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Bonjour à tous. C'est un plaisir d'être ici en ce beau jeudi.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à tous et à chacun d'entre vous à la 37e réunion du Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités de la Chambre des communes.
La réunion d'aujourd'hui se déroule dans un format hybride, conformément à l'ordre de la Chambre du 25 janvier 2021. Les délibérations seront affichées sur le site Web de la Chambre des communes. Comme vous le savez, la diffusion Web montrera toujours la personne qui parle plutôt que l'ensemble du Comité.
Pour assurer le bon déroulement de la séance, j'aimerais énoncer quelques règles à suivre.
Premièrement, les membres et les témoins peuvent s'exprimer dans la langue officielle de leur choix. Des services d'interprétation sont disponibles pour cette réunion, et vous avez le choix, au bas de votre écran, entre le parquet, l'anglais ou le français. Quant aux membres qui participent en personne, faites comme d'habitude lorsque tout le Comité se réunit en personne ou dans une salle de comité. N'oubliez pas les directives du Bureau de régie interne sur le port du masque et les protocoles sanitaires.
Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous nomme. Si vous participez à la réunion par vidéoconférence, veuillez cliquer sur l'icône du microphone pour activer votre micro. Pour ceux qui sont dans la salle, votre microphone sera contrôlé par l'agent des délibérations et de la vérification.
Je vous rappelle que toutes les observations des membres et des témoins doivent être adressées à la présidence. Lorsque vous n'avez pas la parole, veuillez désactiver votre micro.
Pour ce qui est de la liste des intervenants, le greffier du Comité et moi-même ferons notre possible pour conserver l'ordre d'intervention de tous les membres, qu'ils participent virtuellement ou en personne.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mardi 23 mars 2021, le Comité se réunit aujourd'hui pour commencer son étude sur la réponse du gouvernement à la tragédie du vol 752 d'Ukraine International Airlines.
Permettez-moi maintenant d'accueillir et de présenter nos témoins.
Tout d'abord, nous accueillons l'honorable Ralph Goodale. Nous sommes heureux de le revoir. M. Goodale est le haut-commissaire du Canada au Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord, et conseiller spécial du sur le vol PS752.
Nous accueillons également M. Aidan Fishman, conseiller juridique de la Coalition canadienne contre le terrorisme. Du Bureau canadien d'enquête sur les accidents de transport et de la sécurité des transports, nous accueillons Mme Kathleen Fox, présidente, Mme Natacha Van Themsche, directrice, Enquêtes aéronautiques, et M. Ewan Tasker, gestionnaire, Opérations internationales et enquêtes majeures.
Nous recevons également M. Jeff Yaworski de l'Équipe d'examen et d'évaluation médicolégale du Bureau du Conseil privé.
Ces témoins seront avec nous de 15 h 30 à 16 h 45.
De 16 h 45 à 17 h 30, nous accueillerons M. Hamed Esmaeilion, le président et porte-parole de l'Association of Families of Flight PS752 Victims, ainsi que M. Amirali Alavi et M. Kourosh Doustshenas, deux représentants. Si je n'ai pas prononcé ces noms correctement, je m'en excuse.
Cela dit, nous allons commencer à entendre nos témoins.
Nous allons accorder cinq minutes à chaque témoin puisque nous en avons plusieurs, et que je suis convaincu que vous avez hâte de poser des questions.
Nous allons commencer, mais je voudrais souligner que lorsque je lève la main, cela veut dire qu'il vous reste une minute.
Sur ce, j'invite l'honorable Ralph Goodale à commencer. Je vous souhaite de nouveau la bienvenue, monsieur Goodale. Vous avez la parole pour cinq minutes.
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Monsieur le président et membres du Comité, je vous remercie beaucoup.
Je vous parle aujourd'hui depuis Cornwall, au Royaume-Uni, où les dirigeants du G7 se réunissent cette fin de semaine pour leur sommet annuel. En dépit de ces activités, je suis très heureux de participer à cette importante discussion sur l'horrible comportement de l'Iran, qui a abattu le vol PS752 d'Ukraine International Airlines et tué un grand nombre d'innocents, dont plusieurs avaient des liens avec le Canada.
Au début de l'année dernière, le m'a demandé de l'aider à préparer la réponse du gouvernement. J'ai commencé ce travail le 31 mars 2020, et j'y travaille encore aujourd'hui parallèlement mes fonctions de haut-commissaire du Canada au Royaume-Uni.
On m'a demandé de faire trois choses. La première était d'aider les ministres et les fonctionnaires à répondre aux innombrables besoins des familles endeuillées des victimes. La deuxième était de répertorier les pratiques exemplaires à mettre en oeuvre en réponse à des tragédies de ce genre, afin que l'information soit facilement disponible pour faciliter les réactions à d'autres crises. La troisième était de présenter des suggestions sur la manière dont le monde pourrait éviter que de telles circonstances ne se reproduisent.
Dans le cadre de ce travail, j'ai plusieurs fois consulté les familles. Elles sont courageuses, débrouillardes, perspicaces, d'une gentillesse indéfectible, généreuses, bien informées et avisées. J'ai également écouté des familles qui ont perdu des êtres chers lors d'autres catastrophes aériennes internationales, comme l'attentat à la bombe contre le vol 182 d'Air India et l'écrasement du MAX 8 du vol 302 d'Ethiopian Airlines.
J'ai aussi consulté plus de 15 ministères et organismes du gouvernement du Canada et un groupe d'experts externes de haut calibre, notamment les professeurs Payam Akhavan, Thomas Juneau et Craig Forcese. Je me suis entretenu avec des responsables néerlandais de la longue réponse opiniâtre des Pays-Bas à l'attaque de 2014 contre le vol MH17 de Malaysian Airlines, au-dessus de la frontière russe.
Les résultats de ces travaux ont été publiés en décembre dernier dans mon rapport intitulé Vol PS752: Le long chemin vers la transparence, la responsabilité et la justice.
Permettez-moi d'en résumer quelques points principaux.
Premièrement, parlons du titre du rapport. Pourquoi le chemin est-il si long? La réponse repose sur la nature vaste, complexe et multinationale de cette tragédie, au dédale compliqué de conventions et de pratiques internationales dans lequel il faut naviguer de façon précise, aux rôles restreints d'organisations comme l'OACI et à la terrible intransigeance de l'Iran. Entre autres choses, j'ai recommandé que d'importants changements soient apportés au cadre juridique international afin que les pays coupables ne soient pas chargés d'enquêter sur les tragédies qu'ils ont eux-mêmes causées.
Deuxièmement, je crois que l'Iran a géré cette tragédie de manière délibérément évasive et trompeuse. Au cours des premières 72 heures, l'Iran a nié toute implication de l'État ou de l'armée, alors qu'elle savait que c'était faux. Après avoir reconnu que la destruction de PS752 découlait d'une intervention militaire, l'Iran a refusé de mener une enquête transparente et exhaustive sur cette intervention militaire. Les Iraniens ont également ignoré des dizaines de questions cruciales que le Canada et le monde entier ont posées.
Troisièmement, en plus de se voir refuser des réponses complètes et honnêtes, les familles ont été traitées de manière odieuse par l'Iran. Dans certains cas, les effets personnels de leurs proches ont été vandalisés, perdus ou volés. Les funérailles et les services commémoratifs ont été entravés ou dénaturés. Les familles ont été la cible d'intimidation et de harcèlement. De tels comportements abusifs sont tout simplement inexplicables et impardonnables.
