque tous été quelque peu consternés par le fait d'être, d'après eux, « ghettoïsés » dans un secteur où le financement risque de ne pas augmenter. J'ai remarqué que l'une des propositions que vous avez examinées vise à indexer le pourcentage de l'enveloppe de radiodiffusion de la SRC/CBC, telle qu'elle est à l'heure actuelle, à la croissance du secteur privé.
Vendredi, les diffuseurs d'émissions éducatives ont publié un communiqué, une déclaration dénonçant quel serait leur sort dans le secteur public, dans l'éventualité où Patrimoine canadien accepte les recommandations du CRTC. Ils craignent eux aussi d'être « ghettoïsés », d'être coincés dans un fonds qui n'augmente pas.
Aux fins de la discussion, je suggérerais dans un premier temps que si vous envisagez de présenter une recommandation sur l'indexation, celle-ci devrait s'appliquer à tout le secteur public pour que son enveloppe augmente proportionnellement à celle du secteur privé.
Je suis d'avis que si Patrimoine canadien, dans sa sagesse, décide d'accepter les recommandations du CRTC et de séparer complètement les fonds des secteurs public et privé, il incombera à Patrimoine canadien à ce moment-là, s'il approuve cette recommandation, d'accepter les responsabilités associées à la division du financement. Il devrait notamment être responsable du financement pour tous les télédiffuseurs du secteur public sans but lucratif. C'est inhérent à l'acceptation de cette recommandation. Voilà pourquoi il est plus logique d'indexer tout le secteur public pour que son enveloppe augmente concurremment à celle du secteur privé que de simplement dire que la SRC/CBC le mérite, mais pas les diffuseurs d'émissions éducatives ou qui que ce soit d'autre.
Je me rends compte que c'est complexe. Les télédiffuseurs éducatifs relevaient autrefois des provinces. C'est donc assez complexe, mais je ne peux pas imaginer un système où la SRC/CBC pourrait avoir droit à une indexation, mais pas les télédiffuseurs éducatifs.
Comme je l'ai dit, nous préférerions avant tout un volet de financement unique avec un seul conseil. Je dirais que si la méthode à deux volets est adoptée, nous préférerions quand même avoir un seul conseil qui pourrait se diviser en deux sous-comités. Nous avons actuellement un modèle comme celui-là à Téléfilm avec le Comité consultatif sur le long métrage, auquel j'ai siégé ces dernières années. Nous nous réunissons en groupe. Nous discutons de questions d'intérêt commun. Nous repartons ensuite chacun de notre côté, et suivons nos obsessions et préoccupations asymétriques parce que les deux marchés cinématographiques au Canada français et au Canada anglais ne sont pas complètement différents, mais sensiblement différents. Nous finissons par nous réunir et veillons à ce qu'un secteur n'ait pas pris de décisions qui dérangent le système ou qui ont une incidence sur son équilibre général.
Je dirais qu'avoir un conseil pour surveiller deux volets, si nous nous retrouvons effectivement avec deux volets, aurait énormément d'avantages parce que les complexités ici sont immenses. L'une des plus grandes crises, et il y en a eu quelques-unes dans l'histoire du Fonds canadien de télévision, a été lorsque des programmes de droits de diffusion étaient administrés par le FCT et qu'un programme de participation au capital était géré par Téléfilm avec des échéanciers et des critères d'évaluation différents. Les producteurs étaient pris entre l'arbre et l'écorce et ce fut le chaos. Patrimoine canadien a dû décider quels étaient les rôles précis et respectifs de Téléfilm et du FCT.
Je vous dis aujourd'hui que si vous aviez deux conseils complètement distincts et que vous établissiez des critères complètement distincts pour l'administration de ces deux fonds, malgré vos meilleures intentions, vous vous retrouveriez probablement avec toutes sortes de crises imprévues, étant donné qu'il n'y aurait aucune coordination centrale.
Je vais vous donner un exemple simple de ce qui arrive à un producteur qui veut présenter une émission artistique et se voit accorder un premier créneau de diffusion à la SRC/CBC du côté du secteur public, conformément à des règles que nous pouvons seulement imaginer, et un second créneau du secteur privé. Comment cela influe-t-il sur le calcul? Sur l'accès? Pouvez-vous garantir que les deux secteurs assureront une coordination?
Si nous optons bel et bien pour deux volets, je préférerais que nous gardions un seul conseil central, pour qu'il y ait une coordination entre les deux secteurs et non pas le chaos. Cela respecterait quand même l'esprit de la recommandation du CRTC.
Comme je l'ai dit, nous préférerions toutefois — et rien ne nous a vraiment fait changer d'idée — avoir le volet unique que nous avons actuellement, qui est à bien des égards un partenariat fructueux entre les secteurs public et privé. Malgré tout le passé du FCT, nous avons fini par réagir très positivement à presque chaque problème que nous avons rencontré. Dans le discours de remerciement que j'ai fait à Banff, j'ai mentionné que le FCT a été le point chaud de chaque lutte sectorielle possible entre les EDR, les diffuseurs, les secteurs public et privé, les francophones et les anglophones et les producteurs, mais que nous avons pourtant toujours fini par résoudre nos différends, enterrer la hache de guerre, trouver sans cesse de meilleures règles, et passer à autre chose.
