:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour à tous, honorables députés.
Tout d'abord, sachez que je suis extrêmement heureuse d'être ici aujourd'hui et je vous remercie de m'avoir permis de comparaître à cette audience.
J'ai commencé ma carrière, il y a près de 30 ans, à titre d'adjointe parlementaire au sein de l'institution européenne. Pendant 15 ans, je me suis occupé des relations avec le Parlement européen, alors je m'y sens vraiment chez moi. Je vous remercie énormément de me donner cette possibilité d'être parmi vous aujourd'hui.
Nous allons discuter de l'AECG, c'est-à-dire l'accord le plus important et ambitieux que l'Union européenne ait conclu à ce jour. Il a fallu quatre ans de négociations pour y parvenir. Certains diront que c'est beaucoup, mais je considère que d'avoir conclu, en quatre ans, un accord aussi global, avec la participation de toutes les provinces et des 28 États membres de l'Union européenne, c'est tout un exploit.
Cet accord profitera nettement aux deux parties, le Canada et l'Union européenne. Je sais qu'il y a eu beaucoup de spéculation entourant l'accroissement du commerce attribuable à l'AECG. Je ne veux pas en rajouter, mais d'après ce que j'ai vu au sein de l'UE, avec tous les accords de libre-échange que nous avons conclus, surtout les plus récents, à partir du moment où l'accord entre en vigueur, il procure aussitôt des avantages aux deux parties et stimule considérablement les échanges commerciaux.
Pourquoi l'AECG est-il l'accord le plus ambitieux jamais conclu à ce jour? L'accord lui-même renferme des parties typiques d'un accord de libre-échange conventionnel. Tout d'abord, les droits de douane sur les produits industriels et agricoles seront supprimés. Même si les droits de douane n'ont jamais été très élevés entre le Canada et l'Union européenne, même s'ils ne représentent que 3 ou 4 %, le fait de ne pas en avoir du tout est beaucoup plus avantageux.
Dès son entrée en vigueur, l'AECG supprimera les droits de douane sur presque tous les produits industriels et agricoles. Dans le cas des produits jugés sensibles, notamment dans le secteur laitier, il y aura des périodes de transition et certains contingents à respecter.
Cet accord profitera également aux consommateurs des deux côtés. Il y aura davantage de concurrence, plus d'offres et, par le fait même, de meilleurs prix.
L'AECG permettra une plus grande libéralisation du commerce des services. Il favorisera l'investissement des deux côtés en éliminant les obstacles. On a attribué une nouvelle compétence à l'Union européenne il y a quelques années. L'UE dispose d'une compétence exclusive pour négocier un accord sur la protection des investissements, au nom de tous les États membres.
Dans toutes mes interventions au sujet de l'AECG, je mets toujours l'accent sur l'abolition des barrières non commerciales, comme la réglementation technique, sanitaire et phytosanitaire. J'insiste là-dessus, car même si les droits n'étaient pas si élevés, il y avait, et il y a toujours, des obstacles importants. Les petites et moyennes entreprises pourraient particulièrement bénéficier de cette abolition. J'estime qu'il s'agit là d'un avantage majeur qui fera épargner beaucoup d'argent et d'efforts aux entreprises des deux côtés de l'Atlantique.
L'AECG n'est pas un accord de libre-échange classique. Comme je l'ai dit, on parle d'un accord global et ambitieux. C'est ce que nous appelons un accord « de nouvelle génération ». Pourquoi? Parce qu'il traite aussi d'éléments comme l'approvisionnement, la propriété intellectuelle, les indicateurs géographiques et la mobilité de la main-d'oeuvre.
En ce qui a trait à l'approvisionnement, en vertu de l'AECG, le Canada et l'UE ont convenu de s’assurer mutuellement un accès à leurs marchés d’approvisionnement respectifs au niveau infranational — c'est-à-dire provincial et municipal. Parmi les avantages, mentionnons une concurrence accrue, des produits moins chers et la transparence des dépenses gouvernementales, qui donnera lieu à une meilleure utilisation de l'argent des contribuables. Toutefois, je dois préciser qu'on a établi des seuils. Les municipalités continueront d'acheter des produits locaux en deçà des seuils établis. D'ailleurs, à ce chapitre, sachez que tous les entrepreneurs étrangers devront se conformer en tout temps aux lois locales relatives au travail et à l'environnement. Ce chapitre est réciproque, c'est-à-dire que l'entente ouvrira non seulement les marchés publics canadiens, mais aussi européens, même si en Europe, les marchés publics sont déjà très ouverts.