Quatrièmement, je crois que l'Iran a fait preuve d'incompétence évidente. Nous le constatons par son évaluation des risques profondément erronée selon laquelle l'espace aérien était parfaitement sûr à Téhéran ce matin-là. Les Iraniens ont été irresponsables. Nous le constatons par la décision scandaleuse de maintenir cet espace aérien ouvert malgré leurs récentes frappes de missiles sur l'Irak et le fait qu'ils s'attendaient à des représailles. L'Iran a fait preuve d'un mépris total pour la vie humaine. Nous le constatons par sa décision de ne pas prévenir les transporteurs aériens commerciaux que des hostilités étaient en cours. Ces transporteurs aériens étaient en fait surveillés par les opérateurs de missiles du Corps des gardiens de la révolution islamique iranienne, qui avaient le doigt sur la gâchette.
Cinquièmement, l'Iran a fait preuve d'une attitude d'impunité, totalement dissociée de remords et de responsabilité à l'égard de sa conduite fatale. Les Iraniens ont rasé le site de l'écrasement en quelques heures seulement. Ils ont retardé le téléchargement des boîtes noires pendant des mois. Aujourd'hui encore, ils affirment que s'ils devaient refaire leur évaluation des risques erronée, leur conclusion serait la même. Ils ont présenté un rapport de sécurité tardif et incohérent qui ne contient aucune preuve tangible, et leur enquête criminelle reste secrète et hypothétique.
Oui, les familles devraient être indignées, tout comme l'ensemble de la communauté internationale. On ne nous a pas dit la vérité, toute la vérité et rien que la vérité, et sans cela, personne ne peut ou ne devrait se sentir en sécurité dans le ciel toujours dangereux de l'Iran.
Je vous remercie de votre attention.
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Merci, monsieur le président.
C'est un honneur pour moi de témoigner aujourd'hui devant votre Comité au nom de la Coalition canadienne contre le terrorisme, également connue sous le nom de C-CAT. La C-CAT a été fondée par des victimes canadiennes du terrorisme en 2004. Il s'agit d'un groupe de recherche et d'élaboration de politiques non partisan engagé envers la recherche des stratégies juridiques et publiques novatrices pour lutter contre le terrorisme et l'extrémisme.
Le 8 janvier 2020, le vol PS752 d'Ukraine International Airlines a été abattu en vol par des membres du Corps des gardiens de la révolution islamique, ou le CGRI. Cent soixante-seize personnes ont été assassinées, dont environ 55 citoyens canadiens et 138 personnes en route vers le Canada. Il s'agit de la deuxième attaque terroriste la plus meurtrière de l'histoire contre des Canadiens, après l'attentat à la bombe contre Air India en 1985. En fait, plus de Canadiens sont morts à bord du vol PS752 que lors des événements du 11 septembre 2001.
Il y a presque trois ans aujourd'hui, la Chambre des communes adoptait par une très forte majorité une motion demandant au gouvernement du Canada de désigner immédiatement le CGRI comme une entité terroriste inscrite sur la liste du Code criminel. Le 20 mai de cette année, la Cour supérieure de justice de l'Ontario a rendu une décision dans laquelle elle a conclu que le CGRI avait commis un acte terroriste intentionnel en abattant le vol PS752.
Après ma déclaration, monsieur le président, j'aimerais remettre une copie de cette décision au Comité conformément à la procédure à suivre.
La C-CAT appuie fermement les victimes de cette atrocité et les membres de leurs familles, et croit que la meilleure façon immédiate et concrète de faire preuve de solidarité à leur égard est de désigner le CGRI comme une entité terroriste, conformément à la volonté de la Chambre des communes. Considérant les faits que j'ai exposés, nous croyons qu'il revient à toute personne qui s'oppose à cette mesure de justifier son opposition. Cependant, je voudrais aborder quelques points qui ont été soulevés par certains opposants.
Tout d'abord, certains ont dit que cela n'était pas nécessaire parce que la Force Qods, qui est la branche des opérations externes du CGRI, est déjà inscrite sur la liste des entités terroristes. Cependant, la résolution de la Chambre demandait explicitement que le CGRI dans son ensemble soit inscrit sur la liste, et cette résolution a été adoptée alors que la Force Qods était déjà inscrite sur la liste. De toute évidence, l'intention était d'inscrire l'ensemble du CGRI.
Deuxièmement, le récent jugement du tribunal de l'Ontario dont j'ai parlé a conclu que le CGRI en Iran, et non particulièrement la Force Qods, étaient responsables de cet acte de terrorisme. Le gouvernement devrait respecter cette décision judiciaire.
Enfin, dans d'autres cas, le Canada a rejeté à juste titre la distinction artificielle entre les différentes ailes d'une même organisation dans le cas d'entités terroristes inscrites, notamment le Hamas et le Hezbollah. Il n'y a aucune raison de ne pas suivre ce précédent pour le CGRI.
[Difficultés techniques]… dit que le CGRI ne peut pas ou ne devrait pas être inscrit sur la liste des entités terroristes, parce qu'il fait partie des forces armées d'un État, c'est-à-dire l'Iran, mais en réalité, cela ne peut pas être un véritable obstacle. Comme je l'ai dit, la Force Qods qui fait partie du CGRI est déjà inscrite sur la liste, ce qui signifie qu'elle fait également partie de l'appareil d'État.
De plus, l'Iran lui-même est déjà désigné comme un État qui soutient le terrorisme selon la Loi sur l'immunité des États. De plus, pour donner un autre exemple, le Hamas n'a pas été retiré de la liste des entités terroristes désignées après qu'il ait remporté les élections palestiniennes en 2006 et commencé à faire partie du gouvernement palestinien. C'est également le cas du Hezbollah, qui fait partie du gouvernement libanais depuis plusieurs années.
En fait, il serait tout à fait illogique que le fait de faire partie de l'appareil de l'État empêche d'une façon ou d'une autre le Canada de reconnaître un groupe comme une entité terroriste. Si c'était le cas, cela encouragerait des pays comme l'Iran à intégrer des intermédiaires terroristes dans l'appareil d'État, ce qui va à l'encontre de ce que nous devrions voir se produire.
Pour conclure, la C-CAT soutient qu'aucun des arguments contre l'inscription du CGRI à titre de groupe terroriste, conformément à la décision du tribunal et à la volonté de la Chambre des communes, ne tient la route. Nous croyons que le gouvernement devrait agir et désigner le CGRI comme entité terroriste le plus rapidement possible.
Merci.
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Merci. Bonjour, monsieur le président et membres du Comité.
Je serai la seule à parler au nom du Bureau de la sécurité des transports du Canada, ou le BST, dans le cadre de la déclaration préliminaire.
Je vous remercie de nous donner l'occasion de vous parler aujourd'hui de notre rôle dans l'enquête sur la sécurité menée par l'Iran sur la destruction du vol 752 d'Ukraine International Airlines.
Depuis le matin de cet événement tragique qui a causé la mort de tant de Canadiens et d'autres personnes ayant des liens avec le Canada, nous nous sommes engagés à faire tout ce que nous pouvions pour découvrir ce qui s'était passé et pourquoi, et ce qu'il fallait changer pour empêcher une telle tragédie de se reproduire.
Dans le cas d'enquêtes internationales sur la sécurité, l'annexe 13 de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) régit les rôles des pays participants, et stipule entre autres quel État a le droit de mener l'enquête. Elle stipule également quels autres États peuvent participer à l'enquête et dans quelle mesure. Il convient de noter que le but d'une enquête sur la sécurité n'est pas d'attribuer de blâme ou de déterminer les responsabilités civiles ou pénales.
Dès le départ, l'Iran a offert au BST un accès plus important à ses activités d'enquête que ce à quoi nous avions techniquement droit, mais qui fut tout de même moins important que ce que nous avions demandé. Par exemple, deux enquêteurs du BST ont passé six jours à Téhéran après l'écrasement. L'un d'entre eux est avec nous aujourd'hui.