À certains égards, le Fonds canadien de télévision, qui a connu de nombreuses crises et des résultats inattendus, est toujours parvenu à reconnaître que chaque secteur est captif de la bonne volonté de l'autre, et le fonds que nous avons aujourd'hui et l'appui général que nous avons obtenu de la plupart des secteurs de l'industrie à l'audience du CRTC témoignent de la capacité des gens à penser raisonnablement et à agir de manière à ce que ce soit mutuellement avantageux, reconnaissant que personne n'obtiendra exactement ce qu'il veut. Il n'existe aucune méthodologie parfaite pour distribuer des fonds, mais année après année, nous avons perfectionné le modèle et nous nous approchons de la perfection.
À l'heure actuelle, le danger de séparer le fonds en deux, c'est plus particulièrement que le secteur public n'aurait aucune ligne directrice ni aucune idée de la manière dont il serait administré; il faut aussi veiller à ce que cela n'engendre pas de problèmes imprévus avec le secteur privé qui semble bien fonctionner.
Je me suis un peu écarté du sujet. J'espère que l'interprète a pu me suivre.
C'est mon observation générale après une semaine. Je suis accompagné de personnes qui pourront répondre à vos questions si jamais je ne le peux pas.
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Gratton, monsieur Cardin, madame Creighton, c'est un plaisir renouvelé de vous saluer à nouveau. On apprend beaucoup de choses quand on va au Festival international de télévision de Banff. On prend le pouls de ce qui se passe, donc, notamment, on a des nouvelles de l'avenir du Fonds canadien de télévision.
Nous, les libéraux, sommes un peu inquiets, comme vous, de voir deux entités différentes. Il nous semble qu'on assiste à la ghettoïsation des ondes. Il y a le privé d'un côté et le public de l'autre.
Une des raisons pour lesquelles vous êtes ici aujourd'hui est qu'il y avait une motion pertinente du Bloc québécois sur l'avenir du financement de Radio-Canada/CBC par le Fonds canadien de télévision. Je vous avoue que je partage votre point de vue sur l'avenir et sur les tenants et aboutissants du fonds comme tel. Cependant, je pense qu'on devrait discuter de certains points.
Qu'entendez-vous par accès historique? Je suis d'accord pour qu'on assure le pourcentage de 37 p. 100 de Radio-Canada/CBC. Par ailleurs, quand on parle d'accès historique, ce pourcentage porte-t-il sur l'ensemble de l'enveloppe, ou s'agit-il de s'assurer qu'on ait exactement le même montant qu'avant, et que l'indexation vienne couvrir le manque à gagner, ce qui serait financé par Patrimoine canadien? Est-ce bien ce que vous comprenez, monsieur Cardin?
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Puisque je ne peux pas voir quand Paul ou Stéphane vont prendre la parole, je ne voulais pas les interrompre.
Dans notre étude de ce dossier, si nous prenons du recul et examinons la question stratégique dans son ensemble, la question que nous devons nous poser au FCT, c'est toujours ce que nous essayons d'atteindre. Comme nous l’avons mentionné dans notre exposé, nous croyons que le système du FCT réalise les objectifs de la Loi sur la radiodiffusion et d'un système régi par le marché.
Si vous jetez un oeil aux types de projets que nous finançons — et je sais que depuis que le rapport du CRTC a été publié, nous sommes tous très intéressés de savoir quel radiodiffuseur appartient à quel volet —, nous devons nous rappeler que le FCT a une obligation juridique envers le producteur même.
Maintenant, puisque le producteur doit avoir des droits de diffusion, on peut établir que si un projet est plus commercial de nature, il relèvera du secteur privé. Mais ce qui est bizarre, c’est que je ne crois pas qu'aucun radiodiffuseur au pays, qu'il soit public ou privé, va entreprendre de produire une émission qui ne va pas rejoindre un auditoire et être un succès sur le plan commercial. En fait, si nous regardons la SRC/CBC, bon nombre de leurs récentes productions ont enregistré une cote d’écoute très élevée, certainement assez élevée pour pouvoir faire concurrence à celles du secteur privé.
Malgré les 37 p. 100 qui ont été attribués au fonds par l’entremise d’un accord de contribution… Et je crois que M. Coderre a posé une question sur l’accès historique. Ce chiffre a été donné au FCT dans le cadre de l’accord de contribution. Si nous regardons l’historique de financement du FCT préalablement au changement administratif, quand nous avons assuré l’administration de la programmation à Téléfilm, la SRC/CBC obtenait souvent jusqu’à 50 p. 100 du financement octroyé dans le cadre du FCT pour différents projets que nous finançons par l’entremise du producteur même, qui se trouve à avoir des droits de diffusion de la SRC/CBC. Nous ne sommes pas certains de ce qui explique les 37 p. 100 en fait, car la part du financement de la SRC/CBC a souvent été plus élevée dans le passé.
Mais nous pouvons faire fonctionner n'importe quoi. Il nous semble seulement que du point de vue de la logique et de l’efficience administrative, nous avons maintenant un système qui, comme Paul l’a dit, peut analyser toute l’industrie et assurer la surveillance, et nous essayons de répondre aux exigences actuelles de l’accord de contribution sur la division linguistique, le financement de la programmation autochtone et des émissions régionales, etc. Nous allons certainement examiner les deux volets.
