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Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la sixième réunion du Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités de la Chambre des communes. La réunion d'aujourd'hui se déroule dans un format hybride, conformément à l'ordre adopté par la Chambre des communes le 23 septembre 2020. Les délibérations seront diffusées sur le site Web de la Chambre des communes.
Sachez que la diffusion sur le Web montre toujours la personne qui parle plutôt que l'ensemble du Comité.
Afin d'assurer le bon déroulement de la réunion, je vais énoncer quelques règles à suivre.
Les députés et les témoins peuvent s'exprimer dans la langue officielle de leur choix. Des services d'interprétation sont disponibles pour la réunion. Vous avez le choix, au bas de votre écran, entre « parquet », « anglais » ou « français ».
Pour les membres qui participent en personne, procédez comme vous le feriez habituellement lorsque tous les membres du Comité siègent en personne dans une salle de réunion. Gardez à l'esprit les directives du Bureau de régie interne concernant les protocoles relatifs au port du masque et à la protection de la santé.
Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je prononce votre nom. Si vous êtes en vidéoconférence, veuillez cliquer sur l'icône du microphone pour réactiver le son. Pour les personnes présentes dans la salle, les microphones seront contrôlés comme d'habitude par l'agent des délibérations et de la vérification.
Je vous rappelle que tous les commentaires des membres et des témoins doivent être adressés au président.
Lorsque vous ne parlez pas, mettez votre microphone en sourdine.
En ce qui concerne la liste des intervenants, le greffier du Comité et moi-même ferons de notre mieux pour maintenir l'ordre des interventions qui a été établi avec l'accord de tous les membres, que vous participiez virtuellement ou en personne.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, le Comité se réunit aujourd'hui pour poursuivre son étude sur le processus de certification des aéronefs.
Cela étant dit, nous avons déjà entendu de nombreux témoignages. Bien que les mots seuls ne suffisent pas à exprimer le chagrin que nous éprouvons pour les personnes qui ont perdu la vie et leurs familles, nous tenons à présenter nos plus sincères condoléances aux personnes qui ont été touchées.
Permettez-moi maintenant de souhaiter la bienvenue à nos témoins. Notre premier groupe de témoins est composé de Chris Moore et Paul Njoroge, membres des familles de victimes du vol 302 d'Ethiopian Airlines.
Messieurs, chacun d'entre vous dispose de cinq minutes pour parler, après quoi les membres du Comité vous poseront des questions. Cela va nous amener passé 16 heures.
Je ne sais pas qui de M. Njoroge ou de M. Moore sera le premier à prendre la parole.
Monsieur Njoroge, est-ce vous qui commencez?
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Merci beaucoup. Je suis prêt.
Merci, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités.
Je m'appelle Paul Njoroge. Je suis le mari de Carolyne Karanja, le père de Ryan Njoroge, Kellie Pauls et Rubi Pauls, et le gendre d'Anne Karanja, qui sont tous morts dans l'écrasement du vol 302 d'Ethiopian Airlines, le 10 mars de l'année dernière.
La mort tragique des membres de ma famille m'a laissé dans un abîme de solitude, de désolation et de douleur. Elle a changé la vie des familles élargies, des connaissances et des communautés de ma femme et de moi-même. De jeunes enfants de l'école élémentaire St. Joseph, à Hamilton, en Ontario, et les amis de Ryan et Kellie ont maintenant peur de prendre l'avion.
Je suis ici aujourd'hui parce que je crois que l'accident qui a tué ma famille aurait pu être évité. Les organismes de réglementation de l'aviation du monde entier n'ont pas fait preuve de suffisamment de diligence dans l'exercice de leur pouvoir réglementaire concernant la certification et la validation de l'avion 737 MAX. Il est certain que le Canada n'aurait pas perdu ses 18 citoyens et un nombre inconnu de résidents permanents si Transports Canada avait fait preuve de prudence dans ses décisions à la suite de l'écrasement du vol 610 de Lion Air.
Au cours des 20 derniers mois, on a beaucoup étayé les facteurs qui ont influé sur la conception, la fabrication et la certification du 737 MAX. Encore plus de détails ont été fournis sur les actes, les omissions et les erreurs de la FAA et de Boeing qui ont abouti à ces tragédies.
Je ne vais pas m'attarder sur ces détails techniques dans mon témoignage d'aujourd'hui. J'ai fourni des liens vers les rapports pertinents dans les notes de bas de page de mon témoignage et dans la version longue que j'ai fournie pour votre dossier.
Il est déconcertant que les agences du monde entier aient découvert les manigances de Boeing et de la FAA après le premier écrasement, mais qu'elles aient quand même permis que l'avion continue de voler. Transports Canada a permis que l'avion continue de servir à transporter des Canadiens à travers le monde. La direction a publié un aide-mémoire en cinq étapes à l'intention des pilotes quelques jours après le premier écrasement. Cependant, en décembre 2018, le rapport d'évaluation des risques aériens de la FAA prévoyait que 15 autres écrasements d'avions 737 MAX se produiraient pendant la durée de vie de l'avion. N'était-ce pas assez préoccupant pour que le ministre des Transports envisage de clouer l'avion au sol? Dix-huit Canadiens et un nombre inconnu de résidents permanents canadiens ont perdu la vie dans le second écrasement, à cause de cette négligence.
Le 11 mars de l'année dernière, au lendemain de la catastrophe du vol ET302, le ministre des Transports est apparu à la télévision et a exprimé sa confiance dans le 737 MAX, déclarant qu'il monterait à bord « sans hésitation ».
Le ministre a attendu quatre jours avant de clouer l'avion au sol. Par ses propos et ses actions, a fait montre d'un excès d'arrogance semblable au comportement affiché par beaucoup au sein de la FAA et de Boeing, avant et après les écrasements des avions 737 MAX.
Je ne comprends peut-être pas parfaitement l'accord bilatéral entre le Canada et les États-Unis en ce qui concerne la validation des aéronefs, mais je suis enclin à penser que Transports Canada a trop misé sur les décisions et la documentation de la FAA et de Boeing. Transports Canada n'a fait qu'approuver la validation des avions 737 MAX.
Lorsque l'ET302 s'est écrasé, le a réagi par un tweet exprimant sa sympathie aux familles des victimes, mais lorsque le vol 752 d'Ukraine Airlines s'est écrasé en janvier de cette année, il a fait montre d'humanité en faisant de nombreuses apparitions dans les médias et en condamnant le gouvernement iranien pour avoir abattu l'avion. Pourquoi le premier ministre n'a-t-il pas exigé que les responsables rendent des comptes et qu'une enquête approfondie soit menée sur les avions 737 MAX? Était-il déjà au courant des problèmes des 737 MAX, laissant malgré cela des Canadiens non informés comme moi placer leurs familles dans ces cercueils volants?
