:
Je vous remercie beaucoup, madame Gill.
Permettez-moi de préciser aux membres du Comité que l'accès aux cartables ne serait généralement pas de mise. Toutefois, nous pourrions convenir, avec le consentement unanime du Comité, nonobstant la motion de régie interne régissant la distribution des documents, que Mme Gill et Mme Gazan aient accès aux cartables numériques du Comité pour la durée de cette étude sur l'objet du projet de loi .
Les membres du Comité s'opposent-ils à accorder l'accès aux cartables numériques?
Comme je ne vois aucune objection, je vais demander le consentement unanime, par un vote à main levée, pour permettre l'accès aux cartables.
Des députés: D'accord.
Le président: Nous acceptons donc, par consentement unanime, de donner accès aux cartables numériques à Mme Gill et à Mme Gazan pour la durée de l'étude et de toute étude conformément à l'ordre de renvoi de celle-ci. Je vous remercie beaucoup.
Mesdames et messieurs, pour assurer le bon déroulement de la réunion, les participants peuvent parler et écouter dans la langue officielle de leur choix. La question des microphones est très importante. En effet, nous ne pouvons pas mener correctement notre réunion si les interventions ne sont pas entièrement et clairement traduites dans nos deux langues officielles. Vous pouvez passer d'une langue à l'autre sans problème. Assurez-vous que votre vidéo est allumée pendant que vous parlez. Veuillez parler lentement et clairement. Lorsque vous ne parlez pas, veuillez mettre votre micro en sourdine.
Monsieur le greffier, si j'ai bien compris, tout le monde a effectué les tests préalables nécessaires. Je vous remercie.
Cela dit, chers collègues, nous accueillons aujourd'hui, par vidéoconférence, les témoins suivants: Dale Swampy, président de la National Coalition of Chiefs, et chef régional Terry Teegee, qui représente le Conseil des leaders des Premières Nations de la Colombie-Britannique et qui est accompagné de Merle Alexander, avocat général. Nous accueillons également Harold Calla et Geordie Hungerford, respectivement président exécutif et directeur général du Conseil de gestion financière des Premières Nations.
Je remercie tous les témoins de prendre le temps de comparaître aujourd'hui. Chaque organisme aura six minutes pour faire une déclaration préliminaire, et nous passerons ensuite aux questions.
Monsieur Swampy, vous avez la parole. Vous avez six minutes.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Bonjour. Je vous remercie de me donner l'occasion de vous parler aujourd'hui dans le cadre de votre étude sur le projet de loi .
Je m'adresse à vous aujourd'hui à partir du territoire traditionnel de la Nation Tsuut'ina, près de Calgary, en Alberta, et du territoire traditionnel des Premières Nations du Traité no 7, dans le Sud de l'Alberta.
Je m'appelle Dale Swampy. Je suis le président de la National Coalition of Chiefs, une coalition de chefs favorables à l'industrie. Notre mandat est de vaincre la pauvreté dans les réserves des Premières Nations. Nous travaillons à l'établissement d'ententes mutuellement avantageuses entre les Premières Nations et les partenaires de l'industrie dans le but d'accroître la prospérité économique des collectivités des réserves.
Je suis également membre de la Nation crie de Samson.
Je pense que la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones est importante à bien des égards, et j'appuie évidemment les droits des Autochtones. Cependant, je suis sceptique à l'égard du projet de loi . En effet, je pense qu'il faut s'attarder davantage à son libellé, car tel qu'il est rédigé aujourd'hui, il me semble évident qu'il découragera les investissements dans la mise en valeur des ressources canadiennes, et cela nuit autant aux collectivités autochtones qui dépendent des ressources que cela nuit à d'autres entités.
La plupart d'entre nous souhaitent attirer des investissements dans nos territoires. Nous voulons favoriser le développement économique, la création d'emplois et les revenus autonomes. En fait, la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones affirme ce droit de déterminer et d'établir des priorités et des stratégies et de mettre en valeur nos terres, nos territoires et nos autres ressources. Mais ce droit est vide de sens si nous ne pouvons pas attirer du financement ou des partenaires commerciaux pour mettre en valeur nos ressources en raison d'une loi imprécise.
J'ai passé ma vie professionnelle dans les Premières Nations et l'industrie pétrolière et gazière. Je sais ainsi par expérience directe ce qui se passe lorsque la bureaucratie fédérale fait obstacle au développement.
Si bien intentionné que soit le projet de loi , mes discussions avec des experts juridiques, des représentants de l'industrie et des spécialistes des services de banque d'investissement m'ont persuadé qu'il ajoute un autre élément d'incertitude et de risque au développement dans les territoires autochtones. C'est parce qu'il ajoute à la confusion quant à savoir qui a l'autorité de fournir ou de refuser le consentement au nom des Autochtones, qu'il s'agisse des chefs et des conseils, de chefs héréditaires ou de petits groupes de militants. Cela signifie également qu'une seule nation peut refuser le consentement — un veto en pratique, sinon en nom — pour des projets qui traversent des dizaines de territoires, qu'il s'agisse de pipelines, de chemins de fer ou de lignes de transport d'électricité.
Je pense que l'incertitude contenue dans le projet de loi accroît le risque que la loi soit utilisée pour retarder les projets de mise en valeur des ressources par des groupes qui s'opposent aux projets d'extraction et à d'autres projets de ressources, quelles que soient les circonstances, et même aux projets auxquels les nations autochtones sont majoritairement favorables et dans lesquels ces nations détiennent une participation financière. J'ai vu de mes propres yeux comment les groupes environnementaux peuvent faire avancer leurs propres programmes et utiliser les droits des Autochtones contre les intérêts de ces derniers.
Les structures du gouvernement fédéral ont souvent contribué à décourager les investissements dans les terres et les territoires autochtones et à réduire la compétitivité de nos entreprises. Le projet de loi risque donc d'ajouter un obstacle entre les peuples autochtones et l'industrie — en plus de la Loi sur les Indiens et d'autres lois.
L'incertitude, les obstacles et les risques supplémentaires liés au développement dans les territoires autochtones compliquent la tâche à nos nations et à nos entreprises qui s'efforcent d'attirer des investissements, mais lorsqu'elles réussissent à attirer ces investissements, cette prime de risque fait augmenter les coûts.
