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La séance est ouverte. Je suis ravi de vous souhaiter à tous la bienvenue à la 10
e réunion du Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités de la Chambre des communes.
La réunion d'aujourd'hui se déroule dans un format hybride, conformément à l'ordre adopté par la Chambre des communes le 23 septembre. Les délibérations seront diffusées sur le site Web de la Chambre des communes. Sachez que la diffusion sur le Web montre toujours la personne qui parle plutôt que l'ensemble du Comité. Afin d'assurer le bon déroulement de la réunion, je vais énoncer quelques règles à suivre.
Les députés et les témoins peuvent s'exprimer dans la langue officielle de leur choix. Des services d'interprétation sont disponibles pour la réunion. Vous avez le choix, au bas de votre écran, entre « Parquet », « Anglais » ou « Français ». Pour les membres qui participent en personne, procédez comme vous le feriez habituellement lorsque tous les membres du Comité siègent en personne dans la salle de réunion. Gardez à l'esprit les directives du Bureau de régie interne concernant les protocoles relatifs au port du masque et à la protection de la santé. Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je prononce votre nom. Si vous êtes en vidéoconférence, veuillez cliquer sur l'icône du microphone pour réactiver le son. Pour les personnes présentes dans la salle, les microphones seront contrôlés comme d'habitude par l'agent des délibérations et de la vérification.
Je vous rappelle que tous les commentaires des membres et des témoins doivent être adressés à la présidence. Lorsque vous ne parlez pas, veuillez mettre votre microphone en sourdine. En ce qui concerne la liste des intervenants, le greffier du Comité et moi-même ferons de notre mieux pour maintenir l'ordre des interventions de tous les membres, qu'ils participent à la réunion virtuellement ou en personne.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, le Comité se réunit aujourd'hui pour poursuivre son étude de l'effet de la COVID-19 sur le secteur du transport aérien.
J'aimerais souhaiter la bienvenue aux témoins. On m'a dit qu'ils se sont entendus sur l'ordre des interventions.
Nous accueillons aujourd'hui M. Joseph Sparling, président d'Air North; et M. Gabor Lukacs, président de Droits des voyageurs. Nous recevons également deux représentants de l'Association canadienne des automobilistes: M. Ian Jack, vice-président des Affaires publiques; et M. Jason Kerr, directeur principal des relations gouvernementales. Nous accueillons aussi M. Jacob Charbonneau, président et directeur général de Réclamation vol en retard Canada Inc.; Mme Sylvie De Bellefeuille, avocate et conseillère budgétaire et juridique chez Option consommateurs; et M. John Lawford, directeur exécutif et avocat général au Centre pour la défense de l'intérêt public.
Je vous souhaite à tous la bienvenue. Voici l'ordre des interventions qui a été établi avant la réunion, et que vous avez tous accepté, je présume, d'après la façon dont il m'a été communiqué: M. Gabor Lukacs, Mme De Bellefeuille, M. Jack, M. Sparling et M. Charbonneau.
Cela dit, nous entendrons tout d'abord M. Lukáas, qui dispose de cinq minutes.
La parole est à vous.
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Monsieur le président, honorables députés, je vous remercie de me donner le privilège de témoigner aujourd'hui.
Droits des voyageurs est un organisme canadien indépendant et sans but lucratif composé de bénévoles qui se consacrent à donner des moyens d'agir aux voyageurs. Nous n'acceptons aucun appui financier du gouvernement ou du secteur privé, et nous n'avons aucun intérêt commercial dans l'industrie du voyage. Nous parlons au nom des passagers, que nous aidons quotidiennement dans leur bataille pour faire respecter leurs droits.
La dernière fois que nous avons témoigné devant ce comité, nous avons souligné que l'Office des transports du Canada avait perdu son indépendance et que ses activités de protection des consommateurs avaient été compromises. La pandémie de COVID-19 a confirmé l'ampleur de ces problèmes.
Depuis le mois de mars, nous sommes témoins d'un assaut sans précédent contre la propriété privée des passagers et de l'effondrement de la protection des consommateurs au Canada. Les compagnies aériennes dont les revenus ont été décimés par la pandémie se sont servies de l'argent des passagers. Elles ont empoché d'importants montants d'argent par les tarifs aériens payés à l'avance sans fournir de services en retour. Pendant la pandémie, les compagnies aériennes ont perfectionné ce système. Elles ont continué à vendre des billets, pour ensuite annuler des vols à la dernière minute et garder l'argent des passagers. Par exemple, entre le 25 septembre et le 31 octobre, Air Canada a annulé environ 75 % de ses vols prévus pour le mois de novembre.
Regardons les chiffres: 3 870 000, c'est une estimation prudente du nombre de passagers dont les billets de compagnies aériennes canadiennes étaient non utilisés au 30 septembre; environ 2,3 millions sont des clients d'Air Canada. Au lieu de protéger les consommateurs, l'Office des transports du Canada a mené une campagne de désinformation sur Twitter et sur son propre site Web.
Le 25 mars, l'Office a publié son message sur les crédits. Ce message indiquait au public, sans fondement ni autorisation, que les compagnies aériennes n'étaient pas tenues de rembourser leurs clients pour des vols annulés, mais qu'elles pouvaient leur fournir une reconnaissance de dette à la place. Je vais résumer la position de l'Office.
Premièrement, il dit qu'une compagnie aérienne peut annuler un vol pour des raisons indépendantes de sa volonté et conserver l'argent des passagers pourvu que le billet porte la mention « non remboursable ». Deuxièmement, l'Office vous reproche, à vous, les législateurs, de lui lier les mains et de le priver de son pouvoir d'ordonner aux compagnies aériennes de rembourser les passagers. Ce sont des arguments pseudo-juridiques qui amalgament un remboursement à des indemnités pour les inconvénients subis. Par remboursement, on entend le remboursement du prix payé pour des services ou des biens. Par exemple, si vous commandez un article sur Internet, mais que vous n'obtenez pas ce pour quoi vous avez payé, le vendeur doit vous rembourser. Il en va de même pour les billets d'avion.