La FAA a annoncé la semaine dernière la remise en service des 737 MAX. Je pense que l'avion n'est toujours pas sûr. Boeing et la FAA ont complètement ignoré les défauts structurels aérodynamiques inhérents à cet avion, qui demeure instable.
Si le MCAS s'arrête — c'est le système de stabilisation en vol destiné à éviter un décrochage de l'avion —, la redondance doit être assurée par le pilote, qui doit utiliser le compensateur manuel. C'est difficile quand l'avion plonge en piqué à grande vitesse, comme ce qui s'est produit avec le vol ET302. L'avion est toujours équipé d'un ancien système d'alerte de l'équipage de conduite qui peut dérouter les pilotes à cause de la cacophonie d'alertes qu'il produit.
La conception, la certification, la validation et la levée de l'interdiction de vol du 737 MAX constituent un tissu alambiqué de mensonges, de cupidité, de tromperie et de dissimulation d'information.
Transports Canada a donné aux Canadiens l'assurance que le 737 MAX ne volera pas au Canada tant que son processus de validation indépendant ne sera pas terminé. Ce processus de validation doit être redéfini, car il n'a pas tenu compte des préoccupations exprimées par les pilotes d'essai canadiens en 2016 et 2018. Monsieur le président, j'ai fourni au Comité les documents qui font état de ces préoccupations.
L'amélioration de ce processus de validation devrait commencer par une enquête indépendante sur le processus décisionnel du et de Transports Canada, tant avant qu'après les accidents impliquant les 737 MAX. Les Canadiens méritent un processus compétent et transparent.
Je vous remercie de m'avoir permis de prendre la parole aujourd'hui.
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Monsieur le président, et mesdames et messieurs les membres du Comité, nous sommes ici aujourd'hui pour réclamer la tenue d'une enquête indépendante sur la validation par Transports Canada du Boeing 737 MAX. Parce que notre gouvernement n'a pas pleinement compris ce qu'il validait, Transports Canada a essentiellement approuvé automatiquement un avion condamné. Dix-huit Canadiens ont péri, et notre gouvernement a haussé les épaules.
Je tiens tout d'abord à dire que je parle au nom de la famille de Danielle Moore, ma fille, qui a perdu la vie après que l'avion ET302 s'est écrasé dans le champ d'un agriculteur en Éthiopie. Elle se rendait à l'Assemblée des Nations unies pour l'environnement pour représenter le Canada dans le cadre d'un programme jeunesse du gouvernement fédéral. Son décès restera toujours un choc dévastateur pour sa famille et ses amis. Son départ a laissé un vide immense dans les collectivités durables du Canada.
Danielle a vécu sa vie pleine d'espoir et croyait à la création de grands changements pour une planète plus équitable et plus durable sur le plan environnemental. Durant ses 24 années de vie, elle a touché la vie d'innombrables personnes au Canada et dans le monde. Elle était une leader courageuse, une championne de la justice et une militante environnementale toujours désireuse de faire avancer le travail ardu de la durabilité. Bien qu'elle ait tant accompli dans sa vie, il lui restait encore beaucoup à donner. Ma fille était l'une des 346 personnes incroyables qui ont perdu la vie à cause de l'opportunisme politique, des règlements gouvernementaux bancaux et de la négligence criminelle.
Le 29 octobre 2018, l'avion JT610 s'est écrasé dans la mer de Java en raison d'un certain nombre de facteurs documentés dans le rapport final du comité du Congrès sur l'appareil Boeing 737 MAX. Considérez ce scénario. Si la FAA qualifiait le plan des commandes de vol pour le MAX, en signalant que la catégorie de dangers était catastrophique mais que Boeing travaillait à des réparations, Transports Canada validerait-il l'avion? Je pense que la réponse est non, car l'appareil ne serait pas en état de voler. Nous devons savoir pourquoi le Canada n'a émis qu'un aide-mémoire alors qu'il n'a même pas compris ce qu'il a validé.
Les Canadiens ont le droit de savoir pourquoi Transports Canada a publié une lettre dans laquelle il expose ses préoccupations à propos du système antidécrochage avant l'écrasement mais n'a pas eu recours à son pouvoir pour prendre des mesures efficaces lorsqu'il a déclaré qu'il ne souscrivait pas à l'interprétation de la FAA.
La certification aurait dû être considérée comme nulle et non avenue. Il n'y avait pas de redondance ou de mécanisme de sécurité pour un système critique qui a entraîné la mort de nos proches. Un ingénieur a-t-il recommandé d'immobiliser l'avion au sol? Les autorités canadiennes et américaines se sont-elles senties supérieures dans leur connaissance et ont-elles minimisé l'écrasement de l'avion de Lion Air parce qu'il est survenu dans un pays en développement? Le Canada aurait-il immobilisé au sol le MAX si l'écrasement s'était produit au Canada?
Il y avait suffisamment de données, de renseignements et de preuves pour maintenir l'avion au sol après le premier écrasement d'un aéronef MAX. En fait, après que la directive sur la navigabilité a été émise à la suite du premier écrasement, la FAA a réalisé une analyse, qui a conclu que si les réparations n'étaient pas faites, le défaut de conception du MCAS pourrait entraîner jusqu'à 15 écrasements mortels ou 3 000 morts au cours du cycle de vie de cette flotte.
Transports Canada ne peut pas en toute conscience défendre son inaction en disant qu'il aurait pu maintenir l'avion au sol avec le recul. Il néglige de reconnaître le premier écrasement. Boeing et les agences d'aviation ont eu six ans pour faire les choses correctement. Cependant, les équipages de conduite n'ont eu que quatre secondes pour diagnostiquer le problème et agir.
En outre, la réponse du aux opérateurs canadiens a suivi celle de la FAA à la lettre, mais il l'a modifiée pour en faire un aide-mémoire pour plus de simplicité. Il savait que l'équipage avait besoin de plus de temps pour réagir. Puisque le ministre se targue de prendre des décisions fondées sur des faits et des données, nous demandons de voir l'analyse des risques qu'il a utilisée pour justifier qu'il ait émis un aide-mémoire plutôt que de maintenir l'avion au sol au Canada.
Comme la nomination de l'administrateur de la FAA, la nomination du ministre des Transports du Canada est politique. Les directives en matière de sécurité doivent être recommandées et mises en œuvre par ceux qui connaissent le mieux les données techniques, et non pas pour des raisons d'ordre politique. La sécurité devrait être apolitique. Y a-t-il eu une discussion à Transports Canada concernant le maintien au sol de l'appareil MAX? Le processus de protection des voyageurs de Transports Canada doit être conforme à son énoncé de mission.
