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Bienvenue, mesdames et messieurs. Je vois qu'il est déjà 11 h 1. Je déclare donc ouverte cette séance du Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique.
Nous sommes réunis aujourd'hui, conformément à l'ordre de renvoi du mercredi 12 février 2014, pour étudier le projet de loi , loi visant à soutenir l'impartialité politique des agents du Parlement. Notre témoin est le parrain de ce projet de loi, M. Marc Adler.
Monsieur Adler, à ce que je vois, vous êtes l'un des députés chanceux dont le projet de loi a réussi à passer en deuxième lecture. Le comité en a donc dûment été saisi et doit maintenant entendre votre présentation, puis examiner le projet de loi et entendre des témoignages à son sujet, et enfin, en faire une analyse article par article.
Nous vous consacrons la première heure de la réunion et j'espère que vous avez préparé pour cela quelques observations liminaires. Ensuite, nous laisserons place aux questions des membres du comité.
Vous avez une dizaine de minutes, monsieur Adler.
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Monsieur le président, c'est pour moi un honneur et un privilège que d'être ici aujourd'hui devant le Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique pour parler de mon projet de loi d'initiative parlementaire, le projet de loi , Loi visant à soutenir l'impartialité politique des agents du Parlement.
L'objet de mon projet de loi est d'accroître la transparence. Il exige des agents du Parlement et de leurs employés qu'ils déclarent publiquement s'ils ont occupé un poste partisan dans les 10 années qui ont précédé leur nomination. Il les amène aussi à affirmer leur engagement à se conduire de façon non partisane dans l'exercice de leurs fonctions.
Neuf bureaux sont désignés dans le projet de loi, qui ont des responsabilités et des rôles bien particuliers. Compte tenu de leur rôle précis de surveillance, il est absolument impératif que ce qu'on appelle les agents du Parlement soient reconnus comme étant impartiaux et libres de toute influence politique. À tous les stades du processus de préparation de rapports ou du traitement d'un cas, depuis le choix des sujets d'étude jusqu'à la recherche en passant par la terminologie employée, la neutralité et l'indépendance sont de mise.
Je tiens à être clair. Ce projet de loi ne vise absolument pas à restreindre la liberté d'une personne ou sa capacité de s'engager pleinement dans le processus politique du Canada; il a plutôt pour objet de susciter la confiance dans la neutralité et la nature non partisane des bureaux des agents du Parlement. Je soutiens que ce projet de loi accroîtra la légitimité des agents du Parlement et fera en sorte de faire connaître au public toute fonction professionnelle partisane que peuvent remplir les agents du Parlement et leur personnel.
Les neuf bureaux que vise mon projet de loi sont le Bureau du commissaire à l'information du Canada, le Bureau du directeur général des élections, le Bureau du vérificateur général, le Bureau du commissaire au lobbying du Canada, le Commissariat à l'intégrité du secteur public du Canada, le Bureau du conseiller sénatorial en éthique, le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada et le Commissariat aux langues officielles.
Ces agents du Parlement forment un groupe singulier de titulaires de charge créés par des lois qui sont chargés d'examiner l'activité d'un législateur et du gouvernement. J'estime que mon projet de loi rehaussera la confiance du public dans ses bureaux, ce qui ne peut leur être que bénéfique.
Tous les bureaux visés relèvent directement du Parlement plutôt que du gouvernement ou d'un ministre en particulier et ont ainsi pour raison d'être de servir le Parlement et de l'appuyer dans son rôle de surveillance. Ce rôle qu'assument les agents du Parlement est un élément fondamental de l'équilibre et de l'équité de nos institutions et de la légitimité de notre modèle de démocratie inspiré du modèle du Westminster. Il est indispensable que dans l'exercice de leurs fonctions, les agents soient indépendants de toute affiliation politique. La neutralité est essentielle dans les bureaux des agents du Parlement si l'on veut que l'information que reçoivent les Canadiens leur soit fournie de façon claire et digne de confiance.
Monsieur le président, je tiens à insister sur le rôle que jouent dans le système démocratique les neuf organismes visés par mon projet de loi. Ces groupes sont déjà assujettis aux normes les plus élevées d'objectivité. Nous les obligeons à prêter le serment d'impartialité et leur demandons de prendre des mesures pour se préserver de la partisanerie, quelle soit réelle ou perçue. Dans cette optique, le directeur général des élections n'est même pas autorisé à voter lors des élections. Le projet de loi ne fait qu'affirmer que compte tenu de ces normes exceptionnelles, les agents et leurs employés devraient être tenus de divulguer les postes partisans qu'ils ont occupés ou qu'ils occuperont, et d'accroître encore la transparence et l'ouverture de notre démocratie.
