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Merci beaucoup, monsieur le président, de m'avoir invité à comparaître devant vous aujourd'hui.
Comme vous l'avez indiqué, je suis économiste pour Unifor, le plus grand syndicat du secteur privé au Canada. Nous représentons 305 000 membres travaillant dans au moins 20 secteurs bien définis de notre économie, dont plusieurs seront touchés, favorablement ou non, par cet accord que vous étudiez.
Je dois dire que j'ai trouvé un peu amusant le titre de votre étude: « Effets positifs, pour le Canada, de l'Accord de libre-échange Canada-Corée ». En économie, nous procédons généralement à ce qu'on appelle une « analyse coûts-avantages » en vue d'éclairer les décisions importantes. Le titre de votre étude semble laisser entendre que nous avons ici recours à un mécanisme différent qui pourrait s'appeler « analyse avantages-avantages ». Je vais effectivement vous parler de certains avantages de cet accord, mais je vais aussi vous exposer certains de ces inconvénients pour le Canada. J'ose espérer que mon intervention demeurera tout de même recevable dans le contexte de vos audiences.
J'ai aussi des excuses à vous faire. Ce n'est qu'hier que j'ai reçu votre invitation à comparaître. J'ai quelques notes d'allocution que je vais mieux structurer au cours des prochains jours avant de transmettre le tout à votre comité après traduction.
J'ai aussi demandé à votre greffière s'il était possible de déposer officiellement deux autres documents. Le premier est une importante étude sur les impacts probables de la libéralisation des échanges avec la Corée dans différents secteurs de l'économie canadienne qui a été publiée par l'un des syndicats qui nous ont précédés, les Travailleurs canadiens de l'automobile. Le second est un bref document fournissant des renseignements plus à jour sur la structure des échanges commerciaux entre le Canada et la Corée et les répercussions probables de l'accord de libre-échange.
Je m'interroge au sujet de la pertinence de cet accord. Je crois qu'il maintiendra le Canada dans une relation commerciale bilatérale très déséquilibrée tant du point de vue quantitatif que qualitatif. Quantitativement parlant, nous importons plus de 2 $ en marchandises de la Corée pour chaque dollar de vente dans ce pays. Nous avons donc un important déficit commercial chronique qui a atteint près de 4 milliards de dollars l'an dernier.
Le commerce est une bonne chose en soi. À titre d'économiste, je suis totalement favorable au commerce s'il permet d'augmenter la demande nette de produits fabriqués au Canada et, par le fait même, de travailleurs canadiens pour les fabriquer. Notre déséquilibre bilatéral avec la Corée a toutefois l'effet contraire. C'est d'ailleurs l'un des facteurs prépondérants de nos déficits plus généraux en matière d'échanges commerciaux et de balance des paiements, lesquels ont miné notre performance macroéconomique et notre création d'emplois au cours des dernières années. Nous estimons que le déficit bilatéral actuel avec la Corée est responsable de la perte de plus de 10 000 emplois au Canada dans un large éventail de secteurs.
Mais il n'y a pas que ce déséquilibre quantitatif à considérer. Le décalage structurel qualitatif entre nos exportations et nos importations me préoccupe encore davantage. Le Canada exporte principalement des matières premières brutes ou peu transformées, et c'est le cas pour la plus grande partie de nos exportations vers la Corée. En retour, nous importons surtout des produits à valeur ajoutée fortement axés sur la technologie. C'est là une combinaison perdante pour tout pays soucieux de son développement économique à long terme.
Ainsi, les quatre principales exportations canadiennes vers la Corée en 2013 ont été dans l'ordre le charbon, le cuivre, l'aluminium et la pâte de bois. Et nos quatre principales importations en provenance de la Corée ont été les automobiles, les circuits électroniques, les pièces d'auto et les téléphones intelligents. Je suis conscient de l'importance des industries primaires pour notre prospérité mais, à longue échéance, nous devons arriver à en faire bien plus pour ajouter de la valeur à nos ressources, et ne plus nous contenter de les extraire et les envoyer à quelqu'un d'autre qui nous revend les produits qu'il en tire.
En outre, pour bien cerner les répercussions d'un accord de libre-échange, il faut saisir l'ampleur de l'asymétrie structurelle qui existe au départ. Un tel accord n'aura pas d'impact important sur l'exportation de ressources canadiennes en Corée parce que celles-ci ne sont pas actuellement assujetties à des droits de douane élevés ou à d'autres restrictions commerciales. La Corée a besoin de ces ressources qu'elle n'a pas à sa disposition, et il ne serait pas logique qu'elle essaie de protéger quoi que ce soit ou de mettre un frein à leur importation. En revanche, les produits à valeur ajoutée que nous importons sont assortis de droits de douane élevés dont l'élimination entraînerait une forte hausse de nos importations en provenance de la Corée.