En 2004, époque où il était encore indépendant et impartial, l'Office a pris une décision juridiquement contraignante reconnaissant le droit d'un passager à être remboursé pour les vols qui ont été annulés par une compagnie aérienne, même si la raison est indépendante de la volonté de la compagnie. L'Office a réaffirmé ce principe dans trois décisions ultérieures en 2013 et en 2014, et l'a qualifié de « droit fondamental des passagers ». Ces décisions juridiquement contraignantes sont fondées sur des lois et des règlements qui sont toujours en vigueur. Il n'y a pas de lacune dans les lois en ce qui a trait aux remboursements. La Loi sur la modernisation des transports a imposé aux compagnies aériennes des obligations supplémentaires de verser aux passagers des indemnités pour les inconvénients qu'ils ont subis à cause d'annulations de vols qui sont attribuables aux compagnies, mais elle n'a pas modifié le droit fondamental des passagers à un remboursement. Ce n'est pas la loi qui a changé, mais la volonté de l'Office d'agir de manière indépendante et impartiale et de faire appliquer la loi telle qu'elle est rédigée. La déclaration trompeuse de l'Office a causé un préjudice important au public et à l'ensemble du secteur du voyage.
Non seulement les compagnies aériennes, mais aussi les agents de voyage, les émetteurs de cartes de crédit et même les assureurs de voyage ont utilisé le message de l'Office comme excuse pour priver les passagers de remboursements pour des vols que les compagnies aériennes avaient elles-mêmes annulés. La conduite de l'Office a sapé la confiance des consommateurs envers l'industrie canadienne du voyage et envers le gouvernement quant au respect de la propriété privée et de la protection des droits des consommateurs. La perte de confiance ralentira la reprise de l'ensemble du secteur.
Nos valeurs fondamentales et le respect de la primauté du droit ne peuvent pas être balayés simplement parce qu'une grande industrie canadienne risque de connaître des difficultés financières.
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Bonjour, monsieur le président. Bonjour, mesdames et messieurs les membres du Comité. Nous vous remercions de cette occasion, aujourd'hui, de vous présenter nos observations.
Je suis avocate chez Option consommateurs depuis 10 ans. Créée en 1983, Option consommateurs est une association à but non lucratif qui a pour mission d'aider les consommateurs et de défendre leurs droits. À ce titre, nous recevons chaque année des milliers de demandes d'information juridique provenant de personnes éprouvant des difficultés avec des commerçants, y compris dans le domaine du voyage.
D'ailleurs, depuis le début de la pandémie, nous avons reçu un nombre record d'appels et de courriels de consommateurs en provenance non seulement du Québec, mais d'ailleurs au Canada, qui nous demandaient de l'information afin d'obtenir un remboursement de leurs billets d'avion.
C'est d'ailleurs de cette situation que nous souhaitons vous entretenir aujourd'hui. Pour nous, la situation est sans équivoque: les consommateurs canadiens qui ont vu leurs vols être annulés en raison de la pandémie doivent être remboursés.
S'il est vrai que la pandémie est difficile pour tous, tant pour les consommateurs que pour les commerçants, elle n'a pas eu pour effet de suspendre le droit en vigueur. La solution offerte par la plupart des transports aériens, soit les crédits de voyage, est inacceptable et inéquitable.
Selon nous, il est grand temps que les autorités fédérales jouent leur rôle et protègent les consommateurs canadiens.
Sous prétexte de force majeure, les transporteurs aériens se sont arrogé le droit de conserver l'argent des clients sans pour autant leur fournir le service pour lequel ils ont payé. Jusqu'ici, tant l'Office des transports du Canada que le gouvernement se sont limités à maintenir que le Règlement sur la protection des passagers aériens n'oblige pas les transporteurs à rembourser leurs clients pour les vols annulés.
Or, il est important de préciser que ce règlement ne prévoit pas de façon exclusive et exhaustive toutes les obligations des transporteurs aériens. D'autres lois et règlements imposent des obligations contraignantes et donnent aux autorités le pouvoir d'agir.
À titre d'exemple, la Loi sur les transports et ses règlements donnent à l'OTC le pouvoir d'intervenir, notamment lorsqu'un tarif contient une condition déraisonnable. Or, nous voyons mal comment, dans une société de droit, on pourrait considérer comme raisonnable qu'une entreprise puisse imposer à un consommateur une condition selon laquelle elle peut conserver son argent sans être obligée pour autant de lui offrir les services pour lesquels il a payé.
Toutefois, il y a plus. Les contrats des transporteurs aériens sont également soumis à des lois provinciales. Au Québec, là où nous connaissons le mieux la loi, tant le Code civil du Québec que la Loi sur la protection du consommateur contiennent des dispositions selon lesquelles il est clair que les transporteurs aériens ont l'obligation de rembourser leurs clients pour les vols qui ont dû être annulés en raison de la pandémie.
Nous ne comprenons pas pourquoi le gouvernement est muet dans ce dossier. Tant le gouvernement que l'OTC doivent faire appliquer les lois et règlements et obliger les compagnies aériennes à rembourser leurs clients.
D'ailleurs, un projet de loi déclaratoire, c'est-à-dire le projet de loi , a récemment été déposé à la Chambre des communes. Ce dernier réitère le droit des passagers d'obtenir un remboursement pour les vols annulés pour une raison indépendante de la volonté du transporteur.
Les crédits de voyage offerts par les compagnies aériennes ne constituent en aucun cas une solution valable dans le contexte actuel, où la santé financière des ménages est mise à l'épreuve.
Depuis le début de la crise, nous avons reçu des centaines d'appels de consommateurs qui sont inquiets, déçus, irrités de ne pas pouvoir récupérer leur argent, souvent des milliers de dollars, alors qu'ils en auraient besoin. Nous avons d'ailleurs lancé une pétition pour forcer les compagnies aériennes à rembourser les consommateurs. Cette pétition a récolté 32 000 signatures.