[Français]
En juillet dernier, notre expert et un spécialiste des enregistreurs de vol du Bureau de la sécurité des transports du Canada, le BST, ont assisté à la lecture des enregistreurs de vol de l'aéronef à Paris.
[Traduction]
De plus, au début du mois de février dernier, l'Ukraine nous a demandé de lui apporter une aide technique, ce qui nous a permis de prendre connaissance de l'ébauche du rapport d'enquête à des fins d'examen et d'observations.
Tout au long de ce processus, nous avons demandé expressément à l'Aircraft Accident Investigation Board de l'Iran de répondre à trois questions importantes:
Premièrement, quelle était la chronologie des événements, notamment quels étaient les facteurs techniques, humains et organisationnels qui ont mené au lancement des missiles qui ont abattu le vol PS752?
Deuxièmement, pourquoi l'espace aérien iranien est-il demeuré ouvert pendant une période d'alerte militaire accrue?
Enfin, pourquoi les transporteurs aériens civils ont-ils poursuivi leurs activités dans l'espace aérien iranien au cours des heures qui ont suivi le lancement de missiles vers l'Iraq?
En mars dernier, nous avons présenté au public notre point de vue sur la façon dont ces trois questions ont été abordées dans le rapport final.
L'Iran a conclu que le vol PS752 a été abattu parce qu'une unité de défense aérienne a pris l'avion B737 pour une menace. Cette méprise aurait été causée par un mauvais alignement du radar du lance-missile. Par contre, l'Iran n'a produit aucune preuve pour appuyer ce scénario.
Quant à savoir pourquoi l'espace aérien est demeuré ouvert, l'Iran explique en termes généraux le processus d'évaluation du risque et les mesures limitées d'atténuation prises par ses autorités civiles, en coordination avec les autorités militaires, à la suite du lancement de missiles vers l'Iraq. L'Iran n'a toutefois pas complètement fermé son espace aérien aux aéronefs civils.
Enfin, l'Iran n'a publié aucun avis, comme le recommande l'OACI, pour mettre en garde les exploitants aériens contre les dangers associés à la période d'alerte militaire accrue en Iran, avant que le vol PS752 soit abattu.
Par ailleurs, Ukraine International Airlines ne fut pas le seul transporteur aérien à poursuivre ses activités après que l'Iran eut lancé des missiles vers l'Iraq; huit autres appareils ont quitté Téhéran avant que la destruction du vol PS752.
Nous sommes d'avis que le rapport d'enquête final de l'Iran soulève plus de questions qu'il n'y répond. Il n'explique aucun des facteurs sous-jacents à l'origine du lancement des missiles vers le vol PS752, la cause déclarée de cette tragédie.
[Français]
En bref, le rapport indique ce qui s'est produit, mais il n'explique pas pourquoi cet événement s'est produit.
[Traduction]
Nous savons que cet événement a été très difficile à vivre pour les familles. En fin de compte, aucun rapport d'enquête sur la sécurité ne pourra jamais rendre les vies perdues.
De nombreuses préoccupations ont été soulevées à l'égard des protocoles internationaux qui régissent ces enquêtes sur la sécurité très particulières touchant des activités militaires, en particulier le fait que l'État d'occurrence mène une enquête sur lui-même.
Maintenant que cette enquête sur la sécurité est terminée, le BST poursuit son engagement à demander un examen des dispositions de l'annexe 13 de l'OACI afin que les familles touchées et le public puissent avoir confiance en les constatations et les recommandations découlant de ces enquêtes très particulières.
Le mois dernier, nous avons présenté un document de travail à l'Accident Investigation Panel de l'OACI, demandant l'examen des situations de conflits d'intérêts à la suite d'un événement où l'État est directement mis en cause dans la destruction d'un aéronef civil; et demandant la prise en considération de la façon dont les normes, les pratiques recommandées ou les lignes directrices de l'OACI peuvent être améliorées afin de renforcer l'indépendance des enquêtes futures et d'en améliorer l'intégrité, la transparence et la crédibilité.
Merci, monsieur le président.
Nous serons heureux de répondre aux questions.
:
Bonjour, monsieur le président et membres du Comité. Je vous remercie de m'avoir invité à participer à votre étude de la tragédie du vol PS752.
En octobre 2020, l'honorable , alors ministre des Affaires étrangères, annonçait la formation d'une équipe canadienne d'examen et d'évaluation médicolégale. J'ai l'honneur de diriger l'important travail de cette équipe. Notre tâche est de découvrir comment et pourquoi le vol 752 d'Ukraine International Airlines a été abattu par le Corps des gardiens de la révolution islamique iranienne près de Téhéran le 8 janvier 2020.
La version des faits du gouvernement iranien manque systématiquement de transparence, de crédibilité et d'exhaustivité. Des questions importantes demeurent sans réponse en ce qui concerne les circonstances et les causes de la tragédie.
Les familles des victimes du vol PS752 sont à juste titre sceptiques quant aux intentions et aux actions de l'Iran. Le manque de transparence de l'Iran est profondément troublant. Sa version officielle des faits est malhonnête, trompeuse et superficielle, en plus de délibérément faire abstraction de facteurs déterminants. L'Iran refuse de répondre à des questions clés.
Les familles qui ont perdu un être cher dans cette terrible tragédie méritent des réponses à ces nombreuses questions sans réponse. J'espère sincèrement que notre travail les aidera à cet égard.
Je relève de Vincent Rigby, conseiller à la sécurité nationale et au renseignement auprès du . Depuis la mise sur pied de l'équipe d'examen, nous travaillons d'arrache-pied pour examiner, organiser et analyser l'ensemble de l'information, des preuves et des renseignements touchant la catastrophe du vol PS752 et pour conseiller le gouvernement quant à la crédibilité et à la valeur probante des différents éléments.
L'équipe d'examen a reçu le mandat de préparer un rapport non classifié sur les circonstances et les causes de la destruction du vol. Une fois publié, ce rapport présentera notre évaluation la plus détaillée de la tragédie, fondée sur l'ensemble de l'information, des preuves et des renseignements dont dispose le gouvernement du Canada.
Heureusement, l'ensemble du gouvernement participe à l'effort. Nous pouvons compter sur le soutien de représentants dévoués de tous les ministères et organismes concernés du gouvernement du Canada. La tâche est complexe et de nature délicate. Examiner des montagnes de données, collaborer avec les alliés et déclassifier des renseignements tout en protégeant les sources nécessite beaucoup de temps et d'efforts. Cela dit, les familles et les proches des victimes demeurent au coeur de notre démarche, et nous leur devons de la mener à bien.
Notre rapport ne permettra pas de répondre à toutes les questions laissées sans réponse. Le gouvernement iranien est le seul à jouir d'un accès total aux preuves, au site de l'écrasement, aux témoins et, en fin de compte, aux personnes responsables des événements. C'est pourquoi il incombe toujours à l'Iran de fournir un compte rendu complet et crédible des événements de façon à ce que le monde puisse finalement connaître la vérité sur le vol PS752.
Nous n'avons pas encore déposé notre rapport, mais je vais vous donner un aperçu de son élaboration, en particulier en ce qui concerne les familles des victimes.
Très tôt après avoir été nommé responsable, j'ai rencontré les familles et jeté les bases d'un dialogue important. Nous avons par ailleurs créé un compte de messagerie pour les familles souhaitant nous soumettre des pistes prometteuses. Cela nous a permis de recevoir des renseignements utiles au travail d'enquête.