La propriété intellectuelle est également un élément clé de l'accord pour nous. L'AECG renferme des dispositions sur la propriété intellectuelle qui sont importantes pour l'Union européenne, telles que la protection des brevets pour les produits pharmaceutiques. Pourquoi est-ce important? Parce que nous considérons qu'il faut protéger suffisamment notre propriété intellectuelle, compte tenu des coûts extrêmement élevés liés à la recherche de nouveaux médicaments, et réinvestir les fonds dans de nouveaux projets afin d'améliorer la santé. Nous sommes d'avis que cette propriété intellectuelle profitera aux sociétés de recherche canadiennes. Encore une fois, pour dissiper les préoccupations qui ont soulevées à ce sujet, sachez que nous avons également des systèmes de santé financés par les fonds publics au sein de l'Union européenne comme vous avez au Canada. Nous contrôlons le prix des médicaments tout en assurant une protection élevée et en stimulant la recherche. Cet aspect est donc très important.
Pour ce qui est des indicateurs géographiques, nous sommes très heureux que le Canada et l'UE aient pu s'entendre sur la protection des indicateurs géographiques de l'Union européenne. Cela entraînera assurément une hausse de la consommation des délicieux aliments européens au Canada.
Enfin, je dirais que l'AECG rassemblera les gens. Un élément à ne pas négliger est sans aucun doute la mobilité temporaire des travailleurs hautement qualifiés. Cet élément revêt une grande importance pour le Canada, vu l'ampleur de ses investissements directs dans l'Union européenne. Le Canada est le quatrième investisseur en importance dans l'Union européenne. Par conséquent, la mobilité temporaire des travailleurs, conjuguée à la reconnaissance des qualifications professionnelles, qui facilitera la circulation des professionnels d'un pays à l'autre, est fondamentale.
En tant qu'ambassadrice de l'Union européenne, je me dois de vous parler de la vigueur du marché européen. Je ne le fais pas parce qu'on me paie pour le faire, mais plutôt parce que je suis une Européenne convaincue. L'Union européenne est l'économie la plus solide au monde.
Forte d'un marché de plus de 500 millions de consommateurs, l'Union européenne est le marché le plus intégré au monde. On y assure une libre circulation des personnes, des biens, des capitaux et des services, ce qui signifie, par exemple, qu'un produit canadien qui fait son entrée sur le marché européen — peu importe son port d'entrée, que ce soit Rotterdam, Antwerp, ou ailleurs — il sera librement et automatiquement commercialisé sur tout le territoire de l'Union européenne. Je le répète, on parle de 500 millions de consommateurs. Il s'agit d'un marché très concurrentiel. Je dis toujours que si vous arrivez à pénétrer ce marché, la suite sera très prometteuse. De plus, c'est bien connu, l'Union européenne a un système juridique très rigoureux, qui veille au respect des lois et des aspects juridiques.
En outre, les entreprises canadiennes pourront profiter d'énormes économies d'échelle.
Un autre aspect positif de l'AECG, c'est le fait que l'Union européenne constitue le premier bloc commercial en importance dans le monde. Nous sommes le premier partenaire commercial de 80 pays partout dans le monde, comparativement aux États-Unis, par exemple, qui sont le premier partenaire commercial de 20 pays. Nous sommes le deuxième partenaire commercial du Canada; je vous laisse deviner qui est le premier. En élargissant notre réseau d'accords de libre-échange, si on inclut l'AECG, 50 % des échanges commerciaux de l'UE seront visés par les accords de libre-échange. Si nous parvenons à un accord avec les États-Unis, avec qui, comme vous le savez, nous négocions actuellement un partenariat transatlantique en matière de commerce et d’investissement, 75 % du commerce de l'UE sera réalisé dans le cadre d’accords de libre-échange. En ce qui concerne nos négociations avec les États-Unis, il faudra un certain temps avant que cet accord se concrétise, mais je considère l'AECG comme une percée politique. Chose certaine, l'AECG, contrairement à l'accord américain, donnera aux entreprises l'avantage d'être les premiers sur le marché européen.
