:
Merci, monsieur le président.
Mesdames et messieurs membres du comité, je vous remercie de me donner cette occasion de me présenter et de discuter avec vous des affaires de Téléfilm Canada.
Puisque le but général de cette comparution est d'examiner mes capacités et aptitudes à exercer les fonctions de président du conseil d'administration de Téléfilm Canada, vous ne m'en voudrez certainement pas d'exposer brièvement mon cheminement professionnel.
Gestionnaire au gouvernement du Québec à partir de 1970, j'ai occupé tour à tour les postes de directeur de l'information et de la publicité à la Régie de l'assurance maladie du Québec, de directeur du marketing touristique, de sous-ministre adjoint et de directeur général du tourisme, de vice-président à la Société de l'assurance automobile du Québec, de sous-ministre du Tourisme, de sous-ministre des Communications et de délégué du Québec à Chicago. Pendant cette période, j'ai aussi dispensé un enseignement et des services de consultation en gestion des affaires publiques au sein de l'École nationale d'administration publique de l'Université du Québec. L'essentiel de cette carrière de près de 30 ans s'est donc déroulé au sein de l'appareil public, à la direction de ministères ou d'entreprises d'État, dont certains m'ont confié la gestion de ressources humaines et financières considérables.
Ce cheminement m'a également amené à siéger à divers conseils d'administration, comme ceux de la Société de développement industriel du Québec et de la Régie des installations olympiques, et de représenter le Québec au sein de diverses instances canadiennes et nord-américaines comme la Conférence canadienne des représentants officiels du tourisme ou l'American Association of Motor Vehicle Administrators. J'ai même eu l'honneur de représenter le Canada au sein d'un comité d'experts scientifiques de l'Organisation de coopération et de développement économiques à Paris.
Après ma retraite de la fonction publique, en 1996, j'ai été consultant en gestion dans le secteur privé, où j'ai notamment assumé, pendant une période de deux ans, la présidence du conseil d'administration d'International Hospitality America, une entreprise impliquée dans le domaine des bateaux de croisière, à Miami. De retour au Québec, j'ai produit, à titre d'auteur, compositeur et musicien, deux albums de jazz distribués respectivement par Distribution Select en 2001 et Warner Music Canada en 2003. Je me suis ensuite tourné vers l'écriture pour publier, en novembre 2007, la biographie du gardien de but Patrick Roy intitulée Le Guerrier, qui est publiée aux Éditions Libre Expression.
Enfin, je crois qu'il est d'intérêt d'ajouter que j'ai été initié à un très jeune âge au monde du cinéma. Mon père, qui était journaliste et écrivain — on devrait traduire par novelist —, a commencé à produire des films à Québec au début des années 1950. Dès l'âge de 9 ans, il m'arrivait de jouer un rôle de figurant dans certains de ces films, me familiarisant ainsi avec l'ambiance d'un plateau de tournage. Vers 1955, mon père fonda, à Montréal, sa maison de productions cinématographiques, Serge Roy Productions. Étudiant, je passais alors mes étés à travailler comme assistant cadreur. Puis, à 20 ans, j'appris le métier de monteur de films et, à ce titre, j'ai monté, de 1962 à 1964, près d'une soixantaine d'émissions de télévision pour la Société Radio-Canada. Après toutes ces expériences de travail, je me plais à dire que derrière ma tête d'administrateur, il y a un coeur d'artiste, une combinaison plutôt appropriée pour présider une société vouée au soutien d'entreprises culturelles.
Ma nomination à Téléfilm remonte au 12 octobre dernier, mais en raison d'engagements préalablement pris de longue date, ce n'est qu'au début du présent mois que j'ai pu véritablement m'impliquer autant que je le souhaitais dans les affaires de Téléfilm Canada. Cela ne m'a cependant pas empêché, en novembre et décembre, de prendre connaissance de plusieurs documents — je devrais dire une tonne de documents — qui m'ont permis d'amorcer mon apprentissage des affaires de Téléfilm Canada, de rencontrer à quelques reprises les membres de la haute direction qui m'ont entretenu des principaux enjeux auxquels Téléfilm Canada est présentement confrontée, de participer à Montréal à une réunion de la direction des opérations, faisant par le fait même connaissance avec les directeurs des quatre bureaux régionaux de Téléfilm Canada, qui y ont discuté des particularités de leurs marchés respectifs.