Aux fins de plus grande transparence, toutes les déclarations des employés seraient versées dans le site Web du bureau de l'agent du Parlement concerné. On y indiquerait si, dans les 10 ans qui ont précédé leur candidature au poste qu'ils occupent, ils ont occupé certaines fonctions partisanes bien précises. Toutes ces personnes diraient aussi si elles avaient l'intention de remplir des fonctions partisanes à leur poste d'agent du Parlement ou d'employé du bureau d'un agent du Parlement.
De plus, le projet de loi exigerait d'un agent du Parlement et des membres de son personnel qu'ils s'engagent par écrit à s'acquitter des fonctions et responsabilités de leur poste de façon non partisane.
Les Canadiens ont dit vouloir un gouvernement transparent. À maintes reprises, mais je le dis avec orgueil, notre gouvernement a mis en oeuvre des lois qui rehaussent la transparence et la reddition des comptes. À titre d'exemple, citons la Loi fédérale sur la responsabilité. Nous avons réformé la Loi sur le lobbying. Nous avons adopté la Loi sur les conflits d'intérêts, qui a créé le poste de commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique. Notre gouvernement a facilité le processus de divulgation de renseignements, en faisant en sorte qu'il soit plus facile pour les Canadiens d'obliger leurs représentants à rendre compte de leurs actes.
Alors que le nombre de documents qu'a divulgué notre gouvernement a augmenté, le délai de divulgation a diminué. Les chiffres sont éloquents. Notre gouvernement est déterminé à accroître la transparence et la reddition des comptes.
Monsieur le président, nous ne pouvons pas prendre à la légère cet appel à la transparence et à la reddition des comptes. Les lois qui ont créé les postes de ces agents du Parlement ne sous-entendent pas la nécessité de l'impartialité; elles l'exigent. Tout grand pouvoir va de pair avec de grandes responsabilités.
Il suffit d'examiner certaines des lois portant sur les agents eux-mêmes pour constater la nécessité de cet objectivité. Le paragraphe 15(1) de la Loi sur le vérificateur général stipule:
Les cadres et employés nécessaires au vérificateur général pour l'exercice de ses fonctions sont nommés conformément à la Loi sur l'emploi dans la fonction publique et... sont assujettis aux dispositions de cette loi.
L'exigence d'impartialité est claire dans les lignes qui suivent:
Avant d'entrer dans ses fonctions, un commissaire doit, devant le greffier du Conseil privé ou la personne désignée par le greffier, prêter serment ou faire l'affirmation solennelle suivante:
Je jure (ou j'affirme) solennellement que je remplirai fidèlement, sans partialité et de mon mieux les fonctions de... de la Commission de la fonction publique.
De plus, le paragraphe 23(1) de la Loi électorale du Canada stipule que:
Les fonctionnaires électoraux prêtent par écrit le serment prescrit, par lequel ils s'engagent à remplir impartialement leurs fonctions.
En outre, les commissaires de la protection des renseignements personnels, des conflits d'intérêts et de l'éthique, de l'information, du lobbying, de l'intégrité de la fonction publique et des langues officielles sont tous réputés être des employés de la fonction publique et, ainsi, sont liés au même serment pris en vertu de la Loi sur l'emploi dans la fonction publique dans l'exercice de leurs fonctions.
Monsieur le président, j'affirme que les dispositions de mon projet de loi d'initiative parlementaire, le projet de loi , imposent à ces agents le plus haut niveau de transparence et qu'ils s'y engagent déjà en prêtant serment; de plus, ces exigences renforcent ces lois en augmentant la transparence et en donnant au public accès à ces déclarations.
Il existe dans d'autres pays du Commonwealth des lois semblables au projet de loi que je vous propose ici.
En Australie, par exemple, le projet de loi sur la Commission de l'intégrité nationale, le projet de loi 2013, interdit à l'alinéa 7(1)a) toute conduite, par quiconque, qui nuit ou pourrait nuire, directement ou indirectement, à l'exercice honnête ou impartial des fonctions officielles du Parlement, d'un organisme du Commonwealth, de tout fonctionnaire ou de tout groupe ou ensemble de fonctionnaires, et il interdit aussi toute conduite d'un fonctionnaire pouvant constituer ou englober un exercice malhonnête ou partisan de quelques fonctions officielles que ce soit.