Toutefois, il va sans dire que l'Union européenne et le Canada devront collaborer pour que l'AECG donnent les résultats escomptés. L'accord en tant que tel n'est pas suffisant. Il faut travailler ensemble. Nous devons accroître la visibilité de l'accord, en faire la promotion et bien l'expliquer. Nous devons faire valoir les nouvelles possibilités qui s'offrent aux deux parties. Je crois que nos gouvernements respectifs en font beaucoup à ce chapitre.
Encore une fois, j'insiste sur l'importance qu'il y a à sensibiliser et à informer les petites et moyennes entreprises au sujet de cet accord. Les grandes entreprises le connaissent déjà très bien. Les PME sont le pilier de notre économie. C'est pourquoi nous devons collaborer, et je suis convaincue que nous allons réussir.
En conclusion, monsieur le président, je sais que cette audience porte sur le commerce et l'économie, mais à titre d'ambassadrice, je me dois de souligner que la relation entre le Canada et l'Union européenne ne repose pas uniquement sur ces deux aspects. Le Canada est un partenaire stratégique de l'Union européenne et sachez qu'elle n'en a que 10 à travers le monde.
Nous collaborons très étroitement avec le Canada dans d'autres domaines, comme les relations extérieures, les connaissances scientifiques et l'éducation, pour n'en nommer que quelques-uns. De plus, nous partageons les mêmes valeurs. Nous avons de forts liens culturels et de solides liens d'amitié. Nous sommes de très bons alliés et partenaires. Avec l'AECG, je crois que nous serons encore plus forts, ce qui profitera non seulement à nos pays et à nos entreprises, mais aussi à nos populations respectives.
Merci beaucoup.
Bonjour et merci de m'offrir cette occasion de témoigner sur l'accord phare que constitue l'AECG.
C'est la première fois que je témoigne devant vous, donc je vous remercie de votre patience.
Je m'appelle Cristina Falcone, mais les gardes de sécurité du premier étage ont décidé de me renommer « Wendy », donc je suppose que je vais répondre aux deux noms.
[Français]
Je représente aujourd'hui UPS, un chef de file mondial en matière de logistique.
[Traduction]
Le sujet de l'audience d'aujourd'hui revêt beaucoup d'importance pour notre société. Voici quelques faits sur UPS. Au cours de son existence plus que centenaire, UPS a directement constaté comment le commerce international peut contribuer à l'essor d'une entreprise. Le Canada a été le premier pays où nous nous sommes implantés à l'extérieur des États-Unis. C'était en 1975, à Toronto. Nous ne comptions alors qu'un seul employé qui travaillait dans le sous-sol d'un hôtel de Toronto et qui avait recours à un taxi au damier brun. Nous nous sommes ensuite installés en Allemagne, moins de 10 ans plus tard. Notre société compte actuellement 10 000 employés au Canada et 43 000 dans les États de l'Union européenne.
UPS est la plus grande entreprise de livraison de colis au monde et un fournisseur renommé de services de transport et de logistique spécialisés. Dans nos véhicules, remorques, avions et conteneurs maritimes de colis, nous transportons environ 2 % du PIB mondial dans plus de 220 pays et territoires chaque jour.
Dans ce contexte, je vais vous donner un aperçu des avantages qu'UPS voit en l'AECG pour nos employés, nos clients et l'économie et je vous proposerai deux mesures précises que, de l'avis d'UPS, le gouvernement peut prendre pour s'assurer que le Canada obtienne ces avantages.
De notre point de vue, les avantages de l'AECG sont faciles à reconnaître. Plus les échanges se multiplient, plus de marchandises passent par notre réseau, plus nous pouvons investir dans des technologies et des services novateurs pour prendre de l'expansion, ce qui nous permet d'embaucher plus de gens tant au Canada qu'à l'étranger. Nous avons estimé qu'un emploi dans l'exploitation d'UPS équivaut à 22 colis qui franchissent une frontière.
Nos clients profiteront également de l'accord. Cet accord historique et exhaustif donnera au Canada accès à 500 millions de consommateurs et à un marché dont l'activité économique se chiffre à 17 billions de dollars. Voilà des chiffres que nos entreprises doivent connaître et dont elles doivent se réjouir.