On nous dit que les transporteurs aériens font face à des pertes de revenus en raison de la pandémie. Nous n'en doutons pas. Cependant, cette pandémie a aussi frappé de plein fouet d'autres industries que celle du transport aérien. Ce n'est pas aux consommateurs de financer les compagnies aériennes.
Beaucoup de consommateurs ont de la difficulté à garder la tête hors de l'eau. Les mesures mises en place pour aider les familles ont certes été d'un grand secours, mais n'assurent pas la santé financière des ménages à plus long terme. Les gens ont besoin de leur argent, et ils en ont besoin maintenant.
Force est de constater que les consommateurs sont instrumentalisés dans ce dossier. D'une part, les transporteurs aériens disent ne pas pouvoir rembourser les billets sans l'aide du gouvernement. D'autre part, le gouvernement se dit prêt à négocier une aide, mais une aide conditionnelle au remboursement des consommateurs. Durant ce temps, rien ne bouge. Il est plus que temps que les choses changent.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Honorables membres du Comité, je m'appelle John Lawford. Je suis directeur exécutif et avocat général du Centre pour la défense de l'intérêt public, un organisme de bienfaisance enregistré à but non lucratif. Nous offrons des services juridiques et de recherche au nom des consommateurs, et en particulier des consommateurs vulnérables, concernant d'importants services publics, ce qui inclut les compagnies aériennes, un secteur auquel nous travaillons depuis plus de 20 ans.
Le Centre pour la défense de l'intérêt public a entendu de nombreuses plaintes de la part de consommateurs qui n'ont pas obtenu de remboursement pour des vols annulés en raison de la COVID-19. Nous pensons que la pandémie de COVID-19 est une situation exceptionnelle et que les passagers méritent d'être remboursés. Compte tenu des circonstances d'une situation d'urgence mondiale sans précédent qui perturbe tous les voyages nationaux et internationaux, de la précarité économique causée par la pandémie et des pertes financières personnelles importantes subies par de nombreux voyageurs, les consommateurs et les citoyens estiment que le fait de recevoir des crédits ou de se voir offrir toute autre option que le remboursement de leurs billets est inadéquat et inacceptable. Ils ont raison.
Les consommateurs connaissent les règles générales qui s'appliquent en temps normal. Ils savent que lorsqu'ils achètent un billet non remboursable, ils ne seront pas remboursés si c'est eux, et non la compagnie aérienne, qui annulent le voyage. Ils savent que la politique de la plupart des compagnies aériennes consiste à ne fournir qu'un crédit valable pendant un an si la compagnie annule un vol. Les gens n'aiment pas ce système d'acheteur averti, mais ils le comprennent.
Le gouvernement fédéral a fait en sorte que les pratiques d'annulation et de remboursement des compagnies aériennes soient davantage alignées sur les souhaits des consommateurs en période normale, avec le Règlement sur la protection des passagers aériens. Ce règlement est une très bonne mesure, mais il est trop complexe pour être décrit ici. Comme vous l'a dit M. Streiner, on n'avait pas prévu qu'une crise d'une telle ampleur se produirait dans l'industrie du voyage.
Les questions de savoir si tous les types de billets doivent être remboursés — que ce soit les compagnies aériennes ou les clients qui annulent le voyage en raison d'un arrêt des activités d'une grande envergure causé par une situation comme la COVID — et qui assume les risques de payer pour un tel système de protection des remboursements sont des sujets de débat légitimes. Nous pensons qu'il faut prévoir des dispositions, et nous nous penchons là-dessus maintenant.
Un plan à envisager pourrait consister à établir un fonds d'indemnisation similaire au Fonds d’indemnisation du secteur du voyage de l'Ontario. Ce fonds est financé par les agents de voyages et les grossistes en voyages inscrits en Ontario et administré par le Conseil de l'industrie du tourisme de l'Ontario. Il prévoit le remboursement en cas de faillite et d'insolvabilité d'un inscrit en Ontario ou d'une compagnie aérienne ou d'un croisiériste.
Un fonds d'indemnisation similaire pourrait être constitué à partir d'un petit prélèvement sur tous les billets d'avion, qu'ils soient achetés directement auprès de la compagnie aérienne sur un site Web ou par l'intermédiaire d'un agent de voyage en ligne ou en personne. Cela nécessiterait une administration et entraînerait probablement des frais pour les consommateurs; mais alors, il y aurait un fonds pour une situation comme celle causée par la COVID.
Une autre méthode pourrait consister à mettre en place un mécanisme juridique formel qui obligerait les compagnies aériennes à séparer les fonds qu'elles reçoivent des passagers pour les vols futurs, à les conserver séparément jusqu'au départ des passagers. Il s'agit simplement de garder l'argent des consommateurs en fiducie jusqu'à leur départ, et il appartiendrait de façon équitable au client si le voyage était annulé. En ce qui concerne les conditions de ce mécanisme de fiducie, les paiements pourraient être effectués uniquement dans des situations comme celle que nous vivons présentement, ou bien les conditions pourraient être plus généreuses.
Nous croyons comprendre que l'industrie s'opposerait à ces deux solutions.
Toutefois, même si nous ne pouvons pas protéger les consommateurs dans une telle mesure à l'avenir, le Centre pour la défense de l'intérêt public insiste sur l'idée que, dans cette crise, il serait juste et raisonnable que tous les Canadiens soient entièrement remboursés pour avoir vu leur voyage annulé ou perturbé par la COVID-19 — et on doit ne pas tenir compte des subtilités opposant les annulations remboursables aux annulations non remboursables, ou les annulations à l'initiative du client aux annulations à l'initiative de la compagnie aérienne. Nous constatons que le semble être d'accord avec nous. Pourquoi? Parce que les compagnies aériennes vont être renflouées avec l'argent des contribuables. Le gouvernement fédéral doit veiller à ce que les passagers obtiennent un remboursement en cas d'annulation de vol, car, sinon, les contribuables qui n'obtiennent pas de remboursement renfloueront les compagnies aériennes et seront doublement pénalisés.
