Bienvenue, mesdames et messieurs, à la réunion numéro 24 du Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités.
La réunion d'aujourd'hui se déroulera selon une forme hybride, conformément à l'ordre de renvoi de la Chambre des communes du 25 janvier 2021.
Les délibérations seront diffusées sur le site Web de la Chambre des communes. Sachez que la diffusion montrera toujours la personne qui parle plutôt que l'ensemble du Comité.
Afin d'assurer le bon déroulement de la réunion, j'aimerais préciser quelques règles. Tous les participants, députés comme témoins, peuvent s'exprimer dans la langue de leur choix. Des services d'interprétation sont offerts et vous avez le choix, au bas de votre écran, entre le son du parquet, l'anglais ou le français.
Les membres du Comité présents en personne font comme d'habitude quand le Comité se réunit en personne dans une salle de comité. N'oubliez pas les directives du Bureau de régie interne concernant les masques et les protocoles sanitaires.
Avant de prendre la parole, attendez que je vous nomme. Si vous participez par vidéoconférence, n'oubliez pas de cliquer sur l'icône du microphone pour l'activer. Pour ceux qui sont sur place, vos micros seront activés et désactivés comme d'habitude par l'agent des délibérations et de la vérification.
Je vous rappelle que toutes les interventions des députés comme des témoins doivent passer par la présidence. Lorsque vous ne parlez pas, votre micro doit être en sourdine. Pour ce qui est de la liste des intervenants, le greffier et moi-même ferons notre possible pour conserver l'ordre d'intervention des membres qui participent virtuellement ou en personne.
Mesdames et messieurs, conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le 9 mars 2021, le Comité entreprend l'étude de la vérification du suivi de la sécurité ferroviaire.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue aux témoins que nous recevons ce soir.
Pour la première heure, du Bureau du vérificateur général, nous accueillons Karen Hogan, la vérificatrice générale du Canada; Dawn Campbell, directrice principale et Isabelle Marsolais, directrice.
Dans la deuxième heure, nous recevrons, de la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada, Tom Brown, vice-président adjoint de la sécurité; du Chemin de fer Canadien Pacifique, Kyle Mulligan, ingénieur en chef; et de l'Association des chemins de fer du Canada, Marc Brazeau, président-directeur général.
Nous allons démarrer la première heure avec le Bureau du vérificateur général.
Vous disposez de cinq minutes chacune, et si l'une d'entre vous s'exprime au nom du groupe, vous disposez de cinq minutes. Ensuite, nous procéderons à la période de questions.
Madame Hogan, vous avez la parole pour les cinq premières minutes.
:
Monsieur le président, merci de nous donner l'occasion de discuter des résultats de notre récent audit de suivi sur la surveillance de la sécurité des chemins de fer par Transports Canada. Je suis accompagnée aujourd'hui de Dawn Campbell, la directrice principale responsable de l'audit, et d'Isabelle Marsolais, qui faisait partie de l'équipe d'audit.
Dans cet audit, nous avons vérifié si Transports Canada avait appliqué certaines recommandations provenant de notre audit de 2013 sur la surveillance de la sécurité des chemins de fer. Dans l'ensemble, nous avons constaté que, huit ans plus tard, le ministère n'avait pas encore complètement donné suite à nos recommandations, et qu'il restait en fait beaucoup à faire pour améliorer la sécurité des chemins de fer au Canada.
Les accidents de train peuvent avoir de graves conséquences, y compris des pertes de vies et des dommages à l'environnement dévastateurs. Pour diminuer les menaces à la sécurité, Transports Canada mène des activités de surveillance, comme des inspections, des vérifications des systèmes de gestion de la sécurité et des analyses de données.
Aujourd'hui, nous voulons souligner deux grandes lacunes dans la surveillance du ministère qui demandent une attention immédiate.
Notre première inquiétude concerne le fait que Transports Canada n'évaluait pas l'efficacité des systèmes de gestion de la sécurité des compagnies de chemin de fer. Ces systèmes sont des cadres officiels qui servent à intégrer la sécurité aux activités quotidiennes des chemins de fer de façon proactive. Les évaluations systématiques et approfondies de ces systèmes sont appelées des vérifications. Elles visent à vérifier si les systèmes respectent les exigences réglementaires et intègrent la sécurité dans les opérations quotidiennes des chemins de fer.