L'association des familles de victimes du vol PS752 a établi sa propre commission d'enquête, qui a été en mesure de fournir des pistes à l'équipe d'enquête, notamment des suggestions sur le système de missile surface-air et son opérateur, ainsi que des renseignements sur d'autres vols. Nous avons exploré en détail tout le matériel soumis et cherché à effectuer des recoupements avec la vaste quantité d'information en possession du gouvernement canadien. L'équipe d'enquête a aussi déployé de grands efforts pour valider les questions des familles et y répondre dans la mesure du possible.
La collecte de ces renseignements par les familles a demandé du courage, surtout compte tenu des mesures prises par l'Iran. Nous sommes vraiment reconnaissants de leurs efforts et je souhaite profiter de l'occasion pour les remercier de leur contribution.
Lorsque j'ai rencontré les familles des victimes, je me suis engagé à leur donner accès au rapport avant qu'il ne soit rendu public. Je ne serai donc pas en mesure de répondre aux questions du Comité sur nos principales constatations ou sur le contenu général du rapport, car cela trahirait la confiance qui existe maintenant entre nous. Je vous remercie de comprendre la situation difficile dans laquelle je me trouve.
En conclusion, je souhaite exprimer mes plus sincères condoléances aux familles et aux proches des victimes du vol PS752. J'espère vraiment que notre travail contribuera, ne serait-ce qu'un peu, à les aider sur le chemin du deuil inconcevable qu'ils doivent surmonter. Les vies perdues et le potentiel dérobé des 55 Canadiens, 30 résidents permanents et autres passagers et membres de l'équipage du vol PS752, 176 victimes au total, ne doivent jamais être oubliés.
Merci.
Je serai maintenant heureux de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie, madame Kusie.
Je saluerai ces deux personnes, et je sais que nous pensons tous deux très affectueusement à Art Riel dans sa maladie.
La Chambre des communes a clairement exprimé son opinion à ce sujet. C'est le gouvernement qui a la responsabilité ultime de décider quand et comment appliquer des sanctions. Comme M. Fishman l'a mentionné, des sanctions ont été prises contre divers éléments du CGRI ou des organisations affiliées, en vertu de différentes lois telles que le Code criminel, la Loi sur les Nations unies et la Loi sur les mesures économiques spéciales. Il existe également une nouvelle législation qui pourrait être utilisée dans des circonstances appropriées, sous la forme de sanctions de type Magnitsky qui ont été proposées. Le gouvernement devra prendre cette décision.
J'aimerais faire deux remarques concernant certains facteurs qui auront une incidence dans cette décision.
Premièrement, la confiance à l'égard des motifs juridiques doit être absolue afin de ne pas ouvrir la porte à une contestation judiciaire facile, ce qui permettrait à l'autre partie d'avoir une victoire de propagande. Il y a des arguments juridiques qui touchent le recours à certaines dispositions de la loi. Je crois qu'il incomberait au gouvernement d'examiner tous les arguments, y compris ceux qui ont été mentionnés cet après-midi par M. Fishman, en envisageant tous les pour et les contre de façon à ce que la partie adverse ne puisse pas remporter une victoire de propagande facile.
Deuxièmement, lors de la mise en oeuvre des sanctions, je pense qu'il serait prudent de n'épargner aucun effort pour agir conjointement avec d'autres pays plutôt que seul, aussi important que cela puisse être sur le plan symbolique, de façon à ce que ces mesures soient une condamnation internationale d'un groupe de pays faisant front commun et non seulement une condamnation unilatérale.
Je pense que tout cela est important, mais je comprends ce que vous dites. Le Parlement a exprimé son opinion. Le gouvernement devra prendre une décision.
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Vous avez posé une excellente question.
Je pense que nous sommes tous en faveur de toute initiative visant à accroître la sécurité aérienne pour l'aviation civile en temps de conflit, y compris la C-CAT. La réalité, c'est que, comme la Cour supérieure de l'Ontario l'a maintenant constaté après avoir examiné divers rapports, tout indique que ce n'était pas un accident. Il ne s'agissait pas d'un cas où les bonnes directives n'étaient pas en place.
La vérité, c'est que s'il y avait des arguments valables ou des preuves que cette catastrophe est le résultat d'une erreur humaine ou d'un mauvais fonctionnement technologique, l'Iran aurait tout intérêt à le prouver au monde entier, à nous et à la communauté internationale, de façon transparente.
À l'heure actuelle, tout indique que l'avion a été abattu intentionnellement et, même s'il est bon d'essayer de prévenir de futurs accidents, il ne s'agissait pas d'un accident, et la C-CAT est d'avis que le Canada doit réagir en conséquence.
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Je pense que tous ceux d'entre nous qui ont eu affaire au régime, directement ou indirectement, au cours des 18 derniers mois ont trouvé très difficile d'obtenir des renseignements, des faits et des données solides.
L'équipe médicolégale dirigée par M. Yaworski est l'une des initiatives mises sur pied par le gouvernement du Canada au cours des 15 derniers mois pour nous permettre au moins de recueillir de l'information, des preuves, des renseignements et d'en évaluer nous-mêmes la crédibilité. Comme l'a expliqué M. Yaworski, ce travail n'est pas terminé et l'information sera présentée aux familles dès que ce sera possible. C'est une façon d'avancer dans notre recherche de la vérité. Comme je l'ai dit dans mon exposé, nous n'avons certainement pas encore obtenu toute la vérité et rien que la vérité, et il y a encore du travail à faire.
Le deuxième élément est le travail que le gouvernement du Canada entreprend maintenant dans le cadre du groupe international de coordination et d'intervention. Ce groupe est formé du Canada, de l'Ukraine, du Royaume-Uni, de la Suède et, dans une certaine mesure, de l'Afghanistan, bien que ce pays soit occupé par d'autres questions d'ordre national en ce moment. Le groupe international de coordination a signifié son avis de réclamation contre l'Iran dans lequel il a précisé les éléments pour lesquels la négociation de réparations est requise. Il s'agit d'une longue liste des demandes faites par ces pays. L'une de ces demandes, et peut-être la plus importante pour de nombreuses familles — plus importante que l'argent, les indemnisations ou quoi que ce soit d'autre —, exige que l'Iran dise la vérité sur ce qui s'est passé. Dans le cadre de ces négociations sur les réparations, cinq pays exigeront ces réponses, dont les quatre pays actuellement présents à la table de négociation: le Canada, l'Ukraine, la Suède et le Royaume-Uni.
Si ces pays ne sont pas satisfaits des réponses de l'Iran, ils peuvent faire appel au mécanisme de règlement des différends de l'Organisation de l'aviation civile internationale. S'ils ne sont pas satisfaits du résultat, ils peuvent ensuite interjeter appel à un niveau plus élevé, soit à la Cour internationale de justice.
Il s'agit d'un processus complexe, et nous devons nous assurer de franchir toutes les étapes dans l'ordre approprié afin d'éviter les cafouillages dans les compétences. En collaboration avec les autres pays victimes, le gouvernement du Canada est résolu à poursuivre sans relâche cette recherche de la vérité jusqu'à ce que nous obtenions un certain degré de satisfaction bien supérieur à ce que nous avons aujourd'hui.
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Merci, monsieur le président.
Je vais commencer par M. Goodale.
Tout d'abord, merci d'être des nôtres aujourd'hui. C'est un plaisir de vous voir, monsieur Goodale. Dommage que ce ne soit pas en personne, mais bientôt, nous pourrons reprendre nos réunions en chair et en os.