J'ai même amorcé, toujours pendant cette période, des rencontres individuelles avec des producteurs, des réalisateurs et des scénaristes, afin de connaître leur perception de Téléfilm Canada à titre de clients de l'organisation.
Je vous avouerai que ce n'est pas sans appréhension que j'ai accepté le mandat que le gouvernement m'a confié. À distance, j'avais eu vent, par l'entremise des médias, de certaines critiques plutôt sévères dont Téléfilm Canada avait fait l'objet par le passé. Mais je vous avouerai que les démarches d'informations que j'ai entreprises au cours des deux derniers mois de l'année 2007 m'ont totalement rassuré. Téléfilm Canada est une entreprise bien dirigée, gérée par des gens compétents, intègres, dévoués et qui affichent une passion communicative à l'égard des défis qu'ils relèvent sur une base quotidienne.
Ce qui m'a surtout impressionné, c'est cette façon avec laquelle Téléfilm Canada a évolué, au cours des quelques dernières années, dans un univers où la seule constante est le changement, en partenariat avec l'industrie et à l'écoute assidue des besoins exprimés par celle-ci. J'ai été agréablement surpris par la capacité de cette société de s'adapter à mesure que change son environnement de travail et en fonction du contexte dans lequel elle évolue. Car il ne faut pas se le cacher, nous sommes sous l'emprise d'une révolution technologique sans précédent qui, presque quotidiennement, nous présente une nouvelle façon de rejoindre un auditoire et vient transformer peu à peu l'essence même de l'industrie audiovisuelle, de la production à la diffusion des oeuvres, en passant par ce contrôle croissant que les auditoires veulent maintenant exercer sur les produits qu'ils consomment.
Bien sûr, ces nouvelles technologies stimulent l'intelligence vive qu'on retrouve dans le milieu de la production de biens culturels et lui donnent la possibilité de se démarquer de la concurrence à l'échelle nationale et internationale. Mais en même temps, ces découvertes technologiques, qui se décuplent à la minute près, multiplient les défis que doivent désormais relever ceux qui veulent soutenir les entreprises du secteur de l'audiovisuel.
Même la mondialisation des marchés impose son lot de nouveaux défis. Les oeuvres de qualité ont un rayonnement de plus en plus grand et rapportent des gains de plus en plus substantiels, mais en contrepartie, elles engendrent des risques financiers beaucoup plus considérables, qui forcent à innover tout autant dans les méthodes de financement.
Téléfilm Canada est née des besoins du cinéma, il y a quelque 40 ans. On y a ajouté la télévision puis, plus récemment, ce qu'à défaut de mieux on appelle les nouveaux médias. Quand on dit Téléfilm Canada, il faut maintenant penser « Audiovisuel Canada ».
Sous ma gouverne, Téléfilm Canada va continuer d'être à l'écoute de sa clientèle, d'entretenir des relations constructives avec les groupes de clients qu'elle dessert pour demeurer à l'affût de la dynamique changeante de cet environnement technologique en constante mutation. J'encouragerai Téléfilm Canada à maintenir son dialogue fructueux avec ses clients, ses partenaires et les divers intervenants du milieu.
J'ai réuni le conseil d'administration de la société pour la première fois il y a deux semaines. Deux sièges sont actuellement vacants au sein du conseil, mais la m'a donné l'assurance que ceux-ci seraient comblés dans de brefs délais. C'est avec impatience que j'attends ces nominations, afin que le conseil assume pleinement son mandat qui, de façon générale, consiste à surveiller la gestion des activités commerciales et des affaires internes de la société.