De toute évidence, comme tout le monde, nous venons juste de recevoir le rapport. Nous sommes en train d'entreprendre un certain nombre d’exercices de modélisation à partir des recommandations du rapport pour voir si nous pouvons déterminer et prévoir des conséquences imprévues, pour que lorsque nous répondrons à Patrimoine canadien, nous puissions lui donner des données statistiques concrètes sur l’incidence de la division de l’APTN, comme il a été suggéré, sur l’incidence de la recommandation d’instaurer un crédit d’impôt, etc. D’un point de vue technique, nous accomplirons tout le travail.
Mais sur le plan philosophique, notre but consiste à produire la meilleure émission au pays et à rejoindre un large auditoire, peu importe qui est le radiodiffuseur.
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Oui, pour ce qui est de la question du processus de planification.
Jusqu’à présent à tout le moins, le Fonds canadien de télévision a toujours reçu du financement de la part du gouvernement fédéral sur une base annuelle seulement. À l’exception de l’année de crise, nous n'avons jamais été prévenus que notre financement n'était pas que pour un an. L’année où les deux EDR ont cessé leurs paiements, le ministre de l’époque a annoncé un programme de financement de deux ans pour le fonds. Nous en sommes maintenant à la dernière année, si bien que le gouvernement lui-même devrait changer la façon dont il a financé le FCT dans le passé pour s'employer à élaborer un plan quinquennal.
Sur quoi se fonderait-on pour réévaluer le montant alloué à la SRC/CBC? Qu’essaie-t-on d’accomplir au moyen de cette source de financement particulière? Quand le fonds est passé au système des enveloppes de rendement du télédiffuseur, la raison pour laquelle l'accès historique a représenté un fardeau aussi lourd au départ, non seulement pour la SRC/CBC, mais aussi pour tous les radiodiffuseurs, c’est que nous devions commencer ce système quelque part. Nous avons examiné les habitudes passées de l'ensemble des radiodiffuseurs pour ce qui est des droits de diffusion, et l’accès historique est devenu l’un des facteurs pris en considération dans l’enveloppe de rendement du télédiffuseur. Nous cessons lentement de tenir compte de ce facteur dans le calcul de l’enveloppe, comptant beaucoup plus sur l’auditoire.
La complexité entourant la SRC/CBC repose sur le fait que le montant équivalant à 37 p. 100 des ressources financières a toujours été garanti. Les cotes d’écoute n’étaient jamais un facteur pris en considération dans le calcul, même si elle était tout à fait disposée à ce qu’elles le soient. Je veux seulement dire que ce serait un peu difficile pour nous de planifier pour cinq ans quand, dans le passé à tout le moins, le gouvernement fédéral nous octroyait notre financement sur une base annuelle.
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À titre d'information, j’ai siégé en tant que représentant des radiodiffuseurs au conseil à cinq reprises au cours de son existence. Dans les faits, j’y ai siégé sous la gouvernance de tous les présidents précédents pendant au moins un an. J’ai été là en fait pour chaque grande crise. Celle à laquelle j'ai fait allusion était une crise majeure — ce n’est pas la seule, mais c'était une crise majeure où les producteurs étaient vraiment coincés entre des structures administratives qui ne communiquaient pas particulièrement à ce moment-là. Ce fut le chaos.
Là encore, comme toujours, les mêmes personnes se sont réunies et ont réglé le problème. Bien franchement, c'est Patrimoine canadien qui est intervenu dans ce cas-ci, ce qui a divisé l’Église et l’État et a établi que le FCT, par l’entremise de son conseil, serait le dépositaire chargé des politiques, des orientations et des lignes directrices, et que Téléfilm serait l’administrateur des lignes directrices et le responsable des communications avec la clientèle. Cet arrangement a très bien fonctionné, et c'est l'harmonie depuis.
Le problème, c’était qu’il y avait deux ensembles de règles, qui n’étaient pas coordonnés de manière centralisée pour le fonds. À cette époque, l’approche de Téléfilm à la participation au capital n’a pas été soumise au conseil d’administration du FCT, et n’aurait pas dû l’être non plus, puisque Téléfilm ne relevait pas de nous. Selon moi, la coordination est essentielle, même si vous acceptez les deux volets distincts. Ce n’est pas parce que je crois que le ciel va nous tomber sur la tête, mais simplement que quelque chose de terrible va se produire que personne ne peut anticiper, malgré les meilleures intentions. C’est garanti — c’est l’histoire de ce fonds.
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C’est un système compétitif, qui est réparti par genre et par langue entre les différents télédiffuseurs. Nous avons quatre facteurs de rendement qui entrent en jeu : l’accès historique dont nous avons parlé, le succès auprès de l’auditoire, les droits de diffusion des productions régionales et les droits de diffusion supérieurs à la moyenne. Il y a là un incitatif pour encourager les télédiffuseurs à payer des droits de diffusion plus élevés.
Pour les facteurs actuels qui entrent en ligne de compte dans le marché anglophone, le succès auprès de l’auditoire compte pour 40 p. 100, les droits de diffusion supérieurs à la moyenne, pour 10 p. 100, les droits de diffusion des productions régionales, pour 20 p. 100, et l’accès historique, pour 30 p. 100. C’est un peu différent pour le marché francophone; l’accès historique, qui est toujours le facteur prédominant, compte pour 45 p. 100, le succès auprès de l’auditoire, pour 30 p. 100, les droits de diffusion supérieurs à la moyenne, pour 15 p. 100, et les droits de diffusion des productions régionales, pour 10 p. 100.