Monsieur Goodale, dans votre déclaration préliminaire — je vais vous citer — vous avez mentionné le « comportement horrible » de l'Iran. Pour le compte rendu, évidemment, mis à part le problème flagrant lié à l'abattage du vol 752, pourriez-vous nous expliquer de façon plus détaillée ce que vous voulez dire par ces mots, afin que nous puissions nous faire une idée précise des renseignements que vous possédez à ce sujet?
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Ce comportement est exposé en bonne partie, monsieur Shipley, et de façon très détaillée, dans le rapport que j'ai présenté. Je ne vais pas entrer dans tous les détails, mais je peux vous donner quelques exemples.
L'Iran lançait des attaques de missiles contre les positions américaines en Iraq tôt dans la matinée du 8 janvier 2020. Les Iraniens ont déclaré qu'ils avaient effectué une évaluation des risques — cette affirmation figure dans leur rapport final — afin de déterminer si une action particulière devrait être entreprise pour protéger l'aviation civile en Iran. Ils ont pris des mesures pour contrôler le trafic aérien dans la partie occidentale du pays, à la frontière de l'Iraq, mais l'espace aérien au-dessus de la majeure partie de l'Iran ne faisait l'objet d'aucunes restrictions ni limites. Le seul changement qu'ils ont apporté a été d'impliquer les militaires dans les décisions à savoir si un vol devait ou non recevoir l'autorisation de décoller. C'est la seule mesure de sécurité qu'ils ont mise en place. Sinon, selon leurs dires, l'espace aérien au-dessus de Téhéran était sécuritaire, comme en temps normal, ce matin-là.
Cette évaluation des risques comportait clairement de graves lacunes. Évidemment, ils n'avaient pas prévu les circonstances qui se sont produites, et pourtant ils affirment dans leur rapport que si c'était à refaire, ils arriveraient à la même conclusion. Ils ont assurément fait preuve d'un comportement incroyablement incompétent en produisant une évaluation des risques aussi fondamentalement viciée.
Ensuite, connaissant les risques, sachant qu'ils avaient lancé des missiles, et sachant que des représailles étaient à prévoir, sachant aussi qu'ils avaient positionné ces lanceurs de missiles mobiles autour de Téhéran, y compris à proximité de l'aéroport, ils n'ont pas pris la peine de fermer l'espace aérien au-dessus de l'aéroport. Ils n'ont pas pris la peine d'avertir les compagnies aériennes du fait qu'il y avait du danger dans cet espace aérien et que des opérateurs de missiles étaient en position avec, littéralement, le doigt sur la gâchette, prêts et capables d'abattre des avions civils.
Voici juste un aperçu de cette conduite épouvantable. À mon avis, ils ont fait preuve d'une incompétence incroyable. Ils ont été imprudents, et ils ont affiché un mépris total de la vie humaine.
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C'est tout l'art de la diplomatie. En tant que personne ayant participé activement à la vie politique du Canada pendant 45 ou 50 ans, je suis encore en train d'apprendre à faire la transition entre la politique et la diplomatie. Cependant, j'estime qu'il est important de faire preuve d'une absolue clarté concernant ce que nous pensons de la culpabilité qui est en cause dans cette situation. Une affirmation énergique est importante. Il faut qu'elle soit juste, mais elle ne doit laisser aucun doute quant au fait que les Canadiens sont outrés de la mort des 138 personnes qui entretenaient un lien quelconque avec notre pays.
Deuxièmement, j'estime qu'il faudra travailler très fort pour nous assurer, qu'il s'agisse des sanctions, des négociations entourant les réparations ou des changements que nous voudrions voir apporter à l'OACI et ainsi de suite, de ne pas bouger pas de façon unilatérale. Nous devons nous assurer que la communauté internationale en arrive aux mêmes conclusions que nous, et nous devons donc créer une coalition.
À ce sujet, je tiens à rendre hommage à . En effet, lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères du G7, il y a environ un mois, il s'est assuré que le vol PS752 figure à l'ordre du jour et que les ministres des Affaires étrangères du G7 condamnent collectivement ce qui s'est passé. Il s'est assuré aussi qu'ils fassent savoir clairement qu'ils ne trouvent pas qu'une enquête transparente ou exhaustive digne de ce nom a été effectuée dans ce cas. Autrement dit, l'Iran n'a pas fait ce qu'elle était obligée de faire d'après la communauté internationale.
Il faut entreprendre toutes les démarches en suivant l'ordre établi, et veiller à ne pas tout gâcher dans son propre champ de compétence afin de pouvoir, en fin de compte, porter l'affaire devant la Cour internationale de Justice, s'il faut en arriver là. J'estime que le Canada doit se montrer énergique et rassembleur en dirigeant cet effort à l'échelle internationale.
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Oui, en effet, comme vous le soulignez, les circonstances étaient très différentes en réalité, mais les répercussions pour les victimes sont sensiblement les mêmes. Soudainement, vos proches ont disparu, et vous ressentez un immense sentiment de perte et de chagrin.
Je pense que le message que j'en ai tiré du point de vue des pratiques exemplaires liées à la réponse du gouvernement et à la manière dont il faut intervenir consiste à toujours mettre les familles des victimes au centre des plans d'intervention.
Les familles auront besoin d'un soutien d'urgence immédiat. Ce pourrait être sur le plan physique. Ce pourrait être sur le plan psychologique. Ce pourrait être de l'aide pour effectuer des déplacements. Ce pourrait être une aide financière. Il y aura des questions d'assurance à démêler. Il y aura des dépouilles à rapatrier. Il y aura un éventail de détails qui vont vous tomber dessus comme une catastrophe — comme ce fut le cas.
Que la tragédie soit le résultat d'une défectuosité du Max 8 ou d'une fusillade, le traumatisme pour les familles est sensiblement le même. Pendant que le gouvernement se prépare à régler les situations d'urgence, assurez-vous que le point de mire ce sont les familles elles-mêmes.
Monsieur le président, j'aimerais seulement ajouter, à titre accessoire, mes remerciements à tous les députés. À au moins trois reprises, les députés de la Chambre des communes ont accepté à l'unanimité d'appuyer les résolutions qui condamnaient les auteurs de cette catastrophe et appuyaient les familles. J'ai entendu des familles me confier à quel point elles avaient apprécié cette solidarité au sein des députés, l'appui sans réserve qui leur a été donné pendant qu'elles cherchent à obtenir justice, vérité, transparence et responsabilité pour les proches qu'elles ont perdus.
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Merci, monsieur Tasker.
Merci, madame Fox.
Merci, monsieur Bachrach.
Mesdames et messieurs, il est 16 h 48, et le moment est venu de dire au revoir au premier groupe de témoins.
Je profite de l'occasion, au nom de tous les membres de notre comité, de remercier le haut-commissaire, ainsi que tous les participants, d'avoir été des nôtres aujourd'hui et de nous avoir transmis des renseignements très utiles qui serviront très probablement à alimenter le rapport que nous allons présenter.
Cela étant dit, je vous dit au revoir à tous. Encore une fois, tous mes remerciements d'avoir été parmi nous aujourd'hui.
La séance est suspendue pendant deux minutes pour permettre aux nouveaux témoins de s'installer.
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Merci beaucoup. Bonjour.
Je m'appelle Hamed Esmaeilion, je suis le président et le porte-parole de l'Association of Families of Flight PS752 Victims. Nous représentons 142 victimes de l'assassinat collectif qui a coûté la vie à 176 personnes et à un enfant à naître. Je suis accompagné de deux membres du conseil d'administration, M. Kourosh Doustshenas et M. Amirali Alavi, de notre Comité des relations avec les gouvernements et les parties prenantes.
Je me présente devant vous avec le cœur brisé. Je ne vous demande pas de vous mettre à ma place. C'est impossible, et ce serait cruel de ma part.
