HERI Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
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STANDING COMMITTEE ON CANADIAN HERITAGE
COMITÉ PERMANENT DU PATRIMOINE CANADIEN
TÉMOIGNAGES
[Enregistrement électronique]
Le jeudi 17 février 2000
Le président (M. Clifford Lincoln (Lac-Saint-Louis, Lib.)): Je déclare ouverte la séance du Comité permanent du Patrimoine canadien.
[Français]
Le comité se réunit aujourd'hui pour entendre le nouveau président de Radio-Canada.
[Traduction]
Nous sommes particulièrement heureux d'accueillir aujourd'hui le nouveau président de Radio-Canada-CBC, M. Robert Rabinovitch, qui a d'immenses défis à relever, mais qui est aussi porteur de grandes espérances.
Je pense que votre nomination a été extrêmement bien accueillie par tous. Nous vous félicitons. Nous vous souhaitons la bienvenue, et nous sommes prêts à entendre votre message, après quoi les membres du comité vous poseront des questions. Radio-Canada joue un rôle essentiel dans notre vie à tous. C'est une icône pour la plupart d'entre nous, de sorte que nous sommes impatients de vous entendre. La parole est à vous, monsieur Rabinovitch.
[Français]
M. Robert Rabinovitch (président-directeur général, Société Radio-Canada): Monsieur le président, membres du comité, je vous remercie de m'avoir invité. Je suis très heureux de me présenter devant vous aujourd'hui et j'espère pouvoir le faire en d'autres occasions. Je suis certain qu'il y en aura d'autres.
Je suis en poste depuis déjà trois mois et, franchement, chaque journée constitue une nouvelle expérience pour moi. J'ai de nouvelles choses à apprendre. Pour moi, il s'agit vraiment d'un cours d'immersion qui n'est pas encore terminé. Je pense qu'il me faudra encore au moins une autre année ou deux avant d'en voir la fin. J'ai encore beaucoup à apprendre au sujet de Radio-Canada, qui est la plus grande institution culturelle du pays.
[Traduction]
Je profite de l'occasion pour vous présenter Jim McCoubrey, vice-président directeur de Radio-Canada et président du groupe de travail sur la restructuration que j'ai formé, lequel, à notre avis, sera à l'avant-plan des modifications apportées à Radio-Canada. Le rôle de Jim revêt une importance critique, et je suis certain que nous allons en discuter plus tard.
J'ai préféré ne me faire accompagner par personne d'autre. Je me suis dit que c'était la première occasion que nous avons de discuter et d'échanger des opinions et des points de vue avec les membres du comité. S'il y a des questions auxquelles nous ne sommes pas en mesure de répondre, je les prendrai en délibéré, comme vous diriez, et je vous répondrai dans les plus brefs délais possibles. D'entrée de jeu, j'aimerais dire quelques mots, après quoi je répondrai à vos questions.
Un mot d'abord du contexte dans lequel nous nous trouvons. Ce contexte se transforme et se transforme rapidement. Nous sommes à l'ère des mégafusions: AOL avec Time Warner et, une semaine plus tard, avec EMI, BCE avec Téléglobe, Rogers avec Vidéotron, Polygram et Universal.
Une voix: Sans oublier les Réformistes et les Conservateurs.
M. Robert Rabinovitch: Ces fusions peuvent avoir un effet dévastateur sur les producteurs et les artistes canadiens. Dans un monde dominé par des entreprises non canadiennes, nous devons nous poser une question très importante: Comment nous assurer que les «portiers» fassent une place aux récits canadiens et fassent une place au talent canadien sur les ondes? Je pense que nous devrons tous nous pencher sur cette question, et Radio-Canada en particulier a un rôle très important à jouer dans ce domaine.
• 1110
Cependant, les occasions qui se présentent à nous sont aussi
importantes. Les modifications qu'entraîne Internet, en tant que
nouveau réseau de diffusion capable de lier des collectivités entre
elles, nous fournissent d'excellentes occasions dont nous ne pouvons
faire fi et que nous devons exploiter.
Enfin, nous assistons quotidiennement à l'arrivée de nouveaux services spécialisés, certains américains et certains canadiens. Le CRTC s'est prononcé en faveur de l'octroi d'un plus grand nombre de licences à de nouveaux services. La tendance est inévitable, mais elle s'accompagne d'une fragmentation des auditoires. Les radiodiffuseurs conventionnels se retrouvent donc aux prises avec des auditoires réduits. Dans ce contexte, nous devons nous pencher sur les réalités budgétaires dans le cadre desquelles Radio-Canada exerce ses activités.
Je vais maintenant demander à Sheila de vous distribuer un document d'information illustrant la situation financière de Radio-Canada telle qu'elle nous apparaît. Je n'ai pas l'intention de passer en revue chacune des pages du document. Je vais plutôt me contenter de faire ressortir quelques-unes d'entre elles. Cependant, je vais répondre à vos questions aujourd'hui et plus tard, chaque fois que vous le souhaiterez.
Dès le départ, je tiens à préciser une chose. Il ne s'agit pas pour le moment de solliciter ni d'exiger de fonds additionnels de la part du gouvernement. Je suis fermement convaincu que la première mesure à prendre consiste à tout mettre en oeuvre pour que Radio-Canada devienne un radiodiffuseur public aussi efficient que possible. Je suis persuadé, comme je l'indiquerai plus tard, que nous pouvons et devrions générer plus de recettes à l'interne. Cependant, nous exerçons nos activités dans un cadre budgétaire très serré, et c'est cette situation que j'aimerais pour le moment porter à votre attention.
Comme vous le verrez à la page 3, le crédit d'exploitation que nous accorde le gouvernement a baissé au cours des cinq dernières années pour s'établir à 760 millions de dollars. Conséquemment, notre dépendance à l'égard d'autres sources de revenus s'est accrue. À la page 5 du document, vous constaterez que 250 millions des 760 millions de dollars que nous recevons en crédit d'exploitation sont consacrés à l'exploitation de nos quatre chaînes de radiodiffusion non commerciales. Nous disposons donc de 500 millions de dollars pour exploiter deux chaînes de télédiffusion comptant plus de 25 stations individuelles. À la page 6, vous verrez que la somme de 500 millions de dollars se répartit elle-même comme suit: environ 200 millions de dollars vont à la télévision française, et environ 300 millions de dollars, à la télévision anglaise.
Histoire de mettre les choses en contexte, je précise que le budget de la BBC est d'environ 3 milliards de livres, soit 7,5 milliards de dollars. La BBC compte un nouveau président depuis à peine deux ou trois semaines. En fait, le nouveau président est plutôt en poste depuis deux ou trois mois. Là-bas, l'entrée en fonction se fait lentement. Il s'agit d'un processus différent du nôtre. Il a fait part de son intention de supprimer un niveau de gestion, dans l'espoir de réaliser une économie de 300 millions de livres. Il s'agit d'une somme d'environ 750 millions de dollars, soit la totalité de notre crédit d'exploitation.
Histoire toujours de mettre les choses en contexte, je rappelle qu'il s'agit d'un réseau qui fonctionne essentiellement dans une seule langue. On pourrait presque dire qu'il ne mise que sur un seul transmetteur jumelé à quelques répéteurs. Voilà ce à quoi on nous compare de temps à temps. En ce qui concerne la taille et la répartition de la population, je précise que les coûts de l'exploitation du réseau anglais sont plus élevés que ceux de l'exploitation du réseau français, ce qui explique l'essentiel des écarts entre les deux réseaux.
Si le financement gouvernemental est stable, nos coûts augmentent en raison de facteurs comme l'inflation, les règlements salariaux, les dépenses accrues liées aux droits de radiodiffusion et d'auteur, sans parler de quelques taxes, par exemple les impôts fonciers et les taxes d'eau. Le résultat, c'est que le budget de Radio-Canada est fixe, ce qui signifie que, en réalité, il diminue.
Dans un tel contexte budgétaire, nous devons aussi établir la balance des comptes chaque année. Pour y parvenir, nous avons, au cours des dernières années, appliqué une série de solutions ponctuelles. Nous sommes parvenus à nos fins, mais nous n'avons pas entrepris de changements structurels fondamentaux nécessaires à Radio-Canada. C'est ce qui explique la croissance continue du déficit d'exploitation. Bref, nous avons tenté de faire autant avec moins d'argent. Malgré les vaillants efforts de nos employés, les effets commencent à se faire sentir aux entournures.
• 1115
Nous sommes aujourd'hui plus dépendants des revenus publicitaires et
des revenus autres que par le passé. À ce stade-ci, il importe de
faire allusion au rapport McKinsey de 1999 sur les radiodiffuseurs
publics du monde. On y conclut que la dépendance plus grande des
radiodiffuseurs publics à l'égard de la publicité se solde par un
service plus général et moins distinctif et que cette dépendance à
l'égard d'une programmation générale aux dépens de la spécificité
risque de compromettre la rigueur de la grille-horaire du
radiodiffuseur.
Peut-être aimeriez-vous que je vous parle de mes objectifs et de ce que j'entends faire avec Radio-Canada. Comme vous le savez, je suis en poste depuis trois mois. Ces trois mois ont été des plus passionnants. Les choses bougent beaucoup plus rapidement que ce à quoi je m'attendais. Comme je l'ai indiqué plus tôt, j'ai encore beaucoup à apprendre, mais je poursuis certains objectifs, que j'aimerais définir pour vous.
Je tiens à ce que Radio-Canada soit un véritable radiodiffuseur public. Pour ce faire, je pense que nous devons envisager un certain nombre de mesures: premièrement, réduire le nombre de messages publicitaires; deuxièmement, maintenir une équipe de journalistes crédibles et indépendants; troisièmement, mettre l'accent sur des émissions distinctives de la meilleure qualité possible; quatrièmement, préserver et accroître l'excellence dans les émissions pour enfants.
Je voudrais aussi que Radio-Canada coure des risques. L'un des avantages de Radio-Canada, c'est que la société peut se permettre de courir des risques dans sa programmation. Parfois, elle gagne; d'autres fois, elle perd. Parfois, elle réussit; d'autres fois, elle échoue. Je crois toutefois qu'il importe que nous prenions des risques et que nous tentions notre chance. À titre d'exemple, je mentionne l'émission Drop The Beat, dont la diffusion a débuté il y a une semaine sur les ondes du réseau anglais de Radio-Canada. L'émission est présentée dans une langue que je ne comprends pas. Ce n'est ni de l'anglais ni du français; c'est une langue que nos enfants parlent. Je pense toutefois qu'il importe que nous soyons actifs dans ce domaine. L'émission est aussi intéressante en ce sens qu'elle est arrimée à Internet et qu'elle est interactive d'une façon tout à fait unique que nous pourrons exploiter davantage à l'avenir, du moins je l'espère.
Nous aurons peut-être l'occasion de discuter plus tard de certaines de nos intentions concernant le projet d'InfoRadio.
Pour réaliser ces objectifs, nous devons nous concentrer sur la programmation et le contenu. Voilà essentiellement à quoi se résume notre travail. Pour ce faire, nous devrons trouver de l'argent. J'admets que cela doit passer par une réorganisation à l'interne. Une chose est sûre. Radio-Canada ne pourra pas continuer de tout faire et de s'adresser à tous les auditoires. Nous nous sommes dispersés, et nous devrons mettre l'accent sur ce que nous faisons bien. Nous devrons avoir le courage de nous retirer de secteurs où d'autres que nous font du bon travail, contrairement à nous, peut-être. Il faudra du courage pour y arriver parce qu'un tel recentrage exige des changements fondamentaux. Des changements fondamentaux sont nécessaires, mais les changements fondamentaux sont douloureux. Or, une organisation ne peut se prêter à une vague de changements fondamentaux que si elle le souhaite et que si elle en reconnaît la nécessité, ce qui, à mon avis, est le cas à Radio-Canada.
En décembre, j'ai créé un groupe de travail sur la restructuration, et j'ai demandé à M. McCoubrey d'en assurer la présidence. Dans un instant, je vais dire un mot de deux ou trois des tâches du groupe de travail, mais j'ai demandé à M. McCoubrey de s'intéresser à tous les rouages administratifs de même qu'à certains de nos secteurs de programmation. Je pense que nous pouvons aborder sous un angle différent la production de certaines de nos émissions, et nous devons examiner certains de nos actifs afin de déterminer s'ils pourraient être convertis en revenus pour la société. Le groupe de travail ne fera pas de quartier. Il n'y a pas de vaches sacrées. Tout est sur la table.