Chaque année, les télédiffuseurs soumettront le total des heures d’écoute pour des émissions que le FCT a financées au cours de l’année de diffusion précédente de même que le nombre — et c’est un peu plus complexe — de FCT-recevables, comme nous les appelons. Ce sont des émissions que nous n’avons pas financées, peut-être parce que le télédiffuseur a réussi à les financer sans notre participation, mais qui auraient pu être admissibles conformément à nos lignes directrices.
Ces données sont analysées par notre personnel. Elles sont stockées dans une partie sécurisée de notre site Web en vue d'être examinées par d’autres télédiffuseurs. Elles constituent la base de calcul du succès auprès de l’auditoire. De plus, les droits de diffusion versés sont pris en compte pour calculer les droits de diffusion supérieurs à la moyenne et les droits de diffusion des productions régionales. On met tous ces éléments ensemble et, comme je l’ai dit tout à l’heure, c’est un système compétitif. Essentiellement, c’est selon le rendement des télédiffuseurs; leurs allocations augmenteront ou diminueront d’une année à l’autre.
Une chose dont il a été question à l’audience, comme Valerie l’a dit, c’est qu'au moment où nous avons créé le système, nous avons dû commencer par quelque chose, si bien que nous avons commencé par l’accès historique, mais ce facteur a perdu de l'importance avec les années. L’une des suggestions formulées dans le rapport du CRTC, c’est que nous éliminions maintenant ce facteur, que nous accordions plus d’importance au succès auprès de l’auditoire et que conservions les facteurs des droits de diffusion des productions régionales et des droits de diffusion supérieurs à la moyenne, mais qu'ils soient plafonné à 30 p. 100.
Notre personnel est maintenant en train de faire des simulations à partir des résultats de l’an dernier dont nous disposons, et nous serons en mesure de les présenter bientôt.
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On dramatise peut-être effectivement, mais ce sont les paroles de certains des télédiffuseurs du secteur privé. Ils estiment qu’ils seraient « ghettoïsés » s’ils étaient coincés dans un fonds qui n’augmentait pas. Bien franchement, si une indexation était acceptée, ce qui ferait en sorte que le financement du secteur public augmenterait au même rythme que celui du secteur privé — là encore, je ne veux pas leur faire dire ce qu'ils n'ont pas dit —, je crois qu'un grand nombre de leurs préoccupations seraient dissipées.
Le coût de production augmente au même rythme pour tout ce qui est produit, comme pour les télédiffuseurs publics et les télédiffuseurs privés, si bien que l'idée d'être coincés dans un fonds qui risque de ne pas augmenter et d’être l'objet de compressions, selon la situation politique et les priorités du gouvernement, est source d'anxiété, car ces gens sont aussi proportionnellement dépendants du fonds que le sont les télédiffuseurs privés. C’est ce que je voulais dire par ghettoïsation.
On pourrait croire que certains d’entre eux se seraient dits ravis d’être soustraits à la nécessité de se battre pour les cotes d'écoute contre les radiodiffuseurs traditionnels qui, par leur nature, sont très différents, ont des moyens différents d'accrocher et de conquérir des auditoires et ont des mandats différents qui leur valent des récompenses pour avoir les cotes d'écoute les plus élevées possible, tant pour ce qui est des recettes publicitaires que de la satisfaction de leurs actionnaires. Dans l’ensemble, la réaction de ces gens, y compris celle de la SRC/CBC, qui ferait partie du volet public, a pourtant été qu’ils ne veulent pas vraiment en faire partie.
Même ce matin, j’ai eu une brève discussion avec Richard Stursberg de la SRC/CBC, qui a dit, « Nous adorerions être dans la compétition. Nous voulons pouvoir prendre de l’expansion. Nous pensons que notre programmation d’émissions est très prometteuse ». C’était dans ce sens que j’ai utilisé le terme « ghettoïsation ». J’essayais de caractériser la réaction négative des télédiffuseurs publics et sans but lucratif.
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Par le passé, les recettes du secteur de distribution de radiodiffusion ont connu en moyenne une augmentation de 7 p. 100 par année; mais l'an dernier, la hausse a été de 9 p. 100. Nous sommes très prudents dans l'établissement des budgets. Nous nous fondons toujours sur les recettes réelles générées l'année précédente par nos entreprises de distribution de radiodiffusion. Lorsque nous constatons une augmentation par rapport à ce que nous avons budgété — parce que nous ne voulons pas dépenser des sommes que nous n'avons pas —, le conseil d'administration décide généralement de réattribuer le financement aux différents programmes.
J'ai l'impression que votre question porte aussi... Votre motion, si je comprends bien, ne concerne que la SRC/CBC. Nous avons des réserves par rapport à toute la gamme de diffuseurs qui pourraient être considérés comme publics, parce que nous savons qu'il y a déjà un manque à gagner à cet égard si on pense aux autres initiatives spéciales visées par l'accord de contribution. Nous présumons que ceux-ci seraient tous mis dans le même bain; donc, on commence avec un manque à gagner, et si on ajoute à cela l'indexation de la SRC/CBC seulement, l'impact sur les télévisions éducatives et tous ces autres importants programmes, comme ceux qu'a mentionnés Stéphane (les productions de langue française à l'extérieur du Québec, les productions en langues autochtones, etc.), serait considérable. C'est ce qui nous inquiète.