La situation est d'autant plus alarmante que les ressources que nous exportons en Corée exigent un apport en main-d'oeuvre relativement faible par rapport à nos importations en provenance de ce pays. Il ne fait aucun doute qu'un accord de libre-échange assurant une libéralisation bilatérale fera grimper la quantité de nos importations en provenance de la Corée bien davantage que nos exportations vers ce pays. Par le fait même, le nombre d'emplois perdus en raison de cette hausse des importations sera nettement supérieur à celui des emplois créés dans nos secteurs d'exportation exigeant relativement peu de main-d'oeuvre.
Si l'on pousse plus loin l'analyse, une entente commerciale comme celle-ci confirme clairement le statut du Canada en tant que fournisseur de matières premières et importateur de produits à valeur ajoutée. À l'instar d'autres accords de libre-échange que nous avons conclus dans le passé, celui-ci va empirer les choses en enracinant notre spécialisation dans l'exportation des ressources, en désavantageant nos industries à valeur ajoutée sur le marché intérieur qui sera inondé d'importations moins coûteuses et, peut-être le point le plus important, en limitant les leviers stratégiques à la disposition du gouvernement dans ses efforts pour favoriser une plus grande diversification.
Parlons un peu de l'industrie automobile. Près des trois quarts de notre déficit bilatéral avec la Corée est attribuable à ce secteur. C'est aussi la composante la plus importante de nos échanges commerciaux avec les Coréens. Les échanges sont peut-être nombreux, mais ça va dans un sens seulement. L'an dernier, nous avons exporté en Corée des produits automobiles d'une valeur de 15 millions de dollars alors que nos importations atteignaient presque 3 milliards de dollars. Pour chaque dollar que nous vendons en produits automobiles en Corée, nous en importons pour 182 $. C'est donc vraiment une voie à sens unique et tout indique qu'un accord de libre-échange ne va rien y changer.
De fait, notre situation par rapport à la Corée s'est grandement détériorée au cours des 15 dernières années malgré le fait — un élément non négligeable — que la Corée ait réduit ses droits de douane sur les importations d'automobiles au cours de cette période. Nos exportations d'automobiles à destination de la Corée étaient déjà très limitées, mais elles ont encore chuté de 82 % depuis 1999. En revanche, nos importations ont grimpé de 450 % au cours de la même période, des fluctuations qui ne découlent pas des questions tarifaires. C'est plutôt le fait d'un déséquilibre structurel dans la nature des échanges commerciaux, des disparités entre les deux marchés de l'automobile et, surtout, de l'efficacité avec laquelle la Corée a pu faire intervenir toute une série de leviers stratégiques pour favoriser les importations dans les industries clés à valeur ajoutée tout en limitant de toute évidence les importations.
Les dispositions de cet accord qui concernent l'automobile — élimination des droits de douane bilatéraux, accès aux marchés et traitement national — auront pour effet de maintenir le déséquilibre existant. Elles n'auront pas d'incidence mesurable sur nos exportations d'automobiles vers la Corée et feront grimper nos importations de véhicules en provenance de ce pays.
Nous pouvons confirmer cette analyse en examinant ce qui s'est passé avec les États-Unis et l'Union européenne qui ont conclu, en 2012 et en 2011, respectivement, des accords de libre-échange avec la Corée. Le déficit de la balance commerciale des Américains avec la Corée s'est accru considérablement depuis l'entrée en vigueur de l'accord. Il est passé de 14,7 milliards de dollars en 2011 à 23 milliards de dollars l'an passé. Dans le secteur de l'automobile, on note une légère augmentation des exportations américaines vers la Corée, mais les chiffres demeurent plutôt faibles. Les importations américaines de produits automobiles coréens ont grimpé 22 fois plus vite que les ventes de véhicules neufs américains en Corée, ce qui témoigne d'un déséquilibre commercial de plus en plus marqué.
Le déséquilibre commercial de l'Union européenne s'est aussi aggravé. Le nombre de véhicules importés en Europe a augmenté trois fois plus vite que le nombre de ceux exportés par les Européens, ce qui montre bien que le marché coréen est structuré de façon à être difficilement accessible.