Pour terminer, le projet de loi rehaussera la transparence. Il s'inscrit dans la démarche qu'a entreprise notre gouvernement vers plus de transparence et de reddition des comptes. J'espère que le comité saura reconnaître les mérites de mon projet de loi.
Je pense que nous pouvons tous nous entendre sur le fait que c'est un pas important dans le sens du renforcement de notre démocratie. Un juge de la Cour suprême des États-Unis, Louis Brandeis, a dit un jour que les rayons du soleil sont le meilleur désinfectant qui soit.
Je vous remercie.
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Merci de votre question monsieur Calandra.
Bien honnêtement, ce projet de loi va bénéficier à tous les députés. Il vise véritablement à renforcer la transparence et la reddition de comptes. Une fois encore, ces bureaux, ces neuf agents du Parlement, occupent des postes tout à fait uniques au sein de notre démocratie parlementaire. Ces gens sont là pour juger les députés. À l'heure actuelle, les employés de ces agences doivent prêter serment. Rien de cela ne va changer. La seule modification que nous demandons dans mon projet de loi d'initiative parlementaire vise à rendre publique toute activité partisane ayant eu lieu au cours des 10 dernières années.
Franchement, je ne peux comprendre que quiconque puisse s'opposer à la transparence. Je pense que la transparence est une bonne chose. Lorsque je vais frapper à la porte de mes électeurs, dans ma circonscription de York-Centre, ils me disent que plus il y a de transparence et de reddition de comptes, mieux c'est. Cela s'inscrit dans le cadre de ce que notre gouvernement fait depuis que nous avons été élus en 2006, tout d'abord avec l'adoption de la Loi fédérale sur la responsabilité. Dans ce domaine, nous avons déposé un certain nombre d'autres projets de loi afin d'améliorer la transparence. Il ne s'agit là que d'une autre flèche à notre arc.
Je pense que la transparence est une bonne chose. Je pense que ce projet de loi est un bon projet de loi. Plus d'information est disponible au public, aux Canadiens, mieux c'est.
À ma connaissance, bien des gens sont passés des libéraux aux conservateurs à cause de la série de promesses brisées. Premièrement, et pour cela il faut remonter à de très nombreuses années, ils ont dit qu'ils ne réglementeraient jamais les salaires et les prix, et ils l'ont fait. Ensuite, ils ont dit qu'ils supprimeraient la taxe. Eh bien, la taxe n'a jamais été supprimée. Et c'est sans compter les nombreuses fois qu'ils ont voté contre Israël aux Nations Unies. Les Israéliens sont pourtant nos amis au Moyen-Orient et la seule démocratie.
D'autres promesses brisées. Il y a tellement eu de promesses rompues, de déceptions. Je n'étais pas le seul à penser que le Parti libéral ne me représentait pas. J'ai parlé à bien des gens qui étaient du même avis. Il faut juger sur pièce, n'est-ce pas? Il fut un temps où le Parti libéral était considéré comme le principal parti au Canada. Maintenant, ils ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes à la Chambre des communes. Manifestement, je ne suis pas le seul à avoir changé d'allégeance.
J'aimerais savoir si M. Angus a posé une question semblable à son chef, qui avant était libéral, ou si M. Andrews a posé la même question à M. Rae, qui a été le premier ministre néo-démocrate de l'Ontario. Ce sont des situations très semblables. Il s'est avéré que ces deux-là ont pris les mauvaises décisions. J'estime avoir pris la bonne décision en devenant conservateur, et j'en suis fier.
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Merci monsieur Adler d'être venu défendre votre projet de loi et d'essuyer les coups portés au Cabinet du Premier ministre. C'est un plaisir de vous voir.
Il est clair qu'on peut douter de la légitimité de ce projet de loi. Même votre collègue, M. Calandra, avoue que c'est une chasse aux sorcières. Permettez-moi de vous donner le bilan de cette chasse aux sorcières.
Linda Keen, présidente et chef de la direction de la Commission canadienne de sûreté nucléaire, a été licenciée. Elle avait été nommée par les libéraux.
Richard Colvin a été cité en qualité de témoin devant le Comité des détenus afghans. À l'époque, le ministre avait mis en cause son intégrité et son professionnalisme. On laisse entendre qu'il était partisan.