[Français]
Nous avons observé, par le truchement de nos clients, le potentiel de croissance lorsqu'on prend de l'expansion sur de nouveaux marchés. Le problème réside dans le fait que les entreprises canadiennes ne sont pas assez nombreuses à exploiter ce potentiel.
[Traduction]
Une étude récente menée par Deloitte montre que malgré une activité entrepreneuriale considérable au Canada, des facteurs comme l'aversion pour le risque et le faible volume d'exportation entravent la croissance. Cette étude et d'autres qu'UPS a menées montrent aussi que les entreprises exportatrices du secteur manufacturier obtiennent une croissance supérieure de la productivité que les entreprises qui n'exportent pas.
UPS fait valoir les avantages que les entreprises et les consommateurs peuvent attendre de l'AECG. Nous informons nos clients et travaillons en partenariat avec des associations professionnelles pour que les petites et moyennes entreprises, les PME, apprennent comment s'y prendre.
Tout en nous préparant à aider l'entreprise à « démarrer sur les chapeaux de roue » lorsque l'accord entrera en vigueur, nous échangeons avec les gouvernements provinciaux pour mieux comprendre l'éventail des possibilités offertes par l'AECG. La région de l'Atlantique est l'une des régions qui nous aideront à remplir nos avions à destination de l'étranger, nous le savons. Les modifications apportées aux tarifs et à l'accès au marché des fruits de mer aideront à améliorer sa compétitivité.
[Français]
À UPS, nous avons estimé que l'AECG pourrait faire croître de plus de 10 % notre volume d'achats au cours des 10 prochaines années.
[Traduction]
Ce serait là une incidence directe dépassant la croissance attendue. Cet accord représente des débouchés importants pour notre entreprise.
Cet accord très exhaustif peut être un outil pour les entreprises canadiennes de toutes tailles afin de rivaliser facilement avec leurs concurrentes sur de nouveaux marchés. Il fait également du Canada un choix judicieux parmi les pays de l'ALENA où investir dans le secteur manufacturier. Cependant, même si l'accord progresse vers une ratification, rien ne garantit les rendements économiques prévus.
Nous savons que ces prévisions sont atteignables. Nous sommes donc ici pour proposer deux mesures que le gouvernement peut prendre pour s'assurer que l'AECG donne les résultats escomptés: un, informer le segment des petites entreprises et lui donner des moyens d'agir; deux, simplifier encore plus les prescriptions douanières pour les échanges entre le Canada et l'Union européenne.
Les petites entreprises, qui sont la force vive de l'économie canadienne, joueront un rôle crucial dans la réussite de l'AECG. Ce mois-ci, UPS a fait appel aux services de Léger Marketing pour effectuer un sondage auprès de la population canadienne au sujet de l'AECG. Nos résultats ont été intéressants: 47 % des répondants ne savaient pas que le Canada avait signé un accord avec l'Union européenne. Parmi ceux qui connaissent l'accord, 77 % sont favorables à une expansion des échanges. De ce nombre, 58 % sont d'avis que l'accord aidera à accroître les exportations et qu'il stimulera le secteur manufacturier canadien; 49 % estiment qu'il stimulera l'emploi et 27 %, qu'il aidera le Canada à améliorer l'innovation et la productivité. La plupart des répondants sont optimistes en ce qui concerne la situation des entreprises canadiennes dans le cadre de l'AECG.
Il s'agit là de réponses de haut niveau de la population générale, mais elles n'en sont pas moins des indicateurs de la nécessité de mieux faire connaître l'accord. Elles montrent également que les personnes informées sont très optimistes quant à la valeur de l'accord.
Nous félicitons le gouvernement pour la disposition qui permettra au Canada de bénéficier de tout nouvel avantage que l'Union européenne négociera dans ses futurs accords avec d'autres pays. Voilà un accord moderne du XXIe siècle qui offre des possibilités incroyables. Grâce aux bases qui ont été jetées, nous savons qu'il est possible de renverser le déficit commercial; il faudra toutefois poursuivre nos efforts pour que les marchandises canadiennes franchissent en plus grand nombre nos frontières.