Il ne faut pas oublier que la situation de départ des Américains et des Européens était meilleure que la nôtre. On retrouve en Europe toute une gamme de fabricants d'automobiles comme Mercedes et BMW qui vendent leurs produits de renom à fort prix en Corée. Le Canada ne peut pas compter sur de tels atouts. Pour ce qui est des États-Unis, on a pris des mesures très énergiques pour essayer de mettre fin au déséquilibre dans le secteur automobile, en misant notamment sur une disposition spéciale rétablissant les droits antérieurs. Nous n'avons pas prévu ici de telles mesures. Notre entente est nettement moins profitable que celle conclue par les Américains et ses répercussions nettes seront forcément moins intéressantes.
J'ai beaucoup parlé du secteur automobile, mais je dois dire que ce n'est pas le seul qui subira les effets néfastes de cet accord. D'autres secteurs devront composer avec les mêmes problèmes, à savoir un important déséquilibre initial, une asymétrie structurelle dans nos relations bilatérales et la faiblesse technologique et concurrentielle relative des exportateurs canadiens de produits à valeur ajoutée, ce qui nous amènera plutôt à nous spécialiser encore davantage dans l'exploitation des ressources.
Notre analyse, à laquelle j'ai fait référence au départ, portait sur 20 secteurs non reliés à l'agriculture au niveau à deux chiffres, incluant celui de la transformation des aliments. Un accord de libre-échange avec la Corée entraînerait une baisse de l'emploi et une perte de production dans 15 de ces secteurs. Quatre d'entre eux auraient accès à de nouveaux débouchés et un secteur ne verrait aucun changement.
Notre analyse révèle que le secteur de l'automobile ne serait pas celui qui serait le plus durement affecté. Ce serait plutôt celui des ordinateurs et de l'électronique, suivi par la machinerie. Le secteur de l'automobile viendrait au troisième rang. Il est bien évident que ces trois secteurs à valeur élevée perdraient plus de ventes qu'ils n'en gagneraient si cet accord était conclu. On pourrait totaliser 30 000 pertes d'emplois pour les 20 secteurs analysés, ce qui montre bien que l'on aurait tort de penser que le problème se limite à l'industrie automobile. D'ailleurs, les secteurs qui pourraient sortir gagnants d'une telle entente seraient davantage l'exception que la règle.
Je reconnais que certains secteurs bénéficieront de l'accord, et je pense notamment à l'exportation de la viande et des produits carnés. Chaque accord de libre-échange fait des gagnants et des perdants. Les décideurs doivent s'assurer que l'impact net sera positif, et je n'arrive pas à m'imaginer — mais peut-être pourrons-nous en parler plus en détail dans la période réservée aux questions — une situation où l'augmentation de nos exportations de porc et de boeuf à destination de la Corée pourrait combler davantage qu'une infime fraction de la croissance de notre déficit commercial bilatéral, un scénario qui ne manquera pas de se concrétiser dans le contexte de cet accord.
En outre, l'accord comporte plusieurs des caractéristiques structurelles très néfastes mais n'ayant rien à voir avec le commerce que l'on retrouve dans les accords de libre-échange de type ALENA. De fait, ces éléments entravent le commerce à certains égards. Il s'agit notamment d'un parti pris en faveur de la déréglementation des échanges de services, des mesures touchant la propriété intellectuelle et des limites imposées au titre des marchés publics. D'ailleurs, je ne sais pas si beaucoup de gens sont au courant, mais l'accord de libre-échange avec la Corée réduirait de plus de la moitié le seuil à partir duquel les contrats fédéraux pour des biens et services doivent être accessibles aux entrepreneurs de l'autre pays. C'est un changement majeur.
Enfin, l'accord entérine un mécanisme de règlement des différends entre un investisseur et un État qui est contesté partout dans le monde. Alors même que les Européens jugent la situation très préoccupante, ici au Canada, même les éléments les plus progressistes seraient prêts à signer une entente qui concrétise ce simulacre de justice qui est si controversé.
Je suis prêt à répondre à toutes vos questions. Merci encore de m'avoir donné l'occasion de participer à votre séance d'aujourd'hui.
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Merci, monsieur le président. C'est toujours un honneur pour moi de témoigner devant votre comité.
Je veux aussi profiter de l'occasion pour vous féliciter de votre élection à la présidence de ce comité. Nous savons que l'industrie est entre bonnes mains lorsqu'une personne comprend aussi bien que vous le lien entre l'accès aux marchés internationaux et les prix à la ferme.