Kevin Page a été calomnié et on a suggéré qu'il était partisan.
Marc Mayrand porte un maillot et... M. Zimmer vient de le répéter il y a quelques minutes, c'était un maillot partisan.
Ils ont accusé Élections Canada d'avoir mené des actions partisanes par le passé, telle qu'une descente à l'administration centrale des conservateurs.
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Il n'y a aucune disposition dans le projet de loi qui interdit l'activité politique.
En vertu de la loi actuelle, la Loi sur l'emploi dans la fonction publique, les gens qui travaillent dans ces agences doivent prêter serment à l'effet qu'ils ne sont pas partisans.
Tout ce que mon projet de loi fait, c'est d'ouvrir davantage le rideau. Ça permet à tout le monde de voir. Actuellement, si quelqu'un est soupçonné d'activités partisanes, une enquête secrète est entamée. Mon projet de loi la rend plus ouverte. Plus il y a de renseignements, mieux c'est.
C'est mieux si nous savons davantage à propos de ceux qui doivent juger des parlementaires. Cela bénéficie et les parlementaires et les électeurs, les citoyens du Canada. Il est essentiel que les gens aient le plus de renseignements possible, surtout à propos de ceux qui doivent juger les parlementaires.
Des définitions sont clairement décrites dans le projet de loi. Il me semble que tous les députés voudraient avoir plus de transparence, ce qui permettrait aux gens, les citoyens du Canada, les électeurs qui ont élu ces députés, d'avoir plus de renseignements. Je crois que c'est une bonne chose.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Adler, je vous remercie d'être ici aujourd'hui pour nous présenter le contenu de votre projet de loi.
Pour commencer, je vais revenir sur une question que mon collègue, M. Ravignat, a posée sur l'absence de définition. Vous avez continué à parler de la définition de membre du personnel politique, ce qui n'est pas la même chose. À la section 9 de votre projet de loi, il est dit qu'on peut mener un examen sur des allégations de conduite partisane. Or l'expression « conduite partisane » n'est pas définie dans votre projet de loi, monsieur Adler.
Supposons que le directeur général des élections commence à mener une enquête sur un candidat donné d'un parti politique. Vous avez décidé que ce serait là une conduite partisane parce qu'il viserait un parti politique en particulier.
C'est une préoccupation très sérieuse et vous devez clarifier cette partie du projet de loi et définir ce qu'est une conduite partisane. Il ne faudrait pas créer un système pour lancer une chasse aux sorcières et viser toutes les personnes de l'appareil gouvernemental qui ont la responsabilité de faire des dénonciations.
Monsieur Adler, pourquoi ne pas avoir défini la notion de « conduite partisane »? J'aimerais que vous précisiez ce que vous entendez par cela.
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Cela n'est pas vraiment nécessaire, monsieur Angus.
En tant que président, j'allais souhaiter la bienvenue à nos témoins, mais merci de votre enthousiasme.
Nous remercions les trois agents du Parlement qui se sont rendus disponibles à très court préavis pour venir discuter du projet de loi . En tant que membres du comité, nous avons reçu des lettres signées par sept agents du Parlement, et nous les remercions de leur contribution. Malheureusement, nous ne disposons que d'une petite heure pour notre discussion.
Nous sommes prêts à entendre vos témoignages. Vous disposez d'à peu près 10 minutes au maximum ou vous pouvez partager votre temps de parole, comme vous le désirez.
Monsieur Mayrand, madame Dawson, monsieur Ferguson, nous vous souhaitons la bienvenue.
Vous avez la parole.
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Monsieur le président, je vous remercie de nous donner l'occasion d'exprimer notre point de vue sur le projet de loi .
Tout d'abord, j'aimerais vous assurer que mes employés et moi-même sommes déterminés à nous acquitter de nos responsabilités de manière équitable, indépendante, impartiale et non partisane. J'ai récemment signé une lettre à ce sujet avec plusieurs autres agents du Parlement.
[Français]
Cette lettre contient plusieurs observations de nature technique concernant l'interaction entre certaines dispositions du projet de loi et le régime actuel qui gouverne les activités politiques des fonctionnaires. La lettre décrit les aspects du projet de loi à l'égard desquels nous aimerions obtenir des éclaircissements.