En 2011, selon Industrie Canada, 90 % des exportations du Canada étaient réalisées par des entreprises de moins de 100 employés. La plupart étaient à destination des États- Unis, mais aussi de l'Europe. Cependant, il est décevant de constater que 10 % seulement de toutes les PME canadiennes exportaient. Compte tenu de l'influence des petites et moyennes entreprises sur la santé économique du Canada et du fait que l'Europe fait partie des partenaires de nombreuses PME exportatrices, nous croyons que les 90 % qui n'exportent pas pourraient utiliser l'AECG comme tremplin pour se lancer et exporter.
La voie des entreprises qui n'exportent pas aujourd'hui est déjà tracée. Elles ont besoin de savoir comment obtenir les certifications nécessaires pour entretenir des relations commerciales avec l'Union européenne; elles doivent comprendre les avantages liés à la franchise des droits dans leur secteur d'activité et comment avoir accès aux offres de marchés publics. Elles doivent être prêtes au commerce lorsque l'accord entrera en vigueur.
Cette éducation nécessitera des investissements additionnels du secteur privé et du gouvernement, mais nous savons que les résultats peuvent en valoir la peine. Au bout du compte, les entreprises et les pays qui comprennent le mieux comment mettre à profit les dispositions de l'AECG peuvent prendre les bonnes mesures pour en retirer le plus d'avantages possible. Nos exportations grandiront si nous renseignons nos entreprises sur ce qu'elles doivent faire pour exploiter les nouveaux marchés et leur donnons les moyens de le faire.
Le gouvernement peut prendre la deuxième mesure suivante: continuer à atténuer les obstacles non tarifaires, par exemple les processus douaniers complexes. La modernisation des processus douaniers, par exemple ceux que prévoit l'Accord sur la facilitation des échanges de l'OMC, aidera à maintenir une chaîne logistique mondiale fluide et sûre. Le Canada et l'Union européenne ont l'occasion unique de favoriser la modernisation des douanes, ce qui encouragera d'autres pays à faire de même.
Nous espérons que la création d'un guichet unique pour le dédouanement des marchandises dans l'Union européenne et au Canada constituera une priorité, afin d'améliorer la circulation des biens et d'alléger le fardeau administratif et les coûts qui incombent aux petites entreprises.
Nous sommes heureux de constater que l'AECG prévoit une réglementation harmonisée tout en assurant le maintien de normes de sécurité. Dans cet ordre d'idées, nous pensons aussi qu'il serait possible de mettre en place un programme des commerçants de confiance, pour aider les importateurs très respectueux des normes qui souhaitent bénéficier d'échanges commerciaux bilatéraux. À notre avis, donner aux PME les moyens de se préparer aux échanges et moderniser les processus douaniers peuvent aider le Canada à atteindre, voire à dépasser la contribution estimée à l'économie canadienne. L'AECG peut avoir des résultats très importants si le gouvernement est déterminé à porter cet exemple idéal de texte négocié au niveau supérieur vers un lancement et une mise en oeuvre hautement stratégiques.
UPS a pour vision de rassembler les entreprises du monde par ce que nous appelons le « commerce synchronisé » et par l'utilisation de notre réseau mondial pour coordonner les chaînes logistiques et permettre à nos clients d'affronter la concurrence dans une économie mondiale en expansion.
[Français]
Une ferme volonté des décideurs canadiens de lancer efficacement l'AECG et de consacrer plus d'efforts à réduire le goulot d'étranglement dans la chaîne logistique aidera UPS à jouer son rôle.
[Traduction]
Nous sommes disposés à offrir d'autres avis constructifs et à promouvoir l'accord auprès de nos clients. Nous considérons qu'il est prioritaire d'aider à rendre l'AECG aussi fructueux que possible et d'obtenir ce résultat aussi rapidement que possible.
Je vous remercie. Je serai heureuse de répondre à toute question.
:
Merci infiniment, monsieur le président.
Bonjour, mesdames et messieurs les membres du comité. Je vous remercie de me permettre de m'exprimer devant vous aujourd'hui au sujet du commerce international et de l'AECG en particulier. L'association que je préside représente les grands constructeurs canadiens d'automobiles et de camions légers, notamment Chrysler Canada, Ford Motor Company of Canada et General Motors of Canada.