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Merci, monsieur le président. Je ne recevrai probablement pas d'étoile, mais je ferai de mon mieux.
Des voix: Ha, ha!
M. Ian Jack: Je remercie sincèrement le Comité pour son invitation. L'Association canadienne des automobilistes, ou la CAA, a été fondée en 1913. Au départ, sa mission consistait à défendre les intérêts des automobilistes, mais le monde a évolué depuis, et nous aussi. Aujourd'hui, nous comptons 6,5 millions de membres d'un océan à l'autre, et les services que nous offrons vont bien au-delà de l'assistance routière d'urgence. Nous sommes très fiers de nous être classés aux deux premiers rangs, pendant trois années consécutives, du palmarès des marques canadiennes de confiance de la Gustavson School of Business de l'Université de Victoria.
Aujourd'hui, nous sommes également l'une des plus grandes agences de voyages de loisirs du Canada, par l'intermédiaire de notre réseau de centres et en ligne.
[Français]
Cela dit, nous sommes toujours un OSBL axé sur ses membres, et notre mission première est de défendre les intérêts des voyageurs canadiens.
[Traduction]
La CAA ne vend pas de voyages d'affaires. Avant la pandémie, nos spécialistes en voyages travaillaient donc quotidiennement avec des passagers aériens canadiens moyens. Lorsque la pandémie a frappé, ils ont travaillé sans relâche pour ramener au Canada les membres de la CAA coincés à l'étranger.
[Français]
Notre maîtrise du marché nous a permis en toute connaissance de cause de prendre clairement position lors de l'adoption du Règlement sur la protection des passagers aériens au Canada.
[Traduction]
Malheureusement, la pandémie a frappé peu après, et nous avons constaté que le régime, ou le RPPA, est insuffisant pour protéger les consommateurs. Il est insuffisant parce qu'il n'oblige pas les transporteurs à verser de remboursements pour les circonstances indépendantes de leur volonté. Rétrospectivement, c'est une énorme erreur.
Depuis mars, la CAA réclame des remboursements pour les Canadiens qui ont fait les frais des vols annulés à cause de la COVID-19. Des milliers de Canadiens ont perdu plusieurs milliers de dollars, sans y être pour quoi que ce soit.
[Français]
En quelque sorte, ils ont dû accorder des prêts sans intérêts aux transporteurs, à un moment où ils n'en avaient pas les moyens.
[Traduction]
Nous nous réjouissons que le gouvernement se soit engagé à ce que les Canadiens récupèrent leur argent. Nous surveillerons la situation de près pour nous assurer qu'il respecte son engagement et que les passagers se font rembourser rapidement. N'oubliez pas que des milliers de personnes attendent un remboursement depuis déjà six mois ou plus. La situation est particulièrement injuste pour les personnes qui ont été durement frappées par la pandémie sur le plan financier.
En même temps, nous reconnaissons que les transporteurs éprouvent des difficultés et qu'il est important pour les Canadiens qu'ils s'en sortent. Dans nombre d'autres pays, les gouvernements ont déjà pris des mesures non seulement pour assurer la viabilité de leurs transporteurs, mais aussi pour ne pas placer le fardeau de les financer sur les épaules des passagers.
[Français]
Nous sommes heureux que le gouvernement du Canada se soit enfin décidé à leur emboîter le pas.
[Traduction]
Bien que des transporteurs aient procédé au remboursement de certains billets, la grande majorité des voyageurs dont les vols ont été annulés à cause de la COVID n'ont pas reçu le moindre sou. Cette inégalité, par laquelle les voyageurs fortunés et les voyageurs d'affaires pouvant se permettre des billets remboursables sont mieux traités que les citoyens moyens, est exactement ce à quoi le RPPA devait mettre fin.
La CAA exhorte le gouvernement fédéral à faire en sorte que les remboursements soient versés rapidement. Les familles canadiennes moyennes éprouvent des difficultés financières importantes à cause de la COVID-19, et il est seulement juste qu'elles reçoivent des remboursements si telle est leur volonté.
[Français]
Nous devons garder en tête que les passagers n'étaient nullement responsables de ces annulations de vol.
[Traduction]
Par ailleurs, nous exhortons le Comité non seulement à s'efforcer de réparer l'injustice déjà commise, mais aussi à faire en sorte qu'elle ne se reproduise jamais. Nous le demandons autant pour le bien des passagers que pour l'économie. Les mesures sanitaires ne sont pas le seul facteur sur lequel dépend le retour en grand nombre des Canadiens à bord des avions: les consommateurs doivent aussi avoir confiance en leurs achats. Aujourd'hui, quel Canadien moyen serait prêt à dépenser des milliers de dollars pour acheter des billets pour sa famille, en sachant qu'il perdra peut-être tout son argent si un autre confinement imprévu est imposé ici ou à l'étranger? Le gouvernement doit faire en sorte qu'à l'avenir, les vols annulés en raison de mises en garde liées à la santé ou de fermetures faites par le gouvernement soient automatiquement remboursés.
Comme je l'ai déjà dit, nous sommes également une agence de voyages. À ce titre, nous savons que les agents de voyages ne devraient pas perdre les commissions qui leur sont dues. Ils ont fait leur travail, et dans de nombreux cas, les transporteurs retiennent leur argent depuis le printemps. Les consommateurs doivent être indemnisés, mais à notre avis, le gouvernement a aussi la responsabilité de s'occuper des agents de voyages.
En guise de conclusion, permettez-moi de vous présenter brièvement les autres priorités de la CAA à l'égard des droits des passagers aériens. Nous vous prions de les prendre en considération. Bien que la pandémie ait révélé un défaut majeur devant être réglé, le fait demeure que le RPPA a doté le Canada de son premier code de conduite applicable à l'ensemble de l'industrie du transport aérien.