Dans un premier temps, le groupe de travail s'est penché sur quatre aspects en particulier: la restructuration et la réorganisation de la télévision de langue anglaise, notre système de gestion des biens, notre réseau de transmission et de distribution et, enfin, notre méthode et nos moyens de programmation d'émissions sportives. J'espère, je veux et je crois que nous en tirerons des gains de rendement qui généreront des fonds que nous pourrons mettre à profit pour améliorer notre programmation.
• 1120
J'espère aussi que vous pourrez nous venir en aide, à moi et à
Radio-Canada, en contribuant à définir ce qu'on souhaite, ce qu'on
attend et ce qu'on peut réalistement espérer d'un radiodiffuseur
public.
En conclusion, je reviens sur un point que j'ai soulevé plus tôt. Je n'ai absolument pas le sentiment que nous devrions, que nous pourrions ni même que nous pourrons un jour freiner la vague de fusions dont nous sommes aujourd'hui témoins. Je pense que la tendance est inévitable. Je suis issu du secteur. C'est dans ce domaine que j'ai fait carrière à titre d'homme d'affaires. En tant que Canadien, je tiens cependant mordicus à ce que des récits d'origine canadienne soient racontés et diffusés. Je tiens aussi à ce que des talents canadiens soient découverts et aient leur place sur les ondes.
À la suite des synergies produites par ces fusions, on assiste à un resserrement des types d'artistes aujourd'hui intéressés. Dans le processus, j'ai bien peur que certains artistes canadiens, en particulier dans le monde de la musique, soient inévitablement évincés. Voilà qui devrait suffire à inciter le Canada à examiner de façon réaliste ce que nous pouvons faire, et je pense que Radio-Canada fait partie intégrante de toute solution canadienne.
Je vous remercie beaucoup.
Le président: Merci beaucoup, monsieur Rabinovitch. Dans vos remarques, vous nous avez, je crois, donné une idée des immenses défis qui vous attendent et auxquels nous sommes tous confrontés dans le dossier de Radio-Canada.
Je me tourne maintenant vers M. Mark ou M. Breitkreuz. Monsieur Mark.
M. Inky Mark (Dauphin—Swan River, Réf.): Je vous remercie, monsieur le président. Je tiens à souhaiter la bienvenue à MM. Rabinovitch et McCoubrey. Avec un peu de retard, je félicite également M. Rabinovitch de sa nomination à titre de président-directeur général.
Comme notre président l'a indiqué dans ses propos liminaires, il ne fait aucun doute que la Société Radio-Canada est chère au coeur de la plupart des Canadiens, y compris moi-même. J'ai grandi dans les années 50 et 60, à une époque où la société exerçait ses activités pratiquement en solo. Certes, nous sommes aujourd'hui témoins de nombreux changements, mais je suis convaincu que Radio-Canada doit revenir à ses racines, c'est-à-dire aider les Canadiens à mieux se connaître et leur permettre de communiquer entre eux.
Plus tard, ce matin, je suis convaincu que des membres du comité vous poseront des questions à propos de l'émission Midday. Je parcours le pays et j'ai des discussions avec des Canadiens de toutes les régions, et c'est essentiellement ce qui assure la réussite de la radio de Radio-Canada dans les deux langues—l'attachement des Canadiens aux services offerts.
Permettez-moi simplement de vous donner un exemple de ce que je veux dire. Ma circonscription s'étend sur un territoire de 200 milles de longueur sur 100 milles de largeur. Elle se trouve essentiellement en milieu rural. Bon nombre de résidents n'ont accès ni au câble, ni au satellite ni à Internet. Winnipeg est à environ quatre heures de route. Depuis dix ans que j'occupe une charge publique, Radio-Canada est le seul radiodiffuseur public qui se donne constamment la peine de parcourir cette distance pour venir couvrir une ou des nouvelles dans la région.
Ce que je crains, ce sont les effets que la disparition de Radio-Canada ne manquerait pas d'avoir sur mes commettants. Oui, certaines entreprises du secteur public font du bon travail, mais feront-elles ce que fait actuellement Radio-Canada, à savoir assurer, à titre de service public, une couverture médiatique dans les régions où il n'est peut-être pas rentable de le faire, ce qui est précisément le rôle d'un radiodiffuseur public? Ma question est donc la suivante: pouvez-vous donner aux Canadiens l'assurance que le fait de centraliser Radio-Canada à Toronto, du moins le réseau anglais, ne portera pas un coût fatal aux activités régionales d'un océan à l'autre?
M. Robert Rabinovitch: Je vous remercie, monsieur Mark.
Comme je l'ai indiqué dans mes observations liminaires, Radio-Canada revoit l'ensemble de ses activités, dans ce contexte et en particulier dans celui de la Loi sur la radiodiffusion.
Nous sommes conscients d'avoir un rôle extrêmement important à jouer dans l'établissement de liens entre les Canadiens, et il ne fait aucun doute dans mon esprit que nous allons apporter des modifications à nos façons de faire, tout comme il ne fait aucun doute que nous allons maintenir notre présence médiatique de même que notre capacité de couvrir des manifestations aux quatre coins du pays, comme nous en avons l'obligation. Nous allons continuer d'expliquer aux diverses régions du pays ce qui se passe dans d'autres.
M. Inky Mark: Voici ma deuxième question. Votre prédécesseur m'a donné l'assurance que Radio-Canada, pour marquer l'année du millénaire, allait diffuser un grand nombre d'émissions soulignant la richesse de notre histoire. Il doit s'agir de projets du millénaire. Or, je n'ai reçu aucune information à ce sujet. Dans le contexte de cette initiative, j'aimerais donc vous demander combien d'argent a été dépensé, à quoi il a servi et quand les Canadiens en constateront les résultats.
M. Robert Rabinovitch: Je ne suis pas en mesure de vous donner aujourd'hui une ventilation des coûts, mais nous allons nous atteler à cette tâche. L'année n'est pas terminée. Elle a débuté en lion, si j'ose dire: en effet, plus de 39 p. 100 des Canadiens ont syntonisé nos émissions consacrées au millénaire. Je pense qu'elles ont été extrêmement bien accueillies partout au pays.
Nous avons mis en branle un très important projet à caractère historique, à savoir la série historique qui débutera à la fin de septembre ou au début d'octobre. Il s'agit, je crois, d'une série d'une durée de 30 heures. Il s'agit d'une série unique résultant des efforts communs de Radio-Canada et de la CBC. D'après ce que j'ai vu et ce qu'on m'en a dit, il s'agira, je crois, d'une contribution tout à fait unique à l'histoire du Canada et à sa diffusion.
M. Inky Mark: Comme les Canadiens n'ont pas tous les mêmes attentes vis-à-vis de Radio-Canada à titre de radiodiffuseur public, avez-vous l'intention de consulter les citoyens? Dans votre résumé, vous affirmez que les Canadiens doivent faire face aux questions difficiles qui s'imposent en ce qui a trait à ce qu'ils attendent du radiodiffuseur public. Avez-vous l'intention de consulter les citoyens pour déterminer ce qu'ils veulent?
M. Robert Rabinovitch: Nous consultons le public très régulièrement. Je pense que votre comité constitue un moyen de consulter le public. Nous entretenons des liens avec les citoyens, et nous tentons de communiquer avec eux, par exemple dans le cadre d'émissions-débat... Deux vice-présidents viennent tout juste de participer à une telle émission à Terre-Neuve. Nous sommes à l'écoute de ce que le CRTC a à dire à propos de ce que Radio-Canada devrait être. Bien entendu, nous avons aussi un conseil d'administration directement responsable qui représente divers segments de la population.
La réponse à votre question est que nous sommes, je crois, en interaction continue avec le public. Je pense aussi que nous devrions le rester.
M. Inky Mark: Entendez-vous donner aux Canadiens l'occasion de se prononcer sur ce qu'ils considèrent comme des services publics essentiels que doit offrir un radiodiffuseur public, dans le cadre d'une procédure de consultation exhaustive?
M. Robert Rabinovitch: Je suis ouvert à l'idée et tout à fait disposé à l'envisager. Nous avons beaucoup fait dans le domaine de la consultation. Nous possédons un service de recherche qui a précisément pour tâche de procéder à des consultations régulières. Je vais voir ce que nous avons, et je vous en ferai part.
M. Inky Mark: Je vous remercie.
Le président: Monsieur de Savoye. Nous allons revenir à vous, monsieur Mark.
[Français]
M. Pierre de Savoye (Portneuf, BQ): Monsieur le président, je vous remercie.
Monsieur Rabinovitch, c'est très intéressant de vous recevoir ici ce matin parce que vous nous faites part d'une vision remplie d'interrogations. Ce que vous nous avez présenté n'est pas votre plan d'action, mais bien davantage une liste de questions sur les orientations stratégiques qui représentent des défis. Vous comprendrez que ce n'est pas ce matin que nous serons en mesure d'apporter des réponses à toutes ces questions.
Habituellement, c'est le contraire qui se produit: c'est nous qui posons les questions. J'en ai justement quelques-unes à vous adresser, qui pourraient permettre de mieux cerner ces enjeux stratégiques.
Vous avez affirmé tout à l'heure que les coûts d'exploitation du réseau français et du réseau anglais différaient parce que le réseau anglophone, évidemment, est plus vaste, bien qu'il ne faille pas oublier que le réseau français s'étend, lui aussi, d'un océan à l'autre.
J'ai ici en main certaines informations financières historiques et même certaines projections financières concernant la situation de la société. Je m'aperçois qu'il y a deux types de coûts: les coûts de programmation, qui servent à la réalisation des émissions, et les autres coûts comme les baux, la transmission, la distribution, la collecte et les paiements aux stations affiliées. Bien sûr, les coûts autres que ceux de la programmation sont raisonnablement plus élevés pour le réseau anglophone que pour le réseau francophone.
Cependant, entre vous et moi, pour le réseau anglais comme pour le réseau français, chaque journée ne compte que 24 heures et une heure de programmation, qu'on la prépare pour le réseau anglais ou pour le réseau français, demeure une heure de programmation dont les coûts sont sensiblement les mêmes. Le fait qu'il y ait plus ou moins d'auditeurs d'un côté ou de l'autre ne change rien aux coûts de la programmation.
• 1130
Or, ces coûts de programmation sont supérieurs, et de façon
considérable, pour la programmation anglaise. À l'heure actuelle, on
parle de 280 à 300 millions de dollars pour la programmation du côté
francophone et de 430 à 450 millions de dollars du côté anglophone.
Monsieur Rabinovitch, ne croyez-vous pas qu'il y a un rattrapage à
faire du côté francophone, compte tenu particulièrement de votre
mission, qui est de répondre aux besoins des collectivités
francophones hors Québec, sans mentionner le Québec lui-même, qui a
une tradition de grande fidélité envers la société?
M. Robert Rabinovitch: C'est une question à laquelle je dois réfléchir avant de vous donner une réponse directe. À mon avis, il faut savoir que les coûts de programmation ne sont pas les mêmes pour le réseau anglais et pour le réseau français. Les coûts de programmation, du côté anglais, sont plus élevés. Les droits d'auteur, par exemple, et d'autres frais sont plus élevés du côté anglais.
Du côté français, la programmation est beaucoup plus centralisée. Nous avons plus de productions en région du côté anglais. J'aimerais augmenter le service français et la programmation française dans les diverses régions mais, dans le moment, la programmation est effectivement plus concentrée à Montréal du côté français. Alors, les coûts ne sont pas vraiment pareils.
M. Pierre de Savoye: Je comprends ce que vous me dites. Cependant, ma question était basée sur des renseignements que nous avaient fournis précédemment vos propres fonctionnaires, selon lesquels les coûts des deux catégories de programmation étaient sensiblement identiques. Peut-être accepterez-vous de muscler votre réponse en la mettant par écrit et en la faisant parvenir à la greffière de façon à ce que nous ayons une meilleure compréhension de ces différences et de leurs causes.