Au cours des 14 dernières années, plusieurs rapports ont recommandé à Transports Canada de faire ce type d'évaluation. Je fais référence ici aux trois rapports qui ont été produits par ce comité même, à différents autres rapports provenant d'experts du domaine et au rapport d'audit de 2013 de mon bureau.
Nous avons constaté que, même si Transports Canada avait évalué le respect des exigences réglementaires dans ses vérifications des systèmes de gestion de la sécurité, le ministère n'avait pas déterminé si les systèmes étaient efficaces et permettaient d'améliorer la sécurité des opérations menées chaque jour. Tant que le ministère ne fera pas ces évaluations et des suivis en temps voulu, il ne pourra pas savoir si les systèmes ont un effet sur la sécurité des chemins de fer.
[Français]
Nous nous préoccupons également du fait que Transports Canada n’a pu démontrer si ses activités de surveillance ont permis d’améliorer la sécurité globale des transports ferroviaires. Le ministère a apporté des améliorations substantielles à la manière dont il planifie et priorise ses activités, et garde un œil sur les plans et les actions des compagnies ferroviaires pour corriger les manquements. Il n’a toutefois pas évalué l’efficacité globale de ses activités de surveillance ferroviaire. Quand le ministère affecte du personnel et accorde du temps pour surveiller la sécurité ferroviaire, je pense qu’il est raisonnable de s’attendre à ce qu’il détermine si le temps et les efforts investis ont une incidence et qu’il modifie au besoin son approche en matière de surveillance.
Nous encourageons Transports Canada à examiner que font d’autres programmes et d’autres autorités à cet égard, et ce, tant au Canada qu’à l’étranger. La Régie de l’énergie du Canada, par exemple, a établi des indicateurs permettant d’évaluer des éléments d’efficacité. Au Royaume-Uni, l’Office of Rail and Road a élaboré des outils pour évaluer la capacité de ses compagnies ferroviaires de gérer les risques à la santé et à la sécurité, en utilisant les résultats pour comparer les progrès d’une année à l’autre. En outre, aux États-Unis, l’Office of Transit Safety and Oversight s’est engagé à surveiller l’efficacité des organismes des États qui assurent la sécurité.
Le ministère a accepté les six recommandations que nous avons formulées. Je ne saurais trop insister sur le fait qu’il importe de prendre des mesures au sujet de ces problèmes de longue date.
Monsieur le président, voilà qui conclut mon exposé. Nous répondrons avec plaisir aux questions du Comité.
Je vous remercie.
:
Merci, monsieur le président.
Merci, madame Hogan, pour votre exposé.
Même si nous comprenons que le but de l'audit à ce moment-là consistait dans une large mesure à examiner les activités en cours et à déterminer si elles étaient conformes aux recommandations formulées dans le cadre de l'audit de 2013, je pense que ce qui intéresse le plus les Canadiens, et ce qui m'intéresse aussi personnellement, c'est la question de la sécurité ferroviaire au Canada. Est-ce que la sécurité dans les chemins de fer s'améliore vraiment? Je pense que vous avez indiqué notamment dans votre rapport, et je cite, « on remarque alors une certaine amélioration dans le taux d’accident par rapport au volume de trafic ferroviaire. »
Aussi, nous savons qu'en 2018, l'examen de la Loi sur la sécurité ferroviaire était arrivé à la conclusion que la sécurité du réseau ferroviaire s'était améliorée au cours des cinq à dix dernières années. Le rapport de l'examen indiquait aussi ce qui suit:
Les déraillements en voie principale causés par les défaillances du matériel ou des voies ont montré une tendance à la baisse, ce qui s’explique en grande partie par une attention soutenue accordée aux inspections, à la conformité et à l’application de la loi, ainsi que les améliorations technologiques et les investissements dans l’infrastructure ferroviaire.
Et il mentionnait également qu'au cours des cinq dernières années, le nombre de décès attribuables à des activités des chemins de fer avait diminué de 27 %, et le nombre d'accidents — même si je ne suis pas sûre de ce que l'on entend réellement par « accident » — avait diminué de 12 %.
Vous avez fait part à Mme Kusie de vos impressions sur la sécurité, mais je suis sûre que certaines de ces statistiques sont valides et elles semblent indiquer une diminution du nombre de décès et d'accidents.
:
Merci, monsieur le président.
