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Je déclare la séance ouverte et je pense que tout le monde sera là sous peu.
Nous entamons la 30e réunion du Comité permanent du patrimoine canadien afin d'étudier, conformément à l'article 108(2) du Règlement, la demande du CRTC visant à obtenir le pouvoir d'imposer des sanctions administratives pécuniaires.
Nous sommes saisis de deux questions. Je viens de vous lire la première et la seconde, toujours conformément à l'article 108(2) du Règlement, concerne l'étude sur la réglementation du contenu de l'Internet.
Nous accueillons, du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, Konrad W. von Finckenstein, président; Scott Hutton, directeur exécutif, Radiodiffusion; et Namir Anani, directeur exécutif, Élaboration de politiques et recherches.
Bienvenue, messieurs.
Je crois savoir que M. von Finckenstein a quelques mots à nous dire sur ces deux questions, mais nous aborderons ces sujets l'un après l'autre à l'étape des questions.
Monsieur von Finckenstein, je vous invite à entamer votre exposé.
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Merci, monsieur le président, de nous avoir invités à comparaître devant vous.
Comme vous le disiez, il s'agit de deux questions, soit le contenu de l'Internet et les sanctions administratives pécuniaires. Je commencerai par vous parler du contenu d'Internet.
[Français]
Je vais maintenant parler de la toile de fond réglementaire des nouveaux médias.
Contrairement à ce qui s'est passé avec plusieurs autres instances dans le monde, l'élaboration de la Loi sur la radiodiffusion a tenu compte de l'évolution technologique à venir. Elle ne réfère à aucune technologie en particulier. Ce faisant, le mandat du conseil couvre tous les types de radiodiffusion.
Il y a 10 ans, nous nous sommes penchés sur les services de nouveaux médias qui offrent du contenu de radiodiffusion dans Internet. Au terme d'une audience publique, nous avons conclu que ces services n'avaient pas d'incidence appréciable sur l'auditoire des radios et des télévisions conventionnelles et qu'il n'était pas nécessaire de réglementer en vue d'atteindre les objectifs de la Loi sur la radiodiffusion.
[Traduction]
En conséquence, en 1999, nous avons émis une ordonnance d'exemption pour les services de nouveaux médias et, en avril 2006, pour des raisons semblables, nous avons fait de même en ce qui a trait aux services de radiodiffusion transmis par le biais de cellulaires, d'assistants personnels numériques et d'autres appareils mobiles.
Évidemment, le monde a bien changé en dix ans. Il y a eu notamment la convergence entre les industries de la radiodiffusion et des télécommunications et de nombreuses avancées technologiques importantes.
En décembre 2006, nous avons présenté au gouvernement un rapport sur l'environnement technologique auquel sera confronté le système canadien de radiodiffusion dans l'avenir. Notre rapport a démontré que les services de nouveaux médias n'ont pas encore d'incidence sur l'auditoire des radios et des télévisions conventionnelles. Cela dit, le rapport recommandait d'agir sur le plan des politiques à terme de trois à sept ans.
Comme les changements se produisent à vive allure, nous avons jugé qu'il était grand temps que le Conseil examine de nouveau l'incidence des services de nouveaux médias sur le système de radiodiffusion traditionnel. Quand je me suis joint au Conseil, au début de l'année 2007, j'ai lancé sans tarder l'initiative sur les nouveaux médias qui avait pour objet d'examiner les enjeux sociaux, économiques, culturels et économiques se rattachant à la radiodiffusion dans les nouveaux médias.
Dans deux jours, nous publierons un document intitulé Perspectives sur la radiodiffusion canadienne par les nouveaux médias, qui recense les travaux de recherche que nous avons commandés et les points de vue que nous avons recueillis depuis un an.
Soit dit en passant, je ne savais pas que j'allais comparaître devant vous aujourd'hui et comme il était prévu, à l'origine, de sortir ce document jeudi, celui-ci n'est pas encore prêt, sans quoi je l'aurais apporté avec moi.
