:
Cela dit, je pense que nous pouvons entamer notre discussion.
[Français]
Bonjour. Je vous remercie de m'avoir invitée à comparaître devant vous aujourd'hui. Je suis accompagnée de Layla Michaud, qui est directrice principale des finances et directrice générale des services internes.
Monsieur le président, j'aimerais parler brièvement du travail que le commissariat a effectué pour favoriser la transparence et la responsabilisation pendant mon mandat de commissaire à l'information. Je doute cependant de pouvoir poursuivre cette importante contribution à la démocratie canadienne, compte tenu du volume de travail et de la situation financière que le commissariat connaît présentement.
Comme vous le savez, la Loi sur l'accès à l'information établit le Commissariat à l'information du Canada comme le premier niveau d'examen indépendant des décisions gouvernementales concernant la communication des renseignements relevant de la loi. Les requérants qui ne sont pas satisfaits de la façon dont les institutions ont traité leur demande d'accès à l'information ont le droit de déposer une plainte au commissariat. J'ai l'obligation légale d'enquêter sur toutes les plaintes qui relèvent de la loi. Il n'y a aucune discrétion liée au poste de commissaire. Nous devons faire toutes les enquêtes.
Grâce au travail du commissariat, les Canadiens et les Canadiennes reçoivent souvent davantage de renseignements que ce que les institutions souhaitaient communiquer au départ. J'aide également les requérants à obtenir l'information plus rapidement. Après la tragédie de Lac-Mégantic, par exemple, j'ai été en mesure d'obtenir des informations bien avant le moment où Transports Canada prévoyait ses communications.
[Traduction]
Depuis 2009-2010, j'examine tous mes processus d'enquête et d'administration pour y cerner des économies possibles. J'ai beaucoup amélioré la façon dont mon équipe traite les plaintes. Nous avons réussi à régler plus de 10 000 plaintes depuis que j'ai accédé à mon poste de commissaire. Il s'agissait de la charge de travail dont le CIC est responsable. Nous avons réglé la majorité de ces plaintes sans en référer à la Cour fédérale, qui constitue le deuxième palier d'examen selon la loi. Quant au reste des causes non réglées, mon équipe juridique les a défendues devant les tribunaux avec le consentement des plaignants.
Au cours des années, j'ai aussi recommandé au diverses façons d'améliorer la reddition de comptes et la transparence. Je suis très heureuse que le gouvernement ait mis en oeuvre la plupart de ces recommandations au cours des années.
Au cours de ces quatre dernières années, j'ai aussi trouvé de meilleurs moyens d'accomplir des fonctions cruciales en matière de finance et de gouvernance. J'ai effectué des réaffectations à l'interne pour maximiser le soutien aux enquêtes.
J'ai même réussi à accomplir ces améliorations alors que mon budget diminuait. En réalité, je dispose maintenant de 11 % de moins d'argent pour effectuer mon travail qu'au moment où je suis entrée en fonction. Toutefois, au cours de l'exercice financier passé, le nombre de plaintes a augmenté de 30 %, ce qui a causé une crise dans mon organisme. Bien que l'année dernière nous ayons réglé 10 % plus de plaintes que l'année précédente, le nombre de plaintes a augmenté de 16 %. C'est la première fois que nous faisions face à une telle augmentation depuis les cinq années où j'ai occupé le poste de commissaire et de commissaire intérimaire.
Non seulement mon équipe est surchargée de travail, mais je n'ai aucune marge financière pour accroître mes capacités d'enquête et pour faire face aux urgences. Mon budget est tellement serré que l'année dernière il me manquait 37 000 $ à la fin de l'exercice. Il ne me reste donc pas d'argent pour faire face à des circonstances imprévues. Par exemple, si l'un des serveurs tombe en panne au CIC, je serai incapable de le remplacer. Nous n'avons pas assez d'argent.
Voici donc la situation dans laquelle nous nous trouvons maintenant. Il est bien évident que je vais devoir prendre des mesures.
[Français]
Les choses ne vont pas aller en s'améliorant, monsieur le président, car le nombre de plaintes, ainsi que les pressions financières, continuent de s'accroître.
À moins que le budget ne soit augmenté, je n'ai qu'une seule possibilité maintenant, à l'approche de ce nouvel exercice financier, pour respecter mon crédit budgétaire, et c'est de faire des compressions dans le programme.