Comme l'a indiqué la vérificatrice générale, évaluer les systèmes de gestion de la sécurité est une mesure importante. En outre, j'aimerais vous référer au paragraphe 5.37 de notre rapport où nous avons recommandé ce qui suit: « Transports Canada devrait déterminer dans quelle mesure ses inspections et ses vérifications ont amélioré la conformité des compagnies de chemin de fer aux dispositions réglementaires qui permettent d’atténuer les risques clés en matière de sécurité. »
Réunir ces deux mesures et déterminer en quoi elles sont en corrélation avec les taux d'accident, les taux de décès, et voir s'il existe une bonne corrélation serait important. Ce seraient les mesures clés.
À titre d'exemple, si les taux de conformité s'améliorent, mais pas les taux d'accidents, cela pourrait indiquer que le ministère doit revenir sur place et déterminer s'il s'intéresse aux bons secteurs ou trouver quelle est la nature exacte du problème.
En ce qui concerne les autres administrations, il existe bien entendu des exemples de pratiques exemplaires, tant au Canada qu'à l'étranger. Par exemple, la Régie de l'énergie du Canada, que nous avons incluse dans notre rapport sur le transport des matières dangereuses l'automne dernier, a établi des indicateurs qui mesurent les éléments de l'efficacité. La Régie de l'énergie du Canada se sert de 60 indicateurs associés à des cibles précises, dont certaines sont utilisées à titre de mesures de rendement dans le contexte de la surveillance de la sécurité et de l'environnement.
:
Merci, monsieur le président.
Membres du Comité, bonsoir.
Je m'appelle Marc Brazeau et je suis le président-directeur général de l'Association des chemins de fer du Canada. Je suis heureux de vous rencontrer pour discuter de la question de la sécurité ferroviaire.
[Traduction]
Je suis accompagné ce soir de Tom Brown, vice-président adjoint du CN, et de Kyle Mulligan, ingénieur en chef du CP. Étant donné qu'ils sont tous deux des experts en matière de sécurité des trains de marchandises de classe 1, ces deux messieurs sont bien placés pour se joindre à moi et répondre aux questions que vous pourriez avoir après mes remarques préliminaires.
[Français]
Permettez-moi d'abord de vous donner un bref aperçu de ce qu'est l'Association des chemins de fer du Canada. L'Association représente près de 60 compagnies de chemin de fer qui transportent annuellement plus de 100 millions de passagers et plus de 300 milliards de dollars de marchandises d'un bout à l'autre du pays. Faisant partie du cinquième réseau ferroviaire en importance au monde, les membres de l'Association constituent véritablement l'épine dorsale du réseau de transport du Canada.
[Traduction]
Le secteur ferroviaire canadien ne se contente pas de transporter en toute sécurité des biens et des personnes d'un océan à l'autre du pays; il est le moteur de notre économie.
Les membres de l'ACFC emploient plus de 36 000 Canadiens dans des postes liés à l'exploitation, à la technologie, à la sécurité, à la sûreté et au leadership dans le domaine ferroviaire. Cette main-d'oeuvre hautement productive transporte chaque année près de 70 % de toutes les marchandises transportées par voie de surface et la moitié des exportations du pays, livrant ainsi les produits du Canada au pays et au monde entier.
Pour mettre cela en perspective, les chemins de fer de marchandises du Canada déplacent plus de 900 000 tonnes de marchandises chaque jour, transportant tout, des voitures que nous conduisons aux aliments que nous mangeons. Pour livrer ces marchandises, plus de 3 800 locomotives tirent plus de 5,7 millions de wagons complets à travers le pays chaque année.
La sécurité est notre priorité absolue. L'industrie ferroviaire canadienne a établi un solide bilan de sécurité, grâce à des investissements considérables. Depuis 1999, les chemins de fer du Canada ont investi plus de 33 milliards de dollars pour assurer la sécurité et l'efficacité de leurs réseaux, et ils demeurent fermement déterminés à favoriser une solide culture de la sécurité.
Ce total comprend des investissements dans les passages à niveau afin de s'assurer qu'ils sont conformes à la réglementation fédérale rigoureuse qui exige que les passages à niveau soient dotés d'une visibilité adéquate, de signaux et de réflecteurs appropriés et de barrières physiques à des centaines d'endroits d'un bout à l'autre du pays.
[Français]
La mission de l'Association consiste à travailler avec tous les paliers de gouvernement et les collectivités du pays pour veiller à ce que le secteur ferroviaire canadien demeure compétitif, durable et, surtout, sûr.