Nous estimons que l'accord de libre-échange entre le Canada et la Corée sera extrêmement avantageux pour les producteurs de bovins canadiens. C'est pourquoi l'Association canadienne des éleveurs de bovins réclame qu'il soit mis en oeuvre le plus rapidement possible. En effet, il faut qu'il entre en vigueur au plus tard le 1er janvier 2015, et plus tôt serait encore mieux.
À l'heure actuelle, les tarifs douaniers pour la viande de boeuf canadien, tant fraîche que surgelée, sont de 40 % en Corée. Les tarifs sur les exportations de boeuf américain sont quant à eux de 32 %. Le 1er janvier de chaque année, les droits de douane imposés sur l'exportation de boeuf américain vers la Corée diminuent d'un quinzième de 40 %, soit 2,7 % par année. Sans l'accord de libre-échange Canada-Corée, le désavantage tarifaire touchant le boeuf canadien passera de 8 % à 10,7 %.
En vertu de cet accord, la Corée supprimera les tarifs douaniers de 40 % pour le secteur de l'exportation de la viande fraîche et surgelée en 15 tranches annuelles égales. C'est à ce rythme également qu'elle élimine les tarifs pour l'exportation du boeuf américain. Ce que nous ignorons encore, c'est à quel moment le Parlement canadien et le gouvernement coréen termineront leurs discussions et quand l'accord entrera en vigueur pour que l'on amorce le processus de suppression progressive des tarifs.
Selon les modalités prévues, la réduction annuelle des droits de douane sur le boeuf canadien s'effectuera au jour anniversaire de l'entrée en vigueur de l'accord. Si c'est le 1er janvier, nous maintiendrons un écart tarifaire constant de 8 % avec les États-Unis jusqu'à ce que nous les rejoignions et arrivions tous deux à une élimination complète.
Si le processus de ratification s'étire et que nous dépassons le 1er janvier, en supposant par exemple que l'accord entre en vigueur le 1er mars, alors chaque année pendant la période d'élimination graduelle, notre écart tarifaire grimpera à 10,7 % pendant les deux premiers mois. À l'inverse, si la Chambre et le Sénat accélèrent leurs travaux de telle sorte que l'accord puisse entrer en vigueur le 1er décembre 2014, nous aurions un écart tarifaire de seulement 5,4 % pour le mois de décembre de chaque année.
Le texte précise que l'accord entrera en vigueur 30 jours après que les deux pays auront conclu leur processus législatif respectif. L'accord doit donc obtenir la sanction royale au Canada au plus tard à la fin novembre. Sans vouloir vous mettre de la pression, nous attendons simplement de vous une sorte de performance record afin que l'accord puisse entrer en vigueur au plus vite.
En plus des coupes de boeuf — je parle des steaks, des rôtis et des choses semblables —, la Corée importe beaucoup d'abats. Les droits de douane sur les abats de boeuf exportés vers la Corée sont actuellement de 18 %. Pour le Canada, il y aura élimination complète de ces droits en 11 tranches annuelles égales. Je tiens à souligner que cette élimination graduelle est plus rapide que pour nos concurrents américains. Non seulement rattraperons-nous donc l'écart, mais nous aurons également un avantage tarifaire de quelques années sur les États-Unis dans le cas des abats.
Avant de conclure, j'aimerais vous donner quelques statistiques sur les échanges commerciaux de produits du boeuf avec la Corée. En 2002, nous avons exporté pour près de 50 millions de dollars de boeuf en Corée. De mai 2003 à février 2012, le boeuf canadien a malheureusement été interdit en Corée. Au cours des 10 mois de 2012 qui ont suivi la réouverture du marché coréen, nous avons exporté 2 247 tonnes de boeuf pour une valeur de 10 millions de dollars, et ce, malgré un écart tarifaire de 2,7 % avec les États-Unis en vertu de l'accord de libre-échange entré en vigueur le 15 mars 2012. En 2013, l'écart tarifaire s'est creusé à 5,4 % et nos exportations ont chuté à 1 166 tonnes pour une valeur de 7,8 millions de dollars. Comme je le disais tout à l'heure, l'écart se chiffre cette année à 8 % et nous avons exporté, de janvier à juillet, 807 tonnes de boeuf pour une valeur de 7 millions de dollars.