Premier contributeur au PIB manufacturier du Canada, le secteur de l'automobile est l'un des plus importants moteurs de l'économie canadienne. L'an dernier seulement, le Canada a fabriqué près de 2,4 millions d'automobiles et de camions, dont 62 % par Chrysler, Ford et General Motors. Toutefois, l'effet de notre industrie sur l'économie ne se limite pas aux usines d'assemblage. Pour chaque emploi d'assemblage, neuf autres sont créés ailleurs dans l'économie. Aucun autre secteur manufacturier ne peut prétendre à un multiplicateur d'emploi aussi élevé. C'est donc dire qu'au total, c'est près de 500 000 Canadiens qui travaillent directement ou indirectement pour l'industrie automobile d'un océan à l'autre.
Le commerce joue un rôle important dans notre industrie, qui a évolué au fil d'une série d'initiatives commerciales remontant à ses débuts. On peut citer principalement le Pacte de l'automobile de 1965, qui a permis de créer des dizaines de milliers d'emplois au Canada et dont les principes ont été insérés dans l'Accord de libre-échange Canada-États-Unis, puis dans l'ALENA lui-même. Résultat? L'intégration, non seulement des économies canadienne et américaine, mais aussi l'intégration complète de l'industrie de la construction automobile et de sa chaîne d'approvisionnement, qui fonctionne à merveille des deux côtés de la frontière.
Aujourd'hui, après presque 50 ans de décisions politiques irréversibles et appliquées avec précaution, la production automobile canadienne est axée sur le soutien d'un marché nord-américain intégré, ce qui permet de réaliser de meilleures économies d'échelle et d'offrir de meilleurs produits à des prix concurrentiels. Je pense qu'il est très important que je vous parle maintenant de la réalité de la concurrence mondiale à laquelle nous sommes confrontés dans l'industrie automobile.
Le commerce est un élément essentiel de la concurrence mondiale grandissante de notre industrie. Les véhicules à moteur et les pièces représentent environ 15 % de tout le commerce du Canada, soit quelque 64 milliards de dollars par année. Le secteur automobile du Canada exporte déjà environ 85 % de toute sa production. Il va sans dire que les exportations se font surtout vers les États-Unis, mais les véhicules produits au Canada sont également exportés de plus en plus en dehors de l'Amérique du Nord, notamment en Amérique du Sud, en Europe, au Moyen-Orient et en Asie-Pacifique. C'est pourquoi il est important que les règles de transbordement dans les accords soient favorables pour nous aider à exporter vers d'autres pays que les États-Unis.
Le secteur automobile au Canada se surpasse régulièrement, ce qui donne lieu à des contributions économiques disproportionnées à la taille déjà imposante du secteur. Mais, attention, d'autres régions et pays concurrents dans le monde prennent constamment des mesures énergiques pour favoriser et cultiver leur industrie, particulièrement le Mexique, par la très efficace organisation ProMexico, ainsi que les États du sud des États-Unis.
Il ne faut pas que les négociateurs canadiens sous-estiment le rôle que les gouvernements jouent ailleurs pour s'assurer que leur secteur automobile génère emplois et croissance économique.
Un certain nombre de principes doivent sous-tendre les accords commerciaux afin que l'industrie automobile en profite. Je vais vous les présenter brièvement.
Tous les accords commerciaux doivent tenir compte du degré élevé d'intégration en Amérique du Nord, visant à maximiser l'efficience et les possibilités d'investissement. Cela est d'autant plus difficile pour les négociateurs canadiens qu'ils tentent de négocier des accords qui sont profitables pour l'industrie automobile sans toutefois négliger les avantages de l'intégration nord-américaine.
Pour suivre un programme de commerce libre et équilibré, voilà l'une des principales recommandations formulées dans le rapport « Un appel à l'action », un rapport, soit dit en passant, que l'ACCV a fait parvenir à chacun d'entre vous et à tous les députés à la fin novembre dernier. Ce rapport présente la recommandation suivante en matière de commerce:
Le libre-échange doit être mutuellement avantageux. Le Canada est un pays commerçant, et son industrie automobile a longtemps préconisé la croissance de la prospérité grâce à des échanges commerciaux mutuellement avantageux. Dans le cadre de ses efforts pour conclure de nouveaux accords commerciaux, le Canada devrait s'assurer qu'il accorde un accès valable et soutenu aux véhicules produits au Canada et qu'il encourage les investissements dans l'industrie automobile canadienne. Les initiatives de politiques commerciales devraient être motivées par une volonté de renforcer les investissements et la production au Canada.