Selon l'article 6 du projet de loi, l'agent du Parlement qui entend occuper un poste partisan simultanément à ses fonctions d'agent du Parlement doit, dès que possible et avant de commencer à occuper ce poste, produire une déclaration écrite faisant état de son intention. À l'heure actuelle, en vertu de l'article 117 de la Loi sur l'emploi dans la fonction publique, je ne peux me livrer à aucune activité politique sauf voter dans le cadre d'une élection. La situation décrite à l'article 6 du projet de loi ne pourrait jamais se produire. Je ne voudrais pas que les citoyens aient l'impression, en lisant cet article, que ceci est possible.
[Traduction]
D'autres aspects du projet de loi pourraient avoir des conséquences non voulues.
Selon le régime législatif en vigueur, je nomme les employés de mon bureau conformément à la Loi sur l'emploi dans la fonction publique. Au Bureau du vérificateur général, les employés sont embauchés sur le principe du mérite.
Le paragraphe 7(1) du projet de loi dispose que toute personne qui présente sa candidature à un poste doit, dès que possible après le début du processus de sélection, produire une déclaration écrite indiquant si elle a occupé ou non un poste partisan au cours des 10 années précédentes. Or, le fait d'avoir déjà occupé un poste partisan ne pourrait pas influencer le processus de sélection.
Ainsi, si un candidat déclarait avoir occupé un poste partisan et qu'en raison du principe du mérite, il n'obtenait pas le poste, il pourrait en vertu de la Loi sur l'emploi dans la fonction publique, contester la décision de ne pas l'embaucher en alléguant que sa déclaration a influencé le processus de sélection. De plus, l'obligation de publier ce genre de renseignements personnels pourrait dissuader certaines personnes de postuler au Bureau.
L'article 9 du projet de loi stipule que je pourrais procéder à l'examen de toute allégation d'un député ou d'un sénateur selon laquelle une personne travaillant dans son bureau se serait conduite de façon partisane dans l'exercice de ses fonctions ou de ses responsabilités. Au terme d'un tel examen, je devrais remettre un rapport qui serait déposé devant les deux chambres. Il serait bon de préciser, pour ces nouveaux pouvoirs proposés en matière d'examen, ce qu'on entend par « conduite partisane » et d'établir le seuil d'éléments probants requis pour demander un examen.
La Loi sur l'emploi dans la fonction publique dispose que la Commission de la fonction publique mène des enquêtes sur les allégations d'activités politiques concernant des fonctionnaires. La définition d'activité politique est très vague dans la Loi et, à mon avis, pourrait englober la conduite partisane.
De plus, le projet de loi ne prévoit pas de mécanisme de confidentialité pour protéger la réputation des employés dont la conduite, après examen, s'est révélée appropriée et non partisane. Il faudrait peut-être vérifier si les dispositions en matière d'enquête de la Loi sur l'emploi dans la fonction publique n'offrent pas une méthode plus efficace d'assurer une surveillance indépendante. Compte tenu du chevauchement apparent entre le projet de loi et la Loi sur l'emploi dans la fonction publique, la présence d'un témoin de la Commission de la fonction publique serait utile lors des délibérations du Comité.
[Français]
Je recommande au comité d'étudier plus en détail un troisième aspect du projet de loi, soit son incidence sur la protection de la vie privée des employés. J'ai déjà mentionné quelques conséquences possibles liées à l'embauche et aux enquêtes. Je souhaiterais maintenant aborder d'autres incidences possibles.
Une fois en vigueur, la loi exigera des déclarations écrites de tous nos employés, à savoir s'ils ont déjà occupé des postes partisans au cours des 10 années précédant leur entrée au bureau. De plus, les employés qui ont possiblement occupé de tels postes devront produire une déclaration précisant qu'ils se sont acquittés de leurs responsabilité d'une manière non partisane. Obliger certains employés à divulguer publiquement de telles informations pourrait avoir des conséquences négatives, par exemple, en faisant connaître publiquement leur lieu de travail actuel. De plus, en 10 ans, l'employé pourrait avoir changé d'allégeance politique. De tels facteurs pourraient inciter l'employé intéressé à garder sous silence cette information plutôt que de la divulguer. Pour ces raisons, les employés pourraient être réticents à produire une déclaration.
[Traduction]
Le projet de loi vise tous les employés, quelles que soient leurs responsabilités. Le Comité voudra peut-être étudier si les objectifs du projet de loi pourraient toujours être atteints s'il visait uniquement les hauts fonctionnaires et les employés investis d'autorité et d'influence qui ont un rôle de supervision sur les travaux du Bureau.