Vous pouvez constater au fil de cette période que la valeur par kilo des produits que nous continuons d'exporter est à la hausse. Nous sommes ainsi passés de 4,47 $ le kilo en 2012 à 8,70 $ cette année. Cette situation est en partie attribuable à la baisse de l'approvisionnement en boeuf à l'échelle mondiale, ce qui fait augmenter les prix dans l'ensemble de toute manière. Elle est également due au désavantage tarifaire qui se creuse; nous ne sommes pas concurrentiels sur le marché de bas de gamme du boeuf et des os congelés, qui comptait pour une partie importante de nos exportations vers la Corée, mais nous avons maintenu un niveau d'exportation appréciable sur le marché haut de gamme.
Nous estimons que si nous conservons l'écart tarifaire à 8 % tout au long de la période de transition, nous maintiendrons des échanges commerciaux intéressants avec la Corée. Une fois les tarifs douaniers abolis, les exportations devraient se situer de nouveau autour de 50 millions de dollars, et probablement davantage.
Merci, monsieur le président. Je suis maintenant disposé à répondre à vos questions.
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Comme je l'ai mentionné, nous avons mené une étude sur 20 différents secteurs non agricoles au niveau à deux chiffres, notamment l'industrie de la transformation des aliments, et il y a donc un certain contenu agricole. Nous avons simulé ce qui se produirait après la libéralisation des tarifs ou leur élimination des deux côtés, étant donné la situation initiale non équilibrée entre les deux pays et l'élasticité probable de la demande à la suite de ces mesures.
Nous avons cerné 15 secteurs qui perdraient des emplois et des exportations à cause des effets nets de l'accord, et comme je l'ai mentionné, l'industrie des ordinateurs et de l'électronique était la plus durement touchée. Nous avons cerné quatre industries qui pourraient en profiter. Il s'agit de l'industrie minière autre que le pétrole et le gaz, de la transformation des aliments, des produits du bois et de la fabrication du papier. Vous avez cerné certains des secteurs dans lesquels travaillent des membres d'Unifor, et je l'ai reconnu au début de mon témoignage.
En ce qui concerne l'aérospatiale, je suis sceptique quant à l'idée que ce secteur profitera d'un avantage important grâce à l'accord commercial Canada-Corée. L'aérospatiale est une autre de ces industries précieuses, si l'on peut dire, qui ont des effets stratégiques sur les plans de l'innovation, de la stimulation de la chaîne d'approvisionnement, etc. La Corée a eu activement recours aux leviers de la politique de l'État, notamment les capitaux publics par l'entremise de banques de développement nationales, la stratégie de promotion des exportations et les liens étroits entre le développement des compétences des fournisseurs et les fabricants d'équipement d'origine pour favoriser un secteur de l'aérospatiale à domicile, tout comme nous l'avons fait au Canada. Cela explique précisément pourquoi nous sommes un producteur efficace de produits aérospatiaux.
Nous voyons également le défi posé par d'autres pays, par exemple la Chine et la Russie, qui font des affaires avec Bombardier, mais qui exigent un contenu national comme condition d'accès à ces marchés. J'aimerais également préciser que même si une série de représentants d'entreprises comparaît devant vous pour vous dire que quelque chose sera avantageux, cela ne signifie pas que ce sera avantageux pour l'économie canadienne, même si c'est avantageux pour les entreprises individuelles ou pour le milieu des affaires en général. Le milieu des affaires, évidemment...
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Merci. Je vais parler en français.
[Français]
Je tiens d'abord à vous féliciter, monsieur le président, d'avoir été élu à la présidence de ce comité.
Je m'appelle Jean-Guy Vincent, et je suis producteur de porc à Sainte-Séraphine, au Québec. Je suis aussi président du Conseil canadien du porc. Le directeur exécutif, M. Martin Rice, qui m'accompagne, va se joindre à moi pour faire la lecture de cette présentation.
Nous sommes à la dernière minute, et je m'en excuse. Nous n'avons pas de version traduite en français. J'ai moi-même le texte en anglais, et je vais devoir le traduire en français au fur et à mesure que je vous livrerai cette partie de la présentation.
J'aimerais remercier les membres du comité de nous permettre de discuter du projet de loi , qui porte sur l'accord de libre-échange entre le Canada et la République de Corée. Nous espérons que ce projet de loi sera adopté par la Chambre des communes.
Le Conseil canadien du porc est la voix des producteurs de porc canadiens. Notre fédération représente neuf associations provinciales. Son but est d'assurer le leadership du secteur porcin et d'y maintenir prospérité et dynamisme.