[Français]
Soulignons que les États-Unis et l'Union européenne disposent de chartes de cette nature depuis une bonne dizaine d'années, et même plus.
[Traduction]
Le règlement n'est entré pleinement en vigueur qu'au milieu du mois de décembre dernier. Pendant les trois premiers mois, soit avant la pandémie, 11 000 plaintes ont été déposées. L'absence de données sur le rendement du transport aérien nous oblige à avancer à l'aveuglette, mais nous croyons qu'il est encore trop tôt pour évaluer l'ensemble du régime. La majorité des plaintes déposées n'ont même pas encore été traitées. Nous devons attendre plus longtemps avant d'évaluer le RPPA. À notre avis, il n'est pas nécessaire de le reprendre tout de suite, sauf pour régler la situation des remboursements liés à la COVID-19.
Nos autres préoccupations comprennent le coût réel du transport aérien pour les Canadiens de la classe moyenne, y compris, par exemple, les frais aéroportuaires et la tarification à la carte; le respect de l'engagement du gouvernement de fournir des données publiques sur le rendement du transport aérien en temps opportun; l'allocation de ressources adéquates à l'OTC pour l'application du RPPA; ainsi que la réforme de l'ACSTA en vue d'accroître l'efficacité des contrôles de sécurité pour les passagers.
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Je vous remercie de me donner l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui.
Basée à Whitehorse, Air North, la compagnie aérienne du Yukon, a été fondée il y a 43 ans. À l'heure actuelle, nous offrons un service d'accès par jet qui relie Whitehorse à Vancouver, à Kelowna et à Victoria, ainsi qu'un service régional par avion à turbopropulseurs vers Dawson City, Old Crow et Inuvik.
Nous sommes une entreprise entièrement yukonaise. Nos actionnaires comprennent plus de 1 500 Yukonais, y compris la Première Nation des Gwitchin Vuntut, qui détient 49 % des parts. Nos effectifs de plus de 200 employés du Yukon et du Nord font de nous l'un des plus grands employeurs du secteur privé au Yukon.
Je suis ici aujourd'hui pour vous présenter la perspective des transporteurs aériens du Nord quant à la meilleure façon pour le gouvernement d'aider les compagnies aériennes canadiennes à retrouver une stabilité financière, tout en réduisant le fardeau des contribuables. À long terme, les compagnies aériennes redeviendront viables lorsque les gens recommenceront à voyager. À court terme, les gouvernements sont passés à l'action en fournissant de l'aide financière au secteur aérien, et notre compagnie vous en est très reconnaissante. À moyen terme — qui durera probablement des années plutôt que des mois —, si les gouvernements décident de continuer à nous fournir de l'aide financière, nous sommes d'avis qu'ils pourraient réduire le fardeau des contribuables en assortissant leur soutien de conditions stratégiques. Cette proposition est fondée sur le fait qu'à ce jour, la plus grande part des fonds consacrés à l'aide a servi à soutenir la capacité excédentaire ou les sièges vacants; par conséquent, le soutien a été peu efficace pour endiguer les pertes records enregistrées par l'industrie.
Les contribuables ne devraient pas payer les transporteurs aériens pour qu'ils brûlent du carburéacteur et qu'ils usent des avions en effectuant des vols aux sièges vacants. À notre avis, il serait beaucoup plus productif d'utiliser les fonds pour aider l'ensemble des compagnies aériennes à procéder à une contraction temporaire, mais absolument nécessaire de leurs activités, de sorte qu'elles puissent fonctionner de manière viable en dépit de la réduction du volume de la circulation et des vols, tout en continuant à offrir des services essentiels à des prix abordables.
L'engagement du gouvernement relatif au soutien du service aérien dans les régions souligne le besoin d'appuyer les compagnies aériennes régionales. Aujourd'hui, 23 transporteurs aériens au Canada desservent 189 collectivités. Seulement 57 d'entre elles sont desservies par Air Canada ou par WestJet, et 131 ont une population de moins de 10 000. En outre, seulement 49 collectivités sont desservies par plus d'une compagnie aérienne.
Sur le marché yukonais, nous concurrençons les deux principaux transporteurs aériens. L'un d'eux nous fait concurrence de manière saisonnière sur nos routes d'accès.
Durant la pandémie, la capacité excédentaire ainsi créée a doublé l'aide nécessaire pour soutenir nos services essentiels.
Les principaux transporteurs aériens accomplissent seulement une partie de la tâche dans le Nord, car ils ne desservent aucune région. C'est l'équivalent de prendre seulement la crème et de laisser le lait surir. Pour protéger les services essentiels vers le Nord, en provenance du Nord et à l'intérieur du Nord, nous avons demandé au gouvernement de limiter temporairement la capacité des principaux transporteurs aériens sur les marchés d'accès au Nord. Nous avons aussi demandé au gouvernement de rendre les accords intercompagnies obligatoires pour tous les transporteurs aériens canadiens.
En rendant les accords intercompagnies obligatoires, le gouvernement aiderait à uniformiser les règles du jeu pour les grands transporteurs principaux et les petits transporteurs régionaux. De plus, ces accords protégeraient les consommateurs. Ils favoriseraient la concurrence en faisant en sorte que les consommateurs des régions aient accès aux réseaux de routes des principaux transporteurs aériens et à des prix de gros. La coopération entre les fournisseurs est un élément de la politique nationale des secteurs du transport ferroviaire et des télécommunications. Dans le contexte actuel, ce serait logique d'en faire aussi une caractéristique du secteur du transport aérien.