Je ne prends pas cette décision à la légère. Mon rôle en matière de surveillance indépendante est essentiel au système d'accès à l'information, qui est lui-même le fondement de la transparence et de la responsabilisation gouvernementales.
Le gouvernement en a d'ailleurs fait un de ses objectifs prioritaires. Le travail que j'effectue au commissariat est essentiel pour lui permettre de les atteindre.
[Traduction]
Cependant, avec l'augmentation de la charge de travail, le délai entre le moment où je reçois les dossiers au commissariat et celui où je peux y affecter des enquêteurs augmente lui aussi. Ces délais menacent déjà le droit à l'accès. Les demandeurs devront attendre plus longtemps encore avant de recevoir leur information. Cela va à son tour retarder leurs droits de poursuivre leurs causes devant la Cour fédérale s'ils le désirent, puisqu'ils doivent attendre que l'enquête que mène le CIC soit terminée avant de se prévaloir de leur droit de se présenter devant la cour.
Pour vous donner un exemple, monsieur le président, à l'heure actuelle le délai entre la réception d'un dossier et l'affectation d'un enquêteur à ce dossier est de six à sept mois, et ce délai va encore augmenter. Ce genre de situation est la dernière chose que je veux imposer aux Canadiens, qui ont le droit d'accéder rapidement à l'information du gouvernement. J'ai sonné l'alerte sur cette situation financière à toutes les occasions qui se sont présentées. J'ai aussi pris toutes les mesures possibles et imaginables pour préserver mon budget et pour maintenir l'intégrité du programme. J'ai pour cela demandé des fonds pendant toute l'année 2014 et plus récemment pendant le processus budgétaire de 2015, mais jusqu'à présent cela n'a rien donné.
Je conclurai en affirmant que les mesures prises au CIC depuis que je suis commissaire démontrent clairement ce dont j'ai toujours été convaincue, c'est-à-dire que la gestion efficace des fonds publics est d'une importance capitale. J'ai déjà dit aux membres du comité, il y a un certain temps, que j'aurais des décisions très pénibles à prendre pour ne pas dépenser plus que mes crédits votés, pour accomplir mon mandat et pour maintenir une gouvernance excellente. J'ai dès lors été obligée de prendre ces décisions.
Comme je l'ai indiqué dans mon dernier rapport de rendement, que je viens de déposer au Parlement, si l'on ne m'accorde pas de fonds supplémentaires, je ne pourrai plus accomplir mon mandat de façon responsable en veillant à ce que les droits qu'ont les Canadiens à l'accès à l'information soient pleinement respectés.
[Français]
En l'absence de ressources supplémentaires, je devrai donc, en tant que gestionnaire responsable de fonds publics, couper dans le programme pour garantir la poursuite des activités du commissariat dans le respect du crédit budgétaire alloué.
Soyez bien rassurés: je m'éloignerai évidemment du gouffre fiscal plutôt que de basculer dans le vide en tant qu'administratrice générale. Mais ce faisant, le droit quasi constitutionnel d'accès à l'information des Canadiens et des Canadiennes sera de plus en plus souvent bafoué.
Monsieur le président, je suis maintenant prête à répondre à vos questions.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Madame, je vous remercie d'avoir pris le temps de témoigner aujourd'hui.
Vous avez parlé d'une situation que je trouve assez troublante. Votre rôle de commissaire, qui est de vous assurer que le droit d'accès à l'information des Canadiens est tout à fait respecté, est très important.
Vous avez signalé une augmentation des plaintes de 30 % en 2013-2014 et une diminution de votre budget de 9 % depuis 2009. Je crois que vous avez dit recevoir 11 % moins d'argent qu'au début de votre mandat et que le nombre de plaintes avait augmenté.
Comme vous l'avez dit, cela représente un problème important et pourrait nécessiter de couper dans le programme.
Que fait-on de cela? Quelles sont les répercussions sur votre organisme? Le droit à l'accès à l'information des Canadiens sera-t-il mis en péril à cause de cela?
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Sous le deuxième onglet des documents que je vous ai distribués, vous trouverez l'historique de nos péripéties en ce qui concerne les demandes de budget que nous avons soumises au gouvernement au cours des dernières années.