Je crois que notre organisation a toujours cru que sa mission était de soutenir les entreprises de programmation en fonction de son mandat, et ce, dans l'ensemble du pays et dans les différentes « factions ». Je pense donc que nous avons surtout des réserves par rapport au fait que la motion d'indexation se limite à la SRC/CBC à ce moment-ci. J'imagine qu'il y aurait certainement des répercussions sur les autres activités qui seraient, à notre avis, financées à même la caisse du secteur public.
J'ai assisté aux audiences portant sur l'examen du Fonds canadien de télévision. Nous avons alors entendu, comme vous le savez, de la part des deux entreprises présentes, que celles-ci avaient l'impression de ne pas avoir leur mot à dire et que les fonds devraient être distribués différemment. Elles voulaient être consultées davantage. Sans vouloir parler pour lui, pas que je sois nécessairement d'accord avec les recommandations qui ont été formulées, je pense que le CRTC tentait de concilier les deux points de vue et de dissuader les entreprises de plier bagage avec des bonbons plein les poches, pour les convaincre de rester au sein du Fonds.
Je suis cependant d'accord avec vous. Je crois que cela a créé une certaine « ghettoïsation », et vous avez absolument raison quand vous dites que le plus important tort que cela causera est l'absence de concurrence.
Je dois dire que je voulais avoir vos impressions à propos de la recommandation selon laquelle le succès auprès de l’auditoire devrait davantage être mis en valeur à titre de critère pour accéder au nouveau volet de financement du secteur privé. À mon avis, c'est précisément ce que voulaient obtenir Shaw et Vidéotron. Ils voulaient des succès commerciaux, ils voulaient des productions qui allaient attirer les foules. Cela n'avait pas d'importance si la qualité y était ou non, et je trouve cela très inquiétant.
J'aimerais savoir ce que vous en pensez, parce qu'on se retrouve en présence de diffuseurs publics coincés dans un carcan qui les oblige à compétitionner entre eux. Dans les faits, cette situation ne les avantage pas, parce qu'ils essaient de produire des émissions canadiennes de qualité, pas nécessairement populaires, mais bonnes au point de vue esthétique, etc. Je crois que permettre au secteur public de prendre une tout autre tangente, avec des critères complètement différents de ceux du secteur privé, créera en définitive de réels problèmes.
Vous avez raison, Patrimoine canadien propose un financement d'un an; avez-vous des suggestions à nous faire à cet égard? Croyez-vous qu'il serait préférable d'offrir un fonds ou un programme qui s'échelonnerait sur cinq ans? Pensez-vous que 120 millions de dollars seront suffisants ou devrait-on augmenter ce montant? Qu'adviendra-t-il, selon vous, du fonds dans cinq ans? Devrait-il être réservé au secteur privé ou être versé dans les gros coffres du FCT?
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Encore là, je crois que cela se résume aux structures et à la façon dont la ministre du Patrimoine canadien répondra aux recommandations du CRTC.
J'essaie simplement de dire aujourd'hui qu'en acceptant la recommandation selon laquelle il faudrait établir deux fonds distincts, il faudra assumer une certaine suite logique. Je crois qu'à ce stade-ci, Patrimoine canadien en accepte la responsabilité. Que le ministère le veuille ou non, ou que la recommandation soit appropriée ou non, il s'agit d'un tout autre débat, mais il doit prendre la responsabilité de continuer à financer le secteur public s'il accepte de séparer les deux fonds. À mon avis, il est évident qu'il y aura des conséquences si vous acceptez cette structure. Dans ces circonstances, il faudra éviter d'imposer des pénalités aux gens qui oeuvrent dans le secteur public.
Valérie a raison, aucun critère ne peut être purement culturel, sans aucun égard à l'auditoire. J'ai été à la tête de la chaîne Bravo! pendant 13 ans, et je peux vous assurer que même si l'on visait la plus haute qualité qui soit en ce qui a trait aux arts, et la plupart de nos émissions étaient très ésotériques et ne s'adressaient pas à un très vaste auditoire, nous avions quand même un public cible. Alors, pour déterminer si un documentaire sur un peintre, par exemple, avait eu du succès ou non, je devais évaluer les résultats par rapport à certains objectifs que j'avais établis.
Nous devons pouvoir mesurer le succès d'une façon ou d'une autre. Les diffuseurs ne fonctionnent pas de façon indépendante de leur auditoire. C'est le cas pour la SRC/CBC, ça l'est aussi pour le Canal Savoir, et pour tous les autres diffuseurs.
J'avancerais que même dans le secteur privé, par la nature des productions canadiennes qui méritent des 10 sur 10, il y a, par définition, un aspect culturel à l'entreprise. Nous ne réalisons pas de coproductions tournées à Vancouver, mais dont l'intrigue se déroule à Seattle, avec des acteurs étrangers. Le Fonds impose des règles qui exigent un niveau élevé de contenu canadien, qui, selon moi, apporte un volet culturel implicite. Une émission dont l'histoire se déroule au Canada, jouée par des Canadiens et écrite par des Canadiens, a un impact culturel, même si elle parle de hockey.
Au Québec, on a compris cela. Le film Les Boys est imprégné de références culturelles, même si c'est un succès commercial à grande échelle. Au Canada anglais, nous avons tendance à nous compliquer la vie. Mais je dirais que le FCT, parce qu'il est accessible et s'adresse à un auditoire précis, offre des émissions qui comportent toutes un volet culturel.
Je ne sais pas si j'ai répondu à votre question.