Au niveau fédéral, notre association fournit un lien essentiel entre les organismes de réglementation fédéraux et les membres de l'Association, et elle travaille en collaboration avec des ministères et des organismes tels que Transports Canada, l'Office des transports du Canada et le Bureau de la sécurité des transports du Canada, entre autres, pour participer à l'élaboration de nouveaux règlements, de nouvelles règles et de nouvelles normes.
La réputation de l'Association, en tant que défenderesse crédible des chemins de fer, peut être attribuée au fait que nous recueillions des données sur l'industrie, entreprenons des recherches et des analyses et utilisions ces informations pour aider à développer des positions de principe et pour proposer des politiques fondées sur des éléments de preuve.
[Traduction]
Étant donné que la réunion d'aujourd'hui porte sur la sécurité ferroviaire au Canada, permettez-moi de vous faire part de quelques statistiques importantes.
Au cours de la dernière décennie, de 2010 à 2019, le taux d'accidents de trains de marchandises au Canada a diminué de 20 %, et le taux d'accidents de trains voyageurs a diminué de 59 %. Depuis 2010, le taux d'accidents liés aux marchandises dangereuses s'est amélioré de 31 %. Plus de 99,99 % des wagons de marchandises dangereuses transportés par train atteignent leur destination sans dégagement.
En 2019, les chemins de fer ont investi un montant record de 3,1 milliards de dollars dans des actifs canadiens, battant ainsi le record précédent de 2,4 milliards de dollars établi en 2018. Au cours de la dernière décennie, les chemins de fer du Canada ont investi 19,5 milliards de dollars dans leurs réseaux afin d'améliorer la sécurité, la résilience et la fluidité du réseau.
En bref, nous sommes fiers que le réseau ferroviaire canadien soit parmi les plus sûrs au monde, et nous restons déterminés à prendre appui sur ce bilan de sécurité stellaire.
[Français]
Je voudrais souligner l'importance de l'opération Gareautrain Canada, une initiative visant à prévenir les collisions aux passages à niveau et les intrusions sur les propriétés ferroviaires au Canada.
Chaque année, une centaine de Canadiens et de Canadiennes meurent après avoir subi des blessures graves à la suite de collisions à des passages à niveau ou d'intrusions sur une propriété ferroviaire. L'opération Gareautrain est une initiative de partenariat de l'Association des chemins de fer du Canada et de Transports Canada qui vise à informer les Canadiens des dangers associés aux voies ferrées et aux trains par l'entremise de campagnes de sensibilisation du public, de programmes de formation des conducteurs et de sensibilisation auprès des écoles et des groupes communautaires.
[Traduction]
Cette année, l'opération Gareautrain célèbre son 40e anniversaire à sauver des vies. À cette fin, l'organisme organise divers événements et y participe, produit et distribue du matériel éducatif, dirige des programmes de formation des conducteurs, présente des exposés sur la sécurité et diffuse le message sur la sécurité ferroviaire par l'entremise des médias traditionnels et des médias sociaux.
Malgré l'augmentation du trafic ferroviaire et du nombre de véhicules sur la route, le nombre de décès et de blessures le long des voies ferrées du Canada est en baisse. Cependant, nous croyons que notre travail ne sera pas terminé tant que les chiffres à déclarer ne seront pas nuls.
Un autre programme conjoint dont nous sommes fiers est l'initiative de proximité, qui est un partenariat entre l'ACFC et la Fédération canadienne des municipalités. Au fur et à mesure que la population du Canada croît, de nouveaux complexes domiciliaires et commerciaux sont construits dans les collectivités d'un bout à l'autre du pays.
La FCM et l'ACFC reconnaissent qu'il est dans l'intérêt économique du Canada d'établir des relations appropriées entre les chemins de fer et les collectivités, de promouvoir des pratiques de planification et de communication adéquates et d'offrir des mécanismes de règlement des différends pour résoudre les problèmes imprévus.
[Français]
Notre objectif commun est de fournir au public des ressources utiles et des informations de référence sur l'infrastructure et l'exploitation ferroviaire, les lignes directrices municipales en matière d'aménagement du territoire, les modèles de règlement des différends et les règlements gouvernementaux.
Nous pensons que la recherche d'information peut facilement améliorer le dialogue entre les compagnies de chemins de fer et les municipalités et contribuer à garantir que les deux parties continuent d'atteindre les objectifs communs qui profitent à l'une et à l'autre, et au pays dans son ensemble.