Cela dit, vous me permettrez d'ajouter que du côté francophone, et particulièrement québécois, la question de la transculturalité de la production de certaines émissions nous inquiète parce qu'on a parfois le sentiment que des sommes qui seraient autrement affectées à la production francophone d'un océan à l'autre sont dévolues en tout ou en partie à la production anglophone, ce qui contribuerait à augmenter un écart qui nous inquiète déjà.
M. Robert Rabinovitch: Dans le cas des deux réseaux, on essaie d'utiliser les ressources pour créer une meilleure programmation des deux côtés. Il ne s'agit pas de prendre l'argent d'un côté pour le donner à l'autre, mais plutôt d'essayer de créer des émissions pancanadiennes en anglais et en français.
M. Pierre de Savoye: Vous comprenez que lorsque je parlais d'utiliser de l'argent servant d'abord au côté anglophone, je voulais dire, étant donné qu'on parle de transculturalité, que la production francophone serait empreinte d'une teinte anglophone dont on pourrait se passer, compte tenu que la francophonie canadienne, et québécoise en particulier, a certainement toute la maturité et la richesse nécessaires pour être être en mesure de se faire valoir par elle-même. La transculturalité est un phénomène nouveau qui inquiète. Est-ce que vous pouvez nous éclairer à ce sujet?
M. Robert Rabinovitch: À mon avis, ce n'est pas une question de domination d'une culture par l'autre. C'est la contribution qu'une culture peut apporter à l'autre. L'aider ne consiste pas à favoriser une domination; c'est un soutien apporté au développement des deux côtés ensemble.
Nous vivons actuellement un phénomène de mondialisation, qui fait que beaucoup de cultures entrent en contact. J'espère que cela enrichira les deux cultures et que l'une enrichira l'autre.
M. Pierre de Savoye: Monsieur Rabinovitch, ce que vous venez de dire ne me sécurise pas. Imaginez un instant que, dans un an ou deux, vous reveniez ici et nous parliez du même principe avec les Américains, pour que les deux cultures s'enrichissent l'une l'autre. J'ai l'impression que les gens autour de la table voudraient vous mordre. Très sincèrement et très franchement, je reçois très mal ce que vous venez de nous dire au sujet de ce projet d'influence d'une culture ou d'enrichissement d'une culture à travers l'autre. Je ne pense pas que ce soit la bonne voie à suivre.
Monsieur le président, j'y reviendrai lors d'une deuxième tour. Merci.
[Traduction]
Le président: Aimeriez-vous dire autre chose?
M. Robert Rabinovitch: Je n'ai rien à ajouter.
Le président: Très bien. Madame Bulte.
Mme Sarmite Bulte (Parkdale—High Park, Lib.): Monsieur Rabinovitch, je vous félicite de votre nomination.
Je sais que les membres de votre industrie ont accueilli et salué votre nomination avec satisfaction et qu'ils sont impatients de collaborer avec vous.
La question que j'aimerais aborder avec vous, c'est celle de la décision du CRTC. J'ai remarqué que vous n'y aviez pas fait allusion dans vos propos liminaires. Pendant la première semaine de janvier, vous avez pourtant fait part, à la une de tous les journaux, de votre léger désaccord, dirons-nous, avec la décision du CRTC. Dans une réponse à M. Mark, je vous ai entendu dire que vous aviez été à l'écoute du CRTC. Je constate également que vous n'avez pas porté la décision en appel devant le Cabinet. J'aimerais donc que vous nous précisiez comment vous envisagez de mettre en oeuvre la décision du CRTC. Envisagez-vous un moyen de former un partenariat avec le CRTC?
M. Mark vous a demandé si Radio-Canada avait sondé le public. Au moment de la préparation du rapport sur la politique culturelle, le comité s'est déplacé et a discuté avec des Canadiens, et les Canadiens comptent exprimer haut et clair leur attachement à Radio-Canada.
L'une des choses qui me préoccupent à propos du CRTC, c'est que, aux termes des dispositions qui le régissent, le conseil a pour rôle de superviser et de réglementer la politique publique. Or, ce qu'il a fait dans le cadre de cette décision revient presque à élaborer la politique publique. Pensez-vous que le gouvernement devrait examiner ces dispositions législatives et peut-être les modifier de façon à mieux les harmoniser avec la réalité que nous vivons?
En ce qui concerne la programmation et le contenu, qui, avez-vous déclaré, seront vos principales préoccupations, la circonscription de Toronto que je représente compte non seulement un certain nombre de producteurs et d'artistes qui travaillent pour Radio-Canada, mais aussi des producteurs indépendants. L'une des choses qui préoccupent les habitants de Toronto et les producteurs indépendants de la ville, c'est la décision en vertu de laquelle le CRTC vous demande de faire appel à des producteurs situés à 150 kilomètres à l'extérieur de Toronto, ce qui représente un territoire considérable. Dans la ville de Toronto elle-même, des émissions comme Degrassi High, que produisait un producteur indépendant, incarnaient la diversité culturelle, celle-là même que le CRTC demande à Radio-Canada d'intégrer à sa programmation. On s'inquiète aussi du fait que Radio-Canada a commencé à recourir davantage aux productions maison.
Vous avez dit avoir l'intention de vous concentrer sur ce que vous faites bien. Dans ce contexte, comment entrevoyez-vous le rôle des producteurs indépendants, au moment où vous entreprenez votre réorganisation?
M. Robert Rabinovitch: Vous m'avez posé de nombreuses questions, et je vais commencer par les dernières.
Les producteurs indépendants ont un rôle essentiel à jouer dans les activités de Radio-Canada, et ils continueront de le faire. Le Fonds canadien de télévision compte parmi nos principales sources de financement. Dans une de mes incarnations antérieures à titre de fonctionnaire, il y a de nombreuses années, j'ai participé à la création de ce fonds. À l'époque, l'intention était de confier plus de production au secteur indépendant, aux producteurs indépendants. La dernière fois que je me suis trouvé ici, c'était pour prendre part à une célébration organisée par l'Association canadienne de production de film et télévision, l'Association canadienne des réalisateurs de télévision et l'Association canadienne des producteurs canadiens de films et de télévision, et je pense que la réussite de ce groupe parle d'elle-même. Nous avons tout à fait l'intention de continuer de faire appel à des producteurs indépendants.
Dans de nombreux domaines, nous ne faisons presque pas de productions maison, mais, en même temps, je ne veux pas que Radio-Canada soit uniquement une maison de location. Il y a, je crois, une marge entre les deux. À l'heure actuelle, il ne fait aucun doute que les producteurs indépendants canadiens sont et demeureront notre point de mire.
• 1140
La question de savoir si la loi devrait être modifiée n'est pas de
mon ressort. Je peux m'accommoder de la Loi sur la radiodiffusion dans
son état actuel. On y trouve des directives détaillées concernant
l'orientation de la politique de radiodiffusion.
Elle est conçue pour n'avoir aucune incidence sur la technologie. Certains se demandent si elle y parvient, particulièrement à la lumière des modifications apportées par Internet, la voix sur IP et divers réseaux de distribution. Du point de vue de Radio-Canada, nous tenons à faire appel à tous les réseaux de distribution auxquels nous avons accès. Au moyen de productions, nous tenons à rejoindre les Canadiens par tous les moyens. À titre d'exemple, nous voyons dans Internet un moyen unique mis à notre disposition pour entretenir des liens avec les Canadiens.
En ce qui concerne la loi elle-même, je peux m'en accommoder, d'une façon ou de l'autre. Au fil des ans, on devra peut-être la modifier, et d'autres personnes s'en chargeront.
À mon avis, ce qui n'est pas ressorti clairement dans les articles de journaux—j'ai entendu dire que j'avais été mal cité, ce qui est faux, mais je n'ai pas été cité clairement—, c'est que, relativement à la plupart des points soulevés, nous sommes plutôt satisfaits de la décision du CRTC. Nous acceptons sans réserve l'orientation établie par le CRTC du point de vue de l'importance de rendre compte des régions dans notre programmation.
Ce qui pose problème, dans la décision du CRTC, c'est tout ce qui relève, à mon avis, de la micro-gestion, c'est-à-dire qu'on nous dit quoi faire de même que comment et quand agir. L'orientation générale ne me pose pas de problème. En fait, je peux facilement m'en accommoder.
Nous sommes également préoccupés par la décision du conseil de ne pas se pencher sur les réalités budgétaires. Il faut s'adapter aux circonstances. Les réalités budgétaires jouent un rôle extrêmement important, et nous devons en tenir compte. Comme je l'ai indiqué dans mes réflexions à propos de ce que devrait être un radiodiffuseur public, je n'ai rien dit de l'un de ses aspects à mes yeux important, de toute évidence très important, et c'est celui de la publicité et de l'effet pervers qu'elle peut avoir sur l'orientation et la programmation d'un réseau.
Dans le superbe rapport McKinsey, qui, je crois, a été déposé devant le comité l'année dernière—sinon, nous vous en ferons parvenir des exemplaires—, on retrouve une analyse des radiodiffuseurs publics du monde, y compris l'effet du financement sur ces derniers, en particulier l'origine des fonds, et l'incidence qu'elle a sur la grille-horaire à laquelle on aboutit et donc ce qui la distingue.
À mes yeux, ce sont là des aspects extrêmement importants de la politique canadienne de radiodiffusion énoncés dans la Loi sur la radiodiffusion que je tiens à revoir avec les membres du conseil d'administration, afin d'établir l'orientation que nous souhaitons voir prendre à Radio-Canada en tant que radiodiffuseur public.
En ce qui concerne le point que vous avez soulevé à propos de la conclusion d'un partenariat avec le CRTC, je suis absolument d'accord, et je pense que le conseil constitue une source extrêmement importante d'information. Il s'agit d'une organisation régionale capable de nous venir en aide à maints égards, du point de vue de la définition des mesures que nous pouvons prendre dans le champ de la radiodiffusion publique et des modalités qui s'y rattachent. Très souvent, j'envisage un partenariat tripartite réunissant le secteur privé, l'organisme de réglementation et Radio-Canada. Si les trois participants n'étaient pas présents, je crois que le Canada perdrait au change. Je pense que nous sommes capables de travailler les uns avec les autres. En fait, c'est précisément ce que j'ai proposé dans le cadre des pourparlers que nous avons eus avec le CRTC, avant qu'il ne rende sa décision.
Le président: Je pense qu'il serait utile que vous fassiez parvenir le rapport à la greffière. Je vous remercie.
Monsieur Limoges.
M. Rick Limoges (Windsor—St. Clair, Lib.): Je vous remercie, monsieur le président.
Comme on l'a indiqué plus tôt, vous n'avez pas beaucoup parlé de la vision que vous avez de l'orientation de Radio-Canada. Je sais que vous avez aussi déposé un survol financier. Je comprends vos préoccupations à cet égard.
• 1145
J'aimerais vous entendre davantage sur une question que je juge
importante à propos de la programmation régionale, en particulier pour
la région d'où je viens, c'est-à-dire Windsor, dans le sud-ouest de
l'Ontario. À titre d'exemple, nous avons dû nous battre pour garder un
bulletin de nouvelles local. Nous l'avons perdu pendant un certain
temps, avant de le récupérer, mais, soit dit en toute franchise, la
question de la grille horaire demeure préoccupante. Les gens doivent
se coucher tard pour écouter les nouvelles locales, et c'est
habituellement ce qu'ils sont intéressés à voir en premier.
Auriez-vous l'amabilité de nous dire quelques mots à propos de l'idée que vous vous faites des nouvelles régionales ainsi que de la programmation régionale et de l'orientation de cette dernière?
M. Robert Rabinovitch: En ce qui concerne la responsabilité que nous avons de présenter et d'expliquer les régions les unes aux autres, la loi est relativement explicite, et nous entendons la respecter. À nos yeux, c'est très important. Nulle part n'est-il écrit que toutes les émissions doivent provenir de Toronto, bien au contraire. Il faut un siège social et un programmeur, mais, à la lumière de l'engagement que nous avons pris de travailler avec des producteurs indépendants, j'espère que nous serons en mesure de choisir les meilleures émissions émanant de régions des quatre coins du pays.