La proposition de limiter temporairement la concurrence vous étonne peut-être, mais rappelez-vous qu'il n'y a pas si longtemps, limiter la concurrence était la norme. L'industrie canadienne du transport aérien a seulement été déréglementée en 1987, et le Nord, seulement en 1996. Lorsque nous avons fondé notre entreprise en 1977, si nous avions voulu offrir un vol entre Whitehorse et Vancouver, il aurait fallu que nous démontrions au comité des transports du Canada que nous répondions aux critères de commodité et de nécessité publiques. Or, notre demande aurait probablement été refusée, car à l'époque, le marché ne produisait qu'environ 300 passagers par jour, ce qui était suffisant pour soutenir les deux vols quotidiens avec escale à destination de Whitehorse offerts par le Canadien Pacifique.
En raison de la fermeture récente de la frontière, en ce moment, le marché du Yukon ne produit que 104 passagers par jour, et pourtant, il y a trois vols quotidiens sans escale entre la région et Vancouver. Les États-Unis financent les routes aériennes peu achalandées par l'intermédiaire de son programme relatif aux services aériens essentiels, mais un seul transporteur par route reçoit du financement. Au Canada, nous finançons actuellement des transporteurs concurrents qui exploitent les mêmes routes; au Yukon, les contribuables financent pour ainsi dire trois transporteurs aériens qui offrent le même vol.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens tout d'abord à remercier le Comité de m'avoir invité à faire une présentation.
Vol en retard est une entreprise qui aide les passagers aériens à obtenir, de façon simple, rapide et sans risque, une compensation financière ou un remboursement à la suite d'une annulation ou d'un retard de vol.
La dernière fois que j'ai eu la chance de comparaître devant un comité de la Chambre des communes, c'était lors de l'examen du projet de loi , qui visait à mettre en place un régime de protection pour les passagers aériens. Nous avions alors porté un regard critique sur les lacunes de ce projet de loi. Nous avions d'ailleurs soulevé que plusieurs points avantageaient et protégeaient davantage les transporteurs que les consommateurs. La complexité de cette loi et du règlement qui en découlait allait ouvrir la porte à plusieurs interprétations et encourager le refus des transporteurs de verser une indemnisation ou un remboursement, alors qu'on nous avait promis un régime simple qui allait être à l'avant-garde par rapport aux différents programmes à l'international.
La crise actuelle est sans précédent et nuit grandement à l'industrie aérienne et touristique. Elle a mis en exergue les lacunes du régime de protection en place, des processus, des mesures de contrôle et des organisations responsables de son bon fonctionnement.
Le gouvernement et l'Office des transports du Canada ont tardé à prendre des mesures pour protéger les consommateurs. Très tôt en début de crise, la Commission européenne et le département américain des Transports ont statué que les transporteurs devaient rembourser les consommateurs pour les portions de vols inutilisées. Non seulement cela n'a pas été le cas au Canada, mais l'OTC a même encouragé les consommateurs à se contenter de crédits pour voyages futurs en mentionnant qu'ils devaient respecter les règles tarifaires en place.
De surcroît, pendant que les autres pays mettaient en place des directives claires forçant les transporteurs à rembourser les portions inutilisées des billets achetés, « l'OTC a rapidement pris des mesures [temporaires] pour atténuer les importantes répercussions sur les compagnies aériennes ». Il a notamment appliqué une exemption temporaire de l'obligation de verser des indemnités ou d'offrir une nouvelle protection aux passagers par l'entremise d'autres transporteurs.
L'OTC a de plus accordé aux transporteurs aériens une prolongation des délais pour répondre aux demandes d'indemnisation déposées par des passagers. Les compagnies aériennes avaient jusqu'au 28 octobre 2020 pour répondre à toutes les demandes d'indemnisation qui étaient en attente depuis le 25 mars 2020 ou qui avaient été déposées entre le 25 mars et le 29 septembre 2020. Cela représente jusqu'à 700 % d'augmentation des délais accordés.
L'Office a ordonné que le traitement de toutes les demandes de règlement des différends devant l'Office concernant les transporteurs aériens soit suspendu jusqu'au 30 juin 2020, y compris toutes les demandes reçues en vertu du règlement formel d'un différend durant la période de suspension.
L'Office s'est donc empressé de mettre en place des mesures visant à protéger les transporteurs au détriment des consommateurs. C'est à se demander quel est le rôle de l'Office des transports du Canada et qui en bénéficie.
Lors de son allocution, M. McNaney, du Conseil national des lignes aériennes du Canada, mentionnait que les compagnies étrangères ayant reçu du soutien commençaient à prendre des parts de marché. Pourtant, Air Canada, qui était en bonne position quant à ses liquidités en début de crise et qui est allée chercher plusieurs milliards de dollars en liquidités depuis, en plus des milliards de dollars en billets non remboursés, est probablement, en proportion, mieux positionnée que d'autres pour faire face à cette crise.
De surcroît, je suis abasourdi lorsque je vois qu'une entreprise, d'un côté, demande de l'aide publique pour survivre et, de l'autre, offre une retraite dorée de plusieurs millions de dollars à son président sortant.
Et si ce n'était pas juste une question financière? Cela n'aurait-il pas un lien avec le fait que les clients sont mieux protégés et assistés par les différentes instances?
Comme vous le savez, les voyageurs s'attendent à un certain niveau de service, et je ne parle pas ici d'un repas à cinq services servi à bord avec de beaux couverts. Ils veulent simplement pouvoir parler à quelqu'un lorsqu'ils ont un problème ou se faire rembourser lorsque les services ne sont pas rendus. Malheureusement, trop souvent, certains transporteurs canadiens ont failli à leur devoir dans les deux cas. Il en va de même des organismes chargés de réglementer et de protéger les consommateurs. Cette situation était déjà observable bien avant le début de cette crise.
Plus on attend, plus les consommateurs sont perdants, de même que tous les autres acteurs de la chaîne de valeur. En effet, cette situation qui perdure met une pression indue sur les fournisseurs de services tels que les agences et agents de voyage, les assureurs ainsi que les compagnies de cartes de crédit. Ceux-ci ne devraient pas avoir à faire les frais du manque de lignes directrices claires et de l'incapacité des lignes aériennes à répondre à leur engagement.