Nous sommes heureux que l'entente de libre-échange arrive à sa conclusion. L'étape de sa mise en oeuvre approche. Nous sommes persuadés que le Canada a obtenu pour notre secteur les meilleurs résultats et avantages. Nous pensons que ces derniers équivalent à ceux obtenus par les États-Unis et l'Union européenne au terme de leurs négociations de libre-échange avec la Corée du Sud.
Nous reconnaissons que les négociations avec la Corée du Sud, qui ont commencé en 2004, ont été difficiles. Nous étions un peu déçus de voir que les négociations prenaient du retard en 2007, mais nous constatons que les discussions entre le Canada et la Corée, menées dans des conditions difficiles, se sont finalement traduites par un succès pour notre secteur.
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Merci. Je vais couvrir la prochaine section.
Nos préoccupations concernant l'absence d'un accord de libre-échange avec la Corée ont pris des proportions alarmantes en 2011 lorsque pratiquement tous nos compétiteurs sur ce marché ont commencé à bénéficier de leurs propres ALE avec la Corée du Sud. Dans l'industrie alimentaire, où la marge de profit est très mince et où on se heurte à des droits de douane de plus de 20 %, les exportateurs canadiens se sont rapidement retrouvés dans une situation où il leur était impossible de concurrencer sur ce marché alors que d'autres avaient d'importants avantages tarifaires, notamment les États-Unis, l'Union européenne et le Chili. En vertu de leurs accords, après trois ans de réduction tarifaire, ils jouissent maintenant d'un avantage tarifaire de 15 % sur le porc congelé, ce qui est beaucoup plus élevé que la marge de profit habituelle sur cette coupe de viande.
Pour illustrer toute l'incidence de cette absence d'accord de libre-échange entre le Canada et la Corée du Sud, sachez que nos exportations, à la fin d'août cette année, ont diminué de 17 % par rapport à l'an dernier, alors que les importations coréennes de porc ont connu une croissance de 13 % au cours de cette même période. Par conséquent, nos ventes sur le marché riche et florissant de la Corée du Sud sont à la baisse.
Je vous invite maintenant à prendre les graphiques qui vous ont été distribués et qui montrent les exportations canadiennes de porc vers la Corée du Sud en 2011 et en 2013. La taille des cercles que l'on retrouve sur chaque page représente l'ampleur des exportations. J'aimerais souligner deux points à partir de ces graphiques. Au cours de ces deux années seulement, de 2011 à 2013, nos exportations ont diminué des deux tiers, ou plus précisément de 157 millions de dollars. Remarquez qu'il y a des cercles à la grandeur du pays; nous exportons du porc en Corée du Sud à partir de toutes les régions du Canada.
Nous sommes un secteur fortement tributaire des exportations. En fait, plus des deux tiers des porcs élevés au Canada sont exportés en vie ou comme produits du porc. Les exportations permettent à l'industrie du porc de croître. De plus, la forte demande mondiale pour le porc canadien a donné lieu à une augmentation de la valeur et des volumes expédiés vers un plus grand nombre de pays. Elle a fait en sorte d'augmenter la part du marché et les débouchés pour l'industrie canadienne du porc, y compris la possibilité de générer une valeur ajoutée à toute la carcasse.
Cependant, nous avons également besoin de cet accord de libre-échange pour rétablir les conditions de concurrence sur l'un des plus importants marchés d'importation de porc au monde. Il n'y a pas si longtemps, le Canada était le principal fournisseur de porc de la Corée du Sud. La perte graduelle de ce marché au cours des dernières années a sérieusement compromis la capacité des exportateurs de porc canadiens d'obtenir le meilleur rendement possible pour toute la gamme des produits dérivés du porc, et cela ne se trouve pas facilement sur d'autres marchés.
En outre, les marchés mondiaux de la viande connaissent d'énormes variations d'une année à l'autre sur les plans de la concurrence et de l'accès. Je vous demanderais de jeter un coup d'oeil à l'autre graphique que nous vous avons remis qui, en plus de montrer une baisse marquée de nos exportations vers la Corée du Sud, illustre les importantes fluctuations sur les principaux marchés comme la Russie, la Chine et même les États-Unis. Une industrie qui dépend aussi largement des exportations comme le secteur du porc canadien doit avoir accès au plus grand nombre de marchés internationaux possible, d'où l'importance de mettre en oeuvre cet accord rapidement.