Dix-sept mois ont passé, mais nous, les survivants, sommes restés figés dans ces trois minutes et 42 secondes, c'est-à-dire le temps qui s'est écoulé entre le tir du premier missile et l'écrasement du vol PS752.
Avec le temps qui passe, nous plongeons de plus en plus profondément dans un chagrin silencieux, mais notre résolution s'est affermie. Nous faisons tout ce que nous pouvons et ce que nous avons supplié d'autres de faire — des réunions, des lettres, des rallyes, des pétitions, des entrevues et des plaintes.
Nous vivons dans les ténèbres. Nous sommes les victimes d'une cruauté et d'une méchanceté insondables qui nous ont arraché nos êtres chers. Les victimes du terrorisme n'ont pas les choses faciles. Certains, comme nous, se retrouvent dans la position de devoir prouver qu'il s'agit d'un acte de terrorisme. Sans notre gouvernement, nous n'avons aucun recours pour que les auteurs de ce crime inhumain soient traduits en justice. Nous n'avons pas d'autre recours que de supplier les politiciens de rester concentrés sur la révélation de la vérité et de la justice.
Nous sommes dans les ténèbres. Pourquoi a-t-on laissé l'espace aérien ouvert en ce fatidique et sombre matin d'hiver? Qui parmi les hautes instances du régime a pris la décision? Pourquoi et comment au moins deux missiles ont-ils été tirés sur un avion civil?
Personne ne demande pourquoi les passeports canadiens et les effets personnels des passagers ont été confisqués et laissés intentionnellement à la merci des pilleurs et des voleurs. Personne au sein de l'OACI n'a élevé la voix pour dénoncer la violation par le gouvernement iranien de chacun des articles de ses conventions et de ses annexes. Personne au sein de l'OACI n'a élevé la voix contre les railleries et l'obscurantisme flagrant des rapports bordéliques publiés par les auteurs mêmes du crime, qui ont été autorisé à enquêter sur leurs propres crimes.
On dirait qu'un avion au complet a été perdu dans les nuages de la diplomatie internationale et de la crédulité. S'est-il agi d'une erreur humaine, d'un bris de système, d'un simple soldat solitaire et fatigué ayant commis une erreur, de radars orientés dans la mauvaise direction ou de lignes de communication brisées? Ce sont là des mensonges commodes déguisés en erreurs et en incompétence pour masquer des homicides volontaires.
Les dix-sept derniers mois ont été insoutenables pour nous. Nous avons été traumatisés par la guerre psychologique implacable qui a été déchaînée contre nous par le régime islamique et ses sympathisants, dont certains ont même trouvé au Canada un endroit sûr d'où ils peuvent exercer leurs activités. Tout ce que l'on nous dit, c'est qu'il faut attendre.
Le dédommagement n'est pas notre priorité. Nous n'avons pas cessé de le répéter. Sans la vérité, il ne peut y avoir de justice. Si les auteurs et les commandants ne sont pas tenus responsables, la justice n'aura aucun sens.
Après dix-sept mois, nous ignorons toujours quel est le chemin menant vers la vérité. Il n'y a aucune feuille de route vers la justice ni de stratégie assortie d'un calendrier. Si le monde avait réagi de façon significative dans la foulée de la tuerie du vol MH17, peut-être que la destruction du vol PS752 n'aurait pas eu lieu. Et aujourd'hui, si nous n'agissons pas de façon significative dans le cas du vol PS752, d'autres vies innocentes seront perdues.
Nos demandes sont claires. Le Canada doit faire preuve de leadership et mobiliser les cinq pays touchés. Le Canada doit tirer l'OACI de sa léthargie timide déguisée en neutralité. Une enquête criminelle et des actions en justice doivent être amorcées au Canada. L'affaire du vol PS752 doit être portée devant tous les tribunaux internationaux pertinents afin que le Corps des gardiens de la révolution islamique, ou CGRI, soit obligé de rendre des comptes, de révéler la vérité et de traduire les auteurs en justice. Le CGRI doit être ajouté sur la liste des organisations terroristes. La Loi de Magnitski doit être appliquée aux commandants du CGRI et aux autres auteurs de ce crime.
Depuis que j'ai commencé ma déclaration, mesdames et messieurs, trois minutes et 42 secondes se sont écoulées. Le Canada a perdu 85 résidents permanents et citoyens. Des dizaines d'esprits talentueux ont été réduits au silence pour toujours. Cette tragédie canadienne ne peut être affrontée que par une feuille de route claire vers la justice. Nous ne pouvons qu'espérer que ce jour arrive.
Je vous remercie de l'intérêt que vous avez porté à notre plaidoyer. Nous sommes maintenant prêts à répondre à vos questions et à réagir à vos commentaires.
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur Esmaeilion. J'apprécie la question.
Lorsque nous parlons avec les fonctionnaires — nous parlons à tous ceux qui ont un rôle à jouer dans cette tragédie — nous disons toujours: Nous voulons connaître la vérité. Nous voulons obtenir justice. Nous voulons que justice soit rendue pour nos êtres chers.
Nous avons éprouvé beaucoup de difficulté à expliquer à tout le monde, depuis les tout débuts et au cours des dix-sept derniers mois, que recevoir un dédommagement n'est pas notre objectif. Ce n'est pas une priorité pour nous. La vérité et la justice nous permettraient de ressentir un certain apaisement. Sans cela, il nous est impossible de continuer. Nos vies ont été détruites.
J'ai perdu ma conjointe, la Dre Forough Khadem. C'était une femme merveilleuse. Elle était chercheuse scientifique. Elle menait une carrière fantastique. Elle était allée en vacances pour voir sa famille. Elle ne méritait pas de mourir comme cela, au même titre que tous les autres passagers de ce vol. Ce n'est pas acceptable. Le Canada ne peut pas accepter cette tragédie comme s'il s'agissait simplement d'une de ces choses qui arrivent. Parce que ce n'était pas un accident. Il n'existe absolument aucune preuve que ce n'était qu'un accident. Tous les éléments de preuve que nous avons vus au cours des derniers mois nous incitent à penser que cet événement comportait un certain caractère intentionnel.
Nous pensions pouvoir obtenir une enquête criminelle en bonne et due forme au Canada. Mais dès le départ, la GRC — et nous ignorons pourquoi — a décidé qu'elle ne pouvait pas ouvrir une enquête criminelle au Canada. J'estime que 176 cadavres devraient être suffisants pour déclencher la tenue d'une enquête criminelle. Je comprends qu'ils n'avaient peut-être pas accès à tous les éléments de preuve en Iran, mais cela ne devrait pas être une raison pour ne pas ouvrir une enquête criminelle
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je pense que mes amis ont pas mal fait le tour de la question. J'aimerais ajouter, toutefois, qu'il ne s'agit pas d'obtenir la justice et la vérité pour les familles seulement. Cela va bien au-delà. Il s'agit en effet de se porter à la défense du Canada en tant que pays. Il s'agit d'empêcher un régime impitoyable de prendre les vies d'innocents citoyens du monde.
Le Canada doit se renseigner au sujet d'allégations selon lesquelles les autorités aéroportuaires iraniennes auraient tenté d'écarter les titulaires de passeports américains. Elles ont en effet demandé à chaque passager s'il détenait un passeport américain. Si on garde à l'esprit qu'il s'agissait d'une attaque préméditée et intentionnelle, d'après les éléments de preuve dont nous disposons, en se fondant sur la prépondérance des probabilités, pourquoi le régime iranien se préoccuperait-il des vies américaines, mais pas de celles des Canadiens?