Les initiatives qui nuisent à notre propre économie ne favorisent pas la prospérité et l'autodétermination. Le développement des ressources est tout simplement nécessaire à la prospérité de la plupart de nos collectivités. Nous n'avons donc pas besoin d'un projet de loi qui ralentira les progrès dans ce domaine.
J'aimerais aborder un dernier point avant de conclure, et il s'agit des normes en matière de consultation et de consentement. En effet, le gouvernement fédéral a imposé des normes en matière de consultation très élevées à l'industrie, au point même où des projets que les Premières Nations souhaitent voir se réaliser ne peuvent pas attirer d'investissements, car le processus est trop laborieux, trop coûteux ou trop ambigu. Maintenant, avec le projet de loi , vous ne semblez pas respecter ces normes vous-mêmes.
La COVID-19 limite la capacité de nos chefs de se rendre à Ottawa pour parler directement aux représentants du Parlement et communiquer nos réflexions et nos préoccupations au sujet du projet de loi. Nos chefs sont occupés à traiter des questions de santé publique. Ils ont besoin de temps pour comprendre, avant l'adoption du projet de loi, comment il touchera concrètement les peuples autochtones, ce qu'il signifiera pour les processus d'approbation des projets sur nos territoires et comment le plan d'action proposé sera élaboré.
L'article 19 de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones indique explicitement qu'il faut obtenir le consentement éclairé des Premières Nations et de tous les peuples autochtones avant d'adopter une loi qui les concerne. Je sais que vous n'avez pas le consentement universel pour le projet de loi . Je connais de nombreux chefs qui sont préoccupés et qui veulent, à tout le moins, un peu plus de temps pour mieux examiner et comprendre les répercussions du projet de loi C-15 et qui souhaitent avoir leur mot à dire sur son libellé. Comment interprétez-vous la façon dont vous devez obtenir et démontrer le consentement des Autochtones pour adopter ce projet de loi? La façon dont vous définissez le consentement pour adopter ce projet de loi et ce qui, à votre avis, représente une norme raisonnable ne devrait pas être différent de ce que vous attendez de l'industrie en matière de consentement pour d'autres projets. En fait, j'aurais cru que vous vous seriez imposés des normes plus élevées, surtout pour ce projet de loi.
Je vous remercie de votre temps. J'ai hâte de répondre à vos questions.
:
[
Le témoin s’exprime en déné ainsi qu’il suit:]
Marsi cho, Dene zą.
[Les propos en déné sont traduits ainsi:]
Merci. Je suis déné.
[Traduction]
Mesdames et messieurs les députés, tout d'abord, je tiens à reconnaître le territoire sur lequel je me trouve, c'est-à-dire celui des Dénés de Lheidli T'enneh du territoire des Dakelh, près de Prince George, en Colombie-Britannique. Je tiens également à reconnaître les territoires d'où vous diffusez cette réunion ou y participez, car ce sont des terres autochtones et elles l'ont toujours été depuis des temps immémoriaux.
Je tiens à remercier le Comité de m'avoir invité à faire une déclaration préliminaire. Je suis honoré de prendre la parole au sujet du projet de loi fédéral visant à mettre en œuvre la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Cet événement marque un tournant important dans l'histoire de notre pays et suit un événement historique dans la province de la Colombie-Britannique. En effet, le 28 novembre 2019, la Loi relative à la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones a été adoptée à l'unanimité à l'Assemblée législative de la Colombie-Britannique avec le soutien de tous les partis de la province.
La Loi relative à la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones a été largement soutenue par les Premières Nations de la Colombie-Britannique. Elle représente un changement majeur, car le gouvernement provincial avait plutôt l'habitude de nier et de refuser nos titres, nos droits et notre existence à titre de peuples distincts. Cette loi représente également une acceptation de l’appel à l’action no 43 de la Commission de vérité et réconciliation, qui demande « d'adopter et de mettre en œuvre la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones dans le cadre de la réconciliation ».
Il s'agit d'un tournant pour la Colombie-Britannique. Même s'il reste beaucoup de travail à faire, nous commençons à observer une transition vers l'approche fondée sur les droits de la personne telle que l'exige la Déclaration.
À titre d'exemple, l'automne dernier, le gouvernement provincial de la Colombie-Britannique a commandé un examen complet du racisme exercé contre les Autochtones dans le système provincial de soins de santé, faisant ainsi la promotion de l'article 24 de la Déclaration et affirmant les droits des peuples autochtones à l'accès aux soins de santé sans discrimination.
Les événements historiques et récents démontrent qu'il est impératif de prendre des mesures concrètes pour lutter contre le racisme dans notre société et que les pouvoirs publics ont la responsabilité d'agir. La Déclaration des Nations unies est un instrument mondial de défense des droits de la personne, et les droits de la personne ne peuvent être pleinement exercés là où il y a du racisme et de la discrimination.
Le racisme et la discrimination à l'encontre des Autochtones qui perdurent aujourd'hui soulignent la pertinence de l'approche en matière de réconciliation fondée sur les droits de la personne. En effet, la réconciliation ne peut être fondée sur le déni des droits ou sur le racisme, car c'est intrinsèquement contradictoire et incompatible avec le respect des droits de la personne.
Le projet de loi et les améliorations qui y sont apportées représentent une étape importante dans la mise en œuvre de la Déclaration par le Canada. C'est une voie de changement attendue depuis longtemps, et qui se fonde sur le respect des droits de la personne et des droits inhérents, ainsi que sur la répudiation et l'éradication des notions et doctrines racistes et coloniales qui n'ont pas leur place dans notre pays ou dans nos relations.
Le préambule est important, car il évoque notre histoire collective au Canada et l'héritage du colonialisme qui a eu des répercussions tragiques et profondes sur les Premières Nations de tout le pays, soulignant ainsi la nécessité de mettre en œuvre la Déclaration des Nations unies au Canada.