Comme vous pourrez le constater à la lecture de ce recueil, les études récentes révèlent que les Canadiens consacrent davantage de temps à accéder à toutes sortes de contenus de radiodiffusion sur Internet et par l'entremise d'appareils mobiles. De plus, les perspectives mises en relief dans le document démontrent qu'il existe des opinions très variées sur la manière de promouvoir et d'appuyer le contenu canadien dans cet environnement.
La radiodiffusion dans les nouveaux médias devient une composante de plus en plus importante du système canadien de radiodiffusion. Elle a une incidence sur les radiodiffuseurs traditionnels. Mais s'agit-il d'une incidence positive ou négative? Est-ce que les ordonnances d'exemption sont encore de mise?
Nous avons décidé de demander au public de nous aider à répondre à ces questions et à cerner les enjeux touchant à la radiodiffusion dans les nouveaux médias et nous amorcerons une consultation publique le jour même où sera publié le recueil. Nous cherchons à recueillir l'avis du public afin de nous assurer que nous avons bien cerné les enjeux et que nous sommes sur la bonne voie, et de nous aider à établir un cadre pour l'audience publique que nous comptons tenir au début de l'année 2009.
[Français]
Il y a un élément au sujet duquel j'aimerais être clair. Notre intérêt se porte avant tout sur la distribution de contenu de radiodiffusion produit de manière professionnelle, à savoir le même contenu canadien de grande qualité que vous pourriez normalement voir à la télévision ou entendre à la radio. En fin de compte, nous visons à ce que la radiodiffusion dans les nouveaux médias contribue à l'atteinte des objectifs de la Loi sur la radiodiffusion.
[Traduction]
Une fois que les Canadiens auront eu la chance de s'exprimer, nous publierons un avis d'audience publique, sans doute vers la fin de l'été, qui donnera les détails d'une audience sur la radiodiffusion dans les nouveaux médias, audience qui aura lieu l'année prochaine.
Je serais heureux de revenir, après la publication de nos documents, jeudi, afin de répondre aux éventuelles questions que vous voudriez me poser au sujet de ces documents.
Passons à la question des sanctions administratives pécuniaires ou SAP. J'ai été heureux d'apprendre que votre comité a récemment adopté une motion visant à étudier notre requête pour obtenir les pouvoirs d'imposer des SAP. Quand je me suis présenté devant vous en mars dernier, au moment où vous étudiiez le projet de loi C-327, je vous ai mentionné que la Loi sur les télécommunications confère de tels pouvoirs au Conseil, qui peut les utiliser pour assurer le respect des politiques dans un nombre limité de secteurs. C'est, par exemple, le cas de la liste nationale de numéros de télécommunications exclus, qui nous permet d'imposer des sanctions aux personnes et aux entreprises qui contreviennent aux règles en matière de télémarketing. Par contre, la Loi sur la radiodiffusion ne confère pas de tels pouvoirs au Conseil en matière de SAP. Ceci crée un grand vide dans notre coffre à outils réglementaire puisque nous pouvons seulement imposer des sanctions qui sont, soit très légères, soit très sévères. Comme l'a dit un membre du comité, nous avons le choix entre la tapette à mouches et la bombe atomique, mais rien entre les deux.
Comme vous le savez, le Conseil octroie des licences auxquelles sont associées habituellement différentes modalités. Si un titulaire contrevient à ces modalités, nous pouvons nous prévaloir de trois recours.
À une extrémité, il y a l'option la moins sévère: nous pouvons attendre jusqu'à expiration de la licence et, au moment du processus de renouvellement, imposer des modalités plus sévères à la nouvelle licence. Or, comme les licences ont une durée pouvant aller jusqu'à sept ans, il peut s'écouler un grand laps de temps avant que nous ne puissions agir, surtout si l'infraction s'est produite dans les premiers temps où la licence a été octroyée.