Un bon accord commercial assure une équité pour les entreprises canadiennes en éliminant les obstacles non tarifaires qui causent une distorsion des marchés. Le libre-échange n'est pas vraiment libre si les entreprises canadiennes passent leur temps à contester les règles tandis que leurs produits restent sur le quai, en suspens. Et n'oublions pas qu'il suffit d'une seule barrière non tarifaire, comme une norme technique unique, pour empêcher l'entrée dans un pays signataire.
Un bon accord commercial comporte des mécanismes visant à assurer une cohérence dans la réglementation et un traitement juste des marchés étrangers. Plus le monde tend vers l’homogénéité dans la réglementation, plus le prix des produits devient abordable pour tous.
En fin de compte, il est important de se rappeler les contributions importantes que les constructeurs automobiles actuels du Canada ont faites, et continuent de faire, à l’économie canadienne et au secteur manufacturier. Ces grands investissements de capitaux ont été faits dans un contexte d’intégration du marché nord-américain. Il faudra du temps pour s’ajuster aux nouveaux débouchés en dehors de l’Amérique du Nord. C’est pourquoi il faut prévoir des périodes de transition de tarification. Il faut faire attention pour s’assurer de ne pas amoindrir l’avantage de fabriquer les automobiles au Canada.
Il ne faudrait pas que les nouveaux accords commerciaux compromettent l’empreinte de la production automobile du Canada; il faut qu’ils ciblent les marchés qui offrent des possibilités intéressantes d’accroître de façon durable les exportations de véhicules construits au Canada, avec des échéances permettant à l’industrie canadienne de s’ajuster en conséquence.
Parlons maintenant de l’Accord économique et commercial global entre le Canada et l’Union européenne, l'AECG. L’Association canadienne des constructeurs de véhicules félicite le Canada et l’Union européenne d’avoir conclu une entente de principe exhaustive et détaillée. L’association et ses membres ont hâte de poursuivre le dialogue sur les points de l’accord qui concernent l’automobile et de travailler étroitement avec l’équipe de négociation canadienne pour en éplucher les détails.
Heureusement, l’AECG est un accord entre deux économies pleinement développées. Toutefois, il est très important de bien comprendre les principaux éléments de l’accord afin de bien évaluer la capacité de l’industrie à profiter de ses dispositions.
Comme je l’ai dit plus tôt, il faut que les accords commerciaux bilatéraux, avec l’Union européenne ou d’autres pays, tiennent compte du haut degré d’intégration du marché nord-américain, qui vise à maximiser l’efficience et les possibilités d’investissement. Il s’agit d’un défi de taille dans la négociation d’un accord bilatéral qui, comme nous l’avons appris, nécessite parfois une certaine créativité dans la méthodologie concernant les règles d’origine et la teneur en valeur régionale, les négociateurs du Canada le savent bien. Il faut appliquer les mêmes principes aux autres accords bilatéraux comme l’Accord de partenariat économique Canada-Japon. À cet égard, il semble que les négociateurs canadiens aient réussi à faire approuver certaines dispositions dans l’AECG qui, avec le temps, profiteront à notre industrie ainsi qu’à d’autres secteurs manufacturiers intégrés.
Dans le cas présent, je me rapporte aux règles d’origine et à ce qui en somme est un paramètre fictif pour la disposition concernant le cumul de la teneur dans le cas d’un accord de libre-échange entre les États-Unis et l’Union européenne (discussions en cours), qui permettrait aux pièces d’auto d’origine américaine de compter dans le statut originaire des véhicules produits au Canada ou aux États-Unis. Ce détail est extrêmement important puisqu’il tient compte du fait que l’Union européenne compte 27 États membres d’où peuvent provenir les pièces automobiles pour le calcul de la teneur, par opposition à l’atteinte du niveau de teneur provenant du Canada uniquement, si l’intégration de l’industrie n’avait pas été prise en considération. Le contraire ferait en sorte que les véhicules construits au Canada ne pourraient bénéficier d’un accès en franchise de droits. Encore une fois, les détails dans les conditions applicables seront très importants.