Il y a quelques années, les agents du Parlement relevaient du Comité consultatif sur le financement des agents du Parlement. En 2010, nous avons fait une demande de financement d'urgence pour le traitement d'un cas particulier. Par la suite, le gouvernement a mis en application les mesures de restriction budgétaire.
Lorsque les agents du Parlement ont été invités à soumettre des recommandations concernant les réductions liées au Plan d'action pour la réduction du déficit, nous avons indiqué au ministre Nicholson que nous ne pouvions pas absorber une diminution de financement. Nous avons malgré tout subi une diminution de financement de 5 %. En montant réel, cela représente maintenant 6 % de notre budget. Cette réduction excédait celle que nous avions proposée à notre ministre responsable. À ma connaissance, nous sommes les seuls agents du Parlement à qui c'est arrivé.
Par la suite, soit l'année dernière, on nous a forcé à quitter nos locaux. Le gouvernement nous a alors demandé de financer notre déménagement. Nous avons fait une présentation au Conseil du Trésor dans laquelle nous décrivions notre situation financière et précisions que nous n'étions pas en mesure de financer le déménagement du commissariat. Le conseil nous a alors suggéré de le financer au moyen d'un prêt amorti sur 15 ans. Or le remboursement de ce prêt entraîne une réduction supplémentaire de 2 %.
Depuis deux ans, nous sommes passés par le ministère de la Justice, dont le ministre est responsable de notre portefeuille, afin d'être inscrits dans le budget fédéral et de pouvoir faire une présentation au Conseil du Trésor. Ma collègue a discuté avec des gens du Secrétariat du Conseil du Trésor pour voir quel mécanisme nous permettrait de demander de l'argent, en tant qu'agents du Parlement. Je crois même que Mme Michaud a communiqué avec eux par courriel cette semaine.
Nous sommes prêts à faire une présentation au Conseil du Trésor, mais on nous dit de nous adresser au et de passer par le budget. C'est ce que nous avons fait. Si le gouvernement nous dit qu'il va considérer une présentation au Conseil du Trésor, nous allons évidemment en faire une. En fait, elle est prête à être déposée.
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Merci, monsieur le président.
Je vais poursuivre dans la même veine, madame Legault, parce que je trouve qu'il est intéressant de revenir sur la question depuis ma première intervention. Sur les 55 000 demandes émanant de tous les ministères — je sais qu'il y en a de plus en plus et que vous recevez de plus en plus de plaintes en conséquence — 29 300 étaient de nature commerciale ou concernaient les médias ou les affaires, soit environ 53 % de la totalité des demandes.
Si vous pensez simplement à ce qu'il en coûte au gouvernement... Je pense que personne ici ne conteste la nécessité de ce processus, certes, et nous apprécions ce que fait votre bureau pour accélérer le taux de règlement des cas. Mais le coût s'élevait à 995 $ en 1983 et à 1 295 $ en 2012, c'est-à-dire un coût de 71 millions de dollars pour le gouvernement. C'est une somme importante, mais je crois que l'on pourrait trouver un financement non seulement pour votre bureau, mais pour éliminer cet arriéré. Je remarque que dans votre graphique à l'onglet 3, vous prévoyez que ce taux de 30 % va se poursuivre jusqu'en 2018; cela va donc coûter des centaines de millions de dollars alors que le tarif demeure à 5 $ depuis 1983. Or, même la feuille de calcul de l'inflation de la Banque du Canada indique que nous devrions percevoir 10 et 65 $.
J'en viens à ma question. Ne serait-il pas intelligent pour le Canada de suivre l'exemple d'autres pays où il existe une option d'accès à l'information à un prix modique pour le citoyen et à un coût un peu plus élevé, sans représenter un recouvrement du coût complet, pas 1 295 $...? Mais à 5 $ la demande, une société de télécommunication qui se prépare pour une audience du CRTC peut présenter autant de demandes d'accès à l'information qu'elle veut — et je l'ai constaté — certaines ne concernent même pas leur mémoire, parce que le coût est tout à fait symbolique, alors que le gouvernement fait tout le travail.
Seriez-vous en faveur d'un mécanisme à deux vitesses où nous garderions le prix à un niveau modique, peut-être les 10 et les 65 $, en adaptant la demande des citoyens en fonction du taux d'inflation, tout en exigeant des droits beaucoup plus élevés pour les demandes commerciales?