À l'autre extrémité, on trouve l'option la plus sévère. L'article 12 de la Loi sur la radiodiffusion nous donne le pouvoir d'émettre des ordonnances contraignantes pouvant être déposées en cour et obligeant les titulaires à se conformer aux règles. Si le titulaire refuse de se conformer à l'ordonnance, il nous est possible d'entreprendre des procédures pour outrage au tribunal. Évidemment, la marche à suivre dans le cas d'infractions criminelles exige que nous puissions établir une preuve qui soit hors de tout doute raisonnable. C'est une procédure très difficile qui n'est pas de mise dans le cas d'une infraction aux conditions de la licence.
Enfin, si nous constatons que le titulaire se trouve encore en situation d'infraction, il nous est possible de tenir une audience afin de déterminer s'il faut suspendre ou révoquer sa licence — ce qui revient, à toutes fins utiles, à interrompre ses activités commerciales. Il s'agit de l'option la plus extrême.
[Français]
Ce n'est tout simplement pas une manière efficace de faire fonctionner le système. Nous avons besoin de sanctions civiles intermédiaires pour inciter les titulaires à se conformer aux règles, sans avoir à porter leur comportement délinquant à un niveau criminel. Nous devrions recourir aux tribunaux seulement dans les cas les plus extrêmes. Après ma dernière comparution devant ce comité, nous avons présenté un projet d'amendement à la Loi sur la radiodiffusion. Je vous invite à vous y référer pendant votre examen.
[Traduction]
Un organisme de réglementation moderne doit détenir des pouvoirs en matière de SAP qui s'appliquent à tous les secteurs couverts par son mandat. Si nous voulons avoir une réglementation allégée et offrir une plus grande liberté aux radiodiffuseurs et aux nouvelles entreprises de distribution et de radiodiffusion, dans ce cas, nous devons disposer des outils pour nous assurer que les titulaires assument leurs responsabilités.
J'espère qu'à la fin de votre examen, vous appuierez notre requête relative aux pouvoirs d'imposition de SAP. Maintenant, si vous avez des questions, c'est avec plaisir que j'y répondrai.
Je vous remercie.
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Merci beaucoup pour cet exposé.
Je pense que vous avez clairement et talentueusement défendu votre dossier pour réclamer le pouvoir d'imposer des SAP.
Je me propose de nous arrêter sur la consultation en matière de radiodiffusion dans les nouveaux médias. Il est intéressant que vous disiez, dans votre mémoire, que « les services de nouveaux médias n'ont pas encore d'incidence sur l'auditoire des radios et des télévisions conventionnelles ». Je ne pense pas qu'il y ait une seule chaîne de télévision aujourd'hui qui ne donne pas accès à ses informations par Internet, qui n'ait pas un site de clavardage, qui ne recueille pas les réactions et les questions des téléspectateurs sur les sujets abordés. Internet semble donc être un prolongement naturel des émissions diffusées par ces chaînes. J'estime important que ce type de méthode de communication avec le public soit également soumis à des lignes directrices très claires.
Ainsi, quand vous dites que vous ne tiendrez pas d'audiences publiques avant le début de 2009, cela me préoccupe un peu, parce que je crois que nous sommes en retard par rapport à d'autres pays qui, eux, se sont déjà penchés sur la question des plateformes numériques.
Estimez-vous avoir pris la bonne décision en reportant tout cela à 2009? Ne pensez-vous pas que vous devriez tenir plus tôt des audiences publiques étant donné, comme je le disais, que toutes les chaînes de télévision offrent maintenant différentes façons de dialoguer avec leurs auditoires par Internet et par le biais de différentes plateformes dont elles se servent en tant que prolongement de leurs services?
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Vous venez de soulever plusieurs questions et je vais y répondre dans l'ordre.
Vous avez dit qu'en 2006 nous avions déclaré que les services de nouveaux médias n'avaient pas encore d'incidence. C'est là un point de vue dont on nous a fait part et dont nous avons simplement rendu compte.