Il faut aussi discuter davantage du libellé de l’accord à propos de la règle de la teneur pour les pièces, y compris la prescription d’une teneur de 50 % de la valeur transactionnelle pour les exportations, et le préciser. Il est important que la méthodologie relative aux règles d’origine soit aussi cohérente que possible (c.-à-d. permettre l’option du coût net, avec calcul de la moyenne) avec celle des accords de libre-échange entre le Canada et les États-Unis afin d’éviter un fardeau et des coûts administratifs supplémentaires pour l’industrie et le gouvernement. Dans les accords de libre-échange entre le Canada et les États-Unis, on a bien réussi à harmoniser la méthodologie des règles d’origine. Le fardeau de devoir se soumettre à des règles différentes viendrait compromettre les avantages escomptés pour notre industrie.
Même si on ne sait pas quand un accord entre les États-Unis et l’Union européenne sera conclu, l’entente de principe prévoit une dérogation de 100 000 unités pour laquelle s’applique une règle d’origine plus libérale pour les matières non originaires. Même si, selon nous, un accord bilatéral efficace ne devrait pas comporter de quotas, la dérogation convenue semble prévoir des niveaux d’accès suffisants jusqu’à l’aboutissement des négociations entre les États-Unis et l’Union européenne. Il faudra probablement préciser davantage le cadre de partage des allocations.
Je vous remercie d’avoir pris le temps de m’écouter aujourd’hui. Je suis maintenant prêt à répondre à vos questions au meilleur de mes connaissances, monsieur le président.
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Toute la question des règles d'origine... Pour déterminer l'origine des composantes, on utilise différentes formules. Il y a la teneur en valeur régionale; il y a ce qu'on appelle la valeur actualisée et il y a le coût net. Je ne suis pas en mesure de vous fournir énormément de détails sur ces concepts.
Cela dit, il est clair qu'on se demande si on peut utiliser la méthode de l'évaluation du coût net par rapport à la moyenne, par exemple, d'après ce que j'ai lu dans le document sur l'accord de principe. Encore une fois, tout est dans les détails. Comme madame l'ambassadrice l'a mentionné, les équipes de négociation sont justement en train d'essayer de s'entendre sur les détails techniques. Parfois, un tout petit détail peut faire toute la différence pour que ce soit avantageux ou non. C'est pourquoi nous nous mettons à la disposition de l'équipe de négociation, dans la mesure où elle peut partager de l'information avec nous, pour l'aider ensuite à obtenir un consensus sur les détails nécessaires afin que nous puissions bel et bien profiter de cet accord.
Nous avons de très grandes attentes à l'égard de cet accord. Nous croyons qu'il va devenir la norme à l'avenir à bien des égards. Nous voulons tirer avantage de toutes les possibilités pouvant découler de ses diverses dispositions. Par exemple, pour ce qui est de la dérogation de 100 000 unités, quel sera exactement le cadre de partage des allocations? C'est un autre exemple de détails que nous aimerions connaître. Évidemment, nous voulons un cadre de partage qui sera juste pour tout le monde. Nous voulons qu'il soit adapté aux marchés en croissance. De quoi aura l'air le marché en Europe dans quatre ou cinq ans ou jusqu'à ce que les États-Unis signent un accord avec l'UE?
Nous voulons être en mesure de prendre l'avantage. Si cette dérogation d'allocation, quel que soit le nom qu'on lui donne, ne prévoit pas de quotas suffisants, faudrait-il revoir la formule? Devrait-il y avoir un mécanisme prévu pour la modifier au besoin?
C'est le genre de choses que nous ne savons pas, parce que nous n'avons pas vu le texte. Nous sommes optimistes, mais je pense que même les négociateurs nous diront que tant que nous n'avons pas le texte final, il sera très difficile pour eux d'aller voir les gens de notre secteur ou de n'importe quel autre secteur pour leur dire: « Voici ce qu'il en est, et nous pensons que ce sera tout à votre avantage. »
Bref, nous voulons simplement avoir l'occasion d'examiner tous ces détails et de vérifier que notre pays, notre industrie et notre secteur peuvent vraiment en bénéficier.