En conclusion, j'aimerais parler brièvement des processus et des déclarations que nous exigeons actuellement des employés du Bureau pour nous assurer de respecter les normes d'audit professionnelles, notre code de valeurs et d'éthique ainsi que les lois en vigueur.
[Français]
Chaque année, tous les employés remplissent une déclaration sur les conflits d'intérêts. Ils y reconnaissent, entre autres, leur obligation d'agir de façon non partisane, indépendante et impartiale. Au début de tous les audits, chaque personne qui participe à la mission doit remplir une déclaration exhaustive d'indépendance. Toute situation qui fait peser sur l'indépendance une menace réelle ou perçue est examinée par les hauts fonctionnaires et par les spécialistes du BVG en matière de valeurs et d'éthique.
Monsieur le président, j'espère que ces observations seront utiles aux membres du comité alors qu'ils amorcent leur étude du projet de loi. Je répondrai avec plaisir à toutes vos questions.
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Monsieur le président, je vous remercie de m'avoir invité à m'adresser au comité aujourd'hui.
Tout d'abord, je tiens à souligner que je suis d'accord avec les propos que mon collègue, le vérificateur général, vient de tenir à l'instant. Il a cerné plusieurs aspects importants du projet de loi qui, à mon avis, méritent d'être examinés attentivement par ce comité.
En tant qu'agent du Parlement, je vous assure que j'adhère moi aussi entièrement aux principes et aux pratiques de neutralité politique. Il s'agit d'un principe fondamental de l'application de la Loi électorale du Canada, qui est au coeur même de la réalisation de mon mandat.
Chaque agent est unique. Comme je suis responsable de la conduite des élections et de la réglementation des activités des entités politiques, il est d'autant plus important que je fasse preuve de neutralité politique.
C'est pourquoi le code de conduite d'Élections Canada oblige les employés à respecter une stricte neutralité politique, que ce soit aux paliers fédéral, provincial ou territorial, non seulement dans l'exercice de leurs fonctions, mais aussi dans leurs activités en dehors du travail. Les lettres d'offre aux employés précisent ces conditions d'emploi concernant la neutralité politique. Ces exigences rigoureuses reflètent ma conviction que toute personne travaillant à Élections Canada, quel que soit son poste, doit demeurer neutre et être perçue comme telle en tout temps. L'organisme ne pourrait pas maintenir sa neutralité s'il permettait à des employés, ne serait-ce qu'à quelques-uns, de s'adonner à des activités politiques, quelle que soit leur étendue à l'échelle fédérale, provinciale ou territoriale.
Je crois que c'est ce que les Canadiens attendent des employés de leur organisme électoral national. Nous ne pouvons prendre le risque d'ébranler la confiance des électeurs et des intervenants politiques dans l'administration du processus électoral. Des conditions similaires ont été établies pour les employés d'Élections Canada bien avant que je devienne directeur général des élections et, à ma connaissance, il n'y a jamais eu de préoccupation soulevée à l'interne à ce sujet.
Selon notre code de conduite, les restrictions sur les activités politiques imposées par le projet de loi auraient peu de répercussions sur les employés d'Élections Canada, mise à part une exception considérable. L'article 11 du projet de loi nous obligerait à publier sur notre site Web les anciens « postes partisans » occupés par le personnel depuis les 10 dernières années. Je considère cette exigence inutile comme une atteinte grave à la vie privée des employés et je la juge incompatible avec le principe du mérite lors de l'embauche.
[Traduction]
Ma lecture du projet de loi ne m'a pas permis de déterminer si l'exigence s'applique également aux fournisseurs engagés à forfait par des agents du Parlement. Le projet de loi vise toute personne qui « travaille » ou qui « occupe un poste » dans un bureau d'agent du Parlement.
Dans tous les cas, lorsqu'Élections Canada achète directement des services dont la prestation pourrait soulever une crainte raisonnable sur le plan de l'impartialité politique, les fournisseurs sont tenus d'éviter toute activité politique pendant la durée de leur contrat. En fait, aucun contrat n'est accordé aux fournisseurs qui ne peuvent certifier leur capacité d'adhérer à cette exigence.
Enfin, je tiens à préciser que les principaux fonctionnaires électoraux sont également très limités dans leur capacité de s'adonner à des activités politiques. La Loi électorale du Canada interdit à un directeur de scrutin de « faire preuve de partialité politique ». Bien sûr, ce n'est pas surprenant.