Je vais vous dire très honnêtement que, moi aussi, j'ai trouvé que nous prenions du retard, ce qui m'a poussé, dès que j'ai été nommé président, à demander qu'on s'attaque immédiatement à cette question pressante.
Cependant, c'est un sujet très complexe qu'il convient de débroussailler. Nous sommes en présence de nombreux points de vue, outre qu'il faut consulter de nombreux intervenants. Au cours de la dernière année, nous avons commandé toute une série d'études. Nous avons organisé des séminaires, tenu des colloques et participé à bien d'autres événements du genre pour essayer de cerner la véritable dimension de ces nouveaux médias.
Deuxièmement, vous vouliez connaître notre position. Eh bien, nous sommes responsables de la radiodiffusion et j'ai bien pris soin, dans mes propos liminaires, de parler systématiquement de « radiodiffusion dans les nouveaux médias ». Je m'intéresse donc uniquement à la radiodiffusion, mais pas à Facebook. Je ne m'intéresse pas à l'influence de Facebook et je considère uniquement la radiodiffusion dans les nouveaux médias.
L'hon. Hedy Fry: Je comprends bien.
M. Konrad W. von Finckenstein: Nous venons donc de produire un document que vous pourrez voir jeudi, mais je dois vous dire que, malheureusement, celui-ci n'est pas très bien structuré, parce que les nouveaux médias ne sont pas bien structurés au départ. Tout cela est très complexe. Nous avons essayé d'aborder cette question de la façon la plus systématique possible. Nous disons donc: « Voici ce dont il s'agit. Quelles questions faut-il maintenant se poser pour tenir des audiences véritablement utiles sur le sujet et d'aller au fond des choses? » Quand je parle de fond des choses, je me demande dans quelle mesure les nouveaux médias sont un autre moyen de distribution des systèmes de radiodiffusion et dans quelle mesure on peut y recourir pour atteindre les objectifs de la Loi sur la radiodiffusion. Tout cela est clair. Voilà la question fondamentale qu'il y a lieu de se poser. Cela étant, comment y parvenir et quels seront les sujets traités? Va-t-on parler d'encouragements? De subventions? Va-t-on étudier les contraintes réglementaires ou les tentatives déployées en matière de réglementation? C'est tout cela que nous faisons.
C'est pour cette raison que nous procédons en deux étapes. Tout d'abord, nous allons chercher à voir si nous avons plus ou moins bien saisi la situation — autrement dit, nous allons obtenir un instantané —, puis nous nous servirons de ce constat pour nous guider.
J'aurais effectivement adoré pouvoir faire cela l'année dernière, mais je n'étais malheureusement pas en poste et nous avons dû commencer par faire un travail préparatoire pour essayer de délimiter le sujet.
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Monsieur le président, je suis très heureux d'être de retour au comité. Je tiens à remercier mon collègue, Bill Siksay, de m'avoir invité et permis ainsi de poursuivre ces échanges fascinants que nous avions entrepris avec M. von Finckenstein.
Je suis très intéressé par la situation des nouveaux médias en ce qui a trait à la boîte à outils dont dispose le CRTC pour s'occuper d'Internet, parce qu'au cours des dernières années, on a assisté à certaines répercussions et pressions sur la bande passante et les choses ont beaucoup changé. J'estime personnellement, contrairement à ce qu'une de nos collègues a affirmé tout à l'heure, que nous ne sommes pas très en retard. Les pays d'Europe de l'Ouest viennent juste de s'attaquer à ce dossier, comme la FCC. Nous sommes aux prises avec des pressions qui n'existaient pas il n'y a de cela que trois ou quatre ans. Il existe maintenant la voix sur IP, la vidéo sur demande, le trafic VPN et les réseaux d'homologues. Radio-Canada, par exemple, se sert de BitTorrent pour transmettre ses émissions de télévision, ce qui nous transporte dans un univers totalement nouveau.