Lors de ma première assemblée, j'ai signifié d'entrée de jeu aux membres que je ne voulais pas d'un conseil d'administration honorifique, mais que je souhaitais qu'il s'implique à fond dans les affaires de la société. On a fait appel à nos services — je parle des services des membres — pour mettre à contribution notre expérience et notre expertise. Nous sommes là pour servir Téléfilm Canada, et c'est dans cet état d'esprit que nous aborderons notre tâche. J'ai insisté sur deux points particuliers face auxquels je voudrais que le conseil soit vigilant. D'abord, s'assurer que Téléfilm Canada respecte en tout temps le cadre de sa mission, de sa raison d'être. Ensuite, que les mécanismes opérationnels de Téléfilm mènent à des décisions empreintes d'intégrité et de probité. Cette surveillance se fera évidemment en étroite collaboration avec la haute direction, avec laquelle on évaluera également de nouvelles façons de faire pour maximiser les ressources forcément limitées dont le domaine de l'audiovisuel dispose pour s'épanouir et se développer.
Mais à chaque étape, il nous faudra répondre aux questions suivantes. Est-ce que cela cadre avec notre mandat? Exerçons-nous nos activités en toute transparence et équité? Sommes-nous en mesure de nous adapter suffisamment rapidement aux besoins changeants d'une industrie happée par les progrès de la technologie? Pouvons-nous quantifier et mesurer les résultats réels de nos stratégies? En tirons-nous une efficacité et une efficience optimales?
Téléfilm Canada joue un rôle unique, le seul de ce genre parmi les organismes culturels, soit de soutenir le développement et la promotion d'une industrie de l'audiovisuel et de talents canadiens qui, par leurs produits, tentent de séduire les auditoires d'ici et d'ailleurs sur toutes les plateformes de diffusion qui s'offrent à eux. Évoluant dans un environnement très compétitif, on doit, dans toute la mesure du possible, faire en sorte que les fonds publics canadiens mis à contribution puissent en attirer d'autres du secteur privé ou de sources diverses, produisant ainsi un effet multiplicateur.
Je suis honoré d'être associé à une entreprise d'une telle envergure et c'est avec beaucoup d'enthousiasme et de passion que j'y investirai temps, énergie et connaissances. Téléfilm Canada entame déjà sa cinquième décennie, mais c'est vers l'avenir qu'elle doit porter son attention. Le cinéma, la télévision et tous ces nouveaux moyens de rejoindre un auditoire de plus en plus exigeant par un contenu — je devrais ajouter par des contenants aussi — traditionnel, numérique, interactif ou autre, continueront à prendre une place de plus en plus grande dans la vie des citoyens au cours des prochaines années. L'industrie canadienne de l'audiovisuel doit y faire sa place. Le présent contexte est certes très différent de celui qui a présidé à la naissance de la société en 1967. Il en est de même des défis à relever et je suis très fier d'y être associé.
C'est donc avec plaisir que je tenterai maintenant de répondre à vos questions. Je dis « tenterai », parce que je ne suis pas sûr d'y parvenir. Vous comprendrez que ma nomination est toute récente. J'aurais aimé me présenter devant vous avec une connaissance parfaite et complète de ce que sont Téléfilm Canada et l'industrie audiovisuelle canadienne. Malheureusement, je n'y suis pas encore parvenu. Je peux vous parler de mon expérience personnelle. Je peux vous parler de mes connaissances, telles qu'elles se limitent aujourd'hui à Téléfilm et à l'industrie audiovisuelle canadienne. Sans aucun doute, dans un avenir plus ou moins rapproché, vous m'inviterez à nouveau pour parler davantage du contenu de Téléfilm Canada.
Je vais maintenant répondre à vos questions.
D'abord, votre introduction me rassure beaucoup parce que si vous mentionnez que vous allez me rencontrer à nouveau, cela veut dire que vous n'aurez pas d'objection à ce que mon mandat se poursuive.