De plus, le point 5 du code de déontologie des administrateurs électoraux empêche les directeurs du scrutin de s'adonner à toute activité politique à un ordre de gouvernement fédéral, provincial ou municipal. La situation est différente pour les employés et les fournisseurs, qui peuvent s'adonner à des activités politiques municipales. Toutefois, compte tenu du travail accompli par le directeur du scrutin sur la scène locale, je trouvais important d'ajouter cette restriction les concernant.
En dernier lieu, j'aimerais commenter l'article 9 du projet de loi, lequel permettrait aux sénateurs et aux députés de formuler une plainte concernant le comportement politique d'un membre de mon personnel. Le vérificateur général a déjà abordé cette disposition dans son allocution. Je tiens à préciser que même sans ce projet de loi, quiconque souhaite formuler une plainte au sujet d'une activité politique d'un employé d'un agent du Parlement peut le faire grâce aux mécanismes en place. Pour ma part, j'aimerais souligner que je suis responsable de la conduite de ceux qui relèvent de moi. Si un problème survient concernant la conduite de mon personnel, c'est mon rôle de comparaître devant le Parlement pour rendre des comptes.
Voilà qui conclut mon allocution, monsieur le président. J'ai également fourni au greffier des exemplaires du code de conduite d'Élections Canada et du code de déontologie des administrateurs électoraux. Je serais maintenant heureux de répondre à vos questions.
Merci.
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Monsieur le président, je vous remercie de m'avoir invitée à comparaître devant ce comité aujourd'hui. J'apprécie l'occasion qui m'est donnée de contribuer à l'étude du comité portant sur le projet de loi .
Dans ma déclaration d'ouverture, je ferai quelques observations générales en faisant référence aux pratiques pertinentes de mon commissariat. Je traiterai aussi brièvement de certains éléments particuliers du projet de loi.
[Traduction]
Contrairement aux autres personnes visées par le projet de loi , le Commissariat fait partie du Parlement lui-même. Puisque j'occupe un poste de haut fonctionnaire du Parlement, le Commissariat est un employeur distinct qui n'est pas assujetti à la Loi sur l'emploi dans la fonction publique. C'est pour cette raison que je ne suis pas signataire de la lettre qui, si je ne m'abuse, a été envoyée au comité par les autres. Toutefois, je suis en grande partie d'accord avec les opinions qu'ils y expriment.
Bien que le projet de loi ne semble pas avoir été présenté pour répondre à un problème exigeant une solution, on ne peut certainement pas s'opposer à ce qu'il y ait toujours plus de transparence. En fait, je crois beaucoup à la transparence, comme je l'ai souvent fait remarquer, y compris lors de mes comparutions précédentes devant ce comité.
Je suis convaincue qu'avec les freins et contrepoids en place, le Commissariat pourrait résister à tout examen envisagé par le projet de loi . Je tiens cependant à préciser que la structure actuelle du projet de loi pourrait présenter quelques difficultés techniques, dont je parlerai brièvement plus tard.
Je reconnais l'importance de l'impartialité politique. En effet, pour s'acquitter de leur mandat, j'estime qu'il est essentiel que les agents et hauts fonctionnaires du Parlement se montrent non partisans. Ils doivent, tout comme leur personnel, s'acquitter de leurs fonctions de façon juste et impartiale sur le plan de la politique et être perçus comme agissant de cette façon. Je souligne que le processus de nomination des agents et hauts fonctionnaires du Parlement tient déjà vraisemblablement compte de l'impartialité politique. Le commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique, par exemple, est nommé en vertu de la Loi sur le Parlement du Canada. Selon cette loi, le gouverneur en conseil est tenu de consulter le chef de tous les partis reconnus à la Chambre des communes, et la nomination doit être approuvée par résolution de la Chambre des communes.
En fait, le principe d'impartialité politique sous-tend la façon dont j'envisage mon rôle. Comme c'est le cas pour les autres personnes visées par le projet de loi , j'ai instauré un code de valeurs et des normes de conduite, dont j'ai remis des exemplaires au comité. Ce document porte précisément et de manière approfondie sur les activités politiques et l'impartialité. On y souligne l'importance, pour les employés, de préserver leur indépendance de toute intervention politique et de s'acquitter de leurs responsabilités en toute impartialité. Il reconnaît aussi l'impact que les gestes posés et les propos tenus par les employés à l'extérieur du Commissariat pourraient avoir sur la réputation de celui-ci en termes d'impartialité et d'indépendance.