J'aurais adoré avoir cette conversation avec vous demain, une fois connue la décision concernant l'ACFI, mais je me débrouillerai sans que nous puissions en parler. Je ne vais pas vous demander de nous dire comment vous réagissez face à cette cause qui oppose l'ACFI à Bell. Il demeure qu'elle n'est pas négligeable parce que, chaque fois — et il suffit de voir ce qui se passe à l'échelle internationale — qu'on a eu affaire à un cas de limitation du débit sur Internet, les fournisseurs ont invoqué la nécessité de contrôler la bande passante et d'autres ont parlé d'ingérence dans le contenu.
Je vais donc vous poser une question sur le genre d'outils dont vous disposez pour vous assurer que le contenu ne fait pas l'objet d'ingérences abusives. Le PDG de Virgin, Neil Berkett, a dit que la neutralité de l'Internet n'était qu'une grosse « couillonnade ». Vous me passerez l'expression, mais c'est comme ça qu'il l'aurait dit en français. Il a dit qu'à la faveur des discussions qu'il avait déjà eues avec des fournisseurs de contenu, il avait précisé que si ces derniers voulaient se servir des réseaux de Virgin, ils devraient payer davantage.
L'article 36 de la loi vous donne le droit de « régir le contenu ou d'influencer le sens ou l'objet des télécommunications », mais il ne dit rien sur l'intrusion dans le contenu par le truchement de la vitesse de débit, ni sur la limitation de l'accès au contenu. Ne pensez-vous pas que nous risquons d'avoir un problème si les fournisseurs de services de télécommunications commencent à dire à leurs clients que, s'ils paient davantage, ils auront accès aux clients Internet, mais que s'ils ne versent rien, ils se retrouveront dans la voie lente? Est-ce un aspect qui serait visé par l'article 36?
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Merci, monsieur le président.
Je me propose de poser quelques questions au commissaire au sujet de l'étude qu'il va bientôt publier, intitulée Perspectives sur la radiodiffusion canadienne par les nouveaux médias, sans parler précisément de ce que contient le rapport. Je commencerai par quelques remarques, après quoi je lui demanderai de nous dire ce qu'il pense de mes propos.
D'une certaine façon, j'ai l'impression que nous avons manqué le train dans le cas des nouveaux médias et que nous en sommes au stade où les mesures que nous pourrions prendre à la suite de telles études ne changeront finalement pas grand-chose. Il existe déjà aujourd'hui au Canada des technologies qui permettent aux gens de contourner — légalement — les règles du CRTC en matière de contenu canadien, dans le cas du règlement des stations radio canadiennes et de choses du genre.
J'ai, par exemple, des amis qui ont acheté des postes radio Internet. Ils les branchent dans une prise et reçoivent automatiquement des milliers et des milliers de stations étrangères qui ne sont pas réglementées par le Canada, par le CRTC. Il s'agit de produits comme le Philips Streamium, et un autre d'une compagnie appelée Roku. On peut acheter ce genre d'appareil dans n'importe quel Future Shop. Il suffit de les brancher dans une prise, de les relier à l'ordinateur par prise Ethernet et, hop là, vous avez gratuitement accès à 2 000 postes.
C'est exactement comme une radio normale: vous avez une télécommande, vous pouvez naviguer d'une station à l'autre, choisir celle qui vous plaît et l'écouter sur votre système. Ce système sera disponible pour la télévision. Ainsi, toute une gamme de dispositifs de ce genre, qui ne sont pas forcément déjà sur le marché, le seront d'ici deux ou trois ans.
Je sais, par exemple, que si vous achetez un récepteur Denon ou Yamaha, il est possible d'y ajouter un élément de réception des signaux radio par Internet. Il vous suffit d'aller dans une boutique haut de gamme à Ottawa et d'acheter un récepteur Denon qui, outre qu'il fonctionnera comme un poste radio AM-FM recevant des signaux conventionnels, recevra les émissions sur Internet. Il suffit de brancher un câble Ethernet et l'on a accès au troisième spectre de 2 000 postes radio sur Internet environ qui échappent complètement à la supervision du CRTC.