[Traduction]
L'initiative de l'ACFC en matière d'amélioration de la culture de sécurité aide les compagnies ferroviaires canadiennes en mesurant la perception qu'ont les employés de la culture de sécurité organisationnelle au moyen d'un sondage exhaustif et de discussions en groupe. Une fois les données recueillies et analysées, un rapport final est soumis aux compagnies de chemin de fer, ce qui leur permet de repérer les possibilités d'améliorer leur culture de sécurité en mettant en oeuvre des initiatives qui auront un impact positif sur le renforcement de leur culture de sécurité.
[Français]
En conclusion, je tiens à assurer aux membres du Comité que le dévouement de l'industrie ferroviaire canadienne envers la sécurité est ancré dans notre culture. Nous continuerons toujours de nous acharner à améliorer notre bilan de sécurité.
[Traduction]
Les membres de l'ACFC, dont le CN et le CP qui sont avec nous ce soir, sont déterminés à exploiter les chemins de fer les plus sûrs au Canada et en Amérique du Nord.
Mes collègues et moi répondrons avec plaisir à vos questions.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie tout d'abord mon équipe de m'avoir accordé ce temps, car c'est une question très importante et très sincère que j'aimerais soulever aujourd'hui.
Cela remonte à l'histoire d'un écolier de ma circonscription appelé Kevin Morgan. Il était en huitième année à l'école élémentaire de Portage View, de Barrie. Peu avant 9 h 30, le dimanche 21 février, il promenait la chienne de sa famille, Eva, le long de la voie ferrée du Canadien Pacifique, près de la route 90, sur Baldwick Lane, dans le canton de Springwater. C'est près de chez moi, dans un secteur que je connais très bien et où je promène aussi mon chien. Malheureusement, ce matin-là, la chienne s'est échappée. Kevin a mis sa vie en danger pour sauver Eva. Celle-ci a réussi à éviter le train, mais pas Kevin, qui est décédé ce matin-là. Il s'agit évidemment d'un accident tragique. Kyle Mulligan a sans doute entendu parler de cet accident, car il est très récent.
J'aimerais demander à nos trois témoins ici présents aujourd'hui: que pouvons-nous faire? Cela se produit souvent dans notre région. Il y a beaucoup de voies ferrées qui traversent Barrie—Springwater—Oro-Medonte. Des enfants et des adultes, mais un enfant dans ce cas précis, y circulent tout le temps.
Y a-t-il quelque chose que nous pouvons faire ou que vous pouvez faire pour aider? Il pourrait peut-être y avoir un programme de publicité. En Ontario, il y a beaucoup d'annonces à la télévision sur la sécurité concernant les barrages hydroélectriques et les inondations, mais je ne me souviens pas d'avoir vu beaucoup d'annonces faisant la promotion de la sécurité dans notre domaine. C'est évidemment fort triste que Kevin ait péri. Il devait terminer sa huitième année en juin. Certaines personnes cherchent un moyen d'honorer ce jeune garçon. Nous pourrions peut-être le faire ici, au sein de ce comité.
Que peut-on faire pour essayer d'éviter que cela ne se reproduise à l'avenir?
:
Merci, monsieur Soroka.
Essentiellement, ce que M. Mulligan expliquait, c'est que nous consacrons la plus grande partie de nos investissements dans la technologie. Nous utilisons certaines technologies qui sont éprouvées. Vous ne les connaissez peut-être pas, mais il s'agit de systèmes de détection en voie qui existent depuis longtemps et qui mesurent la chaleur des roues afin de prévenir les déraillements.
Par exemple, nous avons des détecteurs de glissement — le plus souvent utilisés dans les zones montagneuses —, qui avertissent une équipe en cas d'avalanche ou si des pierres commencent à glisser le long d'une falaise. Nous avons ce que l'on appelle un détecteur de pièces traînantes qui nous informe si quelque chose traîne sous les wagons.
Là où nous progressons le plus sur le plan de la technologie, c'est au CN où nous avons élaboré un système autonome d'inspection des voies. Vous pourrez le voir sur les trains. C'est un petit wagon couvert situé à l'arrière des trains et qui rehausse leur sécurité. Ce wagon contient du matériel informatique qui prend de multiples mesures sur les rails, utilise beaucoup de géométrie de la voie et d'algorithmes et transmet un rapport directement à notre personnel de la voie ferrée.
L'avantage, c'est que nous pouvons développer des algorithmes capables d'utiliser des analyses prédictives lorsque nous travaillons à la planification de nos activités d'entretien. Si ces wagons circulent dans notre réseau 24 heures sur 24, sept jours sur sept, 365 jours par année, pensez seulement à la fréquence accrue des inspections de la voie ferrée.