Le projet de loi doit indiquer clairement que le Canada répudie les doctrines prônant la supériorité, comme la doctrine de la découverte et celle du territoire sans maître. Toutes les interprétations des droits autochtones provenant d'une époque fondée sur le déni colonial doivent cesser. Il doit également être clairement indiqué que la mise en œuvre de la Déclaration des Nations unies relève de la responsabilité de tous les membres du gouvernement, qui doivent prendre les mesures nécessaires et assurer la cohérence des lois, comme l'exige l'article 5.
En outre, il est impératif que la coopération et les consultations menées en vertu du projet de loi reflètent la relation constitutionnelle entre la Couronne et les peuples autochtones et les normes clés de la Déclaration, comme le consentement préalable donné librement et en connaissance de cause. Le projet de loi doit clarifier et préciser les mécanismes et le plan nécessaires pour assurer la cohérence des lois. Dans le cadre de cette nouvelle voie, les lois du Canada évolueront pour être plus inclusives et plus respectueuses des droits et de notre relation unique, et mettront en œuvre de nouvelles mesures et approches en matière de partenariat et de participation.
Le projet de loi s'ajoutera à la loi sur la Déclaration adoptée par la Colombie-Britannique et contribuera à renforcer les fondements des relations entre la Couronne et les Autochtones, ainsi que la réconciliation en Colombie-Britannique, où des traités n'ont pas été conclus à l'échelle de la province et où la question des terres reste en grande partie en suspens, tout comme la mise en œuvre des traités Douglas antérieurs à la Confédération.
La mise en œuvre de la Déclaration par l'entremise de lois et de mesures prises par le Canada et la Colombie-Britannique constituera une base solide pour l'innovation et les négociations fondées sur des principes, ce qui permettra d'améliorer et d'accélérer les négociations et la conclusion de traités, d'ententes et d'autres arrangements constructifs, solides et durables fondés sur les droits en Colombie-Britannique.
Il est urgent de faire respecter et de protéger les droits de la personne des Autochtones, surtout en période de pandémie mondiale, alors que les droits de la personne sont vulnérables et subissent un impact considérable. L'urgence de respecter et de promouvoir les droits inhérents des peuples autochtones est énoncée dans le préambule. De nombreuses mesures peuvent et doivent être prises immédiatement et ne pas être retardées. Il faudrait en tenir compte dans les délais prévus dans le projet de loi.
Les chefs de la Colombie-Britannique ont indiqué que, selon eux, ce projet de loi est comparable à l'ancien projet de loi , même s'ils ont cerné quelques améliorations qui doivent être apportées pour régler certains problèmes de rédaction qui pourraient causer de la confusion et pour renforcer des enjeux importants, comme ceux que j'ai mentionnés ici. Nous vous avons fourni un tableau écrit des améliorations que nous recommandons d'apporter. Nous serons heureux d'être à votre disposition, avec notre personnel technique, pour vous fournir des renseignements supplémentaires si vous souhaitez en savoir plus sur notre position.
Je vous remercie de m'avoir donné le temps de vous parler aujourd'hui à l'appui du projet de loi .
Mahsi cho.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je vous remercie de m'avoir invité à comparaître aujourd'hui. Nous avons seulement reçu l'invitation hier, et même si j'ai préparé une déclaration préliminaire, nous rédigerons un mémoire écrit plus détaillé que nous vous ferons parvenir.
Je tiens à remercier notre chef régional de sa déclaration préliminaire et je remercie également M. Dale de sa déclaration préliminaire, en précisant que je suis d'accord en grande partie.
Je suis membre de la Première Nation des Squamish, qui fait partie de la communauté des Salish de la côte, en Colombie-Britannique, et je participe à la gestion de ma collectivité depuis 1987, en m'occupant de bon nombre des problèmes qui ont existé dans la relation coloniale entre notre communauté et le gouvernement du Canada et qui ont donné lieu à des litiges, à la pauvreté et au dysfonctionnement social dans nos collectivités.
Nous devons nous demander comment nous pouvons changer les choses. D'abord et avant tout, nous devons reconnaître que les choses doivent changer. Ensuite, nous devons commencer à discuter, les uns avec les autres, de la façon dont ces changements se produiront.
Ces changements ne se produiront pas et ils ne seront pas efficaces si nous ne reconnaissons pas qu'il doit y avoir une place dans l'économie canadienne pour les collectivités autochtones et que leurs droits et titres créent une obligation, pour le Canada, d'accommoder les Premières Nations et de les consulter dans le cadre des décisions relatives aux activités d'extraction des ressources.
Le Conseil de gestion financière a été créé en 2005, grâce à l'appui de tous les partis à la Chambre des communes. Il a été mis sur pied parce que les Premières Nations voulaient s'unir pour promouvoir leurs intérêts économiques d'une manière qui ne pouvait être réalisée dans le cadre de la Loi sur les Indiens.
Par conséquent, nous avons maintenant plus de 300 Premières Nations inscrites à l'annexe de la loi; plus de 200 ont des textes législatifs en matière de gestion financière et environ 190 d'entre elles ont des certificats de rendement financier. Par l'entremise de l'Administration financière des Premières Nations, nous avons été en mesure de recueillir, au nom des Premières Nations, environ 1,3 milliard de dollars en ressources, qu'elles ont pu investir dans leur économie. Plus particulièrement, comme vous le savez probablement, il y a eu la transaction avec Clearwater dans le Canada atlantique. Cette transaction est le résultat du renforcement de la capacité des collectivités des Premières Nations à comprendre les possibilités qui s'offrent à elles.
Je pense qu'il est nécessaire de préciser les droits et les titres autochtones, et je n'accepte pas l'idée que ce projet de loi ne lance pas ce processus de clarification. Vous devez comprendre que le manque de précision d'aujourd'hui est responsable de la régression du développement des ressources dans notre pays au cours des 10 dernières années. Nous devons changer ce dialogue. Nous devons faire en sorte que le « consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause » ne soit pas seulement une expression, mais une mesure concrète.
Pour que ce soit le cas, l'adoption du projet de loi déclenchera l'investissement massif requis dans les collectivités autochtones, afin qu'elles puissent travailler sur un pied d'égalité avec le secteur privé et le gouvernement du Canada pour créer les moyens de réaliser l'agrégation, ce qui permettra de soutenir l'information et de favoriser la prise de décisions.