En plus de prescrire les comportements et les actes souhaités, le code de valeurs et des normes de conduite interdit certains actes en particulier. Par exemple, les employés n'ont pas le droit d'exercer des activités politiques. Ils ne peuvent afficher publiquement leur allégeance politique durant une campagne électorale, notamment en installant des affiches sur leur terrain. Et ils doivent s'abstenir de formuler des commentaires écrits ou verbaux, entre autres dans les médias ou sur les réseaux sociaux, favorisant ou pouvant être perçus comme favorisant un parti politique plutôt qu'un autre.
Il y a plus de six ans que j'occupe ma charge de commissaire et depuis, jamais il n'est arrivé que le travail d'un employé du Commissariat soit influencé, ou semble avoir été influencé, par des opinions ou des croyances politiques. Si cela devait arriver, ce serait en contravention à nos normes de conduite et l'employé ferait l'objet de mesures disciplinaires pouvant aller jusqu'au licenciement.
Quelques-uns de mes employés ont déjà occupé des postes au sein de bureaux politiques relevant de diverses affiliations. En tant que professionnels, toutefois, ils s'acquittent de leurs fonctions et de leurs responsabilités officielles de manière strictement non partisane. Je souligne aussi que leur connaissance et leur expérience des rouages du Parlement se sont avérées très utiles à l'exécution de leurs rôles au Commissariat. Il serait très dommage qu'une mesure, quelle qu'elle soit, devienne un obstacle pour les personnes qualifiées souhaitant accepter des postes au sein du bureau d'un haut fonctionnaire ou d'un agent du Parlement.
Par ailleurs et comme je l'ai mentionné, j'estime qu'il faudrait envisager certains changements au projet de loi. Par exemple, il ne fixe pas de seuil clair à partir duquel un examen serait entamé, comme exiger de la personne qui dépose une demande, d'établir des motifs raisonnables de croire qu'un employé s'est montré partisan dans ses fonctions et ses responsabilités. Il ne prévoit pas non plus de mécanisme qui accorderait à l'employé le droit de répondre aux allégations déposées contre lui. De plus, le projet de loi ne définit pas ce qui constitue un comportement partisan. Il ne contient pas de dispositions pour la tenue d'examens à huis clos.
Je fais remarquer que la Loi sur les conflits d'intérêts et le Code régissant les conflits d'intérêts des députés contiennent tous deux de telles dispositions, ce qui garantit que les principes d'équité procédurale et de justice naturelle seront appliqués.
Enfin, le projet de loi est très général et s'applique à tous les employés de façon égale, peu importe leur niveau ou leur capacité de prendre des décisions ou d'influer sur des décisions.
Bref, même si je n'ai rien contre le principe de transparence préconisé par le projet de loi, je ne suis pas convaincue que celui-ci soit nécessaire. Je pense qu'on pourrait améliorer sa formulation actuelle. J'espère, si le projet de loi est adopté, que sa version définitive clarifiera les éléments que j'ai évoqués.
[Français]
Je remercie à nouveau le comité de m'avoir donné l'occasion de discuter du projet de loi .
Monsieur le président, je me ferai maintenant un plaisir de répondre aux questions des membres du comité.
Monsieur Ferguson, ai-je le droit de vous féliciter pour votre français? J'étudie le français depuis quelque temps et je trouve ça difficile. Vous semblez vous en sortir beaucoup mieux que moi et en moins de temps, le vous en félicite donc, monsieur.
Je voudrais revenir sur quelque chose que vous avez dit. Je crois qu'il s'agissait du projet de loi qui s'appliquait aux employés, peu importe les tâches qui leur sont confiées. Vous avez dit que le comité pourrait essayer de voir si les objectifs du projet de loi seraient toujours respectés en limitant son application aux responsables et aux employés en position d'autorité. Ce que vous nous dites, en gros, c'est que peut-être les gens qui font du travail administratif dans votre bureau ne devraient peut-être pas nécessairement être assujettis à l'ensemble de ce projet de loi.
Pour ce qui est de l'appliquer aux responsables ou aux personnes en position de contrôle dans certains dossiers, cela serait-il une bonne idée? S'agit-il de quelque chose que nous devrions sérieusement envisager?
Nous essayons simplement de trouver des façons d'améliorer un projet de loi qui ne vous semble pas nécessairement remarquable.