Parmi les émissions que nous proposons aujourd'hui—dont certaines seront malheureusement annulées ou remplacées par d'autres—, nombreuses sont celles qui montrent très bien que ce n'est pas l'endroit où l'émission est produite qui compte. Cependant, rien ne prouve qu'il n'y a qu'à Toronto qu'on puisse produire de bonnes émissions. En même temps, Toronto en produit de bonnes, et la ville compte aussi d'excellents producteurs. Des émissions comme Da Vinci's Inquest et Nothing Too Good for a Cowboy, la dernière venant tout juste d'être annulée, hélas, proviennent de Vancouver.
Nous produisons beaucoup d'émissions dans les régions et beaucoup d'émissions à propos d'enjeux régionaux, et nous allons continuer de le faire.
À titre d'exemple, l'émission présentée sur les ondes de Newsworld à propos de la crise agricole a d'une certaine façon été produite à Toronto, mais on a fait appel à toutes les régions, on les a utilisées et on a travaillé avec elles pour mettre au point un produit qui a aidé les Canadiens à comprendre la crise que connaît le secteur agricole. On peut y voir un enjeu régional, mais c'est aussi un enjeu canadien. Or, on a traité cette question comme s'il s'agissait d'un enjeu canadien. Comme vous le savez, elle a été extrêmement bien accueillie.
Permettez-moi d'établir une analogie. S'il y a un secteur où Radio-Canada a malheureusement dû sabrer dans les dépenses, c'est celui des correspondants étrangers. Or, je sais que les Canadiens tiennent à avoir une interprétation canadienne des nouvelles. Ils ne se contentent pas de ce qui diffuse CNN. Ce qui intéresse CNN, c'est de diffuser la nouvelle en premier; ce qui nous intéresse, c'est de la diffuser de la bonne façon.
Dans les régions, nous vivons exactement la même situation. Nous devons être présents dans les régions et nous intéresser à leur actualité, et nous devons faire connaître les régions les unes aux autres. Nous allons continuer de le faire, et nous allons y consacrer du temps et de l'argent.
M. Rick Limoges: Auriez-vous également l'amabilité de fournir certains commentaires...? Dans votre déclaration préliminaire, vous avez fait allusion aux fusions que connaît l'industrie. Franchement, ces fusions soulèvent la question de la concentration des capitaux, sans parler du déficit au chapitre de l'indépendance. Nous sommes témoins de multiples fusions, en particulier dans le secteur de la presse écrite, et ainsi de suite, au point où on ne peut pratiquement plus parler d'indépendance. Lorsqu'on ne peut plus compter sur des reportages indépendants, on est confronté à un véritable problème. En fait, on a plutôt droit à des opinions qui viennent de nombreuses sources.
Je me demande comment vous envisagez le rôle de Radio-Canada du point de vue de la présentation d'information et de reportages indépendants aux Canadiens, sans distorsion.
M. Robert Rabinovitch: Il n'est pas de mon ressort d'aborder la question de la concentration des capitaux. Je m'en abstiendrai donc. Je vous dirai cependant que Radio-Canada—je ne crois pas me tromper sur ce point—compte un plus grand nombre de journalistes que toute autre organisation canadienne, et nous entendons demeurer l'un des organes de collecte et de diffusion de nouvelles d'avant-plan du Canada. À la lumière de la concentration des journaux et du monde des médias en général—la dynamique va bien au-delà de l'actualité, mais c'est ce dont nous parlons pour le moment—, la présence de voix canadiennes claires revêt une importance encore plus grande. S'il nous faut vraiment un radiodiffuseur public, je pense qu'il s'agit là à coup sûr de l'un de ses objectifs et de ses rôles principaux.
Le président: Madame Lill.
Mme Wendy Lill (Dartmouth, NPD): Merci d'être venus nous rencontrer aujourd'hui. J'aimerais parler d'argent. J'aimerais parler de votre actif le plus solide, je veux dire vos ressources humaines, et de l'importance que revêt une programmation régionale de qualité.
Au départ, j'aimerais que vous clarifiiez un commentaire que je vous ai entendu faire, à savoir que vous n'allez pas demander de fonds additionnels au gouvernement avant d'avoir «remis de l'ordre dans vos affaires». Cette déclaration me fait penser à Papa a raison. J'essaie de comprendre... Quand aurez-vous remis vos affaires en ordre? Lorsque vous aurez vendu vos transmetteurs? Lorsque toutes les émissions régionales auront disparu? Quand 1 000 coupures de plus auront été effectuées? Quand espérer le moment magique où vos affaires auront été remises en ordre? À vous entendre, on a l'impression que la situation actuelle est totalement catastrophique, qu'elle est d'une certaine façon entièrement imputable à Radio-Canada et que nous devons corriger le tir.
Je vous ai entendu parler de la BBC et du fait qu'elle dispose de ressources colossales, que vous lui enviez. Pour ma part, je n'arrive absolument pas à comprendre pourquoi vous ne demandez pas plus de fonds au nom de ce que vous croyez être une radiodiffusion publique de qualité.
Par ailleurs, j'aimerais savoir si d'autres coupures sont prévues. Je crains fort que le Conseil du Trésor ne vous apprenne que les subventions supplémentaires ne s'appliquent pas aux coûts des indemnités de départ ni à certains des coûts liés aux règlements salariaux qui ont fait suite à la grève de l'année dernière. Doit-on prévoir de nouvelles coupures? C'est une question d'argent. Peut-être pourriez-vous y répondre.
M. Robert Rabinovitch: Je vais essayer. D'entrée de jeu, je tiens à préciser que Radio-Canada n'est pas en cause. Radio-Canada a effectué un travail phénoménal, et c'est aux employés de Radio-Canada que revient le mérite d'avoir maintenu la qualité de service à laquelle le public a eu droit, malgré les réductions que nous avons dû absorber. Dans mon esprit, il ne fait aucun doute qu'ils ont fait du bon travail.
Ce que je dis, c'est que les effets commencent à se faire sentir aux entournures. Nul besoin d'être un génie pour convenir qu'on présente plus de reprises qu'on devrait le faire et que nous avons dû réduire certains de nos services internationaux. Ce sont là des secteurs où il est clair que nous aimerions apporter des améliorations.
J'occupe mon poste depuis exactement trois mois, et le gouvernement ne m'a pas promis de fonds additionnels, et je ne lui ai pas adressé de demande en ce sens. J'ai pris sur moi de... si le gouvernement était disposé à nous octroyer des fonds supplémentaires, je les accepterais à coup sûr, mais je sais que le gouvernement a d'autres priorités. À l'heure actuelle, la ministre du Patrimoine a d'autres priorités, et je sais que ce n'est pas une solution. Certaines personnes pensent le contraire. Je m'y refuse. À mon avis, nous devrions avoir pour objectif primordial de mettre tout en oeuvre pour montrer au grand public et au gouvernement que nous fonctionnons de la façon la plus efficiente possible.
Je crois aussi qu'il existe certains domaines que nous n'avons pas exploités autant que nous l'aurions pu. Au fil des ans, le gouvernement nous a donné de nombreux biens et y a investi. À mon avis, certains de ces biens sont sous-utilisés et pourraient être vendus ou encore loués. Pour dire les choses crûment, on pourrait les administrer de manière à générer des recettes. Jim examine de nouvelles sources de revenu possibles à l'interne, et cela fait partie des scénarios envisagés.
Les réductions me préoccupent au plus haut point. Je crains que nous ne perdions nos éléments les plus brillants. Pour être tout à fait franc, je crains aussi que nous ne perdions nos jeunes éléments. Nous perdons la génération montante à cause de la réalité de la supplantation, qui est parfaitement légitime. Elle est inscrite dans les conventions collectives. Il en résulte la perte de jeunes éléments des plus valables, et nous devons impérativement former la génération suivante et faire monter ses représentants dans le train. Où sont-ils? Ils sont là. Ils vont et viennent, et le fait que nous ne sommes pas en mesure d'investir autant que nous le pourrions dans les nouveaux talents et que nous ne le faisons pas me préoccupe au plus haut point.
• 1155
Nous devons cependant reconnaître deux ou trois autres réalités.
Hormis nos problèmes budgétaires, nous avons déjà vu nos modes de
prestation de service subir des transformations radicales. Il y en
aura d'autres, c'est ce que je dis—de nombreuses autres.
La semaine dernière, nous avons fermé dix studios à Montréal. Nous les avons fermés parce que nous n'en avons pas besoin. Nous les avons fermés parce qu'il existe des moyens beaucoup plus efficients de produire des émissions de radio. Malheureusement, il en résulte des réaménagements d'effectif, mais cela fait partie de la réalité des 20e et 21e siècles. Il y aura des réaménagements d'effectif. Au chapitre de la réinjection de fonds dans la programmation, je pense que nous avons fait notre part. Notre tâche consiste à fonctionner de la façon la plus efficiente possible et à investir tout ce que nous pouvons dans la programmation. Pour nous, l'essentiel, c'est la programmation.
Je ne peux donc pas promettre qu'il n'y aura pas d'autres réductions. En fait, il y en aura d'autres. C'est inévitable. Les transformations seront commandées par ce que nous faisons à la télévision de langue anglaise. Elles seront commandées par les percées technologiques. Avec un peu de chance, nous aboutirons à un fonctionnement plus efficient; avec un peu de chance, nous aboutirons à une programmation de meilleure qualité.
Mme Wendy Lill: À propos de la notion de programmation et de produits—j'en reviens sans cesse au créateur. Vous mettez à pied des auteurs, des personnes de talent, des équipes de tournage, des monteurs, ce qui, sur le plan humain, a un effet colossal sur les produits de création. Je déteste ce mot. Mais quel est aujourd'hui le moral à la radio de Radio-Canada? Quel est le moral à la télé de Radio-Canada? Dans quelle mesure les créateurs ont-ils confiance dans leurs gestionnaires? Comment vous y prenez-vous pour garder la barque à flot?
Je veux vous poser une autre question. Je m'inquiète vivement de la situation de la programmation régionale. Comment allons-nous nous y prendre pour créer des émissions régionales, à la lumière des compressions additionnelles qui pointent à l'horizon?
Avant Noël, votre vice-président, M. McCoubrey, a déclaré au Toronto Star que, au terme de votre examen, vous devrez peut-être vous résoudre à vous défaire du réseau de transmission de Radio-Canada. J'aimerais savoir si vous envisagez de vous défaire des transmetteurs. J'aimerais savoir si vous pouvez nous garantir dès aujourd'hui que les Canadiens auront accès à Radio-Canada sans avoir à assumer des frais d'utilisation mensuels pour des services de radiodiffusion ou de télédiffusion de base dans des régions où ils sont aujourd'hui accessibles. À la lumière de l'ensemble de la programmation régionale d'aujourd'hui—dans trois ans, allons-nous toujours y avoir accès—ce sera notre droit—, ou allons-nous faire face au prix d'un paquet de cigarettes par mois?
M. James McCoubrey (vice-président directeur et chef de l'exploitation, Société Radio-Canada): Nous avons l'intention de tout mettre en oeuvre pour éviter que les Canadiens n'aient à assumer les frais pour bénéficier des services de Radio-Canada. Soit dit en toute franchise, c'est exclu, du moins en ce qui nous concerne. Nous n'aurons nullement la capacité d'imputer des frais aux Canadiens, et nous n'avons nulle envie ne serait-ce que de l'envisager.
Vous avez également soulevé la question du moral. Il est difficile d'y répondre simplement, mais je dirai néanmoins ceci: les employés comprennent la situation dans laquelle nous nous trouvons, et ils comprennent que cette situation nous mène inévitablement à une réduction de la taille de la société. En fait, ils sont très heureux d'accueillir M. Rabinovitch, qui possède une très bonne compréhension des choses et a la capacité de prendre des décisions. Voilà qui leur plaît. Dans le cadre des activités du groupe de travail, ils m'ont encouragé à examiner la possibilité de recourir à des économies plutôt qu'à des mises à pied de même qu'à trouver des façons d'utiliser la technologie de façon plus avisée et intelligente, d'épargner et de faire davantage avec les ressources à notre disposition.
Il est certain, je crois, que le nombre d'employés ne va pas augmenter. Nos gens en sont conscients, mais ils se réjouissent à l'idée que l'organisation s'attaque maintenant aux défis difficiles qui l'attendent et qu'elle cherche à trouver des moyens d'économiser, plutôt que de se contenter uniquement d'imposer encore et toujours des réductions et de supprimer des postes.