Je pense que l'on croit à tort que tout le monde doit être d'accord. Tout le monde ne sera pas d'accord sur tout. Ce type de comportement ne se produit pas dans vos collectivités, et il ne se produira pas dans les nôtres. Il s'agit donc de savoir comment gérer les différences. Je crois que c'est mieux lorsque nous sommes autorisés à tenter de les gérer nous-mêmes.
Le succès dont profite la Coalition des grands projets des Premières Nations depuis les six dernières années m'a montré que les collectivités peuvent s'unir et se soutenir mutuellement pour certains de ces projets. Elles l'ont d'ailleurs fait et elles ont élaboré des cadres de gérance environnementale et fait avancer certains projets très importants sur leurs territoires traditionnels. La Coalition a offert aux collectivités des Premières Nations un endroit où elles peuvent obtenir les conseils et le soutien dont elles ont besoin pour faire valoir leurs droits et leurs titres ancestraux et faire preuve de la diligence requise pour déterminer comment elles peuvent réellement mettre en œuvre des projets au lieu de se contenter d'en parler.
L'accès au capital sera essentiel dans ce processus, afin que les Premières Nations participent au développement de leurs économies. Grâce à la Loi sur la gestion financière des Premières Nations, nous avons prouvé que la mise en commun des emprunts, avec l'appui du Canada, peut être une grande réussite.
À mon avis, nous ne devons pas craindre la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Nous devons plutôt l'accueillir comme une occasion qui nous permettra de corriger ce que le passé nous a fait subir. Je pense que ce sera important pour nous à l'avenir.
Je sais que certains vont dire que l'on créera ainsi des difficultés indues pour le secteur privé et l'économie canadienne. Je vous soumets que ce genre d'éclaircissement va plutôt produire l'effet contraire. Je pense que c'est ce que nous avons pu observer en Colombie-Britannique avec le travail de la Coalition des grands projets et le soutien à Coastal GasLink. Ma propre communauté a émis son certificat pour la réalisation du projet de Woodfibre LNG. Nous sommes concrètement engagés dans les processus qui nous concernent.
C'est en nous mobilisant de la sorte, en renforçant nos capacités et en fournissant les ressources suffisantes pour que les dispositions nécessaires puissent être prises rapidement que vous pourrez selon moi obtenir ce consentement libre, préalable et éclairé d'une manière qui inspirera confiance à tous. Vous devez établir le cadre dont ont besoin des Premières Nations qui peuvent être de taille plutôt réduite et ne pas avoir nécessairement les ressources leur permettant d'avoir accès aux capacités dont elles ont besoin pour prendre en charge de telles initiatives. Que vous soyez membres de la nation Squamish avec ses 4 000 personnes et son budget considérable ou d'une petite communauté du Nord, les décisions à prendre sont les mêmes. L'écart de capacité entre les deux peut toutefois être très prononcé si nous ne concevons pas un modèle permettant une telle concentration des ressources et des connaissances nécessaires pour prendre ces décisions.
Cela dit, monsieur le président, je tiens à vous remercier de l'occasion que vous m'avez offerte aujourd'hui. Je vous rappelle que je vous soumettrai sous peu un mémoire à ce sujet.
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Merci, monsieur le président.
Je veux d'abord remercier tous nos témoins de leur participation à la séance d'aujourd'hui. Je sais que le préavis a été plutôt court pour certains, comme l'a souligné M. Calla, et nous vous sommes d'autant plus reconnaissants d'avoir pu prendre les dispositions nécessaires. Tous vos exposés ont été fort intéressants.
Je veux m'adresser dans un premier temps à M. Swampy avant de passer aux autres témoins, si notre président m'accorde assez de temps pour ce faire. Il arrive que nous ayons certains problèmes de ce côté-là.
Monsieur Swampy, vous avez souligné dans vos observations préliminaires bon nombre des avantages et quelques-uns des éléments très positifs de ce projet de loi. Je pense que nous conviendrons tous qu'on y trouve effectivement de très bonnes choses. Vous nous avez aussi fait part de certaines préoccupations concernant cette mesure législative. J'ai fait quelques recherches hier et j'ai pu constater que le mandat de votre organisation indique très clairement que la National Coalition of Chiefs est résolue à éradiquer la pauvreté dans les réserves. C'est votre raison d'être.
Dans notre monde politique, ceux qui prônent la réduction de la pauvreté grâce au développement économique semblent souvent être taxés de manquer de compassion pour les gens. Je vous dirais que c'est exactement le contraire. Nous ressentons cette compassion. Je vous laisse quelques minutes pour nous dire à la lumière de votre expérience comment, dans cet esprit de compassion et suivant cette volonté de réduire ou d'éradiquer la pauvreté dans les réserves, il est essentiel de miser sur une participation active et responsable aux efforts de développement économique.
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Eh bien, je pense que vous parlez en fait des projets qui existaient avant l'avènement du projet de loi 41. Malheureusement, il ne s'applique pas rétroactivement aux décisions prises des années avant. Il est plutôt tourné vers l'avenir.
Comme ce projet de loi est né du projet de loi — et je souligne que nous sommes très reconnaissants envers Roméo Saganash pour tout son travail sur son projet de loi d'initiative parlementaire —, je crois vraiment que c'est un bon outil pour nous aider à transformer cette relation et nous placer sur le chemin de la reconnaissance des droits de la personne, des droits autochtones et de notre aptitude à assurer notre souveraineté et notre autodétermination. Je le crois. Ici, en Colombie-Britannique, nous travaillons toujours à essayer d'harmoniser nos lois avec le plan d'action. Ce travail se poursuit depuis plus de 15 mois.
Pour ce projet de loi-ci, compte tenu de notre expérience, en Colombie-Britannique, nous croyons que si le projet de loi est adopté, il faudra établir un plan d'action dès que possible, soit dans les 18 mois et non dans les trois années suivantes. Nous aurons besoin de ressources pour que la nouvelle loi soit pleinement mise en oeuvre comme prévu, comme on l'avait déterminé la première fois où le projet de loi a été adopté, en septembre 2007. Je pense que c'est ce que nous essayons de faire en Colombie-Britannique.