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Au fil des ans, nous avons simplifié nos opérations. Nous traitons les dossiers administratifs à part des dossiers plus compliqués. Je pilote les dossiers les plus compliqués.
Nous traitons les dossiers administratifs d’une façon très simplifiée. Un groupe de personnes est dédié au traitement de ces dossiers; auparavant, ils étaient mélangés avec l’ensemble des enquêteurs. Maintenant, nous prenons des gens et nous les formons au traitement des dossiers les plus simples, et ils passent ensuite aux dossiers plus compliqués. Le processus d’examen est meilleur qu’auparavant quant aux gestionnaires et à la commissaire adjointe. Dernièrement, nous avons mis en place un processus de médiation grâce auquel nous tentons de résoudre les dossiers de manière informelle très rapidement.
La prise en charge, la résolution précoce, la médiation, le processus simplifié de refus existent aussi chez mes collègues des autres gouvernements. Donc, en effet, nous partageons diverses techniques d’enquête, mais vous devez comprendre que les dossiers au palier fédéral sont très différents de ceux au palier provincial. Dans mon inventaire, près de 20 % ont trait à la sécurité nationale. Le palier provincial n’a pas ce genre de dossiers.
Il y a ce concept de gouvernement ouvert qui, selon votre lecture du hansard, remonte à 30 ans, puis il y a le gouvernement qui continue à promettre d'être un gouvernement ouvert. C'est une bonne chose, mais l'essentiel, c'est qu'il y ait des suivis, que les choses soient mises en place et que des mesures soient prises.
Au fond, dans un monde idéal, le gouvernement serait ouvert et les données seraient accessibles par défaut.
Selon vous, le nombre de plaintes reçues par votre bureau diminuerait-il? C'est le calcul que je fais, mais j'aimerais entendre vos commentaires là-dessus.
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Cette unité fonctionne vraiment bien. L’onglet 3 de mon exposé montre l’évolution de l’inventaire. À mon arrivée à titre de commissaire à l’information par intérim, le bureau comptait un inventaire de 2 500 dossiers. Tous les ans, nous réussissons à réduire l’inventaire. L’arriéré est moindre. Ainsi, nous avons réglé plus de dossiers que nous n’en avons reçus tous les ans, sauf l’année dernière, où la hausse a été de 30 %.
Par conséquent, en ce qui me concerne, notre rendement est meilleur, l’arriéré de dossiers diminue plutôt rapidement et le traitement à l’accueil est vraiment une réussite. Nous venons d’ajouter un volet médiation et les résultats sont positifs là aussi. Ce que nous cherchons à faire à cette étape-là, c’est de voir, dès que la plainte est reçue, avec le plaignant et l’institution visée, si le plaignant obtient ce qu’il cherche vraiment et s’il y a moyen de circonscrire la demande, la plainte, et s’il nous est possible de régler la question plus rapidement avec l’institution, et ça marche vraiment bien.
Donc, le traitement à l’accueil fonctionne très bien, mais à ce stade, question rendement, nous venons tout juste de terminer un ordonnancement. Nous cherchons sans cesse des moyens d’améliorer la situation, mais les gains d’efficacité possibles sont désormais minimes. Je ne vais pas régler 2 000 plaintes de plus, mais peut-être 1 000. Peut-être 30 de plus, mais je ne serai pas capable de régler les 2 200 dossiers qui forment encore une fois un arriéré
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Les travaux du comité sont particulièrement intéressants pour moi, d'autant plus que quand j'étais à Toronto, je travaillais dans un cabinet d'avocats et j'ai compris la valeur commerciale de l'information.
J'ai quelques questions à poser pour faire suite à quelque chose que vous avez dit à ma collègue, Mme Crockatt. Vous avez avancé qu'autant que vous sachiez —puisque vous n'étiez pas commissaire en 1983 — les frais de cinq dollars ne se rattachaient pas vraiment à un recouvrement des coûts, mais servaient plutôt de mesure dissuasive pour assurer que quiconque présente une demande y pense à deux fois avant de le faire. Y a-t-il d'autres pays qui utilisent cette approche, un obstacle minimal qui ne sert qu'à... ?