Le président: Monsieur Muise.
M. Mark Muise (West Nova, PC): Je vous remercie, monsieur le président. Bienvenue à messieurs Rabinovitch et McCoubrey.
À mes yeux, et, je crois, à ceux de la plupart des Canadiens, Radio-Canada est une institution ou une icône culturelle des plus importantes. Vous avez bien résumé la situation, monsieur Rabinovitch, en affirmant qu'il s'agit probablement de la plus importante institution culturelle du Canada.
• 1200
Je sais que nous avons abordé la question des finances et d'autres
sujets. J'aimerais cependant vous entendre à propos de l'avenir que
vous envisagez pour Radio-Canada, du point de vue de la culture et de
la promotion de la culture.
Le manque de programmation régionale est une autre question qui me préoccupe vivement. Vous avez affirmé que des émissions régionales seront produites. Produire des émissions régionales dans un centre comme Toronto, Montréal ou Vancouver est une chose. Ce que vous faites, essentiellement, c'est montrer aux autres Canadiens ce que sont ces centres plutôt que de faire connaître les centres plus petits au reste du Canada. Cela faisait partie, je crois, du mandat de Radio-Canada, et c'est ainsi que la société a débuté, et c'est pourquoi elle est devenue l'institution qu'elle est aujourd'hui. Si les choses changent, nous risquons de perdre l'essence même de Radio-Canada.
Vous avez dit—je crois que c'était M. McCoubrey—n'avoir aucune intention d'obliger les Canadiens à payer pour recevoir vos produits. Il y a cependant certaines régions du pays qui sont aujourd'hui confrontées à une telle situation. Dans ma circonscription de West Nova et dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, il y a des régions dans lesquelles on ne peut capter le signal de la CBC 2. Dans certains cas, la seule façon d'y accéder, c'est de compter parmi les abonnées du câble.
Dans un premier temps, j'aimerais entendre vos réactions à mes commentaires. Je vous remercie.
M. Robert Rabinovitch: Je suis fermement convaincu que Radio-Canada a un rôle extrêmement important à jouer dans la promotion des cultures du Canada et que, au fil des ans, la société a effectué un travail remarquable à ce chapitre. Qu'on songe simplement au rôle que le réseau anglais de Radio-Canada a joué dans la promotion de la musique et des CD, notamment en donnant à des artistes canadiens comme Ben Heppner leur première chance. La société était là, demeure là et, avec un peu de chance, sera en place pendant longtemps.
Soit dit en passant, je sais qu'il s'agit de l'un des éléments de la décision du CRTC qui nous a déçus, mais que nous avons acceptés—parce que nous n'avions pas le choix. On doit cependant comprendre que la question de la commandite ne visait pas le financement de Radio-Canada, qui ne touche pas un sou. En fait, elle visait plutôt à doter des organisations culturelles comme le festival de Stratford et diverses salles de spectacle du Canada. Quoi qu'il en soit, nous continuons de collaborer avec ces organisations. Avec un peu de chance, nous serons en mesure de présenter leurs émissions sur nos réseaux et de faire la promotion de Canadiens.
C'est pourquoi j'ai dit au début que je m'inquiète beaucoup, en tant que Canadien, de l'exposition du talent canadien dans le monde nouveau et rétréci—ça ne s'est pas élargi—des mégafusions.
Cela m'inquiète beaucoup lorsque je songe à ce qui pourrait se passer dans le monde de la musique. Feront-ils ce qu'ils ont fait dans le monde de la production du livre, dans le monde de l'édition, là où les mêmes entreprises, pour des raisons qui leur sont propres et qui sont correctes de leur point de vue, ont réduit le nombre de titres qu'elles produisent—dans le cas de Putnam, je crois qu'on est passé de 475 titres à 75 titres. Qu'arrive-t-il aux autres? Qu'arrive-t-il si les autres sont canadiens? Qu'arrive-t-il si le producteur d'un CD, un groupe, est automatiquement abandonné s'il ne réussit pas à vendre 100 000 copies? Il y a un seuil. En deçà du seuil, la production n'est pas rentable. Quelqu'un d'autre doit produire cela. Quelqu'un d'autre doit s'en occuper, sinon les Canadiens ne seront pas ainsi mis en valeur.
Cela me préoccupe donc beaucoup. Je crois que nous avons un ensemble de politiques qui fonctionnent extrêmement bien—les règles concernant le contenu canadien qui s'appliquent à la radio, pour ce qui touche notre musique. Je crois que nous avons joué, chez Radio-Canada, un rôle extrêmement important dans la production de CD d'artistes canadiens. Enfin, je pourrais dire que je suis tout à fait d'accord avec vous lorsque vous dites que Radio-Canada est un élément critique de la promotion de la culture canadienne et que nous devrions étudier la question dans ce contexte aussi.
• 1205
Pour ce qui est de la programmation régionale, je ne peux pas
m'opposer à ce que vous dites. Comme je le dis, il doit y avoir un
lieu où les décisions se prennent, mais je crois qu'une bonne partie
de la programmation doit se faire dans les régions—qu'elle se fera
dans les régions—, et qu'il nous appartient à nous de concevoir des
formules qui fonctionnent et qui sont viables du point de vue
économique, encore une fois, à partir des budgets dont nous disposons.
Vous avez tout à fait raison. Il y a le yin et le yang; il y a les deux côtés de la médaille. Ce n'est pas un chemin à sens unique.
Pour ce qui est de payer pour recevoir notre produit, nous étudions la question du point de vue de la transmission et de la distribution—est-ce qu'il existe des façons plus efficaces de le faire? Nous allons devoir régler d'ici les quelques prochaines années une facture épouvantable avec le passage à la diffusion numérique. J'aimerais bien ne pas m'adresser au gouvernement pour financer la diffusion numérique à mesure que celle-ci se propage en Amérique du Nord. J'aimerais mieux m'adresser au gouvernement pour obtenir des fonds de programmation.
Y a-t-il donc une meilleure façon pour nous d'émettre et de distribuer? Devons-nous avoir nos propres émetteurs pour être en mesure de distribuer? Il existe peut-être, il devrait exister d'autres façons de procéder. Existe-t-il des façons de faciliter la distribution par satellite qui ne sont pas actuellement en usage aujourd'hui?
C'est le genre de questions que nous devons étudier. Ce sont les genres de changement que nous devons peut-être apporter, mais, comme M. McCoubrey l'a dit, un de nos principes directeurs consiste à offrir sans frais ce que les Canadiens obtiennent déjà sans frais. Nous n'allons pas mettre en place une télé à la carte par des moyens détournés. Tout ce que nous ferons reposera sur une méthode plus efficace et moins coûteuse de distribution, qui rejoindra un plus grand nombre de gens.
Nous avons quand même un problème. Pour être franc, le problème est plus important du côté de La Chaîne culturelle pour ce qui est d'étendre le service, et nous essaierons de l'étendre dans la mesure de nos moyens financiers, car nous avons les fonds. Le système comporte bel et bien certaines lacunes, surtout dans le domaine de la diffusion en FM, lacunes dont nous avons beaucoup parlé.
Il y a une lacune au centre-ville de Montréal pour ce qui touche La Première chaîne: compte tenu du fonctionnement de l'émetteur et de son emplacement, certaines parties de la ville d'Outremont ne captent pas le signal. C'est terrible. Cela n'est tout simplement pas acceptable. Nous avons conçu une solution technique au problème, et nous discutons actuellement avec l'industrie et le CRTC en vue de résoudre ce problème.
Nous allons étendre la portée du signal comme nous pouvons le faire, mais nous devons étudier les techniques nouvelles, puisqu'elles existent maintenant, et étudier diverses façons de diffuser notre signal avec plus d'efficacité.
Le président: Très rapidement, monsieur Muise.
M. Mark Muise: Non, je vais reporter ça à plus tard. Je reviendrai là-dessus.
Le président: M. Bélanger a cédé sa place à M. Breitkreuz.
Vous avez la parole.
M. Cliff Breitkreuz (Yellowhead, Réf.): Merci, monsieur le président. Messieurs, merci d'être venus témoigner aujourd'hui.
M. Rabinovitch, je vous félicite de votre nomination à titre de président de Radio-Canada. Vous devez relever de nombreux défis, et je vous félicite de vous être opposé au CRTC et aux exigences financièrement irresponsables que l'organisme vous impose à vous et à Radio-Canada.
J'aimerais faire valoir quelques points et peut-être poser une question ou deux.
Si je comprends bien, Radio-Canada compte quelque 34 stations un peu partout au pays—je ne sais pas si c'est là le nombre exact—sans compter les stations françaises et autochtones. Selon les informations dont je dispose, pratiquement toutes ces stations font passer les mêmes émissions en même temps.
Je peux lire la liste que j'ai devant les yeux: 19 h: Royal Canadian Air Farce; 19 h 30: On the Road Again; 20 h: This Hour Has 22 Minutes; 20 h 30... La liste se prolonge jusqu'au bas de la page, avec pratiquement toutes les émissions présentées à la même heure, partout au pays.
Je suis d'accord avec votre idée de réduire les émissions locales pour éviter le dédoublement et le chevauchement. Je crois qu'il faut laisser au secteur privé, surtout, le bulletin d'information local et ce genre de choses. Pourquoi ne pas avoir la même formule que A&E aux États-Unis, et probablement PBS, c'est-à-dire une chaîne de télévision nationale qui présente la même émission partout au pays? Après tout, tous les mois, des milliers de Canadiens achètent Expressvu et Star Choice, s'ils n'ont pas déjà le câble. Ils pourraient donc écouter cela.
• 1210
Voilà une question. En voici une autre: pourquoi Radio-Canada
gaspille-t-elle des millions de dollars provenant des contribuables en
diffusant des émissions en anglais là où il n'y a pratiquement pas
d'auditoire anglophone et des émissions en français là où les
téléspectateurs francophones sont pratiquement absents? L'enquête
réalisée à l'automne 1999 montre que le total moyen de l'auditoire par
quart d'heure à Toronto, dans le cas de TFO, s'élevait à cent
personnes, et les chiffres seraient certainement semblables dans le
cas des stations affiliées du réseau français de Radio-Canada.
Je crois que l'on peut affirmer à juste titre qu'à Toronto, et probablement dans la majeure partie de l'Ontario, dans l'ouest du Canada et dans une bonne partie de la région de l'Atlantique, presque 100 p. 100 de la population n'écoute tout simplement pas les émissions en français. Cela vaut aussi pour les émissions en anglais au Québec, avec l'exception probable de Montréal.
Dans mon autre vie, j'ai un ranch et une ferme. J'aimerais beaucoup cultiver la vigne chez nous, dans la partie centre-ouest de l'Alberta, pour produire un raisin délicieux et accumuler des profits énormes, mais je ne peux pas. Les raisins ne poussent tout simplement pas dans notre coin, pour toutes sortes de raisons. Je vous dis donc: éliminez ces émissions que personne n'écoute et concentrez-vous sur les émissions que les gens écouteront.
J'espère que vous n'allez pas en démordre pour ce qui touche les gros succès de Hollywood: bien sûr que les Canadiens veulent écouter ces films, et bien sûr que ces films procurent d'importantes sommes d'argent à Radio-Canada.
Merci, monsieur. Je vous souhaite bonne chance dans toutes vos entreprises.
M. Robert Rabinovitch: Mais le ski est excellent dans votre coin.
J'aimerais faire valoir quelques points. La BBC fait essentiellement ce que vous venez de décrire, c'est-à-dire qu'elle a un service national pour l'ensemble du pays. Nous n'en sommes pas là, et je crois que nous n'y arriverons pas non plus. Nous voyons la nécessité des stations régionales et d'émissions régionales pour les régions. Nous allons étudier tous les aspects de notre programmation, mais je ne crois pas personnellement que nous nous dirigions vers une formule fondée sur une seule station à la manière de A&E.
Soit dit en passant, c'est un peu différent dans le cas de PBS. Les stations locales de PBS peuvent faire leur choix parmi les éléments de la grille nationale. De fait, Montréal est l'un des endroits qui compte deux stations de PBS. Il y en a une qui respecte la programmation nationale à peu près à la lettre, et l'autre qui se fait complémentaire tout en restant dans le mandat de PBS, et les dons provenant de Montréal comptent pour beaucoup dans les finances des deux.