Ce que je veux dire, c'est qu'en Colombie-Britannique, nous n'avions pas vraiment de manuel d'instructions sur la façon d'appliquer ces principes. Nous avons mis une structure en place, et elle fonctionne maintenant.
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Wachiya. Bonjour. Je vous remercie de me permettre de m'exprimer devant vous sur l'importance du projet de loi et la mise en oeuvre de la Déclaration des Nations unies sur le droit des peuples autochtones.
J'ai écouté très attentivement les dialogues depuis le début de ces audiences avec les témoins qui ont comparu devant vous jusqu'ici. J'aimerais axer mes observations d'aujourd'hui sur ce qui me semble constituer l'une des plus grandes sources de préoccupations des membres du Comité, soit le consentement libre, préalable et éclairé par rapport à la notion de veto.
J'aborde la question du point de vue d'une nation autochtone ayant une véritable expérience concrète de l'intersection névralgique entre les projets d'exploitation des ressources et les droits autochtones. Selon notre expérience, il est sans équivoque que non seulement l'affirmation des droits autochtones n'est pas incompatible avec la certitude requise pour créer un climat d'investissement favorable, mais c'est une condition essentielle pour créer la certitude nécessaire pour l'investissement et un développement durable et respectueux.
Dans le Nord du Québec, nous avons établi un cadre qui laisse de la place aux titulaires de droits, qui laisse de la place aux promoteurs et qui laisse de la place au public en général, pour que tous soient mis à contribution afin de produire systématiquement un résultat avantageux pour tous. Il ne s'agit pas que de rhétorique. Ce ne sont pas que des voeux pieux. C'est que nous nous sommes retroussé les manches et que nous avons trimé dur pour parvenir à des ententes qui reflètent les intérêts diversifiés en jeu dans ce genre de circonstances.
Permettez-moi de vous dire sans ambages que le droit de veto ne fait pas partie de notre vocabulaire dans les projets d'exploitation de ressources. De même, le concept du veto n'apparaît ni dans le projet de loi ni dans la Déclaration des Nations unies sur les peuples autochtones. Quand des projets d'exploitation des ressources sont proposés sur nos territoires traditionnels, nous les examinons à la lumière de notre traité, soit de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois, et plus particulièrement de l'article 22, qui porte sur l'évaluation des répercussions de ces projets sur l'environnement et le milieu social.
Cette évaluation tient compte des préoccupations environnementales et sociales de nos peuples. Ainsi, nous participons à ces projets, y compris à la surveillance environnementale, à l'emploi [Difficultés techniques] et nous en tirons des avantages financiers. Le processus d'évaluation des répercussions sur l'environnement et le milieu social suscite un profond engagement. Cet engagement nous amène à discuter avec les communautés non autochtones de la région, les divers ordres de gouvernement, Hydro-Québec, les sociétés minières, forestières et autres. Nous travaillons avec les promoteurs pour rendre les projets plus respectueux de l'environnement et plus solides du point de vue des affaires.
Cet engagement nous a-t-il déjà amenés à dire « non » à un projet? Oui. Tout récemment, nous avons dit non à un projet de mine d'uranium. Après de vastes consultations et un dialogue approfondi, nous avons déterminé que ce projet ne respectait pas notre norme d'acceptabilité sociale. Cette conclusion n'était pas pour autant une déclaration absolue. C'était le résultat d'un processus de mobilisation intense. C'est la conclusion que nous avons tirée après avoir légitimement analysé les diverses perspectives, les divers intérêts et les diverses opinions. C'est la façon dont nous, dans le Nord du Québec, exprimons notre consentement libre, préalable et éclairé, comme il le devrait, un consentement qui va bien au-delà du pouvoir de dire « oui » à un projet.
Nous ne sommes plus à l'ère, au Canada, où les projets d'exploitation des ressources sont menés au loin et restent loin des regards. Le monde est devenu plus petit. Il n'est plus possible, nulle part dans le monde, de prétendre que le développement peut avoir préséance sur toutes les autres considérations. Cette réalité nous a obligés à trouver ensemble un mécanisme qui fonctionne sur notre territoire. Nous l'avons fait de façon honorable.
Le projet de loi et la déclaration de l'ONU ne visent pas à permettre des déclarations unilatérales. C'est tout le contraire. Ils visent à nous affranchir du passé, où ce genre de déclarations était la norme, pour faire place à une nouvelle réalité dans laquelle tout le monde peut faire entendre sa voix. La déclaration de l'ONU favorise l'inclusivité et l'engagement honorable. Nous avons travaillé d'arrache-pied depuis 45 ans pour trouver le juste équilibre entre les droits autochtones, le développement et la gouvernance. Si nous arrivons à trouver une façon de nous entendre, dans le Nord du Québec, de manière à ce que toutes les voix y trouvent leur compte, alors c'est possible partout ailleurs au pays.
La déclaration de l'ONU jettera les bases de toutes les conversations nécessaires et de l'engagement nécessaire, qui devront avoir lieu librement dès qu'un projet d'exploitation des ressources touche des terres autochtones. En deçà de cela, nous ne ferions que perpétuer le paternalisme et le colonialisme. Or, comme nous le savons sûrement tous désormais, ce sont là des culs-de-sac qui ne servent à personne à long terme.
Meegwetch.
:
[
Le témoin s’exprime en sliammon et fournit le texte suivant:]
ʔaǰečepʔot. toqʷanən kʷət̓ᶿ nan. tawač ɬaʔəmɛn. čɛčɛhatanapɛč.
[Le témoin fournit la traduction suivante:]
Comment allez-vous? Je m'appelle toqʷanən. Je fais partie de la nation Tla’amin. Je vous remercie tous et toutes.
[Traduction]
Honorables députés, je vous remercie de m'avoir invité à vous faire part de mes observations sur le projet de loi du point de vue de l'application des traités modernes.
Je m'appelle Dillon Johnson. Mon nom tla'amin est toqʷanən et je fais partie du conseil exécutif de la nation Tla'amin. Comme je l'ai mentionné quand nous avons effectué les tests de son, le territoire de la nation Tla'amin se situe dans ce qu'on appelle plus communément la Sunshine Coast, en Colombie-Britannique. Nous sommes une nation salish de la côte Nord et avons négocié un traité moderne qui est entré en vigueur en 2016.