La deuxième chose sur laquelle nous nous concentrons actuellement et dans laquelle nous avons investi, ce sont les portails d'inspection automatisés. Il y en a en fait sept au CN, cinq au Canada, dont quatre ici même, à Winnipeg. Ce sont des caméras panoramiques ultra-haute définition comportant des DEL à haute densité qui captent une vue à 360° d'un train pendant qu'il circule à la vitesse permise en voie, peu importe les conditions météorologiques. Même dans les conditions de blizzard que nous avons connues ces derniers jours à Winnipeg, nous obtenons des images très claires. Le système vérifie l'ensemble du train, y compris le dessous des wagons.
Grâce à un ensemble d'algorithmes que nous avons conçus, le système communique avec notre équipe de mécaniciens s'il détecte un problème sur un des wagons. Cette technologie nous permettra de réduire la probabilité qu'un déraillement se produise.
Pensez aux endroits où nous installons stratégiquement ce type de portail. Nous avons des trains qui arrivent des États-Unis en provenance du Dakota du Nord ou du Minnesota et des trains qui parcourent le pays d'un océan à l'autre, qui se dirigent vers Toronto et les provinces de l'Atlantique en passant par notre district du nord de l'Ontario. Ils sont tous vérifiés. Chaque wagon qui circule ici est vérifié.
Dans son rapport, la vérificatrice générale parle d'une augmentation de 45 % entre 2017 et 2018, ce qui est quand même majeur.
J'ai grandi au bord d'une voie ferrée. J'y ai habité pendant environ 25 ans. Quand j'étais tout petit, j'allais à la fenêtre et je comptais les wagons en plein milieu de la nuit. J'étais toujours excité par le passage du train. J'avais hâte de dire que le train allait passer. C'était comme un événement dans la journée du petit garçon que j'étais.
Évidemment, quand on a vu l'accident de Lac-Mégantic, en 2014, j'étais un peu plus vieux. Cette excitation s'est plutôt transformée en crainte, et je pense que cela a été la même chose pour beaucoup de gens, à cause du transport du pétrole. Nous ne voyions plus les trains comme un moyen de transport des marchandises, mais comme une menace, surtout quand nous voyions autant de pétrole sur les rails.
Peut-être n'est-ce pas généralisé, mais chez nous, beaucoup de citoyens ont l'impression que, souvent, les trains transportant du pétrole passent davantage la nuit que le jour pour éviter qu'on les voie.
Est-ce une réalité ou un hasard? Ou encore est-ce un commentaire non basé sur la réalité?
:
Merci, monsieur Barsalou-Duval.
Je prends bonne note de tous les points. Madame Kusie, monsieur Rogers, ainsi que monsieur Bachrach et madame Jaczek, vous avez mentionné de très bons points.
Avant de lever la séance, j'aimerais souhaiter la bienvenue à Mme Martinez Ferrada. Je m'excuse de ne pas l'avoir fait au début de la réunion, mais nous étions si pressés de commencer que j'ai oublié. Je suis convaincu que Mme Martinez Ferrada fera un excellent travail. Bien qu'elle soit récemment arrivée ici au Parlement, c'est comme si elle y était depuis longtemps car elle s'est plongée dans le dossier et qu'elle en a une très bonne connaissance.
Madame Martinez Ferrada, nous vous souhaitons la bienvenue. C'est un plaisir de vous compter parmi nous et nous avons hâte d'entendre vos commentaires.
Enfin, je tiens à remercier tous les témoins d'être venus aujourd'hui et d'avoir pris le temps de venir nous rencontrer.
Je tiens particulièrement à vous remercier, monsieur Brazeau. Vous avez soulevé d'excellents points, surtout en ce qui concerne le travail avec les collectivités. Je travaille en ce moment sur un cas précis avec le CN et, franchement, je commence à en avoir assez des répercussions et des conséquences qu'il a dans une petite collectivité du sud-ouest de l'Ontario. Par conséquent, je ferai appel à vous très prochainement dans l'espoir que vous puissiez nous aider à trouver une solution et, bien sûr, à obtenir un certain engagement de la part du CN à vraiment régler quelques-unes des conséquences et certains problèmes vécus dans cette collectivité en particulier.
Sur ce, mesdames et messieurs, je vous remercie beaucoup de vos interventions et de votre participation ce soir. Nous aurons le plaisir de vous revoir jeudi.
La séance est levée.