Je ne crois pas que nous prenions ce chemin. Nous allons tout étudier, et nous allons l'étudier à fond, avec l'objectif qui consiste à fournir un service de qualité.
Pour ce qui est d'étendre le service dans l'autre langue officielle, puisque vous avez parlé des deux, c'était une politique gouvernementale au début des années 1970, et Radio-Canada a reçu des fonds expressément pour cela. Tant et aussi longtemps que le gouvernement ne changera pas d'idée pour ce qui est du service dans les deux langues officielles, nous avons l'obligation de respecter cet engagement et de maintenir le service en question.
Le président: M. Shepherd, et puis M. Bélanger, M. de Savoye et Mme Lill.
M. Alex Shepherd (Durham, Lib.): Merci.
Certaines de vos observations concernant la restructuration et le concept de réinvention m'intéressent.
J'ai une citation ici qui est de Patrick Watson. Je présume que vous êtes d'accord avec cela:
-
...les grands biens immobiliers appartenant à l'État, avec les
bâtiments et émetteurs, ne sont plus de mise. Ces installations
existent dans un secteur privé rentable, qui devrait être mis à
contribution, en partie de façon payante et en partie à des fins
publiques, dans l'exécution d'une stratégie télévisuelle publique.
Êtes-vous d'accord avec cela?
M. Robert Rabinovitch: Je suis d'accord avec le sens général de l'affirmation, et c'est ce qu'étudie en ce moment le groupe de M. McCoubrey. Je ne suis pas convaincu qu'il faille tout vendre, puis louer. Je crois que M. Watson a compris une notion importante, c'est-à-dire que Radio-Canada n'a pas besoin d'être propriétaire de tout ce qu'elle a, qu'elle devrait étudier d'autres façons de distribuer ses émissions, et ce sera peut-être bien une source de revenus pour nous.
M. Alex Shepherd: Je souhaiterais que vous en arriviez à un niveau de coût qui soit viable. Pour vous réinventer et trouver un créneau, vous devez d'abord déterminer les coûts de cela. Ce qui me préoccupe, c'est que vous mettiez la charrue avant les boeufs. Vous allez commencer à vendre des éléments d'actif, puis vous allez revenir à une formule alors que nous n'avons pas vraiment déterminé si c'était viable. Autrement dit, vous allez peut-être faire du chemin pendant cinq ou dix ans, mais, subitement, vous reviendrez invariablement au gouvernement pour dire que vous n'avez plus d'immobilisations, mais que vous n'êtes pas encore viable.
• 1215
Quand j'utilise le terme «viable», je pense au fait que vous
allez, paraît-il, demander des fonds au gouvernement. J'imagine que
le niveau de base pour la viabilité des choses, c'est le chiffre
que nous cherchons à obtenir, celui qui concorde avec votre
créneau, qui est établi d'abord, avant que vous ne commenciez à
vendre des éléments d'actif.
M. James McCoubrey: Essentiellement, nous présumons que nous n'allons pas recevoir des crédits accrus de la part du gouvernement et nous essayons seulement de composer avec le même niveau de dépenses qu'en ce moment, pour bien des années à venir. Nous étudions des façons d'améliorer l'efficacité, qui nous permettrait de continuer à faire ce que nous faisons en ce moment—et peut-être de les faire d'une meilleure façon—pour toujours, si nos crédits demeurent les mêmes.
La réponse est donc «oui», nous aimerions beaucoup avoir plus d'argent, mais nous ne présumons pas que les fonds seront simplement là pour nous. Nous allons certainement faire un effort pour mériter des crédits accrus, mais nos projets pour l'avenir consistent à offrir la même qualité qu'en ce moment et peut-être même un peu mieux, dans les limites des fonds sur lesquels nous comptons en ce moment, pour toujours.
M. Alex Shepherd: Permettez-moi donc de vous poser une question. Si vous songez à vous défaire d'éléments d'actif importants, mais que vous composez avec les restrictions financières qui vous sont actuellement imposées, qu'allez-vous faire de tout l'argent supplémentaire provenant de la vente des éléments d'actif?
M. James McCoubrey: Au départ, nous nous demanderons quels sont les éléments d'actif que nous possédons actuellement et que nous pouvons mieux utiliser de manière à créer une source de revenu. Il pourrait y avoir là des revenus accrus. En ce moment, nous n'avons pas l'intention de simplement vendre les choses, prendre l'argent, puis le dépenser. Nous étudions des façons d'accroître nos recettes à partir des éléments d'actif existants. Par exemple, si nous parvenons à libérer deux étages au centre de télédiffusion de Toronto, nous pourrons les louer, recueillir ainsi des fonds, puis en faire une source permanente de revenu. Nous étudions la possibilité de faire cela partout au pays, plutôt que de simplement vendre des choses et dépenser l'argent ainsi acquis.
M. Alex Shepherd: En tant que comptable, je vous proposerais de vendre les éléments d'actif et d'investir le produit dans quelque chose. Ce que vous me dites, c'est que vous allez vous éloigner de votre activité de base, c'est-à-dire la diffusion, pour entrer dans le domaine de la propriété à bail, et louer aussi de l'équipement. Tout cela est extérieur à votre expertise de base.
M. James McCoubrey: C'est vrai. Je n'avais pas l'intention de dire que nous allions nous convertir de diffuseur à propriétaire foncier. Tout de même, là où nous devons être diffuseur, il nous faut des installations. Nous proposons simplement de mieux utiliser l'espace physique à notre disposition. Ce que nous pouvons libérer, nous allons essayer d'en faire une source de revenu. C'est certainement difficile de vendre deux étages du centre de télédiffusion.
M. Alex Shepherd: Pour revenir à mon premier point, en tant que parlementaire, j'espérais que vous nous présenteriez un plan qui établit votre créneau sur le marché, le niveau de financement de base que vous aurez, peut-être avant de procéder à une vente massive des actifs.
M. James McCoubrey: Parlez-vous des dépenses pour le créneau? C'est bien cela?
M. Alex Shepherd: Oui. Une fois que vous choisissez ce qui vous paraît être votre créneau pour l'avenir, quelles seront les dépenses à cet égard et comment allez-vous procéder pour que cela soit viable?
M. Robert Rabinovitch: Pour être franc, le terme «créneau» me dérange un peu. À mon avis, nous ne nous sommes pas définis comme étant concentrés sur un créneau particulier. Nous nous sommes définis comme étant... de fait, la Loi sur la radiodiffusion précise que nous sommes censés avoir, en termes relatifs, un mandat assez vaste, et nous avons rejeté l'idée d'une sorte de PBS Nord.
• 1220
Ce que nous aimerions faire, c'est peut-être restreindre notre
champ d'action de certaines façons et abandonner certains types
d'émissions si nous ne croyons pas apporter une contribution
majeure. Le nôtre sera un service pancanadien qui, il est à
espérer, proposera une programmation canadienne de qualité, comme
nous devons et comme nous voulons le faire, en rejoignant le plus
possible 100 p. 100 de la population.
Dans le contexte, le gouvernement a remis à Radio-Canada au fil des ans beaucoup d'argent pour l'édification d'une très grande infrastructure. Certaines personnes, notamment M. Watson et d'autres encore qui ont étudié le dossier, croient que l'infrastructure est périmée. C'est essentiellement une structure analogique que nous allons devoir convertir en structure numérisée. Elle est périmée au sens où il existe d'autres moyens d'offrir les services, moyens qui sont peut-être plus efficaces.
Par exemple, s'il y avait durant les années 1960 les satellites puissants qui existent aujourd'hui avec les antennes paraboliques de 18 pouces, Radio-Canada serait peut-être propriétaire aujourd'hui d'un satellite qui servirait à relayer son signal. C'est ce que nous voulons étudier. Comment procéder? Y a-t-il une façon beaucoup plus efficace de transmettre nos signaux? En même temps, nous avons accumulé beaucoup de biens matériels partout au pays—pour ce qui touche les émetteurs aussi bien que les émissions et la conception des émissions.
Comme la production indépendante est de plus en plus favorisée, que la politique gouvernementale consiste maintenant à encourager les producteurs indépendants, nous produisons de moins en moins à l'interne. Il ne suffit pas de dire que nous pouvons quitter tout à fait l'édifice, comme Jim l'a dit. Nous avons besoin de certaines parties de l'édifice, et les édifices en question sont des ressources tout à fait uniques dans bien des cas. Ils sont branchés, la numérisation y est très importante dans certains cas, et il pourrait être très utile aux gens du secteur privé, par exemple l'industrie des télécommunications.
Nous croyons savoir, par exemple, que si un certain espace était offert dans certains de nos bâtiments, certaines des grandes entreprises de communications voudraient peut-être louer cela, étant donné l'importance des raccords possibles sur les grands commutateurs. Ce serait peut-être une façon plus efficace de fonctionner.
Je veux passer à l'étape suivante. Nous sommes dans le domaine de la gestion des bâtiments, et ce, depuis la création de Radio-Canada. La question que je poserais au groupe de travail est la suivante: est-ce que nous faisons cela correctement? Comme vous, je crois qu'il ne s'agit pas d'une compétence de base. Si nous devons exploiter des bâtiments, il nous faudrait des professionnels qui exploitent ces bâtiments pour nous et dont l'objectif consiste à maximiser le revenu au profit de la société. La façon de maximiser ce revenu consiste parfois à vendre et, souvent, à mon avis, à créer une source de revenu par la location.
[Français]
Le président: Monsieur Bélanger.
M. Mauril Bélanger (Ottawa—Vanier, Lib.): Monsieur Rabinovitch, vous avez dit tout à l'heure que dans l'exercice que Radio-Canada avait entrepris, il n'y avait pas de vaches sacrées. On peut quand même imaginer que cela ne touche pas le mandat, que le mandat, lui, restera entier. Dans ce mandat, il est question de s'assurer que les Canadiens, d'un océan à l'autre, puissent se retrouver sur les ondes de Radio-Canada. Comment m'expliquez-vous un phénomène qui semble propre au réseau français de Radio-Canada, à savoir qu'on y diffuse souvent des émissions dans l'ensemble du réseau, sauf au Québec?
M. Robert Rabinovitch: Je n'en ai aucune idée. Je ne vous répondrais pas intelligemment. Je dois le vérifier et je suis prêt à vous écrire une lettre à ce sujet ou à en discuter avec vous. Franchement, je ne le sais vraiment pas.
M. Mauril Bélanger: D'accord. Si vous le permettez, j'aimerais explorer cela un peu avec vous. Est-ce qu'il existe à Radio-Canada une politique portant sur la diffusion ou la production des émissions francophones? Est-ce qu'il existe une politique entérinée par le conseil?
M. Robert Rabinovitch: Mais oui. Deux des quatre vice-présidents des médias sont là pour gérer le système de production francophone.
M. Mauril Bélanger: Est-ce une politique dont vous pourriez faire part aux personnes autour de cette table?
M. Robert Rabinovitch: Je ne sais pas exactement de quelle politique vous voulez parler.
M. Mauril Bélanger: Je ne sais pas...
M. Robert Rabinovitch: Normalement, du moins dans le moment, l'organisation de Radio Canada/CBC compte quatre vice-présidents des médias: deux du côté anglais et deux du côté français. À chaque année, les quatre font une présentation, d'abord aux administrateurs comme moi-même et ensuite au conseil d'administration.
M. Mauril Bélanger: D'accord. Pour ma part, je m'intéresse surtout à la télévision française et je cherche à savoir s'il y a une politique qui régit, par exemple, l'allocation des sommes d'argent. Je pense d'ailleurs que, lorsque vous vous êtes présentés au CRTC, cela avait été un engagement.
Comment ce type d'argent est-il dépensé? Qui a autorité sur cette somme d'argent? Est-ce que, par exemple, on a des objectifs à atteindre? La dernière fois que les représentants du Fonds canadien de télévision se sont présentés ici, il semblait évident qu'ils faisaient un effort pour qu'il y ait une programmation francophone hors Québec. Cela ne semble pas aussi évident dans le cas de Radio-Canada, et encore moins du côté de Téléfilm et de la relation entre Radio-Canada et Téléfilm.