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Dans le rapport, on met l'accent sur le fonds privé pour essayer d'orienter les critères qui établiraient ce qui constitue un « hit », et c'est une chose bien difficile à déterminer. L'émission
Corner Gas en est un bon exemple. J'étais en Saskatchewan à l'époque, et je me rappelle que personne au début de la diffusion n'avait vraiment prévu tout le succès commercial que l'émission susciterait et l'auditoire qu'elle allait rejoindre.
Il est vrai que l'on peut assez facilement déterminer si une émission est un succès par la réaction du public quand elle est diffusée depuis un certain temps déjà. Ce serait assez simple de regarder une émission comme celle-là et de s'assurer qu'elle reçoit le soutien financier nécessaire pour continuer à mousser son auditoire; mais honnêtement, c'est plus difficile que ça dans les faits. Si nous savions tous ce qui fait d'une émission un « hit », nous ne travaillerions probablement pas dans ce milieu au Canada, nous travaillerions pour quelqu'un aux États-Unis.
J'aimerais souligner un point, madame Fry, concernant votre question à savoir si les 120 millions de dollars seront suffisants. Nous n'en avons pas parlé depuis un bon moment, mais le problème des demandes excédentaires est toujours bien présent dans l'industrie. Avec l'enveloppe de rendement des télédiffuseurs, nous avons réussi à éliminer les demandes excédentaires au niveau du Fonds lui-même, parce que nous savons de combien d'argent nous disposons pour fonctionner, et ces ressources sont limitées; mais ce sont maintenant les télédiffuseurs qui sont aux prises avec ce problème. Nous savons qu'environ 50 p. 100 des projets, histoires et idées qui ne reçoivent pas de financement sont des projets de qualité qui pourraient bien devenir des succès commerciaux, mais qui ne verront jamais le jour parce que nous manquons de ressources depuis des années.
Est-ce que ça aiderait si nous avions plus de financement? Je suis certaine que oui. Nous en discutons depuis longtemps. Différents groupes de pression de l'industrie ont tenté de faire prolonger la période de financement de un an, mais la décision ne revient pas à notre organisation. C'est au gouvernement fédéral et à Patrimoine canadien de décider ce qu'il adviendra.
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Eh bien, je vous dirais que cela ne reflète pas vraiment la réalité. J'ai été le représentant des diffuseurs privés au sein du conseil d'administration à cinq reprises au cours des dix dernières années. Nous avions certainement notre mot à dire.
L'Association canadienne des radiodiffuseurs compte quatre représentants au conseil d'administration. Ils sont la voix des diffuseurs privés au Canada. Il y a aussi deux représentants pour les canaux spécialisés, deux représentants pour la télévision conventionnelle, deux pour le Canada anglais et deux pour le Canada français. Nous avons approuvé les lignes directrices, et la représentation change année après année.
Vous savez, nous avons choisi nos batailles lorsque les producteurs indépendants exerçaient des pressions pour faire augmenter les frais de licence. Nous avons tenté de résister et de présenter des tableaux qui montrent combien d'argent nous avons perdu pour chaque heure d'émissions canadiennes... certainement au Canada anglais; la dynamique est très différente au Québec.
Au bout du compte, nous avons voté presqu'à l'unanimité pour l'adoption des lignes directrices. Nous n'avons jamais protesté. Rien ne nous a été imposé. Encore une fois, je soutiens que le système permet des compromis entre les différents secteurs.
Je dirais donc que M. Shaw, sauf le respect que je lui dois... Et peut-être que nous avons manqué de communiquer clairement ce qui se passe au Fonds. Une des choses que je souhaite, s'il veut retourner mes appels, c'est d'essayer de lui faire comprendre comment fonctionne notre organisation. Le Fonds a été créé pour servir les intérêts des diffuseurs privés de même que ceux des autres, et c'est ce qu'il fait avec notre coopération et notre approbation.
Je ne crois pas que l'ACR soit allée se plaindre au CRTC qu'il s'agit d'un fonds terrible qui ne permet pas de répondre à ses besoins. Tout le monde aimerait qu'on apporte certaines modifications, mais les diffuseurs privés ont participé grandement à l'évolution de ce fonds. Je crois que beaucoup des choses que nous avons demandées ont été réalisées. Une des missions, alors que j'étais représentant pour l'ACR, était d'obtenir une enveloppe pour les émissions dramatiques de langue anglaise. Cela aura pris deux ans, mais nous l'avons obtenue. Tous les membres du conseil d'administration ont voté en faveur de cette proposition.
Je crois donc que cela ne représente pas bien la façon dont les diffuseurs privés sont traités par le Fonds. Et je parle ici en toute connaissance de cause.
Je me joins à mes collègues qui ont parlé avant moi pour vous remercier de votre présence.
Je crois qu'il ne faut pas se surprendre que M. Shaw demande que les choses soient davantage axées sur le marché: il est là pour brasser des affaires. Je crois aussi qu'il est extrêmement important pour nous de refouler cet instinct, parce que nous vivons dans un grand pays à la population plus ou moins dense et riche d'une grande diversité dans toutes les régions, et si on mettait de côté toutes les autres considérations pour ne laisser la place qu'aux forces du marché, il serait difficile de reconnaître mon coin de pays dans cette jungle commerciale.
Cela m'amène aux objectifs du Fonds et à savoir si la recommandation du CRTC par rapport à la croissance de l'auditoire... Peut-on raccorder cet objectif à ceux du Fonds de façon à contenter tout le monde? C'est ma première question.