L'accès au marché ne tombera pas du ciel. En plus de conclure cet accord avec la Corée le plus vite possible, le Canada doit collaborer avec ce pays pour veiller à ce qu'il obtienne rapidement le droit de mettre en oeuvre cet accord.
Avec l'assurance que cet accord sera mis en oeuvre très bientôt, les exportateurs canadiens de porc peuvent travailler à rétablir nos relations commerciales avec l'industrie de la viande coréenne. Nous aimerions maintenant reconnaître les efforts soutenus du gouvernement canadien visant à promouvoir l'agriculture canadienne en Corée. Notre président, Jean-Guy, a eu le plaisir de participer à l'une de ces missions il y a un an, qui a été dirigée par le .
Jean-Guy.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour. J'aimerais tout d'abord remercier le comité de nous avoir invités à témoigner aujourd'hui pour discuter de l'accord de libre-échange Canada-Corée du Sud.
Comme vous le savez tous, la production de fruits de mer est un secteur commercial, et il est tout à fait approprié que mes deux comparutions jusqu'à présent aient été devant le comité du commerce, la première fois dans le cadre de votre étude sur l'accord économique et commercial global avec l'Europe, et maintenant en ce qui concerne l'accord entre le Canada et la Corée du Sud.
Le commerce fait partie intégrante de notre industrie, et ce, depuis que les premiers explorateurs ont débarqué sur nos côtes. Au milieu du 16e siècle, nos stocks de morue représentaient 60 % de tout le poisson consommé en Europe. Certains disaient que nous étions la bourse de l'Europe, et encore aujourd'hui, plus de 80 % de notre production est exportée. Cela me fait rire lorsque des personnes disent que nous pouvons trouver plus de marchés au pays pour nous aider à atténuer les difficultés sur les marchés internationaux ou la volatilité des cours. Même si tous les Terre-Neuviens et Labradoriens doublaient leur consommation de fruits de mer, cela ne représenterait qu'une fraction — peut-être 2 % ou moins — de tout ce que nous produisons et vendons.
Du point de vue de la santé, je les encouragerais certainement à le faire, comme tous les membres du comité et tous les Canadiens d'ailleurs, mais nos volumes de vente nécessitent qu'on ait accès aux marchés internationaux. Cela a toujours été le cas et le sera toujours.
Au nom de l'Association of Seafood Producers, l'association commerciale qui représente, de par sa valeur et son volume, la majorité de la production de fruits de mer à Terre-Neuve-et-Labrador, entre 20 et 25 % de toute la production canadienne, je suis heureux de pouvoir dire que nous appuyons cet accord.
La Corée du Sud est une économie croissante et dynamique. Le pays est en fait une étude de cas pour le développement économique, puisqu'il est maintenant la 15e économie en importance dans le monde et la 4e en Asie. C'est une région qui suscite de plus en plus l'intérêt des producteurs de fruits de mer de Terre-Neuve-et-Labrador.
Par conséquent, cet accord est une bonne nouvelle pour l'industrie. Toutefois, la présence de barrières tarifaires élevées nuit à la pénétration de ce marché par les exportateurs canadiens de fruits de mer. Nos concurrents sur le marché sud-coréen — les États-Unis et l'Union européenne — occupent une position avantageuse par rapport à nous, tout comme mes collègues l'ont mentionné en ce qui concerne le porc.
Ce nouvel accord de libre-échange et l'entente annoncée avec l'Europe représentent de nouveaux débouchés pour mon industrie qui changent carrément la donne. L'Europe et l'Asie sont les deux plus grands consommateurs de fruits de mer dans le monde. Ce sont deux marchés auxquels nous devons avoir accès et dans lesquels nous devons croître. Je dirais que le marché de la Corée du Sud, à ce stade-ci, n'est pas un marché d'une grande importance pour nous, mais c'est un marché en pleine expansion. Il représente donc un grand potentiel. Les exportations de fruits de mer de Terre-Neuve-et-Labrador vers la Corée du Sud au cours de la période de 2010 à 2012 se chiffraient à environ 12 millions de dollars, selon les plus récentes données disponibles. Toutefois, avec les tarifs qui pourraient passer de 47 à 0 % pendant la mise en oeuvre de l'accord, ces chiffres pourraient augmenter.
Ce n'est pas tant la taille actuelle du marché qui importe, mais plutôt son potentiel de croissance dans un nouveau contexte. Même une légère augmentation des échanges commerciaux avec la Corée du Sud, dans ce cas-ci, peut avoir une grande incidence sur nos exportations de produits vers d'autres marchés et nous faire profiter d'un meilleur rendement.