Je cherche à comprendre quelle est la politique qui gouverne cette sphère de travail de Radio-Canada. À mon avis, et j'aimerais avoir votre opinion là-dessus, Radio-Canada a la responsabilité d'encourager le développement de l'expertise, des talents et de la capacité de production télévisuelle francophone en dehors du Québec également. On a toujours l'impression d'être forcés de tirer les vers du nez des gens à qui on en parle, d'essayer de remuer un monument inaltérable lorsqu'on veut y parvenir.
J'aimerais connaître votre position personnelle à ce sujet et savoir comment vous avez l'intention d'assumer cette responsabilité.
M. Robert Rabinovitch: J'ai déjà rencontré le vice-président et son groupe pour discuter exactement de cela. C'est toujours, en fin de compte, une question d'argent. Si on peut trouver de l'argent, on pourra faire plus d'émissions en dehors du Québec.
Mais il faut aussi admettre que la plus grande partie de notre audience francophone se trouve au Québec. Actuellement, avec la demande qui nous est faite d'obtenir de l'argent grâce aux commerciaux, il faut que nous soyons présents au Québec, sur le marché québécois, avec une programmation qui vise les Québécois. Il y a un équilibre à maintenir entre les deux.
M. Mauril Bélanger: Il existe, je crois, un regroupement du monde de la production télévisuelle francophone hors Québec. Seriez-vous prêt à les rencontrer?
M. Robert Rabinovitch: Oui, certainement.
Le président: Merci, monsieur Bélanger.
Monsieur de Savoye.
M. Pierre de Savoye: Monsieur le président, j'aimerais brièvement revenir sur cette question des actifs immobiliers que vous pourriez utiliser à de meilleures fins. Plus particulièrement, je voudrais vous parler de vos services de transmission, de vos antennes ou de votre parc d'antennes.
Il y a deux ans ou deux ans et demi, alors que M. Godfrey était président de ce comité, nous avions abordé la possibilité que Radio-Canada puisse se départir de son parc d'antennes. Cela n'avait vraiment pas fait l'unanimité. Il n'en reste pas moins, monsieur Rabinovitch, qu'actuellement, Industrie Canada est en train de rendre disponibles des blocs de fréquences pour permettre des transmissions numériques et que cela va requérir des antennes. Par conséquent, si j'avais le privilège d'être le propriétaire de votre parc d'antennes, je vous jure que je deviendrais riche assez rapidement.
Ma crainte, c'est que vous vous départissiez un jour de ce parc au profit d'une partie commerciale, qui deviendrait riche grâce à un parc payé par les fonds publics. Je serais davantage ouvert à l'idée d'une société qui agirait pour votre compte, dont vous seriez l'entier propriétaire et qui vous rendrait ce genre de service. Laquelle des deux hypothèses est la bonne?
M. Robert Rabinovitch: À ce moment-ci, je ne sais pas laquelle nous allons choisir. Nous allons essayer d'étudier toutes les hypothèses. Il est bien possible que nous continuions à gérer nos sites de transmission et que nous louions les emplacements sous les tours. Il y a d'autres situations où une telle chose n'aurait pas de sens. Il est aussi possible que nous puissions conclure un arrangement. Vous savez qu'aux États-Unis, presque toutes les sociétés de radiodiffusion ont décidé de vendre leur système de transmission. Elles ont jugé qu'il serait beaucoup plus efficace qu'elles utilisent une entreprise qui ne ferait qu'une chose, soit gérer les systèmes de transmission.
• 1230
Cela dépend franchement de la question d'argent. Il faut voir, avec
l'aide d'experts en gestion des revenus, s'il serait plus rentable
pour nous de continuer à les gérer nous-mêmes, peut-être d'une façon
différente, ou plus efficace de les louer à quelqu'un, ou
encore—troisième hypothèse—de les vendre et de les louer nous-mêmes
pour une période de 20 ou 30 ans.
N'oubliez pas qu'il y aura un grand changement, auquel vous avez fait allusion tout à l'heure, celui du passage de notre système actuel à un système numérique. Cela va nous coûter des millions de dollars. Il nous faut élaborer une façon de payer ces frais que nous devrons encourir d'ici 10 ans. Le problème se pose déjà aux États-Unis. Comme vous le savez, un règlement du gouvernement fédéral obligera tous les réseaux à fonctionner selon un système numérique d'ici sept ans, ou du moins d'ici neuf ans. Mais, en même temps, il faut continuer à fonctionner avec le système analogique pour desservir les personnes qui ont déjà acheté un téléviseur analogique.
Ce sont là des coûts que nous pourrions peut-être absorber grâce à un arrangement portant sur notre équipement de transmission.
M. Pierre de Savoye: Vous avez compris ma préoccupation?
M. Robert Rabinovitch: Oui.
M. Pierre de Savoye: Il serait regrettable que des actifs qui ont été payés par le public, par la population, se trouvent à profiter à des individus, qui auraient ainsi la possibilité de s'enrichir rapidement. J'aimerais mieux voir la Société Radio-Canada s'enrichir rapidement.
M. Robert Rabinovitch: Ce doit être rentable pour nous.
M. Pierre de Savoye: Monsieur Rabinovitch, j'ai une autre question pour vous, qui est plus délicate.
La Société Radio-Canada n'est pas venue au monde hier matin. Elle est là depuis des décennies. Depuis des décennies, elle a permis aux collectivités d'un océan à l'autre de se développer et de s'émanciper culturellement. La société, que ce soit SRC ou CBC, a joué un rôle moteur dans tout ceci.
Or, on pouvait lire dans le plan stratégique de la société, lequel était présenté à ce comité il y a quelques mois, que la société entendait contribuer à la réalisation des objectifs clés du ministère du Patrimoine, notamment favoriser l'expression de notre fierté à l'égard du Canada.
Il me semble que la société, depuis des décennies, joue un rôle tout à fait raisonnable en ce sens. En quoi la société entend-elle ajouter à ce rôle en s'associant aux objectifs du ministère du Patrimoine? Est-ce que la loi qui circonscrit vos activités vous donne le droit de soumettre la société aux objectifs d'un ministère qui doit répondre aux impératifs d'un gouvernement nécessairement partisan dans ses orientations?
Cela me ramène un peu à la question de mon collègue Limoges, à savoir s'il peut exister du independent journalism or reporting without a spin. Jusqu'où votre désir d'asservir—je mets le mot entre guillemets—la mission de Radio-Canada à celle du ministère du Patrimoine canadien va-t-elle conduire? Est-ce que le journalisme indépendant est en cause?
Le président: Monsieur de Savoye, est-ce que vous pouvez conclure?
M. Pierre de Savoye: C'est ce que je venais de faire au moment où vous m'avez interrompu.
Le président: Monsieur Rabinovitch.
M. Robert Rabinovitch: La Société Radio-Canada est régie par la Loi sur la radiodiffusion. C'est ce qui va déterminer ce qu'on va faire. La Société Radio-Canada et le service des nouvelles ne sont pas un service d'État. Il s'agit d'un service public. Nous allons assurer l'indépendance de la Société Radio-Canada et de CBC dans la production et la présentation des nouvelles. C'est aussi simple que cela.
M. Pierre de Savoye: Et dans vos autres activités, quel niveau d'indépendance maintenez-vous? Je sais, monsieur Rabinovitch, que vous avez la réputation de vouloir avoir vos coudées franches. Est-ce que la société va hériter de cette caractéristique qui est la vôtre?
M. Robert Rabinovitch: Je l'espère, sans vouloir me montrer arrogant.
Le président: Madame Lill.
[Traduction]
Mme Wendy Lill: J'aimerais simplement poser une autre question concernant la programmation régionale. Je crois qu'il y a autour de la table bien des gens qui sont très inquiets à ce sujet, car ils proviennent des régions.
J'ai des visions de gens vêtus d'un gilet pare-éclats qui courent partout, qui se dirigent en file vers un endroit, probablement Toronto. Il n'y a plus de bâtiments, mais il y a beaucoup de gens. Des cadavres jonchent le sol, un peu comme dans une zone de guerre. J'ai une assez bonne imagination.
J'aimerais obtenir des précisions sur les types de services qui seront offerts à Windsor et à Halifax et à Sydney. Je veux savoir si vous entendez réduire le nombre d'employés des stations locales et régionales de télévision et de radio de Radio-Canada. Je veux savoir si vous avez l'intention de vous conformer à l'instruction du CRTC quant à la présentation de bulletins d'information locaux la fin de semaine.
M. Robert Rabinovitch: Il y aura encore des bâtiments. Nous n'allons pas vendre les bâtiments. Nous allons vendre les bâtiments qui sont superflus. Nous allons essayer de gérer nos biens d'une façon plus efficace. Cela veut peut-être dire que nous allons devoir partager les locaux avec d'autres. Cela veut peut-être dire que nous allons devoir travailler différemment.
Quant aux services donnés dans les régions, nous sommes en train d'évaluer une transformation fondamentale du service de télévision de langue anglaise de Radio-Canada dans le contexte des réalités financières qui sont les nôtres et dans le contexte du besoin et de la volonté que nous avons de définir un diffuseur public différent, de qualité et unique. Je répète que les régions vont jouer un rôle significatif à cet égard. Qu'est-ce que nous allons faire et comment nous allons le faire exactement, c'est ce que nous essayons actuellement de déterminer.
Comme je l'ai dit, je suis en poste depuis trois mois. Donnez-moi un peu plus de temps, pas beaucoup plus, seulement un peu.
Mme Wendy Lill: Allez-vous respecter la décision du CRTC, qui vous ordonne de continuer à présenter un bulletin d'information la fin de semaine?
M. Robert Rabinovitch: Comme je l'ai déjà dit, nous sommes en train d'évaluer toutes les demandes du CRTC dans le contexte des contraintes budgétaires qui sont les nôtres. Nous devons concevoir cela comme suit: s'il y a une chose que nous décidons de faire, quelle est la chose que nous n'allons pas faire? Les possibilités ne sont pas illimitées; il faut que quelque chose disparaisse. Je ne sais pas très bien quoi. Je crois qu'il appartient à quiconque doit formuler des recommandations et des orientations à l'intention d'une organisation de dire aussi ce qu'il vaut la peine de protéger. À part les superproductions hollywoodiennes, je suis censé continuer à tout faire avec un budget qui diminue.
Le président: Il y a trois personnes qui demandent de pouvoir poser une question. Le temps presse; je vous prie donc d'être concis. M. Muise, M. Breitkreuz, puis M. Mark.
M. Mark Muise: Monsieur le président, j'essaie toujours d'être très concis. Je crois que vous le savez.
Le président: Oui, je le sais. Je le sais très bien.
M. Mark Muise: Monsieur Rabinovitch, j'aimerais parler un peu des critiques assez ouvertes que vous avez adressées au CRTC et de certaines des lignes directrices établies par le CRTC quant au renouvellement de votre licence. Je veux savoir un peu ce que vous en pensez. Je crains que, si vous allez dans cette voie, nous ne nous retrouvions avec deux séries de règles, une pour les diffuseurs privés, et une autre pour les diffuseurs publics. J'aimerais simplement avoir votre opinion et vos observations là-dessus.
M. Robert Rabinovitch: En réalité, il y a bel et bien deux séries de règles. C'est précisé dans la loi. La loi impose à CBC/Radio-Canada certaines règles qu'elle n'impose pas aux diffuseurs privés. Et il y a certaines exigences que le CRTC peut imposer aux diffuseurs privés. Les règles du jeu sont définies par la Loi sur la radiodiffusion, et le CRTC a le droit et l'obligation de contrôler, de superviser et de définir cela. On n'a pas à traiter des deux parties du système de diffusion de la même façon.
M. Mark Muise: Mais si l'un doit se plier aux règles du CRTC et l'autre défie ouvertement le CRTC... Mon choix de termes était peut-être malheureux.
M. Robert Rabinovitch: Nous l'avons dit: nous sommes tout à fait d'accord avec presque tous les aspects, ou encore avec de nombreux aspects de la décision du CRTC. Nous sommes tout à fait, mais tout à fait d'accord avec l'orientation donnée. La question de la microgestion nous préoccupait beaucoup, surtout du côté francophone. Cela me préoccupait beaucoup. Et je m'inquiétais du manque de réalisme financier de la décision. De même, il y a certains autres aspects, concernant la commercialisation et son impact sur le système, que nous voudrions réviser.