Le n'a même pas suivi son propre principe d'action fondé sur les données après le premier écrasement parce qu'il ne comprenait pas complètement ce que son propre ministère avait validé. La validation était prématurée. Cette évasion des faits et cette complicité avec les États-Unis étaient encore plus évidentes après le deuxième écrasement. Deux jours après que 18 Canadiens ont perdu la vie dans cet écrasement, le ministre restait campé sur sa position en déclarant qu'il monterait à bord d'un Boeing 737 « sans hésitation ». C'était un jour après avoir déclaré qu'il ne voulait pas prendre de décisions prématurées. Ses actions ne correspondent pas à ses propos; elles correspondent aux objectifs de l'industrie.
Au nom de ma fille et du public voyageur concerné, nous demandons que les mesures prises par le ministre des Transports du Canada et l'agence de l'aviation civile fassent l'objet d'un examen en ce qui a trait à la validation et à la sécurité opérationnelle continue de l'avion MAX. Seule une enquête indépendante approfondie peut permettre d'atteindre cet objectif.
Merci.
J'ai hâte d'entendre vos questions.
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D'accord. Merci, monsieur le président.
Merci à M. Moore et à M. Njoroge d'être ici aujourd'hui.
La première chose que je vais vous dire à tous les deux, messieurs, c'est que dans vos déclarations bien senties, vous nous avez remerciés. Je vous en prie, vous n'avez pas besoin de nous remercier. Nous sommes ici pour faire notre travail. C'est vous que nous devons remercier d'être ici. Vos histoires sont déchirantes. En tant que père et époux, je trouve déchirant d'entendre vos histoires.
Comme je suis nouveau au Comité, je ne connais pas tout le contexte. Je tiens évidemment à vous transmettre mes sincères condoléances. Cet incident a évidemment changé votre vie pour toujours. Dans la mesure où vous pouvez essayer de mettre cela derrière vous, je peux entendre dans vos coeurs que vous ne le pourrez pas, mais sachez au moins que par l'entremise de ce comité, nous pouvons essayer de trouver une solution et de réfléchir à une façon de vous permettre à tout le moins de retrouver une certaine tranquillité d'esprit. C'est pour cette raison que nous sommes ici aujourd'hui.
Encore une fois, merci d'être ici. Ne nous remerciez pas, je vous prie; nous sommes ici pour vous.
J'ai quelques questions, mais je ne veux pas en fait poser de questions. Je veux donner le plus de temps possible à M. Moore et à M. Njoroge de s'exprimer davantage, car ce sont leurs histoires que nous voulons entendre.
Les deux messieurs ont dit qu'ils avaient de vives préoccupations concernant le processus de validation de cet avion et la lettre de Transports Canada qui a été publiée. « La certification aurait dû être déclarée nulle et non avenue » était l'un des extraits.
Monsieur Njoroge ou monsieur Moore, peu importe qui veut intervenir en premier, je vais vous donner beaucoup de temps et je vous cède la parole. Aimeriez-vous ajouter des observations sur la façon dont cet incident a eu une incidence sur votre vie et l'issue que vous aimeriez voir de cette étude? Que voulez-vous que ce comité parvienne à faire?
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Au cours des 20 derniers mois, nous avons eu beaucoup à découvrir et à dévoiler, en voyageant aux États-Unis, en assistant aux audiences du Congrès et du Sénat et en essayant de comprendre et d'apprendre quoi que ce soit au sujet des avions et du système d'aviation.
Nous avons dû apprendre tellement de choses, et c'est l'une des plus grandes difficultés. Nous essayons aussi de faire notre deuil, de vivre notre vie, de travailler et de survivre. Je traverse tellement d'épreuves sur le plan psychologique. Je ne suis plus du tout la même personne que j'étais avant l'écrasement.
Je veux que tout le monde ici sache que lorsque vous vivez une telle épreuve... Comme je l'ai dit dans quelques entrevues, je suis mort à l'intérieur. Je suis une personne totalement différente.
L'idée n'aurait pas dû être de s'empresser de monter à bord d'un avion MAX pour pouvoir profiter de voyages à un coût réduit, car cet avion est censé faire économiser de l'argent aux voyageurs. Ce que Boeing a fait ici essentiellement, c'est d'essayer d'économiser le plus d'argent possible. L'entreprise essayait d'économiser de l'argent grâce à l'efficacité énergétique, mais elle a aussi essayé de négliger la sécurité. Elle a camouflé beaucoup de renseignements. Elle savait que cet avion pouvait potentiellement entraîner un événement catastrophique. Elle le savait, mais elle a pourtant certifié l'avion.
La FAA n'a pas tout compris sur l'avion MAX et les modifications apportées au MCAS, et elle l'a ensuite envoyé à Transports Canada. Nous en savons beaucoup sur ce qui s'est passé aux États-Unis, mais nous ne savons rien, vraiment, de ce qui s'est passé au Canada, et de ce que notre groupe d'aviation civile savait et ne savait pas. Ce n'est que le 12 mars de l'année dernière que nous avons appris qu'il y avait une lettre énonçant des préoccupations qui démontrait une certaine connaissance de ce système et que Transports Canada avait posé des questions à la FAA qui sont restées sans réponse, mais quand la FAA a répondu aux questions, Transports Canada a essentiellement dit qu'il n'adhérait pas à ce qu'elle avait déclaré.
Pourquoi ne pas avoir immobilisé l'avion au sol? La réglementation canadienne en matière d'aviation définit la navigabilité comme étant le fait de s'assurer que l'avion peut voler en toute sécurité, et il est absolument impossible que cet avion pouvait voler en toute sécurité. Les faits sont éloquents, surtout après un premier écrasement. Il aurait dû être maintenu au sol à ce moment-là.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie également M. Njoroge et M. Moore d'être parmi nous.
Je ne sais pas comment commencer. Je comprends très bien votre douleur. La perte d'une vie humaine est la plus grande perte qu'une personne puisse connaître. En tant que mari et père de trois filles, je vous comprends très bien, monsieur Moore. Je vous comprends également, monsieur Njoroge. Je comprends votre douleur, votre souffrance et votre solitude. Ce n'est pas facile.
Cependant, il faut toujours avoir une volonté pour vous-même. Tout ce qu'on peut faire, c'est prier pour leur âme. Par mes pensées et mes prières, je vous accompagne, ainsi que vos familles, vos amis et vos proches.
En tant que parlementaires, nous avons un devoir difficile. Nous devons travailler fort pour répondre à votre question et pour faire connaître la vérité. Pourquoi cela s'est-il produit? Qui est le responsable? Était-il possible de prévenir l'accident?
Monsieur Njoroge, je réalise que vous avez perdu deux personnes chères, dont votre femme. Monsieur Moore, vous avez perdu votre fille. Je me demande si l’on sera capable de trouver la vérité un jour, mais je vous assure que le ministère des Transports et le Comité y travaillent fort. Les experts, les enquêteurs et notre comité déploient des efforts pour en arriver à une réponse nette et claire, pour vous donner une réponse qui vous satisfera.