Je m'en voudrais de ne pas rappeler à ceux qui s'opposent au libre-échange et qui réclament un commerce équitable en quoi consiste réellement le libre-échange. Le libre-échange est, selon moi, un commerce loyal. Les tarifs sont utilisés pour taxer une importation de façon injuste, comme cela a été le cas pour nous, ou pour protéger une industrie locale. Nous faisons valoir, depuis des années, que les tarifs élevés imposés par l'UE aux importations de crevettes nordiques en provenance du Canada atlantique font que les exportateurs canadiens ont beaucoup de difficulté à concurrencer sur ce marché. Les consommateurs et l'industrie locale de ces pays en souffrent autant que nous. Les consommateurs finissent par payer plus cher qu'ils ne le devraient et l'industrie locale n'apprend jamais à s'adapter, à croître ou à soutenir la concurrence. En tant qu'industrie commerciale et exportatrice, nous appuyons le libre-échange, tout comme nous appuyons cette initiative et d'autres semblables.
En terminant, j'aimerais dire ce que j'ai dit lorsque j'ai comparu devant le comité à la fin d'octobre 2011. Je me cite: « Je manquerais à mes obligations si je ne profitais pas de cette occasion pour vous rappeler que l'industrie canadienne des fruits de mer continue de fonctionner selon un modèle désuet. Des pressions socioéconomiques s'exercent pour une gestion rigoureuse de la ressource, et l'industrie dépend beaucoup de l'assurance-emploi », sans quoi l'industrie ne pourrait pas survivre, « et ce modèle ne nous permet pas d'attirer les capitaux dont nous avons besoin pour moderniser nos flottes ou nos usines ou pour récolter nos produits au bon moment de l'année. »
Compte tenu des difficultés de plus en plus grandes concernant la main-d'oeuvre, nous devons dès maintenant moderniser nos usines. Nous avons besoin de capitaux et d'un modèle assorti d'incitatifs à l'investissement, et nous n'en sommes pas là. Je suis convaincu qu'un meilleur modèle pourrait contribuer davantage au PIB et faire en sorte que nous puissions générer plus de richesses pour le Canada, grâce à des exportations plus importantes, de meilleurs revenus pour les producteurs et pour les usines, une plus grande stabilité et moins de perturbations.
Nous pouvons réduire les tarifs et établir de créer de nouveaux débouchés, mais nous devons également régler les problèmes chez nous. Si nous ne le faisons pas, c'est comme si nous demandions au dernier poisson de payer la note. Nous avons déjà vécu cette situation auparavant.
Comme quelqu'un l'a dit récemment, nous devons répondre à une question clé à la lumière de ce défi. Quelle sorte d'entreprise sommes-nous: une industrie de pêche ou de fruits de mer? Nos concurrents, selon ce que j'ai vu la semaine dernière en Islande, répondent à cette question en mettant l'accent sur le dernier élément: une industrie de fruits de mer, qui a accès à toute la chaîne de valeur.
Je tiens à vous remercier du temps que vous m'avez consacré. Je suis à votre entière disposition pour répondre à vos questions. Si je n'ai pas la réponse à l'une ou l'autre de vos questions, je vous la ferai parvenir plus tard.
Merci.
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Les répercussions sont considérables. L'industrie des fruits de mer est l'un des principaux employeurs privés du Canada atlantique, notamment à Terre-Neuve et au Labrador, principalement dans les collectivités rurales.
Quand, sur un marché — et, à cet égard, nous ne sommes pas différents du secteur porcin, parce que les marges sont très petites —, le produit qu'on vend est frappé par un tarif, une taxe supplémentaire de 10 %, qui peut même atteindre 47 %, on ne peut pas espérer en vendre beaucoup. C'était la pente que nous devions remonter en Corée du Sud.
Comme votre collègue l'a demandé, avons-nous les pourcentages précis des tarifs qui frappent nos différents produits? Non, mais il est visible que nous sommes entravés par les tarifs élevés, sur un marché très connaisseur, où le nombre de consommateurs, déjà important, croît, des consommateurs des classes moyennes, qui peuvent s'offrir des fruits de mer et qui en consomment beaucoup.
Je pense que les possibilités sont fantastiques. En multipliant nos ventes par deux, pour arriver à 24 millions de dollars, ou par trois ou quatre, pour 100 millions, ça devient sérieux. Ça représente 10 % de nos ventes totales.