Ce que nous attendons du gouvernement maintenant, en réponse à cette tuerie horrible, c'est un plan d'action global. Il faut prendre les devants dans le monde et condamner l'Iran devant l'OACI. Il faut créer des alliances et des coalitions afin de presser le régime iranien de mettre la vérité et la justice eu égard au vol PS752 en tête de liste lors de toutes les discussions, y compris lors des discussions entourant le PAGC. Il faut traduire l'Iran devant la Cour internationale de justice et accélérer le processus de négociation. Il faut ouvrir une enquête criminelle au Canada; émettre un avis aux voyageurs, comme ce fut le cas pour la Biélorussie; imposer des sanctions à la Magnitski aux individus qui sont responsables; inscrire le CGRI sur la liste des entités qui soutiennent le terrorisme; et rejeter sans équivoque le scénario fabriqué de toutes pièces d'une erreur humaine, une bonne fois pour toutes.
La réponse du gouvernement suivant la publication du rapport de l'équipe d'examen et d'évaluation médico-légale est cruciale. Ce qu'il nous faut, c'est un plan d'action global et ciblé.
Merci.
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Monsieur le président, si je peux me permettre de répondre à cette question, c'est devenu pratiquement notre vie à temps plein. Cette quête est présente dans tout ce que nous faisons, à partir du matin au réveil, jusqu'au moment d'aller dormir, le soir. Oui, c'est cela, dans tout ce que nous faisons, nous essayons de faire progresser ce dossier un petit peu plus chaque jour. Nous voulons qu'il reste actif. Nous veillons à ce que l'on ne nous oublie pas, et nous sensibilisons les gens qui ne sont pas au courant.
Dans le cadre de mes responsabilités en tant que président du Comité des relations avec les gouvernements et les parties prenantes, moi-même, M. Alavi et M. Esmaeilion nous avons rencontré pratiquement tous les fonctionnaires susceptibles d'avoir quelque chose à voir avec cette affaire. Nous avons rencontré des ministres. Nous avons rencontré le . Nous avons récemment rencontré la commissaire de la GRC. Nous avons rencontré toutes les personnes imaginables pouvant avoir un lien avec cette tragédie ici, au Canada et ailleurs dans le monde — même en Suède et au Royaume-Uni. Toutes ces rencontres, bien entendu, se sont effectuées dans le cadre de réunions telles que celle-ci.
En même temps, nous vivons un deuil, nous avons dû traverser la pandémie de COVID-19. Nous avons dû nous organiser nous-mêmes très tôt et, pratiquement, mettre notre deuil de côté pour consacrer notre énergie à cette quête. Personne ne devrait avoir à vivre une situation comme celle-ci. La raison pour laquelle nous avons dû procéder ainsi... Nous avons dû nous constituer en groupe de revendication et essentiellement, travailler pendant tout ce temps, malgré notre chagrin [Difficultés techniques]. Étant donné le mode de fonctionnement de ce régime depuis les 42 dernières années, il va trouver le moyen de se défiler. Malheureusement, jusqu'ici, il a réussi à éluder toutes les questions qui lui ont été posées, sans que cela ne suscite une condamnation de quiconque.
Que faudrait-il pour inciter l'OACI à dénoncer et à condamner l'Iran pour la violation de sa propre annexe 13? Il ne respecte même pas l'annexe 13, lorsqu'un pays ne respecte même pas... Essentiellement, il est censé respecter cette convention. Que faut-il faire pour que l'on exerce des pressions sur ce pays et qu'on l'oblige à rendre des comptes?
Vous savez quoi? Voici une situation qui nous a surpris. En effet, même la GRC semble éprouver de la difficulté à ouvrir une enquête. Nous n'avons pas demandé de les poursuivre devant les tribunaux. Nous avons simplement dit, « Ouvrez une enquête afin de voir s'il est possible de les traduire devant un tribunal au pays ou devant la Cour internationale de justice. »
Merci.
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Bien sûr, nous estimons que nous avons eu un effet positif et que nous sommes parvenus à influencer de nombreuses personnes. De fait, pendant que j'écoutais le haut-commissaire Goodale aujourd'hui, j'ai trouvé merveilleux de l'entendre répéter exactement ce que nous disons depuis des mois. Il sait très bien ce que nous voulons, et il a constitué un dossier de nos requêtes, et de ce qui est soupçonné. M. Yaworski lui aussi est venu répondre à quelques questions. Depuis que nous avons commencé à lui parler et que le comité de notre association chargé de recueillir des faits a commencé à collaborer avec lui, nous avons constaté une énorme différence.
Au début, tout le monde parlait d'une erreur humaine. Nous avons dû corriger cela. Tout le monde parlait d'un accident, et nous avons dû corriger cela. Tout le monde parlait de dédommagement, et nous avons dû corriger cela. Puis, nous avons commencé à entendre qu'il s'agissait d'une erreur de système, et nous avons dû corriger cela. Nous avons déployé tellement d'efforts pour faire de l'éducation et rectifier les déclarations et les positions de différents responsables au fil des mois.
Nous sommes heureux de voir les résultats aujourd'hui, en ayant la possibilité de vous rencontrer. Ce fut en effet réconfortant pour nous, le 17 juin de l'année dernière, lorsque tous les députés ont adopté à l'unanimité une motion, sans égard au gouvernement au pouvoir, visant à poursuivre les efforts en vue de découvrir la vérité et d'obtenir justice pour les victimes de l'écrasement du vol PS752. Vous n'avez pas idée de l'effet que vous avez sur nous, en notre âme et conscience, lorsque le Parlement agit, et qu'il le fait de façon unanime, sans partisanerie.
Nous vous sommes reconnaissants de ce que vous avez accompli à ce jour, et nous vous exhortons respectueusement à continuer de faire ce que vous faites le mieux. Ne cessez pas d'exercer un suivi; ne cessez pas de poser des questions, parce que, comme je l'ai déjà dit, il ne s'agit pas seulement de nos familles. Ces actions doivent être menées aussi pour tous les Canadiens. En effet, tous les Canadiens méritent de voyager en toute sécurité sans risquer la mort ou la prison, ou quoi que ce soit d'autre qui arrive aux Canadiens de nos jours dans d'autres pays.
Merci.
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Ce que l'OACI a fait jusqu'à maintenant est insatisfaisant pour les familles. Dix-sept mois ont passé. Nous avons attendu pendant quinze mois le rapport final de l'Iran. Comme nous l'avons déjà mentionné, personne n'a rien dit au sein de l'OACI concernant ses violations.
Il suffit de comparer la situation à celle de Ryanair. C'est un bon exemple.
Une autre chose, par exemple, c'est que l'Iran a un représentant auprès de l'OACI — M. Farhad Parvaresh. Cette personne compte parmi les premières à avoir nié que l'on ait tiré sur l'avion. Cette personne a entretenu des contacts avec le CGRI et la Force Al-Qods dans le passé. Il y a de la documentation à l'appui de ces affirmations. Mais ce monsieur se trouve à Montréal, ici au Canada. L'OACI se trouve à Montréal, au Canada. Il est incroyable que l'organisation que nous accueillons réagisse de manière si passive eu égard à la tragédie du vol PS752. Lorsque l'incident de Ryanair s'est produit, l'organisation a tenu une réunion urgente. Mais il n'en a rien été pour le vol PS752.
Le conseil de l'OACI compte 36 membres, et le Canada en est l'un des principaux.
Mais je voulais oublier le passé, et me concentrer sur l'avenir, aujourd'hui. Je pense, maintenant que dix-sept mois se sont écoulés, que nous avons encore des chances de soulever cette affaire auprès de l'OACI. Le va prononcer une allocution le 18 juin, dans huit jours. Je suis très impatient d'entendre ce qu'il aura à dire.