Quand il y a une réunion du Comité et même quand je dors, la nuit, je pense à vous. Vous savez, cela prend un peu de temps, mais notre but est de vous donner l'heure juste, de trouver les responsables et de faire l'impossible pour qu'un accident pareil ne se produise plus. Vous devez nous faire confiance. Nous serons là pour vous.
En vous présentant à nous plus tôt, vous avez dit savoir ce qui était arrivé aux États-Unis, par exemple. Toutefois, êtes-vous satisfaits des réponses fournies par les États-Unis à nos experts canadiens?
De plus, vous est-il possible de préciser la raison et le but de votre demande d'avoir une enquête privée?
Je vous remercie et j'attends votre réponse.
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Merci, monsieur le président.
Je voudrais d'abord remercier les deux témoins, MM. Moore et Njoroge, d'être parmi nous aujourd'hui.
Cela doit être toute une épreuve de se replonger dans ces moments difficiles, plusieurs mois après les avoir vécus. Les faits se sont produits il y a plus d'un an, et vous êtes devant nous aujourd'hui. Manifestement, votre deuil n'est pas terminé, et avec raison. C'est d'autant plus difficile quand il s'agit de personnes qui sont très proches de nous, comme nos enfants, notre conjoint ou notre conjointe. Peut-être bien qu'on n'en fait jamais tout à fait le deuil non plus.
Encore une fois, merci d'être parmi nous aujourd'hui. J'espère que, grâce à vous, nous serons en mesure de faire avancer encore plus nos connaissances sur l'enjeu du 737 MAX et de trouver ce qui s'est passé à Transports Canada. Nous devons savoir quel est le rôle du gouvernement fédéral dans cette tragédie et s'il a une responsabilité là-dedans. Il est important que tout le monde prenne ses responsabilités dans un enjeu de sécurité comme celui-ci, car des vies sont en cause.
Je suis devenu inquiet tout à l'heure quand vous avez mentionné que, peu de temps après le premier écrasement, le avait dit qu'il embarquerait n'importe quand dans un 737 MAX 8. Lors du passage de et de hauts fonctionnaires devant le Comité, quand nous leur avons demandé s'ils avaient confiance dans le processus de certification de la Federal Aviation Administration, ils nous ont tous répondu qu'ils avaient pleinement confiance dans ce processus.
J'aimerais savoir si vous, de votre côté, avez la même confiance dans le processus de certification de la FAA. De votre point de vue, aurait-on compromis la sécurité des gens pour faire plaisir aux Américains?
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Merci, monsieur le président.
Merci à M. Moore et à M. Njoroge de témoigner devant nous aujourd'hui.
Je suis député depuis peu, et il s'agit des témoignages les plus puissants que j'aie entendus depuis mon arrivée au Parlement. Je tiens à vous remercier d'avoir eu le courage et la force de partager vos histoires avec nous. Je suis de tout cœur avec vous. Je ne sais pas quoi dire, sauf que votre persévérance et votre diligence en vue d'obtenir des réponses profiteront à tous les Canadiens qui voyagent, et à leur famille. Je vous en remercie.
Je me sens interpellé par votre demande en vue d'une enquête publique. J'espère que nous pourrons tous unir nos voix à cette fin.
Nous avons préparé une longue liste de questions. Vous avez déjà répondu à bon nombre d'entre elles. J'aimerais que vous nous parliez des prochaines étapes.
Deux grands enjeux semblent se dégager des témoignages que nous avons entendus. L'un de ces enjeux est la culture d'autoréglementation qui règne chez Boeing et à la FAA, puisque les employés font le travail de l'organisme de réglementation alors qu'ils sont payés par la société. C'est ce qui semble être le principal problème aux États-Unis.
Au Canada, le problème semble avoir trait au processus d'harmonisation, mis en place par le gouvernement le 19 novembre 2018 seulement, à la suite du premier incident. Le gouvernement a voulu accroître l'harmonisation et réduire la participation technique du Canada dans le processus de certification.
Pouvez-vous nous parler de cela un peu plus et nous dire comment vous vous sentez... Le semblait dire qu'il prenait un pas de recul ou qu'il se dégageait de son engagement à l'égard de ce processus. À votre avis, est-ce qu'on devrait adopter une approche complètement différente pour la certification de ces avions?
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Merci, monsieur le président, et bonjour.
Je vais commencer par remercier le Comité de m'avoir invité à comparaître.
J'aimerais aussi remercier les premiers témoins de la journée, M. Njoroge et M. Moore, de leurs observations très importantes. Je leur présente mes condoléances.
Je m'appelle Rob Giguere. Je suis PDG de l'Association des pilotes d'Air Canada.
J'ai un diplôme en génie mécanique, mais j'ai été pilote tout au long de ma vie professionnelle. J'ai également occupé des postes de haut dirigeant à Air Canada et à Skyservice Airlines. Au cours de ma carrière, je me suis qualifié pour piloter un large éventail d'avions, y compris le Douglas DC-8 et le Douglas DC-9; les appareils Airbus 320 et 340; et les Boeing 727 et 737.
J'ai participé directement à la préparation, à la mise en œuvre et à la surveillance de la formation des pilotes lorsque j'étais à Air Canada. De plus, j'ai été détaché auprès d'autres compagnies aériennes pendant ma carrière. Aujourd'hui, en tant que PDG, je suis très fier de représenter l'Association des pilotes d'Air Canada.
J'aimerais dire quelques mots sur nos membres et notre intérêt pour l'appareil 737 MAX.
Lorsque le Comité a envisagé cette étude au début de l'année, c'était avant que les répercussions de la pandémie se fassent ressentir partout dans le monde. À l'époque, notre association représentait 4 500 pilotes actifs d'Air Canada et d'Air Canada Rouge. Aujourd'hui, nous avons environ 3 800 membres actifs et 600 qui ont été mis à pied.
Nos membres pilotent des aéronefs construits par Boeing, y compris les appareils 737, 777, 787, les Airbus 320 et 330 ainsi que le tout nouveau Airbus A220 ultra moderne qui est fabriqué au Canada.
Air Canada compte actuellement dans sa flotte 24 aéronefs Boeing 737 MAX 8, qui ont tous été retirés des vols commerciaux à la suite des consignes d'interdiction de vol du ministère des Transports.
Les activités des transporteurs aériens sont très complexes, et c'est pourquoi les pilotes sont formés et qualifiés pour utiliser un seul type d'appareil à la fois. Nos pilotes de Boeing 737 MAX, au nombre d'environ 400, n'ont pas embarqué de passagers depuis mars 2019, et ils maintiennent leurs compétences au moyen d'une formation périodique limitée sur simulateur.