J'estime que dans deux ans à peine on assistera à un véritable changement dans ce domaine et au passage de la télévision par Internet et à l'IPTV. J'estime que, dans une certaine mesure, nous pénétrons dans une nouvelle ère où il deviendra quasiment inutile de se demander si les nouveaux médias peuvent coller avec les anciens concepts, ou dans quel contexte il sera possible de le faire.
Je vous pose cette question, parce que je trouve que tout se déroule très vite et qu'on peut déjà constater que les gens utilisent ce genre de produit.
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Merci, monsieur le président.
Je me propose de revenir à ce que nous disions tout à l'heure au sujet des nouveaux médias. Je pense que votre principal défi ou problème tient à ce que, quand l'ordre d'exemption a été adopté en 1999, celui-ci est foncièrement revenu à prendre acte — je crois que c'est encore valable aujourd'hui — du fait que le gouvernement n'allait pas réglementer les réseaux à commutation par paquets sur IP. Les seuls pays qui le font actuellement ne sont pas aussi libres, ni ouverts, ni transparents, ni démocratiques que le nôtre. Nous ne réglementons pas ces énormes lignes OC-3 et ces énormes câbles qui traversent la frontière. Nous recevons donc tous ces paquets de données qui traversent la frontière en transitant par ces gros câbles et le gouvernement du Canada, directement ou indirectement par le jeu de sa réglementation, ne contrôle rien. D'autres pays le font, en revanche. Ils sont beaucoup plus autoritaires et beaucoup moins ouverts que nous. Je pense donc qu'il sera incroyablement difficile, pour ne pas dire impossible, de réglementer les réseaux à commutation par paquets sur IP.
Je vous le mentionne, parce que je pense que vous aviez raison dans ce que vous avez dit tout à l'heure en affirmant que votre défi ne consistait pas à réglementer davantage, mais à veiller à ce que les Canadiens puissent être présents dans les médias de radiodiffusion.
J'ai lu qu'aujourd'hui Research In Motion vient de lancer sa prochaine génération de BlackBerry qui va fonctionner sur des réseaux de 3G. Il sera muni d'un objectif et d'un enregistreur vidéo. Il permettra un accès amélioré à Internet. La firme Apple, quant à elle, a annoncé qu'elle sortirait, cet été, une nouvelle plateforme pour iPhone qui présentera des capacités multimédias améliorées. Tous ces appareils ont recours aux réseaux à commutation par paquets sur IP.
Tout ce que je veux dire, c'est que, comme vous le disiez tout à l'heure, nous devrions peut-être envisager la chose par l'autre bout de la lorgnette. Il est possible que la solution ne réside plus dans la réglementation, mais qu'à un moment donné dans l'avenir, les gouvernements disent: « Écoutez, nous sommes à la veille d'une ère nouvelle où les médias étrangers seront omniprésents au Canada à cause des réseaux sur IP et, ce faisant, nous allons engager plus de ressources dans les radiodiffuseurs publics pour nous assurer que les Canadiens conserveront une voix au Canada. »
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Merci, monsieur le président.
J'ai suivi votre allocution et j'ai fait un constat sur lequel vous ne serez peut-être pas d'accord. Les groupes d'artistes se plaignent du fait que le CRTC se dirige vers une déréglementation. On parle d'un code volontaire. Le milieu parle de déréglementation.
M. Abbott a soulevé un point dont je voulais vous parler, la fameuse réglementation allégée, qui consiste à offrir une plus grande liberté, à tenir compte des forces du marché et à alléger la bureaucratie. Quand j'entends tout cela, je crains de vous donner d'autres outils.