Pour ce qui est de votre question plus spécifique sur les nouveaux médias, on dit bien « les nouveaux médias ». C'est quelque chose de nouveau pour nous tous et qui évolue à une vitesse exponentielle sur une base quotidienne. Nous avons actuellement des fonds à hauteur de 14 millions de dollars pour appuyer ces initiatives. Je considère que le programme qui est en place actuellement — et ce n'est pas Téléfilm Canada qui parle présentement, c'est moi, personnellement — est un programme expérimental. On est en train d'expérimenter dans un nouveau secteur fait de très petites entreprises, pour la plupart d'entre elles, et qui est constitué d'entrepreneurs qui peuvent faire des inventions dans leur sous-sol, arriver avec des idées très brillantes, mais qui n'ont pas ensuite les moyens nécessaires pour mettre en marché et développer leur produit. Et c'est souvent à ce moment-là qu'ils sont achetés par d'autres, par des étrangers qui, finalement, bénéficient de leur intelligence vive.
On est un peu dans la situation où était le Québec il y a quelques années, alors que nos ressources naturelles étaient exploitées par les autres. C'est un peu ce qui se produit. Je crois qu'il y aura un virage, à un certain moment, dans notre façon d'aborder le programme des nouveaux médias. Je pense qu'il va nous falloir nous poser la question suivante: que fait-on des nouveaux médias? Doit-on continuer à les soutenir de façon tiède et timide ou doit-on prendre le leadership du développement des nouveaux médias?
Si nous prenons le leadership du développement des nouveaux médias, ça prendra des fonds beaucoup plus considérables que ceux que nous avons actuellement. Quand on examine l'industrie du long métrage, qui est quand même une industrie importante au Canada, on constate que le box-office est à hauteur de 850 à 860 millions de dollars, peut-être à 900 millions de dollars dans les bonnes années. Pour leur part, les revenus des nouveaux médias au Canada sont de l'ordre de 5 milliards de dollars. C'est une industrie beaucoup plus considérable. Si nous voulons en prendre le leadership, il est évident que nous allons devoir...
Par ailleurs, je me demande aussi, compte tenu de l'importance de cette entreprise — et encore une fois, c'est une réflexion personnelle —, si on pourra, si on développe un fonds pour les nouveaux médias, se permettre d'agir comme une banque. Je pense à une banque qui ferait des prêts à risque, par exemple, mais qui réussirait à obtenir un retour sur ses prêts, sur son investissement, qui lui permettrait de constituer un fonds qui serait ensuite suffisant pour prendre le leadership du développement des nouveaux médias.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci, monsieur Roy, de comparaître devant notre comité aujourd'hui. Nous vous en sommes très reconnaissants.
Monsieur, si j'ai bien compris le président, comme il n'y a pas de député du NPD ici aujourd'hui, nous allons avoir sept minutes pour cet échange. Je prévois parler environ quatre minutes, ce qui vous laissera du temps pour me répondre. Quand j'aurai terminé, je vais poser quelques questions directement liées à vos qualités et à vos compétences pour présider le conseil d'administration de Téléfilm.
En haut de la page 4 de votre mémoire, vous avez écrit avoir des appréhensions quand vous avez accepté le mandat de président de ce conseil compte tenu des critiques sévères exprimées à l'endroit de Téléfilm par le passé. Je vais vous demander de commenter ce passé.
Évidemment, mes observations ne sont pas des critiques dirigées contre vous, monsieur Roy, comme vous venez tout juste d'être nommé, mais j'aimerais aborder quelques-unes des critiques sévères qui ont été exprimées et vous permettre de nous éclairer sur la façon dont vous comptez diriger le conseil à partir de maintenant.
Pour commencer, le conseil d'administration a la responsabilité de fournir des conseils stratégiques à l'administration, de veiller à l'optimisation des fonds reçus des contribuables et de tenir l'administration responsable de son rendement.
Le mandat de Téléfilm Canada se lit comme suit:
Investisseur culturel en cinéma, télévision, nouveaux médias et musique, Téléfilm Canada appuie principalement des productions originales diversifiées et de grande qualité qui reflètent la dualité linguistique et la diversité culturelle de la société canadienne. Par conséquent, Téléfilm Canada appuie les productions à grande proportion de contenu canadien.
Tout part de là.