En tant que pilotes professionnels, notre priorité a toujours été la sécurité de nos passagers, de nos membres d'équipage et de notre aéronef. Nos pilotes bien formés et hautement qualifiés sont la première et la dernière ligne de défense en vue d'assurer l'exploitation sécuritaire d'un avion commercial.
Dans l'ensemble, l'aviation commerciale endure un niveau de sécurité extrêmement élevé en gérant et en atténuant les risques. Ces chiffres généraux sont importants, mais ils n'atténuent en rien les drames qui ont eu lieu, et nos pensées accompagnent toutes les personnes touchées.
En tant que pilotes, nous pensons en particulier à ces vols, aux pilotes qui se sont retrouvés dans une situation où ils avaient peu de temps et peu de connaissances pour trouver la meilleure façon de procéder. Nous devons faire ce qui s'impose face à ces vies perdues.
Tout au long de ma carrière, j'ai été très actif dans le domaine de la sécurité aérienne, et je peux vous dire que tous les pilotes professionnels veulent connaître et comprendre les détails techniques de ces deux accidents pour que nous puissions régler les problèmes et améliorer la sécurité aérienne, non seulement pour les appareils MAX, mais aussi pour l'aviation en général.
Près de deux années se sont écoulées depuis ces accidents, et les organismes de réglementation du monde entier, y compris Transports Canada, ont fait un travail considérable pour en examiner minutieusement les circonstances. Comme nous le savons maintenant, ces deux drames ont révélé des lacunes dans la façon dont ces nouveaux modèles d'aéronefs sont homologués. Ils ont également révélé l'importance cruciale d'inclure des pilotes actifs dans les démarches.
Je vais d'abord parler du processus d'homologation. Après les accidents survenus au début de 2019, l'APAC a demandé à Transports Canada d'entreprendre un examen indépendant du 737 MAX pour évaluer sa navigabilité. Nous sommes heureux que le ait demandé un renouvellement complet de l'homologation de l'appareil au Canada avant qu'il puisse redécoller.
En général, nous sommes très préoccupés par la pratique qui consiste à confier l'homologation des appareils aux fabricants. Elle peut mener à une autohomologation dans laquelle il faut compter sur les fabricants pour prendre des décisions responsables. Les autorités canadiennes de l'aviation ont l'expertise de calibre mondiale nécessaire pour homologuer indépendamment les aéronefs qui décollent chez nous. Nous ne devrions pas nous fier uniquement à ce qui pourrait être un processus réglementaire imparfait d'un autre pays.
À l'avenir, nous ne devrions pas confier en sous-traitance cette tâche essentielle pour assurer la sécurité aux États-Unis ou à d'autres pays, qui peuvent à leur tour confier en sous-traitance à l'industrie des aspects de leur propre surveillance réglementaire.
J'aimerais souligner le travail fait jusqu'à maintenant par Transports Canada pour réexaminer l'appareil 737 MAX. Nous sommes généralement satisfaits du déroulement du processus et nous exhortons le ministère à accroître sa capacité pour désormais examiner ainsi tous les nouveaux aéronefs qui arrivent sur le marché canadien. Cette capacité devrait reposer sur des pilotes ayant une vaste expérience en première ligne de l'industrie.
J'aimerais aussi remercier le de veiller à ce que le processus canadien de renouvellement de l'homologation soit fait très soigneusement.
Deuxièmement, je veux parler de l'importance de faire participer des pilotes au processus, surtout en ce qui a trait à la formation. Les « facteurs humains » — comme nous le disons en aviation — constituent un élément clé de l'équation en matière de sécurité. La prise en considération des facteurs humains permet aux humains et à la technologie de bien fonctionner ensemble. Ce n'est pas qu'une simple question de conception, car la formation, les politiques et les procédures entrent aussi en ligne de compte. C'est particulièrement important compte tenu des systèmes logiciels de plus en plus complexes des aéronefs modernes. Toutes ces avancées aident à apporter des améliorations globales à la sécurité dans le secteur de l'aviation.
Nous devons également bien comprendre les pilotes et leur contexte de travail. Mis à part les problèmes opérationnels liés au 737 MAX, qui semblent avoir été réglés dans une large mesure, nous attirons l'attention sur l'importance de la formation des pilotes de manière générale et plus particulièrement lorsque de nouveaux appareils sont homologués.
Les transporteurs aériens dépensent des sommes considérables pour former les pilotes. Tout au long de leur carrière, les pilotes sont formés à un très haut niveau, qui comprend une formation et une requalification périodiques constantes, ainsi que de la formation lorsqu'ils cherchent à se familiariser avec différents types d'appareils.
L'appareil 737 MAX est une variante d'un aéronef en service depuis de nombreuses années, et les pilotes des appareils 737 déjà en service n'étaient donc pas tenus de suivre une formation approfondie. On ne devrait jamais tourner les coins ronds dans la formation des pilotes.
Je signale que comme Air Canada n'exploitait pas d'appareils 737 avant, la situation de nos pilotes était quelque peu différente, puisque tous les pilotes d'Air Canada ont suivi la formation sur le 737 MAX à l'aide de simulateurs expressément conçus. Air Canada est un de seuls transporteurs aériens au monde à avoir deux simulateurs expressément conçus pour l'appareil 737 MAX. Ce sera utile et important au moment de renouveler l'homologation de l'aéronef au Canada.
Comme je l'ai dit plus tôt, les pilotes professionnels du Canada constituent la première et la dernière ligne de défense en matière de sécurité aérienne. Nous croyons donc qu'il est essentiel que nous ayons notre mot à dire dans le processus réglementaire. C'est important non seulement au nom de notre profession, mais aussi au nom des passagers que nous devons garder en sécurité chaque fois que nous effectuons un vol.
Nous ne devons jamais tenir pour acquis le rôle essentiel que les pilotes jouent dans l'interface homme-machine très complexe que nous retrouvons aujourd'hui dans les avions commerciaux. Nous croyons que des pilotes de première ligne expérimentés devraient faire partie intégrante de l'homologation et de la conception de la formation.
À cette fin, nous sommes heureux que Transports Canada ait inclus des pilotes de ligne actifs au sein du comité conjoint d'évaluation des opérations, le Joint Operations Evaluation Board, dans le cadre du processus de renouvellement de l'homologation. Le ministère a ainsi permis à des pilotes professionnels, qui connaissent bien les contraintes courantes des activités des transporteurs, de participer à l'évaluation.
J'aimerais surtout remercier le directeur général de l'aviation civile de Transports Canada, M. Nick Robinson, et son équipe d'avoir régulièrement consulté des groupes comme le mien, qui représentent les intérêts des pilotes professionnels. C'est une mesure importante, et nous aimerions que les efforts à cette fin soient permanents.