Je reviendrai en arrière un peu. La première question que je voulais poser, et je l'ai simplement oubliée à la suite des interventions concernant M. Shaw, est la suivante: dois-je comprendre que vous êtes d'avis qu'il n'est pas nécessaire d'avoir deux volets, mais que si quelqu'un décidait que c'est ainsi que les choses allaient se passer, vous recommanderiez de toute façon qu'un seul conseil d'administration continue à régir les deux volets?
Est-ce que les objectifs du conseil d'administration qu'on souligne ici pourraient être adaptés pour qu'on mette davantage l'accent sur la part de l'auditoire? N'y a-t-il pas une tension de ce côté? Dois-je m'inquiéter, provenant d'une région qui détient une toute petite part du marché, que le fait qu'un des critères qui seront quelque peu mis de côté afin de mettre davantage l'accent sur la part du marché est relié à la production régionale, si j'ai bien compris ce que vous avez dit plus tôt? Cela m'inquiète un peu.
Finalement, pour ce qui est de cette idée que les compagnies peuvent carrément décider de cesser leurs contributions, ce n'est pas le cas. La crise qui a éclaté ne portait pas sur le fait qu'ils allaient se retirer; si je me rappelle bien, le problème était qu'ils retenaient leurs contributions, pas qu'ils y avaient mis fin. Il s'agit de frais de licence, ce ne sont pas des actes de générosité.
Je crois qu'il est évident que leur intérêt serait d'être en mesure d'investir davantage dans des productions qui attireraient des auditoires plus vastes, car cela signifie qu'ils pourront diffuser des émissions plus lucratives; parce que plus la part de l'auditoire est grande, plus ils peuvent retirer des recettes découlant de la publicité.
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Si j'ai bien compris les positions de Shaw et de Vidéotron, ils voulaient bel et bien retirer leur argent.
Dans le cas de Vidéotron, la compagnie avait une approche complètement différente et une nouvelle structure pour un fonds qu'elle voulait administrer, et il y avait au moins une opinion dissidente de la part d'un conseiller du CRTC qui appuyait cette vision mondiale au sein du contexte québécois. Dans le cas de Shaw, la compagnie voulait simplement retirer son argent, et je crois qu'elle voulait la redistribuer à ses abonnés.
Pour ce qui est de savoir s'il est possible de concilier les critères concernant la croissance de l'audience et ceux liés à l'aspect culturel, à mon avis, c'est tout à fait faisable. Un n'empêche pas l'autre. Comme Valerie l'a indiqué, même si vous produisez une émission qui vise un créneau artistique bien précis, par exemple, vous voulez maximiser l'auditoire potentiel.
Personne ne passe une année ou deux de sa vie à transpirer et à se faire du mauvais sang — personne ne devient vraiment riche à faire ce genre de travail, au bout du compte — et personne ne le fait dans le but de ne pas avoir d'auditoire. Nous tenons le même discours lorsque nous parlons des longs métrages canadiens qui s'avèrent des échecs commerciaux retentissants. Il existe toutes sortes d'obstacles (le manque de budget, le marketing peu efficace, le manque d'accès aux écrans) et il faut tenir compte de toute une gamme de facteurs.
Chapeau à tous ces gens créatifs au Canada qui continuent, particulièrement au Canada anglais, à faire tout leur possible pour essayer de rejoindre leur auditoire. Comme Valerie l'a mentionné, depuis l'arrivée du FCT, on peut honnêtement affirmer qu'il y a eu des succès énormes.
J'ai déjà été à la tête de la Société de développement de l'industrie des médias de l'Ontario, et je disais souvent aux analystes que s'ils refusaient 100 p. 100 des demandes, ils auraient raison dans 90 p. 100 des cas, mais cela ne faisait pas d'eux des personnes intelligentes. Je voulais que les gens prennent sous leurs ailes des projets qui allaient devenir, contre toute attente, des succès comme Little Mosque on the Prairieou Corner Gas, des émissions qui, malgré toutes les difficultés structurelles, ont réussi à attirer un auditoire considérable pour une dramatique canadienne.
C'est un défi de taille et monnaie courante dans notre milieu. Je ne crois pas que les deux aspects se contredisent; je vois plutôt la chose comme une bataille constante. Je crois, contrairement à Shaw, que nous ne devrions pas abandonner. Le fait que ce soit difficile ne signifie pas que l'on doive tout laisser tomber.
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Pourrais-je apporter quelques précisions?
Il faut garder à l'esprit que ce fonds a le mandat d'appuyer des genres sous-représentés: les drames, les émissions pour enfants, les émissions de variétés et les documentaires. Lors des audiences, on a notamment suggéré que si l'on mettait strictement l'accent sur les émissions attirant un vaste auditoire, nous pourrions nous retrouver à financer des jeux télévisés et des émissions de télé-réalité, etc., ce qui signifie, à notre avis, que nous remplacerions le financement privé qui est actuellement accordé à ce genre d'émissions. C'est un facteur qui pose problème.