Téléfilm est un organisme indépendant du gouvernement. Il utilise des critères établis pour distribuer l'argent des contribuables, mais ces critères comprennent un pouvoir discrétionnaire et des jugements de valeur.
À mon avis, monsieur, et de l'avis de beaucoup de mes collègues ainsi que de beaucoup, beaucoup de Canadiens qui vont nous regarder aujourd'hui, la raison d'être de Téléfilm est de contribuer à la réalisation de films pour la société canadienne générale, des films que les Canadiens pourront regarder avec leur famille dans leur salon d'un bout à l'autre de ce grand pays.
Dans le passé, toutefois, il est arrivé que des jugements de Téléfilm sèment la controverse. L'exemple le plus récent en est un film... J'hésite beaucoup à donner ce titre, monsieur le président, mais il fait partie des critiques sévères exprimées à l'endroit de Téléfilm Canada. Il s'intitule Young People Fucking et a été présenté cet été au Festival international du film de Toronto.
Je n'ai pas vu ce film, mais d'après ce que je comprends, il contient beaucoup de scènes de pornographie légère. Il semble qu'il renferme assez d'esprit, mais que le dialogue soit très érotique. Ce n'est certainement pas le type de discussion que la plupart des Canadiens partageraient chez eux ou au bureau.
Bien sûr, il y a d'autres exemples.
Mais attendez un instant. Je vais vous lire la description du film que je viens de mentionner. Ce serait « un film percutant, honnête et parfois hilarant qui met en scène quatre couples et un trio en quête d'aventures sexuelles ».
Il y a également déjà eu, bien sûr, une grande polémique autour d'un autre film intitulé Bubbles Galore, pour lequel un réalisateur de films pour adultes a obtenu une subvention des honnêtes contribuables du Canada afin de tourner un film de pornographie légère.
On peut continuer ainsi et regarder sur Internet, il y a un film intitulé Rub & Tug.
L'un de mes collègues est venu me voir aujourd'hui, un collègue que j'estime beaucoup, un sous-ministre adjoint, , qui m'a dit: « J'aimerais que vous parliez, au comité aujourd'hui, d'un film intitulé Control Alt Delete. » Je vais vous lire, monsieur, une brève description de ce film:
Nous sommes en 1999. Lewis, un jeune homme charmant passionné d'ordinateurs, est abandonné par son amie de coeur. Il décide alors de faire ce que feraient beaucoup de jeunes hommes dans sa situation: il se tourne vers les sites Web pornographiques. Alors que la planète entière vit la folie du bogue de l'an 2000, Lewis se lasse rapidement de ces images virtuelles et se lance alors dans une étrange relation sexuelle avec... les ordinateurs eux-mêmes.
Constamment à la recherche d'ordinateurs toujours de plus en plus « sexy », il se met à « copuler » en cachette avec les ordinateurs de ses collègues de travail.
Je pourrais continuer encore, mais je vais m'arrêter là.
:
Madame la députée, vous avez posé trois questions. Je vais essayer de me souvenir des trois. La première avait trait au marché.
Le marché du film francophone, à cause de la culture québécoise, est captif au Québec. Le Québec a réussi à se donner un star system. Il a ses producteurs vedettes, ses réalisateurs vedettes et ses comédiens vedettes. Quand les gens ouvrent un magazine au supermarché, au moment de faire leur épicerie, ils voient la liste des films québécois. Ils regardent des émissions québécoises, des sitcoms en anglais, mais qui sont également québécois. Ils raffolent de productions comme Un homme et son péché, Le Survenant et ainsi de suite.
Au Canada anglais, c'est très différent à cause de l'envahissement du cinéma américain. Quand les gens font leur marché et ouvrent un magazine, dans bien des cas, celui-ci est une publication appartenant à une entreprise américaine. On y trouve donc beaucoup de publicité et de promotion relatives à des films américains. Bien souvent, ceux qui deviennent les meilleurs comédiens et réalisateurs canadiens finissent par franchir la frontière pour aller travailler aux États-Unis. Il est vraiment très difficile de fabriquer un star system qui susciterait suffisamment d'intérêt chez les Canadiens de langue anglaise pour qu'ils découvrent leurs propres vedettes et regardent leurs productions et leurs films. Ce sont deux marchés très différents.