S'il existe une panoplie de sanctions, il est clair qu'on va favoriser le maximum de dérogation face à des petites sanctions. On imposera rarement ou jamais des sanctions extrêmes pouvant aller jusqu'à la suspension de la licence. C'est un fait bien connu: lorsqu'on dispose d'une panoplie de sanctions, on va toujours favoriser une sorte de sanction mitoyenne consistant à donner une série de petites amendes. Actuellement, il est vrai que vous n'avez pas beaucoup le choix: soit on s'en tient au minimum, soit on opte pour le maximum.
La fameuse déréglementation, les forces du marché et le code volontaire m'inquiètent. Il vaut peut-être mieux maintenir le statu quo. De cette façon, il n'y a pas beaucoup de choix. Lorsqu'on déroge à répétition, à un moment donné, il faut retirer la licence. Quand les gens ne comprennent plus et veulent n'en faire qu'à leur tête, il faut peut-être retirer leur licence.
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Sachez, tout d'abord, qu'il existe deux types de voix sur IP. Il y a le système statique et le système nomade. Dans le dernier cas, il s'agit d'un téléphone que l'on transporte avec soi. On peut le brancher n'importe où dans le monde si l'on a une connexion Internet haute vitesse et le téléphone fonctionne. Quant au téléphone statique, c'est celui de Rogers, par exemple. Vous pouvez également l'utiliser si vous avez une liaison Internet.
Le système statique ne pose pas de problème. Quand vous téléphonez, la machine vous dit d'où vous appelez, etc. Le problème se pose dans le cas du système nomade. Nous sommes en train de chercher une solution sur le plan technique. En attendant, nous avons institué un système. Si vous utilisez un téléphone nomade, comme celui de l'incident de Calgary, vous tombez automatiquement sur une voix humaine. Si vous appelez depuis le Canada, la voix vous demande où vous vous trouvez et d'où vous appelez, et votre numéro s'affiche à l'écran de l'opérateur qui peut alors communiquer cette information à l'équipe d'intervention d'urgence. Celle-ci voit également sur son écran le lieu où le téléphone a été enregistré, qui n'est peut-être pas le lieu d'appel.
C'est ainsi que fonctionne le système, ou du moins qu'il devrait fonctionner. De toute évidence, les choses ne se sont pas passées ainsi à Calgary et je ne sais pas pourquoi. Nous avons demandé à la compagnie de nous envoyer un rapport que nous étudierons dès que nous l,aurons reçu, ce qui ne devrait pas tarder.
À la façon dont nous avions imaginé le système, nous n'avions pas pensé qu'un tel incident se produirait, mais c'est ce qui est arrivé. Qu'est-ce qui n'a pas fonctionné? S'il y a un problème dans le système, nous allons bien sûr le régler.
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Je dois vous remercier pour vos réponses très sincères et votre franchise envers le comité. J'apprécie que vous ayez pris de votre temps pour venir rencontrer le comité.
J'invite mes collègues députés à demeurer sur place encore un peu.
Même si nos témoins nous quittent, je veux vous parler un peu des travaux du comité: aujourd'hui, au comité de liaison, je n'ai pas abouti dans mes démarches. Mon score est de un sur cinq.
Des voix: Va-t-on à Banff?
Le président: Non, nous n'irons pas à Banff. Je ne suis pas un très bon vendeur au comité de liaison.
Les audiences se dérouleront donc ici. Notre greffière vient juste de vous faire parvenir la liste des témoins. S'il y a des gens sur cette liste qui, selon vous, ne devraient pas s'y trouver, veuillez en parler à la greffière d'ici demain midi. Les audiences débuteront le mardi 27, à notre retour de la semaine de relâche. Nous devons d'abord parachever la liste des témoins, après quoi nous déterminerons le nombre de jours dont nous avons besoin.
Nous envisageons de recourir à la vidéoconférence également, parce que nous avons plusieurs témoins à Vancouver. Notre greffière s'en occupe.
Monsieur Siksay.