Enfin, lorsque le 737 MAX sera homologué au Canada, il sera important de prendre en considération le rétablissement du processus et sa gestion. Les exploitants doivent lentement et soigneusement remettre en service l'aéronef, en veillant à ce que les normes les plus élevées soient maintenues et respectées. Je ne connais pas l'approche d'autres transporteurs. D'après les séances d'information auxquelles j'ai assisté, Air Canada a toutefois élaborer un plan très prudent et réfléchi pour la réhomologation du 737 MAX et sa remise en service au Canada.
Merci. C'est avec plaisir que j'écouterai vos observations ou que je répondrai à vos questions.
Je m'appelle Tim Perry. Je suis le président canadien de l'Air Line Pilots Association, International, et pilote d'appareils Boeing 737 à WestJet. Je suis pilote professionnel depuis 18 ans.
L'Air Line Pilots Association, International, l'ALPA, vous remercie, au nom de 59 000 pilotes professionnels de 35 transporteurs aériens en Amérique du Nord, dont 16 au Canada, de l'occasion de participer à l'étude du Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités de la Chambre des communes sur le processus de certification des aéronefs au Canada.
Avant de commencer mes observations, je tiens à présenter mes plus sincères condoléances aux familles et aux amis des personnes qui sont décédées dans les accidents d'appareil Boeing 737 MAX, et plus particulièrement à M. Moore et à M. Njoroge, qui ont pris le temps de raconter leur histoire aujourd'hui. J'ai trouvé leur témoignage très émouvant et très important. Je tiens à les remercier.
C'est dans ce contexte que j'offre mes recommandations non seulement pour remettre en service l'appareil MAX, mais aussi pour effectuer les évaluations futures de nouveaux dessins conceptuels et de modifications aux dessins existants.
En mars, lors du témoignage du directeur général de l'aviation civile de Transports Canada, M. Nicholas Robinson, et du directeur de la Certification nationale des aéronefs, M. David Turnbull, vous avez entendu leur point de vue sur le rôle des pilotes de ligne dans le processus d'homologation pour la mise en service au Canada d'un nouvel aéronef ou d'un aéronef dérivé fabriqué au Canada, et dans le processus de validation d'un aéronef fabriqué et homologué à l'étranger. Ils ont également donné de l'information sur le rôle des pilotes de ligne dans les efforts déployés pour remettre en service au Canada le Boeing 737 MAX.
Pendant mon exposé, je vais mettre l'accent sur la nécessité d'officialiser davantage la participation de pilotes de ligne actifs aux travaux de Transports Canada. Je vais aussi attirer l'attention sur les compétences uniques d'ALPA qui lui permettraient d'être une principale source d'expertise auprès de Transports Canada dans son évaluation.
Lorsqu'un aéronef est mis en service, que ce soit un nouvel aéronef ou un aéronef dérivé conçu au Canada ou dans un autre pays, l'ALPA offre son expertise pour examiner les besoins en matière de formation et les besoins opérationnels du point de vue de pilotes qui connaissent bien ce type d'appareil, ou un type similaire, afin d'évaluer les procédures opérationnelles dans un simulateur et en vol lorsque c'est nécessaire. Je vais les appeler les pilotes de ligne.
Les pilotes de ligne de l'ALPA se posent et décollent dans environ 700 aéroports partout dans le monde, dans toutes les conditions météorologiques. Aucune organisation ne représente des employés qui travaillent dans un environnement aussi diversifié de conditions.
Les pilotes de Transports Canada ont certainement un rôle clé à jouer dans l'homologation, compte tenu de leur expérience et de leur formation en matière d'essais en vol pour s'assurer que toutes les étapes du processus d'homologation sont respectées, mais au bout du compte, ce sont les pilotes de ligne qui doivent être adéquatement prêts et formés pour gérer la maniabilité et les urgences possibles. Par conséquent, les systèmes et les procédures devraient être évalués par des pilotes de ligne pour assurer le caractère adéquat de la formation. C'est ici que l'ALPA peut jouer un rôle clé.
L'ALPA possède des compétences uniques pour deux raisons. Premièrement, c'est la principale organisation non gouvernementale de son genre dans le monde. Contrairement à de nombreuses autres organisations de pilotes, nous avons un grand nombre de pilotes de ligne actifs qui se spécialisent dans différents aspects de l'aviation et qui sont regroupés par discipline au sein de notre organisation de sécurité aérienne.
Parmi les groupes pertinents dans le cadre de votre étude se trouvent celui de la conception et du fonctionnement des aéronefs et celui des facteurs humains et de la formation. Les pilots spécialisés de ces deux groupes reçoivent un soutien à temps plein du personnel professionnel de l'ALPA.
L'ALPA fournit des ressources considérables à l'Air Safety Organization afin de lui permettre de travailler avec des fabricants et des organismes de réglementation pour s'assurer que les avions de ligne et les avions-cargos sont conformes à l'esprit des normes et des règlements fédéraux et internationaux applicables; que les normes d'homologation des dessins conceptuels et d'exploitation évoluent au même rythme que l'industrie; et que les nouveaux dessins conceptuels offrent un niveau de sécurité équivalent au moins à celui des modèles précédents. Sur demande, nous pouvons fournir au Comité de plus amples renseignements sur l'Air Safety Organization au Comité.
Un deuxième aspect qui distingue les pilotes de l'ALPA de ceux des pilotes d'essai du gouvernement qui prennent part au processus d'homologation, c'est que nos pilotes offrent un point de vue utile qui ne peut provenir que de personnes qui participent actuellement aux activités quotidiennes des transporteurs aériens.
En réponse à une question sur le rôle joué par les associations de pilotes dans le processus d'homologation, M. Turnbull a dit qu'ils ne participent habituellement pas à une étape ultérieure, celle de l'évaluation opérationnelle. Il a dit que lorsque les évaluateurs de l'organisme de réglementation rencontrent des problèmes pendant le processus, ils peuvent choisir des candidats naïfs, qui sont parfois pilotes de ligne, pour évaluer les besoins de formation proposés dans un simulateur.
D'après notre expérience, la participation des pilotes de ligne dans le processus d'homologation et de validation relève beaucoup plus de l'exception que de la règle.
Je recommande d'accorder une plus grande place à la participation de l'ALPA aux efforts d'homologation et de validation.
À propos de la remise en service des appareils MAX, M. Robinson a insisté sur l'importance de la participation des associations de pilotes. Il veut que les représentants des associations soient aux côtés du ministre lorsqu'il aura la certitude que les appareils pourront reprendre du service. Il cherche également à ce qu'un total de deux représentants des associations de transporteurs et de pilotes participent aux travaux du Joint Operational Evaluation Board, le JOEB.
Nous sommes heureux...
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Je remercie tout le monde.