En terminant, j'aimerais sensibiliser ce comité au fait qu'avant cette crise, alors que l'industrie aérienne était à son apogée et affichait des ventes et des profits records, plusieurs situations ont démontré que le profit à court terme primait sur les services offerts aux consommateurs, lesquels se trouvaient trop souvent pris en otage à la suite de décisions liées à l'exploitation de l'entreprise.
Qu'en sera-t-il maintenant, alors qu'on fait des coupes dans les coûts et dans les effectifs, et qu'on s'apprête à fusionner deux transporteurs, ce qui aura pour effet de diminuer la saine compétition de marché, déjà restreinte au Canada, en plus d'augmenter plusieurs facteurs de risque?
J'ai écouté les divers intervenants mentionner, au cours des différentes séances de ce comité, à quel point l'industrie aérienne est un poumon économique au Canada. Est-ce qu'on doit se heurter à un mur pour se rendre compte des conséquences de nos décisions et ainsi mettre à risque toute une industrie?
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins. Nous sommes très reconnaissants de leur présence.
Il s'agit d'une situation assez délicate. D'une part, les personnes qui ont acheté des billets ont le droit d'être remboursées. D'autre part, il est important de soutenir le secteur aérien pour que les compagnies aériennes puissent conserver et protéger leurs employés. C'est d'ailleurs une priorité absolue pour moi et pour la plupart des gens.
Nous ne savons pas combien de temps peut durer cette pandémie, au cours de laquelle les degrés d'urgence augmentent quotidiennement.
Ma première question s'adresse à Me De Bellefeuille.
Madame De Bellefeuille, si les compagnies aériennes faisaient faillite, leurs actifs seraient vraisemblablement liquidés et le produit irait à leurs créanciers, que ce soit les banques, les fournisseurs ou d'autres.
Selon vous, à quel rang se situeraient les passagers dans l'état de collocation? Aurait-on suffisamment de fonds pour les payer, après avoir payé les créanciers préférentiels?
J'aimerais connaître votre opinion là-dessus.
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Eh bien, en ce qui concerne les conditions économiques, on dit souvent, comme vous le savez sans doute, que le fonctionnement des compagnies aériennes suit un modèle en étoile. Dans un modèle en étoile typique, l'argent a tendance à circuler des branches vers le centre.
Dans le cas du Yukon, comme nous avons fait du Yukon notre centre, lorsque les Yukonais achètent leurs voyages de compagnies locales, leur argent reste au Yukon et soutient l'économie locale, et lorsque des visiteurs viennent au Yukon, leur argent rentre au Yukon et soutient l'économie locale.
Je ne sais pas quelles sont vos connaissances de la situation économique des territoires, mais la gestion du territoire coûte environ 1,5 milliard de dollars par année. À nous seuls, nous ne générons que 200 millions à 300 millions de dollars par année. Le reste du financement nous vient des contribuables du Sud.
L'acquisition d'une plus grande autonomie par les territoires, en particulier le Yukon, suscite beaucoup d'intérêt. En créant notre propre compagnie aérienne au Yukon, nous avons pris un grand pas dans cette direction. De plus, 49 % des parts de l'entreprise appartiennent à la Première Nation des Gwitchin Vuntut.
Tous les règlements en matière de revendications territoriales des Premières Nations du Yukon comprennent un engagement de la part des gouvernements fédéral et territorial de prendre des mesures visant à aider les Premières Nations à participer à l'économie territoriale. Sauf erreur, l'investissement des Gwitchin Vuntut dans Air North était l'un des premiers investissements de la sorte fait par une Première Nation du Yukon. Il est généralement considéré comme un très bon modèle de participation autochtone à l'économie territoriale.
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L'emploi… Comme il y a 1 500 actionnaires locaux au Yukon, cela signifie qu'entre un habitant sur 15 et un habitant sur 20 détient une participation dans le transporteur aérien. Nos actionnaires sont aussi nos clients. Ainsi, le taux de participation des actionnaires lors de notre réunion générale annuelle, qui se tient dans notre hangar, est de plus de 10 %. Je ne crois pas que General Motors obtient un taux de participation aussi élevé. Nos actionnaires s'intéressent beaucoup à l'entreprise et ils y participent activement.
La question des remboursements a été soulevée. Je suis surpris que personne ne m'ait posé de questions à ce sujet. Nous vivons dans une petite collectivité. Nous ne vendons pas de siège au milieu d'une rangée sur nos vols, et nous accordons un remboursement aux passagers qui en ont besoin, mais sur notre marché, les gens voyagent beaucoup. Seulement environ 15 % de nos voyages annulés ont entraîné des demandes de remboursement. Nous sommes très chanceux, car la plupart des gens sont heureux d'accepter des bons d'échange ou un crédit pour des voyages ultérieurs.
Les grandes entreprises, c'est-à-dire les transporteurs internationaux, ont été durement touchées par une baisse de la demande. Je compatis avec ces transporteurs, car ils essaient de se maintenir à flot. Ici, c'est relativement plus facile, car les habitants du Nord doivent voyager. Par exemple, les gens se déplacent pour des raisons médicales. Un grand nombre de marchandises sont transportées sur nos trajets régionaux. La collectivité d'Old Crow n'est pas accessible par la route, ce qui signifie que toutes les denrées alimentaires, les matériaux de construction, les biens de consommation, bref, tout ce qui entre dans cette collectivité doit arriver par avion. En période de pandémie ou non, la demande en matière de service aérien demeure assez stable. Elle n'est seulement pas au même niveau qu'elle l'était à la même période l'an dernier.
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Je vous remercie de votre question, monsieur Soroka.