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Merci, monsieur le président.
Ce jour marque un important jalon dans notre lutte et pour notre cause. Nous disons depuis longtemps qu'en nous fondant sur les éléments probants dont nous disposons, que l'avion n'a pas été abattu en raison d'une erreur humaine. Ce fut, assurément, bien plus que cela. Il faut qu'il y ait eu bien plus que cela. Il ne s'est pas agi de quelque chose d'aussi simple que d'appuyer sur un bouton pour que deux missiles soient tirés.
Mes affirmations sont fondées sur des preuves. Elles sont fondées sur le mode de fonctionnement d'un système de défense antiaérienne Tor-M1. Ces affirmations sont fondées sur le système de gestion de l'aéroport et de l'aviation en Iran. Elles sont fondées sur de nombreux autres facteurs.
Nous avons eu la chance, pendant toute cette affaire, de faire entendre notre cause par un juge impartial. Nous sommes très contents que le juge Belobaba soit arrivé à la même conclusion, c'est-à-dire que selon la prépondérance des probabilités et les éléments de preuve à notre disposition, il s'agissait d'un acte terroriste. Il a déclaré qu'il s'agissait d'une attaque délibérée et qu'il fallait la traiter comme telle. Il ne s'agissait pas d'un simple incident aéronautique. Il a ajouté qu'il s'agissait d'une attaque terroriste et que nous devions prendre les mesures correspondant au même niveau de culpabilité.
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Merci, monsieur Bachrach.
Mesdames et messieurs, il reste quatre minutes avant 17 h 30. Je ne veux priver personne du temps qui lui est alloué, c'est pourquoi je vais vous faire une proposition. Durant la deuxième série de questions, les noms de quelques intervenants figurent déjà sur ma liste. Je suggère que M. Van Popta, M. Iacono, M. Barsalou-Duval et M. Bachrach posent chacun une question, à tour de rôle. Ensuite nous irons vers les témoins pour la clôture de la réunion.
Monsieur Van Popta, si vous souhaitez poser une question, ensuite, ce sera le tour de M. Iacono. Puis de M. Barsalou-Duval, et pour finir, de M. Bachrach.
Monsieur Van Popta, je vous en prie.
Je vais répondre aux trois premières questions et laisser la quatrième à mes amis.
Selon nous, l'Iran ne dira jamais la vérité si on n'exerce aucune pression contre lui. Nous pensons que les autorités s'inquiètent de devoir se présenter devant la Cour internationale de justice. Par conséquent, c'est seulement en exerçant des pressions que nous pourrons obtenir des résultats.
Je tiens à clarifier quelque chose. Nous parlons de deux entités différentes lorsque nous disons l'Iran et la République islamique d'Iran. L'Iran est un magnifique pays avec des gens extraordinaires. Mais la République islamique d'Iran a pris la nation en otage et cela dure depuis 42 ans. Nous devons composer avec la République islamique d'Iran, avec l'histoire que nous connaissons tous. Le régime n'a jamais dit la vérité au sujet de tous les crimes qui ont été commis depuis les 42 dernières années. La répression sanglante de novembre a eu lieu 40 jours avant la destruction du vol PS752; en cette occasion, des centaines de personnes sont mortes en Iran tuées par le CGRI.
Lorsque nous parlons de sanctions, nous ne voulons pas dire que nous souhaitons que l'on impose des sanctions à la population iranienne. C'est la raison pour laquelle nous parlons de sanctions ciblées, soit la Loi de Magnitski et l'inscription du CGRI sur la liste des pays qui appuient le terrorisme. Il suffit de geler leurs avoirs au Canada. Le Canada ne devrait pas être un refuge pour les criminels de la République islamique.
Il faut déporter Farhad Parvaresh de Montréal à l'Iran. Cet homme ne mérite pas de vivre au Canada. Je pense que nous devons, comme je l'ai déjà dit dans ma déclaration préliminaire, leur donner une leçon pour qu'ils comprennent que l'on ne tue pas impunément des Canadiens.
Je vais laisser M. Alavi répondre aux autres questions.
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Merci, monsieur le président.
En terminant, je répondrai à la majorité de ces quatre questions de manière générale.
Nous savons que toute la vérité ne sera probablement jamais révélée, et ce, peu importe la somme des pressions qui seront exercées sur l'Iran. Cependant, il est important d'exercer ces pressions et de poursuivre l'Iran par tous les moyens à notre disposition, et d'employer tous les mécanismes qui existent, afin d'en apprendre le plus possible.
J'ai déjà parlé de la possibilité de [Difficultés techniques] pour répondre de la destruction du vol PS752, et l'ouverture d'une enquête criminelle par la GRC en fait partie. Cette enquête enverra un signal, comme l'a fait remarquer mon ami, M. Doustshenas. Nous pouvons offrir une récompense en échange de renseignements.
Nous avons déjà des informateurs qui nous contactent par le biais de notre association. Nous ne disposons d'aucun moyen de valider les éléments de preuve qu'ils essaient de nous fournir. Nous avons besoin de l'aide de la GRC. La GRC peut aller beaucoup plus loin que cela. Nous pouvons faire interroger des personnes. Nous pouvons établir des liens plus étroits avec les autorités d'exécution de la loi ukrainiennes qui sont en train, elles aussi, de mener une enquête criminelle. Il faut aider les Ukrainiens et prendre la tête dans cette affaire.
Enfin, je pense que l'on a demandé si la pression populaire avait une incidence sur le régime. La réponse est oui: la pression populaire influe sur le régime. De fait, c'est la seule chose qui l'effraie. Mais c'est sans compter la formation d'une coalition de pays ayant des vues similaires qui est un grand sujet d'inquiétude pour le régime. C'est ce qui peut le forcer à révéler le plus de faits véridiques que l'on puisse obtenir de l'Iran.
Il se tient tellement de discussions avec l'Iran... Le Canada doit faire preuve de leadership. Le Canada doit s'entretenir avec les autres pays afin que l'affaire du vol PS752 devienne une priorité pour chacun d'eux, parce qu'il s'agit d'une violation des droits de la personne. Et c'est même beaucoup plus que cela. Le Canada n'est pas le seul pays en cause. C'est aussi valable pour le reste du monde. Nous devons vraiment voir le gouvernement exercer son leadership et adopter un plan global et ciblé.
Merci beaucoup.
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Merci à chacun d'entre vous d'avoir été des nôtres aujourd'hui, monsieur Esmaeilion, monsieur Doustshenas et monsieur Alavi. Le temps que vous nous avez consacré est absolument inestimable. Au nom de mes collègues, je tiens à répéter ce qui a déjà été dit, c'est-à-dire que nos cœurs sont lourds depuis ce jour fatidique. Les mots ne peuvent traduire le chagrin de tous les Canadiens.
Et cependant, le mieux que nous puissions faire, c'est de dire que nous sommes solidaires de votre cause. Les 338 députés du Parlement sont solidaires avec vous en ces jours difficiles. Comme l'a déjà dit l'un de nos membres aujourd'hui, ce que vous avez traversé et que vous continuez de vivre est inimaginable. Nous réitérons notre appréciation la plus sincère pour votre présence, et pour vos interventions, lesquelles vont assurément faire partie du rapport final que nous allons présenter à la Chambre. Encore une fois, je vous remercie pour tout cela.
Chers collègues, je vous remercie de votre participation. Vous avez été très efficaces, avez posé d'excellentes questions, beau travail!
Je remercie les membres du précédent groupe de témoins de leur présence.
Cela étant dit, chers collègues, je vous souhaite une bonne nuit et je déclare que la séance est levée.