Nous étudions tout cela. Je peux toujours y retourner. Nous pouvons y retourner et demander que le CRTC apporte des modifications. C'est là-dedans. Nous disposons de sept ans pour essayer de mettre en place toutes ces conditions. Nous allons faire ce que nous serons en mesure de faire et agir d'une manière qui soit financièrement responsable, et définir et élaborer pour le Canada un diffuseur public de qualité.
M. Mark Muise: Merci.
Le président: Monsieur Breitkreuz.
M. Cliff Breitkreuz: Merci, monsieur le président, monsieur Rabinovitch.
Oui, le ski est excellent dans ma circonscription. Le joyau des Rocheuses, Jasper, est situé dans ma circonscription. Vous y êtes toujours le bienvenu.
J'ai remarqué récemment, peut-être au cours des quelques dernières années, que, souvent, à la station de télé anglaise de CBC en Alberta, particulièrement à Edmonton, il y a un film en français avec des sous-titres en anglais, et on passe à la station française et, voilà, bien sûr, du français. Les deux stations de Radio-Canada diffusent donc en français dans une zone anglophone. Pouvez-vous expliquer cela? C'est une de mes questions.
L'autre, c'est que l'on voit parfois, habituellement, à une manifestation internationale assez importante—mais c'est parfois aussi au niveau local et national—la télévision du secteur privé qui a délégué une personne, et tout le reste est loué auprès de la collectivité locale. Pourtant, on voit arriver toute l'équipe de la CBC—ils sont trois ou quatre—et toute la technologie qui va avec. Est-ce parce qu'il y a une source de fonds illimitée, l'argent du contribuable, qui finance cela? Est-ce une façon de diriger les choses?
Je voulais aussi mentionner un autre point. Pouvez-vous imaginer, disons, PBS, le système public chez nos voisins du Sud, en train de couvrir une activité sportive internationale comme les Olympiques et se rendre à Washington, pour obtenir des fonds du contribuable en vue de le faire? Ce serait hors de question. Néanmoins, Radio-Canada bat CTV spécialement, à la surenchère, car CTV peut seulement proposer une somme limitée, à l'inverse de Radio-Canada, pour la diffusion de ce genre de choses. Il n'y a pas vraiment de concurrence.
Et faites quelque chose pour éliminer les préjugés que l'on entend dans beaucoup de vos commentaires à Radio-Canada, que ce soit à la télévision ou à la radio.
M. Robert Rabinovitch: Je vais éluder certaines de ces questions. Je vais demander à Jim de parler des Olympiques, mais je répondrai moi-même aux deux autres questions, qui sont importantes.
J'aimerais vérifier la question des sous-titres, car pour être franc, je dois dire que les sous-titres ne fonctionnent pas en Amérique du Nord. C'est un concept qui fonctionne très bien en Europe, peut-être en raison d'une attitude différente envers les langues, mais les sous-titres ne fonctionnent pas en Amérique du Nord. J'aimerais savoir à quel moment nous avons diffusé une émission sous-titrée, car cela me surprend beaucoup.
M. Cliff Breitkreuz: Je suis d'accord. Les sous-titres ne fonctionnent certainement pas: les gens changent immédiatement de canal.
Un député: [Note de la rédaction: Inaudible]
Des voix: Oh, oh!
M. Robert Rabinovitch: Eh bien, il n'y avait peut-être qu'une personne dont les propos étaient sous-titrés. Peut-être que le reste de l'émission n'était pas sous-titré.
Pour ce qui est des reporters, c'est une attaque qui est dirigée contre Radio-Canada, à juste titre, depuis des années. Mais j'ai la conviction que nous allons réduire cela sensiblement, pour ce qui est des multiples équipes qui vont couvrir tel ou tel événement.
Le cas classique, c'est celui de nos correspondants à l'étranger. De plus en plus, nous recourons à des correspondants qui fonctionnent extrêmement bien dans les deux langues; par conséquent, il n'y a qu'une seule équipe, et le journaliste présente son reportage, puis le présente à nouveau dans une deuxième langue.
Si parfois il y a plus d'une équipe, c'est que nous avons deux réseaux de langue anglaise, deux réseaux de langue française, deux chaînes de radio anglophones et deux chaînes de radio francophones. Nous nous appliquons actuellement à fusionner certains aspects de nos services d'information, et cela nous rendra beaucoup plus efficaces. Vous allez voir de moins en moins de cas comme ceux que vous venez de décrire.
Le président: Monsieur McCoubrey, voulez-vous commenter cela, rapidement?
M. James McCoubrey: Je vais faire de mon mieux pour répondre aux questions posées, mais j'aimerais d'abord me pencher sur un point de vue que vous avez exprimé, dans vos remarques antérieures comme dans celles que vous venez de faire.
Je suis un anglophone né en Mauricie, au Québec. Et c'est là que j'ai grandi. Ma femme est une francophone née au Manitoba, où elle a aussi grandi. Je rejette donc tout à fait votre idée selon laquelle Radio-Canada ne devrait faire aucun effort pour communiquer dans une langue autre que celle de la majorité dans la région où elle se trouve.
De fait, pour ce qui est des Olympiques, vous vous êtes vraiment gouré. Si vous aviez fait des recherches, vous auriez su que CTV a proposé plus d'argent que Radio-Canada pour obtenir le droit de diffuser les Olympiques. Nous avons obtenu le droit en question parce que le Comité olympique était d'avis que nous ferions un meilleur travail. Les gens du comité nous ont dit que notre travail était à ce point bon qu'à moins que CTV ait fait monter énormément les enchères, il n'y avait pas de doute dans leur esprit. Nous le faisons en anglais, nous le faisons en français, et nous le faisons nettement mieux. C'était la décision du Comité olympique. La somme proposée par CTV était supérieure à celle que proposait Radio-Canada. Voilà pour le premier point.
Et le deuxième, comme vous le savez peut-être, il n'y a pas un crédit de l'État qui va aux sports. Le sport contribue à Radio-Canada. Pour les activités sportives que nous diffusons, nous faisons nos frais. S'il fallait remplacer les sports, ce serait une dépense. Dans le cas des sports, Radio-Canada touche un profit ou, tout au moins, fait ses frais. Il n'y a pas un autre élément de notre programmation où nous faisons nos frais.
Je n'ai pas la moindre idée de ce que vous dites lorsque vous parlez des films sous-titrés. Vous avez dit qu'il y avait au canal anglais un film en français avec des sous-titres, et un film français au canal français. Vous avez jugé cela excessif. Essentiellement, toutes les fois où nous présentons un film étranger, ce n'est pas la langue qui nous importe; c'est simplement que c'est un film étranger. Et le film est présenté parce qu'il y a des gens qui veulent le voir. Comme M. Rabinovitch l'a dit, nous savons bien que les gens ne préfèrent pas les sous-titres, de sorte que les films sous-titrés ne sont présentés que très rarement.
Quant aux propos que vous tenez concernant les ressources de Radio-Canada dans les collectivités locales, je ne peux pas vraiment répondre à la question, autrement que pour vous donner un exemple de ce qui me paraît bien illustrer l'idée que Radio-Canada veut faire valoir. Lorsque nous diffusons un match de hockey en provenance de Dallas, au Texas, nous le faisons avec les équipes de Radio-Canada et les camions de Radio-Canada. Pourquoi? C'est moins coûteux pour nous de nous rendre à Dallas en camion et d'utiliser l'équipe de Radio-Canada à Dallas même, plutôt que de louer un camion sur place. C'est pour cela que vous voyez des camions de Radio-Canada là où vous les voyez. La route qui nous mène à Dallas est assez longue, mais pour nous, il demeure plus efficace de prendre le camion et d'y envoyer l'équipe de professionnels pour présenter le match, puis de revenir par la route, plutôt que de louer un camion à Dallas.
Le président: Monsieur Mark.
M. Cliff Breitkreuz: Mais Radio-Canada...
Le président: Excusez-moi, monsieur Breitkreuz. Je crois que nous allons donner à chacun l'occasion de parler.
Monsieur Mark.
M. Inky Mark: Merci, monsieur le président.
Monsieur Rabinovitch, vous avez certainement un défi énorme devant vous. Comme vous l'avez entendu aujourd'hui, il y a de nombreuses divergences d'opinions ici à cette table. Cette année, le CRTC aussi bien que le Comité permanent du patrimoine canadien de la Chambre ont voyagé au pays pour sonder les Canadiens. Je crois qu'il est indispensable que vous et les membres de votre conseil d'administration en fassiez de même—prenez la route, sondez les Canadiens et découvrez ce qu'ils veulent.
Deux questions s'imposent. Premièrement, qu'attendent-ils d'un diffuseur public? Et la deuxième question: quelle est la somme que vous êtes prêts à dépenser à même les fonds publics? Tant et aussi longtemps que vous n'aurez pas ce genre de données, nous allons toujours avoir de nombreuses divergences d'opinions quant au fonctionnement d'un diffuseur public.
M. Robert Rabinovitch: Merci, monsieur. Je note vos conseils. Cela a beaucoup de sens.
Je dois vous dire que notre conseil d'administration se fait un point d'honneur de tenir des assemblées hors du triangle d'or. Il essaie de se réunir dans diverses régions du pays. Nous allons continuer à faire cela. Notre personnel continue de voyager.
• 1250
Nous espérons pouvoir engager le public dans un début sur le service
public de diffusion. Qu'est-ce que c'est que les gens veulent, et
sont-ils prêts à payer pour l'obtenir? Car en dernière analyse, c'est
le public qui décidera.
Le président: M. Bélanger m'a demandé de pouvoir poser rapidement une question, et je veux poser moi-même une question à M. Rabinovitch.
[Français]
M. Mauril Bélanger: J'aimerais simplement remercier Radio-Canada d'avoir projeté ce film au réseau anglais. C'est un film de France que je n'avais pas réussi à voir, et j'apprécie beaucoup que vous l'ayez diffusé, même si je n'avais pas besoin des sous-titres.
Merci, monsieur le président.
Des voix: Ah, ah!
[Traduction]
Le président: Monsieur Rabinovitch, vous qui en êtes au début de votre mandat, vous avez eu l'obligeance de venir nous présenter une esquisse des défis que vous devez relever, et nous vous en sommes gré. Évidemment, vous n'avez pas toutes les réponses, comme vous l'avez d'ailleurs souligné vous-même. Tout cela est à voir.
Vous avez fait allusion à votre exercice de restructuration, qui, je l'imagine, débouchera sur une forme quelconque de plan stratégique pour l'avenir. Pourriez-vous nous dire d'abord combien de temps durera cet exercice? Et, une fois qu'il sera terminé, je ne sais pas très bien quand, j'aimerais que vous nous donniez une date, seriez-vous prêt à revenir ici et à en faire part aux membres du comité, pour que nous puissions vous poser des questions là-dessus aussi?
M. Robert Rabinovitch: Je devrais apporter des précisions sur cet exercice, monsieur le président, pour que vous compreniez bien ce que nous sommes en train de faire.
Je n'ai pas demandé au groupe de travail de présenter un rapport global. Je m'attends de sa part qu'il étudie les problèmes dont il est question, les quatre que je lui ai demandé d'étudier, et qu'il les traite de manière distincte. Chacun travaillera à un rythme différent, et au fur et à mesure que les solutions se présenteront et que nous tirerons des conclusions, nous les présenterons à notre conseil d'administration et essaierons de les mettre à exécution. Le groupe de travail ne produira donc pas de rapport en tant que tel.
De même, les travaux du groupe se poursuivront. Il est à espérer que nous lui attribuerons d'autres responsabilités une fois ces travaux particuliers achevés.
Cela dit, je suis prêt à revenir ici n'importe quand pour discuter des travaux en cours, car c'est bien ce que nous faisons: un travail évolutif.
Le président: Diriez-vous que l'automne serait bien choisi pour une autre comparution? Croyez-vous que vous pourriez alors répondre à certaines questions?
M. Robert Rabinovitch: Oui, monsieur le président, je l'espère bien.
Le président: D'accord.
Nous vous remercions énormément, monsieur Rabinovitch, d'être venu aujourd'hui. Nous vous en sommes vraiment gré.
La séance est levée.