Tout d'abord, au nom de tout l'équipage de cabine que je représente au sein du Syndicat canadien de la fonction publique, ou SCFP, je tiens à exprimer nos plus sincères condoléances aux personnes qui ont été touchées par la tragédie d'Ethiopian Airlines, et plus particulièrement aux familles des victimes.
Mon rôle consiste à représenter les intérêts en matière de santé et de sécurité de l'équipage de cabine qui monte à bord des avions jour après jour, et de travailler sans relâche pour qu'ils soient pris en compte. Les passagers et l'équipage de cabine embarquent dans les avions, après quoi ils rentrent chez eux auprès de leur famille et de leurs proches. Ils sont convaincus de pouvoir compter sur ceux qui fabriquent les appareils et sur l'organisme de réglementation qui approuve leur aptitude au vol. Ils croient que tous les aspects relatifs à la sécurité, qu'ils soient petits ou grands, ont été pris en compte.
Ce qui s'est passé avec le 737 MAX est évidemment fort inquiétant, mais nous observons des tendances similaires à tous les niveaux: des constructeurs d'aéronefs privilégient la rentabilité au détriment de la sécurité, et des manquements passent sous le radar des organismes de réglementation ou sont ignorés. Nous l'avons constaté au cours des deux dernières années avec l'arrivée de nouveaux avions.
Puisque nous travaillons dans la cabine de l'aéronef, je m'attarderai aujourd'hui à ce qui peut arriver aux systèmes et aux dispositifs de sécurité essentiels dans la cabine lorsqu'on privilégie la rentabilité.
Il y a quelques années, j'avais dit à votre comité que les lois nécessitent souvent des pierres tombales: dans le domaine de l'aviation, il faut souvent une tragédie pour changer ou améliorer les choses.
Le SCFP n'en est pas à sa première tragédie se rapportant aux systèmes de cabine d'un aéronef. Le vol 1363 d'Air Ontario s'est écrasé le 10 mars 1989 à Dryden, en Ontario. Nous avons un membre de l'équipage de cabine qui a perdu la vie parce que les strapontins en cabine n'avaient pas de courroies d'épaules à l'époque.
Le vol 797 d'Air Canada a atterri à Cincinnati le 2 juin 1983 à la suite d'un horrible incendie en cabine. La tragédie a démontré l'importance de ne pas négliger la cabine de l'aéronef sur le plan de la sécurité. Elle a donné lieu à l'installation de circuits d'oxygène, d'un éclairage de secours, de détecteurs de fumée, d'équipement de protection contre la fumée pour les agents de bord, d'équipement de lutte contre les incendies à bord, et j'en passe.
Au cours des deux dernières années, de grandes lacunes en matière de sécurité ont été mises au jour puisque personne n'a consulté nos professionnels, c'est-à-dire l'équipage de cabine qui travaille dans cet espace. Dans le cas du 737 MAX, les compagnies aériennes se sont fait proposer une option d'aménagement intérieur qui maximise le nombre de sièges au détriment des toilettes fonctionnelles, des offices et, surtout, des strapontins pour l'équipage de cabine. Dans la partie arrière, l'office est tellement restreint que les passagers ne peuvent pas accéder aux toilettes sans que les agents de bord se lèvent de leurs strapontins, ou que le passager rampe ou leur grimpe dessus. Imaginez les problèmes de sécurité qui peuvent survenir en cas de turbulences.
L'espace d'office étroit empêche l'installation d'un deuxième strapontin dans la partie arrière droite, comme c'est le cas dans d'autres aménagements de cabine. Je le répète, où doivent aller les membres de l'équipage de cabine en cas de turbulences soudaines qui, selon l'industrie, sont un nouveau danger attribuable aux changements climatiques?
Ce sont ces personnes qui vous aideront à descendre de l'avion en cas d'accident.
Les toilettes de cet aéronef ont la réputation d'être si étroites que lorsque les passagers se lavent les mains, une grande quantité d'eau atterrit au sol en raison des éviers minuscules.
L'eau est un danger connu à bord, et la formation de l'équipage de cabine mentionne les risques attribuables aux fuites d'eau dans les offices.
Il est inacceptable qu'un avion ait littéralement été conçu avec un tel problème dans le but d'y ajouter quelques sièges. Cet avion a été certifié par la Federal Aviation Administration des États-Unis, ou FAA, mais il a été acheté et piloté par des transporteurs canadiens. Comment notre organisme de réglementation a-t-il pu permettre une telle chose? Était-il même au courant de ces problèmes? Dans le cas contraire, comment est-ce possible? Ces éléments peuvent sembler mineurs, mais ils sont importants.
Dans le cas du Airbus A220, un avion conçu et certifié au Canada, parmi les options d'aménagement qui sont proposées aux compagnies aériennes, certaines omettent des équipements de sécurité importants, ou incluent des équipements dont l'utilisation est beaucoup trop difficile.
Le strapontin arrière vient en option coulissante, et il a tendance à se bloquer. De plus, si on appuie accidentellement sur certains interrupteurs dans le mauvais ordre, il ne se verrouille pas en place et n'assure pas la sécurité de l'occupant.
Ce qui est peut-être le plus inquiétant, c'est que le strapontin ne peut pas être utilisé si le matériel d'office fait obstacle, ce qui est une menace courante puisqu'il se trouve dans le même cadre que les chariots de repas à bord.
Le combiné du strapontin arrière qui sert aux communications d'urgence est dans une position totalement inaccessible pour la plupart des occupants, à moins que les courroies d'épaules ne soient détachées. Vous vous souviendrez qu'un de nos membres a perdu la vie à cause d'un problème de bretelles ou de l'absence de bretelles. Voilà qui pourrait donner lieu à un scénario dangereux où un membre de l'équipage de cabine devrait choisir entre les communications d'urgence et sa propre sécurité.
Lorsque je leur ai demandé comment une telle chose avait pu être approuvée par Transports Canada, les fonctionnaires auxquels j'ai parlé n'ont pas pu me répondre. Nous n'avons jamais eu de leurs nouvelles sur cette question.
Même s'il y a amplement de place pour ajouter des strapontins à l'arrière de cet avion, il a été approuvé pour être vendu aux transporteurs avec un seul strapontin coulissant. Ce n'est rien d'autre qu'une mesure classique visant à réduire les coûts.
Aucun autre strapontin n'est disponible à l'arrière de l'avion en cas de turbulences soudaines. De plus, si un strapontin devient inutilisable, une personne se retrouvera sans siège.