La nation Tla'amin fait partie de la Coalition pour les ententes sur les revendications territoriales (la CERT), qui a été fondée en 2003 par les titulaires de traités modernes pour chercher collectivement des solutions aux problèmes de mise en œuvre des traités modernes de compétence fédérale. Les traités modernes sont des ententes sur les revendications territoriales globales. La première a été la Convention de la Baie-James et du Nord québécois, signée en 1975. Il existe maintenant 26 traités modernes en Colombie-Britannique, au Yukon, dans les Territoires du Nord-Ouest, au Nunavut, au Québec et à Terre-Neuve-et-Labrador, et les territoires visés représentent plus de 40 % de la superficie du Canada.
La nation Tla'amin fait aussi partie de l'Alliance of BC Modern Treaty Nations, qui a été fondée en 2018 pour chercher collectivement des solutions aux problèmes de mise en œuvre des traités modernes de compétence provinciale. Les nations titulaires de traités modernes en Colombie-Britannique font partie de cette alliance, et nous travaillons activement avec la province, en ce moment, à l'élaboration d'un plan d'action afin de mettre en œuvre la loi sur la déclaration de l'ONU en Colombie-Britannique, une loi assez similaire au projet de loi et qui est entrée en vigueur en novembre 2019.
Les messages sur lesquels nous mettons l'accent dans ce processus sont essentiellement les mêmes que ceux que je transmettrai au Comité aujourd'hui. Je vous parlerai principalement de l'article de la déclaration que beaucoup considèrent comme le plus important du point de vue des traités modernes, soit l'article 37, après quoi je vous glisserai quelques mots sur le plan d'action exigé à l'article 6 du projet de loi.
L'article 37 dicte, aux paragraphes 1 et 2, que « les peuples autochtones ont droit à ce que les traités... soient reconnus et effectivement appliqués » et qu'« aucune disposition de la présente Déclaration ne peut être interprétée de manière à diminuer ou à nier les droits des peuples autochtones énoncés dans des traités... ».
L'effet de l'article 37 est clair: tous les autres articles de la déclaration doivent être lus à la lumière de la primauté du droit des titulaires de traités modernes, au Canada, que leurs traités soient reconnus et effectivement appliqués.
Je dois dire que cela n'atténue en rien l'importance des autres articles de la déclaration et que chacun doit être mis en œuvre pour permettre la pleine reconnaissance et la véritable application des droits des peuples autochtones. L'article 35 de la Loi constitutionnelle reconnaît déjà les droits issus de traités, mais trop souvent, les politiciens font fi de ces droits dans leurs projets de loi, comme les autorités les négligent dans leurs mesures administratives, dans l'exercice de leurs pouvoirs.
L'article 5 du projet de loi du gouvernement dicte que le gouvernement « prend toutes les mesures nécessaires pour veiller à ce que les lois fédérales soient compatibles avec la Déclaration », ce qui signifie qu'aucune loi ni aucune mesure administrative découlant d'une loi ne peut réduire ou éliminer des droits issus de traités.
C'est ce que dicte l'article 37, donc au moment d'adopter une loi, de conclure un accord, d'adopter une politique ou de prendre une mesure administrative, le gouvernement doit déterminer s'il diminuera ou éliminera ainsi un droit protégé par un traité moderne, et lorsqu'il exerce ses pouvoirs conférés par la loi, tout décideur doit veiller à ce que ses décisions permettent la reconnaissance et l'application véritable des droits issus des traités modernes.
La déclaration reconnaît la position unique des peuples autochtones visés par un traité. Ainsi, il semble approprié que le plan d'action élaboré par application de l'article 6 du projet de loi contienne un chapitre séparé pour les partenaires bénéficiant d'un traité moderne. Selon moi, en ma qualité de représentant d'un partenaire titulaire d'un traité moderne, tout plan d'action efficace doit se fonder sur l'engagement à mettre pleinement et efficacement en œuvre les traités modernes, sans délai, à y affecter toutes les ressources nécessaires et à prendre des mesures détaillées en ce sens.
Malheureusement, la mise en œuvre efficace et sans délai des traités et l'affectation de toutes les ressources nécessaires à cette fin n'est pas une priorité pour le gouvernement du Canada. Quand nous avons signé nos traités, le gouvernement martelait que les traités modernes sont l'expression ultime de la réconciliation. Or, nous nous heurtons constamment à des difficultés dans nos relations de gouvernement à gouvernement pour faire respecter notre engagement conjoint à mettre ces traités en application.
Ce projet de loi, de même que l'élaboration et la mise en œuvre du plan d'action, fournissent au gouvernement du Canada et à ses partenaires bénéficiaires de traités modernes l'occasion unique de transformer notre relation de gouvernement à gouvernement pour l'harmoniser aux exigences de la déclaration. Nous sommes déterminés à travailler en collaboration, avec efficacité et de manière productive avec le gouvernement pour établir le genre de partenariat que toutes les parties aux traités envisageaient lorsque nous les avons conclus.
Je vous remercie du temps que vous m'accordez aujourd'hui. J'ai hâte à la période de questions.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier nos témoins d'être ici aujourd'hui.
Le projet de loi est assez simple. Il comporte un long préambule et une longue annexe à la fin, mais l'essentiel de son contenu se trouve à l'article 4, aux alinéas a) et b) proposés.
L'alinéa a) a pour objet « de confirmer que la Déclaration » — la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones — « constitue un instrument international universel en matière de droits de la personne qui trouve application en droit canadien ». C'est donc la première partie du projet de loi. Le second alinéa a pour objet « d'encadrer la mise en œuvre de la Déclaration par le gouvernement du Canada ».
Les conservateurs ne voient pas d'inconvénient à l'alinéa 4b) proposé en ce qui concerne la mise en œuvre du cadre. Ce qui nous préoccupe, c'est la souveraineté canadienne et le fait d'ordonner qu'un document des Nations unies devienne une loi canadienne.
Je vais d'abord m'adresser à M. Johnson. Vous avez fait allusion à l'article 35 de la Constitution. Si je ne m'abuse, vous en avez parlé. N'est-ce pas par là que nous voulons commencer, plutôt que par la Déclaration des Nations unies?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Wela'lin. Je m'adresse à vous aujourd'hui depuis le territoire non cédé des Micmacs en Nouvelle-Écosse.