J'aimerais revenir à la question de M. Abbott, qui a souligné un autre problème. Dans son dernier rapport, le CRTC a supprimé cette recommandation. Du côté du secteur privé, on envisageait initialement, dans le rapport du groupe de travail, d'établir un autre critère lié au rendement des investissements. Nous avions des réserves face à cette recommandation, parce que pour la majorité des émissions canadiennes, l'ensemble du financement canadien sert à soutenir la structure du projet dès le début pour veiller à ce que le projet voit le jour. S'il fallait établir un critère fondé sur le rendement des investissements, et dans la plupart des cas, ce rendement est obtenu lors de la vente de l'émission sur les marchés internationaux, alors quel serait le principal objectif stratégique? Serait-ce de permettre aux émissions de rejoindre le plus vaste auditoire possible au Canada, ou serait-ce de rendre les émissions les plus lucratives possible sur les marchés internationaux? Comme je l'ai indiqué, cette recommandation n'apparaissait pas dans le deuxième rapport du CRTC.
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Oh, absolument. Ce n'est probablement pas une mauvaise idée. Peut-être que vous avez de l'avenir comme responsable de la programmation.
La principale question à se poser, c'est de savoir si ce genre d'émission a besoin d'argent public afin de compléter son financement. Comme M. Cardin l'a mentionné, la plupart de ces émissions peuvent être financées par l'industrie elle-même, par l'entremise de préventes, etc.
Là où la crise faisait rage, c'est-à-dire où le financement manquait toujours et où il était très difficile de trouver d'autres sources de financement, c'est pour à peu près tout ce qui était produit au Québec, parce que le marché mondial pour les émissions produites au Québec est assez limité en dehors des émissions pour enfants et des émissions d'animation, et c'est aussi le cas pour la quasi-totalité de l'industrie au Canada anglais, à moins de réaliser des coproductions commerciales qui ne donnent pas manifestement l'impression d'être canadiennes.
J'ai dirigé le canal Space pendant quelques années et nous diffusions beaucoup d'émissions de science-fiction qui étaient techniquement canadiennes — six, sept, huit points sur dix — et je vous dirais que ces émissions n'ont jamais obtenu de financement du FCT et elles n'en avaient pas besoin. Je vous dirais également que beaucoup de Canadiens moyens suivaient assidûment ces émissions, et que beaucoup d'acteurs et de techniciens canadiens ont également profité de leur production. À mon avis, il est bon d'avoir le plus de contenu canadien possible, et ce, dans tous les genres.
Mais lorsqu'on parle de ce fonds et de cette très spéciale reconnaissance de la part des deux gouvernements, c'est-à-dire son financement, de même que des compagnies de câble et des distributeurs qui ont accepté d'investir afin de conserver leurs dépenses en capital, les 50 p. 100, c'était l'une des plus ingénieuses idées du CRTC et du gouvernement de créer ce fonds pour encourager la production des émissions à contenu canadien les plus difficiles à financer dans tous les genres, c'est-à-dire les émissions qui ont un contenu canadien de 10 sur 10.
Le Canadien moyen en tire certainement profit, même s'il ne choisit pas personnellement de passer du temps à regarder les émissions que le Fonds finance, par pure préférence personnelle.
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Nous avons posé des questions à M. Gratton, et vous vous rappelez sans doute que j'ai demandé spécifiquement — et ça allait exactement dans le sens de ta question, Jim — ce qu'on entendait par « accès historique » et s'il s'agissait du fonds global. On doit s'assurer qu'il s'agit bel et bien de 37 p. 100 de l'enveloppe globale.
À mon avis, il manque quelque chose, mais ça pourrait faire l'objet d'un amendement favorable. Il s'agit d'ajouter les mots « accès historique », entre parenthèses, après le mot « global ». En effet, si on ne fait nulle part référence à l'accès historique, le problème demeure. En français, si on parle du fonds global et qu'il s'agit du secteur public, ça implique qu'il va s'agir du fonds global relié à la contribution de Patrimoine canadien. Dans ces conditions, il s'agirait peut-être de 37 p. 100 de l'enveloppe du secteur public, ce qui ferait en sorte de baisser le montant.
[Traduction]
Mais en anglais, lorsque l'on fait référence au fonds global, il faut parler de l'enveloppe totale du FCT. Ce que l'on veut établir, c'est le pourcentage de ce que cela va représenter à l'avenir, même si le fonds est divisé entre le secteur privé et le secteur public.
C'est pourquoi je posais cette question à propos de l'accès historique. Il ne s'agit pas de 37 p. 100 de l'enveloppe publique, parce que si c'est le cas, nous observerons alors une baisse, il faut s'assurer de conserver ce montant de 96 millions de dollars. Ce qu'il faut faire, c'est d'ajouter la mention « accès historique », parce que cela nous donne une référence.
Je parlerai de l'amendement plus tard.
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Nous allons parler du sous-amendement.
Avant d'entendre M. Siksay, parce que nous l'avons oublié — je suis désolé —, j'aimerais souligner que nous pourrions croire, si nous n'avions pas entendu les témoins d'aujourd'hui, que les 37 p. 100 allaient représenter 75 à 85 p. 100 du fonds global, s'il devait être séparé en deux. Ce serait 75 à 80 p. 100 du fonds public qui serait alors versé à la SRC/CBC.
Est-ce exact? N'est-ce pas ce que nous avons entendu?
Une voix: Oui, c'est bien cela.
Le président: D'accord. Je tenais simplement à apporter cette précision. Mais il est vrai que c'est un peu ambigu, quand vous voyez...
Je dois céder la parole à M. Siksay, mais nous devons parler du sous-amendement de M. Coderre.
Est-ce de cela que vous voulez parler? D'accord, monsieur Chong.