Nous pensons que nous finirons bien par sortir de cette pandémie. Les voyages aériens commenceront à revenir — peut-être pas avant un certain temps — aux volumes d'antan. Notre pays avait enfin entrepris une série de réformes qui visaient un système qui n'avait pas vraiment été touché depuis plus de 20 ans, c'est-à-dire le système aérien en général. Bien entendu, toutes ces réformes ont été mises en veilleuse lorsque la pandémie de COVID-19 s'est déclenchée.
Nous espérons que certaines de ces réformes seront ramenées à l'avant-plan et qu'elles ne seront pas toutes oubliées. L'une d'entre elles, qui était liée à l'Administration canadienne de la sûreté du transport aérien, concernait la longueur des files d'attente qui existaient auparavant. Ce n'est évidemment pas un problème aujourd'hui, car personne ne prend l'avion, mais lorsque les gens recommenceront à prendre l'avion, les longues files d'attente seront de retour. Le gouvernement avait donc prévu un projet visant à réformer sensiblement l'Administration canadienne de la sûreté du transport aérien, afin d'améliorer son financement et de lui permettre d'investir davantage dans la technologie qui permet d'améliorer le système aérien pour les Canadiens.
Les commentaires que j'ai formulés à la toute fin de ma déclaration visaient simplement à souligner qu'il faut d'abord traiter la grande question des remboursements, mais qu'il ne faut pas oublier toutes les autres choses qui nous préoccupaient juste avant le début de la pandémie de COVID-19. Nous devrions revenir sur certaines de ces préoccupations lorsque nous aurons traversé cette situation regrettable.
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Plusieurs pays ont des dispositions très précises à cet égard. Toutefois, aucune de ces dispositions n’est parfaite. En effet, la loi américaine s’applique aux vols domestiques, et non aux vols internationaux. Elle ne vise donc pas tout le monde. Rien ne nous empêche de corriger cette situation au Canada. Je crois que M. Lawford a formulé deux ou trois suggestions intéressantes que le gouvernement devrait prendre en considération. Nous devons trouver une façon de veiller à ce que cela ne se reproduise pas.
Malheureusement — et vous avez fait référence au SRAS et à des pandémies antérieures —, d’autres prédictions indiquent que la COVID-19 ne sera pas la dernière pandémie. Cela pourrait nous arriver à nouveau. Nous espérons tous que ce ne sera pas le cas, mais c’est possible. Nous devons veiller à mettre en œuvre des dispositions appropriées en ce qui concerne les remboursements et éliminer ainsi cette échappatoire.
Lorsque les responsables se sont penchés sur les lois et les règlements dans le cadre du Règlement sur la protection des passagers aériens, ils pensaient par exemple qu’un ouragan pourrait causer la fermeture d’un aéroport pendant deux jours et qu’il ne serait pas juste de pénaliser les transporteurs dans un tel cas, car ces derniers s’efforceraient seulement de ramener les gens à la maison. Le Règlement sur la protection des passagers aériens vise donc à encourager les transporteurs à faire de leur mieux pour ramener les gens à la maison.
Malheureusement, personne n’avait pensé qu’une pandémie pourrait causer la fermeture de l’espace aérien et personne n’avait prévu que les gens refuseraient de voyager pendant des mois, même si l’espace aérien était théoriquement ouvert. C’est malheureusement le monde dans lequel nous vivons actuellement, et nous devons donc prévoir des dispositions à cet égard pour l’avenir.
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Merci, monsieur le président.
Ma prochaine question s'adresse à M. Charbonneau, de Vol en retard.
Monsieur Charbonneau, vous avez mentionné plus tôt que, depuis le début de la pandémie, plusieurs pays du monde, notamment les pays de l'Union européenne et les États-Unis, affirment durement et clairement que les passagers ont droit à un remboursement. Ici, au Canada, c'est plutôt l'inverse. Les politiques de l'Office des transports du Canada ainsi que les déclarations du , ont donné lieu à une diminution des protections offertes aux passagers. Par exemple, depuis le début de la pandémie, le ministre n'a jamais appuyé le droit des passagers à un remboursement. En fait, ce qu'il dit présentement, c'est que les passagers devraient peut-être être remboursés s'il y avait une aide de la part du gouvernement, mais il ne défend pas pour autant leur droit à un remboursement.
J'aimerais savoir ce que vous pensez de la position du Canada, comparativement à celle du reste du monde, à l'égard de la protection des passagers.
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Évidemment, cela peut devenir problématique, parce qu'on se trouve à donner les clés du royaume à une seule entreprise, en l'occurrence une entreprise qui se démarque souvent, mais pas pour les bonnes raisons: elle fait l'objet de plusieurs plaintes, tant sur le plan linguistique que sur le plan des services offerts.
On se trouve aussi à mettre à risque l'ensemble de l'industrie. Qui dit moins de concurrence dit moins d'acteurs dans la chaîne de valeur pour les services, parce qu'on veut obtenir des remises sur quantité, et s'il y a moins d'intervenants, alors il y a moins de fournisseurs qui sont engagés. Or, la chaîne de valeur et la chaîne critique sont importantes, car s'il y a moins de fournisseurs, dès que l'un d'eux a un problème, cela peut toucher l'ensemble de l'industrie. S'il y a une panne informatique mondiale, comme on l'a déjà vu chez certains transporteurs, cela touche l'ensemble de l'industrie. S'il y a un piratage généralisé, cela va toucher l'ensemble de l'industrie. Évidemment, moins il y a de concurrence, plus l'industrie est à risque, et moins on tente de se démarquer.
C'est aussi le cas pour les autres intervenants. Je pense aux agents de voyages et aux agences de voyages. S'il n'y a plus autant de concurrence, ces gens n'auront pas le choix d'utiliser un fournisseur donné, alors il n'existera aucune marge de négociation.
La même chose s'applique aux passagers. S'il n'y a pas assez de choix de lignes aériennes au Canada, qu'ils sont contraints à choisir entre Air Canada et Air Canada, ils risquent d'aller vers une compagnie à l'extérieur du Canada, ce qui peut avoir pour conséquence de réduire les parts de marché des compagnies canadiennes.