Il y a des gens qui passent leur journée sur Twitter, un simple clic de souris. Je pense qu'il doit y avoir un compromis raisonnable entre, d'une part, avoir un gouvernement ouvert et accessible à tous et, d'autre part, avoir des fonctionnaires qui, sur un simple clic du demandeur, doivent accéder à de l'information et occasionner ainsi des frais frôlant les 1 300 $ par demande. Quel devrait être, selon vous, le montant des frais de nuisance?
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Laissez-moi vous poser une question, car comme vous l'aurez compris, je ne sais pas trop comment répondre à la vôtre. Quels sont les frais de nuisance associés à la publication d'un ensemble de données? Quel est le coût, pour le gouvernement de produire un ensemble de données et de le publier de façon proactive dans le cadre d'un système ouvert de données? Pour le gouvernement, il y a un coût à ça. Il y a un coût à la divulgation proactive des frais de déplacement et d'accueil. Il y a un coût à divulguer quoi que ce soit sur un site gouvernemental. En quoi cela diffère-t-il de la divulgation de documents en passant par l'accès à l'information?
Dans un sens, on peut voir ça comme une mesure de réduction des coûts, parce que le gouvernement ne divulgue pas vraiment tout ce qu'il produit. Certains documents sont produits de façon proactive, parce que le gouvernement considère qu'ils ont de la valeur. Ce sont des ensembles de données ouvertes, par exemple, des données géospatiales. Il produit aussi de l'information publique comme les rapports annuels et les rapports ministériels, parce qu'il considère que cela démontre ses objectifs de transparence et de reddition de comptes.
Où est la différence? Si les citoyens — en fait, 55 000 personnes sur toute une population, ce n'est pas beaucoup — veulent avoir accès à un autre type d'information, pourquoi assujettir cette information à un seuil de nuisance, alors que la Cour suprême du Canada a établi que l'accès à l'information était, pour les Canadiens, un droit quasi constitutionnel? Voilà, monsieur, la vraie question.
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Je dois vous corriger, madame. Ce ne sont pas 55 000 citoyens, ce sont 55 000 demandes, et nous avons établi que presque 30 000 d'entre elles ne provenaient pas de citoyens, mais de sociétés commerciales.
Ça fait plaisir de voir mes amis du NPD ici présents appuyer l'entreprise canadienne dans son désir d'accès à l'information. Ma vision des choses pour régler ce problème croissant et en assurer le traitement sans faille par votre bureau — tout en renflouant vos coffres — serait la mise en place d'un système à trois volets. Dans le cadre du premier volet, tout citoyen se verrait accorder un accès entièrement gratuit à n'importe quel document le concernant ou concernant sa vie personnelle. Le deuxième volet consisterait à imposer des frais minimaux de 25 ou 30 $ aux citoyens qui souhaitent obtenir de l'information qui ne les concerne pas directement. Si quelqu'un s'intéresse au secteur de la pêche et veut obtenir de l'information à ce sujet, il doit pouvoir y accéder moyennant des frais symboliques qui sont tout de même plus élevés que les 5 $ de 1983.
Le troisième viserait les entités commerciales qui utilisent fort probablement l'information à des fins commerciales. Imposer des frais de 5 $ à des sociétés multimilliardaires, ça ne s'appelle pas des frais de nuisance. Ni même une mesure symbolique. Pour un géant des télécommunications ou une société pétrolière, des frais de 200 $ me paraissent raisonnables.
La raison pour laquelle je poursuis dans cet ordre d'idées, c'est que je pense que ce serait un bon moyen d'aboutir au résultat souhaité: faire plus d'argent. Surtout si vous parvenez à réserver une partie de ces fonds pour votre ministère qui fait du bon travail, nous sommes tous d'accord là-dessus.
Que pensez-vous de mes trois paliers? Je sais que vous ne les appuyez pas, mais y a-t-il d'autres pays qui utilisent un système de ce genre? Je sais que le Royaume-Uni a effectivement évalué le temps nécessaire à la collecte de l'information et qu'il impose des frais minimaux en plus des frais de communication pour les appels téléphoniques et autres. Existe-t-il d'autres pays qui fonctionnent comme ça?
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Je n'ai qu'un seul programme et il s'agit des enquêtes.
Si je n'obtiens pas de fonds supplémentaires, je ne pourrai pas fonctionner car je n'ai qu'une marge de manoeuvre de 37 000 $. S'il y a un bris de serveur, par exemple, je devrai fermer boutique et ce n'est pas une solution.