Par ailleurs, le SCFP se préoccupe grandement de la qualité de l'air dans la cabine, ce qui touche l'équipage tant à l'avant qu'à l'arrière de l'appareil. Dans le Règlement de l'aviation canadienne, l'article 525.831 du chapitre sur le manuel de navigabilité exige que même en cas de panne probable et attendue, le système de ventilation fournisse « une quantité suffisante d'air frais pour permettre aux membres d'équipage d'effectuer leur tâche sans inconfort ou fatigue exagérée. » L'article dit également que « l'air des compartiments équipage et passagers ne doit pas renfermer des concentrations nocives ou dangereuses de gaz ou de vapeur. »
Chose étonnante, malgré la possibilité que divers contaminants susceptibles de causer des malaises, de la fatigue et des maladies pénètrent dans la cabine des avions commerciaux, un seul gaz est cité ici: l'oxyde de carbone. Pourtant, dans la version anglaise, les termes « gases » et « vapours » sont au pluriel. Certains pourraient être encore plus surpris d'apprendre qu'aucun détecteur de monoxyde de carbone n’est installé dans les cabines, même si ces articles se trouvent encore dans le règlement.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, bonjour.
Lorsque j'ai témoigné devant votre comité le 10 mars dernier, vous m'aviez alors demandé de soumettre mes conclusions. Je l'ai fait en toute confidentialité, en souhaitant donner à Boeing une chance équitable de répondre aux questions. J'avais envoyé aux responsables un document de 44 pages qui comptait alors 24 grandes questions. Après presque neuf mois, je peux vous dire aujourd'hui qu'ils n'ont répondu à aucune d'entre elles et qu'ils n'ont même pas essayé de communiquer avec moi. C'est décevant, mais pas surprenant, étant donné qu'ils n'avaient même pas répondu à l'invitation du Comité à comparaître à cette séance du 10 mars dernier.
À la suite de mon premier témoignage, j'ai examiné le rapport provisoire sur le second écrasement, ainsi que toute la documentation de la FAA en vue de la levée des restrictions. Seuls quelques éléments mineurs parmi mes grandes questions ont obtenu une réponse. Par ailleurs, ma liste compte désormais 37 questions plutôt que 24. Le 21 septembre, j'ai mis toutes mes observations en ligne sous la forme de sept pièces jointes téléchargeables. Il s'agit du commentaire sur le numéro de série 172 du site de la FAA. Voici les points saillants de mes constatations cumulées.
Des consignes de navigabilité urgentes ont été publiées à la suite du premier écrasement. Elles ont privé les transporteurs aériens et les équipages de deux des quatre étapes essentielles et logiques qui permettent d'exécuter une commande du système de stabilisation en vol destiné à éviter un décrochage de l'avion, ou MCAS. D'une part, il y a les volets. S'ils ne sont pas complètement fermés, le MCAS est désactivé. D'autre part, la prochaine commande du MCAS devait arriver cinq secondes après la fin de la précédente. Si l'équipage du vol ET 302 avait été au courant de ces deux choses, leurs chances de récupération auraient été bien meilleures. Si vous avez des doutes à ce sujet, n'hésitez pas à me poser la question tout à l'heure.
La flotte d'avions aurait dû rester au sol après le premier écrasement. De nombreux arguments ont été entendus à ce sujet. À mon avis, le plus important est que d'après le rapport préliminaire sur le premier écrasement, l'information contenue dans l'enregistreur de données de vol montrait clairement un comportement vraiment très anormal du MCAS, mais aussi du compensateur du stabilisateur. Une autre chose dont on parle moins, c'est qu'il y a un précédent: le Falcon 7X de Dassault Aviation. Toute cette flotte a été clouée au sol à la demande de l'avionneur, et non pas des autorités, après un incident impliquant le système de compensation en tangage qui n'a même pas fait de victime. En fait, personne dans le secteur ne devrait faire de concessions sur ce système depuis l'accident du vol 261 d'Alaska Airlines en 2000.
Lors de mon premier témoignage, j'avais également recommandé des modifications à apporter à la réglementation. Je ne vais pas les répéter aujourd'hui. Nous pourrons en discuter plus tard.
Voici les arguments techniques dont je veux parler et qui n'ont rien à voir avec le MCAS.
Le système de compensation en tangage du 737 MAX est une technologie obsolète des années 1960. Son principal défaut est la présence d'un seul moteur électrique pour l'actionneur du mouvement du stabilisateur horizontal. Tous les autres avions comparables qui sont actuellement en service ont deux moteurs, voire trois dans certains cas. L'incident du vol 1245 de WestJet qui est survenu le 1er décembre 2018 — c'est-à-dire entre les deux écrasements — devrait être revu pour cette raison. Vous pourrez me demander plus de détails lors des questions.
Le 737 compte sur l'équipage pour prendre le relais de l'unique moteur électrique de cet actionneur essentiel. Il existait même autrefois une procédure appelée la « manœuvre des montagnes russes » qui n'est plus en vigueur, mais qui visait à remédier au fait que ce système est inacceptable par manque de redondance.
Puisque tous ces arguments sont difficiles à comprendre pour la population, permettez-moi de faire une analogie. Est-ce qu'un d'entre vous achèterait et conduirait aujourd'hui une voiture sans direction assistée? L'obsolescence du système pose également des problèmes puisqu'il n'utilise pas les dernières technologies pour éviter les décrochages, un phénomène que j'ai observé pour les deux vols. De plus, il ne possède probablement pas tous les dispositifs contemporains de surveillance de sécurité que nous installons normalement sur un tel système.
En comparant avec le dispositif de surveillance d'un autre avion, je démontre que le décrochage du ET 302 aurait été très facile à déceler et à désactiver.
Parlons un peu du premier écrasement. J'ai vu...
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Ma question s'adresse à M. Primeau.
Dans le contexte des problèmes qu'on a vus concernant le 737 MAX 8 et le processus américain de certification, on a constaté que la déficience du processus avait des conséquences non seulement sur les Américains, mais aussi sur les gens d'ici.
Plus tôt cette année, lors de son témoignage devant notre comité, M. Turnbull, un haut fonctionnaire qui travaille à la certification des aéronefs, a dit qu'aucun problème n'avait été détecté. Je ne trouve pas cela normal. Plus tard, on a vu que certains pilotes de Transports Canada auraient envoyé en 2016 des notes signalant qu'ils avaient en fait détecté des problèmes.
Pourtant, il n'y a pas eu de volonté, du moins pas de la part du gouvernement, de montrer patte blanche. J'ai l'impression qu'on a voulu dire que le gouvernement n'avait rien à se reprocher, que tout était parfait, alors que ce n'était manifestement pas le cas.
Pour moi, l'accident du 737 MAX 8 révèle une chose. En fait, cela va au-delà de cet accident, mais cela révèle une chose: nos responsables de la réglementation ont potentiellement mis en danger la vie des pilotes et des passagers par leur complaisance en matière de supervision. Est-ce que vous êtes d'accord là-dessus? Qu'avez-vous à dire à ce sujet?