Par contre, le marché québécois demeure très petit du fait qu'il est captif. C'est donc un marché limité. Ma réflexion ne repose pas encore sur des assises solides étant donné que je viens d'arriver. Je suis d'avis, toutefois, que la coproduction permettrait aux deux marchés d'y trouver leur compte. D'abord, ce serait un moyen d'aller chercher des investissements étrangers. Ça permettrait aussi d'ajouter des fonds privés aux fonds publics, ce qui pourrait aider à financer les productions. De cette façon, on réduirait le pourcentage de la contribution des fonds publics à la production des films. Ce serait aussi une façon de faire travailler des comédiens québécois ou canadiens avec des comédiens américains qui sont déjà de grandes vedettes établies. Ça aiderait à augmenter la crédibilité des comédiens d'ici.
Prenons l'exemple de Marie-Josée Croze, qui fait des films en France et qui est devenue une star internationale. Elle est excellente. C'est aussi le cas de Roy Dupuis. Quand ces gens font du cinéma au Québec, ils ne sont pas moins bons que s'ils tournaient à Paris. Les gens sont donc incités à aller voir leurs films, leurs productions. C'est, je pense, ce qui manque actuellement du côté du cinéma anglais.
Vous aviez deux autres questions. Voulez-vous m'aider?
:
Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur Roy, de comparaître devant nous aujourd'hui. Jusqu'à maintenant, votre témoignage me donne bon espoir.
J'ai remarqué dans votre exposé que vous aviez très bien compris le mandat de Téléfilm Canada et je vais justement vous citer. Vous dites que votre rôle consiste à: « soutenir le développement et la promotion d'une industrie de l'audiovisuel et de talents canadiens qui... tentent de séduire les auditoires d'ici et d'ailleurs sur toutes les plateformes de diffusion qui s'offrent à eux. »
C'est juste. Dans le mandat de Téléfilm, on met beaucoup l'accent sur l'industrie culturelle, sur la santé de notre industrie. Cela dit, vous avez également reconnu, en réponse à l'un de mes collègues, qu'il fallait aussi rendre des comptes au public, parce que l'argent est celui des contribuables. Il faut comprendre les valeurs du public qui doivent se refléter chez Téléfilm Canada.
Je vais vous dire bien honnêtement que je ne crois pas qu'il revienne au comité de faire de la censure. Toutefois, je crois que quand on utilise l'argent du public, il faut veiller à ce que le produit pour lequel les contribuables paient en soit un que les contribuables en général jugent fidèle à nos valeurs.
Mes collègues de l'autre côté de la table ont laissé entendre que nous ne comprenions peut-être pas bien le contenu des films que mon collège a nommés. Nous le connaissons très bien. Nous avons vu des extraits importants d'au moins un de ces films. Malheureusement, il m'a laissé l'impression d'être dégradant pour les femmes. Il mettait plus l'accent sur l'activité sexuelle par plaisir que sur les relations d'amour. Ce n'était pas valorisant. En bout de ligne, je doute qu'il laisse sur les Canadiens une empreinte qui va les faire grandir comme êtres humains.
J'ai été très encouragé d'entendre que vous admettiez qu'il y avait des valeurs publiques dont Téléfilm Canada doit tenir compte. Je vous en remercie.
Voici ce que je vais vous dire. Vous allez être confrontés dans votre mandat, étant donné le grand nombre d'intervenants dont vous êtes responsable. Vous êtes responsable envers l'industrie, envers le gouvernement et envers le public.
Pouvez-vous dire au comité comment vous allez déterminer votre façon de répondre à ces divers intervenants? Allez-vous les consulter fréquemment? De quelle façon allez-vous les consulter pour que Téléfilm Canada reste fort et qu'il respecte le mandat, la vision et la mission clairement définis à tout le moins sur le site Web que j'ai vu?