Je dois avoir un fonds pour éventualités d'environ 400 000 $ à 500 000 $, ce qui représente sept ou huit postes d'enquêteur. Je n'aurai pas à supprimer du personnel puisque plusieurs employés iront en congé de maternité ou prendront leur retraite, mais je ne les remplacerai tout simplement pas et cela aura un impact, que l'on peut observer dans le tableau.
À mon avis, ce sera désastreux. Je ne suis plus en mesure d'en demander plus de mes employés. Je le fais depuis des années et ils travaillent au maximum. On continuera de faire notre travail ainsi, mais il y aura de plus en plus de délais. Quand un délai devient trop long, cela signifie que le processus d'enquête n'est plus valide. Dans un tel cas, je ne serai plus en mesure de remplir mon mandat.
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Très bien. Je voudrais simplement passer à une question un peu plus délicate. Vous avez dit que si un serveur tombe en panne, vous serez forcée de fermer boutique. Vous semblez craindre d'avoir à prendre des décisions très dramatiques. Vous avez dit aussi:« À moins que mon budget ne soit augmenté, je n'ai qu'une possibilité, à l'approche de ce nouvel exercice financier, pour respecter mon crédit budgétaire: faire des coupures dans le programme. »
Je voudrais simplement vous dire que nous avons possiblement sous les yeux une solution à laquelle nous n'avons peut-être pas pensé et c'est pourquoi je vous demande de regarder l'autre élément de l'équation. Comme chacun sait, tous les ministères voudraient un budget beaucoup plus important et le gouvernement a toujours un équilibre à respecter entre les impôts qu'il peut exiger des contribuables pour les répartir entre les transferts en matière de soins de santé, la sécurité de la vieillesse et la protection de l'environnement. Ce n'est pas un puits sans fond, et nous devons présenter des arguments convaincants et assurer un certain équilibre.
J'ai l'impression que vous avez des ressources inexploitées juste sous votre nez. Beaucoup de gens, surtout dans le milieu des affaires, comme vous en avez témoigné aujourd'hui, tiennent beaucoup à recevoir les renseignements que vous avez et actuellement, ils paient 5 $. Il y a des entreprises valant des millions de dollars qui, dans tous les secteurs, y compris celui des journaux, d'où je viens, paient très cher pour obtenir de l'information et comme vous l'avez dit, 5 $, c'est très peu d'argent.
Je me demande si je pourrais vous inciter à voir là une solution possible au lieu d'être confrontée, en tant que commissaire à l'information passionnée par sa mission et désireuse de communiquer l'information, à la perspective d'avoir à réduire les services. Vous pouvez faire des compressions ou grossir votre gâteau.
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Merci, monsieur le président.
Je voudrais proposer un amendement amical à la motion, car je pense que la motion de M. Ravignat est prématurée. Je dis cela parce que Mme Legault s'est déjà engagée à fournir au comité un aperçu général, utile et important, des services similaires au sien ainsi que des frais qu'ils exigent pour les demandes d'accès à l'information. Je pense que tous les membres du comité ont trouvé très intéressants et convaincants certains des renseignements contenus dans les documents, les tableaux ainsi que son témoignage devant le comité. Nous nous réjouissons certainement qu'elle ait pu réduire le délai de règlement des dossiers. Elle a pu faire face à l'augmentation de 30 %, mais nous constatons une hausse de 30 % dans les ministères, beaucoup plus dans certains ministères commerciaux et même encore plus dans les ministères chargés de la sécurité.
Pour voir vraiment comment ce service pourrait mieux fonctionner et si les frais de 5 $ en vigueur depuis 1983 suffisent à éviter ce qu'on a décrit comme des demandes futiles ou vexatoires qui risquent d'alourdir le système et d'augmenter les coûts, je pense que l'aperçu général que Mme Legault s'est engagée à fournir au comité, qui comparera notre système et les frais de traitement et montrera les coûts et autres détails de ce genre, nous fournira des renseignements importants que tous les membres du comité souhaitent obtenir, je pense.
Mon amendement amical propose de différer la motion de M. Ravignat jusqu'à ce que Mme Legault ait tenu son engagement envers le comité et que les membres du comité ait eu le temps d'examiner le document. Sa motion sera alors activée.
C'est un amendement amical.