Je voulais dire, tout d'abord, merci beaucoup pour vos déclarations. Je suis entièrement d'accord avec tout ce qui a été dit ici. Il est temps de changer et il est temps que tous les ordres de gouvernement écoutent et respectent les Premières Nations de tout le pays et les consultent afin d'assurer un avenir meilleur à tous les enfants.
J'aimerais maintenant parler du consentement préalable, libre et éclairé. Il semble qu'il soit de plus en plus au centre du discours public et du débat politique concernant la réconciliation avec les peuples autochtones. Cependant, la signification, la nature et l'origine du consentement préalable, libre et éclairé sont mal comprises, y compris dans le contexte du droit national et international. On connaît mal ses fondements dans les ordres juridiques autochtones, son lien avec la souveraineté et la compétence autochtones, et le rôle des gouvernements [Difficultés techniques] dans la mise en œuvre du consentement préalable, libre et éclairé.
Pourriez-vous me parler, s'il vous plaît, chef Bosum? Est-il là ou est-il parti?
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En effet, je viens de faire face à trente minutes de difficultés techniques, ce qui m'a empêché d'être parmi vous à temps.
Si l'occasion s'y prête, nous allons très certainement vous faire part du point de vue de l'Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador sur l'ensemble du projet de loi et des amendements que nous souhaiterions voir adopter. Cependant, nous savons que le gouvernement régional cri a également émis ses commentaires. Nous croyons que ceux-ci méritent tout à fait notre respect, même si, dans certains cas, nous n'adhérons pas nécessairement à leurs fondements. Je pense qu'il est utile de le préciser.
Le consentement préalable, libre et éclairé est un élément de la Déclaration qui soulève d'énormes préoccupations. Vous venez de le confirmer. Je crois quand même utile de rappeler que la Déclaration dans son entièreté est la responsabilité de toutes les parties concernées. Cela vaut autant pour l'industrie que pour les gouvernements, ainsi que pour les gouvernements des Premières Nations. C'est davantage dans cette perspective qu'il faut examiner le principe du consentement préalable, libre et éclairé.
Cela étant dit, nous sommes extrêmement vulnérables face à diverses interprétations [difficultés techniques] de ce que j'appellerais un climat incertain sur le plan politique, d'abord, de même qu'en matière de développement. Je vous donne comme exemple certaines interprétations de l'actuel gouvernement du Québec. Il prévoit qu'il y aurait vraiment des épisodes de noirceur si le projet de loi était adopté et qu'on reconnaissait les principes de la Déclaration de façon intégrale.
Je pense qu'il faut faire extrêmement attention, parce que nous sommes tous un peu vulnérables face à ce que j'appellerais un [difficultés techniques]. On veut ainsi faire valoir que le futur est incertain pour ce qui est de la relation entre les gouvernements des Premières Nations et les gouvernements canadiens, voire même entre les gouvernements des Premières Nations et l'industrie.
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Je vais prononcer mes remarques dans les deux langues officielles.
[Français]
[Le témoin s'exprime en innu ainsi qu’il suit:]
Kuei! Tshika itatunau nutam etashiek tshipushukatitunau.
[Le témoin fournit la traduction suivante:]
Bonjour et merci beaucoup à tous et à toutes.
[Français]
L'Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador, ou APNQL, souhaite remercier le Comité permanent de l'occasion qui lui est donnée de présenter son mémoire, dans le cadre de l'étude du projet de loi . L'APNQL est un lieu de concertation pour les chefs de 43 communautés de Premières Nations au Québec et au Labrador. Au cœur de sa mission et de ses objectifs, notons l'affirmation et le respect des lois des Premières Nations, la reconnaissance des gouvernements des Premières Nations, la coordination des prises de position des Premières Nations et la représentation de leurs positions et de leurs intérêts devant différentes tribunes.
Veuillez noter que l'APNQL dépose un mémoire qui exposera en détail son point de vue sur le projet de loi . En tout respect, je tiens à préciser que le mémoire reflète les positions d'une majorité de Premières Nations de notre région. Vous avez entendu ou entendrez la position de la nation crie. La façon de penser de cette nation mérite notre respect, même si notre mémoire confirmera que nous ne partageons pas nécessairement les mêmes points de vue.
En déposant son mémoire, l'APNQL demande que des amendements soient apportés afin de clarifier et de renforcer certaines parties du projet de loi C-15, un projet de loi de la plus haute importance. À cet effet, les chefs de l’APNQL ont adopté unanimement une motion voulant que « des amendements au projet de loi C-15 constituent une condition minimale afin que l’APNQL puisse même envisager l’appui au projet de loi ».
En effet, la mise en œuvre des droits et des principes issus de la Déclaration pour la survie et le bien-être des peuples autochtones situés au Canada exige que le projet de loi C-15 fasse un plus grand pas pour aller au-delà du statu quo.
Soyons clairs, les chefs soutiennent le principe d'un projet de loi qui propose la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Cependant, ils ne peuvent pas appuyer le projet de loi dans sa forme actuelle. Ce dernier doit aller beaucoup plus loin. Le contexte politique au Québec, qui conditionne les relations entre les Premières Nations et le gouvernement provincial, mérite une attention particulière. Nous devons composer avec un gouvernement provincial qui refuse toute discussion sur la mise en œuvre de la Déclaration au Québec, en dépit d'une résolution de son Assemblée nationale, qui l'engage à négocier les modalités de sa mise en œuvre.
Ensuite, la validité constitutionnelle de la Loi concernant les enfants, les jeunes et les familles des Premières Nations, des Inuits et des Métis, la le projet de loi , adoptée en 2019, est contestée par le gouvernement du Québec en Cour d'appel. Avec un gouvernement fédéral qui envisage le dépôt d'autres projets de loi fédéraux, notamment dans les domaines de la santé et des services policiers des Premières Nations, il est essentiel que le contexte législatif soit propice à ce que tous les futurs projets de loi fédéraux soient compatibles avec les droits et principes issus de la Déclaration.
La mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones au Canada doit se faire en véritable partenariat, de nation à nation, c'est-à-dire avec les peuples autochtones, et doit générer des résultats concrets pour les membres de nos communautés. Les engagements du en vue de la réconciliation sont clairs, mais ils le sont un peu moins quant aux résultats. Il importe de souligner que la réconciliation dans le cadre politique canadien implique un engagement clair de la part des provinces, condition essentielle de tout progrès dans les relations avec les Premières Nations.
En terminant, cette démarche ne peut être traitée comme une forme de renonciation, par les gouvernements des Premières Nations, à leurs champs de compétence pour lesquels les Premières Nations continueront d'exercer pleinement leur droit à l'autodétermination.
[Traduction]
En effet, notre région a procédé à un examen approfondi du projet de loi, et nous concluons qu'il faut y apporter des amendements essentiels pour qu'il réponde aux normes minimales d'acceptabilité juridique et politique. Un certain nombre de dispositions du projet de loi doivent être modifiées pour aller au-delà du statu quo, notamment pour obtenir la certitude que les dispositions de la Déclaration des Nations unies seront appliquées pour interpréter l'article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982 et pour permettre la mise en œuvre efficace de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones dans le droit canadien.
Voici les amendements à apporter au projet de loi pour qu'il respecte la norme minimale.
Premièrement, lors d'une discussion avec l'APNQL le 12 mars, a affirmé que, selon lui, la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones devrait servir à interpréter l'article 35. Cette déclaration a également été faite par la et l'Assemblée des Premières Nations. Malheureusement, l'article 2.2 du projet de loi ne l'énonce pas clairement et ne respecte pas cette norme.
Par conséquent, l'article 2.2 devrait être modifié pour énoncer expressément que les lois du Canada, y compris l'article 35 de la Constitution, doivent être interprétées conformément aux droits et principes découlant de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Il devrait aussi préciser que la loi n'a pas pour effet d'abroger ou de limiter les droits ancestraux issus de traités des peuples autochtones reconnus dans l'article 35 actuel.
Deuxièmement, le libellé de ce même article concernant la non-dérogation devrait donc être supprimé de cette disposition.
Troisièmement, nous sommes également préoccupés par le recours excessif à un préambule étendu qui ne reflète pas les dispositions de fond du projet de loi. Dans de nombreuses dispositions du préambule et surtout dans le corps du projet de loi, notre région a déterminé que la mesure législative doit inclure — dans le corps du texte — une disposition de fond consacrée à la remédiation de la partie de la doctrine de la découverte dans le droit canadien.
Enfin, le projet de loi doit inclure une disposition exigeant que tous les tribunaux tiennent compte des droits et des principes de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones lorsqu'ils statuent sur des questions, des problèmes ou des sujets qui touchent directement ou indirectement les droits ancestraux et issus de traités des peuples autochtones.
Ces amendements sont un minimum pour que ce projet de loi obtienne l'appui de l'Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador, et notre mémoire propose également des amendements supplémentaires qui devraient être pris en compte.
La FNQL déplore que l'urgence concernant l'adoption du projet de loi de mise en œuvre de la Déclaration n'ait que trop duré et que l'on nous demande maintenant d'appuyer ce projet de loi sous la contrainte. Un projet de loi d'une aussi grande importance ne peut faire l'objet d'une instrumentalisation avec l'urgence comme seul argument.
La FNQL soutient pleinement les principes de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Cependant, la FNQL s'oppose au projet de loi dans sa forme actuelle et a clairement indiqué quels amendements pourraient y être apportés pour le rendre plus acceptable. Il ne s'agit pas nécessairement d'une occasion manquée. Le Canada peut encore faire ce qu'il faut.
[Français]
Merci beaucoup. Tshi mishta nashkutimtinau. Thank you very much.
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Je ne sais pas si c'est possible. À mon avis, il est très difficile de fixer une échéance précise à la démarche que nous devons tous poursuivre. Le principe le plus important, sur lequel je me permets d’insister, c’est celui de trouver la juste mesure entre l’urgence d’agir et l'obligation de bien faire les choses. C'est plutôt sous cet angle qu'il faut voir notre préoccupation. Il faut trouver un bon équilibre entre ces deux éléments. Je pense que nous vivons tous cette réalité.
Nous comprenons l'importance du processus législatif, sur lequel on peut avoir un certain contrôle, mais en ce moment, l’aspect sur lequel nous nous permettons d’insister, c’est la belle occasion que nous estimons avoir. Je vais peut-être me répéter. Nous appuyons entièrement le principe d’un projet de loi proposant la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, mais encore faut-il nous assurer de bien faire les choses.
Un élément n’est pas à négliger, sans pour autant être à critiquer, et c’est le contexte géopolitique, assez diversifié au pays. Nous savons très bien que des provinces demandent des délais supplémentaires avant l’adoption du projet de loi , tel qu’il a été déposé en décembre dernier. De notre côté, nous faisons valoir à peu près les mêmes arguments, mais pour d’autres raisons. Cela est aussi important. J’ai donné l’exemple du Québec, et il appartient aux autres provinces et territoires canadiens de faire connaître leur position. Au Québec, le gouvernement n’est absolument pas pressé de se mettre à table pour envisager la mise en œuvre de la Déclaration en fonction de ce que propose le projet de loi .
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Je vais tenter de répondre du mieux possible à votre question selon ce que j'en comprends.
L'obligation de consulter a, bien sûr, été définie par différents tribunaux au pays, puis nous avons fait un pas de plus dans la déclaration en faisant référence au concept de consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause. Certains interpréteront cela comme une nouvelle condition, d'autres comme un droit de veto. C'est là où certains intervenants considéreront qu'il est avantageux de susciter la peur chez les Canadiens en général, mais en particulier au sein de l'industrie, à savoir que nous allons en fait remettre notre avenir collectif entre les mains des peuples autochtones. Ce n'est pas le cas.
À mon avis, c'est ici où il est important de nous rappeler que la déclaration est un instrument international qui exige la participation de toutes les parties. Les peuples des Premières Nations, les peuples autochtones, ont autant des obligations en vertu des principes de la déclaration que les entreprises canadiennes, le gouvernement fédéral, les provinces et les territoires.